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Classiques Garnier

Résumés

  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: Delphes et la littérature d’Homère à nos jours
  • Pages: 469 to 474
  • Collection: Encounters, n° 358
  • Series: Ancient literature, n° 2
  • CLIL theme: 4030 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Langues anciennes
  • EAN: 9782406074304
  • ISBN: 978-2-406-07430-4
  • ISSN: 2261-1851
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07430-4.p.0469
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 09-04-2018
  • Language: French
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Résumés

Jean-Marc Luce, « Introduction »

Les points de contact entre Delphes et la littérature sont nombreux : oracles, récits mythiques, hymnes produits à Delphes même, à loccasion des Jeux pythiques, des Sôtèria, ainsi que des nombreuses fêtes qui avaient lieu dans le sanctuaire dApollon (théoxénies, pythaïdes, etc.). Il y eut aussi sur Delphes une littérature en prose, souvent savante, des fables et des proverbes. Après lAntiquité, le site a continué à inspirer poètes et écrivains, notamment depuis les grandes fouilles françaises commencées en 1892.

Michel Briand, « Delphes dans les Pythiques de Pindare. “… près du nombril central de notre mère aux beaux arbres” (Py.IV.73-74) »

Les références à Delphes sont une composante fondamentale des Pythiques et de leur pragmatique narrative ou spectaculaire. Dune part en tant que lieu de la victoire obtenue et célébrée « dans les vallons de Pythô », origine dune gloire qui se répand, par la performance poétique, dans tout le monde grec. Dautre part en tant que domaine dApollon, garant des Jeux, maître des oracles et protecteur des athlètes. Et les énoncés gnomiques des Odes sont empreints de valeurs réputées delphiques.

Pascale Brillet-Dubois, « Philodamos et Delphes »

Le Péan à Dionysos de Philodamos de Scarphée, exécuté lors de Théoxénies, a été inscrit sur une stèle aux côtés dun décret de proxénie accordée par la cité de Delphes au poète et à ses frères, et de ce qui semble être une dédicace. Ces constatations permettent de renouveler la réflexion sur la figure de lhospitalité : Apollon Pythien et Dionysos, la cité de Delphes et le dieu, les célébrants des Théoxénies, enfin le poète lui-même. On sinterroge aussi sur le sens quavait le fait de graver lhymne.

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Christophe Cusset, « La présence de Delphes dans la poésie hellénistique »

Chez quelques poètes hellénistiques (Lycophron, Apollonios de Rhodes, Callimaque, Théocrite, Euphorion) dont les intérêts sont plus nettement orientés vers les nouvelles capitales hellénistiques de lOrient méditerranéen, il est néanmoins possible de mesurer lécho que lon peut encore trouver de loracle de Delphes. Alors que chez certains auteurs, limportance du site delphique semble remise en question, chez dautres il reste un centre de référence dans le culte dApollon.

Pierre Alain Caltot, « Espace de lambiguïté et poétique de léquivoque. Delphes dans la Pharsale de Lucain »

Une étude du vocabulaire de lambiguïté dans le passage sur Delphes de la Pharsale révèle que Lucain a décrit loracle comme un espace du secret et du double qui le rend insaisissable. La langue de loracle elle-même, étant polysémique, se révèle insaisissable pour les personnages comme pour les lecteurs, et occasionne, par leur proximité formelle ou métrique et par lusage des amphibologies, une contamination entre la parole de la Pythie et celle du poète pour affirmer leur statut commun de uates.

Claire Vieilleville, « Regards impies dans les temples de Delphes et de Memphis »

En replaçant, dans une approche littéraire, le temple dApollon au sein de léconomie du roman, aux côtés de celui dIsis et de Pan, on saperçoit que lexercice du regard à lintérieur du sanctuaire est problématique : le prêtre grec voit la Pythie à un moment interdit ; à Memphis, des femmes orientales adressent des regards impies aux prophètes égyptiens. Mais à Méroé, seuls les Gymnosophistes pénètrent dans le temple : sa sacralité sen trouve préservée.

Francesco Massa, « Démons, folie et possession. La construction de limaginaire delphique chez les auteurs chrétiens (iie-ve siècles) »

Grâce à létude de plusieurs textes chrétiens de Clément dAlexandrie, dOrigène, dEusèbe de Césarée et de Théodoret de Cyr, on peut dégager les modifications de limaginaire chrétien sur Delphes au cours des siècles. Loracle y apparaît comme un lieu peuplé de démons, constituant un défi pour 471la nouvelle religion qui construisait son identité en se présentant comme une alternative aux religions traditionnelles de lEmpire.

François Lefèvre, « Delphes chez Diodore. Un site de premier ordre vu par un auteur de second rang ? »

La Bibliothèque historique offre les inévitables consultations de la Pythie, à peu près dépourvues doriginalité si ce nest quelles peuvent jouer un rôle dans la composition du récit. Le passage du livre XVI relatif à la découverte de loracle est plus remarquable, mais lintérêt essentiel de notre auteur concerne la guerre phocidienne au ive siècle, notamment les nombreuses données factuelles et chiffrées quil fournit, avec une posture morale plus nuancée quon ne pourrait le penser à première vue.

Anne Jacquemin, « Les silences éloquents de Pausanias à Delphes »

Pausanias est lune des grandes sources sur Delphes et la source essentielle pour ce qui est des monuments du sanctuaire. Malheureusement ses lecteurs ont souvent oublié quil ne se donnait pas pour but lexhaustivité, mais quil opérait un choix en fonction du critère de lintérêt et lont accusé derreurs, de négligences, alors quil aurait fallu conclure que ses priorités nétaient pas les mêmes que celles des archéologues du xixe ou du xxe siècle.

Antoine Contensou, « Delphes dans la Bibliothèque dApollodore »

Ce travail porte sur limage de Delphes dans la Bibliothèque dApollodore. La réalité physique du sanctuaire nintéresse pas lauteur ; Delphes, par ses oracles ou par les épisodes qui sy déroulent, est dans le texte le garant de lordre voulu par les Olympiens. Il est impossible daffirmer que la Bibliothèque soit liée aux récits racontés dans le sanctuaire. On constate in fine que louvrage procède à une patrimonialisation de Delphes, dont il fait lun des symboles de la culture grecque éternelle.

Françoise Frazier, « Delphes dans les Dialogues Pythiques de Plutarque. Un “lieu inspiré” »

Dans les dits dialogues pythiques, Delphes est bien autre chose quun simple cadre littéraire ou même quun lieu historique : il est le lieu du Dieu, 472un lieu emblématique du double mouvement, de Dieu vers lhomme et de lhomme vers Dieu, un lieu de médiation où Dieu se sert du sensible pour faire signe, où lhomme, pour sa réflexion philosophique comme pour sa vie morale, sappuie sur le sensible pour se tourner vers le divin, un lieu inspiré.

Nicolas Kyriakidis, « Les parasites du dieu ? Limage des Delphiens dans la littérature antique »

À partir de lexploration de trois thèmes (la rapacité, la vénalité et la lâcheté des Delphiens), un voyage dans limage littéraire des Delphiens chez les auteurs de lépoque archaïque à lépoque hellénistique nous montre que celle-ci est plus complexe que ne peut le laisser croire une partie des jugements des auteurs modernes. Tour à tour protégés du dieu et bénéficiaires du sanctuaire, les citoyens de Delphes subissent, dans les représentations, lambivalence quil y a à être trop près du divin.

Georges Rougemont, « Loracle de Delphes. Littérature et réalité »

Limage traditionnelle, et probablement légendaire, de la consultation de loracle – la Pythie en délire, prophétisant sous linfluence dun souffle inspirateur surgi de la terre –, inconnue de toute la littérature grecque pré-hellénistique, et qui, même à lépoque impériale, nest pas unanimement admise, revêt des formes diverses et souvent contradictoires. Elle paraît inspirée par les théories que certains philosophes hellénistiques, stoïciens surtout, avaient développées à propos de la divination.

Jean-Marc Luce, « Delphes et laspective »

Laspectivité est un concept usuel en égyptologie qui définit les caractéristiques de la construction de limage avant le développement de la perspective telle que lont développée les Grecs de lépoque classique. Ce concept peut aussi servir à analyser certains textes littéraires. Cet article propose donc une lecture aspective de la temporalité dans lHymne homérique à Apollon et une lecture aspective de lespace chez Pindare et dans les chœurs dEuripide.

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Marguerite Champeaux-Rousselot, « Byron à Delphes. Du lettré au poète, en passant par lobservateur et larchéologue »

Ses études layant détourné de la Grèce, Lord Byron fut de façon imprévue un des premiers à se rendre sur le Parnasse et à Delphes. Il livre un témoignage de valeur, en particulier pour larchéologie, de Castalie, grâce à des notes prosaïques insérées dans ses poèmes écrits dans lenthousiasme né de la puissance impressive et définitive de ce lieu. Ses écrits, puis sa mort, réactivèrent limage de Delphes, mais comme un paysage qui simpose et parle, incitant tout autant à lintériorité quà laction.

Jean-Yves Laurichesse, « Les “dimanches à Delphes”. Grèce provençale et Provence grecque chez Jean Giono »

Jean Giono appelait ses « dimanches à Delphes » les journées quil passait dans sa jeunesse, alors quil était employé de banques, à lire dans les collines les grands textes grecs qui ont constitué sa première culture personnelle. Il sagit de montrer en quoi cet intertexte a été déterminant pour lécrivain, laidant à inventer son « sud imaginaire », loin de tout régionalisme « provençal », dans une continuité heureuse entre ses lectures et les paysages quil avait sous les yeux.

Dimitra Giotopoulou, « Revisiting Delphi. From Palamas to Seferis »

Dans la poésie de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle limage de Delphes a subi maintes transformations en raison de son caractère polysémique. Entre les deux voix majeures de la poésie grecque que sont Palamas, le chef-de-file des poètes de la génération des années 1880, et Séféris, le poète emblématique de la génération des années 1930, Sikélianos a formulé une vision politique/poétique personnelle de Delphes comme centre du monde, reprise, sous forme satirique, par Karyatakis.

Athanasia Psalti, « Delphes dans lœuvre dAngelos Sikelianos. La contribution de la littérature à la protection du patrimoine culturel »

En 1927 et 1930, Angelos Sikelianos et son épouse Eva Palmer ont organisé les fêtes delphiques lors desquelles se rassembla toute une partie de lintelligentsia européenne, mais qui furent aussi des moments de promotion 474dune « idée delphienne », visant à la paix dans le monde et au dialogue des cultures. Le site devenait ainsi le lieu dun projet humaniste dont la culture grecque antique était le lieu daccueil, ce qui nest pas sans importance dans lhistoire de notre politique de conservation.

Sylvain Perrot, « Limage de Delphes dans les compositions musicales, de lAntiquité à nos jours »

En partant des deux hymnes gravés sur le Trésor des Athéniens, on peut mettre en évidence les mots-clefs du poème, soulignés par les figures mélodiques et rythmiques, qui définissent les spécificités pythiques. À la fin du xixe siècle, Delphes réapparaît dans des œuvres musicales, tantôt sous la forme dun souvenir littéraire mis en musique, tantôt dans lévocation des ruines ou encore sous la forme dharmonisation des deux hymnes ou de pièces originales sen inspirant.

Malou Haine, « LApollonide, drame musical de Leconte de Lisle et de Franz Servais »

Le compositeur belge Franz Servais (1846-1907) et le poète parnassien Leconte de Lisle (1818-1894) ont œuvré, de 1877 à 1894 à lélaboration dun drame musical inspiré de la tragédie grecque Iôn dEuripide qui se déroule à Delphes. Au cours de sa longue genèse que documentent une correspondance et deux versions du livret, de nombreuses modifications ont été apportées au texte, à la demande du compositeur. Lœuvre, montée à Karlsruhe en 1899 après la mort du poète, na connu quun succès destime.

Jean-Marc Luce, « LIon dEuripide et LApollonide de Franz Servais »

LApollonide de Leconte de Lisle et Franz Servais est une adaptation de lIon dEuripide. Les auteurs sont restés assez fidèles, notamment dans lintrigue, à leur modèle, mais ont changé le nombre des personnages et ont remplacé les récits et les descriptions par des scènes en direct et par des décors de scène. Il sensuit une scénarisation générale rendant lœuvre plus spectaculaire, avec une première version publiée (1888) plus archéologique que la seconde (1899).