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Classiques Garnier

[Seconde partie : De la maladie d'amour ou melancholie erotique] Préface des éditeurs

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : De la maladie d’amour ou mélancolie érotique
  • Pages : 181 à 183
  • Collection : Textes de la Renaissance, n° 153
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782812441974
  • ISBN : 978-2-8124-4197-4
  • ISSN : 2105-2360
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4197-4.p.0181
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 15/07/2010
  • Langue : Français
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Préface des éditeurs





Éditer le traité de Jacques Fenand, c'est devoir se soumettre à la stylistique du début du XVIIe siècle : une écriture avant tout scientifique qui est une partie intrinsèque de l'analyse et de la méthodologie de Fenand. Ce style est un miroir qui révèle les capacités discursives du penseur à apporter de l'ordre à un sujet qui avait généré des études abondantes et souvent contradictoires et qui était porteur de traditions à la fois antiques et médiévales. Notre but est de rendre Fenand accessible au lecteur moderne sans rien compromettre ni du style ni de la présentation d'origine. On peut d' abord argumenter qu' un fac-similé ou une édition diplomatique de son traité sont de peu d'utilité au lecteur non versé dans la prose scientifique de la fin de la Renaissance — et que même pour un lecteur averti le texte comporte des obstacles. Les caractères typographiques sont souventrapprochésafin derespecterlalongueur des lignes, le « s » long prête à confusion, les abréviations abondent, la ponctuation de tradition latine déroute les lecteurs modernes, alors que les références dans les marges sont souvent énigmatiques et fréquemment groupées et placées dans des endroits ayant peu à voir avec les passages auxquels elles se rapportent. Tous ces obstacles exigent un travail d'édition qui puisse mettre en valeur plutôt que d'obscurcir les véritables intentions de Fenand en tant qu'écrivain et penseur.
La question des marges en est un exemple typique. Ces gloses dévoilent les habitudes du savant, car elles fournissent non seulement une documentation super- ficielle, mais elles révèlent aussi l'ampleur de son savoir. Le traité est accompagné d'une liste préliminaire des traités principaux sur l'amour, ce qui prouve l'étendue des connaissances de Fenand et qui constitue une aide destinée au lecteur. II termine son texte avec une liste d'environ 300 noms de tous les auteurs cités. Nous avons supprimé cette liste, non seulement parce que nos propres annotations la rendaient superflue, mais aussi parce que ces noms sont souvent tellement abrégés qu'ils en sont méconnaissables. Une telle liste pouvait également induire le lecteur en erreur puisque Fenand néglige de mentionner les noms de plusieurs auteurs cités, tandis qu'il en ajoute d'autres qu'il ne cite pas. Les références dans les marges, par contre, sont nécessaires car elles constituent la preuve de son érudition et four- nissent un commentaire concernant ses sources. Malheureusement, les reproduire dans nos propres marges serait compromettre leur utilité en tant que documen- tation, car leur forme tronquée les rend souvent obscures et l'espace limité des marges ne permet pas l'élaboration et l'explication qu'elles requièrent. Les diviser
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afin de les intégrer dans le corps du texte aux endroits appropriés n'aurait fait que bouleverser la prose, et les reléguer en notes aurait minimisé leur rôle rhétorique. Mais il y a vertu dans le système de notation puisque chaque numéro de note ren- voie au passage exact correspondant à la référence. Dans les notes elles-mêmes, cette référence peut être donnée à la fois textuellement et dans sa version élaborée. Cela permet également d'ajouter des renseignements sur les éditions et d'indiquer l'endroit où l'on peut trouver le matériel dans son contexte original. Pour les au- teurs classiques et autres du Moyen Âge et de la Renaissance nous avons choisi les éditions françaises modernes les plus courantes, alors que pour les nombreux auteurs humanistes contemporains et les traités médicaux qui ne disposent pas d'édition moderne nous avons cité les sources du XVIe et du XVIIe siècle. Nous avons consulté les anciennes éditions à divers endroits : la Bibliothèque de la Fa- culté de Médecine de l'Université de Montpellier, la Bibliothèque Nationale de Paris, la Bibliothèque Municipale de Toulouse, la Bibliothèque de l'Université de Toronto, et la Bibliothèque Nationale de Médecine de Bethesda, Maryland.
Le texte de Ferrand est basé sur l'exemplaire de l'édition de 1623 adopté pour réimpression en fac-similé par Kraus Reprint, Nendeln, Liechtenstein, 1978. Cette copie comporte toutes les sections textuelles de la première édition. Les exemplaires qui subsistent encore sont limités, mais en Amérique du Nord il y en a au moins trois dans les collections de l'Université McGill, de l'Université de Chicago, et de la Bibliothèque Nationale de Médecine à Washington D.C., et en Angleterre il y en a également trois exemplaires dans la British Library.
Les modifications suivantes ont été apportées de manière systématique selon les usages et critères de l'éditeur : dissimilation de a et à, i et j, u et v ; et la résolution de toutes les abréviations : id est pour i, par exemple, mais aussi des noms propres, et des titres des livres mis en italiques selon l'usage moderne. Par contre, nous avons respecté les variantes orthographiques (par exemple, « nepveu »), mais corrigé, sans indication, les erreurs manifestes de l'imprimeur, (par exemple, « du d'humeurs »). Pour aligner les marges, le compositeur a modifié l'orthographie de mots tels que « aage », « de quoy », et « oppinion » qui apparaissent ailleurs dans le texte « age », « dequoy », et « opinion ». Pour les mêmes raisons il a joint des mots, utilisé des abréviations latines, et a abandonné nombre de « n » et de « nv>, indiqués en forme de macron. Les esperluettes sont omniprésentes. Néanmoins, la liste des erreurs publiée à la fin de la table des matières indique que Ferrand avait lu les épreuves peu de temps après l'impression du livre. Toutes ces corrections sont intégrées dans le texte sans commentaire lorsqu'il s'agit d'une erreur de typographie (« il » pour « ils » , ou « Garbo » pour « Corbo »). Dans les deux cas où il s'agit d'un changement de mots, la correction est entre crochets (par exemple jurer [argumenter]). En ce qui concerne la ponctuation, lorsque la clarification du sens l'exige absolument, nous avons remplacé les deux points selon sa valeur par un point ou une virgule. Nous avons aussi ajouté ou supprimé les points ou virgules selon les exigences du texte. Les nombreuses phrases incomplètes ou décousues ont été conservées telles quelles, puisqu'il était impossible de les améliorer avec le seul recours de la ponctuation. Nous avons retiré, ici et là, des virgules qui nuisaient sérieusement à la cohérence ou qui séparaient un sujet de son verbe. Malgré tout, le style semblera lourdement ponctué pour le lecteur moderne.
L'emploi des majuscules par Ferrand ou son compositeur suit l'usage pré- moderne : Les Astrologues, des Superieures, les Melancholiques erotiques, nostre
183 Coryphee, le Comique, les Prestres juxtaposés avec saint Augustin, pere de la medecine, des jours decretoires, et bien d'autres. Nous avons adopté la pratique moderne : les majuscules pour les noms propres, les lieux, les titres, et les person- nifications telles que la Nature et la Fortune, y compris les épithètes remplaçant les noms de certains auteurs, par exemple, « Prince des Medecins » pour Galien, ou « Coryphee des Astrologues » pour Ptolémée.
Les citations de Ferrand en grec et en latin ne correspondent souvent à aucune source, qu'elle soit contemporaine ou moderne. Mais étant donné que les lectures servent souvent leurs contextes mieux que les originaux ne l'auraient fait, force est de conclure que Ferrand a créé ses propres adaptations, soucieux qu'il était de citer, même si cela entraînait un changement de la formulation. Nous avons bien sûr gardé les citations telles que Ferrand les avait construites sans modifier l'orthographe, l'emploi des majuscules ou la ponctuation.
En général, nous avons réservé l'usage des guillemets pour les citations at- tribuées aux auteurs indiqués, et les italiques pour les mots d'origine étrangère, ou pour les mots qui ont une signification particulière.
Le texte est reproduit intégralement, incluant les multiples sections prélimi- naires, avec deux exceptions : la « table des chapitres » et« l'index des choses remar- quables », un genre d'index, sans doute préparé par l'éditeur, et d'une valeur très inégale, avec une pagination vétuste, et autrement remplacé par les index modernes.
Toutes les références dans les marges du texte de 1623 se trouvent maintenant au début des notes en bas de la page, en italique, et suivies de deux points. En ce qui concerne les passages en grec ou en latin, pour lesquels Ferrand n'a pas fourni de paraphrases, les traductions sont entre crochets dans les notes — ou bien tirées ou adaptées des sources citées, ou bien traduites par les éditeurs.

Donald Beecher Massimo Ciavolella