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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Dantesque. Sur les traces du modèle
  • Auteur : Sangirardi (Giuseppe)
  • Résumé : L’adjectif « dantesque », indiquant la modélisation de traits propres à l’œuvre et à la personnalité de Dante, se diffuse en Europe entre la fin du xviiie et le début du xixe, avec le romantisme. Ce volume témoigne de la variété des codes esthétiques et des thématiques qu’investit alors la référence à Dante : la construction du « dantesque » a fait de Dante une référence universelle, dont bien des fronts de la modernité se réclament. La condition, et le prix, de cette universalité, est la distance.
  • Pages : 7 à 14
  • Collection : Rencontres, n° 406
  • Série : Civilisation médiévale, n° 35
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406090267
  • ISBN : 978-2-406-09026-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09026-7.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 02/06/2019
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Roman, littérature, genre littéraire, modèle, Enfer
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Préface

Au début de lActe III de lOtello de Gioacchino Rossini, créé à Naples le 4 décembre 1816, Desdémone, sur laquelle vient de sabattre la fureur jalouse de son mari, se retrouvant seule avec sa confidente Emilia, entend au loin le « dolce canto » dun gondolier qui reprend les mémorables vers élégiaques de Françoise de Rimini dans le chant V de lEnfer de Dante : « nessun maggior dolore / che ricordarsi del tempo felice / nella miseria ». La tradition prétend que cette greffe dantesque sur le livret du marquis Francesco Berio di Salsa ait été voulue par le compositeur lui-même, rétorquant au librettiste, qui lui opposait son caractère incongru, quil avait besoin à cet endroit de « versi danteschi1 ».

Que lanecdote soit vraie ou fausse dans son contenu factuel, sa valeur dindice reste à peu près inchangée : les mots de Francesca prêtés à Desdémone nous ouvrent les portes du mythe moderne de Dante tel quil a été bâti à lâge romantique et légué aux générations suivantes.

La citation des mots de Francesca dit demblée quel est langle privilégié dans la lecture romantique de Dante, mais suggère aussi que cette lecture tient sa force et son pouvoir fondateur à la fois de la causalité historique qui la détermine (le « besoin » des vers dantesques : un besoin que Rossini partage en effet avec son époque) et de lampleur et la liberté des « figures » et des « déplacements » quelle autorise.

Ladjectif « dantesque » employé pour évoquer la modélisation de traits caractéristiques de lœuvre et de la personnalité supposée de Dante existe en italien (« dantesco ») au moins à partir du xvie siècle2. Mais 8cest à cheval entre la fin du xviiie et le début du xixe, en coïncidence significative avec linstauration du paradigme culturel romantique, que ce mot saffirme et se diffuse dans ses principales variantes européennes3. Bien avant la moitié dun xixe siècle qui sera de plus en plus tourné vers le culte de Dante, Jean-Jacques Ampère, professeur au Collège de France et auteur dun Voyage dantesque qui apporte sa pierre à lédifice de ce culte, sémouvait de la « fureur » qui en France et en Italie vouait à ladmiration universelle un poète dont le destin semblait bien différent un demi-siècle plus tôt :

Cest un vrai malheur pour les admirateurs sincères de Dante que la mode se soit emparée de ce grand poète. II est cruel pour les vrais dévots de voir lobjet de leur culte profané par un engouement qui nest souvent quune prétention. Ce nest rien de tenir tête à linjustice de lopinion, il y a dans la lutte un plaisir secret qui soutient et anime à la résistance. – Mais il faut souvent un vrai courage pour persister dans une opinion juste, en dépit de ses défenseurs. Oh ! le bon temps pour les amis de Dante et de Shakespeare que celui où tous deux étaient traités de barbares ! Cependant on ne doit point renoncer à sa religion, parce quelle est professée par une foule qui ne croit pas du fond du cœur ; on ne peut abandonner ses affections littéraires, parce quil est du bon air den afficher de pareilles. Il faut être fidèle au génie et à la vérité quand même ; il faut tenir pour le christianisme, malgré les arguments de certains apologistes et la foi de certains croyants ; il faut tenir pour la liberté, malgré certains libéraux ; il faut admirer les grands poètes du siècle 9de Louis XIV, malgré les protecteurs officieux de leur gloire. Enfin, je suis résolu à persévérer dans mon amour pour la poésie de Dante, bien que ce soit aujourdhui une fureur universelle, en France et en Italie, dadmirer à tout propos et hors de propos lauteur de la Divine Comédie, que presque personne ne lisait il y a soixante ans4.

Mais le changement de paradigme culturel, aussi rapide que radical, qui a rappelé sur le devant de la scène Dante, rejeté dans lombre à lépoque de Voltaire et des Lettere virgiliane de Bettinelli, ninvestit pas que la France et lItalie : on le retrouve également en Angleterre, où le culte de Dante sintègre dans la redécouverte romantique du Moyen-Âge mais est aussi relayé par les exilés italiens, à commencer par Foscolo et Mazzini5, et en Allemagne, pays quon a même pu tenir pour le véritable foyer du dantisme romantique6. Cest précisément en Allemagne, en effet, que naîtra en 1865 la Deutsche Dante-Gesellschaft, la première des sociétés savantes intitulées à Dante7, par lesquelles, comme on a pu le dire, dans le nouveau climat idéologique de la seconde moitié du xixe siècle, la « dantologie » remplacera la « dantomanie » – ou plutôt sajoutera à elle. Mais bien avant la naissance des « sociétés dantesques » était donc né le « dantesque », ce nuage sémantique fait d« idées » et d« images » de Dante, cette couche herméneutique incroyablement épaisse qui enveloppant les textes de Dante – tout ce qui nous reste comme 10trace matérielle, document authentique de sa réalité historique – à la fois les grossit démesurément et les éloigne, les rend visibles de très loin et les soustrait inexorablement à un regard qui se voudrait immédiat.

Les contributions réunies dans ce volume8 sont autant dentrées ouvertes dans ce nuage – quelques-unes, parmi les innombrables qui ont été déjà pratiquées et toutes celles, plus nombreuses encore, quon peut toujours concevoir. Elles sattachent, chacune dans son domaine propre, à établir quelques modalités de la fabrication du paradigme « dantesque ». Dans leur ensemble, elles laissent entrevoir quelques tendances, des traits généraux de limage de Dante que le siècle romantique pour la première fois définit résolument, et fige à la fois, sans pour autant que ce profil héroïque soit jamais traduit dans sa caricature, sans finalement que limage de Dante se réduise à une unité paralysante : au contraire, elle savère sans cesse mouvante et porteuse dune énergie inépuisable qui explique sa durée.

Lun des points de force de ce processus herméneutique qui construit limage « dantesque » est à lévidence son ampleur. Dabord, ampleur géographique, dont les travaux de ce volume (où il est question plus ou moins longuement dAllemagne, Angleterre, États Unis, France, Italie, Suisse, Union Soviétique) donnent une idée assez large, même si elle pourrait naturellement lêtre bien davantage, pour le xixe siècle mais surtout pour le xxe9. Mais ce volume témoigne également, ce qui va sans doute un peu moins de soi, de la variété des codes esthétiques et des thématiques quinvestit la référence à Dante. Si lon y aborde principalement la littérature, on se penche également sur le dantisme des musiciens (le cas notoire de Liszt, traité dans létude savante dEugène de Montalembert, et celui de Luciano Berio quanalyse Mariem Hazmoune, sont dailleurs bien loin dêtre isolés) et celui des artistes figuratifs (ici Isabel Violante évoque le travail long mais inabouti de Rodin pour la 11néanmoins célèbre Porte de lEnfer, tandis que Maiko Favaro présente les très récentes illustrations de la Commedia dun artiste frioulan depuis peu disparu, Anzil). À lintérieur même de la littérature, léchiquier ici reconstitué – pourtant échantillon naturellement minime sur le plan strictement statistique – est déjà en soi passablement complexe dans ses articulations. Quont en commun, en effet, le dantisme encore néoclassique de Vincenzo Monti (lun des patriarches de la restauration dantesque, qui put se vanter non sans raison davoir réintroduit sur la scène littéraire Dante après que Bettinelli len avait chassé10), présenté par Dirk Vanden Berghe, et celui dEdoardo Sanguineti, librettiste de Berio en loccurrence, mais aussi dantologue et protagoniste de lavant-garde du Gruppo 63, ainsi que le rappelle Mariem Hazmoune ? Y a-t-il une commune mesure possible entre la référence stéréotypée à lunivers dantesque faite dans un sous-genre international du roman policier à partir des années 1950 (sous-genre dont Filippo Fonio trace ici le profil) et lEnfer secret que cachent et que renversent à certains égards les Chants de Maldoror de Lautréamont, comme le suggère Jonathan Petitot, ou encore le Dante prophète de lunité italienne que Lord Byron dans sa Prophecy de 1821 espère mettre au service des « great things » quil voit se dessiner dans lItalie de son temps, ainsi que le montre Olaf Müller ? Et jusquà quel point le retour au Moyen Âge dont le « polar dantesque » montre lengouement à notre époque est-il comparable avec celui que semble promouvoir la « rétroversion » de lEnfer en ancien français dÉmile Littré, finement étudiée par Alain Corbellari ? On peut voir, juste par ces quelques exemples, que les politiques de la littérature qui sautorisent de la référence à Dante sont des plus disparates : une fois entré dans le nuage romantique, Dante a pu devenir le patron des expériences les plus réactionnaires comme des plus avant-gardistes, inspirateur dascèses comme de destructions, didylles comme de luttes féroces. Cela est dailleurs vrai également sur le terrain plus proprement politique, quévoquent ici dautres études : sur une interprétation de Dante comme critique réaliste des aurores du capitalisme se fonde le combat de Sanguineti contre lestablishment libéral incarné par la pensée et la figure de Croce, mais Caroline Mannweiler illustre dans son travail le rôle que joue Dante dans limaginaire de lhumanisme bourgeois 12– notamment dans les cas de Thomas Carlyle, Victor Hugo et Thomas Mann – entre xixe et xxe, tandis que Stefano Jossa montre comment, toujours au nom de Dante, peuvent saffronter deux courants intellectuels issus du libéralisme qui se déchire dans lItalie post-unitaire. En dautres termes, linstitutionnalisation du modèle dantesque a fait de Dante une référence universelle, dont bien des fronts de la modernité – politiques, esthétiques, géographiques – peuvent se réclamer.

La condition et le prix, à la fois, de cette universalité, est la distance. Lapparition de lidée de Dante, le modèle « dantesque », semble à la fois le signe dune présence et dune distance de Dante à lhorizon de la modernité, présence et distance également lourdes de conséquences. Lappropriation moderne de Dante dont témoigne entre autres la diffusion de la notion de « dantesque » se fait, selon la tendance propre à la culture romantique, dans la distance et par la distance. Là où Dante nest pas familier, nest pas une présence sensible et immédiate, son « idée » est le pont que jettent vers lui les modernes anxieux. Quelques-unes des expériences de « dantisme » évoquées dans ce volume semblent, certes, se chauffer au feu de la proximité, témoigner dune familiarité toujours possible : lenfer dantesque que suit comme un guide invisible Varlam Chalamov dans ses poèmes et récits de la Kolyma (analysés ici par Eva Paraskevi Nastou) nest-il pas le signe dune éternelle actualité de Dante, du regard filial quon peut encore porter sur lui au cœur du xxe siècle – ainsi, dailleurs, que le montre une page des plus connues de Primo Levi, faisant de Dante lemblème même de la défense ultime de lhumanité contre la barbarie11 ? Si, comme lexpérience de Primo Levi, celle de Chalamov nous interroge en ce sens, reste le fait quil sagit de cas trop extrêmes pour quon puisse à leur aune comprendre lensemble de lattitude du xxe siècle – et reste aussi le fait, relevé par Eva Paraskevi Nastou, quentre Chalamov et Dante sinstaure un agon littéraire qui inscrit tout de même la filiation dans une forme de distance littéraire.

On peut dire, en réalité, que limage romantique de Dante – le « dantesque » – est née sous le signe de cette distance, par le désir de lannuler. La distance par laquelle le classicisme du xviie et puis celui de lâge des Lumières avaient regardé et condamné le monde médiéval 13de Dante, sa barbarie et son obscurité, sest soudainement renversée à lâge romantique, est devenue force dattraction et prestige mélancolique, mais sans disparaître pour autant. La dissociation (soulignée ici par Olaf Müller) entre lenthousiasme de Byron pour le personnage de Dante et son peu dappétit pour la lecture de la Commedia est emblématique dans ce sens.

Dante reste principalement, surtout hors dItalie, dans les pays où limaginaire dantesque compte plus que le style, le poète de lEnfer, cet Enfer auquel se résumaient la cruauté et la barbarie de son temps aux yeux des Lumières, et avec lequel les lecteurs modernes doivent négocier, dans un mélange dhorreur et dempathie quils projettent sur le poète médiéval. On voit bien que même un lecteur de Dante comme Jung, qui pourrait être et qui est sans doute sensible à la dimension mystique de lascension inscrite dans le voyage surnaturel de Dante, reste avant tout attaché à limaginaire de sa descente infernale et attentif à relever ce que Dante – en mal plutôt quen bien – doit à son temps (ainsi que le souligne ici Véronique Liard). Certes, la richesse du phénomène « dantesque » est telle que toute formule prétendant le résumer semble vouée à léchec : pour ne rappeler quune évidence, il y a aussi un Dante amoureux de Béatrice qui joue un rôle prestigieux dans limaginaire du romantisme (et qui trouve sa place également dans quelques-unes des contributions de ce volume : Marie-Ange Fougère montre bien comment le jeune Zola commence par rêver dune Amoureuse comédie avant dévoquer plus tard, implicitement ou explicitement, lEnfer dantesque dans sa vision de la société contemporaine ; Eugène de Montalembert se réfère, au passage, à une sorte de imitatio vitae de Liszt et Marie dAgout se prenant pour Dante et Beatrice). Toujours est-il que la trace la plus nette que toute limmense histoire de la réception moderne de Dante semble avoir déposé dans le vocabulaire – le sens principal du mot « dantesque », qui pour le plus grand nombre, surtout au xixe siècle, semble être synonyme dhorrible et infernal – nous amène à penser que le noyau de limage de Dante fabriquée par le romantisme soit celui que nous avons essayé desquisser.

Pour commodité du lecteur, et pour lui fournir un mode demploi essentiel, nous avons donc fondé sur cette idée de distance le classement des gestes critiques quon peut reconnaître dans les lectures de Dante (au 14sens large évidemment) étudiées dans ce volume : « traduction », lorsque lidée dominante est celle dun changement de code, un déplacement sémiotique qui témoigne à la fois de la conscience de léloignement et dune tentative de rétablir un lien dans un espace autre ; « avec ou contre Dante », lorsque, à lintérieur du même code langagier (lœuvre littéraire, le plus souvent), émergent dans une proportion variable une part dassimilation, souvent atmosphérique ou souterraine, et une part de détournement ou deffacement des traces ; « au nom de Dante », lorsque Dante nest plus quun personnage sur une scène entièrement nouvelle, moyen pour atteindre un autre objectif plutôt quobjectif lui-même ou partie de cet objectif. Mais il va de soi que ce classement a une valeur surtout pratique. Les travaux ici présentés ne sont pas entièrement réductibles à la grille dans laquelle les enferme cette présentation, et, dautre part, les questions quils posent au sujet de la réception de Dante sont bien loin dêtre épuisées : ce nest là que louverture dun chantier par définition gigantesque.

Giuseppe Sangirardi

LIS – EA 7305
Université de Lorraine

1 Radiciotti, Giuseppe, Gioacchino Rossini. Vita documentata, opere ed influenza su larte, I, Tivoli, Majella, 1927, p. 260 et aussi Rognoni, Luigi, Gioacchino Rossini, Turin, Einaudi, 1981, p. 130.

2 Benedetto Varchi dans ses Lezioni (1590) attribuait « antica purezza, e Dantesca gravità » à un sonnet de Michel-Ange, ainsi que latteste le Grande Dizionario della Lingua Italiana de S. Battaglia. On remarquera, cependant, que ladjectif, encore loin de se fixer dans sa valeur sémantique, pourra prendre le sens péjoratif quon lui voit dans la Satira II de Salvator Rosa (vv. 478-486 : « Non biasmo io già chi per esempii e norme / prende il Lazio e la Grecia ; anchio devoto / le loro memorie adoro e bacio lorme ; / dico di quei che sol di fango e loto / usan certi modacci a la dantesca / e speran di fuggir la man di Cloto. / Di barbarie servile e pedantesca / la di lor poesia cotanto è carca / chassai più dolce è una canzon tedesca », Rosa, Salvator, Satire, éd. D. Romei, notes de J. Manna, Milan, Mursia, 1995, p. 84), sens conforme à la censure classiciste qui sabat sur Dante en Italie entre Bembo et Bettinelli (voir à ce propos le recueil de textes Dante oscuro e barbaro. Commenti e disupute (secoli XVII e XVIII, éd. B. Capaci, Roma, Carocci, 2008) et dont on trouve encore des traces évidentes dans le jugement que le pape Pie VI porte sur la Bassvilliana de Vincenzo Monti jugeant « detestabile » son « dantesco [] stile » et lui opposant la grâce de Métastase (épisode cité par Dirk Vanden Berghe dans ce volume).

3 On voit alors se répandre langlais Dantean ou ses variantes Dantescan, Dantesque, Danteish, dont la première occurrence remonte à 1785 daprès The Oxford English Dictionary (mais le verbe to dantize est attesté, encore par référence à Michel-Ange, dès 1764) ; lallemand dantesk (attesté dans un article de A.W. von Schlegel sur le peintre John Flaxman publié dans la revue Athenäum en 1799) et le français dantesque (pour lequel le Trésor de la Langue Française fixe lorigine dans la correspondance de Lamartine en 1830 et le Grand Robert dans un texte de Nerval de 1832 ; le terme est en fait attesté dès 1818 au sens de « propre à Dante » et dès 1824 au sens de « qui imite le caractère grandiose ou terrifiant de la Divine comédie », voir : http://www.cnrtl.fr/etymologie/dantesque, site consulté le 2 février 2018).

4 Ampère, Jean-Jacques, « Voyage dantesque », Revue des Deux Mondes, IV série, t. 20, 1839, p. 534-535 ; sur le genre du voyage dantesque voir Cavalieri, Raffaella, Il viaggio dantesco. Viaggiatori dellOttocento sulle orme di Dante, Rome, Robin, 20112.

5 Sur le rôle des exilés italiens dans la construction et la diffusion de limage de Dante en Europe au xixe siècle, voir Di Giannatale, Fabio, Lesule tra gli esuli. Dante e lemigrazione politica italiana dalla Restaurazione allUnità, Pescara, Edizioni Scientifiche Abruzzesi, 2008. Limage du proscrit se retrouve ainsi, par exemple, dans une des études philosophiques de Balzac, Les Proscrits (1831) qui met en scène un curieux couple Dante/Siger de Brabant.

6 Voir Friederich, Werner P., Dantes Fame Abroad 1350-1850. The influence of Dante Alighieri on the poets and scholars of Spain, France, England, Germany, Switzerland and the United States, Roma, Edizioni di storia e letteratura, 1950, p. 384. Germaine de Staël, dont on connaît les liens étroits avec lAllemagne, a sans doute été lune des premières en France à évoquer par ce biais la figure de Dante (voir Pouzoulet, Christine, « Pour une renaissance politique et littéraire de lItalie : enjeux du modèle de Dante chez Madame de Staël et Sismondi », Madame de Staël. Corinne et lItalie, éd. Jean-Pierre Perchellet, Paris, Klincksieck, 1999).

7 Suivront la Oxford Dante Society (1876), la Dante Society of America (1880), la Società Dantesca Italiana de Florence (1888), puis dautres en France (1937) et au Japon (1951) ; cf. Ghidetti, Enrico, « Le società dantesche », Dante vittorioso. Il mito di Dante nellOttocento, éd. E. Querci, Turin, Umberto Allemandi & C., 2011, p. 53-60.

8 Cette publication est issue des travaux du Colloque International Dantesque. Sur les traces du modèle organisé par le Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (EA 4178) et par le Centre Interlangues (EA4182), qui a eu lieu à lUniversité de Bourgogne les 23 et 24 juin 2016.

9 Pour la réception internationale de Dante au xixe la référence principale reste le monumental W.P. Friederich, Dantes Fame Abroad 1350-1850 déjà cité. Pour le xxe on peut voir Lopera di Dante nel mondo. Edizioni e traduzioni nel Novecento, éd. E. Esposito, Ravenne, Longo, 1992 et Dalla bibliografia alla storiografia. La critica dantesca nel mondo dal 1965 al 1990, éd. E. Esposito, Ravenne, Longo, 1995. Inutile de préciser quune véritable bibliographie se verrait condamnée à tenter limpossible.

10 Curti, Luca, « Ritorno alle Virgiliane. Per la fortuna di Dante da Bettinelli a Foscolo », Nuova Rivista di Letteratura Italiana, 13 (no 1-2), 2010, p. 371-385 (p. 371).

11 Je fais référence au célèbre épisode de Se questo è un uomo intitulé Il canto di Ulisse où le narrateur récite et explique Dante à un autre prisonnier du camp, un jeune Alsacien surnommé « Pikolo ».