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Classiques Garnier

Annexe II Les modes de financement

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Annexe II

Les modes de financement

Dans tous les systèmes économiques modernes, on distingue le financement interne, ou autofinancement, du financement externe, ou endettement. Dans le cas des entreprises, lautofinancement correspond au bénéfice non distribué augmenté de la dotation aux amortissements ; la situation des collectivités publiques (État, collectivités territoriales) est assez semblable, le bénéfice est remplacé par lexcédent de la section de fonctionnement (excédent dexploitation ou épargne brute). Pour les ménages, lautofinancement devient lapport personnel. Il est constitué des ressources propres mobilisables (épargne financière) lors dun achat de logement ou de biens durables. Généralement le montant de linvestissement est supérieur à lautofinancement ou aux ressources propres disponibles et un financement supplémentaire est nécessaire : le financement externe.

Daprès la vision traditionnelle, celle enseignée aux lycéens et aux étudiants, que nous retiendrons dans un premier temps, étant donné son caractère pédagogique, il existe deux grandes procédures de financement externe de lentreprise : lune directe, le marché, lautre indirecte, lintermédiation financière. La première solution, correspondant à ce que les économistes appellent la finance directe, est la suivante : les ménages placent directement leur épargne auprès des entreprises dans un processus de gré à gré préfigurant un marché financier. Ils perçoivent alors un intérêt.

Mais ces ménages ne placent pas directement la totalité de leur épargne, ils en confient une partie, lépargne liquide, à des intermédiaires financiers définis comme non bancaires, qui, après « transformation »– le court terme devient du long terme –, la prêtent aux entreprises. Il existe désormais une différence entre taux dintérêt débiteur, appliqué aux prêts, et taux dintérêt créditeur, appliqué aux dépôts. Ce deuxième schéma correspond à la finance indirecte.

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La réalité est encore différente, une partie des crédits distribués a pour origine une création monétaire ex nihilo attribuée aux intermédiaires financiers dits bancaires1. Concrètement dailleurs, les intermédiaires financiers bancaires et les intermédiaires financiers non bancaires ne se distinguent plus, ils forment une seule catégorie, les intermédiaires financiers proprement dits, ayant les deux caractéristiques, bancaire et non bancaire à la fois. Cest la banque daujourdhui. Le meilleur exemple est la transformation de la caisse dépargne en banque ordinaire.

Il est possible de traduire partiellement ces schémas théoriques, avec des chiffres portant sur le financement de léconomie française (fig. 14). Lenseignement le plus net est la grande stabilité du partage entre financement par les institutions financières (taux dintermédiation) et par le marché, avec une légère augmentation pour cette dernière catégorie depuis les dix dernières années. La même source nous apprend que les crédits sont principalement destinés aux ménages (50 %), ce qui na rien détonnant. LÉtat sendette en émettant des titres, à hauteur de plus de deux milles milliards deuros ces dernières années, principalement des obligations (OAT) souvent achetées par les banques.

Déc. 2008

Déc. 2013

Déc. 2018

Déc. 2019

Crédits auprès des institutions financières

2 008,0

2 323,3

2 808,4

2 934,1

Financement de marché

1 507,5

(42,6 %)

2 083,0

(46,8 %)

2 572,4

(47,4 %)

2 676,1

(47,3 %)

Autres

26,7

40,3

40,8

45,7

Total

3 542,3

4 446,6

5 421,5

5 655,9

Fig. 14 – Lendettement des agents non financiers (ANF) France,
encours en milliards deuros. Source : Banque de France.

1 Ceux décrits dans le chapitre « largent magique ».