Aller au contenu

Classiques Garnier

Introduction

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Correspondance. Tome XXIII. Avril 1872 – mars 1874
  • Pages : i à iv
  • Réimpression de l’édition de : 1989
  • Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 23 – Hors collection
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406084976
  • ISBN : 978-2-406-08497-6
  • ISSN : 2258-8825
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08497-6.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/12/2018
  • Langue : Français
7
INTRODUCTION



Marcel Proust, on le sait, rejetait en bloc la méthode de Sainte-Beuve «qui consiste à ne pas séparer l'homme et l'ouvre... à s'entourer de tous les renseignements possibles sur un écrivain, à collationner ses correspondan- ces, à interroger les hommes qui l'ont connu. u (Contre Sainte-Beuve). Je ne peux me rallier à cette condamnation sans nuances ni à sa conclusion «qu'un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices N. Je n'arrive pas à me convaincre d'avoir eu tort de collectionner collationner tant de correspondances pour tenter de faire mieux connaïtre George Sand et son cpuvre, ni que M. Philip Kolb, en recueillant les lettres de Proust, ait fait de la désinformation sur l'auteur de la Recherche. Ce que nous apportons ainsi n'est pas toujours l'essentiel, et ne donne pas la clef de la création miraculeuse, mais permet une approche du mystère, comme les microscopes et les scannerr aident le médecin à dëpister la maladie. L'autre moi garde bien des rapports avec le moi biographi- que, et il n'y a pas une clef, mais plusieurs.
Voici encore un trousseau, au lecteur de choisir les « passer ~ qui ouvriront certains tiroirs. .Deux ans de correspondances aux trois quarts inëdites, qui nous font partager la vie, l'ouvre, les voyages, !es amitiés, les joies
8 et les chagrins de George Sand. C'est l'avant-dernière brassée avant de conduire au tombeau la romancière, puis de la ressusciter adolescente pour mettre au jour tout ce qui, depuis le tome I", s'est accumulê dans mer cartons, trop tard pour paraître dans son contexte chronologique.
Entre la soixante-septième et la soixante-dixiême année de son âge, la romancière, encore valide malgré quelques défaillances de santé, va faire, hors du cher Nohant, deux dêplacements assez lointains : vers la mer, en juillet-août 1872, pour panser trois semaines à Cabourg, au Grand- Hôtel (le même dont plus tard Marcel Proust sera le client attitré pendant plusieurs années, bien calfeutré dans sa chambre pour ne pas respirer l'air marin si contraire à son asthme) ; vers les montagner, en aoüt 1873, pour revoir l'Auvergne et ses volcans. Chaque foz.r, toute la famille l'accompagne, et dans la famille il faut comprendre Edmond Plauchut le bon vivant, qui supporte si bien la taquinerie.
A Paris, un seul sêjour, et de courte durée. Mais e!!e fait venir â Nohant les Parisiens, par soif d'amitié, en appelant Pauline Viardot et ses enfants, Flaubert qui vient !ui lire La Tentation de Saint-Antoine, le « grand Moscove H Tourguéniev, l'éditeur Michel Lévy, Charles-Edmond, son introducteur au journal le Temps. La maison accueillante est souvent pleine d'invités, certains venus de plus loin comme les Nïmois Boucoiran.
L'usine â romans tourne au ralenti : la publication de Nanon, dont l'action se déroule dans le centre de la France pendant la Rëvolution française de 1789, s'achève dans le journal. Un autre est en train, destinë, pour apaiser le jaloux Buloz, à la Revue des deux mondes : Ma soeur Jeanne. Les affaires de thêâtre, à part quelques reprises de pièces anciennes, ne sont pas sata:rfazsantes. Des obstacles politiques se dressent toujours devant la pièce tirée de Mademoiselle La Quintinie. Et celle que l'auteur a terminée d'après le roman Nanon ne verra par davantage la scène : on est sous un gouvernement résolument conservateur, ce dont George Sand souvent s'irrite, allant jusqu'â parler de K terreur blanche u.
9 Un exutoire, heureusement, lui est offert :les colonnes du Temps où elle peut s'exprimer librement, en lâchant la bride à sa fantaisie, sur des sujets variés que lui suggère ou non l'actualité. Ce sont comme des lettres à ces destinataires inconnus qui constituent le public. Elle sait prendre le ton qui convient à ce genre de réflexions- confidences. La forêt de Fontainebleau est-elle menacée par des dépeceurs sans droits ?Écologiste avant la lettre, elle va se battre «pour le respect religieux du beau dans la nature ». Un prêtre vient-il à jeter !e froc aux orties en se mariant ?Elle donne son opinion sur le célibat des prêtres, grave question qui divise encore en 1989 la hiérarchie ecclésiastique.
Mazs surtout ce sont des contes qui vont marquer !a production de ces deux années : une première série, écrite avec le but immédiat de divertir ses petites-filles. Mais au divertissement s'ajoute un discret souci pédagogique. Par expérience personnelle, G. Sand sait bien l'influence que ces «premières jouissances de l'imagination u peuvent avoir sur l'éveil intellectuel des enfants et elle a l'art d'admirablement mêler le réel au merveilleux, en laissant son récit poser des problèmes et suggérer des solutions que l'enfant attend sans le savoir, Ainsi naisrent des oeuvres qu'il convient de lire à plusieurr niveaux.
Quels sont les principaux destinataires du courrier, abondant comme toujours ? outre la famille directe, nous retrouvons Juliette Adam, Charles-Edmond, Flaubert l'écorché pour qui elle essaie toujours d'être la consolatrice, Michel Lévy, Plauchut, Taine, Pauline Viardot, et des inconnus, encore des inconnus que l'on ne peut toujours identzfer : auteurs débutants, petits poètes oubliés qui espèrent un encouragement, quémandeurs...

Aux lecteurs et lectrices gui ne quémandent par, mais
savent apporter des encouragements appréciês, j'adresse
mes remerciements ;
— Mme von Brentano, Mme Denise Regnault ;

— Mme et M. Amédée Renault ;
— MM. Achille Chiesa, Loïc Chotard, Jean Darnel,
10 Daniel Dufour, Roger Fayolle, Claude Guitter, Henri Perey, Étienne Percier, Fernand Ponce de Leon, Roger Ponton d'Amécourt, Bertrand Pouradier-Duteil, Domini- que Prévencher, Michel Rival, Francis Sertorius, Wolberg Schmidt.
Apportant les uns une lettre inconnue, suggérant les autres une pz:rte, une correction, une identifzcation, ils ont collaborê soit à ce volume, soit à ceux qui sont encore à venir.
Georges LuBIN
Ce tome contient 924 numéros, dont 324 en défacit et 600 lettres et billets. Sur ce dernier chsffre, S08 ont pu être vé~zfés sur autographes, microfilms ou photocopies, soit plus de 8S %.
449 sont totalement inédits, 39 le sont partiellement, soit plus de 80 %.