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Classiques Garnier

Note sur le dernier domicile parisien

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Correspondance. Tome XXII. Avril 1870 – mars 1872
  • Pages : 785 à 786
  • Réimpression de l’édition de : 1987
  • Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 22 – Hors collection
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406084945
  • ISBN : 978-2-406-08494-5
  • ISSN : 2258-8825
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08494-5.p.0807
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/12/2018
  • Langue : Français
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NOTE SUR LE DERNIER DOMICILE PARISIEN

1868-1870. —3, rue Gay-Lussac (5'}. C'est le 11 mai 1868 que G. S. a trouvé cet appartement, < richement décoré, dans une maison toute neuve, aux plafonds élevés >, et proche de l'Odéon. C'est un entresol, comprenant anti¬ chambre, salon à deux fenêtres sur la rue, salle à manger sur la cour, deux chambres à coucher dont une sur la me, cuisine, cabi¬ net noir. Loyer : 1 900 f. Propriétaires : les frères Lavenant (Louis-Désiré et Jacques-Eu¬ gène). Elle s'y installe le 27 mai 1868, et ce sera sa dernière résidence parisienne. Aurore Lauth-Sand et Henri Amie ont publié sur cet appane- ment leurs souvenirs respeaifs, assez contradictoires. Amie, dans Mw souvenirs, p. 83, écrit : < Mme Sand occupe là un gentil rez-de-chaussée... >, mais p. 202 produit une lettre de G. S. qui le supplie de prendre son appartement de Paris et ajoute que la me est bmyante < surtout pour qui habite l'entresol >. Aurore Lauth-Sand, dans le Figaro du 24 décembre 1932, dit ne pouvoir préciser si cet appanement était au 1" ou au 2' étage au-dessus de l'entresol (mais, soulignons-le, elle n'avait que .dix ans à la mort de sa grand-mère). Outre la précision apportée au moment de sa découverte par G. S. (voir la lettre du 11 mai 1868, n° 13617), voici une confir¬ mation : le 31 mai 1869, elle constate que son appartement est froid < parce que les boutiques au-dessous ne sont pas encore occu¬ pées >, ce qui ne peut être que le cas d'un entresol (Lettre à Lina, B. H. V. P., Fonds Sand, G 2337).

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Voici un extrait de l'article d'Aurore, détaillant l'ameublement : < Le salon était orné de quelques très beaux objets. Le magnifi¬ que tableau qu'Eugène Delacroix avait légué par testament à George Sand, La Nuit de Valpurgis, inspiré par le Faust de Goe¬ the ; une belle mise en croix de Rubens ', quelques autres toiles de maîtres, des bronzes chinois et de vieilles porcelaines. Les fau¬ teuils au petit point d'époque Louis XIV, représentaient les fables de La Fontaine ; une grande table à écrire Louis XV, que j'ai donnée au musée Carnavalet était placée entre les deux fenêtres ; au-dessus était un beau cartel de Boulle. Un grand sofa de cuir bmn partait de la cheminée, faisant coin, et tenait toute la lon¬ gueur du panneau, en face, sous le Delacroix, qui avait failli être percé d'une balle pendant la Commune. Quelques jolies chaises et un beau buffet Renaissance complé¬ taient le mobilier. Par terre, un grand tapis clair, aux fenêtres de lourds rideaux, au plafond un lustre, tandis que dans le couloir pendait un œuf d'autruche enserré dans une résille passementée d'or et de soie >. Un autre témoin, Solange Clésinger, a laissé des pages de ro¬ man où elle raconte une visite flaive d'une comtesse suédoise, son héro'ine, à George Sand : <J'ai été présentée hier à Madame Sand. Elle demeure très loin, près du Luxembourg, rue Gay-Lussac, à l'entresol d'une maison neuve et banale. Sans luxe aucun, son appanement est confortable striaement et d'une propreté de cou¬ vent. Meubles modernes insignifiants, sauf quatre petits fauteuils Louis XVI, recouverts d'une tapisserie au petit point, représentant des personnages en costumes du temps des Valois. Sur la chemi¬ née, trois grands vases Louis XVI, anciens, en porcelaine blanche à filets dorés, de style très pur. Au mur, une splendide ébauche d'Eugène Delacroix : la Nuit de Valpurgis. Entre les fenêtres, un bureau de chêne clair, moderne, vulgaire : celui d'un modesre commerçant ou d'un maître jardinier. Une plume de fer, un en¬ crier de verre, un casier contenant du papier à lettre et un attirail à cigarettes. Objets de la boutique à treize sous. Madame Sand fume constamment et plonge le bout de sa cigarette dans un gobelet d'eau. > Cette page, publiée en 1976 dans la Revue de l'Académie du Centre, confirme donc la situation de l'appartement à l'entresol. On aura noté la contradiction, en ce qui concerne les fauteuils, avec les souvenirs de sa nièce Aurore.

1. Il est permis d'avoir des doutes sur cette attribution. 2. Aujourd'hui musée Renan-Scheffer.