7 INTRODUCTION

Les points forts de ce tome XIX sont la mort d Palai- seau du compagnon de quinze années après une interminable agonie, et la nairrance d'Aurore qui vient au monde pour donner à Victor Hugo l'occasion d'une belle antithèse.
L'été 1865 a été un martyre pour Manceau sur lequel les médecins essaient des traitements aussi douloureux qu'ineffi- caces, et qui, jour après jour, s'enfonce dans un amer déres- poir. George Sand elle-même, à la suite d'une chute qui lui cause une grave blessure à la jambe, est à peu prèr immobi- lisée. Elle se dévoue néanmoins au malade, et adoucit cette ftn navrante par sa présence attentive. Cesse-t-elle pour cela de travailler ? Non :deux romans (tristes), des essair de pièces de théâtre (qui resteront dans les cartons sans voir les feux de la rampe), une collaboration avec san fils à qui elle essaie d'insuffler une part de sa propre énergie. Elle est loin de trouver dans cette activité incessante un dérivatif efftcace à sa peine personnelle la lecture des lettres, comme celle des Agendas où s'inscrit !'évolution accélérée du mal impla- cable, luise une impression de grande trirtesse, et l'on se demande si, uyant lu ce volume, son dernier biographe, Pierre Salomon, écrirait encore : ~ Elle avait tant de richerse intérieure, les événements du dehors !'abrarbaient tellement, qu'elle n'eut jamais !e temps de s'attarder sur ses motifs de lrlstesse ~. Il est mort sans connaître cette ruile de correrpon- dances si éloquente, sur laquelle la censure rancunière de Maurice avait posé un couvercle de silence.
Heureusement l'espoir renaît du côté de Nohant, où se manifeste une nouvelle promerse de maternité. Et il est bien exact que la grand-mère, reprenant courage, montre ses fa- cultés de ~ rebondissement ,v. Pour acquérir au jeune ménage le maximum d'aisance, on verra la lutteuse déployer sa pu-
8 gnacité en plusieurs occasions :pour assurer à Maurice !a succession de Manceau, pour vendre un tableau de Dela- croix, pour batailler contre Buloz qui a refusé un roman de Maurice, pour solliciter les juges lorsque Casimir s'apprête à dépouiller ses enfants. Il faut aussi signaler au lecteur la note de la page 363 où il verra se déchaîner contre elle la calomnie posthume et qui donne la mesure des haines qui ont poursuivi George Sand jusque dans l'autre monde.
Je remercie les collectionneurs et correspondants qui ont apporté, les uns une pierre à ce volume, les autres des réser~ ves pour les suppléments à venir, ou encore un renseignement utile, une rectification
Mmes Maz~rice Genevoix, Claudine Lacoste, Gay Mani- fold ;
MM, Vladimir Brett, Yves Gogue, François Granet, Jac- ques Migeon, Ryuji Nagatsuka, Roland Saucier, Maurice Sérullaz, Jean Ziegler.
A ceux que j'aurais pu oublier involontairement, mes ex- cuses.
Georges LUBIN

Ce tome XIX, bien que couvrant seulement dix-sept mois de la vie de la romancière, contient 1 339 numéros, dont
502 ne sont là que cous forme de pierres d'attente la
collecte effective est donc de 837 lettres : un record !

Sur ces 837, 746 ont été vëriftées sur autographes, photo- copies ou microftlms, soit plus de 89 %. Les inédiu complets sont au nombre de 652, les inédits partiels au nombre de 6, soit une proportion d'inédits supérieure â 85 %.
Une conséquence du grand nombre de lettres (et de numé- ros en déftcit) est que nos quatre index occupent une place plus considérable. Pour que le tome derneure maniable, il a été décidé d'alléger la table des matières développée lettre par lettre, qui n'auruit à elle seule pas pris moins de trente- cinq pages. Cette table est en fait peu consultée, et l'Index des correspondants surtout, combiné avec celui des noms et les titres courants datés, permet de retrouver facilement le docu- ment recherché.