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Classiques Garnier

Avertissement

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Correspondance. Tome VI. 1846-1848
  • Pages : 7 à 10
  • Collection : Correspondances et mémoires, n° 18
  • Série : Le dix-neuvième siècle, n° 9
  • Thème CLIL : 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
  • EAN : 9782812434990
  • ISBN : 978-2-8124-3499-0
  • ISSN : 2261-5881
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3499-0.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/09/2015
  • Langue : Français
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AVERTISSEMENT




«  Si toute édition de correspondance d'un grand écrivain ou d'un grand artiste représente un acte de foi et d'espérance, son histoire est toujours celle d'une dette  », écrivait Madeleine Ambrière dans la préface du premier volume de la Correspondance, en 1989. En ces termes se définit bien également ce qu'elle a transmis à ceux qû elle avait coutume d'appeler « l'équipe Vigny  ». Mme Ambrière s'est éteinte en effet le 11 juin 2014, alors que ce volume était remis à l'éditeur. Jusqu'à ses derniers jours, elle veilla. sur sa préparation; elle prévoyait déjà les volumes suivants, se réjouissant des promesses de moissons inédites. L'édition de la Correspondance de Vigny est son oeuvre. Elle en fut l'instigatrice et en fit, dès 1981, le projet fondateur du Centre de Correspondances du xixe siècle qu'elle créait alors à l'université Paris-Sorbonne, où elle était Professeur. Elle l'avait conçue comme une « fantastique aventure qui allait demander et demandera une inusable patience  »  :elle en mesurait et en maîtrisait l'envergure ; elle dirigeait et suivait, avec une exigence toujours bienveillante, chacune des étapes, de la transcription et de l'annotation des lettres jusqû à la composition des volumes. Elle était un guide sûr et inlassable, encourageant et valorisant chacun des membres de son « équipe  »  :avec une générosité inépuisable, elle dispensait sa connaissance si fine du xixe siècle et transmettait ses méthodes de recherche. L'entreprise, destinée à offrir la première édition d'ensemble de la correspondance croisée de l'auteur des Destinées, était inédite. Elle devait dessiner progressivement le portrait, parfois « curieux  », selon ses propres termes, d'un des auteurs romantiques qui, parmi les moins bien connus, «  gagnait à être connu dans sa profonde humanité  ». D'une préface à l'autre, elle en affinait les esquisses, tout en refusant que cela «  ne tournât à l'hagiographie  », soulignant finement à l'occasion les traits « agaçants  » que laisse parfois percer l'intimité épistolaire. Homme de coeur, homme de fraternité et de paternité, homme d'action, homme
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de combat, Vigny devait redevenir, au fil des lettres, l'«  homme de son siècle » qu'il ne cessa jamais d'être jusqu'à sa mort. «  Un acte de foi et d'espérance  », donc  :avec un infini respect, une non moins grande gratitude et une profonde affection, nous souhaitons lui assurer que nous sommes et serons « attentifs à [s]on oeuvre  », selon la formule des Destinées, et lui dédier ce tome 6.
5441ettres —dont plus de 340 inédites — y sont réunies ;elles sont publiées avec le Carnet de 1846 et l'Agenda de 1848, auxquels s'ajoute un cahier de huit pages contenant une description du bornage du Maine- Giraud en 1846 et correspondant peut-être à un projet, sans suite, de vente de la propriété. Sans l'épuiser, loin s'en faut, cet ensemble jalonne la correspondance entretenue par Alfred de Vigny de 1846 à 1848. Du scandale de la réception à l'Académie au premier des longs voyages en Touraine et en Charente, en passant par la candidature malheureuse aux élections législatives d'avril 1848, ce volume inaugure des relations épistolaires bien particulières  :dans des « lettres-journal  », l'auteur de La Bouteille à la mer et de Wanda se raconte à sa cousine tourangelle Alexandrine du Plessis, et surtout à Alexandra Kossakowska., qui a quitté Paris pour Saint-Pétersbourg le 3 juin 1846 et ne reviendra qu'en 1857.
Tel que nous avons pu le reconstituer, l'ensemble présente un certain nombre de lacunes. Elles sont en partie liées aux déplacements de Vigny qui compliquent les trajets des lettres quand elles le suivent, comme le montrent la multiplication des cachets postaux et le recours à des adresses « poste restante  ». Durant cette période, il fait en effet deux séjours, de plus en plus longs, au Maine-Giraud (de mi-septembre à début décembre 1846, puis du 14 juillet 1848 jusqu'en octobre 1849) ; c'est alors Triphyna Holmes qui, tout en veillant sur l'appaxtement paxi- sien, se charge du tri du courrier et des livres à faire suivre. Les troubles politiques expliquent aussi ces manques puisque l'année 1848 paraît la plus incomplète. En pleine révolution, Vigny demeure entre Paris et Versailles. Les lettres ne permettent pas de suivre ses faits et gestes de février à juillet 1848  : certes, comme il l'a raconté dans les notes des Mémoires inédits, il est dehors la nuit du 23 au 24 février, parcourant les rues de Paris, devenue « une ville frappée de terreur et de folie  ». Mais on le perd ensuite. Il conduit Lydia, toujours convalescente, « à l'abri des cris et des balles  », à une date difficile à déterminer  : il loue probablement un appartement à Versailles, rue des Réservoirs, peut-être
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près de chez une cousine, Mme de Martel. Combien de temps y reste Lydia  ? quels jours Vigny est-il près d'elle  ? quelle est la fréquence de ses allers et retours  ? La correspondance ne le dit pas, dont le discours fragmentaire est redoublé par celui de l'Agenda, qui bruisse également de rendez-vous au bois et de soupers, jusqu'au départ, le 14 juillet, pour le Maine-Giraud, avec Lydia et sa petite femme de chambre. Plus que jamais, Vigny cherche à maîtriser et à fixer l'image complexe de lui que les échanges épistolaires dessinent  :l'archivage et le classement méthodiques du courrier, son répertoriage dans le carnet et l'agenda ainsi que la volonté d'en faire disparaître certains pans le montrent. En creux, avec les lettres perdues, apparaissent des zones de mystère dont l'enjeu biographique n'est pas des moindres. Ces trois années marquent en effet une étape essentielle  :celle-ci se traduit, dans les faits les plus patents, par l'entrée dans la vie académique, la tentation de la vie poli- tique et, avec cette expansion des activités publiques, par l'amorce d'un renouvellement de l'écriture.
Ce volume a été conçu et défini par Madeleine Ambrière. Il ne serait pas ce qu'il est sans le travail de préparation qu'avait effectué Loïc Chotard, avec l'extrême exigence et la rigueur qui étaient les siennes. Le soutien de Mme Anicette Sangnier, après celui, indéfectible, de son père, ne nous a pas fait défaut ;pas plus que l'appui du regretté André Jarry ni celui de Nathalie Preiss.
Comme pour les précédents volumes, nous remercions les collec- tionneurs qui nous ont donné accès à leurs autographes, et tout par- ticulièrement les regrettés Camille Bernard, Jacques Migeon, Daniel Sickles, ainsi que Mmes Christiane Lefranc et Françoise Sabarly ; MM. Henri-Martin, Jean-Pierre Lassalle, le docteur Mabille. Notre gratitude va également aux marchands et experts  :les regrettés Michel Castaing, Jacqueline Vidal-Mégret ;Mmes Florence Arnaud et Anne Heilbronn ; MM. Dominique Courvoisier, Christian Galantaris, Emmanuel Lhermitte, Bernard Loliée, Emmanuel Lorient, Alain Nicolas, Jacques-Henri Pinault, Jean Raux, Alain Sinibaldi.
Au nombre des conservateurs de bibliothèques, directeurs et docu- mentalistes de services d'archives qui ont accompagné nos recherches, nous tenons à saluer l'obligeance de Mmes Marie-Odile Germain (BnF), Claire Janin (archives municipales de Saintes), Karine Klein
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Enfin que soient assurés de notre reconnaissance pour leurs précieux conseils Michel Caussin, Jean-Pierre Galvan, Sheila et Jean Gaudon, Jean-Paul Goujon, Odile Krakovitch, Jehan de La Croix, Jean-Pierre Lassalle, Michel Lichtlé, Olivier de Luppé, Janette Mcleman Carnie, Yves Ozanam, Jacqueline Razgonnikov, Lise Sabourin, Claude Schopp, Dominique Triaire. Nous adressons un remerciement tout particulier à Mme Vera Milchina, pour son aide précieuse dans le domaine russe, et à Charles-F. Dupêchez, sans l'aide duquel la correspondance entre Vigny et Marie d'Agoult serait difficilement éclairée.
Pour ce volume, Thierry Bodin s'est chargé de la publication des lettres de 1846 et des Appendices ;Sophie Vanden Abeele-Marchal, de la publication des lettres de 1847 et de 1848.