Skip to content

Classiques Garnier

Principes de traduction

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Correspondance. Lettres familières
  • Pages: 25 to 26
  • Collection: Correspondence and Memoirs, n° 57
  • Series: Le seizième siècle, n° 2
  • CLIL theme: 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
  • EAN: 9782406158639
  • ISBN: 978-2-406-15863-9
  • ISSN: 2261-5881
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15863-9.p.0025
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 02-07-2024
  • Language: French
25

Principes de traduction

La problématique du traducteur face à une langue mouvante non figée et qui se veut mimétique de loralité, est complexe. Il faut dabord faire un travail sur le texte même et, en loccurrence ici, sur des textes en plusieurs langues avec plusieurs références qui contiennent des éléments dun réel qui nous échappe et ont un degré détrangeté supplémentaire1. Il faut ainsi dabord répertorier les langues utilisées ou les variantes dun même langage. Ensuite identifier les napolitanismes, les gallicismes, les catalanismes etc., trouver une solution pour respecter lalternance des langues y compris dans une même phrase, identifier les ruptures de registre et de ton, identifier les lieux, personnages, situations avec leurs graphies parfois oscillantes et souvent différentes des graphies modernes, identifier les translittérations du vulgaire passées en latin pour désigner les realia du temps dans une langue qui ne les connaissait pas. Lample annotation de la traduction permet de montrer le travail de traduction à lœuvre. Tout est traduit, hormis les insertions en latin dans la lettre en vulgaire, comme « quidam » ou « ut ita dicam », « un certain », « pour ainsi dire », lorsque justement Pontano na pas le vocabulaire forcément précis ou bien lorsque ce sont des connecteurs logiques, « etiam », « tamen », « igitur », en alternance avec « però », « acciò che » et leurs formes composées.

Le plurilinguisme de Pontano se déploie aussi dans son usage de lonomastique. Certains personnages ne sont nommés quen latin, dautres quen vulgaire, avec des orthographes oscillantes, dautres encore dans les deux combinaisons.

Je prends le parti dessayer de présenter une traduction unitaire. Je respecte la graphie des noms propres telle quelle est dans les textes de 26Pontano, même si elle varie dun texte à lautre, mais dans ma traduction jutilise la forme standard italienne pour les Italiens (Lorenzo Valla, Filippo Strozzi) ou, si elle est attestée, la forme française (Laurent de Médicis, Hercule dEste) ; pour les Français jutilise la forme français modernisée (Louis de Nemours, Raoul de Lannoy) ; pour les Espagnols la forme française si elle est attestée (Gonzalve de Cordoue) ou la forme italianisée utilisée par les contemporains de Pontano (Pere de Besalù, Belprat). Le nom de Giovanni Pontano lui-même est toujours traduit sous cette forme, quelle quen soit la graphie dorigine (Joanne, Ioanne) sauf en latin où « Iovianus » est traduit en Gioviano.

Pour la topographie, Pontano nous fait souvent une démonstration de savoir géographique en utilisant les formes antiques des territoires quil désigne, lorsquil écrit en latin. En vulgaire, il utilise les formes contemporaines, avec leur graphie oscillante également. Pour la zone de la Terra di Lavoro, à cheval sur les régions actuelles des Abbruzzes, Latium, Molise, les toponymes utilisés sont quasiment tous à commenter. Je reproduis à lidentique les formes employées et développe en note leur forme moderne si elles existent encore.

Pour le style des lettres, je ne me suis interdit aucun néologisme, aucune rupture de ton en essayant de ne rien laisser au domaine de lintraduisible.

1 Voir le chapitre méthodologique Bistagne Florence, « Éditer et traduire une correspondance humaniste : enjeux et méthodes. Le cas Giovanni Pontano », dans De Capitani Patrizia et TerreauxCécile, dir., Actualité de lHumanisme. Mélanges offerts à Serge Stolf, Classiques Garnier, Paris, 2020, p. 259-276.