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Classiques Garnier

Annexe II Domiciles d’Alexandre Dumas

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Correspondance générale. Tome VI. 1er janvier 1850 - 10 novembre 1853
  • Pages: 641 to 643
  • Collection: Correspondence and Memoirs, n° 52
  • Series: Le dix-neuvième siècle, n° 21
  • CLIL theme: 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
  • EAN: 9782406142775
  • ISBN: 978-2-406-14277-5
  • ISSN: 2261-5881
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14277-5.p.0641
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 06-14-2023
  • Language: French
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Annexe II

Domiciles dAlexandre Dumas

Paris

46 rue Richer (1849-1850). Cette adresse, qui est consignée sur le passeport délivré à Dumas le 8 mai 1849, figure également dans une assignation du 10 novembre, ainsi que sur plusieurs lettres à Hippolyte Souverain (début de 1850).

7 avenue Frochot (avril 1850 – décembre 1851). Le 2 avril 1850, Dumas écrivait à Maquet : « Venez me rejoindre avenue Frochot 7, je suis à inspecter mes ouvriers. » Cest une « construction élégante, ornée, précédée dun petit jardin fermé dune grille. Un seul corps de logis, formé dun pavillon carré annexe de deux ailes ; le tout élevé dun étage en contrebas de rez-de-chaussée, deux étages carrés et trois mansardes ». (Archives de Paris.) Dumas et sa fille occupaient le premier et le troisième étages. Le bail consenti par Descours, le propriétaire, selon acte notarié du 19 avril 1850, fut établi au nom de Marie Alexandrine Dumas ; les loyers étaient de deux mille cinq cents francs et neuf cents francs. À la suite de la confirmation de jugement déclarant Dumas en état de faillite ouverte le 5 janvier 1852, les meubles de lavenue Frochot furent vendus sur poursuite du propriétaire, pour loyers impayés.

LAlmanach Bottin de 1851 et 1852 donne toujours pour domicile à Dumas, « homme de lettres » : à Saint-Germain, et à son fils : Rue Pigalle 22.

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Bruxelles

Lorsque, en décembre 1851, il fut menacé de prise de corps après le jugement le déclarant en état de faillite, Dumas choisit de sexiler à Bruxelles, à propos de laquelle il avait autrefois écrit : « Bruxelles a été de tous temps le refuge des proscrits [] ; seulement aux proscrits politiques ont succédé les exilés judiciaires, tout ce qui a commis un faux, ce qui a fait banqueroute, tout ce qui enfin serait forcé de se voiler la face à Paris, séclipse tout à coup du boulevard de Gand ou de la place de la Bourse, et va reparaître le visage découvert et resplendissant sur lAllée-Verte, à Bruxelles. » (Excursions sur les bords du Rhin.) Le failli y retrouve des proscrits politiques, ceux du Deux-Décembre.

Hôtel de l Europe (10 décembre 1851 – début avril 1852). Il descendit dabord à lHôtel de lEurope, situé à langle de la place Royale. Alexis, son valet de chambre noir, partageait son exil ; Dumas avait « tous les garçons de lhôtel à son service » et Alexis faisait « des études comparatives sur la langue française, la langue belge et la langue créole », mais il se saoulait tant que Dumas dut bientôt le renvoyer. À lhôtel, Dumas menait une vie presque spartiate, ne dépensant que vingt francs par jour. En mars, il avouait pourtant à son fils mille sept cent cinquante francs de dépensés à lhôtel où il navait pas dîné une seule fois.

73 boulevard de Waterloo. Pendant ce temps, il faisait aménager une maison, appartenant à M. Meeûs, banquier belge installé 19 quai Bourbon à Paris. Le loyer de douze cents francs était payable en termes à partir du 1er janvier 1852. Située à lextrémité du boulevard, près de la Porte Louise, la maison possédait deux étages, une belle porte cochère et un balcon donnant sur le boulevard. Lorsque, en mai 1852, Marie décida de le rejoindre à Bruxelles, Dumas, inquiet de la promiscuité, loua au même Meeûs une petite maison attenante à la première, le percement dune porte permettant de les relier. Le 7 avril 1852, Dumas pendit la crémaillère. Deux des habitués, Charles Hugo (Les Hommes de lexil) et Émile Deschanel (« Une soirée chez Alexandre Dumas à Bruxelles », LIndépendance belge, 30 août 1853, puis recueilli dans À pied et en wagon, L. Hachette, 1862) décrivent assez précisément la maison. Au rez-de-chaussée, un vestibule avec divans, natte sur le sol ; 643un grand salon avec une vaste cheminée, dressoir chargé de bronzes de Barye, prie-Dieu gothique, fauteuils de chêne sculptés en ogive, divans algériens, grand bahut sculpté, statues « antiques » (Vénus de Milo, Le Voleur), vases de Chine, petits écussons en relief représentant les armoiries réelles ou idéales des principaux poètes contemporains : Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Nodier et Dumas ; plafond dun azur profond à étoiles dor, sur le plancher une peau dours polaire ; la serre, tapissée de lianes, de plantes tropicales et de fleurs exotiques. Lescalier, éclairé au gaz, menait au premier étage qui comprenait la salle de bain, lambrissée de marbre, un petit salon, renfermant des divans de cachemire blanc, des tableaux : Hamlet dans le cimetière et Le Tasse dans lhôpital des fous de Delacroix, un Decamps et un Slingeneyer ; une chambre à coucher avec deux lits, étoffe perse, lampe en verre rose de Bohême, un boudoir vert et or, avec divan de foulard cerise. Au deuxième étage, sous les combles, des mansardes où Dumas saménagea un cabinet de travail. Dans la petite maison attenante logeaient Noël Parfait, sa femme et leur fille Léonie, ainsi que Marie Dumas qui y avait installé son atelier. En novembre 1853, Dumas abandonna définitivement le 73, boulevard Waterloo, mais Noël Parfait et Marie continuèrent doccuper les lieux (pour Marie jusquà lautomne 1854). Le 28 avril 1855, se rendant à sa maison bruxelloise, Dumas trouva porte close : Meeûs avait loué au docteur Brayer alors que le loyer était payé jusquau mois de juin ; Noël Parfait voulut attaquer le propriétaire devant les tribunaux, mais celui-ci réclamait deux mille francs de dommages pour dégradations (en fait, il sagissait des améliorations que Dumas avait apportées à la maison) ; laffaire fut réglée à lamiable. Voir Cl. Schopp, LExil et la mémoire. Alexandre Dumas à Bruxelles, 1852-1853, thèse dÉtat sous la direction de M. Claude Pichois, Université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3, 1986 (microfilm 86.12.3052 Lille-thèses).