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Classiques Garnier

Tableau chronologique croisé

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Correspondance. 1884-1906
  • Pages : 659 à 681
  • Collection : Correspondances et mémoires, n° 3
  • Série : Le dix-neuvième siècle, n° 1
  • Thème CLIL : 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
  • EAN : 9782812441394
  • ISBN : 978-2-8124-4139-4
  • ISSN : 2261-5881
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4139-4.p.0659
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 16/05/2012
  • Langue : Français
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Tableau chronologique croisé1

juillet 1846

Naissance de Léon Bloy, le 11, à Périgueux.

janvier 1853

Naissance de Louis Montchal, le 5.

juin 1884

Le 18, Louis Montchal, bibliothécaire à la Société de Lecture de Genève, envoie une première lettre à Léon Bloy, suite à la lecture des Propos d’un entrepreneur de démolitions, paru chez Stock le mois précédent dont il a effectué la recension.

Adèle Montchal, épouse de Louis, habite alors Collonges, bourgade proche de Genève, avec leurs 4 enfants, dans un deux pièces dont le loyer s’élève à 150 francs. Louis Montchal loge à Genève la semaine, dans une chambre qu’il loue.

septembre

1884

Louis Montchal travaille à la rédaction d’un roman ainsi qu’à celle d’un essai didactique, consacré à la diction, L’Éducation de la parole.

Le 5, Bloy répond à Louis Montchal, dans l’espoir de trouver un débouché pour le manuscrit de Une histoire sans nom, roman de Barbey d’Aurevilly, qu’il possède et désire vendre. Pour satisfaire à une demande de Victor Stock, et sans doute sous l’influence de J.-K Huysmans qu’il vient de rencontrer, Bloy dit entamer ou avoir entamé la rédaction d’un roman, qu’il projette d’intituler Un désespéré. Il envoie Le Révélateur du globe, publié en févier 1884, à Louis Montchal. Le 15, il quitte Paris pour Asnières, où il s’installe dans la maison de la maîtresse d’Émile Goudeau, son cousin et ami, proche du Chat noir. Dans une lettre datée du 17, Bloy parle à Montchal de Huysmans, auprès duquel il se propose d’introduire le bibliothécaire. Le 27, Bloy entame une nouvelle série d’articles pour le Chat noir de Rodolphe Salis

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octobre

1884

Le 18, Louis Montchal obtient, grâce à la bonne appréciation de son manuscrit L’Éducation de la parole par Francisque Sarcey, une modeste place de « maître de diction », qui lui ouvre la possibilité de donner quelques cours à l’Université de Genève.

novembre

1884

Le 21 novembre 1884, Henriette L’Huillier, amie ultramontaine des Montchal rencontrée en 1881 par Louis à l’Institution de jeunes filles où elle enseigne le français, envoie à Bloy un mandat de 50 francs. Française et savoyarde, Henriette est l’épouse d’un musicien prénommé Léonard, qu’elle tient en piètre estime. Elle est alors mère de trois filles : Camille, née en 1871 ; Mariannine, née en 1875, le 29 octobre ; et Augusta, née en 1882. 

Le 4, Bloy annonce à Montchal la fin de sa collaboration au Chat noir, interruption liée à la publication par Willette d’une caricature de Bloy. À la fin du mois, le projet de collaboration à L’Événement, journal républicain dirigé par Magnier, échoue. Bloy transmet à Louis, en vue d’une publication à Genève, un des articles refusés. Il envisage une nouvelle édition des Propos, amplifiée et modifiée de façon à contenir d’autres articles refusés par la presse.

décembre

1884

Le 11, Bloy entre en correspondance avec Adèle Montchal.

Au début du mois, Bloy et Huysmans projettent d’éditer un brûlot héritier de la lanterne de Rochefort. Le 15 Bloy confie à Montchal que son roman, dont le titre paraît désormais être Le Désespéré, n’avance pas.

janvier 1885

Louis Montchal craint un moment de perdre sa place de bibliothécaire, mais l’affaire reste sans suite.

février 1885

Le 24, Montchal est choisi par le conseil du canton pour exercer les fonctions de professeur de diction à la deuxième année supérieure de l’école secondaire de jeunes filles (pour un rapport de 250 francs par an). Suite au non-renouvellement de leur bail, Adèle et ses enfants vont déménager à Landecy, village proche de Rozon, dans une maison plus grande que la précédente, et dont le loyer s’élève à 500 francs.

mars 1885

Adèle fait état à Bloy d’un certain mal-être, ainsi que de pertes de raison.

Le 5, grâce à un commanditaire, Bloy lance seul le brûlot dont la publication avait un temps était prévue en collaboration avec Huysmans : Le Pal. Il quitte la maison d’Asnières, vraisemblablement en froid avec Émile Goudeau, et emménage à Fontenay, 10 rue du Plessy-Piquet en

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compagnie de Berthe Dumont, ancienne ouvrière doreuse devenue sa maîtresse, et de sa mère. Huysmans, qui connaît la ville pour y avoir séjourné en 1881 et dont il a fait le cadre de À rebours, est signataire de ce nouveau bail.

avril 1885

Les Montchal répondent à Berthe par l’envoi immédiat d’un mandat.

Le dernier numéro du Pal ne peut être publié suite à la défection du mécène qui en finançait la publication. Bloy envisage une collaboration au Matin. Le 18, sous la dictée de Bloy, Berthe Dumont relate aux Montchal les terribles difficultés financières et psychologiques que connaît son compagnon. Elle sollicite sous le sceau du secret l’aide financière des Montchal. Cherchant de l’argent tout au long du jour, Bloy ne parvient pas travailler à son roman. Il demande des renseignements à Montchal sur Charles Loyson, en vue d’une étude.

mai 1885

Les Montchal poursuivent leur aide financière.

Le 11, Berthe Dumont meurt d’une crise de tétanos causée par les piqûres de morphine dont elle était dépendante. Bloy sort profondément traumatisé de cet épisode.

juin 1885

Au fond de la misère, Bloy envisage sans enthousiasme d’aller à la Chartreuse de Montreuil. À la fin du mois, en proie à des visions obsessionnelles qui lui rappellent l’agonie de Berthe, Bloy fait état à Montchal de graves troubles dépressifs ; ses courriers traduisent le plus grand désarroi.

juillet 1885

Louis Montchal annonce à Léon Bloy la naissance prochaine de La Revue de Genève. Il contacte parallèlement le directeur du journal parisien Le Matin pour lui proposer d’être son chroniqueur genevois. Louis expose les difficultés qu’il rencontre avec Adèle. Celles-ci sont liées à des pressions exercées par la mère de cette dernière, protestante, sur l’éducation des quatre enfants Montchal. Montchal menace de se faire sauter la cervelle en cas de « conversion » d’Adèle. Le 11, Par un « train de plaisir » Louis Montchal et

Arrivés à Paris le 12, Louis Montchal et Henriette L’Huillier rencontrent une première fois Bloy avec qui ils passent la soirée du dimanche. Les Genevois partent ensuite pour Mantes. À leur retour, le 17, ils dînent en compagnie de Bloy chez Georges Landry. Ils rencontrent à cette occasion Huysmans et Barbey d’Aurevilly. Bloy offre aux Montchal une tenue et une ombrelle de Berthe, destinées à Adèle.

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Henriette L’Huillier partent de Genève, invités par le sous-préfet de Mantes, ami d’Henriette. Louis Montchal a l’intention de contacter à cette occasion les directeurs du Figaro, du Matin, de L’Intransigeant pour proposer ses services de chroniqueur. Le 18, Louis et Henriette, regagnent Genève, Le 27, Léon Bloy et Louis Montchal adoptent le tutoiement dans leurs échanges épistolaires. De son séjour à Paris, Louis retire une profonde amitié pour le petit cercle gravitant autour de Bloy : Huysmans, Landry, Barbey d’Aurevilly. Le 30, Henriette L’Huillier entre en correspondance avec Léon Bloy. Adèle va se faire photographier revêtue du costume de Berthe.

août 1885

Le 15, Henriette fait parvenir Le Révélateur du globe à l’abbé Carry, secrétaire du grand vicaire de Sauton et à l’évêque de Poitiers. A la fin du mois est créée La Revue de Genève, dirigée par Louis Duchosal. Louis Montchal refuse d’y prendre une fonction officielle, qu’on lui propose à ses dires. Adèle broie du noir.

Bloy enlumine des images saintes pour la maison Bouasse-Lebel

septembre

1885

Henriette L’Huillier et Louis Montchal reprennent leurs cours à Genève.

Du 2 au 7 septembre, Bloy séjourne au château de Lourps avec Huysmans. En grande difficulté matérielle et psychique, il envisage toujours une retraite à la chartreuse de Montreuil-sur-Mer.

octobre

1885

Adèle Montchal pense avoir trouvé la foi. Louis Montchal intensifie ses pratiques sportives, notamment l’escrime. Le premier numéro de La Revue de Genève est publié.

Ces difficultés perdurent tout le long du mois d’octobre, où Bloy, aidé par Villiers de l’Isle-Adam, désormais l’un de ses très proches, tente de donner quelques articles à La Journée.

novembre 1885

Louis Montchal dispense un premier cours à l’Université, devant un public d’artistes et de connaisseurs. Publication du 2e numéro de La Revue de Genève. Fin novembre, Henriette manifeste de l’amertume envers Adèle. À l’Université, Louis Montchal propose une lecture de Bloy et de Huysmans, dans le cadre d’un cours portant sur le rapport de « la forme et de la diction » au xixe siècle.

Le 9 novembre, 1885 Bloy écrit aux Montchal travailler avec ferveur au Désespéré. A la fin du mois, Bloy trouve un mécène en la personne d’un riche habitant de Fontenay ; la forme romanesque est bien arrêtée, de même que l’intention de poursuivre le travail de démolition entrepris avec Le Pal. Bloy s’interdit toute course et allège sa correspondance, de façon à se consacrer pleinement à la rédaction de son roman

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décembre

1885

Les Montchal envoient, à la Noël, une dinde afin de régaler leurs amis parisiens, mais Bloy n’organise pas de fête : la dinde est mangée à Fontenay, par Mme Dumont et l’écrivain.

Le 5 décembre, Bloy a écrit 100 pages de son roman, dont Huysmans a lu et aimé les 10 premiers chapitres. Il interrompt sa collaboration à La Journée. La cohabitation avec la veuve Dumont commence à l’exaspérer.

janvier 1886

Bloy envoie à Montchal le chapitre xxi du Désespéré. Suite à la fin des subsides offertes jusque-là par ses mécènes, Bloy envisage de rejoindre les Montchal à Genève.

février 1886

Début février, les mécènes de Fontenay reviennent sur leur décision d’interrompre leur subvention ; Bloy renonce à gagner la Suisse. Il a rédigé 200 pages du Désespéré et entre dans une nouvelle phase dépressive, obsédé par la mort de Berthe. Agacé par l’ouvrage que Charles Buet consacre à Christophe Colomb, fin février, il imagine d’enrôler Montchal pour faire son éloge auprès du comte Roselly de Lorgues, afin de s’attirer les faveurs testamentaires du riche vieillard.

mars 1886

Adèle fait part de difficultés dans ses relations avec Louis.

Bloy éprouve des difficultés grandissantes à rédiger son roman. Il tente par tous les moyens d’éviter le bagne à son frère Georges, en conflit avec l’administration coloniale de la Cochinchine. Il prévoit d’envoyer à Montchal un extrait du Désespéré, correspondant aux chapitres xxxiv et xxxv de l’ouvrage (« Du Symbolisme en histoire »), pour publication dans La Revue de Genève. Le 19 mars, il évalue à 250 /300 pages l’avancement du Désespéré, soit les 2/3 du roman ; mais le 26, une autre lettre parle de 200 pages rédigées.

avril 1886

Le 1er, Adèle et les enfants Montchal s’installent à La Croix-de-Rozon, localité sise à 10 minutes de Landecy. Le dimanche madame L’Huillier et ses enfants viennent de Genève à Rozon. Par souci d’économie, les lettres à Bloy sont postées depuis la localité de Collonges, village français limitrophe de Rozon où a vécu Adèle. Henriette et Adèle possèdent désormais deux portraits de Bloy ainsi qu’une caricature.

Le 5 avril, Bloy a quitté la maison de Fontenay et par la même occasion la vieille Dumont, pour emménager rue Blomet, à Vaugirard, dans un appartement appartenant à des connaissances de Barbey d’Aurevilly. C’est un mandat envoyé par les Montchal qui a financé l’opération. Le 8 avril, un courrier part accompagné des 540 lignes de copie du Désespéré : Bloy espère par cette prépublication rassurer son éditeur Victor Stock sur l’état d’avancement du roman.

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mai 1886

Louis est atteint de violentes névralgies qui lui interdisent toute forme d’activité. Il se décharge de sa correspondance sur Adèle et Henriette. Sa situation à la Société de Lecture se fragilise. Le 31, Henriette L’Huillier annonce à Léon Bloy sa grossesse.

Le mois de mai, anniversaire de la mort de Berthe, coïncide avec une nouvelle phase dépressive : inaction, incapacité à écrire, dépréciation de son œuvre. Les exhortations d’Henriette aident Bloy à franchir le cap du 11 mai. L’Ève Future, roman de Villiers publié en feuilleton à La Vie moderne paraît en volume le 4 mai 1886 chez l’éditeur Maurice de Brunhoff.

juin 1886

Andrée Montchal et Camille L’Huillier entrent en correspondance avec Léon Bloy, qu’elles appellent « l’oncle ». Les névralgies de Louis cessent.

Mi-juin, Bloy envoie à Montchal les Contes cruels, suivis de peu par L’Ève future, afin que Montchal en fasse publicité à Genève.

juillet 1886

Le 12, Louis Montchal se rend pour la seconde fois à Paris. Henriette est retenue à Genève par sa grossesse. Revenu à Genève, il exprime à plusieurs reprises son attachement à Villiers, Huysmans, Landry, Mlle Read, Anna Meunier. Le 23, il déclare vouloir souder étroitement cette communauté nouvelle, autour d’un projet commun et se propose de diffuser des affiches pour soutenir la publication du Désespéré. Fin juillet, Adèle pense à se convertir au catholicisme, mais Henriette y voit une menace pour Louis, dont la position déjà branlante serait fragilisée davantage par cet événement qu’Henriette trouve prématuré.

Début juillet, Bloy traverse une nouvelle phase dépressive. Il est ragaillardi par la présence de Montchal, avec qui il dîne chez Huysmans en compagnie de Villiers le dimanche 18 juillet. Après le départ de Montchal, Bloy s’attelle à la rédaction du « Péché irrémissible », article virulent qu’il compte faire paraître dans la Revue de Genève.

août 1886

Le 2, naît Louis Joseph L’Huillier, fils d’Henriette et de Léonard L’Huillier, à sept heures du soir. Pour soulager Henriette, Adèle prend les trois filles L’Huillier à son domicile de La Croix-de-Rozon. Le 22 août, Louis Joseph est baptisé ; Léon Bloy en est le parrain. Fin août ou début septembre, une blessure au pied handicape temporairement Louis Montchal.

« Possédé » par son œuvre, Bloy écrit avec ferveur. Il envisage de la terminer pour le début du mois d’octobre le roman promis à Victor Stock depuis plus de deux ans.

septembre

1886

Rentrée d’Henriette L’Huillier, qui reprend la charge d’une classe privée à Genève. Fin septembre, Louis Montchal reprend la rédaction de son roman. Par souci d’économie, il interrompt ses leçons de boxe pour intensifier l’aide financière qu’il apporte très régulièrement à Bloy.

Le 2, Louis Montchal apprend à Bloy que « Le Péché irrémissible », ne sera pas inséré dans La Revue de Genève ; les tirés-à-part ont en revanche bien été imprimés. Bloy doute de pouvoir terminer le roman dans les temps.

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octobre

1886

La prise en charge financière de Bloy par la famille Montchal ne cesse de s’accroître. Andrée Montchal intègre la classe d’Henriette L’Huillier à Genève et loge désormais avec les L’Huillier. Le jeudi et le dimanche, Henriette rejoint Adèle accompagnée d’Andrée et de ses enfants. Le 20, La Revue de Genève disparaît. Louis annonce des changements défavorables à l’assemblée générale de la Société de lecture prévue en janvier.

Début octobre, Bloy peut rendre à son imprimeur les 10 000 lignes promises. Stock lui paye son terme d’octobre. Bloy poursuit la rédaction du Désespéré, tout en corrigeant les épreuves correspondant aux parties déjà rédigées. Après différentes actions visant à dissuader Montchal d’accepter une proposition désormais jugée dangereuse par Bloy, celui-ci se décide à faire de Montchal le dédicataire de son ouvrage.

novembre

1886

Suite à l’annonce de la défection de Victor Stock, Montchal et Henriette entreprennent à Genève diverses démarches pour aider Bloy.

Le 11, Stock annonce à Bloy qu’il renonce à éditer le livre pourtant intégralement imprimé, malgré l’intervention de Huysmans. Bloy soupçonne que la publication du « Péché irrémissible » a joué dans cette décision. Les deux écrivains tentent de trouver un nouvel éditeur en Belgique, et Bloy sollicite l’aide de Montchal, chargé de prospecter à Genève. Le 19, Bloy annonce à Montchal que le Désespéré va être édité par Alphonse Soirat à partir d’une nouvelle impression réalisée par l’imprimeur Narcisse Blanpain, avec des moyens de fortune. Les premiers chapitres d’En rade, le roman de Huysmans sis au château de Lourps, sont publié à La Revue indépendante en feuilleton.

décembre

1886

Le rythme des mandats envoyés à Bloy s’intensifie, pour aider l’écrivain à terminer Le Désespéré.

La santé de Villiers se dégrade. Huysmans hérite d’un oncle mais il ne possédera que la nue-propriété des biens.

janvier

1887

Le Désespéré paraît le 15 janvier : édition de « pauvre », réalisée sur du mauvais papier. Bloy a rédigé un prospectus pour en accompagner la sortie. Suite au retard du brocheur, il ne disposera pas d’exemplaires d’auteur avant le 17. Les ventes s’avèrent rapidement modestes.

février 1887

La conduite de Camille L’Huillier inquiète sa mère.

Bloy prend acte de l’échec commercial de son ouvrage, et décide d’abandonner la veine de l’attaque personnelle, au profit d’un nouveau projet romanesque, consacré à la Femme, dont il s’agirait de dégager le rôle mystique dans l’économie du Salut. Devant le rêve évanoui de la fortune qui lui aurait permis de sauver ses proches,

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Bloy est rattrapé par ses pensées noires : il aspire à un véritable amour, alors même qu’il entame une éphémère liaison avec « l’éclectique » Henriette Maillat.

mars 1887

Henriette confie à Bloy les difficultés auxquelles elle est confrontée quotidiennement. Sa rancœur s’exerce d’une part à l’égard de son époux, dont elle déplore l’indolence et l’irresponsabilité, de l’autre à l’égard de Camille, qu’elle décide d’envoyer à Dresde.

Bloy est engagé comme copiste par un explorateur africain, puis il travaille à la mairie du Ve arrondissement. L’intérêt porté par Georges Khnopff, écrivain belge frère du peintre Fernand Khnopff, au Désespéré lui vaut une nouvelle rente mensuelle. Comme chaque année, l’écrivain attend de la saint Joseph, le 19, un événement salutaire. Le projet de son roman mystique sur la Femme se précise : Bloy envisage d’en situer en partie l’action à Genève. La santé de d’Aurevilly se dégrade.

avril 1887

Henriette envoie à Bloy des portraits de ses enfants et d’elle-même.

Mi-avril, Bloy avoue à Adèle ne pas parvenir à écrire. La pauvreté et la solitude lui pèsent.

mai 1887

La lecture d’En rade et de l’article que lui consacre Bloy inspire à Montchal la rédaction d’un texte consacré à ce même ouvrage. Montchal a toujours le projet de faire dans un journal parisien des chroniques genevoises et Bloy lui propose d’intervenir auprès de Huysmans pour qu’il tente de placer ces chroniques à La Revue indépendante. Henriette occupe ses nuits à des travaux de copiste.

Bloy publie un article sur le roman de Huysmans En rade, tout juste paru en volume chez Stock, dans L’Art moderne, revue belge. Barbey d’Aurevilly est mourant, Villiers dans la plus grande détresse morale et matérielle. Un nouvel admirateur du Désespéré, Eugène Mourier, se propose de financer les travaux de Bloy. Avec Huysmans, Bloy pense persuader Stock d’éditer une nouvelle édition des Propos, évidée de certains textes, lesquels seraient remplacés par d’autres, dont l’étude d’En rade et un travail sur Villiers restant à faire. Fortement marqué par l’incendie de l’opéra comique, qui a lieu le 27, Bloy envisage d’utiliser ce fait divers dans son roman. Son nouveau sponsor, Mourier, lui demande de reprendre la publication du Pal.

juin 1887

Le 9, a lieu la communion de Mariannine L’Huillier. Le comportement de Léonard L’Huillier désespère Henriette, qui considère de ce fait avec une certaine amertume le dévouement de Louis Montchal aux siens. Henriette, qui n’a pas encore sevré son fils Louis Joseph, renonce à accompagner Louis Montchal à Paris. Montchal a perdu des

La collaboration de Bloy aux petites revues belges, que lui a ouverte son amitié avec Khnopff et Verhaeren, se poursuit avec la publication, dans L’Artiste, d’un compte rendu de Misères de sabre, par Lucien Descaves. Le roman de Gustave Guiches, L’Ennemi, suscite son enthousiasme et celui de Huysmans. Sans nouvelles de son commanditaire, Bloy est très affecté par le

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cours, d’où une baisse de revenus. Entre le samedi 18 et le mardi 21, Adèle prend brutalement la décision, en accord avec son mari, de partir pour la Grèce, où elle exercera les fonctions de garde d’enfants chez les Krinos, riche famille grecque.

départ d’Adèle, nouvelle dont la brutalité le terrasse. Il encourage Montchal à la prudence, se réservant la charge de le venger dans son prochain roman des injures qu’il subit à Genève. Bloy se propose de consacrer l’argent hypothétiquement fourni par Mourier à la famille Montchal, afin de lui éviter cette séparation.

juillet 1887

Adèle quitte Genève le 1er juillet, arrive à Marseille le 2 et navigue jusqu’en Grèce où elle aborde à Syra (ou Syros), importante île grecque appartenant à l’archipel des Cyclades, où les Krinos passent l’été. Henriette s’occupe en juillet et août des huit enfants à Rozon. Elle rentre passer la nuit du mardi au mercredi à Genève, dans l’appartement familial, avec son fils. Louis passe ses semaines à Genève, à l’exception du mardi soir.

Le 12, Louis Montchal, parti la veille, arrive à 4 h. 35 du matin gare de Lyon, où vient le chercher Bloy. Il passe une semaine à Paris. Le 19, Montchal est de retour à Genève, après 20 heures de chemin de fer.

Eugène Mourier renonce à financer de nouveaux numéros du Pal et Georges Khnopff interrompt simultanément ses dons, ce qui occasionne chez l’écrivain une nouvelle période de mélancolie profonde, encore accentuée par l’éclatement de la famille Montchal. Bloy s’autoproclame directeur de conscience d’Adèle, et lui demande de se confier à lui. Des courriers assez fréquents tentent d’inciter l’exilée à la gaieté et au courage.

Montchal loge chez Bloy rue Blomet. Il participe aux « jeudis » de Lucien Descaves, où se réunissent les proches de Huysmans. Les « amis » s’emploient à réconforter Montchal, aigri par les combats qu’il mène à Genève et secoué par le départ d’Adèle. La nuit du 14 au 15 juillet, Bloy, Guiches, Descaves, Montchal, Villiers passent une soirée mémorable chez le père de Lucien Descaves. Bloy écrit peu, voire pas du tout : le roman est en panne. À la fin du mois, Bloy somme Montchal de renoncer à ses attaques dans la presse genevoise, ceci afin de préserver ses enfants. Le 31, Huysmans quitte Paris pour séjourner 3 semaines en Allemagne, chez son ami Arij Prins. Ce départ inquiète Bloy.

août 1887

Montchal traverse une phase dépressive. Il pratique avec régularité la boxe française et anglaise. Le départ à Buenos Aires de son ami Ruegger fait naître le projet d’un exil en Amérique du Sud, à Rio de Janeiro.

Des chaleurs caniculaires épuisent Bloy, qui n’écrit qu’avec peine, et uniquement, dit-il, des parties digressives de son livre. La faillite de Soirat contraint celui-ci, Blanpain et Bloy à se partager le « bouillon » du Désespéré. Bloy véhicule 600 brochures depuis la rue Montmartre jusqu’à la rue Blomet. À la fin du mois, Bloy accueille son frère Marc, dans l’indigence.

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septembre

1887

Le 3, suite aux difficultés qui l’opposent à sa mère et aux Montchal, Camille L’Huillier part pour Dresde. Henri, Pierre et Henriette Montchal entrent à l’école publique, ce à quoi consent forcé et contraint leur père. Andrée fréquente la classe privée tenue par Henriette. Montchal apprend l’espagnol pour préparer son départ. Louis Montchal s’oppose à la volonté d’Adèle de confier ses enfants à sa belle famille. Adèle est très perturbée par la décision de son époux d’émigrer en Amérique, décision qu’elle ne comprend pas.

La santé d’Anna Meunier, la compagne de Huysmans, continue à se dégrader. Désormais brouillé avec Descaves, Bloy conclut avec Quantin, sur une intervention de Gustave de Malherbe, un traité concernant un ouvrage de critique, à publier en novembre. Il apporte un soutien à Villiers en l’aidant à obtenir une avance sur l’édition de son prochain livre, vraisemblablement auprès du même Quantin, puis l’incite à aller à Dieppe pour tenter de s’attirer le soutien financier de lord Salisbury, diplomate anglais.

octobre 1887

Adèle quitte l’île de Syra pour Athènes.

Le 29, Mariannine L’Huillier fête ses 12 ans.

Le premier octobre, Bloy subit une opération chirurgicale qui l’immobilise 15 jours. Veillé par sa maîtresse Eugénie Pasdeloup, entretenu par ses amis, il occupe cette convalescence à des lectures diverses, censées nourrir le recueil critique en gestation. Mi-octobre, Bloy en arrête le titre : Belluaires et bouviers. Il n’envisage plus de le terminer pour le 1er novembre, comme le stipulait l’accord conclu, mais pour le 1er janvier. Une affection dermatologique l’immobilise la deuxième moitié du mois.

décembre

1887

Le 12, Henri Montchal fête ses neuf ans. Comme chaque année, Henriette prévoit d’envoyer une bête pour Noël. Montchal renonce à gagner l’Amérique du Sud, tandis qu’Henriette envisage désormais un déménagement à Dresde, où ses cours de français trouveraient plus d’amateurs.

La vente des invendus du Désespéré à Vanier, l’éditeur des décadents, assure à Bloy un petit pécule. Il pense pouvoir achever suffisamment de copie pour que l’éditeur Quantin lui donne, en janvier, une avance sur l’ouvrage critique promis. Désormais, c’est en mars qu’il prévoit la sortie de ce recueil, dont un chapitre consacré aux Diaboliques est lu publiquement chez Barbey d’Aurevilly, qui l’apprécie. Le 26 décembre, Gustave de Malherbe apprête chez lui la dinde envoyée par Henriette, à la faveur d’un réveillon mémorable : Huysmans, Fleury, Bloy, Villiers, Guiches sont réunis autour de l’animal.

janvier 1887

Camille L’Huillier, en pension à Dresde, se plaint de l’avarice de ses hôtes allemands.

Début janvier, Landry envoie à Montchal Sagesse de Paul Verlaine. Bloy est en passe d’écrire, ou a déjà écrit une étude sur Verlaine destinée au recueil à paraître chez

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Quantin. Il en achève un autre « chapitre », peut-être l’étude sur Hello. Parallèlement, il travaille ou projette de travailler à une étude sur Zola, auprès duquel il essaye de faire intervenir Montchal, à l’insu de Huysmans, pour obtenir de l’argent. Pendant quinze jours, il héberge une jeune femme rencontrée dans la rue et la soigne. L’écriture lui est particulièrement pénible, et le recueil critique peine à avancer.

février 1888

Montchal se blesse.

Les premiers jours de février sont très difficiles pour Bloy, ulcéré par la fin de son aventure avec la jeune femme qu’il a hébergée, partie en le volant. Grippé, désespéré, il garde la chambre. Cette inquiétude est peut-être aggravée par la grossesse d’Eugénie Pasdeloup, qui, remontant à la convalescence de Bloy en octobre, doit alors être avérée.

Le 13, Villiers part en Belgique pour y tenir des conférences. Barbey n’écrit plus. Huysmans publie chez Stock Un dilemme.

mars 1888

Fin mars, Bloy confie à Montchal n’avoir pas rédigé une quelconque page de son livre depuis 2 mois. Il écrit en revanche des épisodes pour le compte d’un feuilletoniste au Figaro, vraisemblablement Jules Lermina dont le roman Abel est publié par chapitre à partir de début avril. Bloy conçoit de l’amertume à l’égard de Villiers, qui, de retour de Belgique, ne donne pas signe de vie à ses amis littéraires et dépense sans eux les gains de ses conférences.

mai 1888

Adèle va accompagner prochainement les Krinos à Paris, où elle souhaite rencontrer Bloy.

Après près de deux mois de silence, Bloy reprend sa plume pour écrire à Montchal. Sa colère à l’égard de Villiers s’est estompée. L’esprit détraqué, il a abandonné la rédaction de son ouvrage critique, doit 4 mois de terme à son propriétaire et, nourri par ses amis, passe toutes ses journées en « courses ». Il fait écrire au comte Roselly de Lorgues une lettre au général des Chartreux, sommé une nouvelle fois d’un don d’argent. Barbey d’Aurevilly échappe de peu à la mort, tandis que la santé d’Anna Meunier ne fait que se dégrader.

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juin 1888

Fin mai ou début juin, Bloy reçoit 200 francs des Chartreux, ce qui marque le début d’une nouvelle phase euphorique. Huysmans finit par toucher l’argent ou une partie de l’argent dont il devait hériter en Hollande ; il promet à Bloy de régler son terme et son déménagement ; enfin, l’écrivain pense avoir trouvé un financement de 100 000 francs pour la revue du « groupe ».

juillet 1888

Adèle arrive avec la famille où elle est gouvernante en région parisienne : les Krinos logent à Lagny. Parti le 12 de Genève, Louis gagne quant à lui la capitale le 13. Il y revoit sa femme ; Bloy, le temps d’une entrevue, obtient les confidences d’Adèle, épouvantée à l’idée de revenir en Grèce.

Bloy connaît un nouvel accès dépressif, doublé d’une grippe. Le 4, naît Maurice Pasdeloup, fil illégitime de Bloy et d’Eugénie Pasdeloup. Bloy cache cette nouvelle à Montchal et à sa famille et envoie Eugénie et Maurice à Mamers, dans la Sarthe, immédiatement après la naissance du garçonnet. Le 13 au matin, Bloy vient attendre Montchal à la gare de Lyon. Le soir du 14, pour contrer la « porcherie républicaine », Guiches et sa femme, Huysmans, Fleury, Bloy, Montchal dînent rue Blomet.

août 1888

Fin août ou début septembre, Montchal pousse Henriette à solliciter pour Bloy l’aide financière d’Edmond de Goncourt.

Toujours dépressif, Bloy cherche un travail qui lui évitera ses « courses ». Il transmet à Louis l’adresse de Huysmans à Hambourg, afin que celui-ci lui écrive. Averti par Maurice de Fleury, médecin de Goncourt et parrain de Maurice Pasdeloup, de l’intervention de Montchal auprès de Goncourt, Bloy écrit à ce-dernier pour lui expliquer qu’il n’a en rien commandité la lettre de Montchal.

septembre

888

Sur le point de repartir en Grèce avec les Krinos, Adèle Montchal vient voir Léon Bloy rue Blomet. Elle lui confie s’être complètement détachée de Louis, qui ne lui suggère plus que du dégoût.

Au début du mois, Bloy rencontre Adèle, rue Blomet. Celle-ci lui confie son dégoût de Louis : Bloy décide de garder pour lui cet aveu, dont il ne touchera pas mot à Louis. La correspondance de Bloy et d’Adèle s’interrompt peu de temps après cette entrevue.

Après trois semaines de silence, Bloy écrit à Louis le 7, pour lui annoncer la publication de Un brelan d’excommuniés par Albert Savine : cette nouvelle, doublée de l’avance sur droit d’auteur consentie par Savine, marque le début d’un nouvel accès euphorique, qui se manifeste par des projets fantaisistes : devenir secrétaire

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d’un banquier d’origine grecque, ami des Krinos pour qui travaille Adèle, sur intervention de cette dernière. Adèle envoie par conséquent au dénommé Petrocochino une lettre rédigée par Henriette, qu’elle a copiée.

octobre 1888

Bloy prend l’initiative d’aller mendier des subsides au domicile de M. Petrocochino, ce qui lui vaut le don de 150 francs. Il charge Henriette d’écrire pour Adèle une seconde lettre de remerciement, avant de la solliciter à une nouvelle fin : devenir le précepteur du fils de Petrocochino, âgé de 6 ans. Dans une lettre du 18, Bloy affirme être à nouveau occupé à la rédaction de son recueil critique, dont le Brelan n’est, dit-il, qu’une pièce détachée. Bloy s’est brouillé avec Villiers, ce qu’il confie à Montchal, mais il garde sous silence la dégradation alors déjà avérée de ses relations avec Huysmans. Anna Meunier est mourante. Barbey est frappé de sénescence, Landry, Guiches et Fleury s’ennuient.

novembre

1888

Un brelan d’excommuniés sort le 8. Petrocochino se lasse d’entretenir Bloy, qui abandonne son projet de devenir précepteur de son fils.

décembre

1888

Henriette envoie pour la Noël la désormais traditionnelle dinde, troisième en titre à faire le voyage.

Montchal est invité par Bloy à écrire à l’un des « administrateur » du Gil Blas, pour faire accroire que les publications de Bloy trouvent un certain écho en Suisse.

Bloy entre dans une nouvelle phase maniaque, déclenchée par son entrée au Gil Blas. Réunis à Noël à Sainte Perrine, l’hôpital où travaille Maurice de Fleury. Au réveillon, Fleury, Guiches, Huysmans, Bloy se régalent de la dinde d’Henriette. Les articles de Bloy, et notamment Un voleur de gloire (31 décembre), consacré à Daudet, font un certain bruit dans les milieux littéraires parisiens.

février 1889

Fragilisée par le départ de Huysmans, la situation de Bloy au Gil Blas se dégrade jusqu’à son éviction en février (accomplie le 21, dernier article paru le 11). Ses relations avec Huysmans se sont considérablement distendues, sans que Bloy laisse transparaître quoi que ce soit de ces difficultés à Montchal. Suite à la publication de « L’Art vertueux », le 11 février au Gil Blas, Victor Havard, édi-

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teur du roman dont Bloy rend compte dans cet article, propose à Bloy de publier un nouveau volume de critique. Bloy envisage de rassembler les articles parus au Gil Blas. Huysmans sort d’une crise de rhumatisme ; Barbey d’Aurevilly et Villiers sont mourants.

mars 1889

La situation des Montchal et d’Henriette se dégrade ; Henriette confie son malheur à Bloy.

Le 19, jour de la saint Joseph, Bloy écrit à Henriette afin qu’elle embrasse de sa part son fils.

avril 1889

Le 23, à 9 heures du matin, Barbey d’Aurevilly meurt ; Bloy est à son chevet, avec Mlle Read. Il garde le cadavre jusqu’à son enlèvement et s’oppose physiquement à ce que Péladan entre au domicile du mort.

juillet 1889

Louis arrive le 14, un dimanche, à la gare de Lyon. Bloy a été l’attendre entre 6 et 7 heures du matin à la gare, mais un contretemps compromet leur rencontre ce jour. Louis loge chez un ami dénommé Paul durant ce séjour et passe du temps à visiter l’Exposition Universelle.

Après près de deux mois d’interruption de sa correspondance, Bloy écrit à Henriette puis à Louis. Il rencontre début juillet Paul, ami de Louis. Désireux de se confier enfin à Montchal quant à la naissance de son fils Maurice, Bloy ne parvient pas à trouver l’occasion de cette confidence, du fait du peu de temps passé en tête à tête avec Louis. Il en nourrit de l’amertume.

août 1889

Le 18, Villiers de l’Isle-Adam meurt d’un cancer, rue Oudinot, chez les frères saint Jean de Dieu chez qui l’ont placé Huysmans et Mallarmé, après une maladie durant laquelle il se tient éloigné de Bloy. L’attitude de Huysmans, qui n’essaye pas de faire vaincre à Villiers le ressentiment qu’il éprouve envers Bloy, et n’avertit pas Bloy du décès, peine grandement ce dernier, qui arrive trop tard pour voir une dernière fois le corps de Villiers. L’épisode marque une première fissure dans l’amitié jusque là sans faille que Bloy voue à Huysmans. Au retour des funérailles de Villiers, Bloy croise la danoise Johanne Molbech, fille d’un écrivain danois logé chez les Coppée, dont il s’éprend.

septembre

89

Henriette quitte Genève pour Dresde, vraisemblablement accompagnée des enfants Montchal. Louis demeure à

Bloy souffre de sa solitude, sentiment qu’avive la rencontre de Johanne, avec laquelle il entame une correspondance

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Genève, en compagnie de Léonard L’Huillier, compagnonnage qui lui déplaît fortement.

enflammée. Il ne trouve pas le courage de révéler le secret de l’existence de Maurice à ses amis genevois. Ses lettres se raréfient et ne font pas état de la passion qu’il vit.

octobre 89

Seule à Genève et percevant sans doute le désamour d’Adèle, Montchal traverse une crise de désespoir ; il confie à Bloy avoir recours à la morphine.

Bloy déplore le délitement de ses liens avec les Montchal et L’Huillier. Il demande à Montchal d’intervenir auprès de son ami Paul afin que celui-ci lui envoie des vêtements pour affronter l’hiver.

décembre 89

Bloy est malade les trois dernières semaines du mois, veillé en partie par Johanne.

janvier 90

Montchal répond à Bloy le 7, par une lettre qui plonge son ami dans l’épouvante, tant sa tonalité est désespérée. Il ne croit pas au succès d’Henriette à Dresde.

Bloy se décide à avouer à Montchal le secret de sa paternité, qu’il garde depuis dix-huit mois. Le 15, même confidence à Henriette, doublée d’une autre : Bloy révèle à Henriette le désamour dans lequel Adèle tient Louis, qui lui fait craindre le pire lors du retour de la jeune femme en Suisse, prévu pour le mois de juillet. Enfin, il prend acte de la rupture définitive de son amitié avec Huysmans, qu’il n’a plus vu depuis deux mois, et de l’éloignement de Fleury.

février 90

Henriette assure à Bloy que le retour d’Adèle ne sera pas problématique. Elle se propose d’envoyer des vêtements à Maurice.

Bloy sollicite Henriette afin qu’elle intervienne auprès du Père Cyprien, qui n’a pas répondu aux dernières sollicitations de Bloy.

mars 90

Bloy continue à s’inquiéter du retour d’Adèle dont il déplore l’irresponsabilité.

Maurice présente des retards de croissance. Le 19, Johanne Molbech abjure le protestantisme et reçoit le baptême catholique. Elle demande à Bloy de l’épouser. Les fiancés vont emménager à Vaugirard, rue Dombasle, dans un logement qu’ils préparent ensemble. La Plume de Léon Deschamps et La Revue d’aujourd’hui, fondée par Rodolphe Darzens, sollicitent Bloy.

avril 90

Le 15 avril, Bloy donne à La Plume un premier article, rédigé pour insertion dans le recueil de critique auquel il travaille à nouveau. Le 21, Bloy annonce à Henriette son mariage avec Johanne, prévu dans un délai d’un mois. Eugénie Pasdeloup, révoltée par cette nouvelle, écrit à Bloy une lettre incendiaire et déclare vouloir

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rompre toute forme de lien avec celui-ci. Bloy prie alors Henriette d’intervenir auprès d’Eugénie, dans une lettre du 24, afin d’apaiser sa colère.

mai 1890

La collaboration à La Plume se poursuit avec un deuxième puis un troisième article publié le 1er et le 15. Début mai, Eugénie arrive à Paris pour que Bloy voie une dernière fois le petit Maurice. Camille Redondin, ami de Bloy, alors à l’agonie, use de son influence pour apaiser la jeune femme. Malade, Il meurt à l’hôpital le 17 du mois et Bloy convie Johanne à la morgue. Au même moment environ, Bloy revoit Huysmans, ce qu’il n’a pas fait depuis l’automne 1889. Celui-ci accepte d’assister au mariage de Bloy, mais le 21, refuse d’en être le témoin. Le même jour, Bloy réécrit à Adèle pour lui faire part de ses noces. Le 27, mardi de la Pentecôte, Léon Bloy et Johanne Molbech se marient.

août 1890

L’impression de Christophe Colomb devant les taureaux, rédigé en six semaines, est en cours. L’ouvrage doit être publié par Albert Savine.

septembre

1890

Entre août et octobre, Louis Montchal quitte Genève pour Dresde, où il rejoint Henriette qui s’y est installée quelques temps auparavant. Il est probablement accompagné d’Adèle, en principe revenue de Grèce en juillet.

Bloy donne à La Plume le 1er septembre un important article sur Lautréamont.

octobre 1890

Bloy réécrit à Montchal. La sortie de Christophe Colomb devant les taureaux n’a pas conduit au succès espéré, faute, écrit Bloy, de dépenses publicitaires. Lui-même rédige pour stimuler les ventes, une lettre encyclique à tous les évêques.

novembre

1890

Le 1er novembre, Alcide Guérin publie dans La Plume une biographie assortie d’un portrait de Bloy.

février 1891

Le départ de Bloy pour Copenhague, prévu le 14 du mois, coïncide avec une nouvelle phase euphorique : invité à y faire des conférences et pris en charge financièrement par sa belle-mère, l’écrivain pense saisir cette occasion pour parachever

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Belluaires et porchers et le roman projeté depuis plusieurs années, La Prostituée. Parallèlement, est imprimée à Gand, sous forme de tiré-à-part, La Chevalière de la mort. Le 16, le couple est à Hambourg. Ils s’installent à Bagsvaerd près de Lyngby, bourg proche de Copenhague, le 17. Bloy continue à collaborer à La Plume et rêve d’un avenir glorieux pour ce petit journal, où il voudrait faire entrer Montchal comme chroniqueur, puis comme secrétaire de rédaction. Le 15, L’Écho de Paris commence la publication de Là-Bas, le nouveau roman de Huysmans en feuilleton.

avril 1891

Dans L’Écho de Paris, où il se livre à une « Enquête sur l’évolution littéraire », Jules Huret interroge début avril Huysmans dont les réponses ne mentionnent pas le patronyme de Bloy. Le 23, naît Véronique : Bloy propose à Henriette d’en être la marraine, ce qu’elle accepte, Alcide Guérin ayant été choisi comme parrain. À cette date, Bloy a tenu 6 conférences à Copenhague, qui se sont révélées d’un profit nul. Il songe à gagner le Canada pour une opération plus lucrative.

mai 1891

Henriette, marraine de Véronique, renonce à une visite au Danemark dont elle n’a pas les moyens financiers.

A Bagsvaerd, Bloy travaille à nouveau à son roman. Mis en cause par Péladan dans un article paru à La France, Bloy attaque le Sâr dans une lettre ouverte qui paraît le 15 mai dans La Plume, dans le numéro où Bloy publie également « Les Funérailles du naturalisme », version écrite de la seconde des conférences prononcées à Copenhague. A la fin du mois, le projet de conférences au Canada est abandonné. Bloy renonce également à situer l’intrigue de son nouveau roman à Genève, ce qui le contraint à abandonner le vieux rêve de venger Montchal en assassinant ses ennemis. À l’occasion de la publication par celui-ci des Souvenirs sur Barbey d’Aurevilly, Bloy adopte un ton plus doux à l’égard de Charles Buet. Ses relations avec Melle Read, proche de Bourget, se sont à cette date en revanche nettement détériorées. Le 29, une interview de Péladan annonce son intention d’intenter un procès à Bloy.

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juin 1891

Le 1er, est publié dans La Plume « L’Incarnation de l’adverbe », charge virulente contre Huysmans, tandis que Péladan répond à la lettre publique de Bloy. Bloy, que l’avocat russe Ourousof se propose de défendre, se réjouit de la publicité enfin faite autour de son nom. Véronique Marie reçoit le baptême le 16. Bloy écrit à Henriette qu’il n’a plus rien à dire sur Adèle, avec qui il a rompu toute sorte de lien. À la suite de Huysmans, Landry et Guiches rompent avec Bloy

juillet 1891

L’un des enfants Montchal, sans doute l’aîné, Pierre, est envoyé en pension dans un établissement protestant, selon les vœux d’Adèle et de sa mère.

Bloy se replonge dans la rédaction de son roman. Il reproche le 3, avec violence, à Louis de n’avoir jamais baptisé ses enfants et le couvre d’injures pour soutenir des opinions athées alors même qu’il se prétend son ami.

septembre

1891

Les Bloy quittent le Danemark et regagnent Paris, avec l’intention d’y ouvrir une pension pour jeune filles. Ce départ est en partie motivé par le procès en correctionnelle qu’a intenté Péladan à Bloy. Le 21, Bloy est acquitté, grâce au plaidoyer d’Ourousof. Il regrette que sa longue lettre à Montchal, rédigée le 3 juillet, soit restée sans réponse, et dit désirer ardemment un retour.

Pour mener à bien leur projet de pension, les Bloy abandonnent le logement de la rue Dombasle, au profit d’un pavillon sis rue Blomet. De retour à Paris, Bloy fait le voyage de Mamers et constate avec désolation les retards psychomoteurs de Maurice.

novembre

1891

Bloy essaye de soutirer de l’argent à Salis, qui feint un rapprochement, mais se dédit au finale.

décembre

1891

Les frais nécessaires à l’installation de la pension placent les Bloy dans une situation difficile. Belluaires et porchers est terminé, mais Bloy projette de ne publier cet ouvrage qu’après la publication de son roman, qu’il n’intitulera pas La Prostituée, jugeant désormais ce titre mauvais.

mars 1892

Louis Deschamps rompt ses relations avec Bloy.

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avril 1892

La mort du père de Louis Montchal appelle celui-ci à Genève, où il se rendra en passant par Paris. Il séjourne effectivement chez les Bloy entre le 11 et le 13.

La pension de la rue Blomet bat de l’aile. Bloy tente de convaincre Louis d’y loger s’il passe à Paris pour se rendre aux funérailles de son père, sans doute dans l’intention de faire payer tout ou partie du terme au « bon Leverdier ». Toutefois, si Montchal était accompagné d’Adèle, Bloy ne souhaiterait pas recevoir le couple, ressentant à l’égard d’Adèle une haine qu’il ne cherche plus à cacher. Ces retrouvailles sont tristes : Bloy ne trouve en Louis que l’ombre de ce qu’il a été.

septembre

1892

La réponse de Louis et d’Henriette témoigne du plus grand désespoir : Louis souffre terriblement de ses rapports conflictuels avec Adèle, dont il est vraisemblablement alors séparé, et a perdu l’espoir de voir s’améliorer sa situation matérielle. Il est prêt à faire de la publicité à l’ouvrage de Bloy à Dresde. L’amertume de Louis le pousse à une forme de violence, que ses sentiments anarchistes voudraient passer à « faire sauter » quelque chose.

Depuis Antony où il a déménagé, Bloy envoie à Louis deux exemplaires du Salut par les juifs, publié chez Adrien Demay. Il sollicite Montchal afin d’enquêter sur l’intérêt que les juifs allemands pourraient éprouver pour son livre. Fin septembre, Léon Bloy reprend sa collaboration au Gil Blas et espère y obtenir un traité.

octobre 1892

Les piges de Bloy au Gil Blas lui assurent 500 francs de revenus par mois, manne qui plonge Bloy dans une nouvelle phase maniaque : il propose à Montchal de venir s’installer à Antony. Montchal pourrait à partir de notes concernant Dresde rédiger des articles qui lui ouvriraient les portes du Gil Blas, puis du Figaro. Bloy rencontre les trois frères Barbée et leur ami Albert Rouget, donateurs secrets remerciés au moment de la publication du Salut par les Juifs.

novembre

1892

Inspiré par La Débâcle de Zola, Bloy donne au Gil Blas, sous le titre de « Après la débâcle », des contes « allemands », nourris de ses souvenirs de guerre.

février 1893

Les quatre amis rédigent une biographie de Bloy qui paraît au Mercure de France.

mars 1893

A cette date, Louis Montchal est professeur de littérature française. Il tient à Dresde une conférence sur Bloy, dont il lui envoie le texte.

Pris par la conception de son œuvre, Bloy a négligé Montchal et s’en excuse. Les relations de Bloy au Gil Blas se sont dégradées, sous l’influence de Fleury et Guiches : les

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piges se font plus rares, et le traité qui aurait garanti à Bloy un salaire n’est plus de mise. Tresse et Stock décide de publier les impressions du Désespéré datant de fin 1886. Le Mercure de France publie l’étude que Bloy consacre au Latin mystique de Remy de Gourmont, envoyée à Henriette et Louis avec la biographie des quatre amis. Pour tenter de consolider sa situation au Gil, Bloy sollicite une nouvelle fois Montchal, en lui demandant d’écrire d’Allemagne aux administrateurs du Gil. Il s’agit de les faire croire à l’existence d’un public allemand enthousiasmé par la série des contes. Montchal se crée un personnage, celui d’un officier W. von Steinbach, dont la colère « témoigne » de l’écho trouvé outre-Rhin par les contes militaires de Bloy. La première missive, envoyée à Jean Albiot, fait effet ; la rédaction revient à un rythme hebdomadaire de publication des contes. Bloy suggère à Montchal de ne plus écrire au nom de Steinbach, afin de rester crédible.

avril 1893

Sous le prête-nom de Mertens, Montchal témoigne à nouveau du prétendu succès de scandale obtenu par les contes de Bloy en Allemagne. Pour faire devenir réelle la mystification, Bloy envoie son « Bismarck chez Louis XIV » à Moritz Busch, agent de presse de Bismarck, sans obtenir la protestation qu’il escompte.

Une troisième lettre, prétendument écrite par le secrétaire de Busch, confond Bloy qui hésite à y voir l’œuvre de son ami. Bloy envoie de l’argent à Montchal pour financer des commandes en Allemagne, afin de contrebalancer les désabonnements qui seraient parvenus à la rédaction.

mai 1893

Le Gil Blas réduit les émoluments par article, mais Bloy obtient un jour fixe de publication. Son roman, La Femme pauvre, n’avance pas.

juin 1893

À la fin du mois, Montchal suggère à Bloy de dédicacer Sueur de sang à Guillaume II, ce qu’il refuse.

Bloy signe un contrat avec Eugène Dentu, qui va publier les nouvelles du Gil Blas sous le titre de Sueur de sang. Montchal rédige une nouvelle carte sous le nom de Kramer, relue par Bloy avant d’être envoyée au Gil Blas.

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Bloy revient sur son refus de la dédicace à Guillaume II, puis en modifie la teneur, avant d’y renoncer.

août 1893

Henriette envoie un portrait de Louis Joseph à Bloy

Bloy démarre la série des Histoires désobligeantes. Le 29, paraît Sueur de sang, dédicacé à Bazaine.

septembre

1893

Henriette envoie son propre portrait aux Bloy, accompagnée de ses filles. Louis propose à Bloy une lette circulaire, puis envoie à Curel une lettre qui sera suivie d’effet.

Devant le faible succès de l’ouvrage, Bloy imagine diverses mystifications à finalité publicitaire, s’inspirant de la « campagne » menée par Montchal depuis Dresde. Il promet à Henriette l’envoi prochain d’un portrait de la petite Véronique et de Jeanne. Ginisty, critique au Gil Blas, y rend compte de Sueur de sang. Bloy somme Montchal d’intervenir auprès de Curel, employé chez Dentu, pour accréditer l’existence d’un lectorat potentiel en Allemagne.

octobre 1893

Le 10, 6000 exemplaires de Sueur de sang ont été vendus. Le 19, les Bloy déménagent rue d’Alesia, à Paris.

novembre

1893

Dans une lettre datée du 9, Montchal demande à Bloy de l’aider à publier une « nouvelle-drame » au Gil Blas, intitulée Les Malandrins.

décembre

1893

Bloy ne pense pas détenir suffisamment d’influence au Gil Blas pour aider Montchal, sauf s’il réécrivait en son nom « la nouvelle drame », ce qu’il envisagerait comme une usurpation.

Il annonce à Montchal la prochaine publication des Vendanges, alliant une lithographie d’Henri de Groux et un texte de Bloy.

janvier 1894

Bloy reproche à Montchal de ne pas lui avoir envoyé le manuscrit des Malandrins. Celui-ci s’exécute, et le manuscrit arrive entre les mains de Bloy le 22 janvier ; mais Bloy juge déplorable et absconse la nouvelle-drame. Il s’inquiète de la façon dont il pourra s’y prendre pour expliquer son sentiment à Montchal.

février 1894

Le 12, Jeanne accouche d’André Bloy. Le 14, Bloy prend la plume pour en avertir les amis de Dresde.

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janvier 1895

Le 15, Bloy entreprend répond à une lettre de Louis, et Jeanne à une lettre d’Henriette. Le couple est blessé par un passage d’un courrier envoyé par Henriette et Bloy note dans son journal combien il est désormais éloigné de son ancien ami. Le 16, Bloy achève sa lettre et renvoie à Montchal le manuscrit des Malandrins, qu’il a gardé un an, ainsi qu’une longue lettre reproduite dans le Mendiant ingrat. Bloy y reproche avec virulence à son ami de ne pas avoir su le suivre dans son absolu, tout en sabrant une fois encore les aspirations à l’écriture du bibliothécaire : c’est à la plume de Bloy qu’il revient de faire le tableau symbolique de Genève, dont Montchal ne saurait le priver

avril 1902

Henriette L’Huillier habite à Dresde, où la famille vit dans une relative solitude. Louis Joseph apprend les langues.

Le 6, Bloy reçoit une lettre de son filleul, qu’il juge fort aimable. Le 16, Jeanne écrit à Mme L’Huillier pour la prévenir de la première communion de Véronique.

mai 1902

Le 8, Henriette Montchal envoie aux Bloy un courrier pour la première communion et la confirmation de Véronique. Elle narre à Jeanne le conflit qui l’oppose à Mariannine, dont l’époux s’entend mal avec Louis.

décembre

1904

Henriette L’Huillier propose aux Bloy de les revoir, lors d’une semaine qu’elle vient passer avec Louis Joseph à Paris, invités par une amie d’enfance.

La famille Bloy reçoit Henriette et Louis Joseph le 29 décembre 1904, puis le 30.

janvier 1905

Le 11, Montchal qui a lu cette étude témoigne par courrier de son attachement pour Bloy, toujours aussi vif. Seule son incapacité à parler explique son silence.

Le 3, Jeanne Léon Bloy donne à Henriette une étude sur Bloy qu’elle a publiée dans l’Album Mariani, publication à caractère publicitaire.

mars 1905

Le 30, Henriette L’Huillier prie Jeanne de visiter pour elle des appartements du côté de Passy (JI, III, 624) – mission jugée pénible par le couple.

avril 1905

Le 12, nouveau courrier d’Henriette sollicitant de nouvelles visites, dans l’intention d’ouvrir une pension à la rentrée.

juin 1905

Le 3, Henriette fait part aux Bloy de l’ouverture pour l’automne de sa pension, dans un vaste pavillon déniché par Jeanne à Auteuil.

Bloy y voit pour les siens un « grand événement ». Le 12, Jeanne verse en personne une avance sur le loyer du pavillon d’Auteuil.

681

septembre

1905

Henriette ouvre comme prévu sa pension à Passy. Le 15, elle envoie 30 fr. aux Bloy par pneumatique, et donne 5 fr. supplémentaires lors de la visite des Bloy le 17.

Le 24, Henriette et Louis Joseph se rendent chez les Bloy pour un déjeuner « délicieux ».

Le 17, première visite des Bloy à Henriette et Louis Joseph, qui les reçoivent dans la joie. Henriette se plaint des mariages de ses filles et assure à Bloy que Montchal brûle de le retrouver.

octobre 1905

Le 4, parvient au domicile des Bloy une carte de Mme L’Huillier, annonçant aux Bloy l’arrivée prochaine de Louis Montchal à Passy. Le 6, Montchal accorde à Bloy la primeur de ses sorties parisiennes.

Le 26, nouvelle visite de Montchal au domicile de Bloy.

Le 8, les Bloy déjeunent chez les Montchal. Bloy note avec émotion l’éloignement de leurs esprits.

mai 1907

Le 15 mai, Henriette assiste aux funérailles de Huysmans et ramasse un bouquet de violettes qui tombe du char funéraire. Elle le conserve jusqu’à sa mort.

février 1908

En 1907 ou 1908, Montchal quitte Paris pour le Canada, d’où il gagnera ensuite la Californie.

Bloy reprenant son journal note en marge qu’il a eu tort de penser, le 6 octobre 1905, que le cœur de Montchal continuait à lui appartenir. Il encadre rageusement ce post scriptum.

novembre

1917

Le 3, mort de Léon Bloy à Bourg-la-Reine

1922

Montchal quitte la Californie, pour un nouveau séjour à Genève, long de 18 mois.

juin 1927

Mort de Louis Montchal, le 21 juin, à Riverside (USA).

1 Hormis quelques dates fondamentales, ce recensement est limité aux événements concomitants à la correspondance et narrés par elle.