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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Contre toute attente, autour de Gérard Bensussan. Suivi de Ostalgérie
  • Pages : 251 à 255
  • Collection : Rencontres, n° 489
  • Série : Études de philosophie, n° 14
  • Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
  • EAN : 9782406107965
  • ISBN : 978-2-406-10796-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10796-5.p.0251
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 12/04/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Andrea Potestà, « Avertissement »

Lavertissement fait brièvement référence à la provenance des texte ici réunis et se détient sur le point commun des analyses : la question de lespérance et de lattente dans laction.

François-David Sebbah, « G. B. Un Bio-philosophème éthico-politique »

Dans ce texte, on tente déclairer les uns par les autres quelques « philosophèmes » et quelques « biographèmes » liés à Gérard Bensussan. On aimerait ainsi désigner quelques « pensées-situations » qui font écho à des moments de la vie personnelle traversant les dits événements historiques (la guerre dAlgérie, mai 68, etc.) ; des « pensées-situations » où sont en jeu le philosophique, léthique, le et la politique : limpossible, le messianisme, lamour.

Andrea Potestà, « Nostalgie saturnienne »

Larticle cherche à montrer les traits assez exceptionnels de la notion de « nostalgie » telle quelle a été élaborée par Gérard Benssussan dans Le Temps messianique, en montrant en particulier ses relations avec la « spectrologie » de Jacques Derrida. Assumée comme « saturnienne », cest-à-dire comme capable de produire une dislocation dans lunité de la présence, la nostalgie fait de la temporalité le lieu dune dépossession et dun glissement qui montrent le retardement constitutif du temps.

Orietta Ombrosi, « Limpatiente patience du temps. Une adresse à Gérard Bensussan »

Ce texte explore la tension maximale du travail de Gérard Bensussan autour du temps, voire son intention la plus intime : celle de réinventer une pensée de 252lévénement fondée/bâtie sur un temps interrompu et interrompant. En passant par la pensée de Benjamin et de Rosenzweig, larticle analyse le surgissement de linattendu, de linsaisissable ou de lévénement selon lintimité entre limpatience du temps et la patience constitutive de la temporalité du temps lui-même.

Catherine Chalier, « Penser selon le grec, penser selon lhébreu »

La philosophie juive se nourrit de la conceptualité grecque et des possibilités significatives de la lettre hébraïque. Les écrits de pensée juive gardent des traces de la philosophie néoplatonicienne. On ne peut donc les opposer strictement. La langue hébraïque nourrit la liturgie et désormais la vie concrète, les mêmes mots reçoivent des sens différents selon les deux domaines. Peuvent-ils se prendre damitié ? Dieu est inconnaissable mais Philon évoque son amour comme éros et Levinas comme agapè.

Alain David, « Gérard Bensussan, lintroduction du judaïsme dans la philosophie »

Lintitulé indique quil ne sest pas simplement agi pour Gérard Bensussan de faire droit à un domaine particulier de lhistoire des cultures ou des religions, mais de reconnaître avec le judaïsme, chez des penseurs juifs ou non-juifs, lincidence dune accentuation affectant « lécriture grecque des philosophes » (Levinas). Lœuvre de Bensussan confère ainsi à la philosophie un supplément de gravité et la confronte à une responsabilité jusquà présent inaperçue.

Aïcha Liviana Messina, « La vérité de lamour »

Cet article propose de lire la pensée de Gérard Bensussan à partir de trois axes majeurs : léthique, la politique et lamour. Il montre en particulier que ces trois axes ne forment pas un système mais des ruptures détotalisantes. Par ailleurs, il montre que pour Gérard Bensussan la philosophie nest pas seulement « amour de la vérité », mais exposée à la vérité de lamour, qui est précisément sans vérité.

Luc Fraisse, « Levinas interprète de Proust »

Emmanuel Levinas apprit le français en mémorisant par cœur des textes de Corneille et de Proust, et de fait, le philosophe consacre au romancier de 253lumineuses pages faisant suite aux notes éparses de ses Carnets de captivité. De ces écrits, trois sujets de confrontation se dégagent : quel art du roman met au jour Levinas chez Proust ; plus particulièrement la question de lambiguïté romanesque ; et pour finir le point essentiel : lexpérience de lautre.

Jimmy Sudário Cabral, « Dostoïevski, philosophie du nihilisme et messianisme »

Larticle analyse la généalogie dostoïevskienne du nihilisme à la lumière du messianisme de son œuvre romanesque. À partir dune lecture de la réception du concept inaugurée par le roman de Tourgueniev, il étudie la traduction littéraire du scénario philosophico-religieux et esthétique de la modernité russe comme une expérience dapprofondissement du nihilisme. Dans ce contexte, il sinterroge sur le statut du concept chez Dostoïevski et de sa place dans la configuration messianique de son œuvre littéraire.

Masato Goda, « “La tâche du traducteur”. Quen est-il du “langage éthique” »

La traduction nest pas simplement une question essentielle de la philosophie, cest la philosophie comme question. Levinas définit la « tâche de la philosophie » en tant que « traduction/trahison de lindicible ». Larticle cherche à prendre au sérieux la définition de Levinas, en réalisant une lecture de sa philosophie au prisme de la réflexion sur le langage de Adorno, Benjamin, Wittgenstein et Blanchot.

Jean-Luc Nancy, « Savoir nocturne »

Larticle analyse les implications de lexpérience dont Gérard Bensussan discute en tant quexpérience de savoir ne pas savoir.

Gérard Bensussan, « Ne pas savoir quon sait. “Le secret du philosophe” »

La maxime de Socrate emporte un primat du savoir sur le non-savoir, une ruse perverse de la philosophie. Ce texte sefforce de faire valoir une autre tradition dans la tradition, un « contre-socratisme », qui ouvre un filon plus souterrain : on ne sait pas quon sait, voire ce que lon sait. Le sujet sachant serait alors dépossédé de son savoir, débordé par lénigme de quelque chose quil « sait » malgré lui, à linsu de sa conscience réflexive et du programme auquel elle lassigne.

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Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Ostalgérie. La défaite de la mémoire »

« Ostalgérie » est un nom inexistant, une altération du mot « nostalgie » qui lassocie à deux lieux qui nont rien en commun sauf le fait de ne plus exister : lAlgérie coloniale et lAllemagne de lEst (Ost) avant la réunification. « Ostalgérie » nomme ainsi lutopie dun passé sans lieu qui projette une lumière étrange sur le présent.

Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Oubli et politique »

La discussion porte ici sur le poids de la mémoire dans la politique, à partir déléments de la biographie de Gérard Bensussan, successivement exilé dAlgérie puis expulsé dAllemagne de lEst. Elle convoque les pensées de Nietzsche et de Benjamin.

Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Justice et utopie »

Le retour sur des lieux disparus place devant un sur-lieu qui produit une impatience, une exigence immédiate de justice. Le militantisme est indissociable dun certain refus de temporiser, de tempérer lhistoire. De Marx à Levinas, on retrouve la même exigence du temps.

Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Histoire et nostalgie »

Cette partie de la discussion sefforce de considérer la spécificité de la nostalgie évoquée par « Ostalgérie » : elle est productive, active, mais, comme chez Benjamin et Pasolini, elle contrevient à tous les progressismes et aux optimismes politiques.

Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Capitalisme, crise et révolution »

« Ostalgérie » est aussi une disposition, face à limpuissance politique provenant dune vision globale du capitalisme, et à la recherche de formes daction qui rejouent les instances révolutionnaires de manière oblique.

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Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Politique et traduction »

Lécart entre le désir et la politique, entre la justice et le droit, expose au risque de déserter la politique au nom de la pureté de linconditionnel. La mémoire doit alors se penser moins comme le lieu de la purification des souvenirs que comme linjonction dune traduction sans fin.

Gérard Bensussan, Aïcha Liviana Messina, Andrea Potestà, « Le passé comme enfance »

La discussion sengage ici vers la considération de ce qui peut être de lordre de la joie dans « Ostalgérie » : lenfance enfouie mais qui ne soublie pas et qui est appel à un retour propulsif.