Jean-François Cauche, « La noblesse du bas Moyen Âge face à l’usure, une forme de protection du réseau vassalique et du domaine seigneurial. L’exemple de la famille de Béthune dans le comté de Flandre (1202-1244) »

Entre 1220 et 1240, un cinquième des presque 500 chartes de la Maison de Bethune sont liées à des actes de caution ou de garantie. Elles montrent la forte ingérence du seigneur dans les rapports économiques entre ses vassaux et les bourgeois des principales villes environnantes, bénéficiant d’une position équivoque de l’Église. Au-delà des simples actes administratifs, les chartes révèlent un écheveau particulièrement complexe mêlés d’enjeux tant économiques que territoriaux et politiques.

Alexandre Delin, « Les gradués gallois d’Oxford au service des rois d’Angleterre (1282-1485) »

À la fin du Moyen Âge un nombre croissant de Gallois se rend à l’université en Angleterre, principalement à Oxford dans l’espoir d’effectuer une carrière dans l’administration ecclésiastique mais aussi royale. Grâce à une étude prosopographique des étudiants gallois à Oxford entre 1282 et 1485, on peut isoler un groupe d’administrateurs qui intègrent à différents échelons l’administration royale et le rôle que ces non anglais ont pu jouer dans les affaires de la monarchie anglaise.

Emmanuel de Crouy-Channel, « Charroi de l’artillerie et construction de l’État moderne en France dans le dernier quart du xve siècle »

À la fin du xve siècle, l’ampleur des besoins en chevaux de trait pour le charroi d’une artillerie moderne a obligé le pouvoir royal à mettre en place une nouvelle organisation administrative, financée par un alourdissement de la pression fiscale. L’étude de ce cas particulier, avec ses particularités techniques, permet ainsi de saisir à l’œuvre un processus de construction de l’État moderne en France.

Philippe Bourgès, « L’intervention royale dans la gestion de la Ville de Paris. L’effondrement du Pont Notre-Dame (1499-1500) »

Le 25 octobre 1499, le pont Notre-Dame est emporté par une crue de la Seine. Pour calmer les Parisiens, le Parlement fait arrêter les membres de l’Échevinage et les remplace par une commission surtout constituée de parlementaires. Plusieurs problématiques sont ici touchées : les stratégies de la bourgeoisie parisienne afin de conserver le pouvoir, le rôle du Parlement

pour prendre en main le gouvernement de la capitale et, enfin, les enjeux architecturaux, financiers et symboliques de la construction du nouveau pont.

Olivier Viron, « La bataille de Clontarf (1014) entre mémoire et histoire »

La bataille de Clontarf, qui opposa en 1014 le haut roi d’Irlande Brian Boru, à la tête d’une grande coalition, aux armées scandinaves alliées au roi de Leinster, est une des plus célèbres batailles de l’histoire irlandaise, symbole d’une forte tradition nationale construite dès le Moyen Âge. Cet article se propose de reconsidérer cet événement, au-delà des constructions littéraires, afin d’en saisir les enjeux politiques propres à cette période et d’en analyser la portée symbolique.

Yong-Jin Hong, « Le projet de croisade entre champ du religieux et champs transversaux. Le système de communication politique dans deux anthologies de Charles IV et Philippe VI »

Dans la première moitié du xive siècle, Charles IV et Philippe VI tentent de redresser la royauté après les crises politiques liées à la mort de Philippe IV. Ils brandirent un projet de croisade et firent confectionner trois anthologies pour en soutenir l’idée et offrir des informations pratiques. Mais les préparatifs de Philippe VI, échouèrent avec la reprise de la guerre contre les Anglais. Le rêve de l’universalisme chrétien est remplacé par la réalité de l’État en formation.

Héloïse Adde-Vomáčka, « Langage et pouvoir dans la Bohême médiévale. Les enjeux de la naissance d’une littérature de langue tchèque au xive siècle »

Cet article propose de sonder les liens particuliers qu’entretiennent langage et pouvoir dans la Bohême médiévale et d’analyser l’apparition d’une littérature de langue tchèque à l’aube du xive siècle, comme affirmation politique de la noblesse tchèque alors que l’allemand était la langue d’un patriciat urbain très puissant. Placée sous le patronat de Pierre Bourdieu, cette enquête propose une lecture sociologique de l’apparition et de l’affirmation de cette littérature.

Ludmilla Acone, « L’ordine et le mouvement, la danse et les fêtes de mariage. Alliances, cérémonies et représentations allégoriques »

Dans les cours italiennes du xve siècle, l’alliance entre familles princières se met en scène lors des fêtes de mariage. Dans ces fêtes, la danse ne constitue

pas uniquement un divertissement. Elle incarne la rencontre entre les sexes, elle met également en scène un discours politique entre les cours et vis-à-vis de la population. Ce discours suit l’ordre précis de la hiérarchie des cours, tout au long du voyage qui conduit les époux vers le lieu des noces.

Chiara Ruzzier, « Bibles anglaises et bibles françaises au xiiie siècle. Sœurs jumelles ou cousines éloignées ? »

Les manuscrits de la Bible produits en Angleterre et dans le Nord de la France au xiiie siècle présentent de nombreux traits communs, ce qui rend difficile la détermination de leur origine. Cette contribution poursuit un double objectif : identifier les différences entre les manuscrits bibliques des deux pays et, ce faisant, déterminer des critères de localisation fiables prenant en compte à la fois l’apparat paratextuel, la structure matérielle des manuscrits, leur mise en page et leur décoration.

Claire Priol, « Le goût du caractère. L’imprimerie parisienne à la lumière des imprimeries européennes, affinités et spécificités (1470-1500) »

L’activité des professionnels parisiens de l’écrit, libraires et imprimeurs, est analysée de manière quantitative, selon leurs productions, et comparative grâce à une confrontation avec quatre autres villes européennes : Cologne, Bâle, Venise et Lyon. Cet article esquisse ainsi une vision d’ensemble de la production imprimée entre 1470 et 1500. À partir de quelques aspects matériels (format) et textuels (langue), il s’agira de déterminer l’empreinte de l’imprimerie parisienne sur la culture écrite européenne.

Anne Tournieroux, « Les livres d’étudiants et de maîtres séculiers de l’Université de Paris au xve siècle) »

Au début du xve siècle, le livre devient de plus en plus présent dans les représentations iconographiques des maîtres de l’université. L’étude de bibliothèques de maîtres et d’étudiants, grâce à la base de données Studium Parisiense, témoigne de leur cursus universitaire. L’examen des transactions relevées dans ces manuscrits souligne la persistance de liens noués au cours de leurs études ; quant à leur dispersion, elle atteste du rôle du livre en tant que vecteur de transmission des savoirs.