Livre I [Partie I]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Commentaire Vulgate des Métamorphoses d’Ovide. Livres I-V
- Pages : 32 à 135
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 62
- Série : Ovidiana textes, n° 2
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- EAN : 9782406107293
- ISBN : 978-2-406-10729-3
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10729-3.p.0032
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/04/2021
- Langues : Latin, Français
Livre I
accessvs 1
Quoniam omnis prolixitas fastidium generat, quibusdam pretermissis que de uita et operibus Ouidii solent hic a quibusdam assignari, cum primo suorum operum, id est libro Heroidum, pocius sint inquirenda, sit quod presens opus uniuersorum eius operum quasi medium † unicuique quod suum est relinquentes †, ad maiorem subsequencium euidenciam sermonem nostrum per compendium dirigendo ut attenciores habeantur auditores, prelibemus tria per que propositum actoris et intencionem et scribendi modum in hoc opere uideamus : primo uidelicet de quo, secundo ad quid, tercio uero qualiter agit actor in hoc opere.
De quo siquidem agat patet per titulum qui talis est : Publii Nasonis Ouidii Methamorphoseos liber primus incipit.
Primus nec immerito, quia sequitur secundus ; sunt etenim quindecim quod ipse in opere Tristium contestatur dicens : « Sunt michi mutate, ter quinque uolumina, forme etc. ».
Publius uero nomen est a cognatione positum. Dicitur enim Publius a Publica familia uel a patre Publio. Naso uero nomen est ab euentu, quoniam a quantitate nasi Naso dictus est, siue quia sicut2 canis uenaticus naso bene senciens feram persequitur donec eam captam detineat, ita Naso dictus est quasi odorinsecus, quoniam uniuersa eius opera uerbis rectoricis colorata et sentenciis [et] tam phisicis quam phillosophicis insignita et etiam grammatica sufficienti solidata, sagaci eius ingenio exquisita, odoriferum parturiunt legentibus intellectum. Ouidius autem nomen est proprium et ethimologizari potest sic : Ouidius enim dicitur
33Livre I
accessus
Puisque toute verbosité génère de l’ennui, après avoir passé sur certains aspects de la vie et des œuvres d’Ovide qu’on expose parfois en ce lieu, alors qu’il faudrait plutôt les étudier à travers la première de ses œuvres, à savoir le livre des Héroïdes, admettons que le présent ouvrage est comme le centre de toute son œuvre † en laissant de côté ce qui est propre à chacun †, en dirigeant notre discours par des chemins plus droits vers une majeure clarté de ce qui s’ensuit, pour rendre nos auditeurs plus attentifs, nous commencerons en touchant trois points qui nous permettent de voir le sujet, l’intention et la manière d’écrire de l’auteur dans cette œuvre : premièrement de quoi il parle, deuxièmement pour quoi et troisièmement comment.
Le sujet de son œuvre est évident à partir du titre qui est le suivant : Ici commence le premier livre de la Métamorphose de Publius Ovidius Naso.
Avec raison il dit ‘le premier’ puisqu’un second livre suit et il y en a en effet quinze, ce qu’il confirme dans les Tristes en disant « J’ai écrit les quinze livres des formes transformées ».
Publius est un nom qui lui vient de sa famille : il est appelé Publius de sa famille ‘Publia’ ou du nom de son père Publius. Le nom Naso dérive d’une circonstance, puisqu’il est appelé Naso à cause de la taille de son nez ou parce que, comme les chiens de chasse quand ils trouvent l’odeur d’un animal sauvage, le traquent jusqu’à ce qu’ils le capturent, ainsi est-il appelé Naso parce qu’il suit l’odeur, puisque son corpus poétique, qui est décoré de fleurs rhétoriques, distingué par des mots tirés des branches de la physique et de la philosophie, soutenu par une justesse grammaticale, bien fait grâce à l’ingéniosité de l’auteur, engendre pour les lecteurs une compréhension parfumée. Ovide est son nom propre, et peut provenir de cela : on dit Ovidius pour ainsi dire ‘ouum 34quasi ‘ouum diuidens’, id est occultum nobis et incognitum aperiens, quoniam de primordiali materia, in qua de creacione mundi agitur, pertractauit. Mundus enim ouo comparatur : oui enim rotunditatem exprimit et, sicut ouum, quattuor in se gerit. Ouum habet extrinsecus testam quam tela sequitur intus, tercio albumen ordinatur, quarto uero meditullium. Per testam extrinsecam firmamentum figuramus, per3 telam aera, per albumen aquam, per meditullium terram. Firmamentum teste oui in firmitate conuenit et in tegendo cetera, aer tele in tenuitate, aqua albumini in limpiditate, terra meditullio in mediacione nec non in4 rerum creatione, quoniam sicut pullus nascitur ex meditullio ita ex terre uisceribus omnia procreantur.
Per Methamorphoseos patet quod a materia sumitur titulus. ‘Methamorphoseos’ grecum est et a pluribus compositum. Componitur enim a ‘metha’, quod est de, et ‘morphos’, quod est mutacio, et ‘usya’, quod est substantia, et sic ‘methamorphoseos’ id est de mutacione substancie. Dici tamen potest quod ‘metha’ prepositio greca est, ‘morphoseos’ genitiuus grecus est et sic exponitur Methamorphoseos id est de mutacionis et non de mutacione, quoniam Greci carentes ablatiuo genitiuum cum prepositione ponebant. Volunt enim actores nostri quod genitiuus sit ‘methamorphoseos’ et quod declinetur et quod idem sit quod mutacio. Quod autem sit mutacio habemus in diuina pagina de sanctis : « In supera methamorphosi refulgere » ; et per magistri Mathei epytaphium quod est tale : « Sum quod eris, quod es ipse fui ; methamorphosis ista | humanis rebus subdere colla uetat ». Et declinabitur ut ‘memphis, -phios’, ‘decapolis, decapoleos’ et dicetur nominatiuo hec methamorphosis, genitiuo huius methamorphosis uel methamorphoseos et sic deinceps secundum terciam declinacionem. Intitulatur autem liber iste de mutacione substantie non quod agat de mutacione tali, quia substantia non mutatur, set inmutari uidetur per accidens inmutatum, de quo hic agit actor et a digniori ‹parte› apponit titulum.
35diuidens’ (celui qui divise l’œuf), parce qu’il nous révèle les choses qui sont cachées et inconnues, puisqu’il a traité de la matière primordiale dans laquelle il est question de la création du monde. Le monde est effectivement comparé à un œuf, puisqu’il manifeste la rondeur de l’œuf et tout comme l’œuf il a quatre éléments en lui. À l’extérieur l’œuf a une coquille, au-dessous de laquelle se trouve une membrane, puis le blanc et enfin le jaune. Par la coquille nous comprenons le firmament, par la membrane, l’air, par le blanc, l’eau, et par le jaune la terre. Le firmament ressemble à la coquille de l’œuf par sa solidité et par le fait qu’il couvre le reste ; l’air ressemble à la membrane par sa finesse ; l’eau ressemble au blanc par sa transparence ; et la terre est comme le jaune pour sa position centrale et par ses propriétés génératives, puisque tout comme le poussin émerge du jaune, toutes les choses sont créées des entrailles de la terre.
Le titre de l’œuvre, Métamorphose, dérive de la matière. Le mot ‘métamorphose’ est d’origine grecque et est constitué de plusieurs composants : de ‘meta’ qui est ‘de’ en latin ; de ‘morphos’ qui est ‘mutatio’ (transformation) ; et de ‘ousia’ qui est ‘substantia’ (substance), et par conséquent il signifie ‘de la transformation de la substance’. Toutefois, on peut dire que ‘meta’ est une préposition grecque, ‘morphoseos’ est un génitif grec et Metamorphoseos peut être expliqué comme ‘de la transformation’ et est construit avec le cas génitif, puisque les Grecs ne possédant pas d’ablatif utilisaient un génitif avec la préposition. Nos auteurs infèrent que ‘metamorphoseos’ est au cas génitif et que le nom est décliné et veut dire la même chose que ‘transformation’. Que cela veuille dire ‘transformation’ peut être déduit de l’Écriture où l’on lit à propos des saints : « Ils brillent dans une transformation céleste » ; et de l’épitaphe de maître Matthieu : « Je suis ce que tu vas être, ce que tu es, je l’étais ; cette transformation nous interdit d’incliner la nuque devant les conditions humaines ». ‘Metamorphosis’ est décliné comme ‘memphis, -phios’, ‘decapolis, -eos’. Au nominatif, on écrit ‘hec metamorphosis’ (féminin), au génitif ‘huius metamorphosis’ ou ‘metamorphoseos’, et ensuite le mot se décline comme un nom de la troisième déclinaison. Le poème est intitulé De la transformation de la substance, non pas parce qu’il raconte un changement de substance, puisque la substance ne change pas, mais l’inchangé semble seulement changer par accident, ce dont Ovide traite ici, et il intitule l’œuvre à partir de ce qui a plus de dignité.
36Sic habemus de quo agit et sic eius propositum quod est agere de mutacione, unde in primo uersu in noua fert animus etc. Notandum autem est quod quadruplex est mutacio : naturalis, moralis, magica et spiritualis. Naturalis est que fit per contexionem elementorum et retexionem uel mediante semine uel sine semine. Per contexionem enim conueniunt elementa et de spermate nascitur puer et de ouo pullus et de semine herba siue [S f. 1rB] arbor, et sic de consimilibus et hoc mediante semine ; per retexionem uero sicut fit dissolucio in quolibet corpore, et hoc sine semine, et quantum ad elementa ‹et› quantum ad yle. Elementa, sicut fit quando terra rarescit in aquam, aqua leuigatur in aera, aer subtiliatur in ignem ; iterum ignis spissatur in aera, aer tenuatur in aquam, aqua conglobatur in terram. Et hec mutacio naturalis est de qua facit mencionem in ultimo Pitagoras dicens : « Quattuor eternus genitalia corpora mundus | continet etc. ». Moralis est que attenditur circa mores, uidelicet cum mores inmutantur, ut de Licaone dicitur quod de homine mutatus est in lupum, quod est dicere de benigno in raptorem, et sic de consimilibus que in moribus attenduntur. Est autem magica mutacio que circa artem magicam attenditur et fit tantum in corpore quando uidelicet magi aliquid alterius essencie quam sit per artem magicam faciunt apparere, ut ostendit de Circe que per artem magicam legitur socios Vlixis in porcos mutauisse. Hec autem ars, scilicet magica, fuit antiquitus in ualore, in dampnacionem cuius lex dedit preceptum tale : « Alienam segetem ne pellexeris », id est ne transtuleris. Segetes enim de agro in agrum per artem magicam transferebant. Spiritualis mutacio est que attenditur in corpore et in spiritu, quando scilicet corpus sanum efficitur morbidum, et inde uexatur spiritus et sic spiritus cum corpore pariter inmutatur ut apparet in freneticis et in aliis morbidis ; in spiritu quidem tantum ut de sano fit insanus, sicut legitur de Horeste et de Agaue que proprium filium, scilicet Pentheum, membratim dilacerauit et ‹sic› de consimilibus. In presenti opere de omnibus agit auctor.
37Nous avons ainsi discuté du sujet de l’œuvre et du propos de l’auteur, qui est de traiter de la transformation, c’est pourquoi nous avons au premier vers mon esprit me pousse (à dire les formes changées) en de nouveaux corps. Il faut noter que la transformation est quadruple : naturelle, morale, magique et spirituelle. La transformation naturelle a lieu quand se joignent et se démêlent les éléments, à travers ou sans l’intermédiaire de la semence. Quand ils se joignent, les éléments se rencontrent : ainsi l’enfant naît du sperme et le poussin de l’œuf et l’arbre ou l’herbe d’une graine etc., et cela avec semence. La dissociation des éléments cause la dissolution dans n’importe quel corps, et cela sans semence, aussi bien en relation aux éléments qu’en relation à la hylé. En relation aux éléments, la terre se dissout en eau ou l’eau s’évapore en air ou l’air se raréfie en feu. Puis le feu est à nouveau transformé en air, l’air est changé en eau et l’eau est rendue solide et changée en terre. Une telle transformation est considérée comme naturelle et Pythagore en fait mention dans le dernier livre du poème quand il dit : « Le monde éternel contient les quatre corps génératifs ». La transformation morale concerne le caractère, c’est-à-dire quand le caractère change, comme quand on dit de Lycaon qu’il a été transformé d’homme en loup, à savoir, d’un homme de bien en un pilleur, et ainsi de manière similaire dans d’autres transformations qui concernent le caractère. La transformation magique concerne l’art magique et intéresse seulement le corps, quand des magiciens par leur art magique font apparaître quelque chose d’une essence différente de celle qu’elle a, comme il le montre à propos de Circé, dont on lit qu’elle transforma les compagnons d’Ulysse en cochons. Jadis, on estimait beaucoup cet art de la magie, alors que la loi condamnait de telles actions quand elle enjoignait : « Ne t’approprie pas la récolte d’un autre » pour dire de ne pas la transférer. Car les récoltes étaient communément transférées d’un champ à l’autre à l’aide de la magie. La transformation spirituelle concerne autant le corps que l’esprit, comme par exemple quand un corps sain devient malade et que l’esprit se trouble et ainsi l’esprit et le corps sont transformés à part égale, comme on le remarque chez les frénétiques et chez d’autres malades. Si seulement l’esprit est touché, nous avons affaire à ceux qui, jadis sains, deviennent fous, comme nous le lisons à propos d’Oreste et à propos d’Agavé, qui déchira son propre fils Penthée membre par membre, et dans d’autres exemples de ce genre. Dans la présente œuvre, l’auteur traite toutes ces catégories.
38Videamus autem ad quid agat. Offenderat enim Augustum Cesarem per Artem amatoriam, unde ad sui reconciliationem per deificacionem Iulii Cesaris a se ostensam scribit ad honorem Augusti de mutacionibus rerum ut uerisimile uideatur Iulium in stellam mutari, quod est in fine presentis operis ostensurus. Et hec est eius intencio.
Subsequenter uidendum est qualiter agat. Agit enim heroico metro, colligens mutaciones diuersas a prima creacione mundi usque ad suum tempus, quod significat sua inuocacio ubi dicit primaque ab origine mundi etc. Phisicus est auctor iste assignando generacionem elementorum ; ethicus est in assignacione mutacionum que faciunt ad mores. Vtilitas siquidem est magna non actoris, set legencium, uidelicet cognicio fabularum et earum exposicio quas compendiose colligit auctor iste in hoc opere. Vel utilitas est diuersorum erudicio habita ex mutacione temporalium.
More uero aliorum poetarum primo proponit, secundo inuocat, tercio narrat. Proponit ubi dicit in noua etc. ; inuocat ubi dicit dii ceptis etc. ; narrat ubi subsequenter dicit ante mare et terras etc.
[ f. 1r ]
Hee sunt mutationes huius libri, scilicet Chaos in species ; terra in hominem ; mundus in quattuor secula uel etates ; annus in quattuor tempora ; Gigantes in montes ; sanguis Gigantum in homines ; terra in mare per diluuium ; lapides per Deucalionem in uiros, per Pirram in mulieres ; Lycaon in lupum ; terra iterum5 in Phitonem ; Phebus in amantem ; Dane in laurum ; Yo de femina in uaccam, de uacca in deam ; Mercurius in pastorem ; Syrins in harundinem, harundo in fistulam ; Argus in pauonem, et in hoc terminabitur liber iste.
1. in pro circa ; fert cupit6, impellit, portat me ; dicere ad dicendum, uel dicere metrice describere.
in noua fert animus id est deliberatio animi fert id est cupit dicere id est metrice describere formas mutatas in noua corpora : ypallage, id est corpora mutata in nouas formas. Set restat questio : dicitur enim quod res unius predicamenti non potest mutari in rem alterius predicamenti,
39Examinons l’intention de l’auteur. Ovide avait offensé Auguste César en écrivant l’Art d’aimer. Par conséquent, pour se réconcilier avec lui, en exposant la déification de Jules César, il écrit en l’honneur d’Auguste sur les transformations, pour que celle de Jules César en étoile paraisse vraisemblable, ce qu’il prévoit de montrer à la fin du présent ouvrage. Et c’est là son intention.
Enfin, examinons comment Ovide compose. Il compose dans le mètre héroïque et il rassemble plusieurs transformations, depuis la création du monde jusqu’à sa propre époque : c’est ce que signifie son invocation quand il dit : depuis la plus lointaine origine du monde etc. L’auteur parle en scientifique quand il traite de la création des éléments, et aussi en auteur moral, parce qu’il traite de transformations qui ont à voir avec les caractères. Le lecteur, plus que l’auteur, tire beaucoup de bénéfices de cet ouvrage, c’est-à-dire un savoir sur les fables et leurs explications qu’Ovide rassemble fructueusement dans cette œuvre. Ou le bénéfice de l’ouvrage réside dans le savoir qui vient de la transformation des différentes matières.
Comme d’autres poètes, Ovide expose d’abord son sujet, invoque les dieux, puis narre. Il expose son sujet quand il dit en des corps nouveaux etc. ; il invoque les dieux quand il dit ô dieux, mon entreprise etc. ; et il narre quand il dit par la suite avant la mer et la terre etc.
[ f. 1r ]
Les transformations de ce livre sont les suivantes : le Chaos transformé en espèces variées ; la terre en homme ; le monde en quatre époques ou âges ; l’année en quatre saisons ; les Géants en montagnes ; le sang des Géants en hommes ; la terre en mer par le déluge ; les pierres en hommes par Deucalion et en femmes par Pyrrha ; Lycaon en loup ; encore, la terre en Python ; Phébus en amant ; Daphné en laurier ; Io de femme en génisse, de génisse en déesse ; Mercure en berger ; Syrinx en roseau, le roseau en flûte ; et en conclusion de ce livre Argus en paon.
1.en pour dire ‘en relation avec’ ; me pousse, me fait désirer, m’oblige, m’inspire ; à dire à me faire dire, ou à dire à décrire en vers.
mon esprit me pousse en des corps nouveaux, c’est-à-dire que la délibération de mon esprit me pousse, c’est-à-dire désire, à dire, c’est-à-dire à décrire en vers, les formes changées en de nouveaux corps : c’est une hypallage pour dire des corps changés en de nouvelles formes. Mais une question subsiste : il est dit qu’une chose d’une catégorie donnée ne peut pas être changée 40et ita nichil ualet ypallage, set ita dicamus : animus id est uoluntas mea fert id est impellit me dicere ad hoc ut dicam formas mutatas in noua corpora id est circa noua corpora, sicuti habemus de Yo et de Lycaone qui mutati fuerunt forma et non substantia, et ita forma id est qualitas mutata fuit circa substantiam, et hec est melior litera.
‹ animus › innuit quod ad hoc non fertur ex inferiori potencia anime set a superiori, non ex sensualitate set ex ratione, cum dicit animus.
Vel aliter : animus id est discretio mentis mee fert id est portat me dicere ad hoc ut dicam, et fiat ypallage, corpora noua id est nouata in formasmutatas id est per formas mutatas. Et ita fit quedam figura que uocatur protheseos paralange, quando prepositio ponitur pro prepositione, sicuti habemus in pro circa, et hec similiter litera est optima : uidetur enim corpus innouari per impressionem noue forme. Vel aliter : animusfert id est cupit dicere metrice describere formas mutatas in noua corpora id est in nouis corporibus, et est antitosis quando casus ponitur pro casu, sicuti habemus in Euuangelio : « Et sermonem quem audistis non est meus », « sermonem » id est pro7‘sermo’, et ita debet resolui et idem est sensus qui est ibi. animus fert id est cupit dicere formas mutatas in noua corpora id est circa noua corpora, et hoc uobis sufficiat. Attendamus autem differentiam que est inter animum et animam et mentem. Anima autem uiuificat, animus uult, mens discernit, set unum ponitur pro alio.
2. dii et bene uos inuoco ; nam pro quia ; mvtastis locus a maiori ; et id est etiam ; illas formas.
‹ nam uos mutastis et illas › uel nam uos mutastis inillas sicut Iupiter in taurum se mutauit ut Europam transfretaret, unde illud : « Ille pater rectorque deum, cui dextra trisulcis | ignibus armata est, qui nutu concutit orbem, | induitur faciem tauri mixtusque iuuencis | mugit ».
41dans la substance d’une autre catégorie, par conséquent, l’hypallage est sans valeur ici, mais laissez-nous expliquer ainsi le passage : mon esprit, c’est-à-dire ma volonté, me pousse, c’est-à-dire me contraint, à dire, à ce que je dise, les formes changées en de nouveaux corps, c’est-à-dire en relation avec de nouveaux corps, comme dans le cas d’Io et Lycaon, qui ont été changés pour ce qui est de leur forme, mais non de leur substance. Par conséquent leur forme, c’est-à-dire leur qualité, a été transformée en relation à la substance. Et c’est la lecture à préférer.
‹ mon esprit › quand il dit esprit il signale que la puissance élevée de l’âme et non pas la puissance basse le pousse à écrire cette œuvre, non pas les sensations mais la raison.
Ou en lisant différemment : mon esprit, c’est-à-dire le discernement de ma raison, me pousse, c’est-à-dire me porte, à dire, à ce que je dise, et il y a une hypallage, les corps nouveaux, renouvelés, en des formes changées, c’est-à-dire en relation avec des formes changées. Et ainsi Ovide utilise une figure grammaticale qui est appelée ‘protheseos paralange’ (substitution de préposition), quand une préposition est substituée à une autre, comme dans le cas de ‘in’ (en) utilisé à la place de ‘circa’ (en relation avec), et c’est une bonne lecture car le corps apparaît transformé par l’impression d’une nouvelle forme. Ou différemment : mon esprit me pousse, c’est-à-dire désire, à dire, à décrire en vers, les formes changées en de nouveaux corps, dans de nouveaux corps, et c’est une antiptose, quand un cas est substitué à un autre cas, comme dans ce passage de l’Évangile : « Ce sermon que tu as entendu n’est pas le mien » où l’accusatif (‘sermonem’) se substitue au nominatif (‘sermo’) ; et voici donc la solution, qui est la même que dans ce verset. mon esprit me pousse, c’est-à-dire désire, à dire les formes changées en de nouveaux corps, c’est-à-dire en relation avec de nouveaux corps. Cette explication devrait vous suffire. Examinons maintenant la différence entre ‘animus’ (esprit), ‘anima’ (âme) et ‘mens’ (conscience). L’âme fait vivre, l’esprit veut et la raison discerne, mais l’un peut remplacer l’autre.
2.dieux et je vous invoque à juste titre ; vous transformiez argument du plus fort ; celles-ci les formes.
‹ car vous transformiez celles-ci aussi › ou bien car vous vous transformiez en celles-ci, comme quand Jupiter s’est transformé en taureau pour faire traverser la mer à Europe. Voir ce vers : « Le père et souverain des dieux, dont la main droite est armée de la triple foudre, qui fait trembler la terre par son hochement de tête, adopte l’aspect d’un taureau et mugit, uni aux génisses ».
423. aspirate id est fauete ; primaqveab origine disposicione, a principali constitucione8.
‹ aspirate › facta propositione cum ipse indigeat auxilio deorum, inuocat deos iuxta illud Horacii : « Nec deus intersit nisi digno uindice nodus | inciderit ». Dicit ergo Ouidius dii aspirate id est fauete meisceptis.
aspirate id est fauete : metaphora tracta est a nautis qui dicunt uentum sibi fauere quando leuiter flat et aspirat. Et debetis fauere nam uos etc.
4. ad usque ; perpetvvm continuum ; dedvcite deduci et continuari concedite ; carmen meum9.
primaque ab origine mundi | ad mea perpetuum deducite tempora carmen et deducite ad id est usque ad mea tempora, quasi diceret : faueatis michi ut ego continue et seriatim possim in carmine describere omnes mutationes illas et omnes res10 que facte fuerunt a prima mundi creatione usque ad meum tempus. Et hoc est quod intendit dicere. Videamus autem differentiam que est inter perpetuum et sempiternum et eternum. Eternum est illud quod non habuit principium nec habebit finem, utpote Deus. Sempiternum est illud quod habuit principium nec habebit finem, sicut anima, angelus. Perpetuum est illud quod habuit principium et habebit finem, sicut mundus.
5. ante mare et terras id est antequam esset mare et antequam essent terre ; omnia sibi subdita.
ante mare etc. Postquam expediuit se auctor a propositione et inuocatione, accedit ad narracionem, set ad maiorem euidenciam subsequencium quedam uideamus que ualde sunt utilia. Bartholomeus autem dicit ita de yle : « Yle est globus informis, sine loco, sine tempore, sine quantitate, sine qualitate, inter aliquam et nullam substantiam ». « Sine loco » dicit non quia non haberet locum, set quia omnem locum occupabat. « Sine tempore » secundum Aristotilem qui dicit : « Tempus est primum mobile ». Primum mobile est firmamentum : adhuc enim non erat firmamentum et ita yle erat sine tempore secundum Aristotilem. « Sine qualitate » non quia non haberet qualitatem, set quia materiam omnium qualitatum habebat in se inuolutam et implicatam. « Sine quantitate » non quia non haberet quantitatem, set quia omnem quantitatem
433. soufflez favorablement c’est-à-dire secondez ; de la plus lointaineorigine disposition, du premier état.
‹ soufflez favorablement › ayant annoncé son sujet, comme il a besoin de l’aide des dieux, l’auteur invoque les dieux pour l’aider, en accord avec ce passage d’Horace : « Aucun dieu ne devrait intervenir, sauf s’il y a un nœud qui requiert une intervention ». Donc Ovide dit dieux, soufflez favorablement,c’est-à-dire secondez, sur mon entreprise.
soufflez favorablement c’est-à-dire secondez. Cette métaphore est tirée des marins qui disent que le vent les seconde quand il se lève et souffle légèrement. Et vous devriez seconder, car vous etc.
4.perpétuel continuel ; conduisez permettez qu’il soit conduit et continué ; mon poème.
conduisez ce poème continuel depuis la plus lointaine origine du monde jusqu ’ à mon temps et conduisez à, c’est-à-dire jusqu’à mon temps, comme s’il disait : secondez-moi pour que je puisse décrire toutes les transformations dans mon poème de manière continuelle et liées les unes aux autres, et toutes ces choses créées depuis la première création jusqu’à mon propre temps. Et c’est ce qu’il a l’intention de raconter. Mais examinons les différences entre perpétuel, sempiternel et éternel. Éternel est ce qui n’a ni commencement ni fin, comme Dieu. Sempiternel est ce qui a eu un commencement mais pas de fin, comme l’âme ou un ange. Perpétuel est ce qui a eu un commencement et qui aura une fin, comme le monde.
5. avantla mer et les terres c’est-à-direavant que la mer et les terres n’aient existé ; tout ce qui est placé au-dessous de lui.
avant la mer etc. Après que l’auteur a exposé son sujet et invoqué les dieux, il commence la narration. Mais pour une meilleure compréhension de ce qui suit, examinons certaines choses qui sont très utiles. Barthélemy dit ainsi à propos de la hylé : « La hylé est un globe informe, sans lieu, sans temps, sans quantité, sans qualité entre un peu et pas de substance ». Il dit « sans lieu » non pas parce qu’elle n’avait pas de lieu, mais parce qu’elle en occupait la totalité. « Sans temps » selon Aristote qui dit : « Le temps est le premier mobile ». Le premier mobile est le firmament ; mais jusqu’à ce point, le firmament n’existait pas, par conséquent la hylé était sans temps, selon Aristote. « Sans qualité », non pas parce qu’elle manquait de qualité, mais parce qu’elle contenait en elle-même la matière de toutes les qualités entrelacées et emmêlées. « Sans quantité », non pas parce qu’elle manquait de quantité, mais parce qu’elle dépassait toute 44excedebat et mensuram, sicut dicimus de homine maxime stature : ille homo humanam mensuram excedit. « Inter aliquam substantiam » dicit habens respectum ad hoc quod subsequtum est. « Nullam » dicit quia adhuc nulla substantia erat, quia omnes in ipsa yle inuolute erant, sicut dicitur de primo homine, de Adam scilicet : Adam erat inter aliquam et nullam substantiam. Inter aliquam dicit respiciens ad homines qui subsequti sunt ; inter nullam dicit quia nullus homo adhuc erat preter ipsum. Et hoc uiso literam uideamus ante mare etc.11
6. vnvs vvltvs una noticia ; toto in orbe in illo toto quod nunc est orbis set tunc non erat orbis.
unus uultus nature : una uoluntas nature. Natura esse uolebat unum tantummodo secundum confusionem ; modo non habet unum uelle natura, quia aliud uult in bruto, aliud in homine. Vel uoluntas, quod uult magister Bernardus dicens : « Turbida temperiem, formam rudis, hispida cultum | optat et a ueteri cupiens exire tumultu | artifices numero‹s› et musica uincla requirit ». Vel unus uultus id est una noticia, quia qui noscebat unum noscebat omnia, modo non est sic. Vel unus uultus id est confusio nature12.
unus uultus nature id est una uoluntas nature naturantis, scilicet Dei. Duplex est enim natura : natura naturans et natura naturata. Natura naturans est ipse Deus ; natura naturata est quedam uis rebus insita ex similibus procreans similia, sicut de uacca creatur taurus et huiusmodi.
erat in toto orbe id est circa globum illum de quo elicita fuerunt quattuor elementa que dicuntur antonomasice mundus uel orbis. erat, inquam, antemare id est antequam esset mare et ante terras id est antequam essent terre. Et ne posset fieri obiectio quare pocius terras posuit quam terram, sicut posuit mare et non maria, ad hoc soluendum dicendum est
45quantité et mesure, de même que nous disons d’un homme de grande taille : cet homme dépasse la mesure humaine. Il dit « entre un peu de substance » par rapport à ce qui suit. Il dit « pas de substance » parce que jusqu’à ce point la substance n’existait pas, puisque toutes les substances étaient emmêlées dans la hylé, exactement comme nous le disons à propos du premier homme, à savoir Adam : Adam était entre un peu et pas de substance. « Entre un peu de substance » par rapport aux hommes qui ont suivi ; « entre pas de substance » parce qu’aucun homme n’existait encore sauf lui-même. Ayant examiné cela, retournons au texte, avant la mer etc.
6. un seul visage une seule connaissance ; dans l’entièreté du globe dans l’entièreté de la masse qui constitue maintenant le globe, mais ne le constituait pas alors.
un seul visage de la nature : une seule volonté de la nature. La nature voulait être une seule chose seulement en ce qui concerne la confusion ; maintenant la nature ne peut plus désirer être une seule chose, parce que la nature est différente chez l’homme et chez les bêtes. Ou alors il utilise ‘uoluntas’ (volonté) dans le même sens que maître Bernard qui dit : « Pleine de mouvement, elle désire la modération ; mal formée, elle désire une forme ; en mauvais état, elle désire des ornements ; désirant échapper à l’ancien tumulte, elle cherche les proportions pleines d’art et les liens de l’harmonie ». Ou un seul visage, c’est-à-dire une seule connaissance, puisque celui qui connaissait une chose les savait toutes, mais maintenant ce n’est plus le cas. Ou un seul visage c’est-à-dire un état confus de la nature.
un seul visage de la nature c’est-à-dire une seule volonté de la nature naturante, c’est-à-dire Dieu. La nature est double : nature naturante et nature naturée. La nature naturante est Dieu lui-même ; la nature naturée est un certain pouvoir inhérent aux choses qui créent des choses semblables à partir d’autres choses semblables, comme la vache qui crée le taureau et des choses similaires.
dans l ’ entièreté du globe c’est-à-dire par rapport à ce globe duquel ont été tirés les quatre éléments, qui sont nommés par antonomase le monde ou le globe. il était, dis-je, avant la mer, c’est-à-dire avant que la mer n’existe, avant les terres, c’est-à-dire avant que les terres n’existent. Et au cas où quelqu’un voudrait objecter qu’il a utilisé le pluriel terres et non pas le singulier terre, tout comme il a utilisé le singulier mer et non le pluriel mers, il faut expliquer qu’il y a trois terres principales, 46quod tres principales terre sunt, scilicet Europa, Asia et Affrica, unum autem mare principale est, scilicet Occeanus. Nam autem alia maria ab Occeano ortum habent et hec est solutio.
et ante celum id est quam13 esset celum, quodtegitomnia id est14 sub se contenta, et ita debemus intelligere.
uultus id est uoluntas : uultus enim dicitur a uolo, uis, unde quidam : « Vultu talis eris qualia mente geris ». Et Iuuenalis : « Deprendas animi15 tormenta latentis et egro | corpore deprendas et gaudia ». Et illud : « Format enim natura prius nos intus ad omnem | fortunarum habitum, iuuat aut impellit ad iram ». Vel aliter : unus uultus id est aceruus uniformiter uultuatus nature id est rerum naturalium erat intoto orbe id est in tota materia illa de qua totus factus est orbis ; erat, inquam, ante mare etc.
7. qvem uultum ; dixere philosophi ; Chaos id est confusionem ; rvdis sine forma ; indigestaqve erat.
8. nec qvicqvam erat ; pondvs res ponderosa ; inhers sine arte ; eodem pondere uel loco16.
9. nec bene sicut modo sunt ; semina id est principia ; rervm elementorum.
quem dixere Chaos : quem, uultum uel aceruum, philosophi dixere, appellauere, Chaos id est confusionem. Vel quam, scilicet quam uoluntatem Dei, rudis sine artificio indigesta inordinata et sine cultu. Vel aliter : uultus dico rudis, -que pro quia, erat moles indigesta et quicquam non erat in uultu illo. Vel uultus ille nec quicquam id est aliquid nisi pondusinhers id est res ponderosa, quia omnem quantitatem excedebat. Vel inhers sine artificio semina rerum id est materia elementorum. semina dico discordia non quia ibi esset discordia, set respicit ad hoc quod elementa postea consequta sunt diuersas qualitates ; rerum dico non beneiunctarum sicut modo. Vel semina rerum id est elementa que sunt rerum semina : omnia enim a quattuor elementis originem sortiuntur. rerum dico non bene iunctarum : hoc dicit propter elementa non bene iuncta. congesta : coadunata et intricata in eodem globo uel loco.
10. nvllvs pro non.
47à savoir, l’Europe, l’Asie et l’Afrique, mais il n’y a qu’une seule mer principale que nous appelons Océan. Car les autres mers ont leur source dans l’Océan et ceci est la solution du problème.
et avant le ciel, c’est-à-dire avant que le ciel n’existe, qui couvre tout, c’est-à-dire ce qui est contenu en-dessous, et il faut le comprendre ainsi.
visage c’est-à-dire volonté, car le mot ‘uultus’ (visage) dérive du verbe ‘uolo, uis’ (vouloir), d’où les mots : « Ton visage reflète ce que tu as en tête ». Et Juvénal écrit : « On peut détecter les tourments de l’âme cachée et au plus profond du corps malade on peut aussi détecter ses plaisirs ». Et encore : « Car la nature, selon chaque vent de fortune, nous forme préalablement, nous accompagne ou pousse vers la colère ». Ou différemment : un seul visage, c’est-à-dire un globe façonné uniformément, dela nature, c’est-à-dire des choses naturelles, était dans l’entièreté du globe, c’est-à-dire dans toute la matière dont tout le globe est formé ; était, dis-je, avant la mer etc.
7. lequel visage ; les philosophes appelèrent ; Chaos, c’est-à-dire confusion ; rude sans forme ; et était confuse.
8. et il n’était rien ; une masse quelque chose de massif ; inerte sans art ; dans le même endroit, ou dans la même masse.
9.non bien comme ils sont maintenant ; les germes c’est-à-dire les principes ; des choses des éléments.
lequel (quem) ils ontappelé Chaos : ce visage, ou cet entassement, que les philosophes appelaient, nommaient, Chaos, c’est-à-dire confusion. Ou : laquelle (quam), c’est-à-dire la volonté de Dieu, rude, sans art, confuse, sans ordre ou ornement. Ou encore différemment : le visage, dis-je, rude, et à la place de ‘parce que’, c’était une masse confuse, et rien n’existait sur son visage. Ou lire le visage, celui-ci, et rien, pour dire quelque chose, sinon une masse inerte, c’est-à-dire quelque chose de massif, parce qu’elle excédait toute mesure. Ou lire inerte, sans art, germes des choses, c’est-à-dire matières des éléments. Je dis germes discordants non pas parce que la discorde en faisait partie intégrante, mais parce qu’après les éléments suivirent des qualités différentes ; des choses, dis-je, non bien unies comme elles le sont maintenant. Ou germes des choses, c’est-à-dire les éléments qui sont les germes de la matière : toutes les choses tirent leur origine des quatre éléments. des choses, dis-je, non bien unies : l’auteur dit cela à cause des éléments qui n’étaient pas bien liés. amassées : réunies et liées dans le même globe ou endroit.
10. aucun au lieu de ‘pas’.
48nullus adhuc Titan : nullus Titan, nullus de genere Titanum, scilicet nec sol nec luna ducebat adhuc lumen orbi. nullus secundum philosophos qui dicebant cotidie nouum solem exoriri. Dicebant enim solem constare ex athomis et uespere resolui in athomos. Vel secundum alios qui dicebant duos esse, unum orientalem alium occidentalem. Vel nullus pro non, secundum Therencium qui dicit : « Nullus sum. Perii17 ».
11. nova sua ; reparabat cornva reformabat : luna enim crescit et decrescit.
12. nec pendebat in pendulo non erat.
nec circumfuso : nam undique equipensatur terra ut eque aer interfusus sit in ea, unde dicit librata. Sicut enim que in libra pensantur equalitate sui ponderis sustentantur, sic et terra ab aere sustentatur equali sui ponderositate : nam si in aliqua parte sui magis grauaretur quam in alia, titubaret.
13. librata libratorie sustentata ; brachia extensiones.
brachia uocat duos refluxus Occeani ab oriente et duos ab occidente, quorum duo conueniunt sub arthoo polo, reliqui duo sub antartico, e quorum collisionibus fit illa crebra et famosa Occeani accessio.
14. margine extremitate ; Amphitrites – uersus est spondaicus – magnum mare.
15. qvaqve ea parte ; tellvs materia telluris ; pontvs materia ponti ; aer materia aeris.
quaque erat et tellus illic : hic est polisinteton, pluralitas copulationum. Cum enim habundent coniunctiones copulatiue, polisinteton est : sufficeret enim una. Absinteton figura est contraria que fit quando deficiunt copulatiue coniunctiones18.
16. sic in illa confusione ; instabilis ut homo ibi staret ; innabilis erat.
sic erat id est sicut omnia permixta erant, sic et unde est quod sua proprietate carebant. Et hoc est sic erat etc., quia tellus erat inhabitabilis etc. Vel hec est littera : ut queque erat ita, inquam, coniuncta erant in illa parte uel in illa congerie in qua erat tellus etc.19
17. lvcis claritatis ; egens erat ; nvlli elementorum ; sva forma propria, que modo est eis data.
49encore aucun Titan : aucun Titan aucun de la race des Titans, à savoir ni le soleil ni la lune n’illuminaient encore le monde. aucun selon les philosophes qui disaient qu’un nouveau soleil se lève chaque jour. Car ils disaient que le soleil, qui est constitué d’atomes, le soir se dissout en atomes. Ou lire, selon ceux qui disent qu’il y avait deux soleils, un à l’est et un autre à l’ouest. Ou aucun Titan au lieu de ‘pas de Titan’, comme dit Térence : « Je ne suis personne. Je suis mort ».
11.nouvelles ses propres ; réparaitles cornes formait de nouveau, car la lune croît et décroît.
12.
ni environnant : la terre avait partout le même poids, de manière que l’air pouvait se répandre équitablement autour d’elle. Et c’est pour cela qu’il dit équilibré, parce que ce qui est d’un poids mesurable est suspendu par l’équivalence de son propre poids, ainsi la terre était suspendue par l’air dû à son poids égal, car si la terre pesait plus à un endroit qu’à un autre, elle serait instable.
13. équilibrée maintenue avec équilibre ; bras extensions.
Il appelle bras les deux mouvements de l’Océan, deux à l’est et deux à l’ouest, dont deux se rejoignent aux pôles Arctique et Antarctique. Et de cette collision vient cet accroissement fréquent et bien connu de l’Océan.
14. de la marge de l’extrémité ; Amphitrite la grande mer – ce vers est spondaïque.
15. la terre la substance de la terre ; la mer la substance de la mer ; l’air la substance de l’air.
partout où il y avait de la terre là : l’auteur emploie une polysyndète, une abondance de conjonctions. Quand des conjonctions copulatives sont placées ensemble en abondance, nous avons une polysyndète, parce qu’une seule conjonction suffirait. La figure contraire est l’asyndète, quand il y a une absence de conjonctions copulatives.
16.ainsi dans cette confusion ; instable pour que l’homme puisse s’y tenir debout ; était impropre à la navigation.
ainsi était c’est-à-dire comme tout était mélangé, tout manquait de sa propre propriété. Et pour cela nous lisons et ainsi, puisque la terre était inhabitable etc. Ou bien il faut lire comme chaque chose était ainsi, dis-je, mélangée, elles étaient dans cette partie ou cet amas dans lequel était la terre etc.
17. de lumière de clarté ; était privé ; aucun des éléments ; sa forme la sienne propre, qui lui est donnée maintenant.
5018. aliis elementis ; alivd elementum ; corpore in vno in una congerie uel massa.
19. frigida ut terra et aqua ; calidis cum aere et igne ; hvmencia aer et aqua ; siccis cum terra et igne.
20. mollia aer et ignis ; dvris cum terra et aqua ; cum hiis que erant sine pondere, scilicet aere et igne ; habencia pondvs terra et aqua.
mollia cum duris : mollia ignis et aer cum duris cum aqua et terra, que dura dicuntur, quia durantur in grandinem et glaciem et aqua transit in terram, sicut ipse dicit in ultimo per Pictagoram : « Tellus glomerata cogitur unda » ; quia unda cauat lapidem20.
21. hanc litem hec sic discordancia21 ; melior natvra natura creans que melior est ; diremit diuisit.
melior natura id est efficacior et operosior. Vel melior natura elementorum que ad hoc laborabat ut ‹se›pararentur. Vel melior natura id est magis faciens quam anima. Vel melior id est meliorans. Vel melior quam prius22.
22. nam et uere diuisit ; celo a ; terris a ; abscidit extraxit et diuisit.
23. liqvidvm subtile ; spisso respectu celi ; secrevit diuisit.
24. qve supradicta ; evolvit extra uolucionem illam posuit que prius erant inuoluta ; acervo a chao.
ceco ab effectu, quia obcecat intelligentem. Sicut enim uidendo tenebras nichil uidemus, audiendo silentium23 nichil audimus, sic intelligendo ylem nichil intelligimus.
Vel ceco id est confuso quia cecitas maximam facit confusionem in homine. Vel ceco id est indiscreto et obcecante. Vel ceco id est confuso iterum quia « tenebre ferebantur super faciem abyssi ».
25. dissociata disiuncta ; locis secundum loca ; concordi pace aurea cathena.
concordi epiteton est pacis quod sit concors per copulam scilicet ipsius numeri quam habuit Deus exemplar rebus creandis, unde Boetius : « Qui numeris elementa ligas ». concordi quia licet discrepent in sui natura,
5118. aux autres éléments ; un élément ; dans un seul corps dans un amas ou une masse.
19. les éléments froids comme la terre et l’eau ; aux éléments chauds l’air et le feu ; les éléments humides l’air et l’eau ; aux éléments secs la terre et le feu.
20. les éléments mous l’air et le feu ; aux éléments durs la terre et l’eau ; ceux qui ont du poids la terre et l’eau ; à ceux qui sont sans poids à savoir l’air et le feu.
les éléments mous aux éléments durs : les mous, le feu et l’air, aux durs, avec l’eau et la terre qui sont dits durs puisqu’ils se solidifient en grêle et glace et que l’eau est transformée en terre, tout comme l’auteur dit dans son dernier livre par le biais du personnage de Pythagore : « L’eau compressée se solidifie en terre » ; ou parce que l’eau creuse la pierre.
21. cette lutte ces choses qui étaient en discorde ; une nature meilleure la nature qui crée, qui est meilleure.
une nature meilleure c’est-à-dire plus efficace et laborieuse. Ou la nature meilleure des éléments qui s’efforçaient de se séparer. Ou une nature meilleure pour dire qui accomplit plus que l’âme. Ou meilleure c’est-à-dire qui améliore. Ou meilleure par rapport à avant.
22. de fait et vraiment divisa ; du ciel ; de la terre ;sépara retira et divisa.
23. limpide subtil ; épais en ce qui concerne le ciel.
24. ces choses susdites ; il débrouilla il plaça en dehors de ce tourbillon ces choses qui étaient préalablement embrouillées.
aveugle par l’effet, car il aveugle celui qui essaye de comprendre. Car en regardant dans les ténèbres nous ne voyons rien, et en écoutant le silence n’entendons rien, ainsi en essayant de comprendre la hylé nous ne comprenons rien.
Ou aveugle pour dire confus, puisque l’aveuglement produit la plus grande confusion chez l’homme. Ou aveugle non séparé et aveuglant. Ou aveugle, encore, confus, puisque « les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme ».
25. à leur place en accord avec leur place ; par la paix concordante par la chaîne d’or.
concordante : c’est une épithète de la paix, qui peut être concordante par la jonction de ce nombre que Dieu tient comme exemplaire de la création. Voir Boèce : « Toi qui attaches les éléments par les nombres ». concordante puisque même si ces éléments sont en désaccord dans leur 52tamen in rebus creandis conueniunt. Vel pax ista que concordiam tulit consideratur in qualitatibus, uel in equo pondere, uel in distanti‹a›. Diuerse sunt qualitates quibus duo extrema, ignis et terra, uel aqua, ligantur per media, id est aquam et aerem, uel aqua per terram, secundum quosdam, participando cum eisdem qualitatibus ; in equo pondere ut quanto aqua superet terram, in tanto superetur ab aere et ignis superet aera ; in distancia uero ut equis in distanciis a se inuicem distent. Vel pace concordi id est aurea cathena secundum Macrobium.
concordi pace : quibusdam proporcionibus quibus se habent calida ad frigida et e contrario et humida ad sicca et e contrario. Dicit enim Macrobius quod terra habet duas proprietates, est enim frigida et sicca, aqua frigida et humida, aer humidus et calidus, ignis calidus et siccus. Terra et ignis in siccitate conueniunt, terra et aqua in frigiditate, aqua et aer in humiditate, aer et ignis in calore. Hanc elementorum ligaturam appellat Macrobius auream cathenam24.
26. ignea ignee nature est ; convexi equaliter curuati.
ignea uis : ita coniuncta sunt elementa, set quam in diuersis locis et quare est exsequitur dicens : igneauis celi conuexi equaliter curuati. Conuexum est et concauum et rotundum. ignea uis dicit quia uiolencius est elementis.
27. emicvit in altum et extra25 saliit ; locvm mansionem ; legit elegit.
28. proximvs quia leuius est elementum post ignem, ideo iuxta illum positus est.
29. densior ponderosior, minus leuis ; tellvs est ; traxit ad se.
elementa grandia id est grandes elementorum partes terre, scilicet et montes et siluas et lapides que secundario elementa sunt. Vel grandia elementa id est grandem numerum elementi. Vel grandia elementa id est elementata id est elementum scilicet aquam que propter participacionem proprietatum et ponderis equalitatem ei est continuata. Est autem elementum corpus sub lunari globo positum duabus qualitatibus contemptum26.
53nature, ils se rassemblent quand ils créent de la matière. Ou la paix, qui amène la concorde, est considérée selon ses qualités, à savoir selon le poids ou selon la distance. Diverses sont les qualités par lesquelles deux éléments aux extrêmes, comme le feu et la terre ou l’eau, sont liés par des éléments intermédiaires, c’est-à-dire par l’eau et l’air – ou, selon certains, l’eau par la terre – en partageant des mêmes qualités. Selon le poids, de sorte que l’eau s’élève au-dessus de la terre de la même mesure que l’air s’élève au-dessus de l’eau et le feu de l’air. Selon la distance, de sorte que les éléments soient à même distance les uns des autres. Ou par la paix concordante c’est-à-dire par la chaîne d’or, selon Macrobe.
par la paix concordante : dans certaines proportions qui existent entre le chaud et le froid et vice-versa et l’humide et le sec et vice-versa. Macrobe affirme en effet que la terre a deux propriétés, car elle est froide et sèche, tandis que l’eau est froide et humide, l’air est humide et chaud et le feu est chaud et sec. La terre et le feu s’assemblent par leur sécheresse, la terre et l’eau par leur froideur, l’eau et l’air par leur humidité et l’air et le feu par leur chaleur. Macrobe nomme ce lien entre les éléments la chaîne d’or.
26. ignée qui est de nature ardente ; du ciel convexe la voûte du ciel courbé de manière égale.
la force ignée : ainsi les éléments sont joints, mais dans quels endroits et pourquoi il en est ainsi, l’auteur continue de l’expliquer en disant : la force ignée de la voûte du ciel courbé de manière égale. Ce qui est convexe est à la fois concave et rond. Il dit la force ignée car le feu est le plus violent des éléments.
27. s’élança sauta vers le haut et vers dehors ; une place une maison.
28. le plus proche car, après le feu, l’air est l’élément le plus léger et donc il est placé près de lui.
29. la terre est plus dense plus lourde, moins légère ; entraînavers elle-même.
les grands éléments c’est-à-dire les grandes parties des éléments de la terre, à savoir les montagnes et les forêts et les pierres, qui sont des éléments en positions secondaires. Ou les grands éléments pour dire un grand nombre d’un élément. Ou grands éléments pour dire composés d’éléments, à savoir l’élément de l’eau qui, par les propriétés et le poids qu’il a en commun avec la terre, est lié à cette dernière. Un élément est un corps placé sous le globe de la lune, satisfait des deux qualités.
5430. pressa depressa ; gravitate per, quia27 grauitas est causa depressionis ; circvmflvvs hvmor circum terram fluens, id est mare.
31. vltima loca ; coercvit citra tenuit28 ; orbem terram orbiculatam.
possedit ultima non quod ultimum sit elementum, set quantum ad humanam oppinionem. Mare enim multum alcius est terra, set non29 superfunditur. Verbi gratia : sumas uas plenum aqua et filum superducas, in medio uergetur filum. Rotunda est autem terra et ideo alcior uidetur. Vel ultima dicit quia ultima, id est marginem terre, circumdat.
orbem id est terram que spericum corpus est et unum pendet ex altero, quia enim cohercuit, id est solidauit. Nisi enim aqua solidaretur, terra in puluerem fortasse resolueretur30.
32. dispositam ordinatam ; qvisqvis fvit non audebat hoc Ioui attribuere sciens unum Deum uerum esse31.
sic ubi : postquam singulis elementis locum dedit, eorundem uarietatem, facto epilogo, describit dicens sic etc. Per hoc quod dicit quisquis etc. uidetur quod de Christo aliquid in animo senciebat.
sic ubi disposita etc. : postquam egit actor de situ elementorum, agit de ornatu eorum. Per hoc quod dicit quisquis innuit actor quod non fuit ille deus Mars neque Venus neque alius deorum. Attendamus ergo quod una est causa omnium rerum et unus est a quo omnia sunt, tamen actor non audens dicere, propter hoc dicit sub dubio. Non audebat32 enim hoc atribuere Ioui, sciens unum esse Deum, cui non audebant gentiles ullum simulacrum facere nec ei nomen imponere, et ideo eum appellabant ignotum ; aram cuius apud Athenas Dyonisius Ariopagita ostendit sancto Paulo dicens : ‘Hec est ara dei ignoti’. Cui Paulus : ‘Quem ignotum uocas solus ille notus est et incepit notus in Iudea Deus’. Et tunc ad fidem Dyonisius est conuersus.
33. congeriem massam ; secvit diuisit.
in membra id est diuersitatem : ubi enim sunt membra, ibi est diuersitas, quia si nec diuersitas, nec membra. Vel in membra id est in quattuor partes, scilicet elementa.
34. principio in ; ne non ut.
5530. Par son poids, puisque son poids est la cause de son abaissement ; le liquide répandu coulant autour de la terre, à savoir la mer.
31. la dernière place ; le globe la terre qui a la forme d’un globe.
occupa la dernière place, non pas parce que l’eau est le dernier des éléments, mais parce que telle est l’opinion des hommes. Car la mer est bien plus haute que la terre, mais ne se répand pas sur celle-ci. Par exemple, prenons un vase plein d’eau et plaçons un fil par-dessus : au milieu le fil se courbe. La terre, en outre, est ronde et paraît par conséquent plus haute. Ou il dit dernière place parce que l’eau encercle les parties les plus reculées, pour ainsi dire les marges de la terre.
le globe c’est-à-dire la terre qui a un corps sphérique et un élément dépend de l’autre, puisque l’eau contient la terre c’est-à-dire qu’elle la rend solide. Car si la terre n’était pas rendue solide par l’eau, elle serait probablement dissoute en poussière.
32. quel qu’il fût il n’ose pas attribuer cet acte à Jupiter, sachant qu’il n’y a qu’un seul vrai Dieu.
quand ainsi : après avoir donné une place à chacun des éléments, dans un épilogue il décrit leurs variétés en disant ainsi etc. Avec les mots quel qu’il fût etc. il semble avoir quelque conscience du Christ.
quand ainsi séparée etc. : après que l’auteur a traité de la position des éléments, il parle de leur ornement. Par le fait que l’auteur dise quel qu’il fût il insinue que ce dieu n’est pas Mars ou Vénus, ou quelque autre dieu. Reconnaissons donc qu’il y a une seule cause pour la création et un seul par lequel tout vient à exister. L’auteur, cependant, n’ose pas le dire explicitement, mais le laisse entendre. Il n’a pas osé l’attribuer à Jupiter, sachant qu’il y a un seul Dieu, pour lequel les païens n’osent pas ériger de statues ou donner de nom, c’est pour cela qu’ils l’appellent ‘inconnu’. Denys l’Aréopagite montre son autel à saint Paul à Athènes en disant : « Ceci est l’autel du dieu inconnu ». Paul répond : « Celui que tu appelles dieu inconnu est connu comme le seul Dieu en Judée ». C’est à ce moment que Denys se convertit à la foi chrétienne.
33.
en parts c’est-à-dire en diversité : où il y a des parts, il y a de la diversité, car s’il n’y a pas de diversité, il n’y a pas de parts. Ou en parts, pour dire en quatre parties, c’est-à-dire les éléments.
34. Au commencement.
5635. glomeravit spericam formam ei dedit ; magni orbis id est firmamenti uel33 rotunditatis.
in speciem magni orbis id est in similitudinem magni celi qui magnus orbis dicitur, quia in se alia continet elementa.
36. diffvdit circa terram.
tum : propter hoc quod erat glomerata in ea freta diuisit34.
[ f. 1v ]
37. ambite a mari ; litora horas uel extremitates35.
ambite id est ambiende, quia adhuc non erat ambita. Omnia uerba composita a ‘queo’ uel ab ‘eo’ corripiunt penultimam in supino preter ‘ambio’.
circumdare non ad uentos, set ad mare referendum est.
38. fontes a fundo, -dis ; stagna stantes aquas in superficie terrarum.
lacus id est profundas aquas ; uel lacus proprie sunt aque coadunate in uisceribus terre36.
39. flvmina a fluo, -is ; obliqvis ripis propter ripas non rectas.
40. qve flumina ; locis in ; partim in parte ; sorbentvr ab ipsa ut Alpheus et Arethusa.
41. in mare pervenivnt uel per se uel per alios fluuios37 ; campo capacitate ; recepta flumina scilicet.
42. liberioris liberiorem meatum habentis ; aqve maris.
in mare perueniunt partim uel per se uel per alios et ita recepta in campo liberioris aque id est maris, unde quidam dicunt quod litora sunt maris, ripe fluuiorum, margo foncium, unde uersus : « Margo tenet fontes, mare litus, ripa fluentum ». Mare dictum est quasi amarum ; cum mare sit omnium aquarum receptaculum, tamen numquam redundat, quia per ocultos meatus ad suos alueos redeunt ut inde fluant, unde Virgilius : « Omnia sub magna labencia flumina terra ». Lucanus : « At Tygrin subito tellus absorbet hiatu ».
liberioris : liberior enim est aqua in mari quam in alueis fluminum strictorum.
5735. il la réunit il lui donna une forme sphérique ; d’un grand globe à savoir du firmament ou de la rotondité.
sous la forme d ’ un grand globe c’est-à-dire sous l’apparence du grand ciel, qui est appelé grand globe car il contient les autres éléments en lui-même.
36.il répandit tout autour de la terre.
alors : comme il avait réuni la terre, Dieu divisa les mers sur sa surface.
[ f. 1v ]
37. entourée par la mer ; les rivages les côtes ou les extrémités.
entourée, c’est-à-dire destinée à être entourée, car elle ne l’était pas auparavant. Tous les verbes composés de ‘queo’ (pouvoir) ou ‘eo’ (aller) raccourcissent la syllabe pénultième dans le supin, à l’exception de ‘ambio’ (entourer).
se répandre autour ceci ne doit pas se rapporter aux vents mais à la mer.
38. fontes (sources) du verbe ‘fundo, -is’ (verser) ; les étangs de l’eau qui stagne sur la surface de la terre.
les lacs c’est-à-dire des eaux profondes. Ou, au sens propre, les lacs sont des eaux accumulées dans les entrailles de la terre.
39. flvmina (fleuves) du verbe ‘fluo, -is’ (couler) ; des rives obliques à cause de leurs rives qui n’étaient pas droites.
40. qui les fleuves ; dans des lieux ; sont absorbés par elle-même comme Alphée et Aréthuse.
41. parviennent jusqu’à la mer par eux-mêmes ou par d’autres fleuves ; reçus les fleuves, évidemment.
42. plus libres ayant un cours plus libre ; des eaux de la mer.
parviennent en partie jusqu ’ à la mer, par eux-mêmes ou par d’autres fleuves, et par conséquent reçus dans la plaine des eaux plus libres, c’est-à-dire de la mer. C’est pourquoi certains disent que les côtes appartiennent à la mer, les rives aux fleuves et les bordures aux sources ; voir le vers : « Les bordures contiennent les sources, les côtes la mer et les rives les fleuves ». La mer (‘mare’) tire son nom de son amertume (‘amarum’). Et bien que la mer soit le réceptacle de toute eau, elle ne déborde jamais, puisqu’elle retourne dans ses canaux par des sentiers cachés pour qu’elle puisse couler de là. C’est pourquoi Virgile dit : « Tous les fleuves qui coulent sous la grande terre ». Et Lucain : « Et soudainement, la terre absorbe le Tigre dans une fente ».
plus libres : l’eau dans la mer est plus libre que celle dans les canaux qui ont un écoulement plus restreint.
5843. Et ivssit ille deus ; extendi campos extensos et latos fieri ; valles terre demissiones.
extendi campos : plana enim loca uidentur extendi, set in locis concauis et in uallibus uidentur implicari.
44. tegi silvas iussit ; lapidosos quia ; svrgere eleuari ; montes iussit38.
45. vtqve pro quod uel sicut – si pro quod, repetatur iussit ; dextra ab Austro ; celvm id est aera ; sinistra a parte septemtrionali39.
utque due dextra : descripto transitu terre, eius describit temperiem quam de celi temperie concipit. Notandum est autem quod uoluit Deus quinque zonas esse in aere, quarum media est ardencior. Totidem uero zonas uoluit Deus esse in terra, duas in dextra, alias duas in sinistra, quintam in medio. Quattuor uero illarum dicuntur habitabiles ; due dicuntur habitabiles actu et possibilitate, scilicet una a dextra, reliqua a sinistra ; alie enim possibilitate tantum, quia de actu nescimus. Media uero dicitur inhabitabilis propter nimium calorem. Due uero que tantum possibilitate sunt habitabiles frigidissime dicuntur. Relique due, que possibilitate et actu habitabiles sunt, dicuntur temperate, quia ex nimio calore medie zone que propter nimium calorem solis inhabitabilis est, et ex frigiditate reliquarum duarum, que possibilitate habitabiles sunt et dicuntur frigidissime, ille due habitabiles actu et possibilitate temperate esse dicuntur et ideo habitabiles. Set hic debet notari quod sol superpositus est recto diametro superficiei terre et dicitur esse maior nouies terra. Terra enim minima est respectu solis. Queri potest quare media zona sit inhabitabilis propter nimium calorem solis et due frigidissime dicantur40, et sol qui nouies est maior terra tanti caloris sit, debet enim frigidissimas zonas comburere. Ad hoc potest assignari talis similitudo : terra est rotunda et sol similiter, et omne corpus rotundum magis ostendit umbram suam ad obliqum quam ad rectum, et ubi umbra minor est, calor est maior. Et ut melius cognoscatur, talis potest induci similitudo : accipiat quilibet duas pilas que sunt corpora
5943. Et ce dieu ordonna aux plaines de s’étendre de devenir étendues et vastes ; aux vallées les affaissements de la terre.
aux plaines de s ’ étendre : car les surfaces plates semblent s’étendre, mais dans les vallées ou les endroits concaves elles semblent se resserrer.
44.Il ordonna aux forêts de se couvrir ; rocheuses parce que ; il ordonna aux montagnes de surgir de se soulever.
45. vtqve pour ‘quod’ ou pour ‘sicut’ et s’il est utilisé pour ‘quod’, il faut répéter il ordonna ; à droite au sud ; le ciel c’est-à-dire l’air ; à gauche au nord.
comme deux zones à droite : ayant décrit la transition de la terre, il décrit maintenant l’équilibre qu’elle tire de l’équilibre du ciel. On doit remarquer que Dieu voulait cinq zones dans l’air, celle du milieu étant plus chaude. Dieu souhaitait qu’il y ait le même nombre de zones sur la terre, deux à droite, deux autres à gauche et la cinquième au milieu. Quatre d’entre elles sont prétendues habitables. Deux sont prétendues habitables en théorie et en pratique, à savoir une à droite et l’autre à gauche, les autres sont seulement habitables en théorie, puisque nous n’en savons rien dans les faits. Et la zone centrale est prétendue être inhabitable à cause de son excessive chaleur. Les deux qu’on dit habitables seulement en théorie sont les plus froides. Les deux restantes, qui sont habitables en théorie et en pratique, sont appelées tempérées, car, dû à l’excessive chaleur de la zone médiane – qui est inhabitable à cause de la chaleur du soleil – et dû au froid des deux autres – qui sont seulement théoriquement habitables et qu’on appelle glaciales –, ces deux zones tempérées sont considérées comme habitables en théorie et en pratique et sont habitées. Mais il faut noter que le soleil est placé à la perpendiculaire de la surface de la terre et est considéré faisant neuf fois la taille de la terre. Car la terre est minuscule en comparaison au soleil. Ainsi on peut se demander comment la zone médiane est inhabitable à cause de la chaleur intolérable du soleil alors que deux zones sont prétendues les plus froides ; et le soleil, qui est neuf fois plus grand que la terre, possède une telle chaleur qu’il devrait même brûler les zones les plus froides. Pour résoudre le problème nous pouvons appliquer l’analogie suivante : les deux, la terre et le soleil, sont des corps ronds. Chaque objet rond étend son ombre plus largement de façon oblique que rectiligne, et là où il y a moins d’ombre, la chaleur est plus forte. Pour comprendre mieux, on peut recourir à une autre similitude : prenons deux balles 60rotunda et iungat illas ; que si iungantur in medio, tamen latera earum magis elongantur. Similiter sol est rotundus et terra rotunda, que licet in medio iungantur, tamen latera eorum a se distant. Et quia sol tangit superficiem terre magis quam latera, ideo illa zona est estu inhabitabilis propter solis uicinitatem ; quia uero due frigidissime inhabitabiles sunt, hoc est per solis remotionem.
46. secant diuidunt ; qvinta quantum ad numerum, non ordine41 ; ardencior magis ardens, uel non fiat uis in comparatione42.
47. honvs terram honerosam ; nvmero zonarum.
sic : sicuti distinxit celum, eodem modo distinxit terram que est in medio clausa.
honus id est terram que dicitur ponderosa, quia corpulenta est ; inclusum id est inclusam inter elementa. Terra enim dicitur inclusa ab elementis quia media est et infima. Omne enim medium in corpore rotundo est infimum.
eodem : non dicit tamen quod in terram e celo ueniat, set sicut Deus fecit illud in celo, sic et in terra.
48. cvra dei deus curiosus ; totidem quot in celo ; plage zone scilicet.
‹ plage › « Plāga uirum tristem reddit, ceruum plăga fallit, | set plăga pro zonis sensum prebet regionis : | nunc cingunt zone, nunc signant pro regione ».
Bene dicit premuntur quia quicquid est in terra pressum est.
49. qvarvm plagarum ; qve illa ; estv propter.
50. nix frigiditas ; tegit occupat ; alta profunda ; dvas extremas ; totidem duas scilicet ; inter vtramqve istarum, frigidam et torridam.
51. dedit illis duabus ; flamma calore.
flamma : et ita temperate sunt ille due que sunt in medio ubi uiuimus.
52. imminet superest ; hiis zonis ; qvi senarius ; pondere binario numero.
imminet etc. Construe : aer imminet hiis scilicet regionibus qui quanto est pondere leuior id est minus ponderosus pondere aque, aque dico leuioris, pondere terre tanto est honerosior id est minus leuis igne id est igneo celo. Vel ostendit ita quod per proporcionem numeri explicetur sensus : per 61qui ont un corps rond et joignons-les. Bien qu’elles touchent au milieu, leurs côtés s’étendent plus loin. Ainsi le soleil et la terre sont ronds et même s’ils sont joints au milieu, leurs côtés vont se trouver à distance les uns des autres. Et comme le soleil touche la surface médiane de la terre plus que ses côtés, ainsi cette zone est inhabitable par la chaleur, à cause de la proximité du soleil. De manière similaire les deux zones glaciales sont considérées inhabitables à cause de l’éloignement du soleil.
46. la cinquième en relation à l’énumération et non au rang ; ardencior plus chaude, ou bien il n’y a pas une vraie comparaison.
47.la masse la terre massive ; nombre de zones.
ainsi : tout comme il divisa le ciel, il divisa la terre qui est contenue au milieu.
masse c’est-à-dire la terre qui est dite lourde à cause de sa grandeur ; enfermée, c’est-à-dire enfermée parmi les éléments. La terre est considérée être enfermée par les éléments, parce qu’elle est au milieu et au rang le plus bas. Tout ce qui est au milieu d’un corps rond est au rang le plus bas.
même : il ne dit pas que cela vient du ciel à la terre, mais tout comme Dieu créa les zones dans le ciel, il les fit aussi sur la terre.
48. les soins du dieu le dieu soigneux ; autant que dans le ciel ; régions, les zones évidemment.
‹ plage › (régions) « ‘Plāga’ (blessure) rend l’homme triste, ‘plăga’ (le filet) trompe le cerf, et ‘plăga’ (région) pour les zones donne le sens de région : une ‘zona’ peut être une ceinture ou bien indiquer une région ».
Il dit bien premuntur (sont empreintes), car ce qui se trouve sur la terre est comme une empreinte.
49. parmi lesquelles régions ; celle qui ; à cause de la chaleur.
50. la neige le froid ; deux les extrêmes ; autant deux évidemment ; entre les deux, celles-ci, la région froide et la région torride.
51. il donna à ces deux-là ; la flamme la chaleur.
la flamme : et ainsi ces deux zones qui se trouvent au milieu, où nous vivons, sont tempérées.
52. elles les zones ; qui six fois ; poids deux fois.
est au-dessus etc. Construis ainsi : l’air est au-dessus d’elles, c’est-à-dire des régions ; autant il est plus léger, c’est-à-dire moins lourd, que le poids de l’eau, de l’eau, dis-je, plus légère que le poids de la terre, autant il est plus lourd, pour dire moins léger, que le feu, c’est-à-dire le ciel flambant. Ou alors l’auteur montre que le sens peut être expliqué par une proportion numérique. Ainsi 62terram ergo accipiamus binarium, per aquam quaternarium, per aera senarium, per celum octonarium. Senarius excedit quaternarium in duobus, binarium in quattuor ; et ita quanto magis binarium quam quaternarium, tanto minor est octonario. A simili quanto aer est leuior pondere aque quam pondere terre tanto est honerosior igne. Vel aliter : pondus eorum uocat43 benignitatem eorum. Pondus ergo terre est illud quod est medium frigiditatis et siccitatis, quarum magna est affinitas. Pondus aeris est humor et calor, quorum maius est pondus quia ex istis duobus omnia procreantur. Pondus celi est calor et siccitas, quorum pondus excedit alia, quia originem confert spirituum ; et hoc exigit littera. Construe : quanto aer est leuior id est melior pondere terre id est ualore et pondere aque, tantoest honerosior igne id est deterior pondere ignis.
53. pondere quaternario ; aqve aque, dico, leuioris ; igne octonario numero.
54. illic in aere.
55. ivssit deus uel cura dei ; hvmanas hominum ; tonitrva iussit consistere44.
mentes maxime nephariorum quos peccati conscientia reprehendit. Vnde Iuuenalis : « Hii sunt qui trepidant et ad omnia fulgura pallent ».
56. et iussit consistere45.
uentos cum fulminibus facientes frigora quia de uentis et fulminibus habent frigora procreari46. Vel uentos facientes frigora cum fulminibus quia fulmina et frigora habent originem a uentis.
57. non passim communiter ; mvndi fabricator Deus ; habendvm ad libitum.
Sicut superius per terram freta diuisit, ita et uentos ut Boream et Eurum per aerem. Ordo : hiis quoque sicut nebulis et nubibus etc. Quasi diceret : diuina dispositio non concessit uentis quod in omnibus locis essent, immo locum proprium cuilibet assignauit. Vel passim id est communiter, quia non concessit eis Dominus insimul flare set uicissim.
58. permisit concessit ; quia vix ; nvnc in tempore isto ; illis uentis.
59. cvm pro quamuis ; qvisqve uentorum ; tractv prouincia.
63représentons-nous la terre comme le double ; l’eau le quadruple ; l’air le sextuple et le ciel l’octuple. Le sextuple est plus grand que le quadruple par deux et plus grand que le double par quatre. Ainsi autant de fois que le double est moins grand que le quadruple, par la même quantité le sextuple est moins grand que l’octuple. Similairement autant l’air est plus léger que le poids de l’eau,que le poids de la terre, autant il est plus lourd que le feu. Ou, autrement : l’auteur appelle la qualité des éléments leur poids. Ainsi le poids de la terre est celui qui est entre le froid et le sec, dont l’affinité est grande. Le poids de l’air est l’humidité et la chaleur, dont le poids est plus grand que les autres, car toutes choses sont générées par ces deux choses. Le poids du ciel est la chaleur et le sec, dont le poids excède celui des autres parce qu’il confère la source des esprits. Et ceci est ce que demande le texte. Construis : autant l’air est plus léger pour dire meilleur que le poids de la terre,c’est-à-dire sa valeur, et que le poids de l’eau, autant il est plus lourd que le feu, c’est-à-dire plus mauvais que le poids du feu.
53. poids quadruple ; que l’eau que l’eau, dis-je, plus léger ; que le feuoctuple.
54. là dans l’air.
55. ordonna le dieu ou les soins du dieu ; humains des hommes ; il ordonna aux tonnerres de rester.
les esprits spécialement des méchants qui sont profondément troublés par la conscience de leurs péchés. Voir Juvénal : « Ce sont ceux qui ont peur et deviennent pâles à chaque éclair ».
56. et il ordonna de rester.
les vents qui engendrent avec les foudres les frissons car les frissons tirent leur origine des vents et des foudres. Ou bien les vents qui engendrent les frissons avec les foudres car les foudres et les frissons tirent leur origine des vents.
57. l’architecte du monde Dieu ; l’avoir à volonté.
Tout comme il divisa les mers par la terre, il divise par l’air les vents, comme Borée et Eurus. Voici l’ordre : à eux comme le brouillard et les nuages etc. Comme s’il disait : la disposition divine n’accorda pas aux vents d’habiter tous les emplacements, mais avait assigné à chacun sa propre place. Ou partout c’est-à-dire en commun, comme le Seigneur n’accorda pas aux vents de souffler tous ensemble, mais alternativement.
58. Parce que à peine ; maintenant à cette époque ; eux les vents.
59. chacun des vents.
6460. lanient dissoluant ; mvndvm partes mundi ; tanta est discordia et ideo fecit47.
‹ fratrum › uentorum qui fratres dicuntur, quia ex eodem aere nascuntur, uel quia in eodem aere regnant. Vel secundum fabulam filii fuerunt Aurore et Astrei Gigantis qui fuit unus de Titanibus : uenti ideo ex Aurora nati finguntur quia sole occidente et oriente frequenter uenti mutantur.
61. Evrvs ab Eoo ruens dicitur ; ad Avroram ad regionem illam ; Nabathea orientalia ; regna ubi Nabaot regnauit.
Eurus : uere quisque regit suam partem, quia hoc modo sunt dispositi.
Auroram quasi aurea hora dicitur.
Nabathea id est orientalia. Nabaoht ibi regnauit, primogenitus Ysmaelis filii Abrahe ; uel Nabathei populi sunt in oriente ; Perse, Medii, Armenii in oriente populi sunt48.
Eurus ad Auroram : dictum est superius quod constituit Deus uentos et commisit eis aera habendum, set non communiter, quia Eurus etc. Hic notanda est origo uentorum. Nota quod in celo posuit Deus fontem totius caloris et in terra fontem totius humoris. In oriente uero Deus constituit duo flumina, unum quod nascitur apud antipodes, reliquum quod nascitur in orientali habitabili. Egrediente uero fluuio qui nascitur apud antipodes et labente uersus orientem obuiat illi fluuio qui nascitur in oriente, et dum sibi49 obuiant, magnum conflictum faciunt, et inde oritur uentus orientalis qui dicitur Eurus. Illi uero fluuii sibi obuiantes faciunt ex se duos riuulos qui labuntur circa terram, quidam uersus australem, quidam uersus septemtrionem. Alios uero duos fluuios uoluit Deus esse in occidente : unus oritur de regione antipodum, alius uero de regione occidentali, in quorum occursione, sicut de aliis duobus diximus, fit magnus conflictus, et inde oritur quidam uentus qui dicitur Zephirus. Illi uero sibi obuiantes ex se faciunt duos riuulos : unus labitur uersus australem regionem, alter uersus septemtrionem. Riuulis orientalis fluuii et occidentalis sibi obuiantibus, fit conflictus, unde oritur uentus qui dicitur Boreas et est septemtrionalis. A parte australi sibi obuiantibus riuulis orientis et occidentis fit conflictus et inde oritur uentus qui dicitur Auster. Quandoque autem est uelocior fluuius orientalis quam occidentalis 6560. le monde les parties du monde ; si grande est la discorde et c’est pour cela qu’il le fit.
‹ entre les frères › les vents, qui sont appelés frères parce qu’ils sont issus du même air ou parce qu’ils règnent dans le même air. Ou selon la fable ils étaient les fils d’Aurore et d’Astrée le Géant qui était l’un des Titans. L’on imagine que les vents descendent de l’Aurore car les vents changent souvent à l’aube ou au crépuscule.
61. l’Eurus est appelé ainsi ‘ab Eoo ruens’ (parce qu’il se précipite de l’aube) ; vers l’Aurore vers cette région ; le royaume des Nabatéens à l’est, où régna Nabaïoth.
Eurus : chaque vent règne sur sa propre région, puisqu’ils sont ainsi placés.
Aurore proche de ‘aurea hora’ (heure dorée).
Nabatéens, pour dire de l’est. Nabaïoth régnait là-bas, le premier né d’Ismaël, fils d’Abraham ; ou bien les Nabatéens sont un peuple d’orient. Les Perses, les Mèdes, les Arméniens sont des peuples d’orient.
l ’ Eurus vers l ’ Aurore : plus haut nous avons dit que Dieu créa les vents et leur confia l’air, mais pas en commun, car l’Eurus etc. Ici on doit noter l’origine des vents. Notons que Dieu plaça la source de toute chaleur dans le ciel et la source de toute humidité sur la terre. À l’est, Dieu plaça deux fleuves : un qui naît des Antipodes, l’autre qui naît de la région orientale habitable. Le fleuve qui naît des Antipodes et coule vers l’orient croise le fleuve qui naît en orient, et quand ils se rencontrent ils créent un grand conflit qui donne son origine à l’Eurus, le vent de l’est. Quand les fleuves se rencontrent, ils créent deux ruisseaux qui coulent autour de la terre, l’un vers le sud, l’autre vers le nord. Dieu voulut qu’il y ait deux autres fleuves en occident : l’un naît des Antipodes, l’autre de la région occidentale ; comme nous venons de le dire à propos des deux autres, de leur conflit naît un vent appelé Zéphyr. Quand ces fleuves se rencontrent, ils créent deux ruisseaux : l’un coule vers le sud, l’autre vers le nord. Quand les ruisseaux des fleuves occidental et oriental se rencontrent, ils font un conflit, d’où naît le vent du nord qui est appelé Boréas. Et quand les fleuves de l’orient et de l’occident se croisent venant des régions australes, un autre conflit en résulte duquel naît le vent appelé Auster. Parfois cependant, le fleuve oriental est plus rapide que
66et obuiant sibi ultra medium uel citra et e contrario, et inde oriuntur uenti collaterales ut Nothus, Vulturnus et alii. Alia enim potest assignari origo uentorum : dicunt enim quod uentus nichil aliud est quam aeris motus. Aer uero quia humidus et in hoc ponderosus descendit et includit se in cauernis terre ; quodam etiam motu aeris incluso in cauerna et uolente exire, alio uero uolente intrare fit conflictus, unde dicuntur uenti oriri. Eolia enim regio multum est cauernosa, unde Eolus dictus est rex uentorum. Per hos uersus possunt cognosci principales uenti et ipsorum collaterales : « Circinus et Boreas, Aquilo, Vulturnus et Eurus, | Subsolanus agunt proprietatis opus ; | Affricus et Zephirus, Chorus, Nothus, Auster et Euro | Auster ab oppositis bella minantur eis ».
62. Persidaqve illam terram ; ivga moncium ; svbdita matvtinis submissa soli.
63. vesper regio occidentalis ; sole tendente ad occasum.
que litora sole tepescunt : tepere uidentur nobis, set50 non est sic. Sole enim tendente ad occasum et descendente in mare littora non51 tepescunt immo52 calescunt, sole illuc tendente ; set quantum ad nos tepescunt quia sol a nobis recedit53.
64. proxima uicina ; Zephiro principio Zephiri ; septemqve Triones themesis est.
Positis dignioribus quasi de portis solis uenientibus, ponit alios duos dicens Scithiam etc.
65. horrifer horrorem inferens ; contraria contra Boream posita.
Boreas est horridus et siccus quantum ad nos, set quantum ad australes humidus, quia a regione nostra impellit nubes uersus australem. Auster uentus est siccus et horridus quantum ad illos et humidus quantum ad nos, quia a regione australi impellit nubes et pluuias uersus nostram regionem. Auster dicitur a hauriendo quia haurit aquas, quoniam uentus siccus est et calidus.
66. nvbibvs copiam notat ; assidvis assidue cadentibus ; plvvio pluuioso ; madescit madere uidetur nobis ; Avstro uento illo.
67. hec terram, aquam et aerem ; liqvidvm purum ; gravitate ponderositate.
67le fleuve occidental et ils se croisent au-delà de ce point moyen ou en deçà, et vice-versa, et se lèvent des vents collatéraux comme le Notus, le Vulturnus et d’autres. Une autre origine des vents peut être postulée : certains disent que le vent n’est rien d’autre que le mouvement de l’air. Comme l’air est humide et ainsi lourd, il descend et est renfermé dans des grottes où certains mouvements d’air essaient de sortir et d’autres d’entrer, ainsi en résultent des conflits dont on dit que les vents se lèvent. L’Éolie est une région dans laquelle on trouve beaucoup de cavernes et par conséquent on considère Éole comme le roi des vents. Par ces vers on peut apprendre les vents principaux et leurs collatéraux : « Cricius et Borée, Aquilon, Vulturnus et Eurus, et Subsolanus remplissent le travail qui leur est assigné. Africus et Zéphyr, Chorus, Notus, Euroauster et Auster les menacent de guerre depuis la direction opposée ».
62. la Perse ce pays ; les sommets des montagnes ; soumis aux rayons du matin exposés au soleil.
63. vesperla région occidentale ; soleil qui va vers son couchant.
les rivages attiédis par le soleil : ils nous semblent devenir tièdes, mais ce n’est pas le cas. Car quand le soleil va vers son couchant et descend dans la mer, les rivages ne sont pas rendus tièdes, mais chauds quand le soleil va vers là-bas. Mais pour nous les rivages semblent devenir tièdes parce que le soleil s’éloigne de nous.
64. du Zéphyr de l’origine du Zéphyr ; septemqve Triones c’est une tmèse.
Ayant placé les vents les plus importants comme s’ils venaient des portes solaires, il place deux autres vents en disant Scythie etc.
65. horrible apportant la terreur ; opposées à l’opposé de Borée.
Borée est pour nous âpre et sec, mais humide pour ceux qui habitent dans la région australe, puisqu’il conduit les nuages de notre région vers le sud. L’Auster est sec et âpre pour ceux-là alors qu’il est humide pour nous, puisqu’il conduit les nuages et la pluie de la région australe vers la nôtre. L’Auster tire son nom de ‘haurio’ (tirer) puisqu’il tire l’eau, étant un vent sec et chaud.
66. nuages l’auteur souligne l’abondance ; constants constamment tombants ; détrempe nous paraît détremper ; l’Auster le vent.
67. ceux-ci la terre, l’eau et l’air.
68hec super : postquam egit actor de diuisione et compositione terre, aque et aeris, agit de diuisione et compositione celi dicens hec super etc.
68. ethera celum ; terrene fecis terreni contagii.
69. limitibvs distantiis ; discerserat cura Dei ordinando separauerat ; omnia elementa.
70. massa54massam uocat chaos predictum.
71. effervescere lucere ; totocelo in qualibet parte celi.
72. nev ut non ; regio vlla id est aliquod elementum ; animalibvs uel animantibus55.
neu regio : sermo usitatus est. Dicitur enim ab aliquo qui non est sacerdos alicui querenti sacerdotem : « Non habetis sacerdotem nisi me », et tamen non est sacerdos. Similiter astra dicuntur animalia non quia sint, set quia locum et similitudinem animalium tenent.
[ f. 2r ]
73. celeste solvm celestem soliditatem, id est firmamentum ; deorvm planetarum.
‹ formeque deorum › sicut stella Mercurii, Iouis, Veneris et aliorum figure hominum sunt ibi signa.
74. cesservnt contigerunt ; nitidis propter squamas ; habitande ab ipsis.
cesserunt : notandum est quod de duobus elementis, scilicet aqua et aere, id est56 calore aeris agente in aquam, creata sunt duo genera animalium, scilicet aues et pisces. Ex mobilitate et subtilitate aeris et ex ponderositate et humiditate aque creata sunt illa animalia : que uero magis contraxerunt qualitatem aeris euolauerunt in aera et sunt aues ; que uero magis qualitatem aque tenuerunt descenderunt in aquam, et hoc est cesserunt etc.
75. agitabilis uolubilis.
terra feras : fera enim dicitur a ferendo, quia fert se quocumque animus uult non deliberando, unde sunt agilia et leuia animalia. Set homo habet rationem qua deliberat et que retardat eius leuitatem ita ne statim feratur quo animus uult. Vnde homo sanctius est quam cetera animalia, id est magis sanctum.
uolucres : aues ab auendo, uolucres a uolando dicuntur.
69au-dessus de ceux-ci : après avoir traité de la division et de la composition de la terre, de l’eau et de l’air, l’auteur traite de la division et de la composition du ciel en disant au-dessus de ceux-ci etc.
68.l’éther le ciel ; d’impuretés terriennes de pollution terrienne.
69.il avait divisé les soins de Dieu avaient séparé en ordonnant ; tous les éléments.
70.masse il appelle masse le chaos susmentionné.
71. dans tout le cieldans chaque partie du ciel.
72. aucune région c’est-à-dire aucun élément.
neu regio (aucune région) : c’est du style quotidien. Car quelqu’un qui n’est pas un prêtre va dire à quelqu’un qui cherche un prêtre : « Il n’y a personne qui soit prêtre, sauf moi », même s’il n’est pas un prêtre. De même les astres sont appelés êtres animés non pas parce qu’ils le sont, mais parce qu’ils tiennent la place d’être animés et en ont l’apparence.
[ f. 2r ]
73. le céleste parvis la solidité du ciel, c’est-à-dire le firmament ; des dieux des planètes.
‹ et la forme des dieux › tout comme l’étoile de Mercure et de Jupiter et de Vénus et des figures d’autres humains forment des constellations dans le ciel.
74. brillants à cause de leurs écailles ; pour être habitées par eux.
cédèrent : il doit être noté que des deux éléments, c’est-à-dire l’eau et l’air, c’est-à-dire l’action de la chaleur de l’air sur l’eau, sont créés deux types d’animaux à savoir les oiseaux et les poissons. De la rapidité et de légèreté de l’air et du poids et de l’humidité de l’eau sont créés ces animaux : les oiseaux ont plutôt pris leurs qualités de l’air et y volent ; les poissons ont plutôt pris leurs qualités de l’eau et sont descendus dans l’eau. Pour cela nous avons cédèrent etc.
75.
la terre, les bêtes sauvages : ‘fera’ (la bête sauvage) tire son nom de ‘fero’ (porter), parce qu’elle va où son esprit veut sans délibération, d’où le fait que ces animaux sont légers et agiles. Mais l’être humain possède la raison par laquelle il délibère et qui diminue sa légèreté, et ainsi il ne va pas sur-le-champ où son esprit veut. Pour cela l’homme est plus saint que les autres animaux.
les oiseaux : ‘aues’ (les oiseaux) sont appelés ainsi de ‘aueho’ (être transporté), ‘uolucres’ (les oiseaux) de ‘uolo’ (voler).
70Sic terminata est mutacio de chao in diuersas species que est naturalis, et est in contexione elementorum nec indiget alia expositione. sanctius : hic incipit agere de terra mutata in hominem et hoc est sanctius etc.
76. sanctivs id est firmius, scilicet sanctum ; hiis predictis ; animal id est homo ; mentis rationis ; alte diuine57.
sanctius : positis illis et quasi factis pro homine, dicit eum sanctius id est deuocius58.
Continuatio : ita formata erant animalia in terra, in aqua, in aere : in terra bestie, in aqua pisces, in aere uolucres, set adhuc deerat homo. Vnde dicit actor sanctius etc.
mentisque capacius alte id est intelligencie, quia quamuis alia animalia sensibilia essent, tamen intelligere non habent. Vel alte mentis id est profunde memorie, quia nulla animalia preter hominem habent rationem discernendi.
77. deerat deficiebat ; dominari dominium habere ; in cetera super animalia.
et quod dominari in cetera posset : ad ultimum factus est homo quasi iam parata superlectili, ut sic significaretur quod homo super omnia deberet dominari et quod homo se rebus non debet supponere nec supponi rebus, set sibi res supponere et dominari. De cuius costa59 teste Genesi fecit Deus mulierem, unde magister Galterus : « Ex limo formatur homo, quem costa fefellit | propria etc. » ; et illud : « Ade de costis Ade datur uxor et hostis », ut sic significaret Deus uxorem debere coniungi uiro per matrimonium. Facta est autem femina de mediis costis, non de superioribus nec de infimis, ut sic significaretur quod mulier debet supponi uiro nec omnino debet eam conculcare uir. Fecit Deus hominem de limo terre et ei uitam inspirauit.
78. natvs formatus ; nescio sive ; hvnc hominem ; divinosemine ex constitutione diuina60.
natus homo est etc. : hic ponit duplicem oppinionem creandi hominem, catholicam et gentilem : catholicam ubi dicit ille opifex, gentilem ubi dicit siuerecens tellus. Iapetus habuit duos filios, Epimetheum et Prometheum, qui primus simulacrum hominis de limo terre fecit, et plasmati suo 71Ainsi se termine la transformation du chaos en différentes espèces ; c’est une transformation naturelle et elle résulte de l’union des éléments et ne requiert pas d’autre explication. plus saint : ici l’auteur commence à traiter de la terre transformée en homme dans le passage qui commence par les mots plus saint etc.
76. plus saint c’est-à-dire plus résolu, évidemment saint ; un animal c’est-à-dire l’homme ; d’un esprit d’un raisonnement ; haut divin.
plus saint : ayant placé ces choses presque créées pour le bénéfice de l’homme, il appelle l’homme plus saint, pour dire plus pieux.
Voici la suite : les animaux avaient été créés sur la terre, dans l’eau, dans l’air : sur la terre les bêtes, dans l’eau les poissons, dans l’air les oiseaux, mais l’homme n’existait pas encore. Ainsi l’auteur dit plus saint etc.
plus digne d ’ un haut esprit c’est-à-dire de l’intelligence, puisque même si les autres animaux étaient conscients, ils ne pouvaient pas raisonner. Ou bien d’un haut esprit c’est-à-dire d’une mémoire profonde, puisque aucun animal, à l’exception de l’homme, n’a l’habileté de discerner.
77. les autres animaux.
et capable de commander tous les autres : l’homme a été fait en dernier, comme si cette habitation avait été préparée pour lui ; il est ainsi évident que l’homme devait recevoir la domination de toutes choses et non pas se placer en-dessous des choses ou être placé en-dessous par elles, mais devait dominer les choses. À propos de la côte à partir de laquelle, suivant la Genèse, Dieu créa la femme, voir maître Gautier : « De boue fut créé l’homme, sa propre côte le trompa ». Il y a aussi ce dicton : « De la côte d’Adam on lui donna une femme et un ennemi » : ainsi Dieu rend manifeste qu’une femme doit être liée à son mari en mariage. La femme a été faite des côtes du milieu, pas des côtes du haut ni de celles du bas, pour qu’il soit ainsi évident que la femme doit se soumettre à l’homme, mais que l’homme ne doit pas l’opprimer. Dieu fit l’homme à partir de la boue et lui insuffla la vie.
78. né formé ; je ne sais pas si ; celui-ci l’homme ; d’une semence divine d’une constitution divine.
l ’ homme naquit etc. : l’auteur présente ici une double croyance au sujet de la création de l’homme, la catholique et la païenne : l’opinion catholique quand il dit le créateur et l’opinion païenne quand il dit oula terre récente. Japet avait deux fils, Épiméthée et Prométhée, qui fit le premier une statue d’un homme à partir de la boue de la terre et plaça 72radium solis furtim habitum apposuit et sic uiuificauit. Propter hoc uero in Caucaso monte a diis est fulminatus et adhibiti sunt uultures suo iecori corrodendo. Set hoc est incredibile, quod cum homo non esset [et] Prometheus qui homo erat61 hominem formaret. Re uera Deus fecit hominem de limo terre ei conferens rationem attestante Genesi. Fabulose dictum est quod Prometheus eum formauit de limo terre62 et de igne furato de curru Solis ei inspirasse spiraculum uite ; qua de causa a Ioue in Caucaso monte fulminatus est et uultures iecori suo corrodendo adhibiti sunt. Re uera in Caucaso monte Prometheus studens naturam hominis esse duplam considerauit, quantum ad corpus terre63 et quantum ad animam celestem ; unde fingitur radium solis furatum ei inspirasse. Et quod uultures eum corrodunt, hoc est ideo quod uehemens studium exteriora hominis studentis inficit et interiora consumit. Vnde in Alexandro de Aristotile : « Et quod cibus educat extra | interior sibi sumit homo fomenta laboris ». ‹Set› nimis prolixum est hoc et ideo tacendum est.
Ista mutacio naturalis est. Re uera natura naturans, scilicet Deus, creauit hominem de limo terre, que creacio a philosophis dicta est mutacio. Set quod de Prometheo dicitur allegoricum est. Prometheus enim dicitur quasi primus ‘theos’ id est deus, qui uere ad ymaginem et similitudinem suam fecit hominem, corpus uidelicet de terra, animam de diuina essencia. Postea64 conueniunt elementa per contexionem et de spermate natus est homo, et hoc mediante semine ; que natiuitas dicitur mutacio naturalis.
79. ille deus ; opifex opera faciens ; melioris actiue65, id est meliorati per ipsum ; origo uel causa efficiens.
origo uel ymago, id est existens causa efficiens mundi melius distincti quam tunc esset.
melioris dicit ad differentiam mundi presentis. melioris : meliorati per diuisionem elementorum. In mente enim diuina erat ymago mundi et secundum quod erat in mente fecit Deus.
80. recens recenter ab aqua separata ; sedvcta separata ; -qve id est66.
73un rayon de soleil volé à côté de la statue pour lui donner vie. Pour cette raison il fut attaché aux montagnes du Caucase par les dieux et fut foudroyé et deux vautours reçurent l’ordre de manger son foie. Mais il n’est pas crédible que, l’homme n’existant pas encore, Prométhée, qui était un homme, puisse créer l’homme. En réalité Dieu créa l’homme à partir de la boue de la terre, lui inculquant la raison comme en atteste la Genèse. Il est une fable de dire que Prométhée le forma de la boue de la terre et qu’il lui insuffla la vie avec le feu volé du char du Soleil, et qu’à cause de cela il fut foudroyé par Jupiter dans les montagnes du Caucase et que des vautours furent placés près de là pour manger son foie. En réalité Prométhée, dans ses études sur les montagnes du Caucase, comprit que la nature humaine est double : terrestre par rapport à son corps et céleste par rapport à son âme, c’est pourquoi on dit de lui qu’il a volé un rayon du soleil et donné vie à l’homme. Le fait que des vautours mangent son foie reflète le fait que trop d’érudition gâte le corps de l’homme et le consume de l’intérieur. Voir dans l’Alexandréide à propos d’Aristote : « Le repas nourrit la chair, l’homme intérieur reçoit du soulagement du travail (de l’étude) ». Mais je suis trop prolixe à ce sujet et je dois m’arrêter.
Cette transformation est naturelle. En réalité, la nature naturante, à savoir Dieu, créa l’homme de la boue de la terre et cette création est appelée transformation par les philosophes. Mais ce qui est dit à propos de Prométhée est une allégorie. Prométhée tire son nom de premier ‘theos’, c’est-à-dire dieu, car il fit effectivement l’homme à son image et à sa ressemblance, il fit le corps à partir de la terre et l’âme à partir de l’essence divine. Ensuite les éléments se joignirent et l’homme naquit du sperme, et cela à travers la semence. Et cette naissance est appelée une transformation naturelle.
79. il le dieu ; créateur qui accomplit des œuvres ; meilleur au sens actif, c’est-à-dire amélioré par lui ; origine ou bien cause efficiente.
origine ou image, c’est-à-dire l’existence de la cause efficiente d’un monde mieux planifié qu’il n’était à ce moment.
Il dit meilleur par rapport au monde présent. meilleur : amélioré par la séparation des éléments, car l’image du monde existait dans l’esprit de Dieu et Dieu créa le monde en accord avec ce qui était dans son esprit.
80. récente récemment séparée de l’eau ; et c’est-à-dire.
7481. cognati prius coniuncti sibi ; retinebat semina quia de eadem massa facta fuerunt.
82. satvs Yapeto Prometheus ; mixtam flvvialibvs vndis ut faciliter caderet a manibus artificis.
83. finxit composuit ; in effigiem rationabilem67moderantvm ad similitudinem Dei.
‹ in › effigiem : ad similitudinem Dei, quam participacionem cum diuinis probat ipsa forma hominis.
84. pronaqve uersus terram ; cetera ab homine.
pronaque cum spectent etc. unde Bernardus : « Bruta patenter habent tardos animalia sensus, | cernua68 deiectis uultibus ora ferunt. | Set maiestatem mentis testante figura, | tollit homo sanctum solus ad astra caput | ut celi leges indeflexosque meatus | exemplar uite possit habere sue ».
85. homini Prometheus uel opifex ; svblime erectum ; celvmqve videre ut cognoscat saluatorem.
celumque uidere : ad cognicionem et laudem sui creatoris factus est homo erectus, ut motum firmamenti consideraret et iuxta illum suum animum aplicaret. Bene dicit celum, quoniam celum est patria futura hominum et ibi mansuri sunt homines in eternum.
86. ivssit sursum aspicere ; sidera celum.
87. rvdis sine arte ; sine ymagine id est sine forma.
88. indvit recepit ; ignotas non prius uisas ; conversa de informi in formatam.
89. avrea auro comparabilis in bonitate ; sata est formata est ; vindice uel iudice ; nvllo existente.
aurea : hic agit actor de mundo mutato in quattuor secula uel69 etates a metallis denominatas. Set antequam hoc peregerit intermiscebit de anno mutato in quattuor tempora. Continuacio talis est : ita terra in hominem est mutata, etas autem etc.
aurea : post creacionem hominum agit actor de etate eorundem dicens quod etas hominis diuisa est in quattuor etates, in auream scilicet, que fuit prima, in argenteam, eneam et ferream. Figuraliter primam etatem dicit auream fuisse, quia homines illius etatis uirtutibus adherebant, set de die in diem in uicia processerunt, quod designatur per etates sequentes.
7581. apparenté avant uni à lui ; retenait des germes parce qu’ils étaient faits de la même masse.
82. le fils de Japet Prométhée ; mêlée aux eaux d’un fleuve pour que cela puisse facilement tomber des mains du Créateur.
83. à l’image rationnelle des dieux qui régissent en accord à la ressemblance de Dieu.
à l ’ image : à la ressemblance de Dieu et ainsi la forme même de l’homme atteste de sa participation à la nature divine.
84. baissée vers la terre ; les autresexcepté l’homme.
tandis que, la tête baissée, ils regardent etc. Voir Bernard : « Les bêtes brutes révèlent complètement la grossièreté de leurs facultés, leurs têtes abaissées, leurs regards fixés sur la terre. Mais seul l’homme, sa stature rendant témoignage de la majesté de son esprit, lève sa noble tête vers les étoiles pour qu’il puisse apprécier la loi du ciel et leurs cours inaltérables comme un modèle pour son propre cours de vie ».
85. à l’homme Prométhée ou le Créateur ; regarder le ciel pour qu’il puisse reconnaître son Sauveur.
regarder le ciel : pour reconnaître et louer son créateur l’homme a été créé debout, pour qu’il puisse observer le mouvement du firmament et appliquer son esprit conformément à celui-ci. Il dit bien le ciel, puisque le ciel est la future demeure de l’homme et l’homme y habitera pour l’éternité.
86. ordonna de regarder vers le haut ; les étoiles le ciel.
87. rude sans art ; sans image sans forme.
88. inconnues jamais vues auparavant ; transformée d’informe en formée.
89. d’or comparable à l’or dans sa bonté.
d ’ or : ici l’auteur traite du monde transformé en quatre époques ou âges classifiés par des métaux. Mais avant de le faire, il va introduire la transformation de l’an en quatre saisons. Voici la suite : donc la terre fut transformée en homme, et l’âge etc.
d ’ or : après la création de l’homme, l’auteur traite des âges de celui-ci en disant que la vie de l’homme fut divisée en quatre âges, à savoir l’âge d’or, qui fut le premier, d’argent, de bronze et de fer. Métaphoriquement, le premier est appelé d’or puisque les hommes de cet âge tenaient à la vertu, mais de jour en jour ils s’abaissent dans les vices, ce qui est démontré par les âges suivants.
76aurea : decem sunt genera metallorum, per que uoluit Sibilla decem etates designari. Prima etas aurea figuratur quia, sicut aurum preualet ceteris metallis, sic prima etas ceteris in bonitate. Nomina metallorum sunt hec : aurum, argentum, cuprum, electrum, auricalcum, es, stannum, plumbum, acinatis70, ferrum.
« Gens prior absque malis, gens recta fide specialis, | pax erat et pietas, sic aurea dicitur etas ».
Primam etatem laudat Boecius : « Felix nimi[r]um prior etas | contempta fidelibus aruis | nec inherti perdita luxu | facili solebat71 | ieiunia pellere glande ».
uindice : uindicante, quia nullus faciebat iniuriam et ideo non indigebant uindicta. Vel iudice id est iudicante, quia erant sine culpa et ideo non indigebant iudicio.
90. sponte sva propria uoluntate ; sine lege legis coactione ; fidem fidelitatem ; rectvm iusticiam.
fidem quantum ad deos, rectum quantum ad homines. Vel fidem in dictis, rectum in factis. Vel fidem quantum ad proximos, rectum quantum ad extraneos. « Fides est religionis sanctissime fundamentum, caritatis uinculum, amoris subsidium. Fides sanctitatem firmat, caritatem roborat, dignitatem exornat ; in pueris splendet, in iuuenibus floret, in prouectis apparet, in paupere est grata, in mediocri leta, in locuplete honesta. »
94. vt ad hoc.
nondum : hic de cupiditate dicit quam ab eis remouet remouendo ea que auariciam consequuntur.
nondum totum extingat. Continuatio : bene dico quod homines prime etatis uiuebant innocue, et hoc probo quia nondum etc.
95.descenderat de montibus.
pinus : ponit materiam pro materiato, quia pinus est arbor de qua fiunt naues.
Vel72descenderat dicit quia mare inferius est terra.
96. mortales homines ; sva propria ; littora sue terre scilicet ; norant modo uero noscunt aliena.
97. precipites profunde.
Quia nullus iniuriabatur alii.
77d ’ or : il y a dix types de métaux, que la Sibylle voulait appliquer aux dix âges des hommes. Le premier est représenté comme d’or, puisque, comme l’or a plus de valeur que tous les autres métaux, ainsi le premier âge était supérieur aux autres dans sa bonté. Voici les noms des métaux : or, argent, cuivre, électrum, laiton, bronze, étain, plomb, ‘acinas’, fer.
« Le premier âge était libre de mal, une race droite et unique dans sa foi, paix et piété étaient présentes, et c’est pourquoi l’âge est appelé d’or ».
Boèce loue le premier âge : « L’ancien âge était extrêmement béni, heureux dans ses champs de confiance, il n’était pas perdu dans une luxure paresseuse ; il rompait son jeûne en mangeant simplement des glands ».
sans vengeur, quelqu’un qui se vengeait : puisque personne ne commettait d’offense, personne n’exigeait de vengeance. Ou bien sans juge, c’est-à-dire quelqu’un qui jugeait : puisqu’ils étaient sans faute, ils ne nécessitaient pas de jugement.
90. spontanément de son propre gré ; sans loi sans la coercition de la loi.
fidem (foi) envers les dieux, rectum (rectitude) envers les hommes. Ou foi dans leurs paroles et rectitude dans leurs actions. Ou foi par rapport à leurs voisins et rectitude par rapport aux étrangers. « La foi est le fondement de la religion la plus sacrée, la chaîne de charité, l’aide de l’amour. La foi renforce la sainteté, fortifie la charité, orne la dignité. Elle brille chez les enfants, fleurit chez les jeunes, est rendue manifeste chez les adultes. Chez le pauvre elle est appréciée, joyeuse entre les bien-portants et honorée chez les riches. »
94.
pas encore : ici l’auteur examine l’avidité qu’il éloigne de l’homme en enlevant ce qui inspire l’avidité.
pas encore : il écarte tout. Voici la suite : je dis bien que les hommes de cet âge vivaient sans faire de mal et je prouve ceci parce que pas encore etc.
95. était descendu des montagnes.
le pin : il exprime le matériau pour la construction, puisque le pin est un arbre duquel sont construits les bateaux.
Ou bien il dit était descendu parce que la mer est plus basse que la terre.
96. mortels les hommes ; les rivages de son propre pays, évidemment ; connaissaient et maintenant ils connaissent les rivages étrangers.
97.
Parce que personne n’offensait l’autre.
78nondum precipites : hic bellum remouet.
98. tvba existens ; directi eris ; cornva existencia.
tuba : qua uocarentur ad bellum.
tuba est instrumentum de ere recto factum ; cornua sunt instrumenta de ere curuato facta. Ad istorum sonitum milites mouentur ad arma.
99. non erant ; galee ad defensionem ; ensis ad pugnacionem ; sine militis vsv sine exercitu : hic concordiam.
100.
mollia ab effectu, quia hominem mollem reddunt.
secure : sine cura guerre et belli, quia non erat adhuc guerra nec usus armorum.
101. immvnis sine officio ; intacta hic copiam73.
immunis : sine munio, quia sibi nullus cultus impendebatur.
immunis : tunc enim non seminabantur fruges nec excolebatur terra, unde erat immunis, set modo non est. Quando excolitur terra et seruntur segetes immunis non est, quia tenetur reddere depositum suum.
102.
per se id est sine aliqua coactione culture. Modo enim uidetur terra cogi ad fructum reddendum, quoniam colitur et aratur, set tunc nullus eam colebat et ideo ipsa dabat omnia per se, id est non coacta ab aliquo colente. Vel per se, id est sine adiutorio, omnia, id est ea que habebat pro omnibus, nullo cogente, quia terram non arabant homines sicut modo faciunt.
tellus est profunditas in qua radices arborum et herbarum continentur, terra est superficies. Vel Tellus est dea terre.
103. nvllo cogente id est sine cultura
104. arbvteos uel arboreos.
arbuteos : arbutus est arbor, arbutum fructus.
105. corna illos fructus ; dvris spinosis.
106. et legebant ; Iovis arbore scilicet a quercu.
79pas encore des fossés profonds : ici l’auteur écarte la guerre.
98. De bronze droit.
trompette, par laquelle les hommes sont appelés à la guerre.
La trompette est un instrument droit fait de bronze. Les cors sont des instruments courbés faits de bronze. Leurs sons appellent les soldats à la guerre.
99. Il n’y avait pas ; casques pour la défense ; épée pour l’attaque ; sans avoir besoin de soldats sans armée : ici l’auteur souligne l’harmonie.
100.
doux par son effet, puisqu’il rend l’homme doux.
secure (tranquillement) ‘sine cura’ (sans le souci) de la guerre et du combat, puisque la guerre ou l’utilisation d’armes n’existait pas.
101. non touchée ici l’auteur souligne l’abondance.
immunis (libre d’obligations) : ‘sine munio’ (sans obligation), puisqu’aucune culture ne lui était demandée.
libre d ’ obligations : car dans ce temps on ne semait pas de céréales et on ne labourait pas la terre, par conséquent elle était sans obligations, mais maintenant les choses sont différentes. Quand on laboure la terre et qu’on sème les champs, la terre n’est pas libre d’obligations, puisqu’elle doit rendre le dépôt.
102.
d ’ elle-même c’est-à-dire sans nécessité de cultiver. Maintenant la terre semble être forcée à rendre les récoltes, puisqu’elle est cultivée et labourée ; mais à cette époque personne ne cultivait la terre et c’est pour cela qu’elle donnait tout d’elle-même, c’est-à-dire sans être forcée par le laboureur. Ou d’elle-même, c’est-à-dire sans aide, tout, c’est-à-dire ce qu’elle avait pour tout le monde, sans contrainte, parce que les hommes ne labouraient pas la terre comme ils font maintenant.
tellus (la terre) est la profondeur qui contient les racines des arbres et des herbes ; ‘terra’ (la terre) est la surface. Ou bien Tellus est la déesse de la terre.
103. sans contrainte c’est-à-dire sans culture.
104.
arbuteos : ‘arbutus’ (arbouisier) est l’arbre, ‘arbutum’ (arbouse) le fruit.
105. les cornouillesles fruits ; dures épineuses.
106. et ils cueillaient ; de l’arbre de Jupiter c’est-à-dire du chêne.
80patula quia dicitur Iupiter primos homines pauisse glande in Dodona silua, uel quia ibi dabat responsa per eneas columbas, unde74 dicitur patula quia semper patet, patens quod ad horam patet, sicut oculus, porta.
107. erat uidebatur ; eternvm continuum ; placidi placide flantes.
uer erat eternum : de tempore in quo natus fuit homo diuersi diuersa senciunt. Oppinio autem Virgilii fuit quod natus fuit in uere, quia cum res noue essent et tenere, necesse enim fuit ut molliter reciperentur, quia si eis inferretur aliqua uiolencia, cito corrumperentur. Vnde in uere quando tempus est amenum pocius generate fuerunt res et factus fuit homo tunc potius quam in alio tempore. Opinio autem Macrobii fuit quod natus fuit homo et creatus in estate. Vnde dicit quod in die natali mundi Cancer lunam, Leo solem gessit et hoc est in Iulio. Dixit autem mundum fieri in Iulio quia tempus est tunc feruidissimum ; sic autem oportuit esse in natali mundi, quia aqua tegebat totam terram et ascendebat usque in medium aeris. Vnde oportuit solem esse feruidissimum et superiora corpora haberi, que dessicarent terram ut terra appareret. Oppinio autem Ouidii fuit quod mundus factus fuit in uere. Continua : ita solebat terra fructificare et esse delectabilis semper quia uer erat eternum. Ver dicitur delectatio quia in uere nascuntur flores in quibus legendis delectamur.
108. Zephiri scilicet uenti ; sine semine ab homine proiecto.
mulcebant : magister Galterus, uolens sapere uim librorum75 Ouidii, locum delectabilem in quo Darius ad suos loquitur describit dicens : « Hic mater Cybele, Zephirum cui, Flora, maritans | pullulat, et uallem fecundat gratia fontis ».
Zephiri id est uenti, quia in singulari sumitur pro specie, si uero sit plurale, tunc species pro genere sumitur, et hoc est generale omnibus speciebus uentorum.
110. renovatvs aratro ; gravidis grano.
111. flvmina lactis dulcia ut lac.
81patula (large) : on dit de Jupiter qu’il a nourri (‘pasco’) les premiers hommes avec des glands dans la forêt de Dodone. Ou parce qu’il donnait là-bas des réponses par des colombes en bronze, on dit alors patula (ouvert) parce qu’il est toujours ouvert, alors que ‘patens’ (ouvert)est ce qui est ouvert à un moment précis, comme l’œil ou une porte.
107. était semblait ; éternel continuel ; doux soufflant doucement.
le printemps était éternel : il existe beaucoup d’opinions concernant la période à laquelle l’homme a été créé. Virgile postulait que l’homme était né au printemps, puisqu’à ce moment les choses étaient nouvelles et tendres. Par nécessité, les hommes avaient besoin d’être reçus tendrement, puisque s’il y avait eu la moindre violence à leur égard, ils se seraient rapidement corrompus. Donc les choses ont été créées au printemps quand la saison est la plus agréable et l’homme a aussi été créé à ce moment plutôt qu’à une autre saison. Macrobe pensait que l’homme était né en été. Et c’est pour cela qu’il dit qu’à la naissance de la création du monde le Cancer régnait sur la lune et le Lion régnait sur le soleil, c’est-à-dire en juillet. De plus il dit que le monde a été fait en juillet parce qu’à ce moment la saison est la plus chaude, comme il convient pour l’anniversaire du monde, puisque l’eau recouvrait l’entièreté de la terre et montait jusqu’au milieu de l’air. C’est pourquoi il est nécessaire de considérer que le soleil est extrêmement chaud et qu’il y a des corps supérieurs qui dessèchent la terre pour qu’elle apparaisse. Ovide cependant établit que le monde a été fait au printemps. Continue ainsi : donc la terre était jadis pleine de fruits et toujours agréable parce que le printemps était éternel. Le printemps est appelé plaisir parce qu’au printemps poussent les fleurs, qu’il nous plaît de cueillir.
108. Zéphyrs les vents ; sans semence jetée par l’homme.
charment : maître Gautier, souhaitant suggérer la saveur des livres d’Ovide, décrit ainsi un endroit agréable où Darius s’adresse à ses hommes : « Ici mère Cybèle en te donnant, Flora, en mariage le Zéphyr, produit en abondance et la grâce d’une source féconde la vallée ».
Zéphyrs c’est-à-dire les vents : le singulier marque le genre de vent et non pas l’espèce, le pluriel marque l’espèce ; et ceci est le cas pour toutes les espèces de vents.
110. défriché par la charrue ; chargées de grains.
111. fleuves de lait doux comme du lait.
82nectar proprie est potus deorum ex omni dulcedine constans, set ‹quandoque›76 ponitur pro quolibet. nectar a necto, -tis dicitur, quia conficitur ex multis speciebus que nectuntur inter se. Vel dicitur nectar quia nectit linguas et allicit.
‹ flumina nectaris ibant › excludit ebrietatem, quia dulcis erat aqua. Vnde in libro Fastorum : « Nectar erat manibus hausta duabus aqua ».
112. flava flaui caloris existencia ; ylice in qua apes mellificant.
113. tenebrosa obscura.
‹ in Tartara › hic Tartarus in singulari. Nomen etheroclitum in genere et est nomen tractum a sono77.
Ita in tempore Saturni fuit etas aurea, id est auro comparanda in bonitate, set postquam Saturno tenebrosa in Tartara misso a Ioue uel naturaliter ad Tartara, quia tunc temporis omnes ad inferos descendebant ; ideo de celo non fecit mencionem, †…† quia non fuit aliquis78 tam probus quam Saturnus, qui sic dictus est quasi saturans homines. Saturnus tres habuit filios, quorum unum precipitauit in aquam et deus aque fingitur, alium occidit et deus inferni asseritur, tercius superfuit et ille dicitur celum tenuisse. Dicitur quod Saturnus expulsus fuit a regno, scilicet a Creta, a Ioue suo filio per conflictum et ita mutatum est seculum per Iouem de auro in argentum79.
Rei ueritas est quod Iupiter filius Saturni patrem a regno expulit qui susceptus fuit in Latium et docuit ibi agriculturam, unde Latium dicitur a lateo, -tes, quia ibi latuit Saturnus. Integumentum tale est : notandum est quod septem sunt planete quorum Saturnus ceteris est alcior et firmamento propinquior, cursum suum per triginta annos perficit, Iupiter per duodecim, Mars per quinque, sol per annum, Mercurius per duos, Venus per minus quam per annum, luna per mensem. Saturnus dicitur pater Iouis, quia est superior planeta. Iupiter patrem a regno expulit quia Iupiter planeta beniuolus maliciam Saturni, qui est maliuolus, expellit. Omnes enim grandines ‹et› tempestates descendentes in nostro emisperio a Saturno
83le nectar est précisément la boisson des dieux, étant extrêmement délectable, mais quelques fois elle peut signifier n’importe quelle boisson plaisante. nectar est dérivé du verbe ‘necto, -as’ (entrelacer), puisqu’il se compose d’un entrelacement de plusieurs matières. Ou il est appelé nectar parce qu’il prend la langue au piège (‘nectit’) et la séduit.
des fleuves de nectar coulaient : il exclut l’ivresse, puisqu’il s’agissait d’eau fraîche. Par conséquent dans les Fastes : « L’eau puisée à deux mains était leur nectar ».
112. blond étant d’une couleur blonde ; l’yeuse dans laquelle les abeilles font du miel.
113.
‹ in Tartara › (dans le Tartare) le singulier est ‘hic Tartarus’ (masculin). C’est un nom de genre variable et un nom tiré du son.
Donc la période du règne de Saturne fut l’âge d’or, c’est-à-dire comparable à l’or dans sa bonté. Mais après que Saturne eut été précipité dans le Tartare ténébreux par Jupiter ou naturellement dans le Tartare, puisqu’en ces temps-là tous allaient dans les mondes souterrains ; et c’est pourquoi Ovide ne fait pas mention du ciel […] puisque personne n’était aussi vertueux que Saturne qui est appelé presque ‘saturans homines’ (nourrissant les hommes). Saturne avait trois fils : il en jeta un dans l’eau et on imagine que celui-ci est le dieu des eaux ; il tua l’autre et on dit que celui-ci est le dieu des enfers ; le troisième survécut et on dit qu’il est celui qui tient les cieux. On raconte que Saturne a été expulsé de son propre royaume, c’est-à-dire de Crète, par son fils Jupiter à cause d’un conflit et ainsi l’âge changea d’or en argent.
La réalité est que Jupiter, le fils de Saturne, expulsa son père de son royaume ; Saturne fut accueilli dans le Latium et là-bas il enseigna l’agriculture – et le nom du Latium dérive de ‘lateo, -es’ (se cacher), puisque Saturne se cacha là-bas. La signification cachée est la suivante : notons qu’il y a sept planètes et que Saturne est plus haut que les autres et plus proche du firmament et complète sa révolution en trente ans, Jupiter en douze, Mars en cinq, le soleil en un an, Mercure en deux, Vénus en moins d’un an et la lune en un mois. On dit de Saturne qu’il est le père de Jupiter, puisqu’il est la planète la plus haute. Jupiter a expulsé son père de son royaume parce que Jupiter, étant une planète bienveillante, expulsa la méchanceté de Saturne, qui est méchant. Tous les orages et les tempêtes qui s’abattent sur notre hémisphère résultent de Saturne 84ueniunt, unde planeta nocentissimus nuncupatur. Vel sic : Saturnus idem est quod tempus, quasi satur annis80. Vnde apud Libicos depingitur in specie serpentis caudam in ore tenentis : tempus enim rotundum est et uolubile. Iupiter fuit filius Saturni, quia tempus legis fuit ante tempus gratie. Iupiter expulit patrem a regno quando tempus legis exulauit ueniente tempore gratie. Saturnus deuorauit albestum : per hoc notatur quod nichil adeo firmum est quin in tempore consumatur. Vnde illud : « Omnia sicut uestimentum ueterascent » ; « Verbum domini manet in eternum ». Testiculi Saturni sunt legumina terre, frumenta, ordea, quibus deiectis in mare, id est in uentres hominum qui se habent tamquam mare, nata est Venus, quia uenter humanus terre leguminibus crapulatus surgit in luxuriam. Vnde illud : « Venter mero estuans cito despumat in libidinem ». De Integumento uersus : « Tempus Saturnus, ubertas mentula, proles | posteritas, uenter est mare, spuma Venus ».
114. svb Iove potestate Iouis.
subiit : hic est eptimemeris : « Quarti prima pedis eptimemerim tibi format81 ».
argentea : diminuta a bonitate prime etatis quantum argentum peius est auro.
115. avro prima etate ; deterior peior ; preciosior ere melior tempore sequente.
116. antiqvi uel eterni ; contraxit abreuiauit ; veris temperiei.
‹ antiqui › uel eterni : prius, quod82 modo diuisus est in quattuor. Hiemps dicitur ab ‘emi’, quod est dimidium, quia uidetur nobis durare per medium anni.
117. -qve scilicet
Hic intermiscet de anno mutato in quattuor tempora. Dicit ergo perque hiemes etc.
‹ inequales autumpnos › quia dicit alibi : « Nam modo frigoribus premimur, modo soluimur estu ».
inequales, nam : « Modo frigoribus etc. ». Vel inequales de serenitate et tempestate. Vel inequales scilicet pestiferis torporibus, quasi mortiferos ex calore precedente et frigore subsequente. Vel inequales iniquos propter
85qui par conséquent est connu comme la plus malveillante des planètes. Ou bien ainsi : Saturne est le temps, presque ‘satur annis’ (rassasié d’ans) et par conséquent il est représenté, chez les Libyens, comme un serpent tenant sa queue dans sa bouche, car le temps est rond et volubile. Jupiter était le fils de Saturne qui représentait le temps de la loi avant le temps de la grâce. Jupiter expulsa son père de son royaume puisque le temps de la loi était suivi du temps de la grâce. Saturne dévora la pierre, ce qui signifie que rien n’est aussi ferme que le temps ne puisse l’user. Voir ceci : « Tout prend de l’âge comme un vêtement », « La parole de Dieu reste pour l’éternité ». Les testicules de Saturne sont les fruits de la terre, le blé et l’orge ; et ceux-ci jetés dans la mer, c’est-à-dire dans les ventres des hommes, qui sont comme la mer, donnèrent naissance à Vénus, puisque le ventre d’un homme rempli de nourriture monte jusqu’aux excès ; voir ceci : « Le ventre nageant dans le vin se dissout dans une écume de luxure ». Voir les vers des Integumenta : « Saturne est le temps, son membre la richesse, la progéniture est la postérité, le ventre est la mer, l’écume est Vénus ».
114. sous Jupiter sous la domination de Jupiter.
subiit :ici il y a une césure hepthémimère. « La première syllabe du quatrième pied t’indique une césure hepthémimère. »
d ’ argent : amoindri par rapport à la bonté du premier âge, dans la mesure où l’argent a moins de valeur que l’or.
115. l’or le premier âge ; plus précieux que le bronze meilleur que l’âge suivant.
116.
‹ ancien › ou bien ‹éternel› : avant, car maintenant il est divisé en quatre. L’hiver provient de ‘emi’, demi, parce qu’il nous semble durer la moitié de l’année.
117.
Ici il s’attarde sur l’année changée en quatre saisons et il dit les hivers etc.
‹ par des automnes inégaux › parce qu’il dit ailleurs : « Tantôt nous sommes accablés par le froid, tantôt nous souffrons le chaud ».
inégaux, car : « Maintenant par le froid etc. ». Ou inégaux à cause du ciel clair et de l’orage. Ou inégaux parce que les saisons apportent des maladies, ainsi nous disons qu’elles sont porteuses de la mort par la chaleur qui précède et le froid qui suit. Ou inégaux c’est-à-dire injustes 86fructus qui tunc sunt noui et corrumpunt homines et ideo sunt iniqui. Vel inequales sicut dictum est in prima lectura, quia modo sunt frigora, modo estus.
118. breve respectu primi ; exegit diuisit.
breue uer respectu ueris precedentis, qui semper durabat. Vel breue uer respectu aliorum temporum, scilicet hyemis, auptumni, estatis. Ver dicitur breuius hieme, quia hyemps frigida est et omne frigidum uidetur esse longum ; estas est calida et calor nimius displicet ; autumpnus est tempus intemperatum. Vnde infra : « Nam modo frigoribus premimur etc. ». Ver uero tempus est delectabile, unde dicitur breue respectu aliorum temporum.
Ista mutacio naturalis est. Iste siquidem anni diuersitates quattuor uel83 per contexionem †…† flammis suis de luce84 constitutis per reuolucionem firmamenti contigerunt secundum accessum et recessum solis.
119. siccis in estate enim dessicatur aer per calorem solis.
tunc primum : ecce corruptis moribus cepit omnis intemperies et labor.
120. candvit nimia siccitate.
canduit : tractum est a ferro, quia quanto calidius, tanto candidius.
‹ uentis › uentus enim auget frigiditatem.
121.
‹ domus antra fuerunt › habitabant in cauernis terre.
122. densi in densitate coniuncti ; ivncte virge fuerunt domus.
densi fructices : sicut Cesariensibus salices et huiusmodi arbores intexte fuerunt ‹in› naues. Vnde Lucanus : « Primum cana salix madefacto robore paruam | texitur in pupem85 ».
123. Cerealia Cereris ; svlcis longa lira.
‹ Cerealia › Ceres dea frugum dicitur quasi creans res.
124. obrvta seminata uel86 tecta ; pressiqve ivgo aratro, partem ponit pro toto ; gemvere ivvenci quia iugo capita premuntur.
87à cause du fruit qui était nouveau à cette époque et qui a corrompu les hommes qui sont par conséquent injustes. Ou inégaux comme nous le disions dans notre première lecture, parce que parfois il fait froid et parfois il fait chaud.
118. court par rapport au premier printemps.
le court printemps par rapport au printemps qu’il y avait avant, qui était éternel. Ou le court printemps par rapport aux autres saisons, à savoir l’hiver, l’automne, l’été. On dit que le printemps est plus court que l’hiver puisque l’hiver est froid et tout ce qui est froid semble de longue durée ; l’été est chaud et la chaleur est déplaisante ; l’automne n’est pas une saison tempérée. C’est pourquoi nous avons ci-dessous : « Nous sommes parfois oppressés par le froid etc. ». Mais le printemps est plaisant et c’est pour cela qu’on dit de lui qu’il est court en comparaison avec les autres saisons.
Cette transformation est naturelle. Ces quatre changements de l’année sont survenus soit par l’entrelacement […] avec ses flammes constituées de lumière à cause de la révolution du firmament, s’approchant et s’éloignant du soleil.
119. secs car en été l’air est sec à cause de la chaleur du soleil.
alors pour la première fois : une fois corrompues les mœurs, voici que commencèrent toutes les intempéries et la fatigue.
120. devint incandescent à cause de la sécheresse excessive.
devint incandescent : cette image est tirée du fer qui blanchit à mesure qu’il chauffe.
‹ par les vents › car le vent augmente le froid.
121.
‹ des grottes furent leurs maisons › ils habitaient dans des grottes de la terre.
122. épais joints ensemble en épaisseur ; des rameaux entrelacés furent leurs maisons.
d ’ épais feuillages : tout comme des saules et des arbres de ce type étaient entrelacés pour faire des bateaux pour les hommes de César. Ainsi nous trouvons chez Lucain :« Des saules blancs et des bois ont été trempés et tressés pour former de petits bateaux ».
123.
‹ semences de Cérès › on dit que Cérès est la déesse du grain, presque ‘creans res’ (créatrice des choses).
124. sous le poids du joug de la charrue, il se réfère à une partie au lieu du tout ; les taureaux gémirent parce que le joug presse leurs têtes.
88gemuere quod magnum notat laborem et hoc idem innuit Virgilius in Georgicis dicens : « Depresso incipiat iam tum michi taurus aratro | ingemere ».
125. post illam argenteam ; svccessit subiit ; aenea erea, eri comparabilis ; proles etas scilicet.
Diximus quod etas secunda fuit deterior prima, que fuit aurea, ita et tercia deterior secunda.
‹ aenea › dieresis est : silliba diuiditur et dieresis uocitatur.
126. sevior uersuta ; ad horrida ab effectu ; promptior paracior, uelocior.
127. scelerata respectu ultime ; vltima etas decima87.
scelerata occidendo consanguineos88.
tamen : licet dixerim quod tercia sit crudelior secunda et prima, tamen etc.
Merito potest dici de ferro etas ultima, nam omne nephas etc.
de duro : cum actor continue deberet loqui de decem etatibus que designantur per decem genera metallorum, medias tacet et ponit ultimam quarto loco, quia ipse dicit ultima est de duro ferro. Vltima uero ferro comparatur quia uilissimum est metallum et durius omni metallo, quasi diceret : tunc fuit peior etas, id est sequentes fuerunt peiores quam priores.
128. protinvs statim ; irrvpit uelociter intrauit89.
protinus : memoriter tenens uerba Ouidii magister Galterus similia hiis dixit : « Pululat humanum genus et polluta propago. | Decedit uirtus, uicium succedit, adherent | coniugio illicito, pietas rectumque recedunt ».
irrupit dicit quia homo naturaliter est bonus et bonum appetit et bonum uult et nichil aliud nisi bonum, et propter hoc dicit irrupit.
euum est continuus discursus temporum.
129. omne nefas omne genus sceleris ; pvdor pudicicia90 ; vervm uel rectum, quantum ad homines.
‹ fides › quantum ad deos. Vel uerum id est ueritas ad dicta, fides ad facta.
130. qvorvm pudoris, ueri, fidei ; fravdes quantum ad facta ; doli quantum ad uerba.
Fraus quando aliquid agitur et aliud91 simulatur.
89gémirent, ce qui marque l’intensité du travail et ceci Virgile le note dans les Géorgiques quand il dit : « Puis le taureau commence à gémir sous le poids de la charrue ».
125. après celui-ci l’âge d’argent ; de bronze comparable au bronze ; génération âge, évidemment.
Nous avons dit que le second âge fut pire que le premier, qui était d’or, et de même le troisième fut pire que le second.
‹ aenea › (de bronze) ici il y a une diérèse. Quand les syllabes sont séparées nous avons une diérèse.
126. horribles à cause de leurs effets.
127. funeste par rapport au dernier âge ; le dernier le dixième âge.
funeste parce qu’ils tuaient leurs parents.
toutefois : même si j’ai dit que le troisième était pire que le second et le premier, toutefois etc.
À raison, le dernier âge est nommé l’âge de fer, car tous les crimes etc.
la dureté du fer : même si l’auteur devrait continuer par la mention des dix âges désignés par les dix métaux, il ne parle pas des âges intermédiaires et il place le dernier en quatrième position, puisqu’il dit le dernier a la dureté du fer. Le dernier est comparé au fer puisque c’est le métal le moins cher et le plus dur, comme s’il disait : alors ce fut le pire des âges, pour dire que ceux qui suivirent étaient pires que les précédents.
128.
aussitôt : se rappelant de la tournure d’Ovide, maître Gautier parle de la même façon : « Une race des hommes se répand et sa progéniture souillée ; la vertu part, remplacée par les vices. Ils s’accrochent à des mariages illicites, la piété et le droit se relâchent ».
fit irruption : il dit cela car l’homme est naturellement bon, cherche le bon, veut le bien et rien d’autre que le bien et sur cette base il dit fit irruption.
l ’ âge est une période de temps continue.
129. la vérité ou le droit, par rapport aux hommes.
‹ la foi › par rapport aux dieux. Ou bien, la vérité dans les mots, la foi dans les actions.
130. à leur (place) de la pudeur, de la vérité, de la foi ; les fraudes dans les actions ; les fourberies dans les mots.
Il y a une fraude quand quelqu’un fait quelque chose et feint quelque chose d’autre.
90131. insidie latronum ; amor sceleratvs habendi cupiditas per quam fiunt scelera.
uis uiolencia : nam uiolenter rapiebant omnia.
‹ amor sceleratus habendi › hoc dicit quia sepe male acquiritur. Horatius : « Rem facias, rem, | si possis, recte, si non, quocumque modo, rem ».
132. dabat explicabat ; illos uentos.
uela dabat : quod superius remouit hominibus, postquam ceperunt esse auari, attribuit.
133. qveqve carine per materiam, scilicet per arbores de quibus facte sunt naues.
queque : impropria est locutio, sicut dicitur : « Mulier que dampnauit saluauit92 ».
134. ignotis incognitis homini uel carine93 ; insvltavere frequenter saliere.
Nauis dicitur fluitare in mari, quia in fluido non potest habere firmum statum, et secundum motum aque oportet nauem moueri.
Virgilius in Georgicis : « Tunc alnos fluuii primum sensere cauatas ».
135. commvnem omnibus ; privs in tempore preterito ; lvmina sunt ; avre uenti sunt.
ceu : aduerbium similitudinis, coniungit similes casus.
‹ aure › uel auras communes omnibus.
Vnde infra : « Nec solem proprium natura nec aera fecit ».
136. cavtvs cauens de utilitate sua ; fossor uel menssor94.
mensor : mensurator. Proprio utitur uocabulo, nam agricolarum est uel mensor uel fossor. Aliud est metiri, aliud est metari95 : metari est proprie ponere castra, metiri omne illud de quo habetur mensura.
137. debita que debet homini,uel micia.
diues : unde et Pluto dicitur Dis a ditando, quia illum ditat terra.
138. poscebatvr dare96 ; in viscera terre querendo metalla.
139. recondiderat terra.
umbris : hoc dicit secundum illos qui dicunt infernum esse in umbilico terre97.
91131. les embuscades des brigands ; la passion criminelle de la possession la cupidité qui fait commettre des crimes.
uis :la violence, car ils saisissaient tout violemment.
la passion criminelle de la possession : il dit cela parce que souvent quelqu’un acquiert des possessions dans une mauvaise intention. Horace : « Fais de l’argent par des moyens justes, si tu le peux ; sinon, de quelque manière que tu puisses ».
132. eux les vents.
livra ses voiles : ce que l’auteur avait enlevé aux hommes plus haut, il le leur attribue à nouveau une fois qu’ils sont devenus avides.
133. qui les quilles, à travers leur matière première, c’est-à-dire les arbres dont sont faits les bateaux.
qui : c’est une expression impropre, tout comme dans la phrase : « La femme qui damna sauva ».
134. inconnus pour l’homme ou pour le bateau.
On dit du bateau qu’il flotte sur la mer, parce qu’il ne peut pas être stable sur l’eau, mais il bouge au gré du mouvement des vagues.
Virgile dans les Géorgiques : « Alors les fleuves pour la première fois firent l’expérience des aulnes creusés ».
135. commune à tous ; avant dans un temps préalable ; les souffles sont les vents.
ceu c’est un adverbe de comparaison, il met en relation des cas similaires.
‹ aure › (les souffles) ou bien auras communs à tous.
Voir plus bas : « La nature n’a fait sien ni le soleil ni l’air ».
136. prudent craignant pour son utilité.
mensor (arpenteur)mesureur. Il utilise le mot approprié, et mensor (arpenteur) et fossor (piocheur) se réfèrent aux agriculteurs. Les verbes ‘metiri’ et ‘metari’ ont des usages différents : on utilise ‘metari’ pour dire camper, on utilise ‘metiri’ pour toute sorte de mesurage.
137. dus qu’elle doit à l’homme.
diues (riches) : par conséquent Pluton est appelé ‘Dis’ du verbe ‘ditor’ (enrichir), puisque la terre l’enrichit.
138. dans les entrailles de la terre recherchant les métaux.
139. La terre avait caché.
ombres : l’auteur dit cela suivant ceux qui prétendent que l’enfer se trouve au centre de la terre.
92140. effodivntvr extra terram fodiuntur98 ; irritamenta malorvm scilicet quia aurum est causa belli.
‹ ef › fodiuntur : fodiendo habentur.
effodiuntur : effoditur enim terra arando99, ut inde eliciantur metalla.
effodiuntur : sic a Petreianis aqua carentibus legitur esse factum. Vnde Lucanus : « Iamque inopes unde primum tellure refossa | occultos latices obstrusaque flumina querunt100 ».
irritamenta malorum : prouocaciones, allegaciones per cupiditatem pecunie habende fiunt et in summa omnia mala.
Hoc senciens Lucanus dixit : « Set101 pars uilissima rerum | certamen mouistis opes ».
141. nocens nocumentum inferens.
nocens est ferrum, quia instrumentum est cedis ; aurum est nocencius quia est causa cedis.
‹ nocencius aurum › propter quod habendum agitur bellum cum ferro.
142. prodierat sursum uenerat ; pvgnat pugnando fit.
‹ utroque › id est utrobique, quia non potest esse bellum nisi inter duos102. Vel utrinque id est in utramque partem. Vel utroque quia pro auro pugnatur cum ferro.
143. crepitancia crepitum faciencia ; arma bellum.
sanguinea : sanguinem sicienti, uel sanguine infecta.
144. vivitvr modo ; ex rapto rebus per rapinam adquisitis ; tvtvs est.
Quid dicerem per singula de malis ? ‹uiuitur etc.›
tutus : sicut Iupiter de Licaone.
[ f. 3r ]
145. socer est tutus ; qvoqve etiam ; rara est parua, raro inuenta103.
146. imminet paratur ; exitio morti ; conivgis sue ; illa mariti imminet exitio.
Ecce illud uicium quod magis est enorme quam cetera uicia, quia uir etc.
147. miscent conficiunt et propignant ; aconita uenena illa.
93140. déterrent en creusant ils sortent hors de la terre ; qui stimulent les maux évidemment car l’or est la cause des guerres.
ils déterrent : ils obtiennent en creusant.
ils déterrent : on creuse la terre en la labourant pour en extraire les métaux.
ils déterrent : Lucain raconte que les soldats du général Petreius agirent de manière similaire lorsqu’ils manquèrent d’eau : « Et maintenant, dans leur pénurie d’eau ils commencèrent à creuser à la recherche de sources cachées et de ruisseaux souterrains ».
qui stimulent les maux : il y a des défis, des excuses pour obtenir de l’argent et pour tous les plus grands maux.
En accord avec ceci, Lucain dit : « Mais toi, richesse, qui es la plus vile de toutes les choses, tu as suscité la guerre ».
141.
Le fer est nuisible, puisque c’est l’outil du massacre ; l’or est plus nuisible, puisqu’il est la cause du massacre.
‹ l ’ or plus nuisible › la guerre pour posséder l’or se fait avec le fer.
142.
‹ utroque › c’est-à-dire des deux côtés, car on ne peut faire la guerre sans qu’il y ait deux combattants. Ou utrinque c’est-à-dire d’une part et de l’autre. Ou utroque (avec les deux), car avec le fer on combat pour l’or.
143. les armes la guerre.
ensanglantée : assoiffée de sang, ou souillée de sang.
144. on vit maintenant ; de rapines de choses acquises par pillage.
Que vais-je dire individuellement des maux ? ‹on vit etc.›
confiant : comme Jupiter à propos de Lycaon.
[ f. 3r ]
145. le beau-père est confiant ; est rare petite, rarement trouvée.
146. deson épouse ; l’épouse médite la perte de l’époux.
Voici ce vice qui est plus grand que tous les autres, car l’époux etc.
147. l’aconit le poison.
94lurida ab effectu, uel luridi coloris existencia.
terribiles : terrorem inferentes priuignis104.
aconita : herbas illas ueneficas a caute natas multum ualentes ad ueneficia et intoxicaciones. Cerberus siquidem spumas emisit super cautes et inde nascitur aconitum.
nouerce : quasi nouos arcens dicitur nouerca, nouos filios id est priuignos suos ut filiis suis posteris solis possit hereditas deuenire105.
148. ante diem mortis patris ; inqvirit uel incurrit.
inquirit : male querit in mala significatione, quasi diceret : filius inquirit mortem patris sui a uaticinatoribus.
149. victa superbia et iniquitate ; cede interfectione.
150. vltima quasi pulsa ; Astrea iusticia
Astrea id est iusticia, Astrei Gigantis et Aurore filia secundum fabulam. Vel dicitur Astrea quia ab astris originem habuit et in terram descendit et iterum ascendit in celum, unde illud : « Vltima de superis illa reliquit humum ».
Ad hanc reuocandam inuitare uidetur magister Aristotiles Alexandrum : « Et per te reuocetur ab alto | ultima que superum terras Astrea reliquit ».
His uisis, exponamus que dicta sunt de mundo mutato in quattuor secula uel etates. Talis mutacio est moralis. Prioris siquidem etatis homines, sicut aurum ceteris metallis preualet, sic hominibus preualuerunt ceteris, et sic adaptandum est de ceteris hominibus successiue in ceteris etatibus existentibus suis moribus effectum representantibus metallorum.
Accessus est ad aliam mutacionem que est de Gigantibus in montes. Continuatio : ita timebant homines et neue etc.
152. affectasse cum magno affectu cupiisse et impetisse ; fervnt homines.
153. altaqve et ferunt ; congestos coadunatos ; strvxisse parauisse.
154. cvm uel at uel tum106 ; omnipotens Iupiter ; perfregit perfecte ; Olimpvm montem illum.
155. svbiectvm id est superpositum, unde illud : « Pelion Ossa tulit ».
95livides : à cause de son effet, ou étant de couleur livide.
terribles : inspirant la terreur sur les beaux-fils.
l ’ aconit : herbe vénéneuse poussant dans les roches très efficace pour les crimes d’empoisonnement et d’intoxication. Cerbère a aspergé ces rochers de sa bave et ainsi est apparu l’aconit.
marâtres : ‘nouerca’ (belle-mère) pour ainsi dire ‘nouos arcens’ (écartant les nouveaux), les nouveaux fils étant ses beaux-fils, pour qu’ainsi l’héritage ne revienne qu’à ses propres fils.
148. avant l’heure de la mort du père.
s ’ informe : pose des questions impies avec des intentions impies, comme s’il disait : un fils pose des questions à un devin sur la mort de son père.
149. vaincue par la fierté et l’injustice.
150. la dernière comme chassée ; Astrée la justice.
Astrée c’est-à-dire la justice, qui dans la fable est la fille du géant Astréus et de l’Aurore. Ou elle est appelée Astrée à cause de son origine astrale ; elle descendit sur terre et remonta à nouveau aux cieux. Voir le vers : « Dernière parmi les immortels elle quitta la terre ».
Maître Aristote semble inviter Alexandre à se rappeler d’elle quand il dit : « Rappelons-nous des cieux, Astrée, dernière parmi les dieux à quitter la terre ».
Après avoir vu ceci, expliquons ce qui a été raconté à propos du monde changé en quatre époques ou âges. Une pareille transformation est morale. Le premier âge de l’homme était préférable à tous les autres âges, tout comme l’or est meilleur que les autres métaux. Et par conséquent ceci peut être adapté à tous les âges de l’homme dans lesquels leurs mœurs correspondent aux métaux.
Ensuite nous avons une présentation d’une autre transformation concernant les Géants transformés en montagnes. La suite : ainsi les humains craignaient mais etc.
152. cherchèrent à atteindre désirèrent avec beaucoup d’insistance et attaquèrent ; les hommes rapportent.
153. Et ils rapportent que les hautes.
154. tout-puissant Jupiter ; fracassa cassa complètement ; l’Olympe la montagne.
155. qui le soutenait c’est-à-dire placé dessus, voir le vers : « Ossa porta Pélion ».
96Pelion : hoc testatur Theodolus : « Mons cumulat montem, set totum Mulciber hostem | fulmine deiectum Vulcani trudit107 in antrum ».
Alibi : « Ardua deuexum Pelion Ossa tulit ». Ouidius in libro Fastorum : « Sic petitur celum, non ut ferat Ossan Olimpus | summaque Peliacus sidera tangat apex ».
subiectum : uidetur esse contrarium huic quod dicitur : « Deuexum Pelion Ossa tulit ». Vnde dicitur quod ibi ponitur prepositio pro prepositione, quia sub ponitur pro super, subiectum superiactum, sicut illud : « Subiciunt in equos », id est superiaciunt. Similiter dicit Virgilius : « Ter108 sunt conati subponere Pelion Osse ».
Mutacio ista moralis est super qua allegoria talis est : Gigantes a ‘ge’, quod est terra, dicuntur, unde Gigantes quasi terram amantes. Vnde ficti sunt habuisse pedes serpentinos, quia cum serpentum sit serpere super terram intelligimus illos circa terrena sollicitos esse et sic diuiciis cumulari. Montem supra montem finguntur ponere affectantes regnum celi, quia inde in altitudinem superbie sic ascendunt, set corruunt in se fulminati a Ioue, id est a Deo patre, quia frangit Deus omne superbum ; cuiusmodi fractio per penam que paratur reprobis designatur. De Integumento uersus : « Eiecisse deum mundus sitit, inde ruinam | primus habet, uirtus mentis ab arce fugit. | Virtutes superi uiciosaque turba Gigantes, | mens humilis Flegra mons tibi fastus erit ».
Sequitur de sanguine Gigantum in homines mutato et hoc est obruta etc.
156. mole id est montibus a se dissolutis ; corpora Gigantum.
157. natorvm Gigantum ; sangvine terram quia nati sunt de terra Gigantes, unde dicuntur a ‘ge’ quod est terra.
158. fervnt homines ; animasse id est in animam uiuentem redigisse, id est uiuificasse.
97Pélion : Théodule l’atteste également : « Ils empilent les montagnes les unes sur les autres, mais Vulcain, avec des éclairs, abat l’ennemi dans sa grotte ».
Ailleurs : « La haute Ossa porta Pélion l’incliné ». Ovide dans le livre des Fastes : « Ainsi on recherche le ciel : pas besoin d’entasser Ossa sur l’Olympe, et que le sommet de Pélion atteigne les étoiles ».
qui le soutenait : cela semble être contraire à ce qui est dit ici : « Ossa porta Pélion l’incliné ». Alors disons qu’ici une préposition est mise à la place d’une autre préposition, puisque ‘sous’ est utilisé pour ‘sur’, ‘placé sous’ pour ‘placé sur’, comme c’est le cas ailleurs : « Ils sont placés (‘subiciunt’) sur leurs chevaux », pour dire qu’ils sont placés dessus. D’une manière similaire Virgile : « Trois fois ils ont essayé de jeter le Pélion sous l’Ossa ».
Cette transformation est morale et l’allégorie est la suivante. Les Géants sont appelés ainsi de ‘ge’ qui veut dire terre, c’est pourquoi on dit Géants comme ‘aimant la terre’. Donc on les imagine avec des pieds de serpents et puisque c’est une caractéristique des serpents de ramper sur le sol, nous comprenons que les Géants sont soucieux des possessions terrestres et qu’ils ont des montagnes de richesses. On dit d’eux qu’ils empilèrent des montagnes les unes sur les autres pour atteindre les cieux parce qu’ils montèrent sur les hauteurs de l’orgueil ; mais ils tombèrent sur eux-mêmes, touchés par la foudre de Jupiter, c’est-à-dire Dieu le père, puisque Dieu abat tout orgueilleux et cette chute est désignée par la punition qui est préparée pour les méchants. D’où les vers des Integumenta : « Le monde avait soif de chasser le dieu, c’est pourquoi il a subi la première fois des dommages. La vertu de l’esprit a fui de la citadelle. Les vertus sont les dieux, la foule des vices sont les Géants, la bassesse d’esprit sera Phlégra, les montagnes te représenteront l’orgueil ».
S’ensuit la transformation du sang des Géants changés en hommes, et c’est ce qui suit submergé etc.
156. la masse c’est-à-dire les montagnes qu’ils ont détruites ; les corps des Géants.
157. des fils des Géants ; la terre par le sang car les Géants étaient nés de la terre et ils tirent leur nom de ‘ge’ qui veut dire terre.
158. Les hommes rapportent ; anima c’est-à-dire fit renaître en un esprit vivant, c’est-à-dire rendit vivant.
98159. ne nvlla id est ut aliqua ; stirpis Gigantee ; manerent id est remanerent109.
160. Homines ferunt terram in faciem similitudinem ; vertisse illum cruorem ; et etiam.
161. svpervm superorum.
162. fvit adeo ; scires ut scire posses ; e sangvine Gigantum110 ; natos uel natam, scilicet illam progeniem.
uiolenta : plena uiolentia a ‘lentos’ quod est plenum, sicut uinolentus, plenus uino.
Intelligendum est allegorice per illos qui nati sunt de sanguine quod de reprobis nascuntur reprobi : arbor enim mala bonum fructum non potest facere, unde magister Matheus : « Arbor | fronde patet ». Quod confirmat Pamphilus dicens : « Premonstrat signis patrem natura frequenter ». Vel ad historiam hec et precedens spectat mutacio, que est quod Iupiter rex Cretensis quosdam Titanos111 machinamentis pressit bellicis nec tamen ex toto deperiit illorum progenies.
163. vt postquam ; Satvrnivs Iupiter, Saturni filius
que pater : hic incipit Ouidius admiscere mutacionem de terra in mare per diluuium, et hoc est que, id est cuiusmodi facinora et crimina.
pater : nomen est actoritatis.
164. ingemit uel ingemuit id est ualde gemuit112 ; vvlgata uulgo cognita.
Vel ingemit, id est intus gemit, scilicet in corde.
‹ facto recenti › quia recenter factum fuerat illud factum.
165. referens ad memoriam reducens.
166. animo in ; dignas iras quantas debet deus habere.
dignas quia, sicut Iupiter est magnus et potens, ita magnas iras in animo suo concepit. Vel dignas113 quia re uera Deus non irascitur, set uidetur irasci quando facit opera irata.
167. consilivm deos ad consilium114 ; vocatos deos.
168. svblimis alta ; manifesta manifeste apparens ; sereno quando celum serenum est.
99159. de la race des Géants.
160. On dit que la terre transforma ce sang ; au visage à l’apparence.
161.
162. fut à tel point ; tu aurais su que tu aurais pu savoir ; du sang des Géants ; nés ou née, cette progéniture.
violente : pleine de violence, dérivé de ‘lentos’ qui veut dire plein, tout comme ‘uinolentus’ veut dire ‘plein de vin’.
Nous devons comprendre cette transformation de manière allégorique. Par ceux qui naissent du sang, comprenons que les méchants naissent de méchants. Car un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits. Voir maître Matthieu : « Un arbre se manifeste par sa feuille ». Et Pamphile confirme cela en disant : « La nature montre fréquemment son ancêtre dans des signes manifestes ». Ou cette transformation et celle qui la précède se réfèrent à l’histoire : Jupiter, un roi de Crète assiégea certains Titans, mais leur progéniture n’a pas été totalement anéantie.
163. Saturnien Jupiter, fils de Saturne.
le père : ici Ovide commence à introduire la transformation de la terre en mer par le déluge et il dit ceci, pour dire ces mauvais actes et ces crimes.
le père : appellation dérivée de son autorité.
164. divulguée connue par tout le monde.
ingemuit : il gémit profondémentou bien ingemuit il gémit intérieurement, dans son cœur.
‹ action récente › parce qu’elle avait été commise récemment.
165. se rappelant ramenant à sa mémoire.
166. Dans l’âme ; courroux digne tel qu’un dieu devrait l’avoir.
digne : car tout comme Jupiter est grand et puissant, il conçut une grande colère dans son esprit. Ou bien : digne parce qu’en fait Dieu n’est pas en colère, mais semble se mettre en colère quand il accomplit des actes colériques.
167. le conseil les dieux pour délibérer ; appelés les dieux.
168. serein quand le ciel est serein.
100est uia : magister Alanus de eodem idem sonat : « Set quoniam totus scintillat in igne beato | hic locus et flamme nutu blanditur amico, | censetur polus empireus cui flamma benignis | ignibus arridet aulamque nitoribus ornat ».
est uia sublimis : topographiam facit actor, id est115 loci descripcionem : describit enim uiam uel locum per quem uenerunt dei ad concilium, que uocatur a laicis uia sancti Iacobi. Origo huius circuli talis est : Amalthea capra Iouem nutriuit de proprio lacte et a Ioue translata est in celum et facta est principale signum ; de cuius corio coopertus est clipeus Palladis et uocatur egis ab ‘egle’ quod est capra. De lacte capre signata est uia illa que uocatur galaxias a ‘galac’ quod est lac et ‘chios’ quod est circulus, quasi lacteus circulus. Vel aliter : Mercurius inter priuignos nouerce sue adeptus est eius gratiam in tantum quod proprio lacte nutriuit eum Iuno, ut testatur Martianus, ad cuius rei memoriam aspersit celum lacte suo, a quo lacte uia dicitur Lactea quedam semita in celo. Vel quia Hercules, cum a multis nutricibus ultra modum lac sugserit, ibi lac illud euomuit, unde Lactea dicitur. In rei ueritate ibi est coniunctio duorum hemisperiorum et ex collisione facta in coniunctione ibi est quidam candor. Quidam dicunt quod in illa parte firmamenti sunt in circuitu minutissime stelle conserte continue. Et cum116 omnes circuli quos assignamus in spera tantum assignantur ad doctrinam, intelligitur iste circulus realiter esse in firmamento. Vnde dicit notabilis et dicitur in gallico uia sancti Iacobi.
169. Lactea nomen habet ita scilicet uocatur ; notabilis noscibilis.
170. hac per hanc uiam ; tonantis Iouis
tonantis unde magister Alanus dicit ita117 : « Hic habitant ciues superum proceresque Tonantis, | angelici cetus diuinaque numina, mundi | rectores, turme celestes, agmina celi, | excubie nostre, uarius quos diuidit ordo, | munus et officium, uirtus diuersa, potestas | plurima dissimilisque gradus, distancia facti ».
171. -qve id est ; domvm ad ; a dextra parte ; a leva parte.
101il est une voie : maître Alain dit la même chose : « Mais comme tout cet endroit scintille d’un feu béni et est apaisé par l’amicale flamme oscillante, il est identifié au pôle empyréen sur lequel la lueur d’un bon feu sourit et met en valeur la cour avec son éclat ».
il est une voie dans l ’ empyrée : l’auteur dresse ici une topographie, c’est-à-dire une description du lieu, car il décrit le chemin pris par les dieux pour se rendre au conseil, un chemin qui est appelé par les laïcs le chemin de saint Jacques. L’origine de ce circuit est la suivante : la chèvre Amalthéa a été transportée dans le ciel et est devenue un des signes astrologiques principaux, parce qu’elle avait nourri Jupiter de son propre lait. Le bouclier de Pallas est recouvert de la peau de cette chèvre et on l’appelle ‘égide’ de ‘egle’ qui veut dire chèvre. Le chemin est marqué par le lait de la chèvre et ce chemin est appelé ‘galaxie’, de ‘galac’, qui veut dire lait, et ‘chios’, qui veut dire ‘cercle’, comme cercle de lait. Ou autrement : Mercure parmi la progéniture de sa belle-mère reçut sa faveur au point qu’il fut nourri par Junon de son propre lait, tout comme l’atteste Martianus Capella. Et Junon enduit le ciel de son lait pour commémorer cela et de ce lait une certaine voie dans le ciel est appelée voie Lactée. Ou elle est appelée Lactée parce qu’Hercule, quand il but excessivement du lait de ses nombreuses nourrices, vomit ce lait à cet endroit. En réalité, il y a une conjonction entre deux hémisphères et de la collision qui se produit de cette jonction, il résulte une certaine brillance candide. Certains disent que dans cette partie du firmament les plus petites étoiles forment constamment un circuit. Et tandis que tous les cercles que nous assignons dans la sphère ne sont attribués qu’en fonction de la doctrine, ce cercle est censé exister réellement dans le firmament. C’est pourquoi l’auteur dit qu’il est visible ; et en français on l’appelle le chemin de saint Jacques.
169. elle porte le nom de voie Lactée donc on l’appelle ainsi.
170. par-là par cette voie ; tonnant Jupiter.
tonnant : c’est pour cela que maître Alain dit ainsi : « Ici habitent les citoyens du ciel et les nobles du maître du tonnerre, les compagnies des anges et des êtres divins, les dirigeants du monde, les troupes célestes, les armées du ciel, ceux qui nous gardent. Il y a différentes divisions parmi ceux-là selon leur rang, fonction, devoir, capacité variable, puissance, différence du lieu de séjour, diversité de tâches ».
171. et c’est-à-dire ; vers la maison ; à droite du côté droit ; à gauche du côté gauche.
102‹ dextra leuaque › quasi diceret : a dextra parte Iouis et a leua118 erant domus nobilium.
‹ deorum › sicut Phebi, Martis et huiusmodi.
172. atria sunt119 ; valvis portis ; celebrantvr frequentantur.
Value dicuntur a uoluo, -uis, quia uoluuntur in cardine.
173. pleps minores dei ; diversa a potentibus ; locis per loca ; a fronte120Iouis, ab oppositis scilicet.
174. clari famosi.
175. hic id est talis ; qvem locum ; verbis meis ; avdacia detvr id est si audacter loquar.
Ad exemplum situs palacii Augusti describit palacium Iouis dicens hic locus121.
176. havt pro non ; regisid est Iouis, uel celi.
Patet in hoc loco quod aliquid sentiebat de Christo, set proferre non audebat.
177. vbi postquam ; marmoreo plano marmore pauimentato.
Ita uenerunt dei sine mora, ergo.
‹ recessu › in secreta parte domus, in diuorcio.
178. celsior in loco celsiori ; ipse Iupiter ; innixvs apodiatus ; ebvrno id est eburneo.
celsior ut posset audiri et uideri.
ipse proprium est expressiuum personarum.
Sceptrum est uirga regia.
179. terqve qvaterqve multociens, finitum pro infinito.
terque quantum ad collectionem uirtutum triplicem, intellectus scilicet, rationis et memorie ; quater quantum ad animam : est enim concupiscibilis, uegetabilis, irascibilis, rationabilis122.
Vel ter quantum ad animam123, quater quantum ad corpus, quod constat ex quattor elementis.
180.
celum quia dicit Lucanus : « Iupiter est quodcumque uides124 ».
103‹ à droite et à gauche › comme s’il disait : à droite se trouve la maison de Jupiter, à gauche celle des nobles.
‹ des dieux › tels Phébus, Mars et de ce genre.
172.
Les ‘ualue’ (battants d’une porte) s’appellent ainsi parce qu’elles ‘uoluuntur’ (tournent) sur les gonds.
173. la plèbe les dieux moindres ; à part loin des puissants ; en face de Jupiter, de l’autre côté.
174.
175. ceci c’est-à-dire tel ; que le lieu ; à mes mots.
Il décrit le palais de Jupiter en comparaison de celui d’Auguste en disant tel est le lieu…
176. du roi Jupiter, ou bien du ciel.
De toute évidence, l’auteur avait, dans cette section, une idée du Christ, mais n’a pas osé l’exprimer ouvertement.
177. de marbre pavé de marbre.
Les dieux vinrent sans retard, donc.
‹ dans ce sanctuaire › dans la chambre secrète de la maison, dans un endroit à l’écart.
178. plus élevé, dans un endroit plus élevé ; lui-même Jupiter.
plus élevé pour qu’il puisse être entendu et vu.
ipse : au sens propre, s’applique à des personnes.
Un sceptre est une baguette royale.
179. trois ou quatre fois souvent, un nombre fini pour un nombre infini.
trois fois en ce qui concerne l’ensemble des trois vertus à savoir l’intelligence, le raisonnement et la mémoire. quatre fois en relation à l’âme, car l’âme est concupiscible, végétative, irascible et rationnelle.
Ou trois fois en ce qui concerne l’âme ; quatre en ce qui concerne le corps qui est composé des quatre éléments.
180.
le ciel puisque Lucain dit : « Jupiter est tout ce que vous voyez ».
104Cesaries dicitur uirorum a cedendo, come uero mulierum a comendo.
[ f. 3v ]
181. inde postea ; modis uerbis ; ora irata ; indignancia propter ipsum indignantem ; solvit aperuit125.
182. magis anxivs quam modo, suple.
Quasi diceret : quando Gigantes affectabant celum non magis anxius fui, quia licet hostis meus ferus esset, tamen erat de uno genere. Set nunc totus mundus coniuratus est in me et ideo magis debeo anxiari. Vnde subiungit nunc.
Incipit narrare quare superos aduocauerat loquens ad eos ex indignacione conquerens de sceleribus hominum dicens quod non magis fuit anxius in illo tempore in quo Gigantes affectauerunt celum quam modo sit. Dicit ergo non ego.
Vel sic non ego pro : in hac oratione intendit asperare deos contra genus humanum et maxime contra Lichaonem. Mundus hic accipitur pro circulo uel pro toto mundo, et dicitur mundus a mouendo, quia omnia elementa mouentur preter terram que est mundus per antifrasim, quasi minime se mouens.
183. tempestate id est tempore turbato et tempestuoso ; centvm finitum pro infinito.
184. angvipedvm Gigantum ; captivo captiuando nisi liberaretur per me.
anguipedum propter causam predictam, uel propter calliditatem, quia serpens est animal astutissimum. Vnde : « Estote prudentes sicut serpentes ».
captiuo non quia illud esset captum, set quia Gigantes illud capere proponebant.
185. fervs Gigas ; hostis collectiue.
Bene dico quod non fui magis anxius, nam.
186. corpore familia ; et id est ; ex vna pendebat origine de una origine erant.
187. Nerevs magnum mare
Perdenda erat tunc una generatio, set nunc126.
188. perdendvm est destruendum est ; ivro sic futurum esse.
iuro : duplex est iuramentum, scilicet per consecrationem et per exsecracionem. Iuramentum consecracionis fit per ascensum, iuramentum 105Pour la chevelure, on utilise le mot ‘cesaries’ pour les hommes, de ‘cedo’ (couper), ‘come’ pour les femmes, de ‘como’ (arranger).
[ f. 3v ]
181. bouche fâchée ; qui s’indigne à cause de lui qui s’indigne.
182. plus alarmé ajoute : que récemment.
Comme s’il disait : « Je n’ai pas été plus alarmé quand les Géants ont attaqué le ciel, parce que même si mon ennemi était féroce, il était d’une seule race. Maintenant le monde entier s’est ligué contre moi et par conséquent je dois être plus alarmé. » Et pour cela il rajoute maintenant.
Il commence à raconter pourquoi il a rassemblé les dieux, leur parlant avec indignation en se plaignant de la méchanceté des hommes et en rapportant qu’il n’était pas plus préoccupé lorsque les Géants l’attaquèrent que maintenant. Et ainsi il dit je ne…
Ou il faut lire ainsi je ne… : dans ce discours il entend soulever les dieux contre la race humaine et surtout contre Lycaon. Le monde ici est compris pour le cercle ou le monde entier et est appelé ainsi du verbe ‘moueo’ (bouger), puisque tous les éléments bougent à part la terre qui est appelée monde par antiphrase, pour ainsi dire ‘celle qui bouge le moins’.
183. tempête c’est-à-dire un temps tempétueux et troublé ; cent un nombre fini pour un nombre infini.
184. anguipèdes les Géants ; captif condamné à la captivité sauf s’il est libéré par moi.
anguipèdes : pour la raison susdite, ou à cause de leur ingéniosité, puisque le serpent est un animal qui est très astucieux. Voir : « Soyez prudents comme les serpents ».
captif non pas parce qu’il fut capturé, mais parce que les Géants prévoyaient de le capturer.
185. féroce le Géant ; l’ennemi collectivement.
Avec raison je dis que je n’ai pas été plus alarmé, en fait…
186. à un corps à une famille ; et c’est-à-dire.
187. Nérée la grande mer.
Une génération devait être détruite jadis, mais maintenant…
188. je jure qu’il sera ainsi.
je jure : il existe deux types de serment, un par consécration et l’autre par malédiction. Un serment de consécration est juré par ce qu’il y a de plus haut, un serment de malédiction par ce qu’il y a de plus bas. 106exsecracionis per descensum. Vnde cum nichil sit maius deis, iurant per descensum, scilicet per Stigem ; nos uero iuramus per ascensum, scilicet per deos. Vel sic : per consecrationem quando aliquis iurat per hoc quod sui interest, ut sacerdos per suam coronam ; per exsecrationem quando aliquis iurat per hoc quod est sibi contrarium, ut quando aliquis se maledicit ex parte diaboli. Tale sacramentum facit hic Iupiter. Erat autem consuetudo quod si aliquis deus periuraret Stigias paludes, per annum abstinebat a nectare celesti.
189. infera infernalia ; lvco per.
Styx est tristicia ; dei autem fruuntur eterna leticia. Vnde in contraria sue leticie incidere reuerentur127.
190. cvncta sunt temptanda a me ; immedicabile tractum est a cirurgico.
cuncta : hic potest fieri antipofora, id est contralatio, ab ‘anti’ quod est contra et ‘phoros’ quod est ferre. Poterit Ioui obici cuncta priustemptanda, nam debet parcere humano generi et dare tempus penitendi, quia « Deus non uult mortem peccatoris etc. », ut uideatur si resipiscant. Ad hoc respondet Iupiter quod boni sunt conseruandi, mali autem condempnandi, et hoc est set immedicabile uulnus etc. Quasi diceret : prius temptabo in animo de mundi destructione.
uulnus : simile dicit Virgilius in Georgicis : « Continuo labem ferro compesce, priusquam | dira per incautum serpent contagia uulgus ».
191. sincera bona ; trahatvr in corruptionem.
192. svnt ecce sincera pars ; svnt michi ; nvmina scilicet.
sunt : ecce boni illi ut heremite quos non destruam.
193. Favni illi dei ; Silvani dei siluarum – uersus est spondaicus.
Fauni dei sunt nemorum et dicuntur a ‘phonos’ quod est sonus, quia inconsiderate loquuntur, uel quia dant responsa ; ‘fonos’ grece,
107Or, puisque rien n’est plus grand que les dieux, ils jurent par ce qu’il y a de plus bas, c’est-à-dire par le Styx. Nous jurons cependant par ce qu’il y a de plus haut, c’est-à-dire par les dieux. Ou bien ainsi : par consécration quand quelqu’un prête serment sur quelque chose qui est important pour lui, comme quand un prêtre jure sur sa couronne ; par imprécation quand quelqu’un jure par quelque chose qui lui est contraire, comme quand quelqu’un se maudit de par le diable. Jupiter fait un serment de cet ordre ici. De plus, il était de coutume, si un dieu violait un serment fait par le marais du Styx, qu’il s’abstienne du divin nectar pour une année.
189. À travers le bois.
Le Styx représente la tristesse ; les dieux jouissent d’une béatitude éternelle, c’est pourquoi ils craignent de subir ce qui est contraire à leur béatitude.
190. toutes choses doivent être essayées par moi ; incurable mot emprunté à la chirurgie.
toutes choses : nous avons ici la figure rhétorique de l’anthypophore ou ‘contralatio’, de ‘anti’ qui veut dire contre et ‘phoros’ qui veut dire porter. On pourrait faire une objection à Jupiter : toutes choses doivent être essayées auparavant, car la race humaine doit être épargnée et avoir le temps de se repentir, puisque « Dieu ne souhaite pas la mort du pécheur etc. », de manière à ce qu’on puisse découvrir s’ils recouvreraient leur sens. Jupiter répond à cette objection en disant que les bons hommes doivent être préservés, alors que les méchants hommes doivent être condamnés et c’est ce qui correspond à mais la plaie est incurable etc. Comme s’il disait : je vais d’abord juger dans mon cœur de la destruction du monde.
la plaie : Virgile dit une chose similaire dans les Géorgiques : « Gardons la tache sous contrôle avec le couteau avant qu’une maladie terrible ne se répande parmi les gens sans méfiance ».
191. soit atteinte de corruption.
192. sont voici la partie saine ; sont pour moi ; les divinités évidemment.
sont : voici les bons, comme les ermites, que je ne détruirai pas.
193. les Faunes les dieux ; les Sylvains dieux des forêts – ce vers est spondaïque.
les Faunes sont des dieux des forêts et sont appelés ainsi de ‘phonos’, qui veut dire son, comme s’ils parlaient inconsidérément, ou bien parce 108uox128 latine. Satiri camporum et dicuntur a saturitate, quia dii sunt uoluptatum. Siluani dii sunt moncium et dicuntur a silendo uel a siluis.
194. celi dignamvr honore id est dignos esse reputamus quod in celis habitent.
195. dedimvs eis ; sinamvs illos.
certe secure, uel adiuratiuum est.
196. an numquid ; illos deos predictos.
an satis : uerba sunt Iouis loquentis ad deos, quem129 Lycaon uoluit interficere sompnolentum. Cum non potuit, interfecit quemdam obsidem suum et apposuit Ioui ad comedendum.
Ita dixerat Iupiter, ‹contremuere›.
198. strvxerit parauerit ; notvs uel motus ; Lycaon filius Titani Gigantis.
notus : propter infamiam crudelitatis adeo erat notus Licaon quantum esset aliquis formosus per formam et bonitatem suam, sicut alibi habemus : « Quam mala Tersitem prohibebat forma latere | tam pulcra Nereus conspiciendus erat ».
199. contremvere terrorem habuere ; omnes dei.
200. impia sevit seuiendo intendit.
deposcunt : allegaciones faciunt. Deposcere proprie est aliquem impetere. Vel deposcunt : querunt quis sit ille dicendo aliquid contra illum. deposcunt regit duplicem accusatiuum130.
manus impia Bruti et Cassii, qui dominum suum Iulium in Capitolio interfecerunt uigintiquattuor plagis pilorum.
sic construe : ita erant dei attoniti Ioue irato et sic, sicut modo tremuerunt superi, genus humanum id est Romanum est attonitum cum impia manus Bruti et Cassii seuit extinguere Romanum nomen sanguine Cesareo.
Quasi diceret : ita dei territi fuerunt propter uerba Iouis sicut Romani pro morte Iulii quando interfectus fuit a Bruto et Cassio.
Simile habetis in Alexandro, ubi dicit magister Galterus : « Regis ad hanc uocem clamoso perstrepit aula | turbarum fremitu cunctis poscentibus huius | auctores sceleris quod proderet ».
109qu’ils donnent des oracles. ‘Phonos’ en grec veut dire ‘uox’ (voix) en latin. Les Satyres sont des divinités des champs et sont appelés ainsi de ‘saturitas’ (satiété), parce qu’ils sont des divinités du plaisir. Les Sylvains sont des divinités des montagnes et sont appelés ainsi de ‘sileo’ (se taire) ou de ‘silua’ (forêt).
194. jugeons dignes des honneurs célestes pour dire nous les estimons dignes de vivre au ciel.
195. avons donné à eux ; leur permettons.
certainement : en toute sécurité ou pour renforcer le serment.
196. ils les dieux susmentionnés.
ou assez : ces mots sont dits aux dieux par Jupiter. Lycaon voulait le tuer dans son sommeil. Comme il n’y parvint pas, il tua un quelconque otage et le servit à Jupiter pour qu’il le mange.
Ainsi avait parlé Jupiter, tous ont frémi…
198. Lycaon le fils du géant Titan.
connu : à cause de son infâme sauvagerie, Lycaon était connu comme quelqu’un est réputé pour séduire par son apparence et ses bonnes actions, tout comme ailleurs : « La laideur a empêché Thersite d’échapper à l’attention, autant que la beauté a rendu Nérée visible ».
199. tous les dieux.
200.
deposcunt (réclament) : ils font une allégation. Le sens premier de ‘deposco’ est attaquer quelqu’un. Ou bien deposcunt : ils demandent qui était celui qui déclarait quelque chose contre lui. Le verbe ‘deposco’ se construit avec le double accusatif.
la main sacrilège de Brutus et Cassius qui ont tué leur maître Jules César au Capitole de vingt-quatre coups de dague.
ainsi construis : ainsi les dieux furent étonnés par la colère de Jupiter et ainsi, tout comme les dieux tremblèrent alors, le genre humain, c’est-à-dire les Romains, resta étourdi quand la main sacrilège de Brutus et Cassius chercha à éteindre le nom romain dans le sang de César.
Comme s’il disait : les dieux étaient donc terrifiés en raison des mots de Jupiter, tout comme les Romains le furent en raison du meurtre de Jules César quand il fut tué par Brutus et Cassius.
Vous trouvez un passage similaire dans l’Alexandréide, où maître Gautier dit : « La salle se mit à crier aux paroles du roi ; la foule s’exclama, exigeant qu’il révélât les auteurs du crime ».
110201. sangvine Cesareo occidendo Iulium Cesarem.
extinguere id est penitus destruere Romanumnomen id est Romanam potentiam. Vel nomen Cesareum, quando Iulius Cesar interfectus est et hoc est quod dicit.
202. svbite subito facte.
203. totvs orbis tota terra orbiculata.
204. Avgvste o.
‹ nec tibi… Ioui› quasi diceret : ‹non› magis est gauisus Augustus de hoc quod omnes contristabantur de morte auunculi sui quam Iupiter gaudebat de hoc quod superi et alii dei condolebant de scelere sibi illato131.
In hoc imitatur magister Galterus Ouidium : « Non fuit Eacide pietas ingrata suorum etc. ».
205. illa pietas ; qvi Iupiter ; voce manvqve loquendo et uidendo.
illa :pietas deorum, uel illa scilicet pietas tuorum, quia grata fuit Ioui et tibi132.
qui : ut tacerent.
206. mvrmvra deorum.
cuncti : audituri quid Iupiter diceret super hoc.
Iulio siquidem interfecto, multi uenerunt ad Augustum ut ulcionem acciperent de proditoribus et istud placuit Augusto Iulii filio adoptiuo.
207. svbstitit cessauit ; gravitate graui auctoritate ; regentis Iouis.
208.
rupit : loqui cepit. Qui enim tacet, silencium continuat ; qui loquitur, rumpit.
209. ille Licaon ; qvidem certe ; cvram accusandi ipsum.
‹ soluit › sustinuit. Vel solutus est a delicto per penam133.
210. amissvm delictum ; vindicta delicti ; docebo uos.
Licet punitus sit Licaon, tamen. Vel quamuis sustinuit penas de peccato, tamen.
211. infamia enormitas ; temporis mundi.
In hac oratione intendit Iupiter exponere deis insidias sibi factas et uindictam sumptam a Licaone et deos uoluntati sue adquiescere, et hoc est contigerat etc.
111201. le sang de César en tuant Jules César.
éteindre, c’est-à-dire détruire entièrement, le nom romain, c’est-à-dire la puissance romaine. Ou bien : le nom de César, quand Jules César fut tué et c’est cela qu’il dit.
202.
203. tout le globe toute la terre en forme de globe.
204. Ô Auguste.
‹ ni à toi… Jupiter › comme s’il disait : Auguste ne se réjouit pas plus que tous fussent attristés par la mort de son oncle que Jupiter se réjouit que les dieux se lamentassent avec lui des mauvaises actions qui avaient été perpétrées contre lui.
Ici maître Gautier imite Ovide : « La dévotion de ses hommes ne déplaisait pas non plus à l’Éacide ».
205. celle-là la loyauté ; qui Jupiter ; de la voix et de la main en parlant et regardant.
celle-là : la piété des dieux, ou celle c’est-à-dire la piété de ton peuple, puisqu’elle était douce pour Jupiter et pour toi.
qui : pour qu’ils se tussent.
206. les murmures des dieux.
tous (se turent) : pour entendre ce que Jupiter allait dire sur ce sujet.
À la mort de Jules César, beaucoup vinrent auprès d’Auguste en exigeant qu’il prenne sa revanche en punissant les traîtres et c’est ce qui plaisait à Auguste, le fils adoptif de Jules César.
207. du souverain de Jupiter.
208.
rompit (le silence) : il commença à parler. Celui qui se tait garde le silence ; celui qui parle le rompt.
209. il Lycaon ; le souci de l’accuser.
‹ soluit › (il a payé) il a supporté. Ou bien ‘soluit’ au sens où sa punition le délivre de sa faute.
210. je vous apprendrai ; la punition pour son péché.
Bien que Lycaon ait été puni, toutefois… Ou bien : même s’il a supporté la punition pour le crime, toutefois…
211. du siècle du monde.
Dans son discours, Jupiter a l’intention de révéler aux dieux les pièges qui lui ont été tendus et la punition infligée à Lycaon et d’emporter l’adhésion des dieux et donc il dit avait frappé etc.
112infamia temporis id est enormitas mundi. Mundus et tempus reciproca sunt et paria, quia finito uno finietur et aliud, et ideo tempus pro mundo potest poni. Set tempus dicit quia cum mundo tempus incipit esse et cum mundo desinet.
Tempus et mundus paria sunt, uno finito finitur aliud.
212. qvam infamiam ; falsam esse ; Olimpo a celo.
Olimpus dicitur ab ‘olon’ quod est totum et ‘lampas’ ardens, quasi totus ardens. Vel Olimpus est mons tangens nubes qui ita est altissimus quod propter altitudinem mons ille ponitur pro celo134.
falsam quia uellem quod falsa esset illa infamia.
213. et devs ego existens ; lvstro circueo ; hvmana svb ymagine ut uideri possem.
214. noxe culpe uel peccati.
Noxa infra ponitur ut hic pro nocumento, ibi : « Sine noxa luce bibuntur ».
noxe : « Noxia delictum, delinquens noxa uocatur ». Set actores semper ponunt noxam pro delicto et non noxiam, sicut habebitur in fine libri : « Nocte nocent pote, sine noxa luce bibuntur135 ».
215. minorinfamia vero id est deteriores erant homines quam fama diceret.
minor uero id est minor quam esset, si esset uerum, sicut alibi dicitur : « Violentior equo | uisa dea est », id est uiolentior quam esset, si esset eque uiolenta136.
216. Menala promontoria Archadie ; latebris horrenda ferarvm ibi enim latent multe fere.
Menala : montes Archadie. Hic Menalus, -li dicitur in singulari, Menala, -orum in plurali.
[ f. 4r ]
217. Cilleno monte illo ; Licei illius montis.
Cilleno : inde Cellenius dicitur Mercurius.
spineta loca sunt comprehensiua spinarum, et pineta pinuum137.
gelidi propter umbram, quia ubi umbra, ibi frigus138.
113la honte du siècle (temporis)c’est-à-dire dire la méchanceté du monde. ‘Mundus’ (monde) et ‘tempus’ (temps, siècle) sont réciproques et égaux, puisque lorsqu’un terminera, l’autre aussi. Par conséquent on peut utiliser un mot pour l’autre. Mais il dit ‘tempus’ parce que le temps commence avec le monde et terminera avec le monde.
‘Tempus’ (temps, siècle) et ‘mundus’ (monde) sont égaux : quand l’un est terminé, l’autre l’est aussi.
212. que la honte ; de l’Olympe du ciel.
Olympe est dérivé de ‘olon’, qui veut dire entier et ‘lampas’ qui veut dire ardent, pour ainsi dire ‘entièrement ardent’. Ou bien l’Olympe est une montagne qui atteint les nuages et qui est donc la plus haute et pour sa hauteur cette montagne peut être citée à la place du ciel.
mensongère puisque je souhaitais que cette honte soit un mensonge.
213. et moi qui suis dieu ; sous une figure humaine de manière à ce que je puisse être vu.
214.
Plus loin, tout comme ici, l’auteur dit ‘noxa’ (tort, crime) pour dire nuisance : « À l’aube on boit sans nuisance ».
noxe (les crimes) : « Le crime est appelé ‘noxia’, le criminel ‘noxa’ ». Mais les auteurs utilisent toujours ‘noxa’ pour dire ‘crime’ et non pas ‘noxia’, comme on le retrouvera à la fin du livre : « Durant la nuit, la boisson cause des nuisances ; à l’aube on boit sans nuisance ».
215. la mauvaise réputation était au-dessous de la vérité les hommes étaient pires que ce que la renommée disait.
au-dessous de la vérité : c’est-à-dire au-dessous de ce qu’elle serait, si c’était vrai, tout comme il est dit autre part : « La déesse semblait plus en colère que ce qui était juste », c’est-à-dire plus en colère qu’elle le serait si elle était justement en colère.
216. le Ménale un promontoire d’Arcadie ; horrible repaire des bêtes sauvages de nombreuses bêtes sauvages se cachaient là.
le Ménale : montagnes d’Arcadie. On dit ‘hic Menalus’ masculin au singulier, ‘Menala, -orum’ au pluriel. [f. 4r]
217. Cyllène cette montagne ; du Lycée de cette montagne.
Cyllène : de là Mercure est dit ‘Cillenius’ (du Cyllène).
spineta (fourrés)sont des endroits remplis d’épines, pineta (pinèdes) remplis de pins.
froids : à cause de l’ombre, car là où il y a de l’ombre, il fait froid.
114Liceus mons est in Archadia, quod innuit in Ouidio Fastorum : « Quis uetat Archadio dictos a monte Lupercos ? | Faunus in Archadia templa Liceus habet ».
218. hinc postea ; inhospita id est seua ; tyranni Licaonis139.
inhospita : in quibus non est bonum hospicium. Vel inhospita id est iura sui hospitis non obseruantia : hospites enim suos mactabat.
219. ingredior intro ; sera serotina.
sera ibi ponitur ad differentiam matutini crepusculi. Septem sunt partes noctis, scilicet crepusculum, conticinium, intempestum, gallicinium, matutinum uel antelucanum, diluculum, aurora. Crepusculum a ‘creperon’ quod est dubium uel dimidium. Inde crepusculum dimidia pars noctis et diei140.
220. signa dedi dicendo « pax huic domui141 » ; devm me ; precari me.
‹ signa dedi › quamuis uenissem sub humana specie, tamen dedi signa per que poteram credi deus esse.
221. pia vota hominum, pias uulgi orationes.
222. ait Licaon ; experiar an hic sit ; discrimine aperto id est aperta differentia uel certa noticia uel probacione uel periculo142.
223.
‹ nec erit dubitabile uerum › id est non dubitabitur de ueritate, quin sciam de illo an ipse sit deus necne143.
224. gravem grauatum ; necopina opinabili ; perdere destruere.
necopina : una dictio uel due dictiones144.
nocte grauem : hic est ordo preposterus quia prius apposuit hospitem ad comedendum quam ipsum uellet interficere145.
225. parat Licaon ; hec talis ; illi placet experientia sic uoluit experiri ; veri
ueritatis.
226. nec contentvs ita me perdere ; missi sibi.
‹ Molosa › de Molosia regione. Molosia, Calabria, Chaonia, Epirus nomina sunt eiusdem regionis.
227. resolvit aperuit.
115Lycée est une montagne d’Arcadie, qu’Ovide mentionne dans les Fastes : « Mais qui empêche de dériver le mot Luperque d’un mont d’Arcadie ? Faunus a un temple en Arcadie sous le nom ‘Lyceus’ ».
218. du tyran de Lycaon.
inhospitaliers : où on ne reçoit pas un bon accueil. Ou bien inhospitaliers, dans lequel on n’observe pas les droits de l’hôte, car Lycaon avait immolé ses hôtes.
219.
tard : Ovide utilise ce terme pour distinguer entre ‘crepusculum’ du matin et du soir. La nuit se compose de sept parties, à savoir : le crépuscule, la première partie de la nuit, la nuit profonde, l’heure où le coq chante, les matines ou avant la lumière, la pointe du jour et l’aurore. Le crépuscule dérive de ‘creperon’ qui veut dire doute ou milieu. De là provient le nom crépuscule qui veut dire moitié jour moitié nuit.
220. je donnais des signes en disant « que la paix soit sur cette maison » ; un dieu moi-même ; me prier.
‹ je donnais des signes › même si je venais déguisé en homme, je donnais pourtant des signes par lesquels on pouvait me reconnaître comme un dieu.
221. les vœux pieux des hommes, les pieuses prières du peuple.
222. dit Lycaon ; je vais bien voir s’il est ainsi ; par une épreuve manifeste c’est-à-dire par une distinction claire ou une indication certaine ou une preuve ou un danger.
223.
‹ nul ne pourra plus douter de la vérité › c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de doute sur la vérité, bien au contraire je saurais vraiment s’il est un dieu ou non.
224.
Le mot necopina peut s’écrire en un mot ou en deux.
lourd pendant la nuit : ici l’ordre est renversé, parce qu’il prépare le banquet pour son hôte avant de souhaiter le tuer.
225. s’apprête Lycaon ; cette une telle.
226. ce n’était pas encore assez de me tuer ; envoyé à lui.
‹ Molosses › de la région Molossie. Molossie, Calabre, Chaonie et Épire sont tous des noms de la même région.
227.
116‹ mucrone › mucro proprie dicitur cuspis ensis, set hic ponitur pro ense.
‹ iugulum… resoluit› simile infra : « Iugulum ferro Filomena resoluit ».
Inter Licaonem et regem Molosie erat tunc aliqua affinitas, unde modo Licaon habebat obsidem illius et illum interfecit et decoctum dedit Ioui ad comedendum.
obsidis id est hospitis sibi missi in obsidem, in plegium uel in ostagium. Obsides dicuntur illi quos dant barones regibus pro securitate.
228.
atque ita : hoc facto, uel ita sicut erant semineces.
229. mollit decoquit ; torrvit assauit.
‹ mollit… igni› quasi diceret : partim elixauit, partim assauit.
230. qvod uel quos ; simvl postquam.
quod supradictum ; uel quos artus scilicet ; uel que fercula ; uel quem obsidem.
uindice id est uindicante me de eius malicia.
231. in supra
ego uindice flamma in domino etc. : ego euerti indominum id est supra dominum tecta et Penates dignos, et est ibi inordinata copulacio secundum quod iunguntur Penates et tecta. Vel sic, ut sit ordinata copulacio : ego euerti tecta in dominum et Penates dignos euerti. Penates enim dicuntur dei priuati, quia in secretiori parte domus ponebantur.
Penates id est deos priuatos uel familiares qui compaciebantur eius nequicie. Vel146Penates id est ymagines priuatorum deorum qui digni erant destrui quia sustinebant illum deos contempnere.
232. ipse Licaon ; nactvs consequtus ; silencia rvris id est rura ubi est silencium.
233. exvlvlat ualde ; ipso toto.
ab ipso id est a naturali ferocitate, id est omnimoda causa rabiei uertitur147 in ore ; prius enim erat rabiosus mente, ore, manu, set rabies eius in ore remansit.
234. colligit ex diuersis partibus ; cedis uel prede.
117‹ mucrone › (par la pointe) ‘mucro’ au sens propre est la pointe de l’épée, mais ici le mot désigne l’épée en entier.
‹ il lui coupa la gorge › pareil plus bas : « Philomène lui coupa la gorge avec son épée ».
Lycaon et le roi de Molossie avaient quelques affinités, c’est pourquoi Lycaon obtint l’otage qu’il tua, cuisina et donna à manger à Jupiter.
otage c’est-à-dire un hôte envoyé à lui comme otage, à savoir comme gage ou otage. Les otages sont ceux que les barons confient aux rois pour la sécurité.
228.
et donc : une fois la chose accomplie, ou donc, comme ils étaient à moitié morts.
229.
‹ il attendrit sur le feu › comme s’il disait : il le fit en partie bouillir et griller.
230.
quod (ce qui) était dit au-dessus ; ou quos (ceux que) à savoir les membres ; ou que (lequel) plat ; ou lire quem (lequel) otage.
vengeresse c’est-à-dire que je me vengeais sur lui de sa cruauté.
231.
de ma foudre vengeresse sur le maître etc. : j’ai renversé sur le maître, c’est-à-dire au-dessus du maître, sa demeure et ses Pénatesdignes : il y a ici une coordination inhabituelle, qui unit la demeure et les Pénates. Ou c’est ainsi, pour en faire une coordination ordonnée : j’ai renversé sa maison sur le maître et les Pénates dignes d’être renversés. On appelle Pénates les dieux domestiques, parce qu’ils étaient placés dans la partie la plus secrète de la maison.
Pénates, c’est-à-dire les dieux domestiques ou de la famille, qui étaient complices de sa cruauté. Ou bien Pénates, c’est-à-dire les portraits des dieux domestiques qui méritaient d’être détruits, parce qu’ils supportaient qu’il méprisât les dieux.
232. il Lycaon ; le silence de la campagne c’est-à-dire la campagne où il y a le silence.
233. de lui-même entièrement.
de lui-même c’est-à-dire par sa sauvagerie naturelle, c’est-à-dire que toute sa sauvagerie était imprimée sur son visage. Car avant sa rage était dans son esprit, son visage et ses mains, mais elle resta sur son visage.
234. il rassemble à partir de plusieurs parties.
118235. in pro contra.
et nunc quoque : in tempore isto, uel in tali forma ; gaudet sanguine sanguinis effusione.
‹ gaudet › sicut enim prius gaudebat sanguine hominum, ita modo sanguine pecudum. Vel in pecudes id est in cedem pecudum.
236. villos pilos lupi ; lacerti abeunt.
237. vestigia signa.
Postquam descripsit lupum, licet satis posset dinosci quod lupus erat, tamen nominat illum dicens fit lupus etc.
238. eadem ei.
uiolentia id est crudelitas que prius erat.
‹ canities eadem est › caput erat canutum ante et post.
239. lvcent ei ; ymago representacio.
240. domvs Licaonis ; domvs vna una familia tantummodo set omnes domus.
241. Erinis Furia infernalis.
fera id est feralis, uel148fera id est crudelis.
‹ Erinis › ab ‘eris’ quod est lis, quia ad lites fuit nata149.
Alleto, Megera, Tesiphone, Heumenis, Erinis nomina sunt Furiarum infernalium.
242. ivrasse homines ; dent ergo sustineant ; ocivs cito.
dent penas id est sustineant : dare enim penas non est dare, set puniri. Nam ille dat cui placet donum ; ille ergo qui punit dat penas, nam ei placet pena. Set propter hoc dicitur dent penas id est sustineant150.
243. stat stans est ; sentencia mea.
sic Iupiter uolebat eos punire.
Moralis est ista mutacio. Licaon enim contemptor deorum et ignorans illud : « Non temptabis dominum Deum tuum », et illud : « Et ne nos inducas in temptacionem », uoluit temptare si uerus esset deus Iupiter an non faciendo homicidium, quia tunc crederetur uerus deus esse si statim puniret eum. Iupiter uero fecit eum obstinatum in sua tiranide, unde fingitur in lupum esse mutatus, quia luporum est esse
119235. vers au lieu de ‘contre’.
et maintenant aussi : à cette époque, ou sous cette apparence ; il se réjouit dans le sang dans l’effusion de sang.
‹ il se réjouit › de la même façon qu’il se réjouissait auparavant du sang des hommes, il se réjouit désormais du sang des troupeaux. Ou bien pour les troupeaux, c’est-à-dire pour le massacre des troupeaux.
236. pelage le poil du loup ; ses bras se transforment.
237.
Après avoir décrit le loup, même si on pourrait déduire qu’il était un loup, il le nomme explicitement comme tel en disant : il devient un loup etc.
238. le même que lui.
la violence c’est-à-dire la cruauté qu’il avait avant.
‹ le même poil gris › ses cheveux étaient gris avant et après.
239. Lui sont ardents ; image représentation.
240. la maison de Lycaon ; une seule maison une seule famille mais toutes les maisons.
241. Érinysla Furie infernale.
féroce : c’est-à-dire sauvage, ou bien féroce c’est-à-dire cruelle.
‹ Érinys › provient de ‘eris’ qui veut dire conflit, parce qu’elle était née pour le conflit.
Alecto, Mégère, Tisiphone, Euménide, et Érinys sont tous des noms pour les Furies infernales.
242. ont conspiré les hommes.
dent penas c’est-à-dire qu’ils subissent un châtiment, car ‘dare penas’ ne veut pas dire donner un châtiment, mais être puni. En effet, il donne à celui qui aime un cadeau, mais celui qui punit ‘dat penas’, parce qu’il aime le châtiment. Pour cela l’auteur dit dent penas pour dire qu’ils subissent un châtiment.
243. Ma décision.
ainsi Jupiter voulait les punir.
Cette transformation est morale. Lycaon méprisait les dieux et ignorait cette sentence : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu », et celle-ci : « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Il voulait savoir si Jupiter était bien un dieu ou non en perpétrant un meurtre, parce qu’on penserait que Jupiter est un vrai dieu s’il le punissait immédiatement. Jupiter le fit s’obstiner dans sa tyrannie. C’est pourquoi on imagine que Lycaon fut transformé en loup, parce que le propre des loups est de tyranniser les 120tirannos ouium. Vel secundum historiam a Ioue Cretensi rege regno spoliatus factus est uispilio latens in nemoribus et spoliator transeuncium, unde fingitur mutatus esse in lupum. De Integumento uersus : « Si lupus est Archas, lupus est feritate lupina ; | nam lupus esse potes proprietate lupi ».
244. pars collectiuum est ; stimvlos incitationem illi irato.
Ita dixerat Iupiter deis conuocatis.
pars scilicet maiores dei : non enim minores dei cum Ioue audebant loqui, set cum suis familiaribus.
uoce : uocis ostensione.
245. alii partes minores.
implent partes id est partem nobilium, quasi diceret : minores assentiebant nobilibus.
246. iactvra dampnum.
iactura proprie est dampnum quod habent mercatores in mari.
Quamuis assentiebant dictis Iouis, tamen.
247. mortalibvs ab hominibus ; orbe orbate.
248. rogant id est interrogant Iouem ; in aras in rogum.
‹ aras › uersus : « Est ăra porcorum breuis et non āra deorum151 ».
249. thvra et rogant ; ne numquid ; popvlandas deuastandas.
thura sacrificiis adhibentur. Cato : « Thure deum placa, uitulum sine crescat aratro ».
Vel populandas id est more populi habitandas152.
Ita dei querentes interrogabant ad quem finem mundus deueniret, talia.
250.
‹ cure › promittit subintelligitur quod ponit actor inferius. Sepe enim in actoribus subauditur antecedens per illud quod sequitur. Similiter hic intelligitur promittit,quod postea sequitur.
251. rex Iupiter ; svpervm superorum ; trepidare dubitare.
121moutons. Ou bien, d’après une interprétation historique : Lycaon était un roi que Jupiter, roi de Crète, dépouilla de son royaume ; il devint un brigand et se cacha dans les buissons pour voler les voyageurs ; et c’est pourquoi on pense qu’il a été transformé en loup. Les vers des Integumenta : « Si l’Arcadien est un loup, il l’est à cause de sa sauvagerie de loup, parce qu’on peut être un loup en ayant un caractère de loup ».
244. partie est un nom collectif ; aiguillons ardeur pour lui en colère.
C’est ainsi que Jupiter s’adressa à l’assemblée des dieux.
partie à savoir les dieux plus importants, car les dieux de moindre importance n’osent pas s’adresser à Jupiter mais parlent seulement à ceux de leur rang.
par la voix : par le fait de faire entendre la voix.
245. les autresparties ceux de moindre importance.
ils remplissent les parties c’est-à-dire la part des nobles, comme s’il disait : les dieux de moindre importance s’accordent avec les nobles.
246.
iactura (dommage) au sens propre est la perte qu’endurent les marchands en mer.
Bien qu’ils approuvassent le discours de Jupiter, toutefois etc.
247. des mortels des hommes.
248. ils demandent c’est-à-dire qu’ils interrogent Jupiter ; sur les autels sur les bûchers funéraires.
‹ autels › voir le vers : « ‘Ara’ (l’étable) des porcs est bref, pas ‘ara’ (l’autel) l’autel des dieux ».
249. l’encens et ils demandent.
l ’ encens est utilisé pour les sacrifices. Caton : « Apaise les dieux avec de l’encens, que le veau grandisse sans la charrue ».
‹ populandas › (devant être dépeuplées) ou bien populandas (devant être peuplées) c’est-à-dire devant être habitées comme le fait un peuple.
Ainsi les dieux se lamentaient et demandaient comment finirait le monde, telles…
250.
‹ soins › il promet, comme l’auteur le dit plus bas. Dans les textes littéraires, on doit souvent déduire l’antécédent à partir de ce qui suit. Par exemple ici, il faut donc déduire il promet à partir de ce qui suit.
251. le roi Jupiter.
122252. dissimilem non ita seuam.
mira : propter lapides, quia quot lapides iecit Deucalion, tot facti sunt homines, quot iecit Pirra, tot mulieres facte sunt.
[ f. 4v ]
253. erat Iupiter.
Ita promitebat Iupiter populum per dissimilem restaurare et adhuc non disposuerat quo pene genere mundum deberet punire153.
254. sacer propter deos ; ignibvs incendiis ; ether celum, celestis regio.
255. totvs timuit ; axis firmamentum.
Vel axis linea intelligibilis que protenditur de polo artico ad polum antarticum.
256. reminiscitvr Iupiter ; affore tempvs futurum esse in quo omnia cremabuntur.
esse in fatis : a Dei prouidencia esse dispositum. Hoc dicit propter combustionem que debet esse in die iudicii, uel que fuit per Phetonta.
257. qvo tempore ; correctaqve incensa.
Vnde infra, quando terra ad Iouem conqueritur : « At celi miserere tui. Circumspice utrumque : | fumat uterque polus ».
258. ardeat id est uratur ; moles machina ; laboret per incendium.
‹ ardeat › ardeo equiuocum est : « Ardet mens, ardet clipeus, focus ardet et edes, | hec cupit, hic splendet, hic urit et uritur illa ».
operosa : in quam fabricandam magna fuit opera.
moles : molem uocat quattuor elementa.
259. tela scilicet fulmina ; reponvntvr retro.
Ciclopes dicuntur fabricare fulmina Iouis.
Vnde illud : « Fulmina Ciclopes Iouis etc. ».
260. genvs scilicet perdere.
diuersa quia prius uolebat perdere eos per ignem, modo per aquam, que elementa sunt contraria.
261. perdere destruere ; celo parte celi.
262. in antris in carceribus.
Aquilonem : ne nubes a celo excuteret quia effectu suo siccus est, quod innuit Lucanus dicens : « Frigus bruma gelu siccisque Aquilonibus herens,
123252. différente pas si sauvage.
merveilleuse : à cause des pierres, car Deucalion en jeta autant que d’hommes naquirent, Pyrrha en jeta autant que de femmes naquirent.
[ f. 4v ]
253. Jupiter était.
Jupiter promit donc de restaurer le monde par une descendance différente de la précédente, mais il n’avait pas encore décidé par quel genre de châtiment il punirait le monde.
254. sacré à cause des dieux ; l’éther le ciel, la région céleste.
255. tout entier il craignait ; l’axe le firmament.
Ou bien l’axe la ligne imaginaire qui s’étend du pôle de l’Arctique jusqu’au pôle de l’Antarctique.
256. se souvint Jupiter ; il y aurait un moment où tout brûlerait.
c ’ est dans le destin : c’était déterminé par la providence divine. L’auteur dit cela à cause du feu qui viendra le jour du Jugement ou à cause de celui causé par Phaéton.
257. à quel moment.
Voir plus bas, quand la terre implore Jupiter : « Aie pitié de ton ciel et regarde plutôt comme les pôles fument ».
258. souffrira à cause du feu.
‹ ardeat › : le verbe ‘ardeo’ (brûler) a plusieurs significations : « Un esprit, un bouclier, le feu ou une maison peuvent être ardents : le premier désire, le deuxième flamboie, le troisième et la quatrième brûlent ».
construite avec soin : se réfère à quelque chose dont la construction a demandé beaucoup de soin.
masses : Ovide appelle masse les quatre éléments.
259. ses armes les éclairs.
On dit que les Cyclopes ont fabriqué les éclairs de Jupiter. Voir : « Les Cyclopes les éclairs de Jupiter etc. ».
260. le genre c’est-à-dire anéantir.
différents parce qu’il voulait d’abord les anéantir par le feu, mais il le fait maintenant par l’eau qui est l’élément opposé.
261.le ciel chaque partie du ciel.
262. dans les antres dans les prisons.
Aquilon : de peur qu’il ne balaie les nuages du ciel, parce qu’il est sec à cause de cet effet ; Lucain l’atteste en disant : « L’hiver, dont la glace inerte était engourdie par la gelée et les secs Aquilons, fermait l’éther et 124| ethere constricto pluuias in nube tenebat ». Eolus rex est uentorum, quod innuit Virgilius sub persona Iunonis dicentis : « Eole154, namque tibi diuum pater atque hominum rex | et mulcere dedit fluctus et tollere uento ». Et ideo Eolus fingitur rex uentorum, quia prior effectuum uentorum est cognitor.
Dicitur autem Aquilo quasi aquas ligans.
‹ Eoliis › Eolus quidam fuit qui inhabitans iuxta Ethnam considerauit flatus uentorum secundum fumum Ethne.
263. qvecvmqve claudit ; indvctas id est adductas in ethere.
264. emittit extra carcerem ; Nothvm uentum illum ; evolat extra antra uolat.
‹ Nothus › alas dicitur habere propter uelocitatem, quia cito flat.
265. picea obscura, synodoche.
Statum hominis ei atribuit. Sic enim depingitur Nothus habens barbam fluidam et capillos fluentes, obscurus et nubilosus.
Poetica est descripcio.
266. barba est ei155 ; gravis id est ponderosa ; canis uel madidis ; flvit impetuose cadit.
‹ canis › canutos dicitur habere capillos propter similitudinem aque.
267. fronte in sua ; rorant id est defluunt.
268. vtqve postquam ; manv conflatu ; pendentia in aere ; pressit Nothus.
‹ pressit › tractum est a lotrice que premit pannos ut aqua exeat.
269. fragor in uniuerso mundo
nimbi : simile dicit Lucanus de subuersione aquarum in Hispaniam : « Iamque polo presse largos densantur in imbres | spissateque fluunt ».
270. colores scilicet terre.
‹ Yris › sic dicit Lucanus : « Hic imperfecto complectitur aera giro | Yris uix ulla uariatus luce colorem | Occeanumque bibit raptosque ad sidera fluctu | pertulit ».
nuntia etc. Yris haurit aquas marinas156 et sursum ductas depluere facit. Yris ita describitur : yris est radius solis nubibus inclusus, diuersis qualitatibus elementorum informatus. Yris dicitur nuncia Iunonis hac ratione :
125retenait la pluie dans la nuée ». Éole est le roi des vents, comme Virgile le suggère en faisant parler Junon : « Éole, toi qui tiens du père des dieux et roi des hommes le pouvoir d’apaiser les flots et de les soulever au souffle des vents ». Et Éole est appelé roi des vents, parce qu’il est le premier à connaître leurs effets.
On l’appelle Aquilon presque comme ‘aqua ligans’ (lieur d’eaux).
‹ d ’ Éole › Éole était un homme qui habitait près de l’Etna et qui étudiait les souffles des vents en observant la fumée de l’Etna.
263. Il enferme tous les vents ; amassés c’est-à-dire apportés ensemble dans l’éther.
264. il délivre de la prison ; Notus le vent ; s’envole vole hors des cavernes.
On dit que Notus est ailé en raison de sa rapidité, parce qu’il souffle rapidement.
265. de poix c’est-à-dire obscure, synecdoque.
L’auteur personnifie le vent. Ainsi, Notus est décrit avec une barbe et des cheveux qui flottent au vent, chargé de ténèbres et de nuages.
C’est une description poétique.
266. sa barbe est.
‹ gris › on dit qu’il a les cheveux gris par comparaison avec l’eau.
267. sur son front.
268. de ses mains c’est-à-dire de son souffle ; suspendus dans l’air ; Notus pressa.
‹ il pressa › l’image provient de la blanchisseuse qui essore les vêtements.
269. un son fracassant à travers le monde entier.
les nuages : Lucain dit la même chose à propos de l’inondation en Espagne : « Déjà pressés par le ciel, ils se condensent en larges averses et coulent à flots épais ».
270. les couleurs c’est-à-dire de la terre.
‹ Iris › Lucain dit ainsi : « Embrassant l’air de son cercle imparfait dont aucune lumière ne marque les nuances, Iris but l’Océan, porta jusqu’aux étoiles les flots soulevés ».
la messagère etc. : Iris prend les eaux de la mer, les transporte en haut et les fait pleuvoir. Iris (l’arc-en-ciel) est décrite ainsi : c’est un rayon de soleil qu’enferment les nuages et que forment les différentes qualités des éléments. On dit qu’Iris est la messagère de Junon pour cette raison : 126Yris nichil aliud est nisi quod nubes soli opposita ex radiis solis ignita et pluuiis induta. Iuno autem interpretatur aer inferior ; in aere autem inferiori habent descendere157 et habitare pluuie, et hec est ratio quare Yris dicitur nuncia Iunonis.
uarios induta colores id est habens uarios colores indutos, quia ex quolibet elemento contrahit unum colorem. Contrahit enim a terra nigredinem, ab aqua uirorem, ex aere albedinem, ex igne ruborem, et ideo dicit uarios induta colores.
271. concepit conceptas ostendit ; alimenta aquarum scilicet.
alimentaque nubibus affert id est aquas. De aquis enim et uentis astrictis sunt nubes et dicitur quod Yris attrahit aquas de mari et fert eas in aera.
272. sternvntvr per inductionem aquarum ; deplorata ualde.
273. longiqve anni solaris ad differentiam anni lunaris.
uota : magnum enim uotum et spes coloni est in semine iacto.
274. celo aquis celestibus ; illvm Iouem.
275. cervlevs Neptunus ; avxiliaribvs auxilium dantibus ; vndis marinis.
ceruleus : ad colorem aque respicit et dicitur Neptunus quasi nube tonans ».
276. hic Neptunus ; amnes deos amnium.
tyranni : domini sui, scilicet Neptuni. Antiquitus enim uocabantur reges tiranni, modo crudeles uocantur tiranni.
278. ait ipse ; vires effvndite set.
279.
domos : fontes, origines uestras.
mole : pigricie, uel omni obstaculo et impedimento. Vel mora, uel dilacione, quia ex mole sequitur dilacio.
280. immittite laxate ; habenas discursus.
‹ habenas › tractum est ab equitantibus.
281. hii fluuii ; redevnt ad domos suas ; ora hostia ; relaxant ad amnes suos158.
282. defrenato impetuoso, id est sine freno ; cvrsv ueloci159.
defrenato : bene, quia supra dixerat : « Totas immittite habenas ».
127Iris n’est rien d’autre qu’un nuage qui fait face au soleil, que ses rayons éclairent et qui est chargé de pluie. On interprète Junon comme l’air inférieur, et la pluie a tendance à descendre et loger dans l’air inférieur ; c’est pour cette raison qu’on dit qu’Iris est la messagère de Junon.
revêtue de diverses couleurs c’est-à-dire qui a revêtu les nombreuses couleurs qu’elle possède, parce qu’elle prend une couleur de chaque élément. Elle tire le noir de la terre, le vert de la mer, le blanc de l’air et le rouge du feu ; et c’est pour cela que l’auteur dit revêtue de diverses couleurs.
271. aspire montre les eaux qu’elle a aspirées ; aliments à savoir les eaux.
apporte des aliments aux nuages à savoir les eaux. Les nuages sont en effet composés d’eau et de vents compacts, et on dit qu’Iris aspire l’eau de la mer et la porte jusqu’à l’air.
272. sont couchées par l’irruption des eaux ; déplorées beaucoup.
273. de la longue année l’année solaire en opposition à l’année lunaire.
voeux : le cultivateur mettait en effet beaucoup d’espoir dans les graines qu’il avait semées.
274. avec son ciel avec ses eaux divines ; lui Jupiter.
275. bleu azur Neptune ; les eaux de la mer.
bleu azur : ceci se rapporte à la couleur de l’eau et Neptune tire son nom de ‘nube tonans’ (tonnant dans un nuage).
276. il Neptune ; lesfleuves les dieux des fleuves.
du tyran : de leur maître, à savoir Neptune. Jadis, on appelait les rois tyrans ; maintenant on appelle tyrans seulement les souverains cruels.
278. ildit lui-même ; mais déployez vos forces.
279.
demeures : les sources, d’où vous êtes venus.
môle : indolence ou toute sorte d’obstacle et d’empêchement. Ou encore : retard, report, parce qu’un empêchement résulte d’un report.
280.
‹ les rênes › la métaphore est tirée des cavaliers.
281. ils les fleuves ; retournent dans leurs demeures ; relâchent vers leurs fleuves.
282. débridé : impétueux, à savoir sans frein.
débridé : c’est bien dit puisqu’il a dit ci-dessus : « Desserrez les rênes ».
128283. ipse Neptunus ; tridente uirga regali ; percvssit ut aqua exiret ; illa terra.
‹ tridente › unusquisque fratrum illorum dicitur habere suum insigne : Neptunus tridentem, propter triplicem aque potestatem, que est labilis, nabilis, potabilis ; Iupiter fulmen quod percutit, findit, urit ; Pluto Cerberum tricipitem, quia tres mortes designat frequentiores, in igne, in aqua et collisione. Hec triplicitas triplices potestates designat.
terram percussit : simile dicit Virgilius in Georgicis de Neptuno : « Magno tellus percussa tridenti ».
284. motv suo ; patefecit aperuit.
285. apertos uel latos.
expatiata : extra debitum spatium fluencia ; uel extra sua spatia existencia.
286. satis seminibus.
‹ cumque satis arbusta › satum dicitur quicquid seritur. Arbustum locus est comprehensiuus arborum et dicitur de arbore et sto, stas.
287. penetralia id est templa ; sacris ymaginibus deorum.
Simile dicit Lucanus : « Absorsit penitus rupes ac tecta ferarum | depulit atque ipsas hausit160 ».
288. qva aliqua ; mansit remansit.
[ f. 5r ]
289.
indisiecta id est inobruta, non destructa.
tanto malo : potest esse datiui casus uel ablatiui.
culmen dicitur a culmo, quia antiquitus domorum culmina de culmo tegebant.
tamen : quamuis resisteret, tamen etc.
290. svb gvrgite aquarum.
‹ presseque latent turres › sic et Lucanus : « Iam tumuli collesque latent ».
gurgite : tapinosis est, magne rei humiliacio, quando tantam aquarum habundanciam uocat gurgitem.
291.
129283. il Neptune ; trident verge royale ; frappa pour que l’eau s’écoule ; elle la terre.
trident : chacun des frères, dit-on, a son propre insigne. Neptune possède le trident, en accord avec le triple pouvoir de l’eau : s’écouler doucement, être navigable et être potable. Jupiter possède l’éclair qui frappe, fend et brûle. Pluton possède Cerbère à trois têtes, parce qu’il symbolise les trois causes habituelles de mort : le feu, l’eau et la collision. Cette nature triple dénote un triple pouvoir.
frappa la terre : Virgile dit une chose semblable de Neptune dans les Géorgiques : « La terre fut frappée de son immense trident ».
284. par cette secousse la sienne.
285.
par delà les limites : s’écoulant en-dehors de leur espace ou étant au-delà de leur espace.
286.
‹ et avec les semences les arbustes › le mot ‘satum’ désigne tout ce qu’on sème. Le mot ‘arbustum’ désigne un lieu peuplé d’arbres et tire son nom du mot ‘arbor’ (arbre) et du verbe ‘sto, stas’ (être debout).
287. des sanctuaires c’est-à-dire des temples ; avec leurs objets sacrés les représentations des dieux.
Lucain dit une chose similaire : « Il a absorbé les rochers, a emporté les gîtes des animaux sauvages, a englouti les bêtes elles-mêmes ».
288.
[ f. 5r ]
289.
sans s ’ écrouler c’est-à-dire sans être renversée ou détruite.
un tel désastre : peut être au datif ou à l’ablatif.
culmen (sommet, toit) dérive de ‘culmo’ (chaume), parce que les toits étaient jadis faits de chaume.
toutefois : bien qu’il résistât, toutefois etc.
290. sous le flot des eaux.
‹ les tours englouties disparaissent › ainsi Lucain : « Déjà les tertres et les collines disparaissent ».
sous le flot : est une ‘tapinosis’ (bassesse d’expression) figure consistant à amoindrir quelque chose d’important, puisqu’il qualifie de flot une si grande abondance d’eau.
291.
130iamque : simile dicit Theodolus : « Venit ab Occeano submergens cuncta uorago, | tellus cessit aque periit quod uixerat omne ».
nullum discrimen id est nullam differentiam, quia simul erant aqua et terra, uel161 quia terra tegebatur aqua. Vel discrimen id est noticiam, quia turbata erat aqua ex limo terre162.
292. omnia per ; erat uel erant.
omnia pontus erat : similiter est in Lucano : « Omnia Cesar erat ». Vel163omnia id est in omnibus locis. Vel omnia id est per omnia. Talem habemus latinitatem a Lucano.
293. occvpat ascendit ; cymba naui ; adhvnca curua.
294. dvcit nauem cum remis ; illic super illam partem ; vbi in qua ; ararat arauerat.
295. ille alius ; cvlmina super.
296. vlmo arbore
deprendit : in diuersis locis prendit164.
297. tvlit illam anchoram.
anchora dicitur ab ‘an’ quod est circum et ‘ceros’ quod est manus ; uel ab ‘anti’ quod est contra et ‘chorus, -ri’‹quod› uentus est, quasi contra chorum, id est uentum reddens nauem stabilem165.
298. avt pro et ; cvrve epiteton est ; vineta loca comprehensiua uinearum.
299. et modo paulo ante ; qvo ibi166.
graciles : quia animal est melencolicum et frigidum et siccum et habet constringi, quia frigiditas habet constringere.
300. deformes magni ; phoce balene167.
Hic et hec phoca, -ce dicitur.
deformes non quia carent forma, set propter magnitudinem uel propter inhumanitatem168 ; uel quia sunt sine forma aliorum piscium.
302. Nereides nimphe maris ; delphines illi pisces.
Notandum est quod nomen generale est quod deseruit talibus, scilicet nimpha, set secundum diuersa loca specificantur nomina, quod scitur his 131et maintenant : Théodule dit une chose similaire : « Un tournant d’eau vint de l’Océan et submergea tout. La terre cessa et toutes les créatures vivantes périrent ».
nullum discrimen (aucune distinction) c’est-à-dire aucune différence, car l’eau et la terre ne formaient plus qu’un, ou parce que la terre était submergée d’eau. Ou discrimen c’est-à-dire apparence, car l’eau était troublée par la boue de la terre.
292. tout partout.
tout était mer : semblablement chez Lucain : « César était tout ». Ou tout c’est-à-dire partout. Ou tout c’est-à-dire à travers toutes choses. Lucain utilise cette tournure.
293.
294. conduit le navire avec les rames ; là sur ce lieu ; où dans lequel.
295. celui-ci un autre homme ; au-dessus des sommets.
296. orme arbre.
deprendit (prend) : il prend dans différents lieux.
297. (le hasard) apporta cette ancre.
anchora (ancre)dérive de ‘an’ qui signifie autour et ‘ceros’ qui signifie main ; ou de ‘anti’,qui veut dire contre, et ‘chorus, -i’, vent, parce qu’elle maintient la stabilité du navire ‘contra chorum’, contre le vent.
298. ou pour ‘et’ ; recourbées est une épithète ; vignobles lieu garni de vignes.
299. et récemment un peu avant.
graciles : parce que cet animal est empli de mélancolie, de froid et de sécheresse et a tendance à se comprimer car le froid comprime.
300. informes énormes ; phoques baleines.
‘Phoca’ (phoque) peut être masculin ou féminin.
informes non parce qu’ils n’ont pas de forme, mais à cause de leur grande taille, ou de leur monstruosité, ou parce qu’ils n’ont pas la même forme que les autres poissons.
302. Néréides nymphes de la mer ; dauphins ces poissons.
Il faut noter qu’on se réfère à ces divinités par un nom commun, à savoir nymphe, mais elles ont des noms qui dépendent de leur lieu, ce qu’on
132uersibus : « Est semper nimpha nomen generale puellis, | Naiades fontis sunt, Oreades quoque montis, | sunt nemorum Driades, Nereydesque maris, | Napee florent, Amadriades arbore gaudent169 ».
303. incvrsant frequenter currunt ; pvlsant frequenter pellunt.
incursant id est incursando ledunt se170.
304. fvlvos propter fuluos pilos171.
305. fvlminis uelocitatis.
tygris nomen habet a uelocitate, ‘tigris’ grece, sagitta latine : animal est uelocissimum.
fulminis uelocitatis uel ferocitatis. Vel fulminis id est fulminei dentis, id est uires dentium ad modum fulminis timendorum.
306.
ablato a terra ; uel ueloci, quia cito auffertur. Vel ablato per diluuium172.
307. vbi in quibus terris ; possit uel posset.
309. immensa sine mensura ; licencia id est abusio.
tumulos id est magnas eleuationes terre, uel altos montes uel colles173.
‹ licencia › et est simile cum dicitur licencia poetica, id est abusio poetica.
310. montana moncium.
noui : insoliti, uel nouiter missi.
311. pars hominum ; vnda per.
312.
‹ ieiunia › quia cibus omnis deficiebat.
Sic expleta est ista mutacio nec indiget expositione, quia sic contigit in tempore Noe propter peccata hominum, super quo huic concordat Theodolus dicens : « Venit ab Occeano submergens cuncta uorago, | tellus cessit aque, periit quod uixerat omne ».
Sequitur mutacio de lapidibus mutatis in homines per Pirram et Deucaliona. Facit autem topographiam dicens separat etc.
313. Aonias Thebanos ; Acteis Ateniensibus, ab ‘athin’ grece quod est litus latine.
Describit montem ad quem tetenderunt Deucalion et Pirra dicens separat etc.
133peut connaître par ces vers : « Nymphe peut être un nom commun pour désigner des jeunes filles, les Naïades sont des nymphes des sources, les Oréades des montagnes, les Dryades des bois, les Néréides de la mer, les Napées fleurissent, les Hamadryades se réjouissent des arbres ».
303
ils percutent c’est-à-dire qu’en percutant ils se blessent.
304. fauveà cause de leur pelage fauve.
305.
le tigre tient son nom de sa rapidité, ‘tigris’ en grec signifie ‘sagitta’ (flèche) en latin : c’est le plus rapide des animaux.
de l ’ éclair :rapidité ou puissance. Ou de l’éclair c’est-à-dire de ses dents éclatantes, à savoir la force des dents qu’on doit craindre comme l’éclair.
306.
emporté de la terre ; ou rapide, parce qu’il est emporté rapidement. Ou emporté par les flots.
307. où dans quelles contrées.
309. immense sans mesure.
monticules c’est-à-dire de grandes élévations de terre, de hautes montagnes, ou des collines.
‹ licence › c’est comme quand on parle de licence poétique c’est-à-dire de liberté poétique.
310.
nouveaux : inconnus ou récemment envoyés.
311. partie des hommes ; par les flots.
312.
affamés parce qu’il n’y avait pas de nourriture.
Cette transformation est donc complète et ne requiert pas d’explication, puisqu’ainsi les événements se sont déroulés du temps de Noé à cause des péchés de l’homme. Théodule partage la même opinion quand il dit : « Une masse d’eau vint de l’Océan et submergea tout. La terre céda aux eaux, toutes les créatures vivantes périrent ».
S’ensuit la transformation de pierres en hommes par Deucalion et Pyrrha. L’auteur fait une topographie en disant sépare etc.
313. Aoniens Thébains ; Actéens Athéniens, du grec‘athin’ qui veut dire ‘litus’ (rivage) en latin.
Il décrit la montagne vers laquelle s’acheminaient Deucalion et Pyrrha en disant sépare.
134Phocis ciuitas est iuxta quam Parnasus est habens duo cacumina, scilicet Cyrram et Nisam. In Cirra colitur Phebus, in Nisa Bachus ; in sumitate cuius uenerunt Deucalion et Pirra et ita diluuium euaserunt, et ibi consul‹u›erunt Themin quomodo posset mundus reparari.
314. ferax scilicet fertilis.
315. pars maris Phocis fuit ; svbitarvm subito uenientium.
316. verticibvs culminibus.
Lucanus : « Hoc solum fluctu terras mergente cacumen | eminuit pontoque fuit discrimen et astris ». Et infra in eodem : « Vnoque iugo, Parnase, latebas ».
317. Parnasvs scilicet ; cacvmine suo ; svperat nvbes yperbole, excessio veritatis.
Parnasus quasi pares habens nasos, id est eleuaciones.
Parnasus dicitur habere pares nasos, id est eleuaciones ; set dicitur quod Elicon in tempore diluuii tantummodo apparebat, Cyteron uero submergebatur, unde potest inferri quod non erant pares. Ad hoc solu‹endum dic›itur quod quantum Elicon altior erat Citerone, tantum Cyteron erat densior Elicone. Vnde quod amitebat in altitudine recuperabat in densitate.
318. hic scilicet in illo monte ; nam cetera texerat eqvor interpositio est.
hic dico et non alibi, nam. Vel hic, scilicet Deucalion, et non alius, nam174.
319. cvm consorte Pirra scilicet.
320.
Coricidas a Corico monte. Coricus mons est iuxta Parnasum. Vel a Chorinto opido eiusdem prouincie175.
321. fatidicam dicentem fata.
oracula : loca responsorum. Dabat enim ibi responsa, uaticinia.
322. illo Deucalione ; eqvi id est equitatis.
323. illa Pirra ; vlla femina non fuit
324. vt postquam ; orbem terram.
Ita Deucalion et Pirra euaserunt, set ut.
stagnare : ad modum stagni defluere.
135La Phocideest une cité située près du mont Parnasse, qui a deux sommets, Cyrra et Nysa. On vénère Phébus Apollon sur le mont Cyrra et Bacchus sur le mont Nysa. Deucalion et Pyrrha gravirent son sommet et échappèrent ainsi au déluge, et ils consultèrent ici l’oracle de Thémis pour savoir comment ils pourraient repeupler le monde.
314.
315. La Phocide était une partie de la mer.
316.
Lucain : « Seul, quand le flot submergeait les terres, ce sommet domina et fit la démarcation entre la mer et les astres », et plus bas dans le même ouvrage : « Parnasse, tu restes caché par un de tes sommets ».
317. Parnasse évidemment ; avec son sommet ; dépasse les nuages hyperbole, une exagération de la vérité.
Parnasse pour ainsi dire ‘pares habens nasos’ (ayant des nez égaux), c’est-à-dire des altitudes.
On dit que le Parnasse a des nez égaux, c’est-à-dire des altitudes. Mais on disait, pendant le déluge, que seul le mont Hélicon apparaissait alors que le Cithéron était submergé et on peut en déduire qu’ils n’étaient pas égaux. On peut résoudre cela en disant que le Cithéron était aussi dense que l’Hélicon était haut, et ainsi le Cithéron compensait en densité ce qui lui manquait en hauteur.
318. ici c’est-à-dire sur cette montagne ; car la mer avait recouvert tout le reste c’est une incise.
hic (ici), dis-je, et non ailleurs, de fait. Ou bien hic (celui-ci), c’est-à-dire Deucalion et non un autre, de fait.
320. avec la compagne Pyrrha, évidemment.
Coryciennes du mont Corycus. Corycus est une montagne à côté du Parnasse. Ou de la ville de Corinthe, dans la même province.
321. fatidique qui rend des oracles.
oracles : l’endroit des réponses. Car ici elle donnait des réponses, des prédictions.
322. que lui Deucalion.
323. qu’elle Pyrrha ; il n’y avait aucune femme.
324. le globe la terre.
Ainsi, Deucalion et Pyrrha s’échappèrent, mais comme etc.
stagner : découler comme un étang.
1 Accessus in S inuenitur, in V W uacat.
2 sicut]s. l.
3 per]fort. propter S.
4 in]scripsimus, quid S, incertum.
5 iterum] S W, in ras. V.
6 cupit] W S, in ras. V.
7 pro] S, in ras. V, uac. W.
8 principali] S W, prima ex principali V2.
9 meum] S W, om. V.
10 et omnes res] S W, in ras. V.
11 V S, uac. W. ◊ ipsa] V2, ipsam S V ante corr. ◊ nullam substantiam] S V ante corr., nullum hominem V2. ◊ inter nullam] S V ante corr., nullum V2.
12 V S, uac. W.
13 quam] V, ante quam S W.
14 id est] S W, in ras. V.
15 animi] animo S W.
16 uel loco] S W, in ras. V.
17 S V, uac. W. ◊ qui dicit] V, dicit S. ◊ sum]in ras. V.
18 V S, uac. W. ◊ habundent] V, habundant S.
19 carebat] S W, carebant V. ◊ quia tellus erat… illic etc.] S, in ras. V.
20 S V, uac. W. ◊ durantur] S V ante corr. duratur aqua V2 (fort. melius). ◊ quia unda cauat lapidem] S, in ras. V.
21 hec sic] S W, in ras. V.
22 S W, in ras. V.
23 silentium] simile V S W.
24 V S, uac. W. ◊ habent] V, om. S.
25 et extra] S W, in ras. V.
26 et montes et] S W, in ras. V.
27 quia] S W, in ras. V.
28 citra tenuit] S W, in ras. V.
29 set non] V2, que tamen S W.
30 et unum… enim] S W, in ras. V. ◊ fortasse] S W, in ras. V.
31 hoc ioui… unum] S W, nominare christum sciens illum in ras. V2.
32 non audebat] S W, in ras. V.
33 id est firmamentis uel] S W, in ras. V.
34 S W, in ras. V.
35 horas uel] S W, in ras. V.
36 uel] S W, in ras. V. ◊ uisceribus terre] S W, in ras. V.
37 uel]in ras. V2, et non S W.
38 iussit1] S W, in ras. V. ◊ quia] S W, in ras. V. ◊ iussit2] S W, in ras. V.
39 quod uel] S W, in ras. V. ◊ si pro quod repetatur iussit] S W, om. V. ◊ id est aera] S W, in ras. V.
40 dicantur] S W, dicuntur V.
41 ad numerum] S W, in ras. V. ◊ ordine] V, ordinem S W.
42 uel non fiat… comparatione] S W, om. V ut uid.
43 eorum uocat] V S W, malimus elementorum notat.
44 deus uel] S W, in ras. V. ◊ iussit consistere] S W, in ras. V.
45 iussit consistere] S W, om. V.
46 frigora]cf. Tarrant in app. ◊ et fulminibus] S W, in ras. V.
47 et ideo fecit] S W, in ras. V.
48 in oriente populi sunt] S W, in ras. V.
49 et dum sibi] V, et dum ibi S, et quod sibi W.
50 set] S W, in ras. V.
51 non] S W, in ras. V.
52 immo] S, W, id est in ras. V2.
53 sole illuc… recedit] S W, in ras. V.
54 cf. Tarrant in app.
55 uel animantibus] S W, in ras. V.
56 id est] S W, in ras. V.
57 diuine] S W, in ras. V.
58 et quasi] quam ex et quasi ut uid. V2. ◊ dicit eum] S W, in ras. V.
59 costa] V, costa media S W.
60 ex constitutione diuina] S W, in ras. V.
61 erat] V S, non erat W.
62 de limo terre ei… de limo terre] V S, om. W.
63 terre] V S W, terrenam malimus.
64 postea] S W, poste V.
65 actiue] S W, in ras. V.
66 recenter… separata] S, in ras. V, uac. W. ◊ separata] S, in ras. V, uac. W. ◊ id est] S, in ras. V, uac. W.
67 rationabilem] S, in ras. V, uac. W.
68 cernua] cornua S V, uac. W.
69 secula uel] S, in ras. V, uac. W.
70 acinatis] V, acinas S uac. W.
71 solebat] V, sola solebat S, uac. W.
72 uel] S, om. V, uac. W.
73 hic copiam] S, om. V, uac. W.
74 unde] S, et in ras. V2, uac. W.
75 librorum] V, uerborum ut uid. S, uac. W.
76 quandoque]adiecit V2s.l.
77 et est… sono] S, in ras. V, uac. W.
78 aliquis]s.l. V2, om. V S, uac. W.
79 et ita… argentum] S, in ras. V, uac. W.
80 annis]correximus,annus V S, uac. W.
81 format] V, signat S, uac. W.
82 quod] V fort.ex qui, qui S, uac. W.
83 uel] S, in ras. V, uac. W.
84 de luce] V, debite ut uid. S, uac. W.
85 S, in ras. V, uac. W.
86 seminata uel] S, in ras. V, uac. W.
87 decima] S, in ras. V, uac. W.
88 consanguineos] S, in ras. V, uac. W.
89 uelociter] V, uiolenter S, uac. W.
90 pudicicia] S, in ras. V, uac. W.
91 aliud] S, in ras. V, uac. W.
92 S, in ras. V, uac. W.
93 uel carine] S, in ras. V, uac. W.
94 fossor uel menssor] V, mensor a messe S, uac. W.
95 uel mensor uel] S, in ras. V, uac. W. ◊ aliud… est metari] S, in ras. V, uac. W.
96 dare] S, in ras. V, uac. W.
97 S, in ras. V, uac. W.
98 fodiuntur] S, fodiendo trahuntur in ras. V2, uac. W.
99 arando] S, in ras. V, uac. W.
100 S, om. fort. in ras. V, uac. W. ◊ petreianis]correximus, petrerariis uel a perretariis S.
101 set] V, hec S, uac. W.
102 quia… duos] S, in ras. V, uac. W.
103 est tutus] S, in ras. V, uac. W. ◊ etiam] S, in ras. V, uac. W.
104 priuignis] V, om. S, uac. W.
105 quasi nouos… nouos filios] V, nouerca quasi nouos arcens filios S, uac. W. ◊ deuenire] S, euenire ex deuenire V2, uac. W.
106 cvm uel at uel tum] V, tvnc uel at S, uac. W.
107 trudit] V, trusit S, uac. W.
108 ter] V, et S, uac. W.
109 id est remanerent] V, om. S, uac. W.
110 gigantum] S W, in ras. V.
111 titanos] V W, tiranos ut uid. S.
112 ingemit uel ingemuit] V, ingemit S,ingemvit W.
113 uel dignas] S W, in ras. V.
114 consilium] V, concilium S W.
115 id est]s.l. V, om. S W.
116 cum] S W, om. V.
117 ita] S W, in ras. V.
118 a leua] V, leua S W.
119 sunt] S W, in ras. ut uid. V.
120 cf. Tarrant in app.
121 S W, in ras. V.
122 terque] S W, ter V (que in ras. V). ◊ quater] S W, uel ter ex quater ut uid. V2. ◊ uegetabilis] S W, in ras. V.
123 uel ter quantum ad animam] S W, in ras. V.
124 S W, in ras. V. ◊ quia dicit lucanus] W, lucanus qui dicit S.
125 aperuit] S W, om. V.
126 S W, in ras. V.
127 S W, in ras. V.
128 uox] S W, sonus in ras. V2.
129 quem] W, om. V S.
130 deposcunt regit duplicem accusativum] S W, in ras. V.
131 magis est] S W, non minus in ras. V2. ◊ alii dei] S W, in ras. V.
132 S W, in ras. V.
133 uel… penam] S W, in ras. V.
134 uel] S W, in ras. V. ◊ qui ita… celo] S W, in ras. V.
135 S W, in ras. V.
136 S W, in ras. V.
137 et pineta pinium] V post corr. (et pineta ut uid. V2), et pinuum S, uel spinium W,
138 S W, in ras. V.
139 licaonis] S W, licoonis V.
140 matutinum uel] S W, in ras. V. ◊ uel dimidium… diei] S W, in ras. V.
141 dicendo… domui] S W, in ras. V.
142 uel periculo] S W, in ras. V.
143 necne] V fort. post corr., nene S, aut non W.
144 S W, in ras. V.
145 S W, in ras. V.
146 penates… uel] S W, in ras. V.
147 uertitur] S W, in ras. V.
148 fera id est feralis uel] S W, in ras. V.
149 eris] S, er V2fort. ex eris, er W.
150 dare enim penas… sustineant] S W in ras. V. ◊ puniri]correximus, punire S W.
151 ara deorum] S W, etc. V.
152 S W, in ras. V.
153 per] S W, in ras. V. ◊ adhuc non] S W, in ras. V. ◊ iamque] S W, om. V.
154 eole] S W, sole V.
155 ei] S W, in ras. V.
156 marinas] S W, matutinas V.
157 descendere] S W, ascendere V2fort. ex descendere.
158 ad amnes suos] S W, in ras. V.
159 ueloci] S W, in ras. V.
160 ac tecta… hausit] S W, om. fort. in ras. V.
161 uel] S W, in ras. V.
162 uel discrimen… terre] S W, in ras. V.
163 uel] S W, in ras. V.
164 S W, in ras. V.
165 id est… stabilem] S W, in ras. V.
166 quo] S W, in ras. V.
167 magni] S W, in ras. V. ◊ balene] S W, in ras. V.
168 uel propter inhumanitatem] S W, in ras. V.
169 est semper… gaudent] S W, est semper etc. V.
170 incursando ledunt se] S W, in ras. V.
171 propter] S W, in ras. V.
172 uel ueloci… per diluuium] S W, in ras. V.
173 uel colles] S W, in ras. V.
174 uel… nam] S W, in ras. V.
175 uel… prouincie] S W, in ras. V.