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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Claude Simon, une expérience de la complexité
  • Pages : 411 à 417
  • Collection : Rencontres, n° 455
  • Série : Rhétorique, stylistique, sémiotique, n° 7
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406091417
  • ISBN : 978-2-406-09141-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09141-7.p.0411
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/06/2020
  • Langue : Français
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RÉSUMÉs

Marie-Albane Watine, Ilias Yocaris et David Zemmour, « Introduction »

Étudier la complexité singulière de la langue simonienne nécessite le recours transdisciplinaire à des outils danalyse philosophiques, épistémologiques, linguistiques et stylistiques très pointus : ceux-ci sont susceptibles dapporter un éclairage multidimensionnel bienvenu sur une œuvre qui se situe, comme le souligne fort justement un critique, « aux confins des connaissances actuelles » sur le discours littéraire et son organisation.

Jean-Yves Laurichesse, « La complexité des points de vue dans la représentation de lempire colonial chez Claude Simon »

Cet article porte sur la complexité des représentations de lempire colonial français dans Histoire et LAcacia. Les textes simoniens articulent différents points de vue projetés sur le processus de colonisation : ces points de vue renvoient dune part aux personnages de la mère et du père, dautre part à la figure de lauteur qui les met en scène, et qui adopte vis-à-vis de lunivers colonial un recul critique teinté toutefois dune certaine fascination.

Nathalie Piégay, « Écrire les larmes. Esquisse pour une approche des émotions »

Cette étude aborde le thème des larmes dans les fictions simoniennes, en sinterrogeant sur le statut de lémotion dans les romans de Simon et en essayant de restituer sa complexe articulation avec la perception, la pulsion et le langage.

Sophie Guermès, « De la complexité référentielle à la complexité sémantique. Lexemple du Vent »

La notion de complexité peut être rattachée à celle de « bricolage » textuel, étant donné que les textes simoniens accueillent des représentations et des 412références issues de substrats culturels très différents : en témoignent notamment les différentes manifestations de limaginaire chrétien dans Le Vent.

Wolfram Nitsch, « Les “Bifurs” du roman. Réseau textuel et réseau ferroviaire dans La Bataille de Pharsale »

Partant du concept de « bifur » introduit par Michel Leiris, cette étude évoque le thème du réseau ferroviaire dans La Bataille de Pharsale, en labordant à la lumière de la théorie simonienne du « mot-carrefour » : limage du réseau ferroviaire renvoie aux méandres dune écriture placée sous le double signe de la déviation et de la hantise, et se voit dès lors associée à tout un imaginaire transgressif conjoignant Éros et Thanatos.

Emelyn Lih, « “Un cauchemar dont jessaie de méveiller”. Complexités joyciennes dans Histoire »

Cet exposé examine les relations qui se nouent entre Histoire et un de ses hypotextes les plus connus, à savoir Ulysses de Joyce. Il existe en fait un certain nombre de similitudes thématiques entre les deux romans, qui suscitent en définitive dans lesprit du lecteur des réactions éminemment ambivalentes : en effet, leur « difficulté » peut être source aussi bien dangoisse que deuphorie.

Vincent Berne, « Interrompre la conversation. Claude Simon aux prises avec la critique néo-wittgensteinienne de la modernité littéraire »

Les approches sémiostylistiques de lœuvre simonienne permettent de mener une réflexion plus générale, relevant à la fois de la théorie littéraire et de lhistoire des idées. En effet, les travaux sur la syntaxe de Simon menés dans les années 1990 et 2000 ont des prolongements philosophiques insoupçonnés : ils fournissent des arguments probants à ceux qui entendent remettre en question la vision anti-moderniste du discours littéraire qui serait celle de Ludwig Wittgenstein daprès certains de ses épigones.

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Mathilde Vallespir, « Complexité perceptive chez Claude Simon. Instabilité référentielle et multistabilité dans La Chevelure de Bérénice »

Cet article propose une approche énactiviste du discours littéraire, axée sur les travaux de F. Varela. Il porte plus précisément sur les processus cognitifs mis en jeu quand on lit en temps réel La Chevelure de Bérénice : ces processus ont notamment partie liée avec des phénomènes de « multistabilité » découlant des ambiguïtés sémantiques, référentielles, énonciatives et syntaxiques inhérentes au style de Claude Simon.

Pascal Mougin, « Claude Simon et la métalepse. Considérations rétrospectives sur Triptyque »

En quoi consiste la conception simonienne de la métalepse narrative ? Le débat théorique sur les différentes manières denvisager les métalepses observables dans Triptyque permet de comprendre comment lœuvre simonienne articule modernisme et postmodernisme, mais aussi de penser ses rapports avec les pratiques « fictionnalistes » qui se font jour dans lart contemporain.

Anne-Lise Blanc, « Le simple : un contrepoint de la complexité chez Claude Simon »

Cette étude prend le problème de la complexité par lautre bout, en évoquant les rapports entre le simple et le complexe dans lœuvre simonienne. Sont notamment abordées les représentations liées à la simplicité dans un corpus douvrages incluant Le Vent, LHerbe et Photographies : leur étude permet de projeter un éclairage nouveau sur les processus de diagrammatisation mis en œuvre dans les fictions, les brouillons et les photographies de Simon.

Ilias Yocaris, « “Ces phrases bourrées de sous-entendus”. Complexité sémantique et discours implicite dans Histoire »

Les procédés stylistiques liés au discours implicite jouent un rôle décisif dans Histoire, puisque, comme on le sait, ce roman évoque à plusieurs reprises entre les lignes la mort (le suicide ?) de la femme du protagoniste, Hélène. Les allusions à Hélène découlent dune synergie extraordinairement sophistiquée entre le contenu thématique de Histoire, ses composantes énonciatives, syntaxiques, figurales, typographiques, isotopiques et lexicales, son entour pragmatique et ses différents hypotextes.

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Christelle Reggiani, « Simplicité du Tramway »

Le Tramway donne à voir un certain de nombre de procédés utilisés par Simon pour simplifier son propre style par rapport à des romans antérieurs comme La Route des Flandres. Comme le montre létude de ces procédés, Le Tramway met en œuvre une poétique du trajet intimement liée à la situation du sujet narrant, qui se prépare à la mort.

Michel Bertrand, « Gulliver, de lillusion de la facilité comme épreuve de la difficulté »

Gulliver entretient des rapports complexes et ambigus avec les romans traditionnels : en sastreignant tant bien que mal à écrire un roman de facture « classique », Simon sattache en réalité à faire ressortir les traits spécifiques de sa propre écriture, préparant ainsi le terrain pour les innovations quil introduira quelques années plus tard dans ses premiers Nouveaux Romans.

Cécile Yapaudjian-Labat, « Survivances de la tragédie dans LAcacia. Lire Claude Simon avec Aby Warburg »

Les recherches de lanthropologue de lart A. Warburg peuvent être mises à profit pour étudier les phénomènes dambivalence tonale et esthétique liés aux résurgences du registre tragique dans LAcacia : les références à la tragédie sous toutes ses formes dans ce roman se manifestent notamment à travers une superposition complexe de temporalités et de figurations de lhistoire différentes.

Marc Bonhomme, « Les dissonances tonales dans Le Tramway de Claude Simon »

Cette étude sattarde sur les faits de style qui confèrent à certains passages du Tramway une tonalité ambivalente. Les dissonances tonales (figurales et périodiques) engendrent des structures sémantiques conflictuelles, susceptibles de donner lieu à plusieurs interprétations différentes (littérale, humoristique, ironique).

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David Zemmour, « De William Faulkner à Claude Simon. Bruit et fureur sur La Route des Flandres »

Cet article établit un parallélisme entre La Route des Flandres et Le Bruit et la fureur de William Faulkner. En termes sartriens, on pourrait affirmer que Faulkner et Simon ont mis au point des techniques romanesques similaires qui renvoient à une « métaphysique » relevant dans les deux cas du genre artistique de la vanité.

Sjef Houppermans, « Complexité et psychanalyse. Une lecture stratifiée du Tramway »

Lauteur de cet exposé entreprend une lecture psychanalytique du Tramway, axée sur trois notions-clés de lapproche (néo-)freudienne : übersehen, unheimlich et nachträglich. Son étude détaille les stratégies scripturales mises en œuvre afin de transposer sur le plan littéraire les représentations inconscientes qui seraient à lorigine du roman simonien.

Alastair B. Duncan, « Approches psychanalytiques de lœuvre de Simon »

Le moment est venu de dégager une synthèse théorique à partir de toutes les études psychanalytiques (freudiennes et lacaniennes) portant sur lœuvre de Simon. Lapport herméneutique de ces études est loin dêtre négligeable, dautant quelles ont permis de reconfigurer avantageusement dans les années 1980 les schémas danalyse par trop rigides hérités du formalisme ricardolien.

Claire Badiou-Monferran, « Complexité syntaxique. Les deux régimes, classique et moderne, du diasystème simonien »

Cette étude aborde pour la première fois la syntaxe simonienne sous un angle diachronique, en montrant que son irréductible complexité découle aussi de la présence de tournures hybrides, amalgamant des traits langagiers propres au français moderne avec dautres, issus du français classique. Pour sen convaincre, il suffit de se pencher sur la référenciation pronominale, les expressions détachées et le découpage phrastique.

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Sandrine Vaudrey-Luigi, « Complexité et belle langue dans LHerbe de Claude Simon »

Cet article interroge les faits langagiers qui convoquent dans LHerbe la « belle langue », autrement dit la langue littéraire académique. Comme on le montre, la complexité du style simonien découle aussi du fait quil combine des procédés scripturaux avant-gardistes propres à lécriture néo-romanesque et des traits langagiers issus de la langue académique, dont larticulation permet de restituer une expérience spécifique de la temporalité envisagée comme une durée discontinue.

Sophie Milcent-Lawson, « Théories dadjectifs chez Claude Simon. La série polyadjectivale comme stylisation verbale de lexpérience de la complexité »

Fruits dune esthétique de laccumulation, les séries dadjectifs hétérogènes observables dans les romans simoniens génèrent des effets dostension formelle, des ambiguïtés syntaxiques de toutes sortes, mais aussi des impertinences prédicatives qui leur confèrent souvent une valeur tropique. Par ailleurs, elles permettent de projeter sur le référent visé des points de vue différents mutuellement intriqués, ce qui constitue sans doute un avatar littéraire des techniques picturales cubistes.

Julien Piat, « Les binômes dadjectifs coordonnés antéposés au nom. Un élément de complexité stylistique dans la prose de Claude Simon »

Très présents dans Le Palace, les binômes dadjectifs coordonnés antéposés au nom donnent lieu à des interactions sémantiques assez complexes qui sont la marque dune « syntaxe du sensible ». En même temps, ils créent un effet éminemment paradoxal, puisquils mobilisent tout en les déconstruisant des stéréotypes langagiers de toutes sortes.

Yona Hanhart-Marmor, « La phrase-temps. Syntaxe et temporalité dans Le Tramway de Claude Simon »

Cet article explore les rapports entre complexité syntaxique et vision de la temporalité dans Le Tramway : en analysant les premières pages du roman, on constate que le déploiement de la phrase simonienne crée une impression de feuilletage temporel, dans la mesure où il permet darticuler entre eux plusieurs épisodes narratifs différents.

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Marie-Albane Watine, « La phrase de Simon est-elle complexe ? Une approche psycho-linguistique »

Prenant le contrepied des approches issues du structuralisme qui envisageaient la phrase simonienne comme un réseau multidirectionnel étalé dans lespace, cette étude décrit son déploiement dans le temps, en détaillant les mécanismes liés à la succession de ses différentes composantes au moment de la lecture. On aborde ainsi trois phénomènes constitutifs de la complexité syntaxique dans LAcacia : les tmèses, les effets de surfonctionnalisation et lantéposition de certains caractérisants.