Présentation des auteurs et résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Cioran, archives paradoxales. Tome III. Nouvelles approches critiques
- Pages : 187 à 192
- Collection : Rencontres, n° 311
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406064084
- ISBN : 978-2-406-06408-4
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06408-4.p.0187
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/09/2017
- Langue : Français
présentation des auteurs
et résumés
Michael Finkenthal, « Cioran entre le Vedānta et le nihilisme »
Michael Finkenthal est professeur émérite de l’université hébraïque de Jérusalem et professeur à l’université Johns Hopkins de Baltimore. Il est auteur de livres, d’essais et d’articles sur D. Trost, Sesto Pals, Cioran, Ionesco, Chestov et Fondane.
Dans chaque tentative de discussion concernant le problème de la mort, porté soit sous un angle métaphysique, soit sous celui de l’élaboration d’un ars moriendi, il semble que – au moins dans ses écrits français – Cioran ait oscillé entre une solution nihiliste et la solution proposée par diverses variantes des philosophies qu’il connaissait déjà en Roumanie. Cet article argumente ce simple, et en même temps compliqué, constat.
Mots-clés : Cioran, mort, hindouisme, bouddhisme, nihilisme.
Mihaela-Genţiana Stănişor, « Cioran : la mort du moi et la résurrection du mot »
Mihaela-Genţiana Stănişor, co-directrice de la revue internationale Alkemie, est maître-assistante à l’université Lucian Blaga (Sibiu). Docteur ès lettres de l’université de Craïova avec une thèse sur Cioran, elle a notamment publié le roman Lucrare de autocontrol (Bucarest, 2013) et traduit en roumain La Tentation nihiliste de Roland Jaccard (Timişoara, 2008) et les Maximes de Nicolas Chamfort (Cluj-Napoca, 2015).
L’article étudie la thanatologie cioranienne en ce que la mort fait et défait la vie, entretient sa pensée et son sentir, compose et décompose son moi et son écriture. Sa vision philosophique et artistique place l’être « dans et vers » (« întru », selon la définition de Noica) la mort, par laquelle il détermine le sentiment roumain de l’être – c’est-à-dire envers la mort. Cet article analyse cette forme absolue d’exil qui mobilise et fascine l’esprit créateur de Cioran : l’exil dans le non-être.
Mots-clés : mort, exil, non-être, thanatologie, écriture.
188Constantin Zaharia, « L’indicible, la mort, l’immortalité »
Constantin Zaharia est critique et essayiste. Il collabore aux revues Critique, Cahiers de l’Herne, Le Magazine littéraire, Cahiers roumains d’Études littéraires et culturelles. Sur Cioran, il a écrit La Parole mélancolique. Une archéologie de l’écriture fragmentaire (Bucarest, 1998), et a édité trois manuscrits inédits : Despre Franţa (Bucarest, 2011), Îndreptar pătimaş II (Bucarest, 2011) et Razne (Bucarest, 2012).
L’indicible n’est pas seulement ce dont on ne peut pas saisir le contenu conceptuel, et qui de ce fait ne se laisse pas exprimer par la langue, il est aussi ce qui effraie car il s’agit à chaque fois de quelque chose qui se dérobe à la pensée. Il devient donc nécessaire d’élaborer chez Cioran une méthodologie d’approche du problème de la mort là où la démarche philosophique s’avère insuffisante et de mettre en relation l’obsession de la finitude avec ce qui devrait la transgresser.
Mots-clés : Cioran, indicible, mort, finitude, pensée.
Pierre Garrigues, « La mort et ses périphrases. “Que voulez-vous ? C’est comme ça…” »
Pierre Garrigues est essayiste et poète, professeur à la Faculté des sciences sociales et humaines de Tunis et membre de l’Unité de recherche en littérature, discours et civilisation de la Faculté des lettres et sciences humaines de Sfax. Son dernier essai s’intitule Vers une métaphysique solaire (Tunis, 2002).
La mort est une hantise pour Cioran, tout concourt à une rumination qui semble relever d’un paradoxe : si la vie n’est rien, pourquoi redouter ce qui en délivre ? Et si la mort n’est rien, pourquoi n’y voir un accès possible au néant ? Seules alors les figurations de la mort, anecdotes, périphrases, peuvent exprimer l’inexprimable : « C’est comme ça… Que voulez-vous ? » Effectivement, c’est comme ça…
Mots-clés : vie, mort, fragmentation, périphrase, inexprimable.
Gabriel Popescu, « Le Précis de décomposition et son “lieu d’énonciation” : la mort comme “loi” de l’intimité »
Gabriel Popescu est maître de conférences en littérature universelle et comparée à la Faculté des lettres de l’université de Craïova et docteur en littérature universelle et comparée de l’université de Bucarest. Il est l’auteur, entre autres, des livres Les Métamorphoses de l’herméneutique (Bucarest, 2001) et Sources bibliques du texte racinien. Une approche herméneutique (Bucarest, 2002).
189Dans les Cahiers, Cioran reprend maintes fois « Le mot profond de la Gītā », selon ses propres dires – un « mot » que voici : « Il vaut mieux périr dans sa propre loi, que de se sauver dans celle d’un autre. » En se fondant justement sur cette reprise, disons obsessionnelle, du « mot profond de la Gītā », l’article interprète le Précis de décomposition dans la perspective ouverte par ce « mot ».
Mots-clés : mort, intimité, altérité, poïétique, lieu d’énonciation.
Caroline Laurent, « Poétique de la mort chez Cioran »
Caroline Laurent est agrégée de lettres modernes, directrice littéraire aux éditions Les Escales, à Paris. Elle prépare actuellement une thèse à l’université Paris-Sorbonne sur l’esthétique du cynisme dans les Essais de Philippe Muray, à la lumière de Céline et Cioran. Elle est l’auteur de plusieurs articles, dont « Muray, Houellebecq : les trouble-fête » dans Le Magazine littéraire (Paris, 2014).
L’article analyse les figures littéraires de la mort chez Cioran, mort physique, mort symbolique, nuit des âmes et des temps. La mort, en effet, agit comme un principe poétique dans son œuvre, dissémine métaphores et allégories, rejoint aussi le silence, et tisse un sous-texte puissant qui permet de transformer la pensée en élégie.
Mots-clés : poésie, mort, métaphore, allégorie, élégie.
Dumitra Baron, « La mort, toujours recommencée. Cioran ou l’expérience de “la mort en artiste” »
Dumitra Baron est maître de conférences à l’université Lucian Blaga (Sibiu). Docteur en littérature comparée, elle est auteur de deux ouvrages sur Cioran : Variations po(ï)étiques (Cluj, 2011) et À travers le verbe (Bucarest, 2014) et de Gammes de littérature – chroniques de lecture et études littéraires (Craiova, 2014). Elle a coédité Traversées poétiques des littératures et des langues (Paris, 2013).
À travers une lecture comparatiste, l’article explore les diverses représentations littéraires de la mort dans l’œuvre de Cioran et leur fonctionnement au niveau de la création du texte. Le penseur essaie de se fabriquer, à l’aide des modèles littéraires, une mort « répétée », vécue comme un exercice quotidien. Par répétition et dialogue intertextuel, son écriture propose une version palimpsestueuse de la mort, le trait formel le plus approprié étant le fragmentaire.
Mots-clés : mort, écriture, répétition, intertextualité, fragment.
190Lauralie Chatelet, « L’angoisse de la mort comme art de vivre chez Cioran »
Lauralie Chatelet est doctorante en littérature à l’université Jean-Moulin – Lyon III, où elle prépare une thèse sur « La Négation, l’angoisse et le paradoxe chez Cioran ».
L’angoisse peut-elle être considérée comme « art de vivre » chez Cioran ? Alors que Cioran lui-même se qualifie d’« escroc du Gouffre », comment comprendre son rapport à l’angoisse ? Cet article montre, au travers d’une réflexion sur les rapports entre angoisse métaphysique et angoisse psychiatrique, comment Cioran propose une troisième voie vers une angoisse existentielle particulière.
Mots-clés : angoisse, négation, déchéance, extase, expérience.
Rodica Brad, « Cioran face à la mort des siens. Commentaires sur la correspondance avec ses proches »
Rodica Brad est maître de conférences à l’université Lucian Blaga (Sibiu). Elle est l’auteur d’une thèse de doctorat sur Mircea Eliade et des livres : La Poétique du fantastique chez Mircea Eliade. Essai de définition typologique (Sibiu, 2004), La Spatio-temporalité fantastique chez Mircea Eliade (Sibiu, 2004). Elle est aussi vice-présidente de l’Association roumaine des départements universitaires francophones.
Cet article étudie l’impact sur Cioran de la mort de ses proches, à travers sa correspondance avec son frère Aurel et des amis (Arşavir Acterian, Bucur Ţincu ou Constantin Noica). Il montre en particulier comment Cioran va en tirer un enseignement pour lui-même et sa conception de l’homme à sa mort.
Mots-clés : mort, cimetière, destin, temps, correspondance.
Pierre Jamet, « Cioran et la mort supérieure à la vie »
Pierre Jamet est maître de conférences HDR à l’université de Franche-Comté où il enseigne l’anglais. Il est l’auteur d’une thèse en littérature contemporaine britannique intitulée Le Local et le global dans l’œuvre de Kenneth White : monachos et cosmos (Paris, 2002), et de Shakespeare et Nietzsche, la volonté de joie (Paris, 2008). Il s’intéresse notamment à l’œuvre de Thomas Clayton Wolfe.
La mort, chez Cioran, est chose « plastique ». L’article analyse trois déclinaisons de l’état métaphysique cioranien : le mépris de la mort piteuse, l’ambiguïté de sentiments envers la mort religieuse, enfin l’allégeance à la mort supérieure à la vie, mort toute puissante et immanente à la vie, processus 191de destruction donné simultanément au processus de création et qui constitue le devenir ou le temps lui-même.
Mots-clés : mort, devenir, temps, vide, religion.
Mircea Lăzărescu, « Sur une mort indirecte. Ennui et vide dans l’œuvre de Cioran »
Mircea Lăzărescu est psychiatre et professeur à l’université de médecine et de pharmacie de Timişoara. Il est membre fondateur de l’Association européenne de psychiatrie. Il est l’auteur, entre autres, du livre Chin, extaz şi nebunie înaltă în secolul xx. Cronica a trei zile, prilejuite de comemorarea centenarului naşterii lui Cioran, povestită de un psihopatolog (Timișoara, 2012).
Cet article analyse la rhétorique de l’ennui vu comme sentiment du vide intérieur. L’ennui dépersonnalisant appartient à une classe spéciale de sentiments, Cioran l’associe à l’acédie monacale. L’ennui fait corps avec les autres sentiments fondamentaux qui forment l’ossature de toute l’œuvre cioranienne, tout en lui assurant une cohérence d’attitude : l’extase, la solitude (cosmique), l’orgueil, la paresse, la veille, l’insomnie, le doute et la préoccupation pour la maladie et le suicide.
Mots-clés : ennui, vide, mort, suicide, acédie, extase.
Vasile Chira, « La phénoménologie et la métaphysique de la mort chez Cioran »
Vasile Chira est docteur en philosophie de l’université Babeş-Bolyai (Cluj-Napoca) et membre de l’Union des écrivains de Roumanie. Maître de conférences à l’université Lucian Blaga (Sibiu), il est auteur de trois livres sur Cioran : Dominantele gândirii cioraniene (Sibiu, 2006), Problema transcendenţei la Cioran (Sibiu, 2007), Analitica existenţială la Emil Cioran… (Sibiu, 2014).
Cette étude analyse la phénoménologie de la conscience thanatique chez Cioran (la thanatophobie, la fonction thérapeutique de la mort, le nihilisme radical, l’intégration ontologique de la mort…), aussi bien que la perspective métaphysique de cette dominante cioranienne (l’alchimie de la dissolution, l’apostasie des organes, la lucidité thanatique, la contestation de l’omnipotence divine, l’impuissance de la Divinité).
Mots-clés : maladie, mort, néant, ontologie, thanatothérapie.
192Paolo Vanini, « Cioran et les apories du squelette »
Paolo Vanini vient de soutenir sa thèse de doctorat sur la pensée utopique de Cioran à l’université de Trente, où il est assistant en philosophie de la Renaissance. Co-organisateur du colloque international « Cioran et l’Occident : utopie, exil, chute » (université de Trente, 2015), il a coédité Cioran e l’Occidente. Utopia, esilio, caduta (Milan, 2017).
Dans Le Mauvais Démiurge, Cioran suggère de faire un « bon usage [de notre] squelette ». Nous examinerons cette idée afin de voir comment Cioran, en tant que « paléontologue gnostique », soutient, d’une part, que la mort est la seule chose réelle de l’existence, et que, d’autre part, il faut être capable de bien utiliser « l’idée de la mort » si on veut comprendre quelque chose des illusions de la vie.
Mots-clés : mort, existence, chair, douleur, futilité.
Aurélien Demars, « L’esthétique du suicide selon Cioran. L’éclat, l’écart, l’éclair de la mort »
Aurélien Demars est docteur en philosophie avec une thèse sur « Le pessimisme jubilatoire de Cioran » (2007). Il a coédité les Œuvres de Cioran (Paris, « Bibliothèque de la Pléiade », 2011). Il enseigne à l’université Jean-Moulin – Lyon III ainsi qu’à l’université Savoie – Mont-Blanc.
La mort possède, selon Cioran, une certaine durée : rien ne dure en ce bas monde puisque tout meurt, mais seule la mort dure, puisqu’elle ne cesse de frapper tout et tous. Ce paradoxal temps de la mort, qui implique la mort de son temps pour celui qui se meurt, découvre une région existentielle, où se rencontrent une vive conscience agonique et une métaphysique de la mort que l’article examine, notamment par contraste avec la philosophie existentielle russe qui a influencé Cioran.
Mots-clés : agonie, suicide, temps, mort, existentiel.