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Classiques Garnier

Glossaire

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Chrestomathie du Moyen Âge. Morceaux choisis d’auteurs français
  • Pages : 447 à 454
  • Réimpression de l’édition de : 1932
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 331
  • Série : Lettres médiévales
  • Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
  • EAN : 9782812419263
  • ISBN : 978-2-8124-1926-3
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1926-3.p.0479
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES Dans notre pensée, ce glossaire ne s'applique pas exclusive· ment aux morceaux choisis qui précèdent. San· dépasser les limites qui nous étaient imposées, nous avons voulu le rendre aussi utile que possible pour la lecture d'un texte quelconque de vieux français. A cet effet, nous y avons introduit beaucoup de formes verbales en dehors de celles qui se trouvent dans les morceaux choisis, notamment toutes celles qui ont été rele- vées par Bartsch dans le «  Tableau des flexions  » de sa Chres- tomathxe de tancien fronçai ». Nous avons aussi donné la plupart des variantes dialectales que peuvent offrir les textes pour les formes des pronoms et pour les mots invariables. Les autres observations préliminaires que nous avons h pré¬ senter sont à peu près les mêmes qae celles qui précèdent notre glossaire de la Chanson de Roland.
Des mots qui ne sont pas au glossaire. Nous n'avons pas fait entrer dans le glossaire les mots qui appartiennent encore à la langue française, et dont le sens actuel ne diffère pas ou differ· peu de la signification qui leur est attribuée dans les anciens textes, par exemple achever, amener, are, eM, cuisse, devenir, aie. Il était inatile de donner l'étyraologie de oes mots, qu'on trouvera facilement dans le Dictionnaire de Littré ou dans celai de Scheler, et il n'y avait aucune remarque à faire sur leur emploi dans les morceaux que nous citons. Non· avons mime négligé les mots aujourd'hui disparus dont
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l'origine el le sens se devinent aisément. Ainsi, dans un passage célèbre du Roman de la Rose, ο a rencontrera le verbe désavancer, dont la signification est nettement indiquée par le contexte, et sur la formation duquel nous n'aurions rien pu dire qu'un élève intelligent ne soit en état de trouver lui-même. Les différences d'orthographe entre la langue actuelle et celle du n.oyen âge ne nous ont pas semblé une raison suffisante pour introduit e les mots trop faciles dans le glossaire ; nous les avons omis toutes les fois que leur identité est facilement re- eonnaissable  : ainsi on reconnaîtra sans peine cœur dans «  coer, cuer, cueur  », chèrement dans «  chierement », bourgeois dans « borgeis, burgeis, borgois  », glorieux dans «  glorius, glorios  », contrit dans «  contréde, cuntrée  », commencer dans «  commen- cier, commander  », etc. Au surplus, voici quelques indica· tions générales sur ces équivalences d'orthographe  : L'ancienne diphtongue ue,ue, qui provient d'un ο bref tonique latin, est devenue un son simple que nous écrivons eu, ou cat  : toer, suer = sœur; poet, putt=peut, etc. L'ancienne diphtongue ei, qui provient le plus souvent d'un i fermé (β long ou i bref) tonique latin, est devenue oi : ret—roi; récrit = reçoit; deveir = devoir, etc. La diphtongue ié, qui provient d'un e bref tonique, ou d'un α tonique placé dans des conditions déterminées, s'est parfois réduite à i  : aidier = aider; brief=bref, etc. 0 ou u de l'ancienne langue est souvent représenté dans la langue actuelle par eu ou par ou  : dolor, dulur — douleur ; boche, buehe = bouche, etc. Dans beaucoup de mots qui ont deux voyelles se suivant ou séparées seulement par une r, la langue des z* et xi* siècles avait un d entre les deux voyelles ou avant l'r  ; chantéoe, ρivre. £ a pu se vocaliser en u  : chevcl= : cheveu; altre=autre, etc. S est presque toujours tombé devant une autre consonne  : desmembrer = dimembrer ; teste = tête, etc. Les consonnes isolées entre deux voyelles ont été souvent redoublées, soit pour rappeler plus complètement l'étymologie, wit pour des raisons de prononciation que nous ne pouvons étudier ici  : mitre est devenu mettre; bile  : belle; done  : donne; home  : homme, etc. Beaucoup des mots que nous venons de citer sont d'ailleurs An glossaire ; nous n'avons exclu que ceux à propos desquels il
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n'y avait λ taire aucune remarque utile, directe ou indirecte. Il faudra tenir grand compte de ces équivalences orthogra¬ phiques *, dont nous avons parlé plos longuement dans notre Grammaire du vieux français (pages 18-33), pour utiliser le glos¬ saire en dehors de nos Morceaux choisis. Ainsi on peut ren¬ contrer dans un vieux texte français le mot enveisier, que l'on cherchera vainement ; mais, si l'on se rappelle que ei équivaut souvent à ai, on cherchera ce mot sous la forme etnoisier, et on le trouvera.
Comment il faut chercher les substantifs et les adjectifs. Les substantifs et adjectifs ne figurent en général au glos¬ saire que sous la forme du cas régime singulier, qui est aussi le cas sujet pluriel. On sait qu'ils prennent une s ou quelquefois un ζ au cas sujet singulier et au cas régime pluriel. Il faudra donc supprimer cette s ou ce ζ pour trouver le mot, chercher conseil pour conseils, bel pour bels, etc. On sait d'autre part que les mots qui se terminent par t au cas régime singulier pren¬ nent un ζ (= ts) aux cas en s  : il faudra donc, pour les trouver, ajouter t après avoir supprimé le ζ ou Γ » équivalente  : chercher moi à. mot, pars h part, etc. Quand les adjectifs seront au féminin, il faudra les chercher sous leur forme masculine, c'est-à-dire supprimer l'e muet.
Comment il faut chercher les verbes. Les temps et personnes des verbes qui n'offrent pas d'irré¬ gularité ne sont pas au glossaire. On devra chercher ces verbes sous la forme de l'infinitif, qu'il est facile de reconstituer en se reportant au tableau des flexions verbales de notre Introduc¬ tion. Mais il ne faut pas oublier que l'ancienne langue a cinq terminaisons d'infinitifs  : er, ier, eir ou oir, re et ir. Ainsi la troisième personne du pluriel ardent, l'imparfait ardait, etc., pourraient appartenir & ardea, ardtm, ardan (ou ardoa) arda·, ou arda. Cesl ardoir que l'on trouvera  ; la forme ardre a aussi existé. Il faut surtout se rappeler que, parmi les verbes de la λ· Et ittssl de* équivalences dialectales dont il sera question pins lois·
482 4;>0 AUTEURS FRANÇAIS DU MOYEN AGE. première conjugaison, les uns avaient l'infinitif en er, les autres en ier; en présence de la forme «  dreçant », la première pensée de l'élève sera sans doute de chercher drecs », qu'il ne trouvera pas  : l'infinitif de ce verbe est drecier. Les temps irréguliers ne se trouvent que sous la forme de la première personne du singulier, quand les autres personnes peu.enl facilement en être déduites. Ainsi deùssez n'est pas au glossaire,mais on voit facilement que c'est la seconde personne du pluriel d'un temps dont la premiere personne du singulier est deùsse  : c'est deûsse qu'on trouvera. 11 y a des futurs qui sont irréguliers, mais l'irrégularité est alors commune à toutes les personnes de ce temps, et aussi à toutes les personnes du conditionnel ; il suffisait donc de donner l'une de ces personnes, et nous avons choisi la première personne du singulier du futur, à laquelle on remontera sans peine en partant de l'une quelconque des autres. Supposons que nous ayons à traduire le mot lerroie ; si on consulte, dans l'Introduc¬ tion de ce livre, le tableau que nous avons donné des flexions verbales, on verra que la flexion roie 1 esl caractéristique de la première personne du conditionnel dans les verbes en re, eir (ou oir) ou ir  : elle correspond à la flexion actuelle rats. Ce serait donc le conditionnel d'un verbe terre, leroir, ou lerir. Mais aucun de ces infinitifs n'est au glossaire. On devra en conclure qu'on est en présence d'un conditionnel irrégulier. Or, comme on peut encore le voir dans le tableau des flexions verbales, à la flexion roie du conditionnel correspond la flexion rai de la première personne du futur. Le futur du verbe dont le conditionnel est lerroie doit donc être lerrai, et on trouvera cette forme au glossaire. Pour utiliser le glossaire en dehors de nos Morceaux choisis, il pourra être nécessaire de faire abstraction du préfixe quand ou cherchera une forme d'un verbe composé. Ainsi on ne trou¬ vera pas pardorrai, mais bien dorrai, qui est le futur de donner; «  pardorrai  » est donc le futur de «  pardonner  ». Les formes des verbes tels que recevoir, décevoir, apercevoir, se trouveront à cevoir, ceu, etc., bien que ce verbe n'existe que dans les composés. 4. Après one consonne ; car après une voyelle IV pourrait faire partie du ra¬ dical, et on serait en présence de la flexion oit à » l'imparfait de l'indicatif  : cor· !'· •st l'imparfait de l'indicatif de carre.
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ttymologin. Quant aux étymologies, nous ne donnons que les étymologies latines. Pour les antres, nous nous bornons à dire que le mot est d'origine germanique, celtique, on orientale, en indiquant quelquefois, pour les termes germaniques, la forme de l'alle¬ mand moderne. Nous n'avons pas cru qu'il fût utile d'aller au delà. Les mots du latin populaire sont marqués d'un astérisque  ; Nous les rapprochons des mots du latin classique auxquels ils le rattachent, sauf toutefois quand la forme populaire se tiouve mentionnée dans le Lexique latin-français de E. Châtelain. Noos ne discutons pas les étymologies douteuses, parce qu'une discussion complète eût été trop longue, et qu'en signalant simplement les diverses opinions en présence, on risquait de donner au lecteur inexpérimenté des idées fausses sur les lois phonétiques. Pour les mots d'origine latine, nous avons moins cherché à mettre à côté de chacun d'eux une forme latine, qu'à montrer leur rapport avec les autres mots français de même famille. Aussi, quand nous disons qu'un mot est formé pour tel autre mot français, il faut sous-entendre  : «  ou sur le mot latin correspondant.  » En d'autres termes, nous ne préju¬ geons pas la question de savoir si cette formation remonte à la langue latine ou si elle appartient à une époque postérieure à la constitution du français. Formes dialectales. Nous appelons formes dialectales celles qui n'appartiennent pas au dialecte de lUe-de-France, qui est le français propre¬ ment dit. Un dialecte se compose d'un certain nombre de par¬ ticularités qui occupent des étendues de pays très diverses. Ainsi, parmi les caractères dialectaux qu'on qualifie de picards, quelques-uns seulement s'étendent à peu près, d'un côté ou de l'autre, jusqu'aux limites de la Picardie, d'autres s'arrêtent bien en deçà, d'autres enfin vont beaucoup au delà. Il n'y a donc pas, à proprement parler, de dialecte picard (et cette observation s'applique à tous les dialectes), mais il y a des
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fails dialectaux qu'on rencontre dans telle ou telle région de la Picardie, et dont chacun a ses limites particulières. Dans les notes qui accompagnent les Morceaux choisis, nous avons indiqué, à l'occasion, les caractères dialectaux des textes cités. Nous les résumerons ici, en leur donnant les qualifica¬ tions usuelles, sous réserve des remarques que nous venons de faire sur l'extension variable de ces qualifications. Les textes dits anglo-normands conservent la diphtongue et postérieurement au xii* siècle, époque oit cette diphtongue est devenue oi dans le français propre. Us continuent & écrire rei, preneit, deit, etc. En outre ils noient par un u les sons prove¬ nant d'un ο long ou d'un u bref latins, accentués ou atones, ou d'un ο bref atone  : dulur, nuvelle, bûche (= bouche), etc. Mais celte différence est surtout graphique ; les u de dulur s » prononçaient à peu près comme les ο du français dolor. Dans la Préface de son édition classique de l'Histoire de saint Louis, U. de Wailly signale les particularités de la langue de Joinville, comparée à celle de l'Ile-de-France  : «  On peut dire qu'au temps de Joinville la finale eur était préférée dans l'Ile- de-France à la finale our ou à. son équivalent or, par exemple dans leur et dans les nombreux substantifs dont la désinence est aujourd'hui en eur. Il est aussi constant que dans l'Ile-de- France on n'employait pas la diphtongue et au lieu de é, no¬ tamment à la fin des participes passés de la première conju¬ gaison et de certains subslanlifs féminins, en sorte qu'on écri¬ vait ami, vérité, el non amei, veritei... La diphtongue et [cor¬ respondant à un é du français] est d'ailleurs un des caractères distinctifs du dialecte lorrain, dont l'influence devait se faire sentir dans la seigneurie de Joinville plus que dans d'autres parties de la Champagne.  » La région des pays picards et wallons se distingue par les caractères suivants, réunis en plus ou moins grand nombre  : L'article féminin est le (au lieu de la), comme le cas régime de l'article masculin ; toutefois cet article féminin n'a pas de formes contractes  : on dit dou mur {= du mur) et de le mai¬ son (= de la maison). On trouve même, au moins à partir du xiii' siècle, un cas sujet féminin identique au cas sujet masculin li. Il importe de remarquer que l'article féminin li & été si¬ gnalé aussi dans des textes lorrains, bourguignons et lyonnais. Le pronom personnel «  la  » a également la forme le; les
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adjectifs possessifs sont me, te, se, men, ten, sen (an lieu de ma, ta, sa, mon, etc.). Le t final étymologique des mois tels que bontét, santit, por- tét, venut, disparu de bonne heure en français, s'est conservé beaucoup plus lard dans ces régions. En revanche, on y laisse tomber le t final des troisièmes personnes de prétérits, qui s'est conservé jusqu'à nos jours en français ; on écrit : il fu,il parti, etc. On écrit Div au lieu de «  Dieu  », liu pour «  lieu  », Jtus ou fieus pour «  fils  », vius ou vieus pour «  vils  », etc. ; — (terre pour «  terre  », priés pour «  près  », mierveille pour «  merveille  », etc. ; — biauté pour «  beauté  », nouviaus pour «  nouveaux  », etc Remarquons toutefois que la diphtongue tau, pour «  eau  », se rencontre aussi dans d'autres régions, notamment dans la partie sud-Ouest du domaine d'oil. Le e latin, dans les cas où il a donné cli français, reste e dur en Picardie et en Flandre  : cambre pour «  chambre  », kief pour «  chief  ». Ce c dur peut d'ailleurs être écrit c, même devant e ou t, ou ch. Ainsi, dans un teste picard, chambre doit être pro¬ noncé kambre, cief ou chief doit se lire kief. — Le g, placé devant un α latin, reste également dur au lieu de devenir,;  : gambe pour «  jambe  », goie (latin gaudia) pour «  joie  ». — Le maintien des gutturales dures devant a latin n'est pas d'ail¬ leurs un caractère exclusivement picard ; on le trouve encore dans la partie de la Normandie la plus voisine de la mer. Dans les cas où le c latin a donné c doux (ou s dur) en fran¬ çais, il devient en picard tch, son que les manuscrits expriment soit par c comme en français, soit par ch, et que les textes imprimés représentent souvent par ç. Ainsi ce ou che (pronom démonstratif neutre) se prononçait tche, coumença est l'équiva¬ lent de coumeneha, etc. Telles sont les principales formes dialectales qu'on peut ren¬ contrer dans les Morceaux choisis et au glossaire. Les parti¬ cularités moins fréquentes ont été signalées dans les notes, à propos des textes qui en offraient des exemples.
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ABRÉVIATIONS PRINCIPALES
Adj Plur pluriel. Ad* . adverbe. Prép préposition. Condi t— ,. conditionnel. Prés présent. Conj . conjonction. Prétér prétérit. Fém ,. féminin. Pron pronom. Fr . français. Rég régime. Fut . futur. Sf. ou s. f... substantif féminin. lmparf. ... imparfait Sing singulier. Impér.... .. impératif. Sm. ou g. m. substantif masculin, Indéf.... .. indéfini. Subj subjonctif. Lat .. latin. Subst substantif. Put ,. participe. Suj sujet  » . signe d'équivalence. Voy Toyex.