Avant-propos
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Cheminer avec Descartes. Concevoir, raisonner, comprendre, admirer et sentir
- Pages : 7 à 8
- Collection : Rencontres, n° 293
- Série : Études de philosophie, n° 4
- Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
- EAN : 9782406060529
- ISBN : 978-2-406-06052-9
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06052-9.p.0007
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/03/2018
- Langue : Français
AVANT-PROPOS
Ce n’est pas sans audace que nous pouvons aujourd’hui encore écrire sur Descartes ; il nous faut passer après les éloges de Malebranche, les fines explications de Spinoza, le lucide hommage de Voltaire qui le jugeait « estimable jusque dans ses égarements », l’admiration de Hegel qui en fit un « héros qui reprit les choses entièrement par le commencement » ou encore le si bel hommage de Paul Valéry qui s’exclamait : « Quel luxe de liberté, quel mode élégant et voluptueux d’être soi-même, quand l’homme peut ainsi se dissiper dans les choses, sans laisser de se confirmer dans ses idées !… » Pis encore, il n’est un seul commentateur de renom qui n’ait écrit sur le grand homme : écrire encore sur Descartes, c’est écrire après Octave Hamelin, Gaston Milhaud, Jean Laporte, Léon Brunschvicg, Étienne Gilson, Henri Gouhier, ou encore Ferdinand Alquié et Martial Gueroult.
N’est-il pas alors outrecuidant, ou tout simplement redondant, que de s’inscrire dans les pas de ceux qui nous apprirent à lire Descartes, en prétendant y apporter quelque nouveauté ? Nous ne pouvons nous tirer de cet embarras que par un cliché : il appartient aux grands philosophes que d’être à jamais offerts à l’interprétation infinie qui n’en saurait épuiser toute la richesse. Tel est le cas de Descartes qui féconde de multiples figures de sa propre pensée dont chacune permet pourtant de toujours mieux cerner ce que furent sa science et sa philosophie. L’ombre imposante de ceux qui nous ont précédés se révèle à cet égard moins comme un écrasement propice au silence que comme un encouragement à prolonger la longue chaîne d’or de l’exploration d’un territoire aux inépuisables richesses.
L’ambition du présent volume ne saurait être réduite à l’unité. Il s’agit d’abord de ne pas mutiler, comme cela se fait si souvent, la pensée cartésienne. Nous avons donc souhaité ménager une large place au rôle de la science au sein de sa philosophie afin de ne pas réduire la pensée de Descartes à la seule philosophie, fût-elle admirable. Nous avons également 8voulu rendre hommage aux grands commentateurs du xxe siècle, en rééditant de grands articles classiques hélas désormais difficilement trouvables. Du point de vue historiographique, il nous a paru pertinent, maintenant que le rapport de Descartes au monde médiéval est bien renseigné, de davantage insister sur les liens qui unissent ce dernier aux auteurs de la Renaissance. Enfin, et parce qu’il est de notre devoir de ne pas mimer ce qui a déjà été fait un grand nombre de fois afin de ne pas lasser le lecteur, nous avons recherché une certaine originalité dans la composition du volume, tant par le choix de l’article inaugural de ce dernier que par la proposition adressée à certains auteurs inhabituels au sein des études cartésiennes d’y contribuer, ce qu’ils ont fort aimablement accepté.
Ce sont ainsi plus de vingt contributions qui constituent ce volume, mêlant articles inédits, rééditions de textes épuisés, et reprises d’articles remaniés pour l’occasion. Que chacun des auteurs trouve ici l’expression de sincères et profonds remerciements pour s’être prêté à cet exercice avec talent et bienveillance.