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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Chateaubriand, nouvelles perspectives critiques
  • Pages : 273 à 277
  • Collection : Rencontres, n° 445
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 49
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406100898
  • ISBN : 978-2-406-10089-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10089-8.p.0273
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 02/11/2020
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS

Fabienne Bercegol, Pierre Glaudes, Jean-Marie Roulin, « Introduction »

Cette introduction dresse un bilan présentant les études critiques les plus récentes sur lœuvre de Chateaubriand, principalement explorée sous langle de son rapport à lHistoire, au monde, et de sa poétique. Elle ouvre de nouvelles voies en orientant la réflexion vers la construction de son identité auctoriale, vers sa pratique historienne, vers sa pensée politique et sociale ainsi que vers ses idées religieuses.

José-Luis Diaz, « Un auteur « dont la vie ressemble à ses ouvrages ». Scénographies auctoriales et construction de la figure posthume selon les Mémoires doutre-tombe »

On sattache ici à relever les grands traits de lidentité dauteur que Chateaubriand se construit, tels que réélaborés par les Mémoires doutre-tombe. Romantique en cela, Chateaubriand se félicite davoir eu, à la différence de ses confrères écrivains, une vie en plein accord avec son œuvre. Plus que dans le registre de la responsabilité cher aux grands romantiques, cest comme un « novateur né », voire comme un révolutionnaire en littérature quil aime à se poser.

Morgane Avellaneda, « Que faire après le Génie du christianisme ? Chateaubriand : la création dune « posture » singulière dans le Mercure de France »

La publication du Génie du christianisme en 1802 est accompagnée dune forme de publicité dans le Mercure de France, par laquelle Chateaubriand se donne une première figure publique. Mais après 1802, il continue à écrire dans le journal et à affiner limage quil renvoie, créant ainsi une « posture » décrivain qui se caractérise par un respect de limage grâce à laquelle il sest fait connaître, mais aussi par un processus de complexification et daffinement.

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Laetitia Saintes, « Écrire “au bruit du canon”. Chateaubriand, héros-pamphlétaire de De Buonaparte et des Bourbons »

Si les écrits polémiques de Chateaubriand le montrent en phase avec son temps, lécrivain nen doit pas moins justifier son entrée en politique au crépuscule de lEmpire. Les modalités de cette légitimation sont au cœur de cet article destiné à interroger dune part la mise en scène quil fait de son énonciation dans ses deux premiers écrits politiques, et de lautre la réception de la scénographie ainsi orchestrée à travers deux écrits parus en réponse à De Buonaparte et des Bourbons.

Alain Guyot, « Figures du moi voyageur. Ulysse et Énée dans lItinéraire »

On souhaite examiner, parmi les figures et masques empruntés par le narrateur de lItinéraire de Paris à Jérusalem, ceux dUlysse et dÉnée, qui se signalent par des phénomènes deffacement, de distorsion ou de décalage, afin délucider le sens de ces phénomènes (« erreurs » de référence, parasitages, apparitions en filigrane, etc.). Le remplacement progressif du masque odysséen par celui du fils dAnchise serait à lire à la lumière des intentions de leur auteur, alors encore en gestation.

Marine Le Bail, « Entre frontispice allégorique et reliure “à la cathédrale”. Flottements du positionnement éditorial des œuvres de Chateaubriand »

La publication rapprochée des recueils dŒuvres complètes du vivant de Chateaubriand, à partir de lédition pionnière de Ladvocat (1826-1831), rend compte des ambiguïtés liées au positionnement paradoxal de lauteur du Génie dans le champ littéraire des années 1820 et 1830. Partagé entre nostalgie de lancien monde et tentation romantique, Chateaubriand se révèle avant tout soucieux de fixer son image littéraire aux yeux de la postérité, avant même lentreprise des Mémoires doutre-tombe.

Fabio Vasarri, « De quelques femmes. Chateaubriand et la littérature féminine »

On examine sous un angle littéraire et culturel la relation de Chateaubriand aux écrivaines contemporaines, sans oublier le domaine familial, qui dessine une généalogie fantasmatique et symbolique. Il convient de nuancer limbrication du littéraire et de lérotique, et lattitude paternaliste de lécrivain reconnu vis-à-vis de ses consœurs. Les Mémoires doutre-tombe font preuve dun 275questionnement problématique de la femme auteur, cette nouvelle figure quon ne peut plus ignorer après 1830.

Pierre Glaudes, « Leffondrement de la communauté dans Les Natchez »

Dans Les Natchez, le trouble causé par lirruption de René parmi les habitants du Nouveau Monde révèle une crise de la communauté. Cette crise est étudiée dans cet article sous ses aspects les plus révélateurs : la fin de lutopie communautaire du Bon Sauvage, la dramatisation de linstabilité des sociétés à lépreuve de la perpétuelle insatisfaction qui ronge le cœur de lhomme et lémergence, avec René lui-même, dun anarchisme aristocratique utopique, celui de l« individu-hors-le-monde ».

Jean-Marie Roulin, « Limaginaire de la souveraineté dans les Mémoires doutre-tombe. Le paradigme du retour »

Cet article propose dexplorer limaginaire, comme une dimension essentielle de lappréhension du politique et de lHistoire dans les Mémoires doutre-tombe. Se concentrant sur lexemple de la conception de la souveraineté, il montre comment le retour, dans sa polarité entre dégénérescence et renaissance, constitue un trait fondamental de limaginaire du souverain, mais aussi de lécrivain.

Olivier Ritz, « Chateaubriand parmi les historiens de la Révolution française »

Tout au long de sa carrière décrivain, de lEssai sur les Révolutions (1797) aux Mémoires doutre-tombe (1848), Chateaubriand sest tenu « en dedans et en dehors » de lhistoriographie de la Révolution française, écrivant au plus près de lactualité éditoriale, mais se situant toujours en décalage. Cest en sappropriant la production historiographique de son temps, dans toute sa variété, quil a inventé progressivement une manière originale décrire lhistoire de la Révolution.

Jacob Lachat, « Chateaubriand et linitiation à lhistoire chez Augustin Thierry et Pierre Vidal-Naquet »

Cet article interroge la place quoccupe Chateaubriand chez Augustin Thierry et Pierre Vidal-Naquet, qui lont tous deux placé à lorigine de leur 276vocation. Ces deux exemples permettent de comprendre comment des historiens se sont approprié Chateaubriand. Ils nous invitent à aborder la question de lhistoire chez lauteur sous langle de sa réception et à étudier les expériences de lecture et les usages effectifs que son œuvre a suscités – et suscite peut-être encore.

Lucien Derainne, « Chateaubriand observateur ? Scénographies de lobservation dans le Génie du christianisme »

Détracteur de la science et de lanalyse, Chateaubriand ne saurait être un écrivain observateur. Le Génie du christianisme intervient dans un contexte polémique. À « lart dobserver » méthodique sopposait « lautopsie », fondée sur un amateurisme éclairé. « Lobservation analytique » faisait face à une « observation sentimentale ». Chateaubriand tire parti de cette configuration discursive pour mettre à mal la philosophie des idéologues et pour réfléchir sur lexpérience dans René.

Nicolas Perot, « Du théologal chez Chateaubriand »

Foi, espérance et charité sont les trois vertus théologales, les vertus par lesquelles Dieu nous parle par grâce, ce qui constitue la Révélation. Cest par là quil faut commencer toute étude de la religion chez Chateaubriand en sortant de la problématique trop subjective du sentiment religieux au profit de références dogmatiques précises. On voit ainsi lévolution de lapologète, du mémorialiste et du romancier vers une intelligence de plus en plus grande de sa foi chrétienne.

Fabienne Bercegol, « Chateaubriand et la mode du “roman sermon” »

Avec ses fictions un temps insérées dans le Génie du christianisme, Chateaubriand a contribué à lancer la mode du roman religieux qui emprunte au genre du sermon pour dégager de ses récits une morale chrétienne. Larticle revient sur lhétérogénéité narrative ainsi produite et sur les limites de lefficacité pragmatique de ce dispositif souvent moqué, dont dautres écrivains soucieux de donner une profondeur métaphysique à leur récit continueront pourtant de sinspirer.

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Emmanuelle Tabet, « “Omnia quasi praesentia meditor”. Des Confessions de saint Augustin aux Mémoires doutre-tombe »

Chateaubriand puise dans les Confessions une méditation sur la culpabilité associée à lécriture qui est à la fois source de péché et lieu de la rédemption. Comme Augustin, il cherche à reconnaître lunité du moi en recomposant le sens de son histoire personnelle et en lintégrant à lhistoire du monde par un regard surplombant, qui superpose à la successivité narrative le temps immobile de lÉternité.