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Classiques Garnier

Propos liminaire

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Charles Quint face aux Réformes
  • Auteur : Fouilleron (Joël)
  • Pages : 9 à 10
  • Réimpression de l’édition de : 2005
  • Collection : Rencontres, n° 224
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 49
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812454837
  • ISBN : 978-2-8124-5483-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5483-7.p.0010
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 31/05/2007
  • Langue : Français
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Propos liminaire

Monsieur le président, Chers collègues, Mesdames, Messieurs, Quelles corrélations entre une province particulière, le Languedoc, terre d'hétérodoxie et, depuis le XVF siècle, de dualité chrétienne, son université attentive à l'histoire des Églises et des croyances depuis les ouvertures pionnières d'Augustin Fliche et surtout d'Alphonse Dupront, et l'empereur de l'immensité, Charles Quint ? Rien, ou presque, sinon la rencontre en terre languedocienne de Charles Quint et de François 1" à Aiguës-Mortes, en 1538. Mais, excepté ce localisme, seule, légitime le choix de Montpellier la volonté des deux maîtres d'œuvre, Guy Le Thiec et Alain Talion, de situer à l'intérieur des travaux du Centre d'histoire des Réformes et du protestantisme, leur interrogation sur les rapports d'une chrétienté rompue et d'un Prince qui, malgré (ou à cause de) son nombre impressionnant de couronnes, ne parvient pas à réduire la fracture religieuse et à réconcilier catholiques et protestants. Il sortirait du cadre de ces brèves paroles d'accueil, de retracer l'histoire du Centre montpelliérain d'histoire des Réformes et du protestantisme. Je me bornerai à rappeler qu'il fut fondé en 1969 par deux professeurs de cette université, Jean Boisset et Louis Dermigny. Il résulte de la rencontre de deux hommes de foi, mais chrétiens séparés, l'un, fils des Cévennes huguenotes, l'autre, disciple des bons pères ; de l'union de deux Frances, d'un méridional à la faconde chaleureuse et d'un Picard d'une apparente froideur, qui se découvrent et s'apprécient, dans leurs différences et leurs convergences, et qui entendent travailler à une meilleure connaissance des deux Réformes dans un esprit de réel et fécond œcuménisme. En plus de trente ans d'activité, le Centre a organisé, et publié, quinze colloques qui font référence : les quatre premiers édités par Jean Boisset ; les suivants par Michel Péronnet, spécialiste reconnu d'une institution (les

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Joël Fouilleron

assemblées du clergé) et d'un corps (les évêques) de l'Église de France. Non seulement Michel Péronnet pérennise le Centre naissant, transmis par Jean Boisset, mais, ne ménageant ni son temps, ni ses forces, il lui donne un remarquable élan. Après une pause liée à sa disparition prématurée en 1998, le Centre prend aujourd'hui, avec cette rencontre, la seizième, un nouveau départ. Sans cesser d'être attentif à la réformation ouverte en 1517 par Martin Luther, il entend réserver une attention plus égale à la Réforme catholique, non moins créative et innovatrice, dès lors qu'elle ne se borne pas à contrer les innovations protestantes par un surcroît de raideur. Je sais gré aux organisateurs de n'avoir pas restreint vos débats à la seule Confessio augustana ou au seul Interim, ni même à la seule crise religieuse allemande, même si son rôle est déteminant sur la politique de l'Empereur, sur le reste de l'Empire et sur toute l'Europe. Bien des colloques affichent une ambition internationale, et bien souvent l'étiquette est vide et trompeuse. Dans le cas présent, tout concourt à écrire une véritable histoire européenne : le sujet même de votre rencontre, le nombre des intervenants étrangers (sept sur treize), la pluralité de leurs appartenances nationales qui rappellent quelques-uns des domaines de Charles Quint. Si heureusement préparé, je ne doute pas que ce colloque ne prenne forme et force et que, comme Eupalinos, du chaos de blocs erratiques que forment les hypothèses, les incertitudes, les fausses pistes, vous ne fassiez, à force de ciseaux, de massettes, de bouchardes et autres outils de la main ou de l'esprit, des pierres bien équerrées. Voilà le souhait très paul- valéryen que je me permets de former. Joël Fouilleron (Directeur du C.H.R.P., Université de Montpellier III)