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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Peter Bennett et Bernard Dompnier, « Introduction »

Les contributions réunies dans ce volume, et dabord présentées à loccasion dune rencontre scientifique à Tours (juillet 2016), étudient les entrées royales et, plus largement, les pratiques festives dans lesquelles se croisent rituels politiques et religieux, dans la ligne notamment des travaux de lécole cérémonialiste. Lintroduction, qui retrace les acquis antérieurs de lhistoriographie, présente aussi les divers articles du volume, qui relèvent dun large spectre de disciplines.

Thierry Favier, « Musique religieuse et absolutisme sous le règne de Louis XIV. Essai de bilan critique »

Question centrale de lhistoriographie du siècle de Louis XIV, labsolutisme a suscité depuis un demi-siècle des travaux dune grande richesse théorique. Cet article vise à mesurer leur impact sur la production musicologique, particulièrement dans le domaine de la musique religieuse. Il aborde les notions-clés de « propagande » et de « goût du roi » et met en évidence les nouvelles pistes ouvertes par lhistoire culturelle, notamment dans le domaine des émotions.

Bernard Dompnier, « La Saint-Louis sous le règne de Louis XIII. Fête liturgique, fête nationale ? »

À la demande du roi, Rome accorde en 1618 que la Saint-Louis soit fête de précepte en France, ce qui en fait une fête « nationale ». Le nouveau bréviaire de Paris insiste alors sur lélection divine de Louis IX, dont découle une protection du Ciel sur son lignage. Mais la fête ne parvient pas à simposer dans le royaume. En revanche, lélévation du degré de la fête du saint roi dans le calendrier universel représente un succès sur la scène internationale.

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Michela Berti, « Entre pouvoir spirituel et politique. Musique, fêtes et cérémonies dans les églises nationales de Rome »

La théorie des « deux corps du roi » de Kantorowicz permet déclairer la double fidélité des églises nationales de Rome, liées à la fois au pape et au souverain de leur « nation ». En sappuyant sur différents exemples de cérémonies et de fêtes, soit organisées par les églises elles-mêmes, soit à dimension plus proprement politique, lanalyse montre que ces institutions constituent un poste dobservation privilégié pour étudier lintersection entre sacré et profane.

Marie-Claude Canova-Green, « De Dieu et du roi dans lentrée solennelle sous Louis XIII »

Cet article étudie le discours religieux de lentrée solennelle sous Louis XIII et plus particulièrement les tensions entre lexaltation du monarque tout-puissant et lhumilité requise du prince chrétien, afin déclairer non seulement lautonomisation grandissante du politique au sein du rituel, mais aussi la mise en place dune nouvelle « religion royale ».

Peter Bennett, « Musique et liturgie dans les entrées provinciales de Louis XIII, 1614-1633 »

Lentrée royale des xvie et xviie siècles a généralement été considérée avant tout comme un événement civique ou politique exprimant, à travers un cortège dans les rues, lallégeance mutuelle entre le monarque et la ville qui laccueillait. Largement ignorée par les études modernes, la cérémonie qui se déroulait dans la cathédrale montre, à travers ses composantes musicales et liturgiques, que la dimension sacrée de lentrée était aussi riche de sens que sa dimension séculière.

Stéphane Gomis, « Les entrées épiscopales en France à lépoque moderne »

Cette contribution sintéresse aux entrées épiscopales dans le cadre des solennités baroques, et à la façon dont elles sorganisent par rapport aux usages particuliers des diocèses français, souvent inscrits dans une longue tradition. Nous traitons principalement trois thématiques : les relations entretenues par le nouveau prélat avec les autorités urbaines, la nature des liens noués par celui-ci avec son clergé, ainsi que larticulation du cérémonial avec les exigences de la Réforme catholique.

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Caroline Heering, « Entre magnificence et piété. Les festivités jésuites pour la double canonisation de 1622 dans les anciens Pays-Bas méridionaux »

Se concentrant sur les fêtes de canonisation organisées en 1622 par les jésuites dans les Pays-Bas catholiques, létude envisage la manière dont les dispositifs festifs participent de la révélation du sacré. Dans une dialectique entre dévotion et réjouissance, matériel et spirituel, magnificence et piété, la fête religieuse se présente comme un seuil reliant monde terrestre et monde céleste, mais aussi comme un lieu où se confondent et se rejoignent les sphères profane et sacrée.

Rosa De Marco, « Fleurs dorange et encens pour la gloire du roi dans les entrées royales en France »

Leffet des substances odoriférantes tient un rôle important dans la machine des célébrations baroques, qui sollicitent tous les sens pour émerveiller le public. Sur la base des récits des entrées royales françaises de 1622, larticle étudie les dispositifs immatériels de lappareil spectaculaire avec une attention particulière à lodeur, dans sa portée physique – lexpérience sensorielle immédiate –, comme dans son iconicité, cest-à-dire sa capacité à évoquer des images.

Judi Loach, « Sacred and Secular in Provincial France. The Trinity Sunday Festival in Mid-Seventeenth-Century Lyons »

Pendant au moins toute la seconde moitié du xviie siècle, on a eu recours à de la musique pour la fête patronale du collège des Jésuites à Lyon et cela dans des cadres aussi bien sacrés que séculiers, mais sans quaucun détail précis sur cette musique ait pu, jusquà ce jour, être retrouvé. Cet article réunit tout un ensemble de sources contextuelles visant à faire comprendre quel genre de musique a été le plus susceptible dêtre entendu lors de ces occasions.

Thomas Leconte, « Entre religion et pouvoir à la cour de France. Les cérémonies de lordre du Saint-Esprit (1578-1661) »

Lordre du Saint-Esprit est créé en 1578 dans un contexte de troubles. Fruit dun désir de réaffirmation du pouvoir, il acquiert son importance et sa signification rituelle entre 1578 et 1661. À lhonneur quil confère aux 356seigneurs les plus proches du roi, il associe, à travers un rituel à la fois profane et religieux, un acte dallégeance au souverain, prince temporel et spirituel. Létude de son cérémonial aide à en mesurer la symbolique ainsi que la portée politique et religieuse.

Iain Fenlon, « Sacred Legitimation and Metaphors of Rule. Courtly Entries in Sixteenth-Century Italy »

Le discours sur la musique des spectacles de la première modernité a été construit dans le cadre des historiographies nationales. Sattachant surtout aux éléments séculiers, il postule une distinction entre le profane et le sacré qui est dépourvue de signification pour les participants. Létude de la réception dHenri III à Venise (1574) ou de celle de Christine de Lorraine à Florence (1589) démontre limpossibilité, en termes de mentalités et de sensibilités, dun tel partage.