Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Cérémonial politique et cérémonial religieux dans l’Europe moderne. Échanges et métissages
- Pages : 353 à 356
- Collection : Travaux du Centre d’études supérieures de la Renaissance, n° 5
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406097532
- ISBN : 978-2-406-09753-2
- ISSN : 2496-1140
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09753-2.p.0353
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 12/10/2020
- Langue : Français
Résumés
Peter Bennett et Bernard Dompnier, « Introduction »
Les contributions réunies dans ce volume, et d’abord présentées à l’occasion d’une rencontre scientifique à Tours (juillet 2016), étudient les entrées royales et, plus largement, les pratiques festives dans lesquelles se croisent rituels politiques et religieux, dans la ligne notamment des travaux de l’école cérémonialiste. L’introduction, qui retrace les acquis antérieurs de l’historiographie, présente aussi les divers articles du volume, qui relèvent d’un large spectre de disciplines.
Thierry Favier, « Musique religieuse et absolutisme sous le règne de Louis XIV. Essai de bilan critique »
Question centrale de l’historiographie du siècle de Louis XIV, l’absolutisme a suscité depuis un demi-siècle des travaux d’une grande richesse théorique. Cet article vise à mesurer leur impact sur la production musicologique, particulièrement dans le domaine de la musique religieuse. Il aborde les notions-clés de « propagande » et de « goût du roi » et met en évidence les nouvelles pistes ouvertes par l’histoire culturelle, notamment dans le domaine des émotions.
Bernard Dompnier, « La Saint-Louis sous le règne de Louis XIII. Fête liturgique, fête nationale ? »
À la demande du roi, Rome accorde en 1618 que la Saint-Louis soit fête de précepte en France, ce qui en fait une fête « nationale ». Le nouveau bréviaire de Paris insiste alors sur l’élection divine de Louis IX, dont découle une protection du Ciel sur son lignage. Mais la fête ne parvient pas à s’imposer dans le royaume. En revanche, l’élévation du degré de la fête du saint roi dans le calendrier universel représente un succès sur la scène internationale.
354Michela Berti, « Entre pouvoir spirituel et politique. Musique, fêtes et cérémonies dans les églises nationales de Rome »
La théorie des « deux corps du roi » de Kantorowicz permet d’éclairer la double fidélité des églises nationales de Rome, liées à la fois au pape et au souverain de leur « nation ». En s’appuyant sur différents exemples de cérémonies et de fêtes, soit organisées par les églises elles-mêmes, soit à dimension plus proprement politique, l’analyse montre que ces institutions constituent un poste d’observation privilégié pour étudier l’intersection entre sacré et profane.
Marie-Claude Canova-Green, « De Dieu et du roi dans l’entrée solennelle sous Louis XIII »
Cet article étudie le discours religieux de l’entrée solennelle sous Louis XIII et plus particulièrement les tensions entre l’exaltation du monarque tout-puissant et l’humilité requise du prince chrétien, afin d’éclairer non seulement l’autonomisation grandissante du politique au sein du rituel, mais aussi la mise en place d’une nouvelle « religion royale ».
Peter Bennett, « Musique et liturgie dans les entrées provinciales de Louis XIII, 1614-1633 »
L’entrée royale des xvie et xviie siècles a généralement été considérée avant tout comme un événement civique ou politique exprimant, à travers un cortège dans les rues, l’allégeance mutuelle entre le monarque et la ville qui l’accueillait. Largement ignorée par les études modernes, la cérémonie qui se déroulait dans la cathédrale montre, à travers ses composantes musicales et liturgiques, que la dimension sacrée de l’entrée était aussi riche de sens que sa dimension séculière.
Stéphane Gomis, « Les entrées épiscopales en France à l’époque moderne »
Cette contribution s’intéresse aux entrées épiscopales dans le cadre des solennités baroques, et à la façon dont elles s’organisent par rapport aux usages particuliers des diocèses français, souvent inscrits dans une longue tradition. Nous traitons principalement trois thématiques : les relations entretenues par le nouveau prélat avec les autorités urbaines, la nature des liens noués par celui-ci avec son clergé, ainsi que l’articulation du cérémonial avec les exigences de la Réforme catholique.
355Caroline Heering, « Entre magnificence et piété. Les festivités jésuites pour la double canonisation de 1622 dans les anciens Pays-Bas méridionaux »
Se concentrant sur les fêtes de canonisation organisées en 1622 par les jésuites dans les Pays-Bas catholiques, l’étude envisage la manière dont les dispositifs festifs participent de la révélation du sacré. Dans une dialectique entre dévotion et réjouissance, matériel et spirituel, magnificence et piété, la fête religieuse se présente comme un seuil reliant monde terrestre et monde céleste, mais aussi comme un lieu où se confondent et se rejoignent les sphères profane et sacrée.
Rosa De Marco, « Fleurs d’orange et encens pour la gloire du roi dans les entrées royales en France »
L’effet des substances odoriférantes tient un rôle important dans la machine des célébrations baroques, qui sollicitent tous les sens pour émerveiller le public. Sur la base des récits des entrées royales françaises de 1622, l’article étudie les dispositifs immatériels de l’appareil spectaculaire avec une attention particulière à l’odeur, dans sa portée physique – l’expérience sensorielle immédiate –, comme dans son iconicité, c’est-à-dire sa capacité à évoquer des images.
Judi Loach, « Sacred and Secular in Provincial France. The Trinity Sunday Festival in Mid-Seventeenth-Century Lyons »
Pendant au moins toute la seconde moitié du xviie siècle, on a eu recours à de la musique pour la fête patronale du collège des Jésuites à Lyon et cela dans des cadres aussi bien sacrés que séculiers, mais sans qu’aucun détail précis sur cette musique ait pu, jusqu’à ce jour, être retrouvé. Cet article réunit tout un ensemble de sources contextuelles visant à faire comprendre quel genre de musique a été le plus susceptible d’être entendu lors de ces occasions.
Thomas Leconte, « Entre religion et pouvoir à la cour de France. Les cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit (1578-1661) »
L’ordre du Saint-Esprit est créé en 1578 dans un contexte de troubles. Fruit d’un désir de réaffirmation du pouvoir, il acquiert son importance et sa signification rituelle entre 1578 et 1661. À l’honneur qu’il confère aux 356seigneurs les plus proches du roi, il associe, à travers un rituel à la fois profane et religieux, un acte d’allégeance au souverain, prince temporel et spirituel. L’étude de son cérémonial aide à en mesurer la symbolique ainsi que la portée politique et religieuse.
Iain Fenlon, « Sacred Legitimation and Metaphors of Rule. Courtly Entries in Sixteenth-Century Italy »
Le discours sur la musique des spectacles de la première modernité a été construit dans le cadre des historiographies nationales. S’attachant surtout aux éléments séculiers, il postule une distinction entre le profane et le sacré qui est dépourvue de signification pour les participants. L’étude de la réception d’Henri III à Venise (1574) ou de celle de Christine de Lorraine à Florence (1589) démontre l’impossibilité, en termes de mentalités et de sensibilités, d’un tel partage.