This article tracks down the sources of Proustian jealousy in the author’s life. It explores the details of an episode of Proust’s life shared with the major model for Albertine’s figure, Alfred Agostinelli, which explain certain changes made in the manuscript of the novel in progress.

Rainer Warning, « Les feux tournants de la jalousie : la jalousie comme thème et stratégie narrative dans la Recherche de Proust »

Rainer Warning, professeur émérite de philologie romane et comparée à l’université de Munich, est membre de l’Académie des sciences Bavaroise et de l’Academia Scientiarum et Artium Europaea. Sur Proust, il a publié notamment Proust-Studien (Zurich, 2000), Ästhetisches Grenzgängertum : Marcel Proust und Thomas Mann (Munich, 2012) et codirigé Marcel Proust : écrire sans fin (Paris, 1996).

Cet article examine la fonction de la jalousie dans la structure du roman et la manière dont elle détermine le discours narratif. De la lecture du « roman d’Albertine » se dégage le processus par lequel la jalousie ouvre de nouvelles perspectives et devient la base d’une esthétique moderne.

This article examines the function of jealousy in the structure of the novel and the way in which it determines the narrative discourse. The close reading of the “roman d’Albertine” highlights that jealousy opens new perspectives and becomes the basis of a modern approach to writing.

Daniele Garritano, « L’“instrument optique” de la jalousie »

Daniele Garritano a étudié la philosophie à Naples et vient de terminer sa thèse aux universités de Sienne et Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis sur la question du secret dans la Recherche. Il a publié plusieurs articles dans les revues Europe, Quaderni proustiani, Logos et Studi filosofici, et participé à des colloques internationaux concernant l’œuvre de Proust et son influence sur la philosophie contemporaine.

Daniele Garritano interroge le rôle épistémologique et esthétique de la jalousie. Il montre que la jalousie se nourrit d’une tension entre voir et lire : le sujet jaloux aimerait voir mais est forcé de lire des signes qui, sans fournir une connaissance certaine, n’offrent que des lectures possibles.

Daniele Garritano takes a closer look at the epistemological and aesthetic role of jealousy. He shows that jealousy feeds on a tension between seeing and reading : the

jealous subject would like to see but is forced to read signs which do not provide any knowledge but offer only possible readings.

Philippe Chardin, « Du côté de chez Swann ou la trilogie de l’“hainamoration” jalouse »

Philippe Chardin, professeur de littérature comparée à l’université François-Rabelais de Tours, a publié Le Roman de la conscience malheureuse (Genève, 1983), L’Amour dans la haine ou la jalousie dans la littérature moderne (Genève, 1990), Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare (Paris, 2006), Le Méchant vieux temps (Paris, 2008) et codirigé Proust écrivain de la Première Guerre mondiale (Dijon, 2014).

Cet article s’intéresse aux rôles changeants que la jalousie fait jouer à Swann et au narrateur dans Du côté de chez Swann. Si la petite trilogie dans ce volume sert de première exposition des lois paradoxales de la jalousie, les souffrances qu’elle cause connaissent ici encore des limites.

This paper focuses on the changing roles that jealousy makes Swann and the narrator play in Du côté de chez Swann. While the little trilogy included in this volume offers a first introduction to the paradoxical laws of jealousy, the suffering it causes still has its limits at this stage.

Mina Darabi Amin, « La jalousie proustienne : “faculté pitoyable” ou “faculté royale” de la bêtise ? »

Mina Darabi Amin est maître-assistante à l’université de Tabriz. Elle a notamment publié « Le discours amoureux et la bêtise dans À la recherche du temps perdu », paru dans le no 17 de Plume (Téhéran, 2013), « La bêtise langagière dans Du côté de chez Swann », paru dans le vol. 8, no 14 de Recherche en Langue et Littérature Françaises (Tabriz, 2014) et « L’art persan dans À la recherche du temps perdu », à paraître dans la Revue des Études de la Langue Française (Université d’Ispahan, 2015).

La jalousie de Swann est ici interprétée à la lumière du concept deleuzien de « bêtise ». Les efforts pour prouver l’infidélité d’Odette poussent Swann vers l’irrationnel. Mais Deleuze montre que la « faculté pitoyable » de la bêtise peut devenir « royale » – c’est le chemin que suivra le narrateur.

Swann’s jealousy is interpreted here in the light of the Deleuzian concept of “bêtise”. In his efforts to prove Odette’s infidelity, Swann drifts towards irrationality. But

Deleuze shows that the “faculté pitoyable” of stupidity can become “royale” – and this is the path the narrator will follow.

Áine Larkin, « Les objets matériels et le monstre aux yeux verts dans À la recherche du temps perdu »

Áine Larkin, maître de conférences à l’université d’Aberdeen et auteur de Proust Writing Photography : Fixing the Fugitive in À la recherche du temps perdu (Oxford, 2011). Avec Claire Launchbury, elle a édité le vol. 32, no 2 de la revue Romance Studies, intitulé Unsettling Scores : Proust and Music (2014). Elle poursuit des recherches sur Proust et la médecine et sur la représentation littéraire de la danse.

Áine Larkin explore les cheminements et la signification des objets qui deviennent pour le jaloux des indices matériels de l’infidélité de l’être aimé, tels une bague ou une photographie. L’article montre comment ces objets circulent dans le récit et enrichissent l’intrigue en stimulant la jalousie.

Áine Larkin retraces the itinerary and explores the meaning of objects which become for the jealous person the material signs of the infidelity of their lover, such as a ring or a photograph. The paper examines how these objects circulate in the narrative and enrich the plot by stimulating jealousy.

Yasmine Richardson, « Awkwardness et jalousie dans “Un amour de Swann” » 

Yasmine Richardson est doctorante à l’université d’Oxford, où elle est également chargée de cours en théorie littéraire et en cinéma français. Sa thèse explore l’importance du sentiment de l’awkwardness dans À la recherche du temps perdu en examinant ses diverses manifestations dans la représentation proustienne des relations familiales, de l’amitié, de la vie sociale et de la vie amoureuse. 

Le mot anglais « awkwardness » se réfère à l’acte maladroit et à son effet sur la psyché, le sentiment de gêne. Si le jaloux se retrouve inévitablement dans des situations qui produisent cet effet, Yasmine Richardson montre que ces mêmes erreurs le mènent le plus près de la vérité recherchée.

The English term awkwardness refers to both clumsy moves and their effects on the mind, the feeling of embarrassment. While the jealous person inevitably gets into situations that produce this effect, Yasmine Richardson demonstrates that these very mistakes lead them closest to the truth.

Stéphane Chaudier, « Pourquoi Proust ne doit pas changer votre vie : l’exemple de la jalousie »

Stéphane Chaudier, maître de conférences HDR à l’université Jean-Monnet, auteur de Proust et le vocabulaire religieux : la cathédrale profane (Paris, 2004). Parmi ses dernières publications, on compte notamment « Le discours de la loi dans la Recherche : contribution stylistique à l’épistémologie proustienne », paru dans Marcel Proust et la forme linguistique de la Recherche (Paris, 2013).

Cet article conteste l’identification entre amour et jalousie chez Proust. Plutôt que d’exiger du lecteur qu’il accepte toutes les affirmations du narrateur, en posant des questions psychologiques, esthétiques et éthiques, le roman l’invite à faire la distinction entre compréhension et approbation.

This article rejects the identification between love and jealousy in Proust. Rather than requiring that the reader accept the narrator’s statements, by posing psychological, aesthetic and ethical questions, the novel invites us to distinguish between understanding and approval.

Donatien Grau, « Impossible jalousie : pourquoi la jalousie ne peut exister dans l’amour proustien » 

Donatien Grau, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques, docteur de l’université Paris-Sorbonne, est membre de New College à l’université d’Oxford et de l’équipe Proust de l’ITEM-CNRS. Il est notamment l’auteur de Tout contre Sainte-Beuve (Paris, 2013).

Donatien Grau examine la relation de Mme de Villeparisis et de M. de Norpois. Ce couple illustre la possibilité d’un amour harmonieux à long terme et sans aucune trace de jalousie. L’article décèle une explication possible à ce succès et réaffirme la possibilité de l’amour sans jalousie chez Proust.

Donatien Grau examines the relationship of Mme de Villeparisis and M. de Norpois. This couple shows the possibility of harmonious long-term love without any trace of jealousy. The article proposes an explanation for this success and reaffirms the possibility of love without jealousy in Proust.

Christina Kkona, « Amour jaloux et jalousie amoureuse : entre croyance et doute »

Christina Kkona est maître de conférences à l’université hellénique américaine d’Athènes. Sa thèse s’intitule « Le désir ou l’art du mensonge dans À la recherche du temps perdu ». Elle a coédité Pulsions du temps de Julia Kristeva (Paris, 2013) et publié « Le mensonge en tant qu’enfance de l’art : le paradigme proustien », paru dans Le Mensonge (Newcastle, 2010) et « Donner parole à Albertine », Nouvelles Francographies, Revue de la Société des Professeurs Français et Francophones d’Amérique, NY, vol. 4, 1-1, 2013.

En opérant une distinction entre l’amour jaloux et la jalousie amoureuse qui explique l’oscillation du jaloux entre lucidité et crédulité, l’article explore les effets antagonistes de la jalousie et démontre comment les deux côtés se rejoignent dans l’expérience de Swann et du narrateur.

The article establishes a distinction between jealous love and loving jealousy which explains the jealous lover’s oscillation between lucidity and credulity. It explores the antagonistic effects of jealousy and argues that the two aspects meet in the experience of Swann and the narrator.

Jennifer Rushworth, « Proust et les tourments de l’amour courtois »

Jennifer Rushworth, est chercheuse postdoctorale à St John’s College à l’université d’Oxford. Elle a obtenu en 2013 son doctorat à Worcester College (Oxford) avec une thèse intitulée « Discourses of Mourning in Dante, Petrarch, and Proust ». Elle a publié des articles sur Proust et la musique et travaille actuellement sur la postérité de Pétrarque en France au dix-neuvième siècle.

On remonte ici au Moyen Âge et à l’amour courtois pour y retrouver certains aspects du portrait proustien de l’amour et de la jalousie. Si le « roman d’Albertine » s’éloigne de ce modèle, la passion du jeune protagoniste pour Gilberte et Mme de Guermantes en reprend certaines conventions.

In search for the roots of the Proustian portrait of love and jealousy, this paper returns to the Middle Ages and to courtly love. While the “roman d’Albertine” moves beyond this model, the young protagonist’s passion for Gilberte and Mme de Guermantes still plays on its conventions.

Audrey Giboux, « Le Diable au corps de Raymond Radiguet au miroir de la jalousie proustienne : modernités de l’écriture moraliste »

Audrey Giboux, maître de conférences en littérature comparée à l’université Rennes 2 et membre du CELLAM, est l’auteur d’une thèse consacrée à la réception de la littérature française classique dans le théâtre de Hofmannsthal. Ses travaux portent notamment sur les phénomènes de réception créatrice et sur la permanence et la subversion des modèles classiques dans la modernité européenne.

En comparant l’image de la jalousie peinte par Raymond Radiguet dans Le Diable au corps avec celle des moralistes du Grand Siècle et de Proust, Audrey Giboux analyse la manière dont ce phénomène se métamorphose – et se modernise peut-être – chez Radiguet.

Comparing the image of jealousy drawn by Raymond Radiguet in Le Diable au corps with the ones painted by the French Moralists and by Proust respectively, Audrey Giboux analyses the way in which this phenomenon metamorphoses – and, perhaps, becomes more modern – in Radiguet’s work.

Maja Vukušić Zorica, « Needles and pins entre écrivains : les jalousies érotico-littéraires d’André Gide et de Jean Cocteau »

Maja Vukušić Zorica, traductrice et chercheuse associée à l’université de Zagreb, fait partie de la Société des études romantiques et dix-neuviémistes, de la Society of dix-neuviémistes, de l’Organisation francophone pour la formation et la recherche européenne en sciences humaines et de l’ITEM-CNRS « Genèse et autobiographie ». Elle a publié André Gide : les gestes d’amour et l’amour des gestes (Paris, 2013)

Cet article découvre les rivalités entre Gide et Cocteau où la jalousie suscitée par le jeune Marc Allégret se mêle à des jugements portés sur l’œuvre littéraire de l’autre. Leur échange jette une lumière différente que Proust sur les relations homosexuelles et la part de la jalousie dans l’amour.

This article explores the rivalry between Gide and Cocteau, in which their jealousy for Marc Allégret affects their judgements over the other’s literary work. The exchange between the two authors sheds a different light on homosexual relations and on the role of jealousy in love than Proust’s work does.