La Révolution déclare la guerre à l’Église au nom de la Raison, et elle prône la liberté économique au nom des droits de l’homme. Pour ces deux raisons, les économistes français se réjouissent de la Révolution et ils vont en défendre sans restriction les principes pendant plus d’un siècle. L’analyse des catholiques est presque symétrique. Ils dénoncent la Raison à prétention universelle des philosophes et ils dénoncent le nouvel ordre économique, mais sans trop chercher à l’analyser et sans trop chercher par quoi le remplacer. Économistes et catholiques s’opposent également sur l’ordre politique. Jusqu’au milieu du xixe siècle, les économistes, comme les autres libéraux, se partagent entre républicains et partisans d’une monarchie constitutionnelle ; les catholiques, par principe, réclament la restauration de la monarchie absolue.

Les arguments économiques deviennent plus importants avec la Monarchie de Juillet, parce que la liberté du travail semble susciter le paupérisme ou, au moins, semble incapable de le contenir. Les économistes déplorent le paupérisme, mais nient que la liberté du travail en soit responsable. Certains catholiques développent alors des analyses spécifiques avec une rhétorique parfois semblable à celle des socialistes ; ils dénoncent l’égoïsme et l’individualisme du régime économique issu de la Révolution.