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Classiques Garnier

Introduction

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Casanova. « Écrire à tort et à travers »
  • Pages : 7 à 13
  • Collection : Rencontres, n° 158
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 17
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812451393
  • ISBN : 978-2-8124-5139-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5139-3.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/12/2016
  • Langue : Français
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Introduction

Une de mes figures géométriques préférées, je suis sûr de lavoir déjà dit ailleurs, est la tangente, qui me sert parfois à échapper en douce à des courbes trop fermées et trop contraignantes1

On a souvent célébré Casanova pour la vivacité de sa plume et son art du récit : mais ce fut longtemps pour en faire un écrivain « sans le savoir2 », un écrivain « improvisé3 », un écrivain « par accident4 ». LHistoire de ma vie, qui assura au Vénitien sa renommée posthume, demeurait étrangement inclassable, et tenue à lécart du canon littéraire, en France comme en Italie. Lhistoire singulière du manuscrit, réécrit, expurgé, corrigé pendant près dun siècle et demi témoigne des malentendus qui entourèrent lœuvre dès sa première réception. Le succès du « mythe » Casanova semblait même reposer sur loccultation dune figure – celle de lécrivain –, occultation dailleurs engagée par Casanova lui-même, et dont René Démoris le premier a pu analyser lefficacité énonciative5.

Linvestissement fantasmatique du personnage, et la « singulière répugnance à faire de Casanova un écrivain à part entière6 », ont durablement informé la réception de ses œuvres. Dabord, en entraînant 8une certaine lecture de lHistoire de ma vie, son texte le plus connu : « une perspective tenace, écrit ainsi Cyril Francès, a longtemps fait de lHistoire de ma vie une œuvre [] immédiatement dénaturée par lappareillage étouffant du commentaire. Sous prétexte de la fascination quelle induit, on a bizarrement refusé à cette œuvre la possibilité même du sens7. » Ensuite, en oblitérant un très large pan de la production casanovienne, et en accentuant le déséquilibre critique en faveur des récits autobiographiques. Dès Le Duel (Il Duello), Casanova revendiquait pourtant les caprices dune « plume qui na et ne veut avoir aucun frein8 » : écrivain « polygraphe », aspirant à la reconnaissance, il ne sest interdit aucun genre (roman utopique, essais, dialogues, théâtre, écriture autobiographique), aucun discours (moral, politique, philosophique ou scientifique9).

Enfin, au sein même de lHistoire de ma vie, les valeurs et les affects attachés à la représentation du séducteur ou de laventurier ont occulté lextrême diversité des activités et des intérêts de Casanova, réduit à symboliser une certaine mythologie de lAncien Régime, rêvé comme délicieusement frivole et insouciant10. « Le lecteur qui ne connaissait jusque-là Casanova que de réputation est immanquablement surpris par la diversité des domaines de lexistence et du savoir quaborde le Vénitien », souligne ainsi Guillaume Simiand, qui sattache dans son article à explorer le rapport de Casanova à la vie économique de son temps, en examinant notamment ses activités d« entrepreneur » et de financier, peu commentées par la critique et souvent boudées par les lecteurs à la recherche « dun romanesque plus explicite11 ».

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Depuis une trentaine dannées cependant, un autre Casanova simpose, et les malentendus semblent sêtre largement dissipés. Casanova nest plus cet « écrivain célèbre inconnu » quévoquait Félicien Marceau dans un discours à lAcadémie française12, et cest désormais une constante du discours universitaire que de sinterroger sur le peu de place consacré, dans les travaux antérieurs, aux pratiques décriture de Casanova. Consulter les introductions des nouvelles éditions de lHistoire de ma vie13 permet de prendre la mesure de ce renversement critique, et de constater le succès dune formule : « Casanova écrivain ». À la suite de René Démoris, qui invitait lecteurs et critiques à soulever « le voile si pudiquement jeté sur lacte décriture14 », les travaux universitaires les plus récents ont permis desquisser des perspectives nouvelles, et de déplacer lanalyse critique vers les textes eux-mêmes, leur forme, leurs modalités, leurs enjeux, tout en mettant en évidence les relations étroites quentretient lœuvre de Casanova avec les productions littéraires, philosophiques et scientifiques de son temps. Les textes autobiographiques, la correspondance, les essais ou les dialogues révèlent en effet lextrême variété de ses curiosités et de ses lectures, convoquent des références multiples et hétérogènes.

Blaise Cendrars se félicitait, au moment où se préparait aux éditions de la Sirène la première publication érudite de ce quon appelait encore les « Mémoires », que Casanova ait « même échappé à lemprise des profs, des thèses, de lUniversité15 » : force est de constater, aujourdhui, que la réhabilitation dun « Casanova écrivain » sest accompagnée de son intégration dans le champ institutionnel. Lacquisition par la Bibliothèque Nationale de France, en 2010, du manuscrit de lHistoire de ma vie, jusqualors détenu par la maison dédition allemande Brockhaus, et sa numérisation qui en élargit laccès, se sont assorties de nouvelles initiatives éditoriales16. Leffort dédition et de diffusion des textes rares ou inédits de Casanova 10(correspondance, essais, dialogues, brouillons), la création dun « groupe détude des manuscrits casanoviens17 » se donnant pour objectif de mettre à la disposition de la communauté scientifique et du public lensemble du corpus manuscrit, ont favorisé leffervescence de la recherche casanoviste.

Témoignant dun effort pour dépasser les apories critiques et offrir à la recherche de nouvelles pistes de réflexion, les thèses récentes de Jean-Christophe Igalens, de Cyril Francès, de Guillaume Simiand et de Sophie Rothé18, ainsi que le recueil darticles publié sous la direction de Michel Delon en 201119, manifestent lintérêt dune jeune génération de chercheurs pour un corpus dont la richesse reste encore à exploiter. Cest dans ce contexte stimulant quentendait sinscrire la journée détude, volontiers éclectique, organisée en juin 2013 à luniversité Paris-Sorbonne, et dont les actes sont réunis ici.

Comme le souligne Jean-Christophe Igalens, rien nimpose en effet dinfliger à Casanova un « culte des reliques ». Quon saccorde désormais à le reconnaître comme un grand écrivain ne saurait diminuer les difficultés de lecture et dinterprétation que pose son œuvre. Surtout, « la rigueur scientifique ne perd rien à nêtre pas fondée sur le mythe dun Casanova définitivement établi20 ». Réinscrire Casanova dans une histoire de la littérature et des idées ne signifie pas le retailler de force aux contours établis de nos catégories et de nos grilles de lecture. LHistoire de ma vie repose ainsi sur un constant brouillage des genres, des codes esthétiques et des horizons dattente, et sur la cohabitation de plusieurs régimes discursifs. La « représentativité érotique21 » de Casanova, trop hâtivement rattachée à léthique et à lesthétique libertines, mérite par exemple dêtre interrogée. Si lécriture érotique casanovienne ne saurait se concevoir hors du dialogue avec les productions libertines 11et pornographiques de son temps, il convient de ne pas occulter la complexité et la singularité dune expérience et de sa mise en récit22.

Plus encore, les paradoxes de Casanova, ses incohérences, la labilité de ses positions philosophiques, ou encore lhétérogénéité de ses lectures et de ses références, demeurent un défi pour la critique. Les textes semblent souvent se dérober à toute saisie univoque, et se jouer des simplifications hâtives et des oppositions tranchées. Lincertitude de ses positions philosophiques (sur la religion, la liberté, ou la responsabilité morale) voue à léchec tout discours globalisant. Lécriture casanovienne est un « art du dégagement23 » ; le discours de Casanova est mouvant, contradictoire. Il a lallégresse et la liberté du caprice. Comme il le résume non sans malice dans son Examen des œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, « en attendant la mort, je mamuse à écrire à tort et à travers tout ce que je pense et qui me semble mériter dêtre écrit24 ». Dans ses textes philosophiques comme dans ses œuvres autobiographiques, le Vénitien multiplie les palinodies, ruine lui-même ses affirmations antérieures. Si, à plusieurs reprises, il avoue son attirance pour la figure du « philosophe », il refuse pour autant de sy reconnaître pleinement. Dans une lettre à Opiz du 10 janvier 1791, il sen amuse même : « Ainsi il est décidé que je ne suis “philosophe” quen théorie ; et un “philosophe en théorie” est un fou, fait pour faire rire25. » La posture de « linstituteur de morale » ne semble guère plus tenable : comme le montre ici Séverine Denieul dans son étude sur lEssai de critique sur les sciences, sur les mœurs, et sur les arts, Casanova sempêtre dans ses contradictions, et le discours moraliste na pour lui rien dune évidence.

Quelle posture critique, quelle « méthode » faut-il adopter face à des textes aussi labiles ? Pour saisir pleinement la singularité de lœuvre casanovienne, il faut sans doute, comme le préconisait déjà Marie-Françoise Luna, éviter de figer ces « fluctuations », et « accepter lirrésolution de ces conflits intimes » : « dans cette mosaïque doctrinale, on ne doit pas négliger la part dune certaine légèreté, dun jeu avec les idées qui nest 12pas étranger au caractère de Casanova26 ». Cette mise en question des idées et des valeurs est aussi loccasion dun fructueux dialogue avec la production littéraire et philosophique de son temps. Comme le résume Jean-François Perrin, lœuvre de Casanova témoigne « dun savoir ironique des apories latentes ou explicites des Lumières, inscrit dans une pratique polyphonique des textes27 ».

La confrontation des textes, lobservation des reprises, des glissements, des modifications, permettent de saisir au plus près lextraordinaire mobilité dune pensée qui sessaie : les mêmes thèmes ou motifs réapparaissent souvent dune œuvre à lautre, infléchis par la nature du projet ou la forme choisie. Les études réunies ici ont donc souvent abordé les textes de façon transversale : les digressions fréquentes de Casanova sur la « sottise » dans lHistoire de ma vie gagnent, par exemple, à être confrontées aux réflexions de lEssai de critique ; les textes liminaires de lIcosameron, ou la Confutation de deux articles diffamatoires, permettent daffiner lanalyse de lécriture érotique dans lHistoire de ma vie ; les dialogues philosophiques aident à repenser la question religieuse, omniprésente dans les textes autobiographiques… Plutôt que de chercher à distinguer chez Casanova une pensée dominante ou une (hypothétique) cohérence doctrinale, les études proposées ont fait jouer ces variations, mis au jour ces hésitations. Soulignant linstabilité des positions philosophiques de Casanova, sa critique de « lesprit de système » et son refus de tout dogmatisme, Sophie Rothé examine notamment la portée critique de la notion de « doute » dans lécriture didées casanovienne.

Peut-être est-il temps de prendre paradoxalement au sérieux cette inconséquence apparente, ces phénomènes de brouillage, cette légèreté de ton, ce refus des contraintes ; de lenvisager comme un choix éthique et esthétique, mais surtout, comme une stratégie discursive originale ; dinterroger lefficacité des procédés déployés. Les dialogues amoureux nous montrent assez combien Casanova maîtrisait les ressources de limplicite et de lexpression oblique : analysant en détail lépisode de Corfou, Jean-Christophe Igalens montre ici que cette capacité à communiquer « entre les lignes » engage un rapport 13ludique au destinataire. Surtout, elle ménage au séducteur, comme à lécrivain, un espace de liberté en déjouant les contraintes qui pèsent sur lexpression. Évoquant les multiples adaptations cinématographiques de lautobiographie casanovienne, Chantal Thomas remarquait : « Il est certain quêtre une image en mouvement était lune des formes de bonheur pour Casanova, et que, sil adorait être regardé, il détestait être fixé28. » Cest un peu de ce mouvement que les études présentées ici ont cherché à restituer : contre le figement du cliché, une lecture critique attentive à la singularité dune expérience, dune œuvre et dune pensée.

La journée détude sur Casanova, organisée en juin 2013 à luniversité Paris-Sorbonne et dont les actes sont réunis ici, coïncidait avec la publication de deux nouvelles éditions de lHistoire de ma vie, établies daprès le manuscrit autographe : la première, sous la direction de Gérard Lahouati et de Marie-Françoise Luna pour la Bibliothèque de la Pléiade (t. I : 2013 ; t. II et III : 2015); la seconde, sous la direction de Jean-Christophe Igalens et dÉrik Leborgne pour les éditions Robert Laffont (t. I : 2013 ; t. II : 2016 ; tome III à paraître en 2017). Dans un souci de clarté et dunité, les études proposées ici29 renvoient toutes au texte de lHistoire de ma vie (abrégée en HMV), publié dans la Bibliothèque de la Pléiade.

1 Gérard Genette, Épilogue, Paris, Seuil, 2014, p. 184.

2 Prince de Ligne, Fragment sur Casanova, suivi de Lettres à Casanova, Paris, Allia, 1998, p. 10.

3 Blaise Cendrars, « Pro Domo », préface à La Fin du monde filmée par lange N.D., Paris, Seghers, 1956, p. 12.

4 René Démoris, « Introduction », in Casanova, Mémoires. 1744-1756, Paris, Garnier-Flammarion, 1977, p. xxxii.

5 Ibid., p. xxxii : « Élaborés sous le signe du rire et du plaisir, les Mémoires ne doivent pas apparaître comme le résultat dun travail littéraire, le terme dun désir malheureux de devenir écrivain. Casanova engage lui-même la procédure de son occultation comme écrivain (ou plus exactement celle de son héros-narrateur) [] En quoi il facilite à son lecteur une identification avec lauteur, qui sera voie majeure de lexpérience de lecture. »

6 Ibid., p. xi.

7 Cyril Francès, Casanova. La Mémoire du désir, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 10.

8 Casanova, Le Duel, ou Essai sur la vie de J.C. Vénitien, Paris, Mille et une nuits, 1998, trad. Joseph Pollio et Raoul Vèze, p. 77.

9 Voir à ce propos le chapitre de Jean-Christophe Igalens, « Esquisse dune trajectoire », dans Casanova. Lécrivain en ses fictions, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 19 sqq.

10 À ce propos, voir la mise au point de Jean Starobinski : « Il faut reprendre le xviiie siècle à sa légende. LEurope bourgeoise, dès le début du xixe siècle, a rêvé limage dun xviiie siècle élégant et frivole, libre de mœurs, vif desprit, voué coupablement et délicieusement à une fête insouciante [] À partir de 1850, le malaise et la fausse conscience des classes aisées ont élaboré leur philosophie de lhistoire sous la forme dune mythologie de lAncien Régime. Il nétait pas impossible dy projeter tout ensemble la nostalgie dun bonheur sans interdits et laccusation de légèreté fatale. » (LInvention de la liberté. 1700-1789, suivi de Les Emblèmes de la Raison, Paris, Gallimard, 2006, p. 13)

11 Voir infra, Guillaume Simiand, « Casanova entrepreneur », p. 105.

12 Félicien Marceau, « Casanova : un écrivain célèbre inconnu », séance publique annuelle à lAcadémie française, 15 décembre 1977.

13 Casanova, Histoire de ma vie, édition établie sous la direction de Gérard Lahouati et de Marie-Françoise Luna, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2013 ; et Casanova, Histoire de ma vie, édition établie sous la direction de Jean-Christophe Igalens et Erik Leborgne, Paris, Robert Laffont, 2013.

14 René Démoris, « Introduction », op. cit., p. xi.

15 Blaise Cendrars, « Pro Domo », op. cit., p. 13.

16 Voir infra, p. 163-177, larticle de Gérard Lahouati consacré au manuscrit de lHistoire de ma vie et aux spécificités de son édition dans la collection de la Pléiade.

17 GEMC, projet coordonné par Gérard Lahouati, Pierre-Marc de Biasi et Françoise Tilkin, et rattaché à lInstitut des Textes et Manuscrits (ITEM/CNRS).

18 Jean-Christophe Igalens, Casanova. Lécrivain en ses fictions, Paris, Classiques Garnier, 2011 ; Cyril Francès, Casanova. La Mémoire du désir, Paris, Classiques Garnier, 2014 ; Guillaume Simiand, Les aventuriers du xviiie siècle au prisme de lHistoire de ma vie de Casanova : contribution à une histoire de laventure, thèse de doctorat soutenue en octobre 2013 à lUniversité Paris-Sorbonne, à paraître chez Garnier ; Sophie Rothé, Casanova en mouvement. Des attraits de la raison aux plaisirs de la croyance, Paris, Le Manuscrit, 2016.

19 Michel Delon (dir.), Largesse de Casanova, Cahiers de littérature française, IX, Bergamo University Press, LHarmattan, 2011.

20 Jean-Christophe Igalens, « Introduction », in Casanova, Histoire de ma vie, Paris, Robert Laffont, 2013, p. 7.

21 Lexpression est dAlain Walter, Érotique du Japon classique, Paris, Gallimard, 1994, p. 103.

22 Voir infra, Raphaëlle Brin, « “On maccusera dêtre trop peintre là où je narre plusieurs exploits damour” : Casanova et lécriture érotique » (p. 33-54).

23 Lexpression est de Jean-Christophe Igalens, Casanova. Lécrivain en ses fictions, op. cit., p. 11.

24 Casanova, Examen des Études de la nature et de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, éd. Marco Leeflang et Tom Vitelli, « Documents casanoviens », Utrecht, 1985, p. 32.

25 Casanova, Correspondance avec J. F. Opiz, Leipzig, Kurt Wolff Verlag éd., 1913, t. i, p. 71.

26 Marie-Françoise Luna, Casanova mémorialiste, Paris, Honoré Champion, 1998, p. 343.

27 Jean-François Perrin, « Fictions de soi : Rousseau & Casanova, deux stratégies décrivain au xviiie siècle », Acta fabula, vol. 13, no 3, Notes de lecture, Mars 2012 (disponible en ligne sur le site de Fabula).

28 Chantal Thomas, Casanova. Un voyage libertin, Paris, Denoël, 1985, p. 13.

29 À lexception de larticle de Jean-Christophe Igalens, « “Deviner mon secret” : Madame F. et Casanova entre les lignes » (p. 15-31), qui se consacre exclusivement à lanalyse de lépisode de Corfou, situé au début du tome II de lHistoire de ma vie.