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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Caractères et morales dans les sociétés anciennes
  • Pages : 425 à 429
  • Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 20
  • Série : Symposia, n° 9
  • Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
  • EAN : 9782406109709
  • ISBN : 978-2-406-10970-9
  • ISSN : 2428-713X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10970-9.p.0425
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/05/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Anne Queyrel Bottineau et Régine Utard, « Introduction »

Lintroduction pose la problématique relative à la notion de « caractère ». Comment déduire du comportement les dispositions intérieures dun individu ? Et comment ne pas figer un individu en lui attribuant un « caractère (χαρακτήρ) », cest-à-dire une marque ? Le regard dautrui est subjectif et porteur des valeurs de son temps : sont cités en exemples quelques auteurs, grecs et romains, moralistes, historiens et biographes intéressés par le caractère des hommes.

André Rehbinder, « Le procédé de la caractérisation croisée dans le Banquet et le Phèdre de Platon »

Comme Platon ne parle pas en son nom dans les Dialogues, les personnages sont caractérisés par dautres personnages : les différentes caractérisations émises réagissent ainsi les unes sur les autres. Le présent travail étudie ce procédé dans le Banquet et le Phèdre. La fonction de ces caractérisations croisées nest pas de réduire lambiguïté créée par la forme dialogique, mais au contraire de poser une nouvelle énigme au lecteur.

David Konstan, « Aristotle on Character »

Larticle étudie la manière dont Aristote innove en traitant la vertu comme un produit de laccoutumance (ethismos), opposée à la pratique ou à lexercice (askèsis, meletè), et dont il rejette le modèle intellectualiste de vertu associé au Socrate de Platon, évident aussi (dans une certaine mesure) chez Xénophon, avec leur accent mis sur le fait dapprendre (mathèsis). Linsistance dAristote sur le fait que laccoutumance à la vertu doit commencer tôt est une conséquence supplémentaire de son point de vue.

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Anne Queyrel Bottineau, « Calomnier et commettre linjustice, ou dire la vérité en homme agathos. Les personnages de lEnquête et leurs appréciations mutuelles selon le jugement moral dHérodote »

Cette étude traite, par lexamen des situations de malveillance et de calomnie dans lEnquête, de la manière dont Hérodote situe ses personnages dans leur relation à la vérité. Mettant laccent non sur des caractères, mais sur un comportement propre à la nature humaine, lhistorien donne à comprendre quil est nécessaire de rechercher et reconnaître la vérité, car seul celui qui prend la mesure de la valeur dautrui peut décider sagement et justement.

Jordi Pià-Comella, « Le mode de vie cynique, signe extérieur de la vertu humaine ? Les témoignages du “Boisseau” et de l“Ulysse et demi” de Varron »

Dans le « Boisseau » et l« Ulysse et demi » Varron se réfère au manteau cynique comme signe extérieur de laustérité humaine. Cet article a pour but de montrer que lauteur porte un regard ambivalent sur le cynisme : si à ses yeux, il nest pas sans rappeler le rigorisme des Anciens romains comme celui de son enfance sabine, il nen constitue pas pour autant un modèle absolu en raison de son caractère excessif et asocial.

Michèle Ducos, « Caractères et morale dans les Lettres de Pline le Jeune »

Pline le Jeune évoque de nombreux personnages par des portraits, des anecdotes ou des récits. Les lettres de recommandation énumèrent des qualités humaines ou sociales. Des portraits plus précis, où sont mentionnés des actes ou des paroles, font apparaître des personnages dangereux dont les actions sont critiquées, ou soulignent les vertus des amis les plus chers. Pline propose une morale en actes, fondée sur le comportement de personnalités exemplaires.

Pierre Pontier, « Lἦθος idéal selon Xénophon »

Xénophon analyse lἦθος dans une perspective esthétique, éducative et politique : létude cherche à montrer comment le dialogue des Mémorables avec le peintre Parrhasios est orientée à des fins éthiques et reflète la conception que Xénophon se fait de son propre portrait de Socrate, avant dinsister sur lidéal dἦθος politique quil cherche à définir notamment dans lÉconomique par sa description de lἦθος βασιλικόν.

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Gerbert-Sylvestre Bouyssou, « Le tyran grec, un contre-modèle humain et politique »

Partant de la réflexion de P. Schmitt Pantel sur mœurs et politique, larticle étudie le « rapport entre la description des mœurs et la construction de la figure et de laction politique des personnages ». Appliquée au tyran, cette analyse révèle que, dans les sources anciennes, celui-ci en vint à être caractérisé par la τρυφή. Cette approche privilégia son genre de vie, ses ἐπιτηδεματα. Le tyran séloigna ainsi autant du citoyen modèle que du roi idéal, pour constituer un contre-modèle humain et politique.

Anne Gangloff, « Alexandre le Terrible, de la deinotès comme vertu politique »

Cette étude porte sur le caractère « redoutable » (deinos) dAlexandre le Grand et sur lusage de la peur dans lidéologie royale. En confrontant tous les types de documents disponibles, nous montrons quAlexandre sest inscrit dans les traces de son ancêtre Achille dont il a revendiqué la deinotès probablement de son vivant. Cette qualité prestigieuse a été cependant controversée par les penseurs politiques dès le début du ive siècle av. J.-C. et encore davantage à Rome au début du Haut-Empire.

Michèle Coltelloni-Trannoy, « Le mauvais empereur. Linné et lacquis »

La pensée antique sur le pouvoir a réfléchi, à lépoque impériale, au cas du mauvais prince à travers les notions de nature (inné) et déducation (acquis), héritées de la tradition grecque et déclinées en de nombreuses variations qui renvoient à la complexité de ces notions. Elle a emprunté deux voies principales : celle de la philosophie politique et médicale, et celle de métaphores qui théâtralisaient le gouvernement du tyran en mettant en scène sa sauvagerie et sa dangerosité.

Marie Anne Sabiani, « “Celui qui prendra Troie”. Le Néoptolème de Philoctète et ses filiations »

Dans Philoctète, Sophocle place Néoptolème face à un dilemme : bafouer la noble φύσις héritée dAchille et prendre Troie, ou la respecter et renoncer à la gloire héroïque qui est la sienne dans la tradition. Cet article a pour objectif 428de montrer comment des enjeux poétiques se superposent aux enjeux moraux, et comment Sophocle construit le personnage dun Néoptolème unissant en lui les caractères de lAchille iliadique et dUlysse, pour donner naissance, sur la scène, au futur preneur de Troie.

Pierre Chiron, « Mon meilleur ennemi. La construction et linstrumentalisation du caractère dEschine dans le Sur la Couronne »

Nous montrons que Démosthène se fonde sur les représentations du public pour construire un portrait dEschine repoussant. Nous nous appuyons sur la théorie rhétorique contemporaine et la convergence des caractéristiques du « méchant » avec celles dun autre ennemi, Midias. Nous mettons aussi en lumière un coefficient de personnalisation qui permet de maintenir lintérêt du public tout en induisant lidée dune identité entre la légitimité du peuple souverain et la parole de lOrateur.

Robinson Baudry, « Caractériser et juger Catilina dans le Bellum Catilinae »

Par le lien quil établit entre un homme et un événement révélateur de la crise de la République romaine, le Bellum Catilinae affronte le problème du caractère et de la caractérisation. Laction de Catilina ne serait jamais que la manifestation de sa nature et lune et lautre font lobjet dune même condamnation morale. Cette caractérisation na pourtant rien dunivoque. Sobserve une tension entre les valeurs aristocratiques dont Catilina se réclame et la forme prise par son action.

Régine Utard, « César dans la tempête (Lucain, Pharsale, V 476-721). La révélation dun caractère »

En procédant au grossissement épique de la tempête, Lucain fait de la nature, représentée par le vent et les flots déchaînés, un adversaire digne de César. Lépisode du livre V de la Pharsale constitue un révélateur psychologique permettant de faire ressortir les traits de personnalité de César, son courage dans ladversité certes, mais également son orgueil démesuré et son impiété à légard des dieux quil méprise. Le poète renouvelle en même temps la vision du héros dans la tradition épique.

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Marion Faure-Ribreau, « Bona meretrix et matrona mala. Portraits et autoportraits de personnages féminins chez Térence »

La création par Térence dun type nouveau, la bona meretrix, fait débat. Cette question est examinée ici en confrontant les monologues de Thaïs, dans lEunuque, et de Bacchis, dans lHécyre, considérés comme des autoportraits réflexifs révélant leur caractère, avec les portraits que font delles les autres personnages, ainsi quavec leur attitude sur scène. La confrontation avec le traitement par Térence du rôle de la matrona dans lHécyre permet déclairer le travail original du dramaturge.

Séléna Hébert, « Des personae du Lucius des Métamorphoses dApulée à lépanouissement de sa natura »

Le héros des Métamorphoses dApulée se glorifie de sa lignée et de son éducation. Devenu lamant dune magicienne en herbe, il est comme ladulescens des comédies. Sa curiosité sacrilège pour la magie le change en âne. Il devient alors seruus, parasitus et meretrix. Réagissant à la dégradation de sa condition, il suscite la compassion dIsis qui lui rend sa forme humaine : grâce à ses initiations isiaques, il fait sépanouir sa natura et connaît alors le bonheur véritable.

Marine Glénisson, « Le “type” du philosophe et ses dispositions morales chez Dion de Pruse et Lucien de Samosate »

Dion de Pruse et Lucien de Samosate mettent souvent en scène le « type » du philosophe pour discuter ce qui constitue lactivité propre à cette profession. Si les marqueurs physiques de la philosophie sont les mêmes chez les deux auteurs, ils nont pourtant pas la même compréhension du rapport entre lapparence et le caractère, car leur œuvre diffère en genre et en visée. Lhabit peut faire le philosophe pour Dion, quand il est toujours un signe dimposture chez Lucien.