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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : « Car me jugez le dreit ». Droit et justice dans l’épopée médiévale
  • Pages : 7 à 15
  • Collection : Esprit des Lois, Esprit des Lettres, n° 16
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406150374
  • ISBN : 978-2-406-15037-4
  • ISSN : 2264-4148
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15037-4.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/08/2023
  • Langue : Français
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Préface

Rechercher le droit dans les chansons de geste tenait de la gageure … ou de la provocation ! Une attitude intellectuelle qui, piquant la curiosité du chercheur, ne pouvait pas déplaire à Bernard Ribémont, connaisseur infatigable de la centaine de textes quil cite et compare. Il avait raison. Les exemples convoqués montrent que lépopée nest pas étrangère au droit et quelle crée même un droit que lauteur appelle fort justement « le droit épique ». Il y est partout question de « faire droit », pour réparer les torts faits à la victime, pour affirmer la puissance du roi ou du seigneur détenteurs de la justice, pour établir la vérité. Autrement dit, au cœur de la violence particulièrement exacerbée que met en scène la chanson de geste, surgit le droit. Quelles en sont les caractéristiques ? Au service de quelle justice se place-t-il ? Quelles valeurs véhicule-t-il lors de sa création au xiie siècle, puis aux siècles suivants, quand la littérature médiévale continue à le colporter ?

Si nous considérons les chansons de geste comme un produit fini sans nous interroger sur la véracité de leurs origines plus ou moins légendaires, si nous étudions leur existence brute que livre lécriture, nous devons nous reporter au tournant du xiie siècle quand, à partir de la Chanson de Roland et jusque vers 1250, ces textes se multiplient, avant de se prolonger aux deux derniers siècles du Moyen âge par leur mise en prose, leur réécriture ou la création de quelques chansons tardives. Leur apparition et lengouement pour le genre épique peuvent être facilement mis en rapport avec les changements sociaux et politiques qui affectent alors lOccident, les croisades et la lutte contre les Infidèles, et pour le royaume de France, la force de laristocratie en même temps que lascension des Capétiens. Les historiens nont pas manqué de montrer comment la littérature portée par les jongleurs de château en château avait pu nourrir la culture chevaleresque1. Pourtant, quand il sagit des chansons de geste, 8ce fut avec une certaine réticence : le genre épique a moins séduit que la finamor des troubadours, peut-être en raison de la violence excessive qui paraît y régner et qui aurait conforté limage dun Moyen Âge barbare. Lun des grands historiens spécialistes actuels de la période, Dominique Barthélemy, se méfie de leur usage : « cette littérature [] ne peut pas être prise comme le “reflet” direct dune réalité historique », écrit-il2. Or il démontre par ailleurs, en sappuyant sur dautres textes littéraires comme les romans de chevalerie, voire des textes hagiographiques, que la violence des nobles nest pas illimitée, mais codifiée par des rituels et par des normes non écrites. Dans la mesure où elles secrètent un droit épique qui de surcroît a lavantage dêtre écrit, les chansons de geste auraient donc pu être davantage convoquées3. Il fallait pour cela les réhabiliter dans la description/création dun droit qui leur est propre.

La comparaison avec le déroulement des faits historiques nest pas le but de ce livre, même si lauteur nignore pas que des parallèles sont possibles avec les événements contemporains, par exemple dans Le Couronnement de Louis, lorsque Charlemagne veut associer son fils au trône de son vivant, comme la fait Hugues Capet pour Robert le Pieux4. Cest tant mieux. En revanche, il met laccent sur deux phénomènes majeurs et concomitants, à savoir la diffusion générale du droit et la mise par écrit. La perspective est nouvelle. Il sagit de montrer que les chansons de geste véhiculent un droit au même titre que ceux qui se répandent alors en Occident. Lirruption dœuvres juridiques anciennes ou nouvellement écrites au xiie siècle est un phénomène majeur, désormais bien étudié, quil sagisse de la diffusion du droit romain, du droit canonique, du droit féodal puis des coutumiers, eux-mêmes mâtinés de droit savant5. On pourrait penser que le fait de vouloir divertir est un 9obstacle à la diffusion de ces normes. Or les auteurs ont pris soin de divertir en normant. Faire la joie du public est leur raison dêtre comme lécrit Bernard Guenée à propos de ce jongleur de la fin du xiie siècle, Ambroise, qui avait à son répertoire « de vieilles chançons de geste / Dont jugleur font si grant feste6 ». Il sagit également denseigner et de conseiller comme se proposent de le faire les rédacteurs des coutumiers. Pierre de Fontaines, qui engrange les coutumes de Vermandois vers 1250-1260, pourrait aussi bien préluder aux cycles des chansons de geste quand il entend répondre à la requête dun ami pour conseiller son fils afin quil « sache droit fere à ses sougiez, et retenir sa terre selonc les lois et les coutumes du païs, et ses amis conseiller quant mestier lor sera7 ».

Il existe entre ces différents droits une évidente contamination, du fait de la multiplicité de leurs usages et de la capillarité des savoirs. Le personnage de Naimes, modèle de sagesse qui contribue largement à créer le droit épique, focalise toutes les influences du Digeste, du droit canonique et de la Coutume. Les chefs daccusation traitent, au civil, des problèmes de succession et dhéritage ou du mariage, et au criminel de meurtres et de trahison. Dans tous les cas, il peut être fait une référence implicite aux principes de droits savants voisins qui sont justement en train dêtre codifiés. Les auteurs en avaient-ils conscience ? Ils sont restés anonymes et on ignore leur formation. Étaient-ils clercs ou laïcs ? On ne peut que se tourner vers leur public, exclusivement aristocratique. Quel droit ont-ils voulu lui conseiller ? Quand il sagit du mariage par exemple, si important puisque léchange des femmes implique celui des biens, la tension est perceptible entre le respect du consentement qui est déjà au cœur du Livre des Sentences de Pierre Lombard avant dêtre traité par les conciles, et la réalité des faits où le père et la parenté imposent le conjoint. Il nen reste pas moins que, malgré ses réticences, le public aristocratique écoute les règles de droit que véhiculent les chansons.

Comme les autres sommes juridiques, ce droit est désormais écrit ; il acquiert davantage de rigidité et il peut servir de référence dune 10chanson à lautre. Les études récentes, dans la lignée des travaux de Michael Clanchy sur le Lingusitic turn dans lAngleterre médiévale8, montrent comment lécriture, à cette époque, a révolutionné la pensée et la pratique dun point de vue quantitatif et qualitatif9. Autrement dit, de simples phrases comme « fere droit » impliquent une norme de comportement impérative qui oblige à lobéissance, et deviennent un guide auquel on se réfère. Le poids de cette écriture est dautant plus fort quelle transporte fictivement lecteurs et auditeurs loin dans le temps, celui des ancêtres carolingiens. On a beaucoup glosé sur les apports de lhistoire carolingienne à ces chansons. Le problème est insoluble et pour notre sujet inopérant. Il ne sagit pas de ressusciter un droit carolingien, mais de fonder le droit épique dans un passé carolingien. Cette opération lui donne sa légitimité et ses lettres de noblesse. De même que, comme la montré Georges Duby, le lignage noble du xiie siècle, se targuant dun et surtout dune ancêtre carolingienne, surplombe les autres10, de même lexercice du droit, dans ce milieu aristocratique, se justifie par une ascendance carolingienne. La parole dun juge venu du fond de ces âges, surtout quand il sagit de Charlemagne, nen a que plus de poids. En écoutant ces chansons qui le transportait dans un passé prestigieux, le public, du simple chevalier au comte et au roi, nacquérait-il pas un surcroît dhonneur ? Ainsi sest construit un droit quasiment autonome qui puisait sa légitimité dans un passé mythique et se trouvait destiné, exclusivement, à une société de haut vol, laristocratie laïque. Il ne sagit donc pas de savoir sil correspond à la réalité de la société du xiie siècle, mais comment elle la inscrit dans son imaginaire. Quel en a été lusage ?

Ce droit épique sapplique essentiellement à la justice : il sagit de juger selon le droit. La procédure suivie ne sencombre guère du témoignage et de lenquête que lusage des droits romain et canonique est 11en train de rendre indispensable pour mener un procès légal11. Mais ne nous y trompons pas. Dans la pratique, ces nouveaux procédés se sont imposés lentement et ils ont davantage affecté les causes civiles que criminelles12. Les conflits violents jugés par les tribunaux continuent duser des rites, gestes et paroles, du serment purgatoire, des ordalies, du duel, de tout ce quon peut appeler les miracles judiciaires, et cela pendant longtemps comme en témoignent les procès du parlement criminel aux xive et xve siècles. Les chansons de geste en donnent de beaux exemples. Elles montrent à lhistorien et au juriste comment ces rituels sinscrivent dans la procédure, non comme une preuve comme on le croit trop souvent, mais comme un moyen darrêter le conflit quand aucune autre solution na pu être trouvée. Le recours au sacré fait alors taire la violence. Dans cette société chrétienne, cest à Dieu de trancher.

Le désir des nobles est peut-être den découdre, mais pas à nimporte quel prix et pas nimporte comment. Le combat suit des règles que ladversaire doit connaître et qui se déroulent publiquement. La paix est à ce prix. Rares sont ceux qui, comme Raoul de Cambrai, parjure et incendiaire dun lieu saint, labbaye dOrigny, se livrent à des actes extrêmes et, comme tels, deviennent les héros du refus du règlement des conflits. On voit poindre ce qui, dans la procédure, deviendra la fama facti13. En ce sens, le droit épique accompagne lacte de juger. On ne peut quêtre impressionné par limportance que prennent les tribunaux dans les récits de chansons de geste. Ces plaids se calquent-ils sur le mallum publicum carolingien ? La question méritait dêtre posée, mais elle est moins importante à mes yeux que limaginaire de leur fonctionnement. Nous ne savons guère comment se déroulaient les plaids seigneuriaux du xiie siècle : ici, sans préjuger, encore une fois, de leur 12rapport avec la réalité, les assemblées sont peuplées de conseillers qui donnent leur avis. La négociation y est constante, quil sagisse du droit des fiefs ou dun chef daccusation criminel. La gangue du recrutement de ces conseillers est incontestablement féodale, issue du devoir daide et conseil du vassal, et également de limportance du lignage. La décision finale fait lobjet déchanges entre les participants jusquà lobtention dun accord unanime, en particulier quand il sagit dune décision grave comme la peine de mort ou le bannissement. Cette description idéale est typique de ce que nous savons des décisions monastiques au même moment14, et de ce que nous connaissons deux siècles plus tard des cours criminelles comme le Châtelet, cette fois par les archives15 : « tous furent dopinion, » lit-on, car cette unanimité conquise par la délibération des conseillers dit la voix de Dieu.

Remarquons que les conseillers ne jugent pas. Ils entourent lempereur ou le roi et à leur nécessaire avis sajoute leur qualité sociale qui rend cet avis encore plus précieux. Cet avis porte la vérité, comme il est dit dans La Chanson dAspremont : « chacun de vous la vérité me dise16 ». Cette pratique, qui se poursuit jusquà la fin du Moyen Âge17, y compris dans un procès dinquisition comme le fut celui de Jeanne dArc, ne dévalorise en rien lacte de juger. Cest le détenteur officiel de la justice qui émet la sentence, donc qui tranche, en ayant Dieu devant les yeux, le seigneur dans Renaut de Montauban, lempereur dans la Chanson de Roland lors du procès de Ganelon. Se pose alors le problème du roi mal conseillé, qui de ce fait, voit sa justice dépérir, du roi qui fait trop confiance aux femmes, et qui pourrait de ce fait se laisser fléchir par leurs pleurs, ou encore du roi qui nécoute pas les conseils de son tribunal et se comporte comme un tyran… autant de thèmes qui alimentent les Miroirs aux princes et que la littérature politique vulgarise aux derniers siècles du Moyen Âge18. Rendre la justice selon le droit épique relève donc dun équilibre fragile qui valorise le roi tout en cadrant son action face à laristocratie. Il doit juger grâce à elle et, 13dune certaine façon, elle lui donne le pouvoir suprême dêtre « fontaine de justice ». Cest dire que le pouvoir du roi est naturellement limité par ce contrôle aristocratique qui peut même aller jusquà remettre en cause sa justice, cest-à-dire lessence même de sa supériorité.

Le roi ne partage pas seulement la justice avec ses nobles. Les uns et les autres louent les valeurs dhonneur et les réservent à leur société chevaleresque. Point de vilains dans ces textes, sauf pour évoquer leur mort honteuse en cas de vol, la pendaison. Alors, et alors seulement, le noble leur est comparé sil est soumis au même supplice et cest pour lui une humiliation supplémentaire. Dans les chansons de geste, lhonneur a clairement un fondement matériel, le fief, la terre. Sa dévolution saccompagne de rituels de saisine dont la signification anthropologique a été bien éclairée par les travaux de Jacques Le Goff19. Ces gestes et objets disent lhonneur, si bien que dévolution, saisine, rupture ou restitution et ressaisine sont lobjet de cérémonies publiques qui tracent le devenir de cet honneur aux yeux de tous. Le droit épique ne manque pas de rappeler ces rituels, mais nimaginons pas quils ont totalement disparu à la fin du Moyen Âge. On enterre sans doute trop vite la force gestuelle de la féodalité en la jugeant déclinante. La conservation de lhonneur au sens quasiment matériel passe également par les femmes ou plus exactement par le maintien de leur vertu une fois mariées. Ladultère donne lieu à quelques scènes où le jugement ordalique finit pas dire la vérité, même si la reine peut avoir procédé à quelques ruses… Mais lhonneur se conjugue surtout au masculin. Comme dans la société roturière des siècles suivants, les hommes sont chargés de défendre lhonneur de leur lignée, surtout si celui des femmes a été attaqué.

La vengeance est bien au cœur des chansons de geste, même si le mot « faide » nest guère employé. Les violences sont individuelles ou collectives. Pour ces dernières, on préfèrera lexpression « guerres seigneuriales » plutôt que « guerres privées » qui fait allusion à un hypothétique État qui aurait acquis le monopole de la violence légitime, or ce nest guère le cas dans les textes étudiés comme dans la société du xiie siècle et jusquà la fin du Moyen Âge20. Cette vengeance est saisie ici selon une palette large, de lémotion qui provoque la colère au geste meurtrier 14qui sacharne sur le corps de ladversaire, en le frappant de préférence au visage, là où se concentrent les signes visibles de son honneur. Le signe déclencheur en est, comme très couramment, linsulte. Dans le contexte des chansons de geste où tout est grossi, ces paroles injurieuses peuvent même se transformer en invectives. Mais à la différence de ce qui se passe dans le monde roturier des siècles postérieurs, linsulte peut porter directement sur les biens, fiefs ou héritages, et on retrouve là le sens matériel de lhonneur aristocratique : Raoul de Cambrai réclame son fief et cest la raison de sa vengeance. Certes, des atteintes aux biens peuvent être à lorigine des homicides commis pour réparer un honneur blessé aux xive et xve siècles, mais elles ne sont pas à lorigine immédiate du crime de sang. Elles ont provoqué une haine recuite, parfois transmise de génération en génération, qui explose à loccasion dun geste ou dune parole, et ce sont ce geste et cette parole qui provoquent laltercation et la vengeance finale21. Enfin et surtout, chez les nobles des chansons de geste, la vengeance sinsère dans un rituel de défis plus sophistiqué que celui qui peut se rencontrer chez les non-nobles. Le « Tu as menti par ta sanglante gorge » des populations ordinaires fait pâle figure à côté de celui que Ganelon lance à lensemble des barons.

La traîtrise ajoute à cette dimension propre au monde aristocratique. Non que les roturiers nen connaissent pas lenjeu comme le montre lemploi du mot dans certaines injures ainsi que leur adhésion aux supplices que subissent les traîtres quand ils sont décapités sur ordre du roi aux Halles ou sur la place de Grève. La traîtrise des chansons qui vise le roi est encore loin de pouvoir être qualifiée de lèse-majesté, mais elle est un crime capital que sanctionne le plus souvent la justice divine.

Pour faire face à cette violence exacerbée, les chansons de geste font découvrir un droit épique qui tente de la réguler. Ce nest pas si facile ! Le temps nest pas encore au pardon qui commence seulement à poindre en cas dadultère. Il faut plutôt louer cette violence tout en la limitant. Ces personnages, y compris le roi ou lempereur, approuvent et pratiquent la vengeance si elle se déroule comme un « beau fait » et ils la considèrent alors comme licite22. Autre source de difficulté, la justice 15et le droit aident à réguler le conflit, mais la stature sociale des nobles reste rétive devant le jugement. Leur fama personae les place au-dessus de la torture pour arriver à laveu et les fait échapper aux châtiments corporels : leur renommée est nécessairement, par lappartenance à leur lignée, une bona fama. Ganelon en a argué. Il a pourtant fini par être sévèrement puni et cest justement ce qui paraît extraordinaire. La nature de son crime la emporté ; il en a été de même pour lincendie sacrilège commis par Raoul de Cambrai. Pourtant, le statut social de ces grands nobles ne les place pas en dehors des tribunaux, à ceci près quils peuvent inventer une assemblée à leur mesure, celle des pairs. Cest devant elle quEnguerrand de Coucy réclame dêtre jugé et Saint Louis a été obligé de céder23. Cette exception judiciaire est en net recul au xve siècle, lorsque se succèdent les procès politiques. Entre temps, le Parlement où, au criminel, plus dun tiers des causes est consacré aux nobles, a banalisé lacte de les juger, même si, comme dans les récits épiques, la peine de mort reste à leur égard tout à fait exceptionnelle.

Pendant que sopèrent ces transformations, laristocratie continue découter les chansons de geste. Elles sont en bonne place dans leurs bibliothèques. Pourtant, le temps des vengeances collectives est en grande partie révolu24. Les guerres seigneuriales sont devenues résiduelles. Pour compensation, la noblesse a acquis des privilèges judiciaires, mais, dans la réalité, la renommée ne suffit plus à sauver le noble des rets de la justice. Si, jusquà la fin du Moyen Âge, le chant des jongleurs reste puissant dans limaginaire, il est devenu celui des illusions perdues.

Claude Gauvard

1 Voir par exemple lascension de Guillaume le Maréchal étudié par Georges Duby, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, Paris, Fayard, 1984.

2 D. Barthélemy, La chevalerie. De la Germanie antique à la France du xiie siècle, Paris, Fayard, 2007, p. 118.

3 À titre de remarquable exception, Stephen D. White, « Un imaginaire faidal. La représentation de la guerre dans quelques chansons de geste », La Vengeance, 400-1200, éd. Dominique Barthélemy, François Bougard et Régine Le Jan, Rome, École française de Rome, (Collection de lÉcole française de Rome-357), 2006, p. 175-198. Lauteur convoque cinq chansons de geste Raoul de Cambrai, Girart de Roussillon, Renaut de Montauban, Garin le Loherenc et Gerbert de Metz et analyse en particulier comment la guerre « pouvait être conceptualisée dans des termes juridiques », (p. 193), ce qui interdit de considérer la violence comme illimitée.

4 Le Couronnement de Louis, vers 72 et suiv., cité par Bernard Ribémont, infra, p. 41.

5 Voir en particulier les recherches dAndré Gouron, La Science du droit dans le Midi de la France au Moyen Âge, Londres, Variorum reprints, 1984 et Droit et coutume en France aux xiieet xiiie siècles, Londres, Variorum reprints, 1993. Synthèse par Jean-Marie Carbasse, Introduction historique au droit, Paris, PUF, 1998, p. 137-185.

6 Ambroise, LEstoire de la guerre sainte. Histoire en vers de la troisième croisade (1190-1192), éd. Gaston Paris, Paris, Imprimerie nationale, 1897, cité par B. Guenée, Histoire et culture historique dans lOccident médiéval, Paris, Aubier, 1980, rééd. Flammarion, 2011, p. 58.

7 Le Conseil de Pierre de Fontaines ou traité de l ancienne jurisprudence française, nlle édition par M.A. J. Marnier, Paris, Durand et Joubert, 1846, p. 3.

8 Michael Clanchy, From Memory to Written Record : England 1066-1307, 3e éd., Londres, Wiley-Blackwell Publishers, 2012.

9 Joseph Morsel, « Ce quécrire veut dire au Moyen Âge. Observations sur létude de la scripturalité médiévale, », Memini. Travaux et documents, 4, 2000, p. 3-43. Sur la valeur sociale de lécrit, Étienne Anheim et Pierre Chastang, « Les pratiques de lécriture médiévale (vie-xiiie siècle) », Médiévales, 56, 2009, p. 5-10 ; Paul Bertrand, « À propos de la révolution de lécrit, xe-xiiie siècle. Considérations inactuelles », ibid., p. 75-92.

10 Georges Duby, Hommes et structures du Moyen Âge. Recueil darticles, t. 1, La Société chevaleresque, Paris, Flammarion (« Champs »), 1999 [1re éd. 1973], en particulier articles xv, xvi et xvii.

11 Yves Mausen, Veritatis adiutor. La procédure du témoignage dans le droit savant et la pratique française (xiie-xive siècles), Milan éd. Giuffré, 2006 ; Lenquête au Moyen Âge, éd. Cl. Gauvard, Rome, École française de Rome, (Collection de lÉcole française de Rome-399), 2008 ; Marie Dejoux, Les Enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, Paris, PUF (Le nœud gordien), 2014.

12 Robert Jacob, La grâce des juges. Linstitution judiciaire et le sacré en Occident, Paris, PUF, 2014, p. 191.

13 Je me permets de renvoyer à Condamner à mort au Moyen Âge, Pratiques de la peine capitale en France, xiiie-xve siècle, Paris, PUF, 2018, p. 238 et suiv. et « Fama explicite et fama implicite. Les difficultés de lhistorien face à lhonneur des petites gens aux derniers siècles du Moyen Âge », La Légitimité implicite,t. 2, éd. Jean-Philippe Genet, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, p. 39-55.

14 Élisabeth Lusset, Crime, châtiment et grâce dans les monastères au Moyen Âge (xiie-xve siècle), Turnhout, Brepols, 2017.

15 Claude Gauvard, Condamner à mort, op. cit., p. 140-143.

16 La Chanson d Aspremont, vers 5612, cité par Bernard Ribémont, infra p. 445.

17 Conseiller, délibérer, décider : donner son avis au Moyen Âge (France-Espagne, vii e - xvi e  siècle), éd. Martine Charageat, Corinne Leveleux-Texeira, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2020.

18 Jacques Krynen, LEmpire du roi. Idées et croyances politiques en France xiiie-xve siècle, Paris, Gallimard (Bibliothèque des histoires), 1993, p. 167 et suiv.

19 J. Le Goff, « Le rituel de la vassalité », Pour un autre Moyen Âge. Temps travail et culture en Occident : 18 essais, Paris, Gallimard (Bibliothèque des histoires), 1977, p. 349-420.

20 Jean-Philippe Juchs, « Des guerres que aucuns nobles font entre eulx ». La faide à la fin du Moyen Âge, Paris, Classiques Garnier, 2021.

21 Cl. Gauvard, « De grace especial », Crime, État et Société en France à la fin du Moyen Âge, 2 vol., Paris, Publications de la Sorbonne, 1991, t. 2, chapitre 16 et 17.

22 Même chose en Angleterre, voir Edward Powell, Kingship, Law and Society. Criminal Justice in rhe Reign of Henri V, New York, Clarendon Press, 1989 ; Philippa C. Maddern, Violence and Social Order : East Anglia, 1422-1442, Oxford, Clarendon Press of Oxford, 1992.

23 D. Barthélemy, « Laffaire Hugues de Coucy », Affaires et grandes causes. De Socrate à Pinochet, éd. Luc Boltanski, Élisabeth Claverie, Nicolas Offenstadt, Stéphane Van Damm, Paris, Stock (Les essais), 2007, p. 59-77.

24 La Vengeance en Europe, xii e - xviii e  siècle, éd. Claude Gauvard et Andrea Zorzi, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 : voir en particulier la conclusion rédigée par Aude Musin et Xavier Rousseaux, p. 319-339.