Aller au contenu

Classiques Garnier

[Pièces liminaires : Le prélude, À l'honneur de Sylvie et À Monsieur de Montauron]

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Tristan L’Hermite
    1992, n° 14
    . varia
  • Pages : 5 à 11
  • Réimpression de l’édition de : 1992
  • Revue : Cahiers Tristan L’Hermite
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812439995
  • ISBN : 978-2-8124-3999-5
  • ISSN : 2262-2004
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3999-5.p.0005
  • Éditeur : Rougerie
  • Mise en ligne : 29/12/2012
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
5

Portrait de Sylvie dans le manuscrit des Plaintes d'Acante (1633). Dans le cartouche, lire
Ce bel objet lance une (lame
Qui ne doit brusler que  !es Dieux ;
Car les Vertus sont dans son Anae
Comme l'Amour est dans ses yeux.
6


7
LE PRELVDE
SONNET


le n'escry point icy l'embrazement de Troye, Ses larmes, ses soupirs, &ses cris éclatans, Ny l'ef Troy qui saisit ses tristes habitans
Lors que des Grecs vainqueurs ils se virent la proye.

l'y dépeins seulement les pleurs dont ie me noye, Le feu qui me consume, &les deuoirs constans Qu'auecque tant de soing i'ay rendus si long temps A celle dont l'orgueil au sepulcre m'enuoye.

Aussi ie n'atten pas que le bruit de mes vers, Portant ma renommée au bout de l'Vniuers, Estande ma memoire au delà de ma vie

l'en veux moins acquerir d'honneur que d'amitié  ; Les autres ont dessein de donner de l'enuie, Et le point où l'aspire est de faire pitié.
TRISTAN.









7
8
A L'HONNEVR DE SYLVIE
STANCES


Sauantes Filles de Memoire,
Qui d'un espoir de gloire
Sur vostre double Mont, f latez les beaux esprits ; le n'ay point de regret d'auoir suiui vos traces, Et vous cens mille graces
Des celestes secrets que vous m'auez apris.

Sans doute mes vers sont plus rares Que ceux de ces Barbares
Qui pour vous obliger font d'inutiles voeux
Et certain . desormais qu'ils ont de l'excellence, le puis sans insolence
Permettre qu'un Laurier me presse les cheueux.


Quelle plume au siècle où nous sommes Du simple auceu des hommes
Pourroit auec raison f later sa vanité  ?
Et ie voy toute-fois, que ma fortune est telle
Qu'une voix immortelle

Asseure mes escrits de l'immortalité.

Mes chansons ont charmé l'oreille

D'une ieune Merueille
Dont l'aymable presence enchante tous les coeurs Elle treuue en mon stille une douceur extresme Et confesse elle mesure
Que i'ay beaucoup de grace à monstrer ses rigueurs.


8
9 Certes, ses bontez sont estranges ; le n'ay mis ses louanges
Qu'au Tableau que i'ay fait des rigueurs de ses

lois Cependant à ma gloire elle dit mille choses
D'vne bouche de Roses
Qui pourroit d'vn seul mot fauoriser des Rois.

Il faut confesser que Syluie
Est la honte et l'enuie
De tout ce que l'on void de parfaictes Beautez Et que ce rare Objet a bien plus d'auantage Sur le plus beau visage
Que le Soleil n'en a sur les moindres clartez.

Mais ses vertus incomparables
Sont vrayment adorables ;
Rien n'est égal aux dons qu'elle a receus des

Cieux Et quelques doux apas que tout le monde y loüe,
Il faut que l'on auoüe
Que son ame est encor plus belle que ses yeux.


Maistres de la Terre et de l'Onde, Venez dac bout du Monde
Voir ces Beautez sans nombre et sans compa-

raison Amour est mon tesmoin, si je dis que ses f lames
En surprenant vos ames,
Ne leur sçauroient donner de plus belle prison.
TRlSTAN.



9
10
A MONSIEUR
DE MONTA URON

ODE

MONTA URON, les Edi f ices Du plus beau marbre éclatans, Sont de pompeux Sacrifices O f f erts à la faux du Temps. Les Dieux avoient basty Troye Qui bien tost servit de proye A de grands embrazemens Et de ses Palais superbes, A peine les fondemens
Se treuvent parmy les herbes.
Mais les vers du grand Homere Sont encore glorieux,
Malgré la Parque severe
Et les ans injurieux.
Par eux on void comme Achille Traine à l'entour de la ville Le corps d'Hector terracé
Et fait d'un bras redoutable De son amy trépassé,
La vangeance memorable.
Le Temps a détruit de Rhodes Le grand Colosse d'airain Mais non pas gasté les Odes De l'agreable Thebain.
Et quoy que Mars ait pû faire Pour se rendre tributaire
Ce Lieu qui fut sans pareil ; Une chançon plus qu'humaine Nous apprend que le Soleil En fit son premier Domaine.

10

11 Ces Ouvrages magnifiques Apres vingt Siecles passez, Marquent des noms herôiques Qui ne sont point effacez. On connoist par cette Muse, Le prince de Syracuse Dont le coeur fut relevé Et les lumieres secrettes De l'Enfant qui fut trouvé Sur un lit de violettes.
Aussi les grands Personnages, D'un désir de gloire épris, Ont souhaité leurs Images
De la main des Beaux Esprits. Mesme le grand Alexandre Dont le cæur osa pretendre L'Empire de l'Univers  ;
Soupira par fois d'envie
De voir peints en de beaux Vers Les Miracles de sa vie.
Mais si les .sons de ma LYRE Sont heureusement goustez Le Sort n'aura point d'empire Sur le nom que vous portez. Par ce digne tesmoignage Qu'estimera d'Age en Age Toute la Postérité
J'establiray la memoire
De la generosité
Qui vous donne tant de gloire.
TRISTAN.




11