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Classiques Garnier

Comptes rendus

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Tristan L’Hermite
    1991, n° 13
    . varia
  • Auteurs : Carriat (Amédée), Chauveau (Jean-Pierre)
  • Pages : 59 à 60
  • Réimpression de l’édition de : 1991
  • Revue : Cahiers Tristan L’Hermite
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812439988
  • ISBN : 978-2-8124-3998-8
  • ISSN : 2262-2004
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3998-8.p.0059
  • Éditeur : Rougerie
  • Mise en ligne : 29/12/2012
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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COMPTES RENDUS

Roger GUICHEMERRE, Quatre pOèteS dU XVIIe siècle. Mal- herbe. Tristan L'Hermite. Saint-Amant. Boileau. P., SEDES, 1991, 17,5 X 11,5, 251 p.
Des quatre poètes ici étudiés, à destination des étudiants de l'enseignement supérieur —les analyses précédées chacune d'une esquisse biobibliographique —; seule l'neuvre de Malherbe est présentée dans son ensemble. Pour les trois autres, l'auteur s'en tient aux Plaintes d'Acante de Tristan, à la Suite des tEuvres et à la Seconde Pnrtie des t~uvres de Saint-Amant, et aux neuf premières Satires de Boileau. Au sujet des 73 stances des Plaintes d'Acante, Roger Guichemerre avait montré déjà (dans Du Baroque aux Lumières, p. 40-47) que Tristan s'est beaucoup inspiré des < Sospiri di Ergasto s de Marino, dans ses Idilli pastari. Mais s'il y a identité du sujet et des thèmes, si les imitations de détail sont nombreuses, une différence foncière apparaît, que souligne R. Guichemerre  : il y a chez Marino « une imagination sensuelle s, c un réalisme plus authentique s que chez Tristan, « esprit précieux, intellectuel et abstrait s. Sans s'attarder au commentaire qui accompagne les Plaintes dans l'édition de 1633 (sur ces Annota- tions, voir les études de Gisèle Mathieu-Castellani dans les
Quaderni del seicento francese, 1987, p. 145-154, et de Françoise

Graziani dans les C.T.L'H., 1990, p. 23-39), R. Guichemerre analyse ensuite les c autres oeuvres s du recueil  : poèmes galants et poèmes de circonstance. Aux premiers appartiennent le célèbre Promenoir et maints sonnets qui sont dans nombre d'anthologies. c Poésie amoureuse d'inspiration pétrarquiste ~ certes, par «  l'idéa- lisation de la -femme aimées allant c de pair avec le thème de la souffrance de l'amant s. Mais Tristan y ajoute sa marque originale  : c ses accents d'une sensibilité délicate a, c une certaine effusion élégiaque au contact de la nature s, servis par un instinct profond des ressources du langage, subtilité précieuse, virtuosité rythmique, sens de l'harmonie... Belle incitation, pour ceux qui les ignoraient, à se familiariser ensuite avec La Lyre et les Vers héroïques.
Amédée CARRIAT.

Gisèle MATHIEU-CASTELLANI, Anthologie de la poésie amou-
reuse de l'âge baroque [1570-1640]. Vingt poètes maniéristes et baroques. P., L.G.F., Le Livre de Poche classique, 1990, 16,5 X 11,
478 p.
Le xtxe siècle finissant, en réhabilitant Tristan après plus de deux siècles d'oubli, avait surtout célébré en lui un c précurseur de Racine s. Mais c'est à notre siècle qu'il appartenait de rendre justice à l'oeuvre lyrique du poète  ; or voici que la belle et succu- lente Anthologie de la poésie amoureuse de l'âge baroque, composée par Gisèle Mathieu-Castellani, fait de Tristan le dernier nommé, dans l'ordre chronologique, d'une famille de c vingt poètes maniéristes et baroques x. Tous ont en commun de puiser leur aliment dans le riche terreau légué par la Renaissance, et irrigué par le pétrarquisme, mais aussi de contester audacieusement l'héritage et de prendre leurs distances vis-à-vis des modèles,
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60 antiques notamment, non par caprice iconoclaste, mais parce qu'il leur faut se situer dans un monde en tumulte, où les croyances s'affaiblissent et où l'individu doit s'affirmer face à un groupe dont la cohésion est durablement compromise. Mais, selon Gisèle Mathieu-Castellani, le discours maniériste — et c'est du côté du maniérisme qu'elle place Tristan en compagnie de Desportes, de La Roque, d'Etienne Durand et de Théophile de Viau — diffère du discours baroque et passe par d'autres modalités d'énonciation  ; le poète maniériste est tourmenté par une incer- titude essentielle, exprime son refus d'indiquer un sens évident et unique, se complaît dans le jeu des apparences et du « faire semblant >. Pas étonnant que la figure de Tristan hante la pensée de notre critique, lorsqu'elle brosse pour nous le portrait du poète de la famille maniériste  : « Non seulement il est ce sceptique qui s'interroge, questionnant la question, comme Montaigne, mais il devient aussi cet illusionniste qui crée des tableaux de fantaisie, se livrant auz caprices de son imagination sans chercher dans les miroitants reflets du monde sensible autre chose que des reflets, l'ombre d'une fleur vermeille, l'ombre du liquide miroir... >. Il ne nous reste qu'à tourner quelques pages pour retrouver les subtilités troublantes du Promenoir des deux amants, du Bain empoisonné ou du Soupir ambigu, poésie « délibérément moderne > où « Tristan aime à construire des simulacres, la passion de l'artificiel l'engageant à jouer, sur la scène où toujours Eros se déguise, le rôle d'un régisseur malicieux et troublé >.
Jean-Pierre CHAWEAU.
Jacques MOREL, Agréables mensonges. Essais sur le théâtre français du XVlle siècle. Préface de Alain Viala... Postface de Geneviève Boisard. Ouvrage préparé par Georges Forestier, avec la collaboration de Christian Biet, Patrick Dandrey et Alain Viala. P., Klincksieck, 1991, 24 X 16, 463 p.
Sans attendre une plus longue recension qui en sera faite dans le n° XIV des C.T.L'H., on doit tout de suite souligner ici l'importance qu'occupe Tristan dans ce recueil de plus de cin- quante études : une quarantaine de pages au total. Les plus anciennes (1951, 1965) le replacent parmi les thèmes («  Mise en scène des songes >, p. 35-44) ou les formes («  Les stances tra- giques >, p. 61-72) du théâtre de son temps. Dans les études de la décennie 1980, Tristan est étudié pour lui-même («  Tristan poète tragique >, p. 197-204  ; « Songes tristaniens a, p. 205-210  ; «  A propos d'un héros mélancolique  : Araspe, dans la Panthée de Tristan >, p. 211-214  ; « Grisante et Panthée >, p. 369-374). C'est à Panthée, on le voit, que va la dilection particulière de J. Morel  : parce que « ses paradoxes sont équilibre entre l'éblouis- sement et l'angoisse que fait naître, en cette vie, la sombre et rayonnante autorité des passions >.
A. C.




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