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Classiques Garnier

Editorial

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Cahiers Tristan Corbière
    2022, n° 5
    . Relations
  • Author: Houzé (Benoît)
  • Pages: 11 to 12
  • Journal: Tristan Corbière Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406164937
  • ISBN: 978-2-406-16493-7
  • ISSN: 2608-5895
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16493-7.p.0011
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 02-21-2024
  • Periodicity: Annual
  • Language: French
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Éditorial

Au petit jeu de trouver un sous-titre de numéro une fois tous les articles reçus, lappel à contribution nindiquant comme dhabitude aucune orientation critique ni thématique particulière, ce cinquième numéro des Cahiers Tristan Corbière nous a donné un peu de fil à retordre. Ça part, tous azimuts, lensemble donnant une bonne idée des voies plurielles de la critique corbiérienne actuelle, où chacun peut désormais savancer en se référant aux travaux dautres chercheurs. Nous avons en somme assisté, depuis la création de cette revue en 2018 à la structuration dun petit champ détudes, dynamique amorcée par plusieurs rencontres universitaires et la parution de leurs actes depuis 2010 et renforcée par les nombreuses publications auxquelles linscription des Amours jaunes à lagrégation a donné lieu en 2019-2020. Les pistes biographiques, philologiques, thématiques, intertextuelles, comparatistes, de réception ; la recherche de nouvelles œuvres ; les réflexions sur la versification de Corbière, sur sa poétique, sur sa langue ; les micro et les macro-lectures ; les approches du substrat existentiel, éthique, politique ou philosophique de lœuvre corbiérienne ; létude de ses œuvres peintes et dessinées, pour elles-mêmes ou en relation avec ses textes ; les travaux permettant de penser une situation de cette œuvre au sein de la littérature moderne : tous ces chemins ont été refrayés, et lœuvre, pourtant maigre comme lAnkou, sest révélée prodigue en résonnances, lectures et observations nouvelles.

La bigarrure critique du présent numéro est le reflet de cet épanouissement. Cependant, une notion flottante a émergé à relecture : celle de relation. Limage du paria-poète-maudit-en-marge est trompeuse, si lon sy arrête : la poésie de Corbière est profondément relationnelle, peut-être jusque dans les ascèses de solitude dont elle explore différentes modalités – « À nous la libre solitude à plusieurs », lit-on dans Casino des trépassés. Quand Gabrielle Veillet et Coralie Roser rapprochent Corbière respectivement de Ducasse et de Musset, Romain Delbuë et Massimo 12Blanco interrogent son lien à son propre corps et au monde ; dans les contributions de Sandra Glatigny et de Jérôme Hennebert, létude des différents outils de la caricatures – scripturaux et picturaux – permet de comprendre cet art corbiérien comme travail du rapport à lautre (lecteur, observateur ou caricaturé) ; Steve Murphy décortique une pièce maîtresse de léthique et de la poétique de lamour jaune ; Alain Chevrier, qui ouvre et clôt les « approches critiques » tel la cigale et le poète du livre de Corbière, nous fait découvrir le genre populaire de « lapostrophe poissarde » puis tente de mettre en relation la pratique strophique de Corbière, si singulière, avec celles de quelques publications de son siècle. Pour Fanny Wilson seule ici peut-être, dans un contrepoint bienvenu, la solitude et lisolement semble être le dernier mot de Corbière, du moins dans le cycle italien des Amours jaunes.

On aime à croire que Corbière, « tendre comprimé » selon son cousin – une image qui nous fait penser au hérisson en boule sur les autoroutes de la communication, allégorie derridienne de la poésie, ou encore au jeu japonais des fleurs en papier se dépliant dans leau –, se déploie à travers ces contributions ; celles-ci, lorsquelles ne discourent pas « sur » lœuvre mais vers elle, accompagnent la petite reverdie contemporaine de sa réception.

N. B. : Il y a 150 ans, en août 1873, Les Amours jaunes paraissaient chez Glady frères. La même année, Edmond Puyo, maire de Morlaix, beau-frère dÉdouard Corbière et oncle maternel de Tristan créait la bibliothèque municipale. Dabord ouverte au musée, elle fut transférée à lhôtel de ville quelques années plus tard. Son fonds Corbière (Édouard et Tristan) devait senrichir au fil des décennies. En 2000, elle fut baptisée du nom du recueil du poète.

Benoît Houzé

CELLAM