« La mort de ce pauvre garçon qui s’appelait Tristan Corbière… » Un compte rendu tardif de la première réception des Amours jaunes
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers Tristan Corbière
2021, n° 4. Repolitiqué - Auteur : Houzé (Benoît)
- Pages : 381 à 382
- Revue : Cahiers Tristan Corbière
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406132523
- ISBN : 978-2-406-13252-3
- ISSN : 2608-5895
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13252-3.p.0381
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/06/2022
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
« La mort de ce pauvre garçon
qui s’appelait Tristan Corbière… »
Un compte rendu tardif de la première réception
des Amours jaunes
Je donne ci-dessous un compte rendu des Amours jaunes inconnu des bibliographies corbiériennes paru le 3 septembre 1875, soit six mois après la mort du poète. Il est peu développé, et l’auteur ne réprouvant le recueil – c’est le compte rendu le plus négatif de la première réception de Corbière – qu’en des termes très généraux. Deux éléments méritent cependant notre attention. Tout d’abord, comme plusieurs autres comptes rendus de l’époque, celui de G. Saint-Amé souligne le travail d’édition et de typographie qui fait du livre de Corbière, à ses yeux, un objet tout à fait remarquable – c’est d’ailleurs, avec le « souffle réel d’inspiration » que le journaliste reconnaît au recueil, le seul élément de valorisation des Amours jaunes dans cette critique. On remarquera également que G. Saint-Amé a connaissance de la mort de Tristan Corbière, bien qu’elle n’ait été annoncée, à notre connaissance, que par le très local Journal du Havre. Ce (ou cette) journaliste obscur(e)1 connaissait donc sans doute quelqu’un de l’entourage du poète.
Ce compte rendu des Amours jaunes apparaît, parmi d’autres, dans un article intitulé « La Semaine littéraire », qui est publié le même jour dans Le Midi et L’Indépendant des Basses-Pyrénées.
382LA SEMAINE LITTÉRAIRE
[…]
Les Amours jaunes sont un recueil de pièces de vers publiés en 1873 par la librairie Glady, alors à ses débuts, et qui avait voulu patroner un jeune poète réaliste qui s’essayait à gravir le Parnasse. La mort de ce pauvre garçon qui s’appelait Tristan Corbière est un motif pour moi de parler de ce live dans lequel on sent un souffle réel d’inspiration ; mais il est à regretter que M. Corbière ait employé son talent à des sujets singulièrement matériels qui rendent la lecture de ses vers impossible à une femme. Il y a là des peintures d’une crudité inouïe et dans les endroits où l’auteur parle d’amour c’est en termes qui en excluent tout le côté immatériel pour n’en venter que les plaisirs. On retrouve dans ce livre un matérialisme affecté qui ne gagne rien à ête présenté sous la forme que M. Corbière a généralement adoptéee, style heurté et confus, rythme étrange et fatigant. Il est dommage que de plus jolis vers n’aient pas fait honneur à la richesse typographique de ce volume fait pour les collectionneurs de nos belles impressions modernes.
[…]
G. Saint-Amé
Benoît Houzé
Université Rennes 2 (CELLAM)
1 Nous n’avons trouvé aucune notice d’autorité ni mention dans la presse ou les livres nous permettant ne serait-ce que de connaître le prénom qui se cache sous le « G. » En 1865, une « Mme G. Saint-Amé » avait publié de tendres Mémoires d’un petit serin (Paris, J. Vermot et Cie). Un ou une « G. Saint-Amé » a également publié des comptes rendu théâtraux, à partir de 1873, dans le mensuel L’Orchestre, qu’il ou elle finit par diriger au début des années 1880.