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Classiques Garnier

Éditorial

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Tristan Corbière
    2019, n° 2
    . Chanté, déchanté
  • Pages : 11 à 12
  • Revue : Cahiers Tristan Corbière
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406098331
  • ISBN : 978-2-406-09833-1
  • ISSN : 2608-5895
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09833-1.p.0011
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/12/2019
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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ÉDITORIAL

Ce deuxième numéro des Cahiers Tristan Corbière paraît alors que Les Amours jaunes sont, en France, au programme de Littérature et de Langue française aux agrégations de Lettres. Cette première, presque incongrue pour un poète qui na « rien dimpeccable » (Verlaine), pour lhomme dun seul livre qui faillit, a-t-on longtemps pensé, tomber purement et simplement dans loubli, pour lécrivain à lorthographe volontiers fautive, pour le maître sans disciple ni influence évidente sur les poètes du xxe siècle, pour le moqueur de Chénier, de Lamartine et de Hugo, pour le créateur qui, selon Laforgue, « nest pas de chez nous » (nous, les poètes), cette première ne fait pourtant quaccentuer, sans le créer, le paradoxe dun intérêt institutionnel, académique, professoral porté à une œuvre sciemment marginale, qui semble avoir tout fait pour fuir le commentaire, en ne se donnant pas même lalibi de prétendre esquisser lavenir de son propre genre.

Nous sommes convaincus que cette tension est fructueuse, chaque instance en vis-à-vis soulevant un peu le masque qui lui fait face : dun côté, chercheurs et professeurs trouvent en Corbière, au-delà de ses propres affirmations, une gravité poétique, une historicité profonde, une pertinence esthétique, fût-elle « par raccroc » ; de lautre, Les Amours jaunes descellent beaucoup de confortables représentations sur la grandeur littéraire, la saveur poétique, linvention scripturale.

Il est donc particulièrement heureux que cette œuvre soit ainsi largement donnée à lire et à étudier. Et ceci, de plus, dans un moment dynamique de sa critique, auquel tâche de contribuer notre revue. La connaissance, lécoute et linterprétation du corpus corbiérien sont en effet aujourdhui des champs ouverts et en évolution dannée en année.

Nous avons cherché, en préparant le présent deuxième numéro, à donner à notre embarcation sa vitesse de croisière. Aussi avons-nous quelque peu diminué le nombre darticles de la section « Approches 12critiques », qui demandent maturation et sélection, et étoffé la partie de la revue destinée à accompagner et à nourrir la recherche sur lœuvre.

Malgré les occasions critiques diverses, les articles du présent numéro nous ont paru pouvoir être réunis a posteriori sous langle commun de la question du lyrisme. Le couple “chanté/déchanté”, malgré son binarisme (apparent, la symétrie nétant quillusoire), sest imposé : si lon veut bien ne pas voir dans ces deux termes un système de bascule à sens unique – lécriture corbiérienne étant alors envisagée uniquement comme épreuve de la désillusion et du grincement –, on trouvera dans ce numéro de nombreuses occasions de lapprocher autrement.

Nous remercions les Universités Paris-Sorbonne et Sorbonne Nouvelle, les professeurs A. Guyaux, P. Tortonese et H. Scepi pour le séminaire doctoral dont provient l article de P. Rannou. Les articles d A. Foglia, P. Loubier et B. Dufau sont issus de la demi-journée d étude « Tristan Corbière. Amphibologies II » (B. Dufau et B. Houzé, Université Paris-Sorbonne, STIH).

Benoît Dufau

Sorbonne-Université, STIH

Benoît Houzé

Université Rennes 2, CELLAM

Samuel Lair

Université de Bretagne Occidentale, CECJI

Katherine Lunn-Rockliffe

Hertford College, Oxford