RÉSUMÉS/ABSTRACTS

Valérie Fasseur, « Ours à malices. Lokis ou le mystère des origines »

Lokis puise sa représentation de l’homme-ours à un fond folklorique médiéval bien plus large que ne le montre sa situation en Lituanie, véritable trompe-l’œil. Relue à la lumière de la construction complexe du récit, son intertextualité avec Froissart fait apparaître la nouvelle comme un montage qui, sous couvert d’une facétie à l’intention des dames de Compiègne, fait converger, par l’interrogation de Mérimée sur le mystère des origines, plusieurs des préoccupations récurrentes de l’auteur.

Mots-clés : littérature du Moyen Âge, littérature du xixe siècle, intertextualité, Froissart, vénerie.

Valérie Fasseur, “Bears full of tricks. Lokis or the mystery of origins”

Lokis sources its depiction of the bear-man from a much broader medieval folkloric background than its Lithuania setting would suggest, a true trompe-l’oeil. When reread in light of the story’s complex narrative architecture, its intertextual ties with Froissart reveal the story’s montage-like quality; under the guise of a farcical tale intended for the ladies of Compiègne, it brings together several of the author’s recurring concerns through Mérimée’s investigation of the mystery of beginnings.

Keywords: medieval literature, nineteenth-century literature, intertextuality, Froissart, hunting.

Sylvie Thorel, « Ourseries (Sand, Mérimée) »

L’association des noms de Sand et Mérimée rappelle un certain fiasco qui mériterait d’être relégué dans l’oubli si la lecture de Mauprat et de Lokis, où tous deux font varier La Belle et la Bête, ne révélait la gravité du malentendu. Sand réduit le désir en moralisant, tandis que Mérimée présente une version amorale de l’histoire. Exaltation du sentiment versus affirmation ironique du 156primat des instincts : un désaccord qui a trait à la délicate fortune de Rousseau chez les romantiques.

Mots-clés : littérature du xixe siècle, intertextualité, éducation, morale, George Sand, Rousseau.

Sylvie Thorel, “Unbearable banter (Sand, Mérimée)”

As pairs of names go, Sand and Mérimée bring to mind a particular fiasco that would merit relegation to oblivion if a reading of Mauprat and Lokis, where each offers a variation on La Belle et la Bête, did not reveal the gravity of the misunderstanding. Sand diminishes desire by moralizing, while Mérimée presents an amoral version of the story. Exaltation of feeling versus ironic affirmation of the primacy of instincts: a disagreement connected to the delicate fortune of Rousseau among the Romantics.

Keywords: nineteenth-century literature, intertextuality, education, morality, George Sand, Rousseau.

Xavier Bourdenet, « Militance libérale et anti-idéalisme mériméen. La chevalerie dans La Jaquerie »

La question de la chevalerie connaît un regain d’actualité dans les années 1820. Après avoir retracé les fractures idéologiques de cette mode qui éclairent les choix de Mérimée dans La Jaquerie (1828), on montre que celle-ci s’inscrit tout à la fois contre le genre troubadour et le sauvetage de la « chevalerie » par opposition à la « féodalité ». C’est un travail de sape, une caricature sur toutes les dimensions de l’idéal chevaleresque : généalogie, héroïsme, courtoisie, langage.

Mots-clés : littérature du xixe siècle, histoire du xixe siècle, histoire du Moyen Âge, féodalité, chevalerie.

Xavier Bourdenet, “Liberal militancy and Mériméan anti-idealism. Chivalry in La Jaquerie”

The issue of chivalry regained relevance in the 1820s. After tracing the ideological fractures this fashion contained, which shed light on Mérimée’s choices in La Jaquerie (1828), we show that the latter is at once opposed to the troubadour genre and the recuperation of “chivalry” as opposed to “feudalism.” It is a subversive work, a caricature of all the dimensions of the chivalric ideal: genealogy, heroism, courtliness, and language.

Keywords: nineteenth-century literature, nineteenth-century history, history of the Middle Ages, feudalism, chivalry.

Anne Geisler-Szmulewicz, « Les réécritures de La Guzla »

Le souvenir de la mystification au cœur de l’écriture de La Guzla (1827), dont Mérimée fait la matière de son Avertissement de 1840 (Charpentier, 1842), est entretenu dans la presse, dans des notices de dictionnaires et d’anthologies, voire dans des ouvrages savants. Nombre d’auteurs et de journalistes paraphrasent le texte de Mérimée, quitte à ajouter des éléments de leur cru, accentuent sa dimension comique et vont parfois jusqu’à faire servir leur propos à des développements idéologiques inattendus.

Mots-clés : littérature du xixe siècle, La Guzla, réécriture, parodie, critique littéraire.

Anne Geisler-Szmulewicz, “The rewritings of La Guzla”

The memory of mystification at the heart of the writing of La Guzla (1827), which Mérimée made the subject of his 1840 foreword (Charpentier, 1842), was kept alive in the press, in dictionary and anthology entries, and even in scholarly works. Many authors and journalists paraphrased Mérimée’s text, even if it meant adding elements of their own, accentuating its comic dimension and sometimes going so far as to make their subject serve unexpected ideological developments.

Keywords: nineteenth-century literature, La Guzla, rewriting, parody, literary criticism.

Antonia Fonyi, « Sous le signe d’Éros. Pour déchiffrer la pensée esthétique de Mérimée »

La pensée critique de Mérimée, telle qu’elle se révèle dans les domaines où elle s’exprime avec une clarté particulière, ceux de l’esthétique du peu et de la conception de la poésie, est fondée sur une exigence d’unité qui va à l’encontre des tendances dominantes du siècle. Sous un éclairage psychanalytique, cette exigence, mieux, ce désir atteste une forte prépondérance de la pulsion de vie dans la création de Mérimée.

Mots-clés : littérature du xixe siècle, esthétique, critique littéraire, poésie, psychanalyse.

Antonia Fonyi, “Under the sign of Eros. Toward deciphering the aesthetic thought of Mérimée”

Mérimée’s critical thought, as revealed in the fields where it expresses itself with a particular clarity, those of the aesthetics of the little and the conception of poetry, is 158founded on a requirement of unity that goes against the dominant tendencies of the century. Under a psychoanalytical light, this requirement–or better put, this desire–attests to the supremacy of the life drive in Mérimée’s creation.

Keywords: nineteenth-century literature, aesthetics, literary criticism, poetry, psychoanalysis.