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Classiques Garnier

Marie-Noëlle Auguste 1950-2012

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Mérimée
    2013, n° 5
    . varia
  • Auteur : Fonyi (Antonia)
  • Pages : 9 à 11
  • Revue : Cahiers Mérimée
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812411519
  • ISBN : 978-2-8124-1151-9
  • ISSN : 2262-2098
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1151-9.p.0009
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/07/2013
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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MARIE-NOËLLE AUGUSTE

1950-2012

Elle faisait ce qu’elle aimait faire ; à défaut, elle aimait ce qu’elle devait faire. Dans tous les domaines de la vie elle agissait avec un dévouement passionné.

Elle commença par des études de lettres à Poitiers, qu’elle quitta bientôt pour Paris où elle entreprit des études de théâtre et de musique. Spécialisée en flûte à bec, elle obtint un premier prix de Conservatoire et un prix d’excellence de musique de chambre, puis, attirée par la direction d’ensembles instrumentaux et vocaux, elle suivit l’enseignement de Nicolas Brochot et se perfectionna sous la direction de Pierre Cao et de John Poole. Par la suite, elle menait de front activités d’enseignement et concerts.

Professeur dans plusieurs conservatoires d’Île-de-France, très exigeante et très consciencieuse, elle était très aimée et respectée de ses élèves. Elle les intégrait volontiers dans des ensembles amateurs et professionnels qu’elle dirigeait. Ainsi, elle réalisa des contes musicaux et aussi un opéra pour enfants, L’Opéra de la lune de Jacques Mayoud sur le livret de Jacques Prévert.

Elle a joué comme soliste dans plusieurs formations qui se consacraient à la musique ancienne, dont le consort La Carrée, la chorale BWV, et elle se produisit aussi avec le percussionniste Arnaud Carron de La Carrière dans un répertoire de musique médiévale.

C’est sous son impulsion que l’association A contrario, dont elle était membre fondateur, se constitua, en 1993, en ensemble vocal et instrumental. Elle en prit la direction artistique. La particularité de cet ensemble est de compter parmi ses membres aussi bien des musiciens professionnels que des amateurs de haut niveau, réunis par des affinités, mieux, des affectivités musicales communes. À ses débuts, l’ensemble s’était focalisé sur des œuvres de Telemann, puis le répertoire s’élargit,

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comprenant désormais des œuvres prébaroques et baroques (Rameau, Corrette, Quantz, Purcell, Vivaldi, Bach…), des pièces peu connues, rarement jouées, choisies dans un esprit de découverte, et transcrites par le directeur artistique.

Le dernier concert qu’elle a dirigé, le 30 juin 2012, dans l’église de Notre-Dame du Liban à Paris, offrait des extraits de la version concert de l’opéra-ballet d’A. C. Destouches (1672-1749), Le Carnaval & la Folie. Elle était déjà très malade, très affaiblie, et, cependant, la force extraordinaire de sa volonté lui permit de tenir en main chœur, solistes et orchestre. Ses amis, craignant que son état ne s’empirât par le surcroît de tension qu’impliquait la préparation du concert, lui suggéraient de remettre celui-ci à plus tard, à l’automne. Elle savait sans doute qu’il n’y aurait pas de plus tard, et elle est allée jusqu’au bout. L’église était pleine.

L’ensemble A contrario, désireux de donner une dimension éthique à ses activités, soutenait des actions à buts humanitaires, notamment l’Aide Urgence Val-de-Marne et l’association Psychisme et Cancer (Paris, 13e).

Loin de l’empêcher de renouer avec les lettres, ses engagements musicaux l’y incitèrent. Après un mémoire de DEA, sous la direction de Philippe Hamon, consacré à Carmen, où elle s’attachait à montrer la présence de Mérimée, de l’écrivain, dans la musique de Bizet, elle entreprit une thèse sous la direction de Jean-Yves Masson et de Danièle Pistone sur Mérimée à l’opéra. Ce travail restera inachevé, mais elle a publié des articles sur ce sujet : « De La Havane à Saint-Tropez ou de L’Occasion de Mérimée à L’Occasion de Louis Durey : mutation opératique d’une œuvre littéraire » (Visages de la Provence : Zola, Cézanne, Giono, London, Émile Zola Society, 2008), « La Vénus d’Ille de Mérimée ou la muette opératique » (Prosper Mérimée, Caen, Lettres modernes Minard, 2010), ainsi que « Mateo Falcone à l’opéra », étude qu’elle n’a pas pu parfaire, et que nous publions dans le présent numéro des Cahiers Mérimée.

Mérimée l’accompagnait. Parallèlement aux travaux littéraires qu’elle lui consacrait, elle le retrouvait dans ses activités musicales : l’ensemble A contrario donna des extraits des versions de concert de Carmen de Bizet, de Colomba d’Henri Busser, de La Jaquerie d’Édouard Lalo et Arthur-Joseph Coquard.

Elle a été membre fondateur de la Société Mérimée et membre du Conseil d’administration. Elle était assidue au séminaire Mérimée depuis son inauguration, en 2003.

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Elle était énergique, intègre, généreuse, fidèle ; colérique et affectueuse, désenchantée et joyeuse.

Le cancer l’a vaincue en moins d’un an.

Nous l’avons tant aimée.

Antonia Fonyi

Présidente de la Société Mérimée