AVANT-PROPOS

Après un numéro consacré à la Ville Lumière et un autre à la carrière de revuiste de Dumur, un numéro relatif au Mercure de France s’imposait. Comment effectivement distinguer la revue de celui qui en fut un des fondateurs et qui ne quitta ses murs qu’en de rares occasions ? Si Rodrigue nous enseigne qu’« aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », le présent numéro s’inscrit davantage comme celui de la maturité, le fruit d’une entreprise débutée depuis 2014 : la revue, au carrefour des carrières de romancier, revuiste, journaliste ou encore critique de Dumur ne constituait-elle pas le sujet idoine pour l’ancrer définitivement dans le champ des études littéraires ?

Dès lors ce numéro a pour intention de s’inscrire dans ce que fut l’idée matricielle du Mercure : une collaboration d’horizons divers ainsi qu’une grande variété dans le choix des thématiques abordées. C’est ainsi que nos lecteurs retrouveront certaines des personnalités qui ont marqué l’histoire de la revue, tels Rachilde ou Léautaud ou qui ont, à l’instar de Proust, frayé avec elle. Il ne s’agit pas des seuls notables du Mercure rencontrés au fil de ses pages, puisque justice sera rendue à ceux qui ont œuvré à sa fondation, à travers deux articles riches d’informations quant à la genèse et la structure des revues littéraires. Dans la lignée des « Chroniques » du Mercure, les arts musicaux ou cinématographiques auront naturellement voix au chapitre, tout comme Dumur lui-même dans son combat face aux traîtres lors de la Grande Guerre (il eût été de mauvais aloi de condamner de nouveau à l’oubli celui que nous peinons encore à ramener à la lumière du jour !). Jean Chuzeville enfin, collaborateur de la revue lui aussi quelque peu égaré dans les méandres de l’histoire littéraire et dont une partie de la correspondance sera ici proposée, trouvera tout à fait sa place parmi ses homologues.

Le sujet du Mercure de France nous est apparu si prolixe qu’un autre numéro sera consacré à la revue en 2024, pour la publication du onzième de nos Cahiers Louis Dumur : que notre lecteur se rassure, un dixième 10numéro verra entre-temps le jour : il réunira les interventions des chercheurs dans le cadre du colloque « Pour qui la guerre ? », prévu les 27 et 28 octobre 2022 à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Les actualités dumuriennes semblent bel et bien lancées, comme en attestent les perspectives de publication à venir. Ne négligeons cependant pas les publications qui ont précédé le présent numéro, notamment celle de La Conspiration du silence, publiée en 2021 par François Jacob chez MétisPresses, à Genève.

Mais laissons derrière nous les perspectives augurées et retournons au 6 rue de Condé pour nous plonger dans les feuilles du Mercure.

Jacques Schroll