AVANT-PROPOS

Après les trois expositions consacrées à la vie et l’œuvre de Louis Dumur à la Bibliothèque Carnegie de Reims, aux Archives cantonales vaudoises et aux Archives d’État de Genève, l’heure est aux publications. Philippe Martin-Horie, depuis Tokyo, met la dernière main à son édition critique des Poésies de Louis Dumur, destinées à devenir l’un des premiers Cahiers spéciaux consacrés à notre auteur aux éditions Classiques Garnier. François Jacob s’apprête à publier, quant à lui, une monographie intitulée La conspiration du silence : Genève et Louis Dumur aux éditions Métispresse, à Genève : il s’agissait de répondre à une commande de la fondation Pittard de l’Andelyn, intéressée par Louis Dumur. Les deux signataires du présent avant-propos travaillent enfin à une biographie de Louis Dumur destinée aux éditions Slatkine, laquelle devrait voir le jour à l’automne 2021 ou au printemps 2022.

Ces publications déjà très prometteuses se trouveront complétées de l’édition critique de Nach Paris ! entreprise par Jacques Schroll dans le cadre de la thèse de doctorat qu’il rédige actuellement à l’Université de Franche-Comté et à l’Université de Fribourg, une co-direction lui permettant d’intervenir à la fois dans les champs historique, avec Alain Clavien, et littéraire, avec François Jacob. L’édition ainsi constituée viendra nourrir la série des Cahiers spéciaux consacrés à Louis Dumur aux éditions Classiques Garnier. Après le mémoire de master mené à bien par Antoine Débois à l’université de Lausanne, cette première thèse sur Louis Dumur vient confirmer un certain frémissement de la recherche sur un auteur qui a de toute évidence beaucoup de choses à nous dire. Saluons l’investissement d’une autre « jeune plume » : Isaac Genoud, récemment élu trésorier de la Société Louis Dumur, délivre dans le présent numéro un article très suggestif sur Un estomac d’Autriche.

Un estomac d’Autriche est en effet le thème retenu par le présent numéro. Nous n’avons toujours pas abandonné, malgré les difficultés rencontrées, l’idée de nourrir des travaux d’investigations réalisés sur le dossier conservé aux Archives cantonales vaudoises le Fonds d’archives numériques (FANUM) du pôle « Arts et Littérature » du centre de recherche ELLIADD de l’université de Franche-Comté : ce numéro des Cahiers se présente dès lors comme la base de réflexion à partir de laquelle un classement « intellectuel » des données – c’est-à-dire mêlant à la nécessaire rigueur de la description archivistique une dimension plus scientifique de l’approche des documents – pourra être envisagée. Un travail de même nature est envisagé pour les deux premiers romans de la tétralogie guerrière de Dumur, suite à l’inscription de la thèse de Jacques Schroll.

Le présent numéro, s’il présente quelques pistes de réflexion nouvelles, ne prétend évidemment pas répondre à toutes les questions posées par la publication d’Un estomac d’Autriche. Mais du moins certains points font-ils l’objet d’un éclaircissement bienvenu. Nicolas Gex se livre tout d’abord, avec beaucoup de précision, à une étude « archéologique » des diverses éditions du roman de Dumur : c’était là le prérequis nécessaire à toute étude synthétique ou thématique. Jean-Jacques Langendorf retrace ensuite les circonstances historiques qui ont présidé à l’arrivée des armées autrichiennes à Genève. François Jacob interroge les rapports de Dumur et de Théodore Aubert, le co-fondateur de l’Entente internationale anticommuniste et accessoirement auteur d’un ouvrage intitulé 1814, roman historique genevois. Isaac Genoud s’intéresse, nous l’avons dit, aux uniformes qui défilent dans le roman, ce qui lui permet d’émettre plusieurs hypothèses sur la « technique » documentaire de Dumur et nous permet, à nous, d’entrer dans le cabinet de travail de l’écrivain. Nicolas Morel développe enfin une analyse plus littéraire du roman qu’il replace dans l’univers carnavalesque étudié au même moment, ou redécouvert, par Mikhail Bakhtine.

Le traitement des archives conservées à Chavannes-près-Renens et consacrées à Un estomac d’Autriche, le projet FANUM et la rédaction du présent numéro des Cahiers appellent évidemment une édition critique du roman de Dumur. Aussi celle-ci est-elle envisagée à l’horizon 2020, et sera signée Isaac Genoud et François Jacob. Dans l’immédiat, les efforts de la petite équipe « dumurienne » se concentreront sur la 11préparation et la tenue de la journée d’étude organisée en partenariat avec la Fondation Martin Bodmer sur le thème de l’écriture de la guerre, le 22 février 2020, et dont les actes seront intégralement publiés dans le septième numéro des Cahiers Louis Dumur.

Françoise Dubosson

François Jacob