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Classiques Garnier

Éditorial

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Lautréamont
    2021, n° 3
    . varia
  • Auteur : Saliou (Kevin)
  • Pages : 11 à 15
  • Revue : Cahiers Lautréamont
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406121213
  • ISBN : 978-2-406-12121-3
  • ISSN : 2607-754X
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12121-3.p.0011
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/08/2021
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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Éditorial

Il y a un an, notre éditorial sachevait sur lannonce de nos événements prévus à la Bibliothèque nationale de France et à la Maison de la Poésie, événements qui devaient commémorer, comme il se devait, le cent-cinquantenaire de la mort dIsidore Ducasse. Alors que notre numéro des Cahiers Lautréamont était sous presse, le mois de novembre 2020 arriva et avec lui, lannonce dun reconfinement venant mettre à mal tous ces beaux projets. Lincertitude dans laquelle nous a plongés la situation sanitaire tout au long de lannée 2021 nous a empêchés de reprogrammer les célébrations. Attristés, nous avons laissé passer le 4 avril 2021, anniversaire des cent-soixante-quinze ans de la naissance du poète : il semble plus raisonnable dattendre des jours meilleurs pour organiser un vrai moment de convivialité qui sera, cette fois, déconnecté des dates des commémorations.

Nous navons pas cependant ménagé nos efforts pour rendre hommage à Isidore Ducasse en ligne, que ce soit du côté de la France ou de lUruguay. Les lecteurs des Cahiers Lautréamont numériques ont pu suivre sur notre site1 diverses publications de qualité, relatives à Lautréamont et son œuvre, qui venaient compléter le numéro papier paru en novembre 2020. Nous avons également rendu compte, en temps réel sur notre Facebook, des événements qui se tenaient à Montevideo, grâce aux informations que nous communiquait aimablement lAmbassade de France en Uruguay. Lannée a également vu la parution de plusieurs volumes : la belle édition Prairial, postfacée par notre secrétaire de rédaction Mathilde Ollivier et illustrée des dessins de Magritte, la première traduction uruguayenne par Alma Bolón et Beatriz Veigh et, au moins davril, le premier volume de notre thèse consacrée à La Réception de Lautréamont2.

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Nous avons surtout préparé consciencieusement ce troisième numéro en accueillant dans nos pages de nouveaux noms, collaborateurs de longue date ou nouvelles recrues, que lon espère retrouver fréquemment dans les années à venir. Ce numéro devait, initialement, être en partie consacré aux Poésies. Nous avons cependant jugé préférable de ne pas rassembler les études initialement prévues pour la journée détude de la BnF, car elles seront probablement présentées dans un autre contexte, si bien quon ne trouvera finalement quune seule contribution sur les deux plaquettes de 1870.

Le volume souvre dabord sur un hommage à Peter Nesselroth, ducassien canadien disparu le 31 mai 2020. Nous proposons, à cette occasion, un article inédit qui nous a été aimablement communiqué par sa fille Eva Nesselroth ainsi que par sa collègue Andrea S. Thomas. Vient ensuite, comme le veut désormais la tradition, le dossier sud-américain de ce numéro. Il est cette année en partie consacré aux commémorations montévidéennes : Dario Arce, attaché culturel à lAmbassade de France à Montevideo, fait le point sur les différentes manifestations qui ont eu lieu de lautre côté de lAtlantique, tandis que Martín Craciun présente quelques-unes des œuvres dart réalisées dans le cadre du Prix Cézanne, qui avait pour thème lunivers des Chants de Maldoror. Cette section se termine par un nouvel article rédigé en partie depuis lArgentine : les fruits dune exhaustive enquête menée par Cristina Ducasse et moi-même pour reconstituer la généalogie de la famille Ducasse. Nous avons conservé le titre de notre rubrique, « Des nouvelles de Cordoba », mais cet épisode de la grande saga familiale que nous esquissons article après article se situera cette fois dans la région de Tarbes et sera loccasion de compléter et de rectifier un certain nombre dhypothèses esquissées dans les anciens Cahiers Lautréamont. Il manque à ce dossier le compte rendu du journal El Montevideano, numéro exceptionnel distribué gratuitement dans la capitale uruguayenne qui fera lobjet dune recension dans notre prochain numéro.

La recherche biographique se porte décidément très bien, et les travaux entrepris par les ducassiens français nous permettent de progresser chaque année dans notre connaissance du « lautréamonde », pour reprendre le beau néologisme de Jean-Jacques Lefrère. Gérard Tasset 13revient sur le destin de Léon Genonceaux et lève le voile sur les quatre dernières décennies de son étonnante vie. Gérard Touzeau sintéresse, quant à lui, à lhôtelier Dupuis, qui était le logeur du poète lors de ses années parisiennes. Bertrand Combaldieu enfin livre une très belle réflexion sur une invention dont Isidore Ducasse ne put que constater le développement et le succès, à savoir la photographie. De Montevideo à Paris, il retrace lhistoire de cet art encore balbutiant et questionne, naturellement, la mode du portrait, non pas imaginaire cette fois.

Les études sur le texte ne sont pas pour autant délaissées. Giovanni Berjola sintéresse à la conception de lamour chez Lautréamont, de lidéalisation platonicienne du romantisme à la sexualité décadente. Éloïse Sureau, dont lintérêt pour lœuvre de Ducasse nest pas nouveau mais dont il sagit pourtant dune première collaboration aux Cahiers, interroge les crimes de Maldoror à la lumière du code pénal et du développement de la criminologie au xixe siècle. Siméon Lerouge poursuit son questionnement sur les sources en sattaquant à une « Grande-Tête-dure », sil faut ainsi appeler les auteurs épargnés par Ducasse dans sa redoutable liste. Quavait lu notre poète de lœuvre de Diderot ? Peut-on esquisser un parallèle entre les théories esthétiques du Neveu de Rameau et celles des Poésies ? Enfin, Edgard Vidal interroge les différentes hypothèses pour expliquer le choix du pseudonyme Lautréamont. Il présente au lecteur une nouvelle source possible, à savoir la première occurrence de ce néologisme, dans les années 1840, sous la forme dune coquille dimpression pour Latréaumont. Cest loccasion de se pencher sur lauteur de cette coquille, lécrivain aujourdhui très oublié Sébastien Rhéal.

Du côté de la réception de lœuvre, Bertrand Combaldieu sinterroge sur la circulation de deux exemplaires de 1869 en Belgique en 1874. David Azoulay propose, quant à lui, de revenir sur le Lautréamont de Blanchot et dinterroger la façon dont le critique sest emparé de lœuvre de Ducasse pour élaborer sa propre théorie critique, avec le succès que lon connaît. Federico Guariglia poursuit son étude de la réception italienne en présentant deux traducteurs de Maldoror aux trajectoires très différentes. Xiang Zheng livre la suite de son premier article consacré à la réception en Chine et sintéresse cette fois à un deuxième temps de cette redécouverte, dans les années 1980. Enfin, Éric Walbecq se penche sur la réception ultracontemporaine de lœuvre de Ducasse à travers un compte rendu de lexposition de la Bibliothèque nationale de France qui 14devait être consacrée aux précurseurs du surréalisme : Lautréamont y occupe, naturellement, une place de choix.

Le volume se termine sur la présentation de quelques lettres inédites où le nom de Ducasse surgit : sous la plume de Fénéon, de Georges Rouzet et Pierre Lambert, de Maurice Heine, de Breton et Éluard, et surtout celle de Jean Carrive, acteur marginal et méconnu aujourdhui des débuts de laventure surréaliste. Un compte rendu de louvrage fort intéressant de Lilian Pestre de Almeida vient clore le volume.

Le lecteur sétonnera peut-être dune nouveauté graphique à partir de ce numéro. Au terme dun concours organisé en son sein, lAAPPFID sest dotée dun nouveau logo qui figurera à lavenir sur toutes ses publications. Son concepteur ayant souhaité garder lanonymat, nous profitons de ces quelques lignes pour le remercier chaleureusement. Souhaitons, pour lannée 2022 à venir, des découvertes encore nombreuses et un numéro aussi riche des Cahiers Lautréamont. Nous espérons que le lecteur prendra autant de plaisir à lire ce volume que nous en avons eu à le composer.

Kevin Saliou

Directeur des Cahiers Lautréamont

Président de lAssociation des Amis passés, présents et futurs
dIsidore Ducasse

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Ouvrages cités

Lautréamont, 2020, Les Chants de Maldoror, avec les illustrations de René Magritte et une postface de Mathilde Ollivier, Paris Prairial.

Lautréamont, 2020, Los Cantos de Maldoror, traduction uruguayenne dAlma Bolón et Beatriz Veigh, Montevideo Hum.

Saliou Kevin, 2021, La Réception de Lautréamont, Paris Classiques Garnier.

1 Cahiers Lautréamont numériques. URL : https://cahierslautreamont.wordpress.com/ [consulté le 5 mai 2021].

2 Lautréamont, Les Chants de Maldoror, avec les illustrations de René Magritte et une postface de Mathilde Ollivier, Paris, Prairial, 2020 ; Lautréamont, Los Cantos de Maldoror, traduction uruguayenne dAlma Bolón et Beatriz Veigh, Montevideo, Hum, 2020 ; Kevin Saliou, La Réception de Lautréamont, Paris, Classiques Garnier, 2021.