Gloses et glanes
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers Lautréamont
2020, n° 2. varia - Résumé : Dans cette rubrique collective, les Cahiers Lautréamont compilent les traces d’Isidore Ducasse dans l’actualité culturelle.
- Pages : 335 à 347
- Revue : Cahiers Lautréamont
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406110736
- ISBN : 978-2-406-11073-6
- ISSN : 2607-754X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11073-6.p.0335
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/11/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
- Mots-clés : Lautréamont, Isidore Ducasse, Maldoror, Gloses, glanes
Gloses et glanes
Guillaume Marie nous a fait parvenir son « conte porno maldororien », Le Poulpe de la mer Ligure, paru aux éditions Pou à Paris en 2020. Il s’agit d’un récit érotique gay de 32 pages, disponible pour 4 euros sur le site du collectif Pou (https://collectifpou.fr/histoires-pedees/ [consulté le 7 août 2020]) qui raconte les aventures d’un jeune homme embarqué pour une croisière à bord du voilier Le Vieil Océan.
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Dans La Septième Fonction du langage. Qui a tué Roland Barthes ?, fiction de Laurent Binet (Paris, Grasset et Faquelle, Livre de Poche, 2015), on peut lire à la page 283 : « Imagine-t-on Flaubert, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Claudel, Proust, Breton, Artaud en train de passer une thèse ? » C’est Philippe Sollers qui pose la question à Julia Kristeva.
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Le dernier album de Foehn Trio contient un morceau très jazzy intitulé Old Ocean. Avec la participation d’Éric Truffaz. (signalé par Éric Nicolas)
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On trouvera, en suivant l’URL ci-dessous, un portrait du journaliste François Alicot qui interrogea, dans les années 1920, le condisciple Lespès. Le tableau est signé Félix Cambon, portraitiste de Béziers. Il a été réalisé en 1907 et porte le titre « Journaliste à son bureau ». URL : http://cessenon.centerblog.net/6571895-francois-alicot- [consulté le 7 août 2020]
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336En mars 2020 est passé sur le site de vente aux enchères Ebay un manuscrit inédit de l’écrivain Évariste Carrance, La Voyante de Sentori. Vendue par un particulier, cette masse de feuillets (plus de 600 pages) était datée du 8 mars 1908. Ne sachant trop comment évaluer l’intérêt et la rareté de ce document, le propriétaire en fixait le prix à 7000 €. Pour rappel, Carrance a été un très prolifique polygraphe dont les ouvrages sont d’une « notable quantité d’importance nulle ».
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Sorti en juillet 2019, le documentaire Daniel Darc. Pieces of my life rend hommage au défunt chanteur du groupe de new wave française Taxi Girl. Dandy torturé à la voix délicate et à fleur de peau, dont la mythologie s’est construite par une attitude autodestructrice qui le poussa au suicide, Daniel Darc y évoque le choc que fut pour lui la découverte de Lautréamont.
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Dans Le Lambeau, récit autobiographique paru en 2018 et primé par le prix Femina et le prix spécial Renaudot, Philippe Lançon raconte son arrivée à l’hôpital des Invalides dans un chapitre intitulé « Monsieur Tarbes ». C’est le pseudonyme qu’il avait alors endossé, en hommage à une ville qu’il connaissait fort mal, mais qui était liée à sa famille, ainsi qu’à trois écrivains qu’il aimait : Gautier, Laforgue et Ducasse : « La ville de Tarbes a peu de charmes ; mais, outre mes attaches familiales, elle en a au moins deux à mes yeux : le magnifique jardin Massey, datant du xixe siècle, où j’allais volontiers marcher sous les grands arbres après la pluie, et le fait que les enfances de trois écrivains que j’aime y sont nouées : Théophile Gautier, Jules Laforgue, Isidore Ducasse. » Philippe Lançon passe rapidement sur Gautier, mais reprend : « Les deux autres sont nés à Montevideo, mais, comme beaucoup d’immigrants français en Amérique latine, leurs familles avaient des liens dans le Sud-Ouest et ils ont grandi ici. Que ces deux grands poètes aient passé leur enfance à Tarbes en avait fait un lieu imaginaire. De là je pouvais remonter jusqu’aux pays lointains, jusqu’à cette Amérique latine dont j’avais tant rêvé, et j’allais maintenant descendre le fleuve vers une nouvelle vie, au gré des efforts et des circonstances, sous ce pavillon intime et 337exotique. » De Lautréamont, Lançon salue « l’insolence obscure et le formalisme juvénile ». Le Lambeau a été acclamé par la critique. (signalé par Patrick Guilhembet)
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Le Bulletin de la vie artistique du 15 mars 1926 mentionne une exposition d’artistes sud-américains au « cabinet Maldoror » de Bruxelles.
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Passés en vente à Drouot : Poésies, édition préfacée par Philippe Soupault tirée à 596 exemplaires numérotés, Paris, Au Sans Pareil, 1920 ; Préface à un livre futur, Paris, La Sirène, 1922. Exemplaires ayant appartenu au peintre Arman, portant son ex-libris dessiné par lui.
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« Vieil océan ! Ce n’est pas assez que Lautréamont t’ait chanté
Avec toute cette saloperie de littérature qui était sa propriété
Voici qu’à son tour un jeune maniaque de poésie se dresse
Pour t’enfermer dans la cage de sa lyre
Et comme un ciel inverse te célèbre »
René Guy Cadou, « Vieil Océan », dans Le Testament d’Apollinaire, Limoges, Rougerie, mai 1980.
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Passé en vente chez Binoche et Giquello, un rouleau autographe signé de Jean Benoît, réalisé dans l’esprit du rouleau des 120 Journées de Sodome du Marquis de Sade. Conçu en 1981 et adressé à son ami Abdoul K. El Janaby, il constitue une autobiographie dans laquelle Jean Benoît confie : « J’arrivais à Paris en octobre 1948 gare Saint-Lazare. Jamais il ne m’avait été donné un si bel étalage de locomotives à l’arrêt, quel spectacle ! Je délirai d’enthousiasme. Par ordre de grandeur, il y avait là, coude à coude, Jarry, Breton, Lautréamont, Rimbaud, Cravan, Rigaut, Vaché, Chirico, Rousselle, Van Gogh, le F. Cheval, le D. Rousseau, et encore une fois, comme il va de soi : Donation-Alphonse-François. »
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Angela Merkel a-t-elle cité Lautréamont dans son discours de Davos de janvier 2020 ? Rien n’est moins sûr ! Anne Lamotte nous signale que le discours ne contient en réalité aucune allusion à Lautréamont. En revanche, cette affirmation apparaît dans le journal de gauche Die Zeit, qui livre une critique très ironique du discours par rapport au contexte économique allemand dans un article de Konstantin Richter intitulé « Tout sera super génial ! » Présentant le Chancelière allemande comme une utopiste, Richter l’imagine dissertant sur le poète Lautréamont et sur la beauté de la rencontre fortuite d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table de dissection. Dans un discours poétique, mais presque surréaliste et totalement déconnecté de la réalité donc, discours que Richter se propose de faire entrer dans l’histoire sous le nom de « discours de Lautréamont d’Angela Merkel ».
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Publié en février sur le site des Cahiers Lautréamont : « Le Pied de nez. Histoire paloise », rêverie hommage au poète par Patrick Abraham. Résidant en Inde depuis plus de vingt ans, Patrick Abraham est un passionné de littérature française qui a notamment publié dans La Cause littéraire et dans la revue Raskar Kapac.
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Le catalogue de la Librairie Fourcade pour la New York Book Fair des 5-8 mars 2020 mentionne à deux reprises Lautréamont :
Lautréamont (Isidore Ducasse Comte de). Œuvres complètes. Les Chants de Maldoror. Les Poésies. Les Lettres. Préface d’André Breton. P., G.L.M., 1938, in-8, br., couv. rempl., non coupé, 415 p. L’édition « surréaliste » des œuvres de Lautréamont comprenant 12 illustrations par Victor Brauner, Oscar Dominguez, Max Ernst, Espinoza, René Magritte, André Masson, S.Matta, Joan Miró, Wolfgang Paalen, Man Ray, Seligmann, Yves Tanguy. L’Introduction par André Breton est en Édition originale. 1/20 ex. de tête num. sur Japon impérial (no 6). $2750 / 2500 €
Štyrský (Jindrich). Lautréamont (Isidore Ducasse, / 74 Comte de). Maldoror (Les Chants de Maldoror). Prague, Odeon, 1929, in-8, couverture 339noire ornée d’une étiquette orange, broché. Sous chemise étui assorti de l’Atelier Devauchelle. Première édition tchèque éditée par Philippe Soupault et traduit par Jindrich Horejsi et Karel Teige (qui a également composé la typographie). La censure tchécoslovaque sanctionna certains passages de cette édition des Chants de Maldoror ce qui détermina une intervention du Grand Jeu publiée dans le no 8 de la revue Red. 12 lithographies originales à pleine page de Štyrský tirées en bleu, marron et noir. Tirage à 300 ex., celui-ci 1/25 du tirage de tête num. sur Hollande comprenant les 12 lithographies coloriées à la main et signées par Styrsky. Très rare. Un exemplaire de ce livre également colorié figurait, mais relié, dans la vente Cullen sous le no 29. Voir Czech Avantgarde Art, from the Roy et Mary Cullen collection, Sotheby’s, London 12 november 2014. $8700 / 8000 €
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Du 2 au 19 octobre 2019, l’Athénée Théâtre a donné un spectacle de Benjamin Lazar intitulé Maldoror, adaptation, en mots et en musique, de l’œuvre du comte de Lautréamont.
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En décembre 2019, grâce à une pétition initiée par Alma Bolon et les organisateurs du Congrès montevidéen de 2018, le monument aux trois poètes de Montevideo a retrouvé sa place initiale, derrière le Théâtre Solis et non loin de la calle Camacua où naquit Isidore Ducasse.
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Dans Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, roman de Jean-Paul Dubois couronné du prix Goncourt 2019, on peut lire, page 42, que le personnage de Johanes a coutume de dire des gens qu’ils sont « d’une quantité d’importance nulle ». (signalé par Bertrand Combaldieu)
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En 1969, Johnny Hallyday chantait « Je te veux », tube écrit par Long Chris qui s’ouvre sur ces mots : « Je suis le fils de l’homme et de la femme, ça m’étonne, je croyais être davantage ». Wikipédia nous 340apprend ainsi que Long Chris revendique l’influence de l’œuvre de Ducasse sur sa chanson, car Les Chants de Maldoror étaient devenus sont livre de chevet. On entendra également, dans les paroles de ce morceau : « Voici la folle qui danse sans faire de mouvement ». À quand un article consacré à « Johnny Hallyday, lecteur de Lautréamont » ?
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La très sérieuse revue uruguayenne Brecha a consacré un article au compte rendu des actes du colloque de 2018. Intitulé El encuentro fortuito. Un congreso hecho libro, il souligne la qualité des communications du volume. URL : https://brecha.com.uy/el-encuentro-fortuito/ [consulté le 13 avril 2020].
Alma Bolon complète cette recension dans une note, (Im)Preci(si)on1, qui fait le point sur l’actualité de la recherche ducassienne. URL : https://brecha.com.uy/imprecision1/ [consulté le 13 avril 2020].
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La réforme du lycée a donné lieu, au cours de l’année 2019, à une importante production de manuels scolaires dans lesquels, curieusement, Lautréamont est régulièrement convoqué. Il faut dire que les nouveaux programmes remettent l’accent sur l’histoire littéraire et les textes patrimoniaux. Nombre d’éditeurs, pour être dans la course, se sont empressés de faire paraître leur manuel specimen avant même que le programme de lettres du baccalauréat n’ait été révélé. Il en résulte une grande quantité de manuels conçus comme des anthologies façon Lagarde et Michard, qui ne serviront pas puisque désormais, ce sont des œuvres précises qui figurent au programme. Dans ces manuels donc, à la section poésie, Lautréamont figure parmi les « décadents » en quête d’absolu (Empreintes littéraires, Magnard) aux côtés de Corbière et Laforgue, ou parmi les « poètes maudits » (L’Esprit et la lettre, Nathan). Chez Nathan, Ducasse est représenté par le masque de Vallotton. L’origine de son pseudonyme est attribuée au roman historique d’Eugène Sue, à moins qu’il ne s’agisse, précise-t-on, de « L’Autre est amont » ou « L’Autre est Amon ». Est donné au lecteur lycéen un extrait de la strophe i,8, celle des chiens hurlant à l’infini. Les questions qui accompagnent l’extrait interrogent la dimension poétique, visiblement problématique, de cet extrait. On apprend 341également que la langue de Ducasse est « apparemment détraquée ». Magnard a choisi de placer Ducasse en tête de ses décadents. L’éditeur précise que l’auteur est mort à 24 ans et que ses œuvres « n’ont pas été diffusées de son vivant ». Une illustration de Dali accompagne le texte. L’extrait présenté est « Je suis sale » et l’élève est invité à s’interroger sur la monstruosité de ce portrait. L’autoportrait de Maldoror est décrit comme « morbide et choquant ». Enfin, dans le manuel Horizons pluriels de chez Nathan, l’extrait proposé est la scène de naufrage du chant II, accompagné d’une toile sur le même sujet. La photographie découverte par Jean-Jacques Lefrère illustre également le cartouche biographique, qui présente Ducasse comme « l’auteur d’une œuvre unique, Les Chants de Maldoror » et aussi comme un « malheureux, révolté contre la religion, la société bourgeoise judéo-chrétienne, considéré comme fou ». Le questionnaire invite à relever l’atmosphère du texte et à se questionner sur le choix de la prose. La présence d’Isidore Ducasse dans les manuels est intéressante, mais le prisme par lequel il est abordé est assez classique : celui d’un lyrisme romantique vu et revu, ou bien celui d’un auteur fantaisiste et décadent. Les Poésies passent systématiquement à la trappe.
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En janvier 2020, l’exemplaire de 1874 ayant appartenu à Georges Pompidou est passé en vente chez Alde. Le volume, très beau, est en maroquin noir janséniste, large dentelle intérieur, tête dorée, avec couverture et étui Sernet & Plumelle.
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Le 19 décembre 1984, Jacques Chancel avait consacré une journée de son Guetteur de Rives à Isidore Ducasse et aux autres poètes uruguayens. « La poésie a ses météores. […] Et Lautréamont y tient sans conteste la place la plus mystérieuse. Je m’étais imaginé un temps qu’il pouvait passer pour une invention des surréalistes. Aucune image ne pouvait alors préciser ses traits. […] Il a fallu toute la passion, l’étonnante obstination d’un jeune médecin pour trouver la piste qui menait à ce document. » Et, après un éloge du volume de Jacques Lefrère, il concluait : « Il conviendrait que les dictionnaires substituent maintenant ce cliché authentique au portrait imaginaire dessiné par Vallotton. »
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Dans le poème La Mer du Nord d’Heinrich Heine, écrit en 1826-1827 et traduit en France par Nerval, on peut lire un « Salut du matin » qui commence par un « Je te salue, mer éternelle ! ». (signalé par Mathilde Ollivier)
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Dans Querelle de Roberval, roman de Kevin Lambert paru en 2018 et encensé par la critique, on relève un discret hommage à la strophe de Maldoror sur les chiens hurlant à l’infini. (signalé par Michel Pierssens, qui a été autrefois son professeur)
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Une notice est consacrée à Isidore Ducasse dans Un Paris révolutionnaire. Émeutes, subversions, colères, très joli livre sur une idée de Claire Auzias, aux Éditions libertaires, qui propose des balades par arrondissement. Bien entendu, on trouvera Ducasse dans le ixe arrondissement, représenté par le portrait de Vallotton.
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Le 21 novembre 2019, France 3 Occitanie consacrait un reportage à l’événement Dans l’atelier de Lautréamont qui se tenait au lycée Théophile Gautier. Le journaliste innovait en proposant une nouvelle coquille, vocale cette fois : « le comte de Lauréamont ».
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Le 3 mars 1879, la rubrique « Mouvement des ports » du Phare de la Loire informait ses lecteurs que le Rolling Wake rentrait au port des Sables d’Olonne, après une longue traversée. Il avait quitté le port de Maldoro, en Italie.
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343Dans son excellente émission-canular TV, Les Actualités télérévisées, le 1er avril 1964, Francis Blanche avait imaginé un prix littéraire, le Prix Lautréamont, avec une interview du lauréat, joué par Armand Lanoux, dont l’ouvrage primé n’était autre que l’Annuaire des Téléphones. L’émission, conservée aux archives de l’INA, peut être visionnée sur Youtube.
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Michel Foucault fut interviewé en mars 1968 par I. Lindung pour le Bonniers Litteräre Magasin de Stockholm. Traduite par C. G. Bjurström et recueillie sous le titre « Nouveau millénaire, défis libertaires » dans Dits et écrits, t. 1, cette discussion évoque Lautréamont. À la question « Quelle est la signification d’une œuvre comme celle du marquis de Sade ? », Foucault répond : « Je crois qu’elle est significative de plusieurs points de vue. D’abord, parce que Sade, en tant qu’individu, n’existe pas, en un certain sens […]. Nous avons ici, si vous le voulez, une œuvre sans auteur. C’est vrai aussi de celle de Lautréamont. Il est impossible de deviner ou de reconstituer à partir de Justine ou des Chants de Maldoror qui était Sade ou Lautréamont. Voilà un cas expérimental en ce qui concerne une œuvre, un langage et un discours sans personne derrière. Vous connaissez l’histoire de Lewis Carroll selon laquelle on voit souvent des chats qui ne sourient pas, mais qu’on ne voit jamais de sourire sans chat. Mais si ! il y a un sourire sans chat ! C’est Sade et c’est Lautréamont. Une œuvre sans personne derrière. C’est pourquoi ce sont des œuvres exemplaires. » (signalé par Patrick Guilhembet)
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Passé en vente à Drouot le 20 décembre 2019, une carte postale autographe signée par Salvador Dali, envoyée depuis Cadaquès le 29 avril 1934 à Albert Skira. La carte représente l’actrice Parisys. Dali écrit, au sujet de son édition illustrée des Chants de Maldoror qui doit paraître en juin chez Skira : « Lacouriere est affolé car il lui manque les PLANCHES (cuibres) que ge vous havait donné le jour de mon depart il i avai une des plus importantes “eaux fortes” ne la perdez pas ».
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344Les Cahiers de Tinbad no 9, parus en plein confinement en mars 2020, contiennent, p. 67-72, un « Manifeste pour une poétique de la modernité vers Lautréamont » par Arnaud Le Vac.
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En 2012, la ducassienne brésilienne Leyla-Perrone-Moisés faisait paraître Com Roland Barthes (Sao Paulo, Wmf Martins Fontes, 2012), édition de sa correspondance avec le critique et philosophe complétée par quelques essais sur son œuvre. À la page 44 se trouve reproduite une lettre datée du 9 août 1969 dans laquelle le directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études remercie la jeune femme : « Toute ma gratitude de ne pas m’oublier et d’avoir pensé à m’envoyer votre article maldororien, qui m’a l’air passionnant. À mon tour, je vous dis mon souvenir amical et très fidèle. RB. » Nous remercions l’auteure, collaboratrice de longue date des Cahiers Lautréamont, de nous avoir fait parvenir un exemplaire de l’ouvrage.
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Passées en vente en février 2020, quelques illustrations au crayon gras sur papier de Bernard Buffet pour l’édition des Chants de Maldoror qu’il publia en 1952.
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La réalisatrice Sarah Maldoror s’est éteinte le lundi 13 avril 2020 des suites du Covid-19. Elle avait 90 ans. Pionnière du cinéma panafricain, elle avait choisi son pseudonyme en hommage au livre de Lautréamont.
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François Caradec avait un jour réalisé le prospectus suivant qu’il distribua à quelques membres de l’AAPPFID :
Professeur Isidore
Grand guérisseur voyant
Retrouve tout – parapluie – machine à coudre – table dissection –
Grand objet extérieur que t’as perdu.
345Ton acarus ou ton requin femelle est parti(e)
Il (elle) décrira une courbe comme un chien qui court
après son maître ! – Même cas désespérés ! !
Tous les jours 7 rue Fg Montmartre
Dernier étage au fond du couloir.
Omnibus Madeleine-Bastille
Station Carrefour des écrasés.
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François Darnaudet a fait paraître, en avril 2020, un roman policier intitulé J’aurai la peau de Lautréamont et uniquement disponible en format Kindle sur Amazon. Tout commence par un cambriolage peu banal : les voleurs, bien au fait, ne recherchent qu’un livre d’Évariste Carrance. L’affaire se passe en mai 2017, à Bordeaux, ville où, cent-cinquante ans plus tôt, un jeune homme nommé Isidore Ducasse a fait étape, en provenance de Tarbes, avant d’embarquer pour l’Amérique du Sud. Se met progressivement en place un jeu du chat et de la souris impliquant un collectionneur bibliophile connu sous le nom de baron de Larucaumont, un groupe d’amis qui écoule les recueils publiés par Carrance, et le narrateur qui essaie de comprendre. François Darnaudet avait déjà signé un roman, Le Papyrus de Venise, qui revenait en partie sur la mort d’Isidore Ducasse. Ici, l’intérêt réside surtout pour nous dans les chapitres en flashbacks qui imaginent le passage d’Isidore par Bordeaux, sa rencontre avec Carrance puis avec François-Paul Polydore, qui débouchera sur sa collaboration aux Parfums de l’âme, ainsi que le retour en Uruguay de l’année 1867. Le roman multiplie aussi les clins d’œil : un personnage vit avec un anglais du nom de Mervyn, l’une des protagonistes, endeuillée, est en mal d’Aurore, sa fille suicidée, et les épisodes de la vie d’Isidore permettent aussi d’imaginer qui fut, par exemple, le jeune Mario du Chant III. Malgré cela, l’intrigue est un peu décousue et les rebondissements parfois mal amenés. Le récit se nourrit néanmoins des connaissances biographiques les plus récentes, mais on peine à entrer dans cette histoire où plusieurs personnes, aux motivations parfois peu claires, se battent pour un trésor oublié. Le roman est suivi d’une postface de Gérard Touzeau qui rappelle les dates connues de la vie d’Isidore Ducasse.
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Dans Au seuil du Grand Voyage, recueil d’entretiens inédits de Claudine Brelet avec Pierre Mac Orlan datés de 1969-1970, publié en 2013 aux Éditions de Paris Max Chaleil, on peut lire p. 43, après une opinion peu amène sur Apollinaire : « Lorsque j’étais très jeune, je parlais avec extase des Chants de Maldoror. Maintenant, c’est illisible pour moi. Il n’y a que Rimbaud qui a tenu le coup. Une Saison en enfer et Les Illuminations, ça tient le coup… et les hermétistes, qui m’apportent de la substance, qui me nourrissent… Les Chants de Maldoror, ça ne me nourrit plus. Pourtant, j’étais un enthousiaste des Chants de Maldoror. Quand on me parlait de Lautréamont, j’avais les yeux qui m’ensanglaient, mais maintenant… Est-ce permis d’écrire des conneries pareilles ? Voilà, voilà… ce n’est rien. C’est de “l’ab-science”, tout ça n’a pas de sens ! L’époque était comme ça, voilà tout. Après avoir vécu comme j’ai vécu, à donner un sens non seulement à ma vie, mais aussi à la vie des autres, je n’en ai aucune envie… »
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En raison du confinement, l’article d’Éric Walbecq consacré à la présence de Ducasse dans la correspondance Breton-Éluard n’a pas pu nous parvenir à temps.
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Paru sur le site des Cahiers Lautréamont numériques : un article de Camille Brunel, écrivain auteur de la Vie imaginaire de Lautréamont, sur Lautréamont et le cinéma hollywoodien. Site à consulter régulièrement, car il contient également des compléments iconographiques aux articles du présent Cahier Lautréamont.
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Le magicien Scorpène, dont on connait la passion de longue date pour Lautréamont depuis son premier spectacle, Réalité non-ordinaire, vient de créer un nouveau spectacle intitulé « De nouveaux frissons ». Il s’agit d’une « expérience sensorielle de haute intensité pour douze 347adultes » d’une durée de 45 minutes sous la forme d’une séance de spiritisme dans la chambre reconstituée d’Isidore Ducasse. Mais, bien entendu, quiconque tente de contacter les mânes du poète s’expose au risque, inévitable, de trouver sur son chemin le terrible Maldoror… Possessions et phénomènes paranormaux menacent alors, à tout moment, de troubler le spectateur. Scorpène nous avait confié avoir eu lui aussi l’occasion de visiter le 7, rue du Faubourg Montmartre, dernière demeure de l’écrivain. Plus d’informations sur son site : scorpenemagie.com [consulté le 13/04/2020].