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Classiques Garnier

Chroniques de Giralducie

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers Jean Giraudoux
    2023, 51
    . Le Paris de Jean Giraudoux
  • Pages : 341 à 353
  • Revue : Cahiers Jean Giraudoux
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406157885
  • ISBN : 978-2-406-15788-5
  • ISSN : 2552-1004
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15788-5.p.0341
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/11/2023
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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CHRONIQUES DE GIRALDUCIE

INFORMATIONS DIVERSES

colloque international

Le prochain Cahier Jean Giraudoux sera intitulé : Lécrivain et le territoire : Giraudoux, Bellac et le Limousin (no 52 – 2024), et publiera les actes du colloque international des 30-31 mai 2024 (Médiathèque Jean Giraudoux, Bellac).

Organisé par lAcadémie Giraudoux, lUniversité de Pau et des pays de lAdour (UR ALTER) et lUniversité Bordeaux Montaigne (UR Plurielles) dans le cadre du programme de recherche « Les maisons décrivain en Nouvelle-Aquitaine » (MécriNA) financé par le CRNA.

Comme le souligne Alain Duneau dans la notice « Bellac, Limousin » du Dictionnaire Giraudoux (sous la dir. de S. Coyault et A. Job, Honoré Champion, 2018), la ville et la région natales de Jean Giraudoux sont devenues dans son œuvre « un véritable mythe de la province française ». Au-delà de lancrage biographique, ces lieux incarnent un paradis perdu que lécrivain sefforce de faire revivre en passant de lintime à luniversel. « Bellac » est en outre un toponyme dont létymologie et les sonorités suscitent la rêverie et nourrissent limaginaire, au point quil resurgit çà et là au fil des textes avec autant de discrétion que dobstination. Mais de quoi Bellac est-il le nom chez Giraudoux ? de la nostalgie de lenfance, dune certaine conception de la France ou dune certaine conception de la vie ?

Lobjet de ce colloque sera non seulement dexaminer la fortune de ces lieux que sont Bellac et le Limousin dans lœuvre littéraire de Jean Giraudoux, mais aussi détudier très concrètement lhistoire de la maison natale de lécrivain et la manière dont celui-ci a laissé une empreinte 342dans lespace bellachon. On accordera une importance particulière à la « réinvention » récente de la maison à travers le projet « La Digitale », que lon pourra comparer à diverses expériences menées dans dautres maisons décrivain.

Les communications porteront donc de manière privilégiée sur les sujets suivants :

Bellac et le Limousin dans lœuvre de Giraudoux : résonances et variations sur un motif, entre mythe et réalité.

Bellac et le Limousin dans le discours critique sur lécrivain : ancrage biographique et construction dun imaginaire ; Giraudoux écrivain « régionaliste » ?

Giraudoux et les autres écrivains du Limousin (Robert Margerit, Pierre Bergounioux, Marcelle Tinayre, etc.)

Giraudoux vu de Bellac : quelle présence aujourdhui de lécrivain dans lespace public en Haute-Vienne ? quelles politiques, quelles actions pour rappeler quil est lenfant du pays ?

La maison natale de Bellac : histoire, statut, évolution et actualité. Quelles sont ses spécificités en tant que maison décrivain ? Quelles sont les caractéristiques de la catégorie « maison natale » dans la typologie des maisons décrivain ?

Le projet « La Digitale1 » et autres exemples de « réinvention » dune maison décrivain.

Comité d organisation : Annie Besnard, Mireille Brémond, Hélène Laplace-Claverie, Christian Leroy, Anne-Marie Prévot.

Comité scientifique : Mireille Brémond, Caroline Casseville, André Job, Yves Landerouin, Hélène Laplace-Claverie.

La Folle de Chaillot à Athènes
(Théâtre Pallas, 5 rue Voukourestiou, Athènes)

Dès 1937, lauteur et Louis Jouvet, son metteur en scène attitré, songeaient à une pièce dont Marguerite Moreno, monstre sacré à la Belle époque [], serait lactrice principale. Il commence à lécrire en 1941 343et termine sa version définitive quelques jours avant sa mort en 1944. La pièce sera créée lannée suivante par Louis Jouvet avec cette actrice.

[] Pour Arthur Miller, Jean Giraudoux a écrit lacte daccusation le plus direct quon ait jamais dressé contre lexploitation capitaliste. Les Français lui ont parfois préféré Paolo Paoli dArthur Adamov ou La Résistible Ascension dArturo Ui de Bertolt Brecht, mais aujourdhui, la modernité de cette pièce est plus dans un dialogue pétillant dinventions loufoques. « À midi, tous les hommes, dit Aurélie, sappellent Fabrice ». Ou encore : « Tout chien, sans son vrai nom, maigrit ». Et : « Vous ne devez pas caresser Dicky quand il nest pas là, dit Constance. Cest mal… ». Bref, le premier Eugène Ionesco nest pas loin.

Petros Zoulias met en scène à nouveau ce chef-dœuvre classique mais le ramène, en soulignant sa pertinence, aux temps actuels. Cette pièce fut lun des grands succès de Katína Paxinoú avec Alexis Minotis, au Théâtre National dAthènes en 1966. Quinze ans plus tard, Andreas Voutsinas, pour le Théâtre National du Nord de la Grèce, lui donne une nouvelle vie avec Despo Diamantidou. Une interprétation historique… Antigone Valakou en 2003, mise en scène par Koraïs Damatis, puis Anna Panagiotopoulou, dirigée en 2014 par Petros Zoulias, ont aussi joué Aurélie au Théâtre National dAthènes.

Ici, Petros Zoulias accentue lesthétique du conte joyeux et onirique, avec un décor majestueux très coloré, de beaux costumes de Deni Vachlioti, une musique originale de la grande compositrice Evanthia Reboutsika, les lumières de Melina Masha et une traduction avec références discrètes au monde contemporain : mails, s.m.s., réseaux sociaux… comme aux féminicides et autres fléaux.

Elissavet Konstantinidou crée une Aurélie sensible, romantique et prête à changer le monde. La dernière scène nous restera en mémoire : quand les exploiteurs la menacent avec une arme, elle descend du plateau, savance vers le public et lincite à suivre ses rêves. Et la scène du procès est aussi remarquable avec Nikos Moutsinas (Le Chiffonnier) dans un excellent monologue. Petros Zoulias est arrivé à garder lesprit politique du texte et pour lui, Jean Giraudoux est une sorte de Brecht parisien. Il a également adouci une langue parfois académique et a rendu accessible lœuvre de cet écrivain à un large public. Le metteur en scène a aussi essayé de simplifier sans trahir – le mal est puni, le bien triomphe –, de divertir sans recettes faciles et de faire réfléchir, tout en 344nétant pas ennuyeux… [] un riche programme-livret avec textes sur Jean Giraudoux, la pièce et ses mises en scène, et de nombreuses photos.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Le metteur en scène : Petros Zoulias

Ma rencontre scénique avec La Folle de Chaillot est un voyage créatif dhier jusquà aujourdhui, de la connaissance théâtrale à la recherche dune restitution contemporaine dune pièce classique, un cheminement du fantastique au pragmatique. De lombre à la lumière. Un processus acrobatique entre deux pôles qui limitent éternellement notre univers. Lun, la logique de ceux qui détiennent le pouvoir, des technocrates, des ceux qui possèdent la puissance économique, et lautre, la révolution des visionnaires, des romantiques, des humanistes. La nécessité de lécrivain pour un lendemain meilleur est constante et puissante.

Par le moyen du théâtre et de sa magie, Giraudoux donne des leçons de déontologie politique. Cest pour cela que son texte est actuel et nous concerne.

Traduction Mireille Brémond
Aix-Marseille Université

Élément de bibliographie giralducienne

À la riche Bibliographie de lœuvre de Jean Giraudoux 1899-1982 du regretté Brett Dawson, quil nous soit permis dajouter, après dautres, un item. Il sagit de la publication dans la revue Triptyque-Lettres. Arts. Sciences de juin-juillet 1928, dun long « fragment » dAdorable Clio. Cest aux pages 16 à 24, la plus grande partie de « Nuit à Châteauroux » (dabord parue dans la NRF en 1919 puis en tête dAdorable Clio en 1920), de larrivée à Provins à la traversée nocturne de Châteauroux – étant non reproduites les pages, centrales, sur lhospitalisation et les échanges par lettres avec lami russe Pavel.

Le mensuel Triptyque, destiné au corps médical, exista de 1927 à 1940. Financé par le groupe pharmaceutique Scientia, il lui servait de support publicitaire tout en se voulant ouvert à la vie intellectuelle et 345artistique de son temps quil faisait ainsi pénétrer jusquen province dans les cabinets de ces notables quétaient encore les médecins : en 1933, Triptyque publia ainsi des extraits de Voyage au bout de la nuit de Céline.

Au-delà de la simple reproduction de fragments dœuvres, la revue proposait en même temps une présentation de lauteur – sous la plume de Jean Cabanel – et des études plus générales comme, dans ce « numéro Giraudoux », celle, sur deux pages, consacrée par Claude Barjac à la vogue, dans les années 20, du genre de l« essai », « où quelques-uns des écrivains les plus spirituels de ce temps se plaisent à développer de divertissants paradoxes, ou à traiter plaisamment de graves sujets, gravement des thèmes frivoles ».

Et le critique de mentionner les collections où ces essais paraissent (Caractères de notre temps, Vies amoureuses, Collections des muses, Éloges, Nuits) et de souligner que « le public prend goût à ces jeux de fumoir et de boudoir » au risque quil sen fatigue, même si de grands noms, Abel Hermant, Francis de Miomandre, François Mauriac, André Maurois, Jean Giraudoux (avec « Sport ») sy adonnent – peut-être au détriment de leur œuvre sérieuse, suggère lauteur. En effet, il ne sagit pas tant de produire pour produire que de créer des livres « qui doivent nous représenter à létranger », le problème étant fondamentalement celui d« aider à leur diffusion » comme élément de lactivité de propagande nationale hors des frontières. On verra là un écho à la création du Service des Œuvres françaises en 1920, dont, précisément, Giraudoux avait pris la direction de 1921 à 1924 pour voir son action à la tête de cette institution critiquée par Henri Béraud, en 1922.

Christian Leroy

Giraudoux, Commissaire général à lInformation :
quelques précisions sur le contexte de sa nomination

Larrivée au pouvoir dHitler a amené, comme dans tous les autres domaines, de profondes modifications dans les pratiques diplomatiques allemandes. Si, en un premier temps, le corps des ambassades ne comporte pas de membres de premier plan du parti nazi, les choses changent à partir de novembre 1936, quand Joachim von Ribbentrop est nommé ambassadeur à Londres, tout en conservant des responsabilités 346dans la politique étrangère de son pays : par exemple, en 1937, il va en Italie assister à la signature de ladhésion de Mussolini au pacte germano-japonais. Avec lui, la diplomatie tend à se faire propagande en développant des liens avec les milieux anglais déjà germanophiles. À partir du Congrès des Allemands de lÉtranger (août-septembre 1937) et sous limpulsion dErnst Bohle, chef du service étranger du NSDAP, cette activité va chercher à sappuyer sur laide d« attachés culturels », représentants du parti nazi dans les ambassades et censés bénéficier dun statut diplomatique. Leur fonction serait de répandre lidéologie nazie auprès des Allemands résidant à létranger, en loccurrence en Grande-Bretagne tout dabord et aux USA, puis en France (cf. Robert Pelloux, « Lévolution récente du parti national-socialiste allemand », Politique étrangère, no 2, 1938, p. 128-143).

Dans le numéro de la NRF doctobre 1937 où Giraudoux fait paraître « À propos de Charles-Louis Philippe », le traditionnel « Bulletin » à la fin de la revue se fait lécho de ce bouleversement des mœurs diplomatiques. Une première rubrique note ainsi :

Berlin. La presse officielle annonce la prochaine adjonction, aux ambassadeurs allemands, d« attachés culturels ». Il est tout à fait caractéristique de notre époque quun pays puisse espérer tirer davantage encore de la « surveillance spécialisée » de la « culture » des autres que de celle de leur armée, ou de leur commerce.

Une deuxième rubrique rapporte la réaction de la Cour de Saint James, où Ribbentrop sétait à plusieurs reprises distingué en faisant le salut nazi lors des réceptions du roi Georges VI : « Londres. Le Foreign Office fait savoir, officieusement, quil nacceptera pas d“attachés culturels” en Grande-Bretagne ». Une dernière rubrique évoque alors la France et éveille notre intérêt par des lignes où Jean Giraudoux est mentionné : « Paris. À la suite de la création d“attachés culturels” aux ambassades allemandes, Marianne réclame linstitution au Quay dOrsay, dun service de propagande sous les ordres de Giraudoux ». 

Et, de fait, la « une » de Marianne du 8 septembre 1937 évoque bien, sous le titre « Le Monde comme il va », laffaire des « attachés culturels » nazis. Larticle, après avoir signalé lexpulsion du correspondant du Times à Berlin sinquiète de « lenrégimentement des Allemands (sous-entendu “de létranger”) dans des associations organisées sous le contrôle étroit 347et direct de Berlin ». Que de telles fonctions puissent être admises en France, « voilà qui serait plus quun scandale » continue larticle, avant den venir à la réaction diplomatique à adopter :

Et tout ceci nous conduit, naturellement, à essayer de connaître quels services vont se trouver adjoints au bureau des « œuvres » du Quai dOrsay et ce que devient le projet de confier à notre ami Jean Giraudoux la direction dune vaste entreprise de propagande, destinée, sil en est temps encore, à contrebattre les influences qui se dressent devant la France à létranger.

En matière de tourisme, M. Roland Marcel a déjà accompli une façon de miracle. Il convient de sattacher désormais à un autre tourisme aussi passionnant et aussi nécessaire, si nous osons nous exprimer ainsi, celui de la pensée française, de la diplomatie et de la politique françaises.

Qui, en effet, mieux que Jean Giraudoux, pourrait donner à cette initiative limpulsion quelle mérite ?

Ainsi, lorsque Giraudoux fut nommé Commissaire général à lInformation en juillet 1939 (dans une lettre à sa mère du 23 juillet, lécrivain parle dun « Haut-Commissariat à la propagande »), lidée de lui confier un tel poste était déjà dans lair depuis au moins deux ans. Autant que les qualités littéraires de lécrivain, cest bien aussi son expérience diplomatique dans le domaine de la « propagande » qui est mis en exergue et pourra expliquer quen 1939 on lait préféré à un Jules Romains également pressenti (cf. Guy Tessier et Mauricette Berne, Les Vies multiples de Jean Giraudoux, Grasset, 2010). Il est vrai aussi que la question de la propagande avait été abordée par Giraudoux lui-même précisément dans Marianne dès février 1933 (cf. Jacques Body, Giraudoux et lAllemagne, Didier, 1975, « Face à Goebbels », p. 414). On voit que dans les années 30, Giraudoux est demblée perçu, loin de toute complaisance pour le régime en place en Allemagne, comme un défenseur de notre pays.

Christian Leroy

348

Une lettre de Jean Giraudoux à Eirik Labonne

Ambassadeur de France, Grand-Croix de la Légion dhonneur, Eirik Labonne avait été reçu, comme Paul Morand, en 1913, au grand concours du Quai dOrsay.

Chez les parents de Paul, Marie-Louise et Eugène Morand, à Paris, rue de lÉcole de médecine, il fut un habitué du club dit des Cordeliers, aussi ouvert, entre autres, à Édouard Bourdet et à Jean Giraudoux. Ensemble, ils pratiquaient là une « vieille et coutumière truculence », perpétuant ainsi des « rites adolescents ». Leurs liens étaient forts, au point que labsence dEirik à une de leurs réunions fut presque considérée par Bourdet comme une trahison2.

En 1931, Eirik allait épouser Noélie Marie-Louise Charrier, nièce de madame Eugène Morand, entrant ainsi dans une famille dont il était proche depuis longtemps. En atteste la lettre ci-dessous, que lui adressa Jean Giraudoux après la disparition dEugène Morand, survenue le 2 janvier 1930. Lamitié et les rencontres entre Cordeliers se perpétuèrent cependant, qui durent beaucoup à Édouard et à Jean. Giraudoux mort, Eirik en porta témoignage, évoquant une « nostalgie familiale », et les « membres de cette intimité brisée par tant de coups3 ». Il écrit : « Lorsque les autres reviendront sans eux, ce sera dur de les oublier. Nous serons un peu comme des automates4 ».

François Escoube

349

66, RUE BOISSIÈRE (XVIe)

Téléphone : Passy 46-15

- 46-165

Paris, le 21 janv. 1930

Cher Eirick6, je te suis bien reconnaissant de ta lettre. Je savais que tu serais très ému par le départ de cet homme dont le cadre intérieur était si grand. Tu lui devais ta famille parisienne. Je lui devais mon goût et ma déférence pour la vie, et peut-être lui devrai-je dans quelques années mon indifférence pour elle. Jai eu beaucoup de peine déjà ces derniers temps de voir que cette indifférence était devenue chez lui une sorte de haine, qui saccordait dailleurs par un miracle avec son incomparable courtoisie. Je le comprenais… Il naimait que la paix et il avait eu la guerre. Il naimait que le succès dû à lamour envers son art, à ladmiration des femmes considérées comme des anges, à un vocabulaire choisi et poli, et le succès était venu dans sa maison par linsulte aux femmes et le viol de toute syntaxe. Il avait une âme assez large pour comprendre malgré cela le talent de Paul, sa vérité, et quil avait maintenant raison, – et jamais son amour paternel nen avait été affecté. Mais renoncer au cœur de son cœur pour croire à son fils exige un sacrifice dont lui seul était capable à ce point… Nous aurons loccasion de reparler bien souvent de lui et de tout cela. Paul est très triste. Cest peut-être le seul deuil dont il ne puisse sortir que mutilé. Il est en Suisse ces jours-ci auprès de sa femme, dont la fille est malade7. Il revient mercredi ou jeudi. Penses-tu venir nous voir bientôt ? Je crois que Suzanne attend ton retour pour técrire. Plusieurs fois jai vu sur sa table des « mon cher Eirick » que les démêlés de Jean-Pierre avec 350Agathe8 ou Grisechatte avaient dû interrompre. Mais tu sais que nous pensons bien à toi et que nous te regrettons.

Affectueusement

Jean

La maison voisine de la tienne est démolie. De la rue on voit une palissade gigantesque sur laquelle est collée laffiche dAmphitryon 38.

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BELLAC ET LA MAISON NATALE DE JEAN GIRAUDOUX

« Ma ville natale est Bellac, Haute-Vienne. Je ne mexcuserai pas dy être né. » (Jean Giraudoux, Littérature). Bien quil y ait vécu peu de temps, Bellac reste pour lécrivain le paradis perdu de lenfance, et de nombreux passages de ses romans évoquent la beauté des paysages du Limousin.

Sa maison natale, désormais nommée La Digitale, située 4 avenue Jean Jaurès, est le lieu où vous pouvez découvrir toutes les facettes de sa vie et de son œuvre, dans des espaces aménagés en 2023 par le Collectif Or Normes, qui propose aux visiteurs des installations numériques et des rendez-vous artistiques, ludiques et culturels. Vous trouverez les informations sur les jours et heures douverture, et sur les manifestations ponctuelles, sur le site www.ladigitale-giraudoux.fr.

La Médiathèque Jean Giraudoux : un fonds Giraudoux est installé dans la médiathèque intercommunale du Haut-Limousin, place du Palais, à Bellac. On y trouve des livres dédicacés qui appartenaient à lécrivain, ainsi que des éditions rares de ses œuvres. Ce fonds peut être visité sur demande (téléphoner à la médiathèque : 05 55 60 69 33).

Le festival annuel de Bellac, organisé depuis 1953, mêle actuellement théâtre, musique, spectacles de rue, marionnettes, ateliers pour enfants. La programmation est faite par léquipe du Théâtre du Cloître, qui propose des spectacles toute lannée à Bellac. Le festival a lieu en général le deuxième week-end de juillet. Renseignements, programme et réservations : www.theatre-du-cloitre.fr. En parallèle du festival, des animations autour de Jean Giraudoux sont souvent organisées.

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LA DIGITALE, MUSÉE NUMÉRIQUE

Depuis 2020, lAcadémie Giraudoux et la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux ont rassemblé et organisé les données (textes, iconographies, documents) que le Collectif Or Normes utilise dans tout son dispositif.

Le Collectif Or Normes présente dans les différentes pièces de la maison une ou plusieurs installations, qui donnent accès à un aspect de la vie ou de lœuvre de lécrivain. Le public peut visiter librement la maison, en tant que « spect-acteur », invité à interagir avec les animations ou les supports qui lui sont proposés. Il peut aussi être accompagné par une personne chargée de la médiation culturelle.

Lorsque le public entre dans le musée, il découvre, au rez-de-chaussée, une table numérique et une simulation de standard téléphonique, avec lesquelles il peut interagir pour se familiariser avec la vie et lœuvre de lécrivain.

Sur le palier du premier étage, il est accueilli par des citations formulées par le buste de Giraudoux, augmenté technologiquement. Une « consultation giralducienne » lui est alors proposée par un comédien, une comédienne, ou par des membres de lAcadémie Giraudoux ou de la Fondation Jean et Jean-Pierre Giraudoux : il est invité à prendre soin de sa « santé littéraire » suite au diagnostic établi à partir de ses connaissances sur lauteur. Il a également la possibilité de participer à un escape game autour dune énigme qui entoure la mort de Giraudoux, et de découvrir Lectures pour une ombre, récit dun épisode de la Première Guerre mondiale vécu par lécrivain, au sein dun dispositif technique qui exploite des archives stéréoscopiques. Enfin, en se rendant dans le bureau de Jean Giraudoux, le visiteur est invité à interpréter une réplique du personnage dAgnès dans LApollon de Bellac.

Au deuxième étage, le public découvre les femmes qui ont compté dans la vie de Giraudoux, en décrochant un à un des téléphones rouges, pour entendre les correspondances que lécrivain a échangées avec elles. La visite se termine par une installation vidéo qui immerge les visiteurs dans lunivers aquatique dOndine.

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LE SITE WEB DE lACADÉMIE GIRAUDOUX

Adresse : www.jeangiraudoux.org

Vous y trouverez des informations sur lécrivain (biographie, bibliographie), sur son actualité (publications, représentations), sur lAcadémie Giraudoux (colloques, événements divers).

Une adresse électronique vous permet de recevoir des réponses à vos questions.

Les adhérents de lAcadémie reçoivent un mot de passe qui leur permet davoir accès à une information plus détaillée sur les études giralduciennes (bibliographies, thèses et travaux de recherche, anciens cahiers épuisés, revue de presse, traductions…).

1 La Digitale est le nom donné à la maison natale de Giraudoux ainsi quà lassociation qui en assure la gestion, depuis que le collectif dartistes transmédia Or Normes a réaménagé ce lieu au moyen dinstallations interactives et immersives (https://www.ladigitale-giraudoux.fr, consulté le 10 avril 2023).

2 Bibliothèque nationale de France, Cabinet des manuscrits, lettre de Louise Morand à Hélène, Lundi soir, 1936-1937.

3 Archives départementales du Cher, Labonne, carton 28.

4 Archives départementales du Cher, Labonne, carton 13.

5 Giraudoux envoie sa lettre depuis le siège de la Commission dévaluation des dommages alliés en Turquie, à laquelle il a été affecté en 1926.

6 Il écrit habituellement « Eirick » pour « Eirik », prénom que Labonne doit à son père, explorateur de lIslande – le prénom « Éric » était rare en France avant 1940 et le succès du Prince Éric de Serge Dalens.

7 La femme de Paul Morand, née Hélène Chrissoveloni, avait dabord été mariée au prince Dimitri Soutzo, et en avait eu une fille, Marie Georgette, princesse de Broglie, qui devait mourir à 28 ans en 1932.

8 Agathe est la bonne des Giraudoux.