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Classiques Garnier

Columns of studies on Giraudoux

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Cahiers Jean Giraudoux Jean Giraudoux et le cinéma
    2021, n° 49
    . varia
  • Pages: 327 to 335
  • Journal: Jean Giraudoux Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406126133
  • ISBN: 978-2-406-12613-3
  • ISSN: 2552-1004
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12613-3.p.0327
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 12-01-2021
  • Periodicity: Annual
  • Language: French
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ouvrages

Le diariste, la biographe et Giraudoux

Paul Morand, Journal de guerre, Londres-Paris-Vichy, 1939-1943, Paris, Gallimard, « Les Cahiers de la NRF », 2020, 1038 pages.

Pauline Dreyfus, Paul Morand, Paris, Gallimard, « Biographies », 2020, 496 pages.

Parallèlement à la publication du premier volume des Essais de Jean Giraudoux, aux éditions Classiques Garnier, deux livres viennent, en écho à lœuvre de cet auteur, remettre sur le devant de la scène littéraire, la figure de Paul Morand.

Le premier, « un document pour lhistoire », est son Journal de guerre, sous-titré Londres-Paris-Vichy 1939-1943, et publié chez Gallimard par Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de lOccupation dont on peut rappeler les passionnants ouvrages sur Le Docteur Ménétrel, éminence grise et confident du Maréchal Pétain (Perrin, 2001), Bonnier de la Chapelle, lassassin de lamiral Darlan (Une Juvénile Fureur, Perrin, 2019) et Jean Moulin (Jean Moulin, laffranchi, Paris, Flammarion, 2018).

Ce fort volume (1038 pages) réunit en fait dix lettres à May de Cossé-Brissac dont on connaît les liens quasi conjugaux avec le romancier, cinquante-neuf à son épouse, Hélène, écrites entre août 39 et mai 40 et le journal proprement dit, dont certaines pages prennent dailleurs une dimension épistolaire (cf. le 5 mai 1942), comme si Morand voulait linscrire dans un horizon dialogique – quon retrouve évidemment quand le diariste reproduit telle ou telle conversation ou laisse et fait parler X. Vallat, Laval, Chambrun.

Avec une certaine modestie Morand dit se rendre compte que « les notes qu(il) prend au jour le jour nont aucune valeur humaine, littéraire. Ni vues historiques, ni portraits, ni atmosphères ou paysages » (19 juillet 1942). Et de fait, cest le passionné dhistoire qui trouvera là 328surtout des informations sur la drôle de guerre vue de Londres ou la vie quotidienne dans le Vichy de la collaboration. Les notations de moralistes ne manquent cependant pas qui sonnent comme celles dun La Bruyère ou dun La Rochefoucauld, version snob, évidemment : « Il est charmant de devenir riche ; il est peu drôle de lavoir toujours été, car un homme né dans la richesse, même intelligent, ne peut pas se rendre compte de la peine inouïe que coûtent les choses » (1er décembre 1941). Mais pas toujours : « la morale est un paysage » (19 avril 1943). En tout cas, la rosserie est souvent au rendez-vous : « Les grandes crises militaires ou sociales ont ce curieux effet de libérer de la peur de leur femme légitime les hommes faibles. Une peur chasse lautre » (17 mai 1940). Le journal favorise aussi chez Morand son penchant pour la forme brève que sa théorie de la nouvelle avait appliquée à la fiction : il en naît des sortes de haïkus, volontaires ou non (« Coucher de soleil sur la Loire, boule de feu, méandres lilas, ciel plombé de chaleur » – 10 septembre 1942) ou des traits à la Jules Renard, quand le romancier note des petits faits de sa vie quotidienne : « Mimosa nous prend un oiseau. Joue avec. Il pousse des cris. La mère vole au-dessus. Le petit chat regarde passionné cette première leçon » (9 juin 1941).

Mais – et comment ne le serait-il pas – le journal est surtout un autoportrait, où se confirme au fil des pages (plutôt que ne se révèle) lenvieux des droits dauteurs que touchent des confrères (sur ceux de Saint-Exupéry, voir « linformation » du 4 août 1942 qui sonne comme une dénonciation au fisc ou suggère des revenus de collaborateur), le romancier un peu vain ne cachant pas que, pour Charles Tharaud, « LHomme pressé était le plus beau roman des dix dernières années » (octobre 1941), lambitieux, intriguant pour obtenir plus et mieux que son ambassade à Bucarest, le collaborationniste, lantisémite notoire. Mais aussi à partir de 1943, Morand sinquiète, légitimement, de son avenir : « Que retrouverai-je de la France, de ma maison, des miens ? Quand ? Sera-ce lexil, le limogeage, la mort par contumace, une vie de fermier dans la Nièvre ou sur les bords du lac Nahuel Huapi ? » (2 août 1943). Et le journal « tremble », un peu, vers la fin. Bref, voilà le journal, non sans apprêt ni mauvaise foi, dun collaborateur un peu doué que Bénédicte Vergez-Chaignon a établi, présenté (soixante-quinze page serrées et sérieuses) et annoté (avec précision) avec toute la maîtrise dune historienne de qualité.

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Peut-être le Journal de Paul Morand nous intéresserait-il moins si lécrivain-diplomate navait été lami de Jean Giraudoux et que, curieux de ce qui touche notre auteur, nous nen cherchions toujours le nom dans lindex nominum de tous les ouvrages pouvant, de près ou de loin, le concerner. Or, le Journal répond à cette curiosité (quarante-neuf mentions). Comme tout journal, il voit cependant souvent lHistoire par le gros bout de la lorgnette et Morand, commensal de Giraudoux, ne rate avant tout aucune scène de ménage entre lauteur et Suzanne (26 octobre 1940 : trois pages ! Et 23 août 1943). On trouve, il est vrai, dintéressants témoignages sur le fonctionnement du Commissariat à lInformation (1939-1940) miné par ses dissensions internes et torpillé par le gouvernement Daladier (octobre 39). Mais les sentiments de Morand à légard de « ce pauvre Giraudoux » (6 janvier 1940) apparaissent surtout teintés denvie : en octobre 39, il suppose ainsi que Giraudoux a censuré lannonce du décès de lacadémicien Georges Goyau pour pouvoir être le seul à faire les visites de candidature à son fauteuil et ainsi être élu sans problème quai Conti… En janvier 40, quand il note « quon parle dune ambassade pour Jean (Giraudoux) », on ne sent que trop quil aimerait mieux quon en parlât pour lui et il y revient deux fois en mars. En avril 40, il se livre à un parallèle entre lui, vrai passionné par la nature, et Giraudoux, simple « cueilleur de muguet » – sous-entendu, insincère. Ce nest donc pas sans délectation quil mentionne « une éclipse théâtrale » de son ami, « analogue à celle dAnatole France après 1900 » (23 avril 1943). Le divorce politique est plus entaché de mauvaise foi encore : « Giraudoux, Mauriac, Duhamel préféreraient prendre des positions dites nationales, faire tuer leurs fils et voir démolir Reims, Chartres et Amiens [] » (13 juin 1940), et ce thème de laveuglement de Giraudoux est repris pour dénoncer la foi du romancier dans la puissance américaine dont les aviateurs détruiraient sans pitié la cathédrale de Reims, quau contraire, un aviateur allemand, en temps de guerre épargnerait (26 septembre 1943)… Mais, en un sens, ces remarques valent brevet de patriotisme et de moralité politique, eu égard aux positions propres de Morand.

Concernant Giraudoux, on est donc dautant plus étonné de lire un certain nombre daffirmations rigoureusement contraires à celles de Morand dans le livre que Pauline Dreyfus vient de publier chez Gallimard sur cet auteur. Comme dans le Journal, un nombre important de mentions 330de Giraudoux attirent lattention : quarante-six, dont beaucoup renvoient à des analyses sur les rapports entre les deux écrivains dépassant la page.

Si la rencontre de Morand avec Giraudoux, le compagnonnage parisien, laide apportée par laîné aux débuts de la carrière du cadet sont correctement traités, lauteur ayant puisé à bonne source (la biographie de Jacques Body), tout se gâte cependant quand les années 30 sont abordées, puis la période de lOccupation. Pauline Dreyfus ayant décidé de ne rien cacher de lantisémitisme de Morand ni de ses attaches collaborationnistes, il semble quelle veuille – inconsciemment ? – compromettre Giraudoux pour faire bonne mesure des supposées dérives de toute une époque. Trois passages retiennent singulièrement lattention : les pages 209, 230 et 276. Dans la dernière des trois, elle nous montre un Morand « saisi dun étrange scrupule » (?) au moment de la mort de Giraudoux et taisant son « engagement au service de la collaboration », étrange propos qui peut-être sexplique par une lecture rapide de la biographie de Giraudoux : devra-t-on encore le répéter longtemps, cest pendant la drôle de guerre, sous le gouvernement Daladier, que Giraudoux a été à la tête du Commissariat à lInformation. Le poste ou son équivalent (« Ministère de lInformation ») sera, pendant la guerre, détenu à Vichy, par Laval en personne… Cest confondre temps et personnalités que davancer de telles affirmations. Auparavant (page 230), Giraudoux est présenté comme un « germanophile convaincu, faisant lapologie de larmistice à qui veut lentendre » (quand dans le Journal de Morand cest un va-t-en-guerre anti-munichois). On sait qui croire, du diariste ou de la biographe. Ce nest pas parce quil y a le mot « armistice » dans un titre de livre (« Armistice à Bordeaux ») quon est pour celui qui a été signé. Enfin, à bon droit, les lignes de Pleins Pouvoirs sur limmigration des juifs de lEst sont rappelées mais reprenant une vieille antienne, P. Dreyfus donne à lexpression « ministre de la (r)ace » un sens « goebbelsien » qui nest pas celui, métaphorique, dans lequel Giraudoux lentendait et en est même le contraire. Surtout, il est tout à fait faux décrire que, dans Pleins Pouvoirs, Giraudoux compare « les pays à des fruits où les vers sont à lintérieur » en sous-entendant que ces « vers » seraient les réfugiés venus de lEst. Or, lexpression se trouve dans Siegfried (« Les pays sont comme les fruits, les vers sont toujours à lintérieur », acte I, sc. 6) qui date de 1928 et où cest Zelten qui la prononce devant Robineau.

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On peut toujours dire des bêtises et même en écrire. Lennuyeux cest quelles sont lues et souvent crues. Sur Giraudoux, aucun amateur de lécrivain ne se laissera prendre mais un esprit moins informé évidemment oui. De telles touches sont dautant plus déplaisantes que louvrage sur Morand lui-même est assez juste, repoussant toute « hagiographie » (p. 13) ; que son œuvre est présentée avec précision ; et que lautrice a bénéficié de sources intéressantes : petite-fille dAlbert Fabre-Luce dont lépouse « Lolotte » fut une amie intime de Morand, elle a eu accès à des documents familiaux et des correspondances encore inédites. Tout cela concourt évidemment à faire de cet ouvrage « la » biographie attendue sur Paul Morand et pour laquelle laccueil critique est des plus favorables. Il est vrai que lautrice est nourrie de lobjet de son étude, sur lequel on lira (ou on a peut-être déjà lu) aussi delle le très bon Immortel, enfin (Grasset, 2012) ou lultime campagne académique de Morand. Surtout, les deux romans de Pauline Dreyfus Ce sont des choses qui arrivent (Grasset, 2014) et Déjeuner des barricades (Grasset, 2017) sont à conseiller, qui retraitent sur le mode de la fiction tout lunivers de Morand, entre les années de guerre et les barricades de 68.

Christian Leroy

Professeur honoraire
de chaire supérieure

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Ernest Renan et Marcellin Berthelot, Correspondance, Classiques Garnier, 2021.

Nous avons appris la parution, aux éditions Classiques Garnier, de la correspondance entre Marcellin Berthelot (1827-1907), chimiste et 332homme politique français, père de Philippe Berthelot, et Ernest Renan (1823-1892). Voici sa présentation sur la liste des parutions de léditeur : 

« La correspondance dErnest Renan et Marcellin Berthelot est à la fois le témoignage dune amitié extraordinaire et le document dune époque. Cette nouvelle édition enrichie permet de mettre au jour le dialogue unique entre deux figures majeures qui ont marqué le xixe siècle dans les champs intellectuel, scientifique et politique ».

Nous profitons de cette occasion pour signaler la très intéressante biographie de Philippe Berthelot par son ami Auguste Bréal (Gallimard, 1937).

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ARTICLES

Le tournage des Anges du péché vu par Romain Slocombe

On a déjà eu loccasion, dans les Cahiers Jean Giraudoux, de mentionner la suite policière de Romain Slocombe, dont le héros, ou plutôt lanti-héros, est le passablement ignoble inspecteur principal Léon Sadorski, chef du « Rayon juif » aux Renseignements généraux (voir CJG no 46, p. 89, n. 10). Paru chez Robert Laffont en 2018 (et réédité en 2019 dans la collection Points), le troisième volume sintitule : Sadorski et lAnge du péché. Au cours du récit (qui entremêle plusieurs intrigues), une bourgeoise parisienne vient demander à linspecteur des RG de la « débarrasser » de la jeune femme « demi-juive » que son mari entretient : Hortense Gutkind, un ancien mannequin, qui a tenu des rôles de second plan dans quelques films, et « tourne actuellement Les Anges du péché (production Synops) aux Studios Radio-Cinéma où elle interprète une religieuse », selon le rapport de filature dun détective privé (Points, p. 290). Sadorski interroge ce dernier, qui lui présente en ces termes (qui à vrai dire sentent un peu la fiche… dencyclopédie) le film et son tournage (id., p. 378-379) :

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Les Anges du péché, un truc avec des religieuses mis en scène par un jeune cinéaste. La société Pathé qui devait le produire a jeté léponge parce que le projet serait hasardeux, pas suffisamment commercial. Ils lont revendu à une petite boîte nommée Synops, que dirige le couple Tual, Denise et Roland. Ce dernier est lié au groupe des surréalistes. Les dialogues sont dun écrivain célèbre, Giraudoux, assisté par un cureton nommé Bruckberger. Lhistoire ma lair assez con, mais les comédiennes sont bonnes. On ne compte quasiment que des personnages féminins. Ça se tourne dans les studios Radio-Cinéma, aux Buttes-Chaumont. [] Y a un couvent entier dans le scénario du film ! Alors ça fait des dizaines de pépées plutôt jeunes, qui sont des religieuses factices, comme on dit le café factice ou le beurre factice ! Quand elles arrivent au studio, vers 22 heures, elles laissent leurs soucis à la porte et se déguisent avec leur tenue de nonne, le voile et tout le tralala. Et ça circule en pépiant comme dans une volière, un véritable pensionnat de jeunes filles ! Le seul gars sinistre, cest le metteur en scène, qui sy croit vraiment et fait enrager ou pleurer tout le monde. Un nommé Bresson, Robert. 

À la suite de cette présentation… alléchante, Sadorski se rend un soir aux studios : le chapitre 27 du roman sintitule donc « Les sœurs de Béthanie » ! Il apprend dabord des actrices, qui plaisantent sur la « correction fraternelle », quHortense Gutkind doit prononcer une unique réplique, qui dans le texte de Giraudoux est attribuée, tout au début du film, à « une mère » anonyme : « Sœur Saint-Blaise, vous êtes dispensée. Vous êtes souffrante. » (ORC II, p. 920). Puis il est témoin dune brève confrontation entre Bruckberger, qui « réunit actrices et figurantes autour de lui comme un entraîneur sportif », et Bresson, qui « ressemble à un surveillant dinternat » (p. 435), avant dassister, émerveillé, au tournage de ce qui constitue donc la seconde séquence du film, « Les couloirs du couvent » ; après quoi il entend un chœur répéter le Salve Regina… Sa rêverie est interrompue par Bresson, qui réunit « les trois nonnes responsables du dialogue » pour leur expliquer « pourquoi cette prise était nulle » en leur faisant un cours de « cinématographe » :

Rien nest plus faux dans un film, Hortense, que ce ton « naturel » du théâtre recopiant la vie et calqué sur des sentiments étudiés. [] Dans le cinématographe, lexpression est obtenue par des rapports dimages et de sons, et non par une mimique, des gestes et des intonations de voix (p. 441-442).

Évidemment, Hortense ne comprend à peu près rien à ce discours, et Bruckberger intervient en reprochant à Bresson d« intellectualiser à outrance ». Sensuit un débat animé, que la script-girl commente pour 334Sadorski en lui expliquant que le dominicain se prend pour le véritable auteur du film, quil « est très populaire auprès des comédiennes » et que Bresson « ne le supporte plus » (p. 444).

À la fin du tournage, Sadorski demande à Hortense de laccompagner à la buvette, où il est témoin dun « spectacle étrange » : « des nonnes boivent et fument en compagnie de danseuses des Folies-Bergère vêtues de paillettes dorées et de plumes dautruche ». Là, Hortense lui en dit un peu plus sur le sujet du film et sur son metteur en scène, « un tourmenteur » :

Jai vu des figurantes pleurer dhumiliation et de rage à cause de ses exigences. [] Et il pique des colères épouvantables. De plus il na pas un gramme dhumour. [] Sa méthode, en réalité, chaque fois quune difficulté se présente, est daller trouver M. Bruckberger, ou M. Agostini le chef-opérateur, de leur demander leur solution, puis de la repousser dun ton tranchant… et ensuite il revient au centre du plateau, impose cette même solution qui lui a été suggérée, mais comme si cétait le fruit de son intense méditation personnelle… (p. 448).

On comprend que plus tard dans le récit, ce soit en jubilant quelle lui raconte une anecdote empruntée aux mémoires de Bruckberger :

La nuit du 1er avril aux Buttes-Chaumont… On tournait une scène dans le décor du cloître avec les deux héroïnes, Renée Faure et Jany Holt. [] Renée Faure doit questionner : « Sœur Thérèse, connaissez-vous le langage des fleurs ? »… et Jany Holt, sombre et dune voix caverneuse, répondre : « pour ce que jai à leur dire… ? ». On en était à la je ne sais combientième prise… [] Alors M. Bresson reprend sa place derrière la caméra, prononce de son ton lugubre : « Prêt ? Moteur… ». Et tout dun coup une musique prodigieusement gaie éclate, on entend la voix gouailleuse de Mistinguett : « Paris, cest une blonde… ». Cest la troupe des Folies-Bergère au grand complet qui déboule dans le décor bras dessus bras dessous, levant les jambes en cadence avec la musique, et faisant remuer leurs plumes ! Stupeur garantie et fous rires chez les figurantes et les techniciens. Notre génial metteur en scène en étouffait de rage… (p. 593-594).

Bien entendu, Hortense Gutkind est un personnage imaginaire : Slocombe lui-même nous informe que la comédienne qui était chargée de sa réplique se nommait en fait Christiane Barry (p. 645) ; et peu nous importe que Sadorski, pour son malheur, lui offre sa protection en échange de ses « faveurs »… Ce qui compte, cest quun Slocombe très 335bien informé introduise son lecteur dans le studio des Buttes-Chaumont ; son livre se clôt dailleurs sur une imposante bibliographie, qui comprend bien sûr les mémoires de Bruckberger (Tu finiras sur léchafaud), mais aussi ceux de Denise Tual (Le Temps dévoré) et plusieurs ouvrages de et sur Robert Bresson. On peut seulement regretter quil ne mentionne dautre biographie de Giraudoux que celle de Philippe Dufay. Mais Giraudoux (heureusement ?) napparaît pas dans ce roman, où Bresson fait une assez « triste figure »…

Pierre dAlmeida

CELIS – Université Clermont-Auvergne