In memoriam Philippe Contamine (7 mai 1932-26 janvier 2022)
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
2022 – 1, n° 43. varia - Auteur : Michaud-Fréjaville (Françoise)
- Pages : 13 à 14
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406133261
- ISBN : 978-2-406-13326-1
- ISSN : 2273-0893
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13326-1.p.0013
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 06/07/2022
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
In memoriam Philippe Contamine
(7 mai 1932-26 janvier 2022)
À l’historien hors pair des armées de la fin du Moyen Âge, à celui qui a su initier et pousser à de nouvelles recherches sur Jeanne d’Arc, Charles VII et leur entourage et à celui qui fut de 1996 à 2013 l’un des membres du Comité de lecture des CRMH, il est juste ici de rendre hommage.
Fils d’Henry Contamine (1897-1974), historien de Metz et de l’histoire militaire des xixe et xxe siècles, professeur aux universités de Caen, puis Rennes, et à Saint-Cyr, Philippe Contamine, agrégé (1956), entra comme assistant à la Sorbonne en 1960 avec un sujet de thèse sur les armées du roi de France au Moyen Âge et parcourut une carrière qui le mena à Nancy II (1965), Nanterre (1973), enfin à Paris IV Sorbonne (1989-2000). Il fut élu à l’Institut des Inscriptions et Belles-lettres en 1990. À l’occasion de la remise de son épée, le 13 décembre 1991, il évoqua l’ombre de son père, très jeune engagé volontaire dans le conflit mondial. Il ne l’avait pas suivi dans les armées contemporaines mais remonta le temps vers la période médiévale et s’était inscrit en thèse à la Sorbonne sous la direction de Robert Boutruche, le spécialiste de la féodalité, et soutint en 1969. L’édition de Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge : études sur les armées des rois de France, 1337-1494, parue en 1972, reçut un accueil critique admiratif et fut couronné du prix Gobert de l’Institut. De fait, tous ses ouvrages et ses articles furent ensuite loués pour leur exactitude, leur solidité de raisonnement, leur nouveauté sans esbroufe. D’une parfaite pédagogie, ses cours et beaucoup de ses ouvrages lui attiraient les faveurs des étudiants, et le suivi qu’il faisait de leurs études et de leurs travaux lui a valu de précieuses collaborations et, maintenant, des regrets personnels unanimes.
Jusqu’en 1979, ses travaux sur la guerre, la noblesse, les institutions militaires ne concernaient pas particulièrement le cas de Jeanne d’Arc. 14Le colloque d’octobre 1979 à Orléans, organisé par Régine Pernoud et publié en 1982 par le CNRS, dont il fit l’ouverture en posant la question d’une guerre de Cent ans comme « guerre juste », le poussa peut-être à s’occuper plus particulièrement de l’héroïne. Il fut le successeur de R. Pernoud au Centre Jeanne d’Arc de 1985 à 1989 et ne cessa ensuite de revenir sur le sujet, en particulier avec le volume Jeanne d’Arc. Histoire et dictionnaire (Bouquins, Robert Laffont, 2012, avec Xavier Hélary et Olivier Bouzy) jusqu’à l’un de ses derniers recueils d’articles : Jeanne d’Arc et son époque. Essais sur le xve siècle français (2020), qui sonne comme un bilan.
Dans le recueil des mélanges qui lui furent offerts en 2000 (Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge), la bibliographie du récipiendaire, laissant de côté recensions, notices de dictionnaires et articles du Lexikon des Mittelalters, les préfaces, énumérait 209 titres sur 20 pages ; la bibliographie de Charles VII. Une vie, une politique (2017), permettait d’en rajouter au moins 24. Une bibliographie allemande plus large recense 524 items. Les CRM, puis les CRMH, ont publié des travaux de Philippe Contamine dans le no 13 de 2006, et les no 19 de 2010 et no 24 de 2012, et je ne saurai oublier la belle préface qu’il fit pour le no 12, numéro que m’offrirent mes collègues en 2005.
Des traductions, des éditions de recueils ont permis de répandre hors du cénacle universitaire parisien cette riche pensée, exposée avec clarté et aisance, ce qui rend plus évidentes la grande culture et la finesse du raisonnement de l’historien. Des articles de revues destinées à un plus large public ont également œuvré dans ce sens.
Françoise Michaud-Fréjaville