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Classiques Garnier

Les volgarizzamenti des « métamorphoses » ovidiennes Notes sur les traductions italiennes d’Arrigo Simintendi et Giovanni Bonsignori

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2021 – 1, n° 41
    . varia
  • Auteur : Guadagnini (Elisa)
  • Résumé : L’on connaît deux traductions italiennes médiévales des Métamorphoses : celle faite par le notaire Arrigo Simintendi dans la première moitié du XIVe siècle et la traduction-commentaire de Giovanni Bonsignori (1375 environ). Ces deux œuvres proposent deux « modèles » de livre différents et présentent deux stratégies distinctes de traduction, que nous allons essayer de décrire brièvement.
  • Pages : 145 à 155
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406119968
  • ISBN : 978-2-406-11996-8
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11996-8.p.0145
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 07/07/2021
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Ovide, volgarizzamenti, poésie, Italie, Moyen Âge, traduction
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Les volgarizzamenti des « métamorphoses » ovidiennes

Notes sur les traductions italiennes
dArrigo Simintendi et Giovanni Bonsignori

Si lon considère le corpus des nombreuses traductions dœuvres classiques composées en Italie au Moyen Âge, à savoir les « volgarizzamenti », Ovide joue un rôle de premier plan : on compte aujourdhui quatre traductions de lArs amandi, quatre des Remedia amoris, deux traductions complètes des Héroïdes et deux des Métamorphoses, toutes datant du xive siècle1. Pour les Métamorphoses, par ailleurs, à côté de la transmission intégrale du poème il existe une tradition assez vaste de fables 146et épisodes individuels, circulant à part : ce phénomène a une diffusion européenne et intéresse à la fois le latin et les versions vernaculaires2.

La plus ancienne traduction italienne intégrale de l« Ovidio maggiore » – fidèle traduction du latin « Ovidius maior », expression par laquelle, avec la variante « Ovidius magnus », lon dénomme à lépoque les Métamorphoses – a été réalisée par Arrigo Simintendi. Arrigo, dont la seule présence documentaire connue date de 13453, était un notaire originaire de Prato, près de Florence. Comme cest souvent le cas en Toscane, cest une personne ayant une fonction publique qui sengage dans la traduction dœuvres latines (ou françaises) ; souvent le public visé par les « volgarizzamenti » est le milieu urbain des notaires et des marchands, typique de la Toscane de lépoque – un public plus à laise avec la langue vernaculaire quavec le latin.

La datation exacte de la traduction des Métamorphoses est incertaine, mais lœuvre a été composée sans doute avant 1334, cest-à-dire avant l« Ottimo commento », un commentaire anonyme de la « Commedia » de Dante où la version vernaculaire ovidienne de Simitendi figure en tant que 147source4. L« Ovidio maggiore » est aujourdhui conservé par 24 manuscrits qui datent tous des xive et xve siècles (les plus anciens remontant au milieu du xive siècle) et qui ont été copiés dans la péninsule italienne5. Louvrage a été publié par Casimiro Basi et Cesare Guasti entre 1846 et 1850 : il ne sagit pas dune édition critique parce que, suivant les pratiques courantes à lépoque, les éditeurs ont pris un manuscrit de base et lont restitué avec quelques modifications, notamment en ce qui concerne la graphie6.

Conformément à la tradition des traductions italiennes de poèmes classiques, la traduction de Simintendi est une version en prose7. Par contre, alors que les « volgarizzamenti » disposent généralement dun accessus ad auctorem, dune note du traducteur et dun commentaire ou au moins dune série de gloses (marginales ou interlinéaires), l« Ovidio maggiore » de Simintendi se présente comme une traduction quasiment 148dépourvue de paratextes. Le seul élément paratextuel présent dans tous les témoins manuscrits, et donc très probablement original (cest-à-dire dû à Arrigo Simintendi lui-même), est la série de titres rubriqués identifiant chaque mythe et tous les noyaux narratifs majeurs : ces titres subdivisent en épisodes et sous-épisodes le texte vernaculaire, qui par ailleurs suit la structure ovidienne originale en quinze livres.

Il est bien possible que la série des titres fût déjà présente dans lexemplaire latin traduit par Arrigo Simintendi. Annalisa Rossi, en effet, a noté que les titres présents dans le ms. Vat. Lat. 7601 (lun des témoins de lœuvre de Simintendi) traduisent les tituli du « pseudo-Lactance8 ». Les Narrationes fabularum ovidianarum du pseudo-Lactance sont un des plus anciens commentaires des Métamorphoses, à la tradition très complexe : généralement daté du ve ou vie siècle (mais pour certains savants il faudrait penser plutôt au iiie ou ive siècle), ce commentaire est composé de tituli (titres) et dargumenta (résumés des mythes identifiés par les titres)9. Les Narrationes ont survécu dans une branche de la tradition (latine, bien sûr) des Métamorphoses dOvide, isolant la famille dite « lactantienne », à laquelle appartiennent plusieurs manuscrits copiés en Italie10 : daprès sa collation, Mme Rossi affirme que l« Ovidio maggiore » de Simintendi se rattache à cette tradition11. Pour le moment, puisquune 149étude critique globale de la tradition manque, nous citons les études de Mme Rossi surtout pour rappeler une perspective méthodologique quil est bon de toujours prendre en considération lorsquon se penche sur des « volgarizzamenti », à savoir que les paratextes étaient présents déjà dans le modèle latin : les progrès des études sur les traductions médiévales, en effet, et en particulier la recherche des sources, ont mis en évidence la tendance des traducteurs à reproduire ce quils trouvent dans leur manuscrit latin de base, quil sagisse dun accessus, de titres ou de gloses.

Dans lensemble lœuvre de Simintendi est une traduction très littérale des Métamorphoses, exceptionnellement pauvre en explications linguistiques, historiques ou allégoriques par rapport au panorama des « volgarizzamenti » contemporains. En raison de ces particularités, on a pensé quArrigo Simintendi pourrait être lauteur dune autre traduction, celle de la Pharsalia de Lucain, qui partage ces mêmes caractéristiques avec l« Ovidio maggiore12 ».

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La deuxième traduction italienne intégrale des Métamorphoses, dont lédition critique a été donnée par Erminia Ardissino13, date de 1375 environ et est due à Giovanni Bonsignori de Città di Castello (une ville entre Arezzo et Gubbio, près du lac Trasimène, en Ombrie). Elle se compose dune partie introductive, constituée par un prologue et un exorde, suivie par la juxtaposition de la version en prose vernaculaire des vers ovidiens et des explications allégoriques des fables ; le texte est organisé en chapitres, identifiés par un titre. Les allégories sont largement basées sur les Allegoriae de Giovanni del Virgilio, un grammairien et savant de Bologne actif entre le xiiie et le xive siècle ; Giovanni a également dédié aux Métamorphoses une Expositio14, qui est aussi exploitée par Bonsignori.

En effet, l« Ovidio Metamorphoseos Vulgare » est une traduction ponctuelle du poème ovidien jusquà lépisode dIo (Mét., l. i, v. 625 environ), ensuite le texte suit plutôt lExpositio de Giovanni del Virgilio et ne traduit pas directement les vers latins. Ce changement de source est probablement dû au fait que lExpositio de Giovanni del Virgilio commence comme une divisio pour devenir très tôt une simple paraphrase, dès lépisode dIo : à partir de là, elle est donc exploitable comme un substitut du texte original, bien plus complexe, dOvide – et cest justement ce que fait Bonsignori15.

Par ailleurs, Giovanni Bonsignori montre en général une connaissance du latin bien inférieure à celle dArrigo Simintendi. Il est vrai aussi que le but de son travail est totalement différent : l« Ovidio Metamorphoseos Vulgare » vise à encadrer les Métamorphoses dans une interprétation reconduisant chaque fable à une explication évhémériste ou allégoriquement au plan moral. Le récit des fables lui-même tend plutôt, dans lensemble, à donner un aperçu global et peu détaillé des divers mythes quà reproduire la structure et le style souvent sophistiqués des contes ovidiens.

Pour ce qui est des allégories, il faut rappeler que les Allegoriæ de Giovanni del Virgilio ont eu un succès vaste et immédiat aussi bien en latin – comme 151en témoigne le nombre des copies manuscrites – quen italien : à ce propos, il est utile de signaler que, outre la version de Giovanni Bonsignori, on connaît une autre traduction vernaculaire. Il sagit dun texte anonyme, mais vraisemblablement produit à Florence à la fin du xive siècle : cette deuxième traduction a été transmise tantôt de manière indépendante, tantôt associée à la traduction de Simintendi16. Il est très intéressant de noter par ailleurs que même lœuvre de Giovanni Bonsignori, qui pourtant présente un « projet » de livre très compact, a été transmise de différentes façons : quatre manuscrits conservent le texte « complet », cest-à-dire présentant soit le texte ovidien (ou prétendument tel, comme on la vu) soit les allégories17, alors quun manuscrit ne présente que les allégories (et pas le texte ovidien)18 et quatre autres associent les allégories de Bonsignori à la traduction de Simintendi19. Je crois probable que le manque dapparats paratextuels dans le « volgarizzamento » de Simintendi est à lorigine de cet ajout, visant à compléter un texte perçu comme incomplet.

Avec lessor du livre imprimé, les Métamorphoses dans la version donnée par Bonsignori connaissent un immense succès, confirmé par de nombreuses éditions qui se multiplient à partir de la fin du xve siècle et tout au long du siècle suivant, quand lœuvre est également versifiée par Niccolò degli Agostini20. De son côté, l« Ovidio maggiore » de Simintendi ne survit pas au Moyen Âge.

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Nous avons anticipé lidée quArrigo Simintendi écrit une transposition très fidèle de loriginal, riche en latinismes à la fois lexicaux et syntaxiques. Il suffira de donner ici un exemple, pour montrer le degré dadhésion au texte latin21 :

In questo luogo arrivò con piccola navicella Deucalion con la consorta del letto, però che tutte laltre cose avea coperte il mare. = Mét., I, v. 318-319 : Hic ubi Deucalion (nam cetera texerat aequor) / cum consorte tori parva rate vectus adhaesit…

Le syntagme « consorta del letto » est remarquable (il reproduit évidemment le latin « consors tori »), mais lon notera en général lexactitude de la transposition en langue vernaculaire. Si lon compare ce passage avec la traduction par Giovanni Bonsignori, lon voit que celle-ci est beaucoup moins précise et vise plutôt au sens général, même dans cette toute première partie de lœuvre qui pourtant dépend directement du texte ovidien, comme on a dit22 :

Avendo el mare coperta la terra, Deucalion e Pirra, sua moglie, andando sopra lacqua errando in una navicula, sì arrivarono in la cima del monte de Parnaso…

Si la prose de Simintendi suit en général de très près les vers ovidiens, lon peut toutefois repérer quelques écarts sous forme de petits ajouts explicatifs ou de brèves gloses incorporées au texte et qui fonctionnent comme une forme daide à la lecture23 :

Uno bosco ee in Grecia, lo quale chiude dogne parte una alta selva. Li uomeni lo chiamano luogo dilettevole… = Mét., I, v. 567-568 : Est nemus Haemoniae, praerupta quod undique claudit / silva : vocant Tempe.

Le toponyme Haemonia est simplifié et remplacé par « Grecia » (« Grèce ») ; de même, Tempe est remplacé par la glose « luogo dilettevole », qui correspond à la définition de « locus amœnus » associée par la tradition classique à la vallée de Tempé.

Comparons à nouveau la traduction de Giovanni Bonsignori24 :

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In Tesaglia è una contrada chiamata Emonia, nella quale è una grande selva chiamata Tempe, che viene a dire in greco « luoco dilettevole »…

Comme toujours moins attentif à la fluidité du texte quArrigo Simintendi, mais soucieux de rendre compréhensibles les références à lencyclopédie ancienne contenues dans le poème ovidien, Bonsignori maintient et identifie lHaemonia (« in Tesaglia », « en Thessalie »). Lui aussi glose Tempe par « locus amoenus » (ce qui est traditionnel, comme on la dit), mais choisit encore une fois de conserver le toponyme dans le texte, en laccompagnant par une glose explicite. Le ton général qui ressort de ces procédés de traduction est plutôt didactique, la version vernaculaire ayant lallure dun texte lourdement glosé.

Il est intéressant de voir que lOvide moralisé suit un procédé semblable en unissant la conservation des données dorigine et la nécessité de les rendre compréhensibles (I, v. 3413-3417 ; on notera aussi la reprise de la caractérisation classique de Tempé en tant que « locus amoenus », « leu plesant et delitable »)25 :

En Thesale ot, ce dist la fable,

Un leu plesant et delitable

En un bois clos de plesseïs,

En un tres bel abateïs :

Tempe fu li leus apelez.

Un latinisme perçu comme excessivement précieux est évité par les deux auteurs italiens, dans le cas de Nereides (Mét., I, v. 302). Le mot « nereide » nest presque pas attesté en ancien italien26 ; notons quand même que Simintendi glose par lhyperonyme « dea » (« déesse »), alors que Bonsignori choisit un autre latinisme, « ninfa », qui toutefois est bien plus courant pour rendre « nereide ». Les deux auteurs en outre glosent le terme, en spécifiant quil sagit de déesses de la mer : Simintendi « le dee marine », Bonsignori « le ninfe del mare27 ».

Comparons enfin les deux traductions dun passage ovidien dense de références à lAntiquité, à la fin de la fable de Daphné et Apollon :

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Mét., l. I, v. 556-564 : Cui deus « at quoniam coniunx mea non potes esse, / arbor eris certe, dixit, mea. Semper habebunt / te coma, te citharae, te nostrae, laure, pharetrae : / tu ducibus Latiis aderis, cum laeta triumphum / vox canet et visent longas Capitolia pompas : / postibus Augustis eadem fidissima custos / ante fores stabis mediamque tuebere quercum, / utque meum intonsis caput est iuvenale capillis, / tu quoque perpetuos semper gere frondis honores ».

Arrigo Simintendi comme dhabitude traduit très fidèlement le texte latin28 :

Alla quale disse lo dio : « Poi che tu non puoti essere mia moglie, certo tu sarai mio arbaro : o alloro, io ti porterò sempre in sulla mia chioma, e alle mie cetere, e a miei turcassi : tu sarai agli allegri signori, quando la lieta voce canterà lo triumfio, e quando le grandi pompe visiteranno i campidogli. Tu sarai fidatissima guardiana alle porti de noboli, e difenderai la mezza quercia : e sì come lo mio giovane capo ee sempre con non tonduti capelli, così tu sempre porta perpetuali onori di foglie. »

À noter le calque syntaxique « tu sarai agli allegri signori » reproduisant le latin « tu ducibus Latiis aderis » (mis à part « allegri » qui traduit évidemment « laetis » et non pas « Latiis ») et les latinismes lexicaux « triumfio », « pompe », « campidogli29 ».

Giovanni Bonsignori, lui, opte pour une traduction simplifiée et la plus claire possible30 :

Al quale legno Febo così disse : « Da poi che tu si deventata arbore e non poi essere mia moglie, tu sarai mio arbore e sarai chiamato lauro, el quale sarai sempre posto per corona quando alcuno per sapienza sarà in poesia conventato e dottorato ; sarai ancora posto per corona nelli triunfi a tutti coloro li quali meritaranno onore de triunfo. »

Lexplication détaillée des emplois du laurier, qui peut couronner les poètes tout comme les personnes honorées par un triomphe, vise à informer sur un usage typique de lAntiquité : les données recueillies dans cette insertion explicative vont au-delà du texte ovidien et le « complètent » – ainsi, la référence au « triomphe » est déjà présente dans les Métamorphoses, mais non celle au « poète ».

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Il est intéressant de comparer à nouveau comment apparaît ce passage dans lOvide moralisé (l. i, v. 3042-3059)31 :

Phebus dist : « Puis que tant me nuit

Fortune qua feme ne toi,

Mes arbres seras, et de toi

Ferai chapelet et coronne :

Loriers seras, et si te doune

Un don de grant nobileté,

Pour honour et pour dignité :

En signe damour et de gloire,

Feront cil qui aront victoire

De toi coronnes en lor testes.

En ces grans cours, en ces grans festes

Seras tous jours mais essaucie,

Ne ja ta verdours niert flestrie.

Tous jours mais te ferai fueillir.

Et, si com je ne puis viellir,

Vueil je que ja seche ne soies,

Ainsi vueil quen toutes saisons oies

Verdeur de pardurable fueille. »

Le poème français opte pour une version compréhensible et plutôt « achronique » (voir par exemple le doublet « en ces grans cours, en ces grans festes »), alors que les versions italiennes montrent une plus grande fidélité au texte ovidien, en reproduisant son « altérité » et affichant une tendance antiquaire : alors que Simintendi reste très proche des vers originaux, au risque dêtre peu accessible pour les lecteurs, Bonsignori séloigne du texte latin, simplifiant quelques éléments mais donnant une glose qui explique un usage antique, le rendant limpide pour son public.

Elisa Guadagnini

Opera del Vocabolario Italiano

CNR – Firenze

1 Je tire ces données des résultats du projet DiVo, qui a étudié lensemble des « volgarizzamenti » (voir  http://tlion.sns.it/divo/  et, pour les textes, le Corpus DiVo  http://divoweb.ovi.cnr.it  et le Corpus CLaVo  http://clavoweb.ovi.cnr.it  [consulté le 15 octobre 2020]). – Ars amatoria = Traduction anonyme dite « version B » (avant 1310/1313 ; florentin) ; Traduction anonyme dite « version A » (1re m. xive siècle ; pisan) ; Traduction anonyme dite « version D » (avant 1388 ; Veneto) ; Traduction anonyme dite « version C » (xive siècle ; toscan) ; tous ces textes sont édités dans I volgarizzamenti trecenteschi dell« Ars amandi » e dei « Remedia amoris », éd. V. Lippi Bigazzi, Florence, Accademia della Crusca, 1987. – Remedia amoris = Traduction anonyme dite « version B » (1310/1313 ; florentin ; voir I volgarizzamenti trecenteschi) ; Traduction anonyme dite « version A » (1re m. xive siècle ; pisan ; voir I volgarizzamenti trecenteschi) ; Traduction anonyme du ms. Laur. Plut. 41.36 (1re m. xive siècle ; florentin ; voir Edizione a uso interno [del Dizionario dei Volgarizzamenti] del ms. Laur. Plut. 41.36, fol. 101r-109r, éd. D. Dotto, Florence, Opera del Vocabolario Italiano, 2013, consultable dans les Corpus DiVo et Corpus CLaVo) ; Traduction anonyme dite « version C » (xive siècle ; toscan ; voir I volgarizzamenti trecenteschi). – Héroides = Traduction anonyme de lépître de Phèdre à Hippolyte (= Her. iv) (1310/1320 ; florentin ; voir I volgarizzamenti trecenteschi, vol. 2, p. 715-719) ; Traduction anonyme des Héroïdes (ms. Laur. Gad. reliqui 71), traduisant Les Epistres des dames de Grece (avant 1325 ; florentin ; voir Istorietta troiana con le Eroidi gaddiane glossate, éd. A. DAgostino et L. Barbieri, Milan, Ledizioni, 2018) ; Filippo Ceffi, Pistole di Ovidio Nasone (ca 1325 ; florentin ; voir Ovidio, « Heroides ». Volgarizzamento fiorentino trecentesco di Filippo Ceffi. I. Introduzione, testo secondo lautografo e glossario, éd. M. Zaggia, Florence, SISMEL / Edizioni del Galluzzo, 2009) ; Traduction anonyme de lépître de Pénélope à Ulysse (= Hér. i ; tr. en vers) (mil. xive siècle ; toscan ; voir G. Vaccaro, « LEpystolare dele donne : un Ovidio in rima di metà Trecento », Studi linguistici italiani, sous presse). – Pour les Métamorphoses voir infra.

2 Par exemple, la fable de Narcisse (Mét., l. iii, v. 339-510) est traduite dans la chanson « Donne pietose diventate crude », attribuée au poète toscan Gano da Colle (milieu du xive siècle), conservée par quatre mss (Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Conv. soppr. 122 ; Firenze, Biblioteca Riccardiana, 1100 ; Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, II iv 114, où le poème est attribué à Gano da Colle dans la table ; Cité duVatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Chig. M iv 79). Un autre cas très intéressant de transmission dune traduction partielle est constitué par la « lettera che Biblis mandò a Cauno suo fratello » (« la lettre que Byblis envoya à son frère Caunos » ; voir Mét., l. ix, v. 530-563), qui est incorporée dans la tradition des Héroïdes traduites par Filippo Ceffi dans le ms. Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb. lat. 644 (milieu du xve siècle, fol. 183r-184v) : les affinités formelle (genre épistolaire) et thématique (une femme vivant un amour exceptionnellement malheureux écrit une lettre où elle raconte son histoire) justifient évidemment le déplacement de ces vers dune œuvre ovidienne à lautre, des Métamorphoses aux Héroïdes ; voir E. Paratore, « Linfluenza delle Heroides sullepisodio di Biblide e Cauno nel libro ix delle Metamorfosi ovidiane », Studia Florentina Alexandro Ronconi sexagenario oblata, Rome, Edizioni dellAteneo, 1970, p. 291-309 ; Ovidio, Heroides, p. 45 n. 161.

3 Cest un document provenant de Florence où est impliqué aussi le notaire Andrea Lancia, qui est un autre personnage de premier plan pour les « volgarizzamenti » de lépoque : voir Ordinamenti, provvisioni e riformagioni del Comune di Firenze volgarizzati da Andrea Lancia (1355-1357), éd. L. Azzetta, Venise, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 2001, p. 29 ; sur lactivité de Lancia voir maintenant les travaux de Giulio Vaccaro, et notamment « I volgarizzamenti di Andrea Lancia », Tradurre dal latino nel Medioevo italiano. Translatio studii e procedure linguistiche, éd. L. Leonardi et S. Cerullo, Florence, SISMEL / Edizioni del Galluzzo, 2017, p. 295-351. Sur Arrigo Simintendi voir larticle qui lui est dédié dans le Dizionario biografico degli italiani, rédigé par C. Lorenzi (2018).

4 Le texte de Simintendi ne contient aucun élément utile pour la datation. La datation de l« Ottimo commento » est aussi incertaine, à vrai dire : pour cette raison, M. Zaggia préfère localiser la traduction des Métamorphoses autour des années quarante du xive siècle ; voir Ovidio, Heroides, vol. 1, p. 43 : « Piuttosto incerta rimane la datazione del volgarizzamento, che per certe riprese entro il cosiddetto Ottimo Commento alla Commedia veniva datato, fino alla penultima stagione di studi, prima del 1333 : ma poiché la datazione e tutte le questioni connesse al cosiddetto Ottimo Commento – al suo compositore e alle sue redazioni – sono ora rimesse radicalmente in discussione, pare opportuno per il volgarizzamento dalle Metamorfosi attenersi, per intanto, a una collocazione prudenziale attorno al quarto o quinto decennio del Trecento, datazione approssimativa dei testimoni più antichi, e dellunica attestazione documentaria sicura sul notaio Simintendi (1345) ». C. Lorenzi, dans la récente notice sur Arrigo Simintendi du Dizionario biografico degli italiani (déjà citée) confirme, quant à lui, la datation ante 1334.

5 Sans compter les copies fragmentaires ou les résumés : on doit la liste la plus récente et complète de manuscrits à M. Zaggia (Ovidio, Heroides, vol. 1, p. 41-42) ; voir B. Guthmüller, “Ovidio metamorphoseos vulgare”. Forme e funzioni della trasposizione in volgare della poesia classica nel Rinascimento italiano, Florence, Cadmo, 2008 [éd. orig. allemande : “Ovidio Metamorphoseon Vulgare”. Formen und Funktionen der volkssprachlichen Wiedergabe klassischer Dichtung in der italienischen Renaissance, Boppard, 1981]. On doit citer aussi un fragment de réécriture de la traduction dArrigo Simintendi, contenu dans le ms. Florence, Biblioteca Riccardiana, 1576 (= Mét., l. v, v. 617-727) (xive siècle ?, ms. milieu xve siècle) : voir Concetto Marchesi, « Volgarizzamenti ovidiani nel secolo decimoquarto », Atene e Roma, 11, 1908, col. 275-285.

6 Voir I primi V libri delle Metamorfosi dOvidio volgarizzate da ser Arrigo Simintendi da Prato, éd. C. Basi et C. Guasti, Prato, Ranieri Guasti, 1846 (édition basée sur le ms. Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Martelli 1) ; Cinque altri libri delle Metamorfosi dOvidio volgarizzate da ser Arrigo Simintendi da Prato, éd. C. Basi et C. Guasti, Prato, Ranieri Guasti, 1848 (édition basée sur les ms. Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Palatino 106 et Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, II ii 51) ; Gli ultimi cinque libri delle Metamorfosi dOvidio volgarizzate da ser Arrigo Simintendi da Prato, éd. C. Basi et C. Guasti, Prato, Ranieri Guasti, 1850. On attend maintenant de Massimo Zaggia une édition critique de cette œuvre.

7 La seule traduction en vers italiens dœuvres ovidiennes est la traduction anonyme de lépître de Pénélope à Ulysse (Hér. i ; voir supra n. 1).

8 Voir A. Rossi, « Latin and Vernacular Manuscripts of Ovids Metamorphoses. Comparative Explorations about Codicological and Textual Models », Writing in the Vernacular APICES Session, Tenth International Medieval Congress, Leeds, 14-17 July 2003 (en ligne). Voir aussi A. Rossi, « Il Vat. Ottob. lat. 3313 : unedizione sinottica di Virgilio e Ovidio e la sua storia (sec. xi-xv) », Studi in memoria di Giorgio Costamagna, éd. D. Puncuh, Gênes, Società ligure di storia patria, 2003, p. 881-908 ; A. Rossi, Translatio Ovidii : note paleografiche sulle traduzioni medievali delle Metamorfosi, Bari, Archivio di Stato di Bari, 2004.

9 Voir A. Cameron, Greek Mythography in the Roman World, Oxford, Oxford University Press, 2004, qui tient compte de toute la bibliographie sur le sujet.

10 Voir R. Tarrant, « The narrationes of Lactantius and the Transmission of Ovids Metamorphoses », Formative Stage of Classical Traditions : Latin Texts from the Antiquity to the Renaissance, éd. O. Pecere, M. D. Reeve, Spolète, CISAM, 1995, p. 83-115 ; B. Otis, « The Argumenta of the so-called Lactantius », Harvard Studies in Classical Philology, 47, 1936, p. 131-163 ; F. T. Coulson et B. Roy, Incipitarium Ovidianum. A finding guide for texts related to the study of Ovid in the Middle Ages, Turnhout, Brepols 2000, no 54.

11 Voir Rossi, « Latin and Vernacular Manuscripts » : « Simintendis translation was built up starting from that specific typology of the Latin tradition (the Lactantian materials) connected to the transmission of the so-called vulgate commentary (F. T. Coulson), yet undefined in its peculiarities and certainly very different from the text published as tituli Lactantiani in the last Oxford edition, dated 1927 (D. A. Slater) ». La plupart des témoins manuscrits de la traduction de Simintendi rassemble ces tituli dans une table initiale ; associée à la table dans (au moins) quatre manuscrits, on trouve une summa, un texte très court déclarant le sujet principal des Métamorphoses (dans I primi V libri delle Metamorfosi sont transcrits les incipit des mss Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 43 8 ; Florence, Biblioteca Riccardiana, 1574 et Paris, BNF, it. 7754 ; Rossi, « Latin and Vernacular Manuscripts », transcrit la summa du ms. Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 7601). Mme Rossi soutient que cette summa vernaculaire est la traduction de la Summa memorialis, une série de quinze summae (une pour chaque livre), constituée chacune de douze hexamètres, attribuée à « Oricus de Capriana civis Mantuanus », que lon trouve dans plusieurs manuscrits latins des Métamorphoses ; voir A. Rossi, « Latin and Vernacular Manuscripts » : « The Summa memorialis is preserved in 19 manuscripts dating from the 14th and 15th centuries, except some older examples (12th and 13th centuries) where it was added later on ». Voir aussi L. Munzi, « Una inedita Summa memorialis delle Metamorfosi ovidiane », Dicti studiosus. Scritti di filologia offerti a S. Mariotti dai suoi allievi, Urbino, Edizioni Quattroventi, 1990, p. 331-385. La Summa vernaculaire manque dans lédition de la traduction de Simintendi, parce que Basi et Guasti ont exclu de leur édition les éléments paratextuels présents dans les manuscrits, conformément aux tendances éditoriales de leur époque. En labsence dune étude critique de la tradition, nous ne pouvons dire si la tabula argumentorum et la summa doivent être considérées comme des parties de l« Ovidio maggiore » de Simintendi.

12 Cette hypothèse, avancée par Gianfranco Contini, a été reprise par lun des éditeurs modernes de la Pharsalia vernaculaire, Laura Allegri (Volgarizzamento pratese della Farsaglia di Lucano, éd. L. Allegri, Florence, Accademia della Crusca – Gruppo Bibliofili pratesi “Aldo Petri”, 2008). M. Zaggia a écrit, à propos de cette attribution : « Va anche ricordato che quel documento del 1345 [scilicet la seule attestation documentaire connue de Simintendi] presenta il Simintendi come legato alla famiglia fiorentina dei Frescobaldi. Ora, ai Frescobaldi apparteneva il ms. Riccardiano 1548, testimone unico, collocabile nel quarto o quinto decennio del Trecento, di un volgarizzamento dalla Pharsalia di Lucano senza nome del traduttore, ma in veste pratese, e formalmente assai affine a quello delle Metamorfosi : infine, anche per motivi linguistici e stilistici, allo stesso Simintendi con tutta verosimiglianza spetterà pure la Farsaglia. Al Simintendi, o comunque in quellarea, si dovrà riferire dunque ancora un altro grande volgarizzamento in prosa, da unaltra grande opera in esametri della letteratura classica, questo però di diffusione tanto più limitata, ossia ristretta a un solo testimone » (voir Ovidio, Heroides, vol. 1, p. 43). Pour une synthèse de cette question voir larticle « Arrigo Simintendi » par C. Lorenzi (cité supra n. 3).

13 Voir Giovanni Bonsignori da Città di Castello, Ovidio Metamorphoseos Vulgare, éd. E. Ardissino, Bologne, Commissione per i testi di lingua, 2001.

14 Les deux œuvres sont datées des années 1322-1323 ; lExpositio est encore inédite, alors que les Allegoriæ ont été publiées par F. Ghisalberti, Giovanni del Virgilio, espositore delle Metamorfosi, Florence, Olschki, 1933.

15 Voir Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare.

16 La traduction anonyme, encore inédite, apparaît seule dans les mss Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, 40.49 (xve siècle) ; Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Panc. 24 (xve siècle) ; Florence, Biblioteca Riccardiana, 1093 (xve siècle) ; Paris, BnF, It. 557 (xve siècle) ; elle est associée à la traduction des Métamorphoses par Arrigo Simintendi dans les mss Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Pal. 106 (mil. xve siècle) et Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, II ii 51 (1477). Voir Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; M. Ferretti, « Per la recensio e la prima diffusione delle Allegorie sulle Metamorfosi di Giovanni del Virgilio », Lellisse, 2, 2007, p. 9-28 ; Ovidio, Heroides.

17 Il sagit des mss Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, Pal. 466 (1463) ; New Haven, Yale University, Beinecke 688 (1409) ; Rome, Biblioteca Corsiniana, Rossi 43 C 1 (3e q. du xve siècle) ; Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urb. Lat. 644 (1er q. du xve siècle). Voir Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare.

18 Il sagit du ms. Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 44.29 (1462). Voir Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare.

19 Il sagit des mss Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, II i 19 (milieu du xve siècle) ; Florence, Biblioteca Riccardiana, 1544 (3e q. du xve siècle) ; Pavie, Biblioteca Universitaria, Ticinese 545 (milieu du xve siècle) ; Uppsala, Universitetsbiblioteket, C 806 (ca. 1475). Voir Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare.

20 Les éditions imprimées présentent toutes le texte et les allégories : Venise (1497), Venise (1501), Venise (1508), Venise (1517), Milan (1519), Milan (1520), Venise (1522). Voir Guthmüller, Ovidio Metamorphoseos Vulgare ; Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare.

21 I primi V libri delle Metamorfosi, vol. 1, p. 20.

22 Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare, p. 116.

23 I primi V libri delle Metamorfosi, vol. 1, p. 33.

24 Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare, p. 126.

25 Ovide Moralisé. Livre I. Tome II, éd. critique C. Baker et al., Paris, Société des anciens textes français, 2018, p. 181.

26 Voir TLIO s.v. nereide.

27 I primi V libri delle Metamorfosi, vol. 1, p. 19 ; Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare, p. 115.

28 I primi V libri delle Metamorfosi, vol. 1, p. 33.

29 Voir TLIO s.vv. campidoglio, pompa. Dans le cas de « triumfio » on notera que même la graphie est latinisante.

30 Bonsignori, Ovidio Metamorphoseos Vulgare, p. 125.

31 Ovide Moralisé. Livre i, éd. Baker et al., p. 164.