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Classiques Garnier

Les réseaux de l’esclave fortuné, bâtard d’Amboise, soldat et poète

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2020 – 2, n° 40
    . varia
  • Auteur : Provini (Sandra)
  • Résumé : L’article retrace la carrière poétique de Michel d’Amboise (c. 1505-1547), surnommé l’esclave fortuné, et s’attache à mettre au jour ses réseaux, familiaux, militaires, éditoriaux et poétiques à partir d’une analyse des pièces liminaires de sa quinzaine d’œuvres imprimées, tout en soulignant les aspects de son œuvre qui, même s’il occupe une position marginale par rapport aux cercles marotiques, la rattachent étroitement au modèle poétique de Clément Marot.
  • Pages : 213 à 228
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406112631
  • ISBN : 978-2-406-11263-1
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11263-1.p.0213
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/01/2021
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Michel d’Amboise, Ovide (traduction), recueil marotique, blasons, Denis Janot
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Les réseaux de lesclave fortuné,
bâtard dAmboise, soldat et poète

Présenter une contribution sur Michel dAmboise (c. 1505-1547) dans le cadre dune réflexion sur la configuration du champ poétique français autour de Marot et des recueils collectifs dans les années 1536-1537 ne va pas tout à fait de soi. Certes, Michel dAmboise a bien participé à lun des premiers recueils de Blasons anatomiques, mais sa contribution est somme toute assez mince : un unique blason, le « blason de la dent », publié dans le recueil LAngelier de 15431, même sil est peut-être composé dès 1536. Et je nai pas trouvé – mais sans doute faudrait-il de plus amples investigations – dautre pièce de sa main dans les recueils collectifs publiés durant ces années, à lexception de chansons. Est-ce à dire que la lecture de son œuvre ne permettra pas déclairer « les connivences et les antagonismes qui reconfigurent le champ littéraire à la veille de lentrée en scène de la Brigade2 » ? Sans doute que si, malgré tout, car le fait même quil ne participe guère aux recueils collectifs et occupe une position relativement marginale par rapport aux réseaux marotiques et plus précisément au cercle lyonnais actif dans les années 1536-1537 est significatif dans le cas dun poète qui publie principalement des recueils dauteur, « autographiques3 », pour reprendre le terme proposé par Jean Vignes. Je me propose donc de retracer sa carrière poétique, à partir de ses œuvres imprimées, afin de mettre au jour ses réseaux, familiaux, 214éditoriaux et poétiques, mais surtout de mettre en valeur les aspects de son œuvre qui, même sil reste à la marge des cercles marotiques, le rattachent étroitement au modèle poétique de Clément Marot.

Un dépouillement systématique des pièces liminaires de la quinzaine dœuvres imprimées de Michel dAmboise permet de mettre en évidence trois réseaux qui sinterpénètrent partiellement : un réseau familial, celui de la puissante famille dAmboise, un réseau militaire et un réseau éditorial et poétique. La liste des dédicataires de ses œuvres se caractérise par une certaine instabilité : elle révèle des changements rapides de protecteurs, la recherche constante par lEsclave fortuné dune position assurée auprès de ses relations familiales, militaires ou ecclésiastiques, tout en apportant un éclairage sur ses contacts occasionnels avec différents cercles poétiques.

Réseaux familiaux

La famille dAmboise constitue le principal réseau de Michel dAmboise au début de sa carrière, bien quil soit de naissance illégitime. Fils naturel de Charles de Chaumont dAmboise, lieutenant général du roi en Italie, et dune dame de la bourgeoisie ou de laristocratie napolitaine, né entre 1503 et 1505, il a été élevé à Naples dans ses premières années, avant que son père ne le ramène en France (sans doute en 1508), à Sagonne, auprès de son frère légitime, Georges iii de Chaumont dAmboise, à peine plus âgé que lui. Cest son aîné qui, après la mort de leur père en 1511, aurait financé sa scolarité au collège à Paris, puis ses études de droit auprès dÉtienne Ferrou. Après la mort de son frère sur le champ de bataille de Pavie en 1525, il entre au service de sa cousine Antoinette dAmboise, épouse dAntoine de La Rochefoucauld et dame de Barbezieux, dont il reste trois ans le « secrétaire », puis à celui de sa tante Catherine dAmboise et de son cousin Georges de Créquy. Ces trois personnages sont les principaux dédicataires de ses deux premiers recueils, Les complainctes4 (1530) et La 215Penthaire de lesclave fortuné5 (1531), tandis que Les cent epigrames6 (1533) sont dédiés à Georges ii dAmboise, archevêque de Rouen, ainsi quà trois La Rochefoucauld appartenant à lentourage dAntoinette dAmboise (son beau-frère et ses fils). Michel dAmboise tourne aussi son regard vers la Cour dans ce recueil qui comprend une épigramme pour chacun des princes de la maison de France : François, le dauphin, Henri, duc dOrléans, et Charles, duc dAngoulême, ainsi quune épigramme à Monseigneur de Guise.

Cest cependant dans Le Babilon7, qui rassemble vers 1534-1535 les épîtres rédigées par Michel dAmboise pendant son incarcération au Châtelet, probablement de janvier à juillet 1532, que la recherche dune protection à la Cour se manifeste le plus directement. Une longue épître dinvective adressée aux « seigneurs ingratz » reproche aux membres de sa famille de lavoir abandonné dans cette épreuve malgré le long service quil leur a rendu8. Les nombreuses épîtres de requête sont adressées quant à elles à des membres de la Cour, Marguerite de Navarre en premier lieu, destinataire de trois épîtres, mais aussi dautres proches de François ier, comme les Guise ou Anne de Montmorency. Michel dAmboise poursuit cette stratégie dans ses publications ultérieures. Il offre ainsi sa traduction du Dixiesme livre9 des Métamorphoses dOvide à Jean de Luxembourg, abbé dIvry10, parent dAntoinette dAmboise qui sest remariée en 1536 à Louis de Luxembourg, mais aussi proche de 216Marguerite de Navarre et du connétable Anne de Montmorency pour lequel il composera en février 1538 un long poème déloge11. Il semble que le don par Michel dAmboise du cadeau prestigieux que constitue une traduction des Métamorphoses à ce mécène judicieusement choisi ait porté ses fruits : dans le Secret damours12, publié en 1542, Michel dAmboise adresse en effet trois épîtres à Jean de Luxembourg, dans lesquelles il se déclare son serviteur et se réclame de la protection que ce dernier lui a accordée par le passé.

Les publications suivantes se trouvent quant à elles plus nettement détachées de son cercle familial et adressées à des membres éminents de la Cour, en particulier Charles de Valois, duc dOrléans, dédicataire des Contrepistres13 en 1541 et du Guidon des gens de guerre14 en 1543. La réussite de la démarche de Michel dAmboise nest cependant pas certaine. Lépître dédicatoire du Guidon constate en effet linsuccès des Contrepistres, dont il nest pas sûr que le prince les ait lues :

Or, pour autant que je nay entendu que tu avois estime de mon amoureux présent [les Contrepistres], combien que jay ample certitude que tu layes bénignement receu (sil est receu), encores une fois jay prins hardiesse de tinviter par nouveau don à porter tesmoignage de ma volunté envers toy, (prince très débonnaire) mesmement en ce temps, auquel nous, et presque tous sommes empeschez aux armes, par la faulte de lennemy quy a violé iniquement la saincte et sacrée maiesté de la bien désirée paix. [] A cette cause (prince très vaillant) je te faitz treshumble resqueste, et que si en ce mestier tu me cognois suffisant, quil te plaise me donner ung moyen, affin que avecques ton ayde je puisse monstrer par effect ce que présentement je enseigne par parolle. [] Si que je sois à jamais receu au nombre de ceulx qui avecques continuel labeur te veulent donner obéissance du corps et de la vie15.

Sil est difficile de déterminer si Le Guidon des gens de guerre a permis à Michel dAmboise dentrer au service de Charles de Valois, sa dernière 217œuvre, Le Ris de Democrite16, dédiée en 1547 à Christophe de Couë, gentilhomme de la maison du roi, confirme quil écrit désormais pour la Cour. Lépître dédicatoire présente en effet une nouvelle persona dauteur, celle dun gentilhomme doté de loisirs, sadonnant à la philosophie :

Aucuns de mes meilleurs amys (mon Seigneur) desirent sçavoir que jay ces jours passez si longuement faict en une mienne maison champestre, ayant doubte (comme curieux de mon honneur) si en delaissant lexercice des armes, la noblesse de la court, & doulceur des civilles compagnies, je ne mestois point changé, et transmué en ord, mal propre & sale paisant, ou bien si en suyvant par les champs les paoureux Lievres, et par les boys, tout au long du jour, les Cerfz fuyans, jestois point devenu Satyre saulvaige. Pour esclaircir donc leur pensée je presente à ta Seigneurie ce fruict (filz du vertueux Repos, et de la solitaire Memoire) de Messire Anthoine Fregose, qui jadis en langue & rithme Italienne le composa, & par moy, ces jours, tellement quellement traduyt, lequel venant à ta maison vestu de rusticque habillement, & paraventure nayant autre meilleure grace que de Contadin & laboureur, telle fois (comme souvent advient) pourroit estre daucun maltraicté & harassé. [] En ce faisant, mes amys entendront, que jay faict comme la Paonne, que quand elle veult faire naistre ses petitz, elle choisist un lieu à elle commode & solitaire, & nen part jamais quilz ne soient escloz : & puis entre les gens les meine. Et ores quilz soient nez en telle solitude, neantmoins pour cela ne laissent à estre presentez à de biens grans seigneurs, pour leur estre à table past & viande delicate. Davantage ta Seigneurie ne ignore que le Rossignol, bien quil soit né en une espineuse haye ou buysson, & vestu dune plume tannée, laide & rusticque, ne laisse à surmonter toutefois de son chant les oyseaulx peintz, colorez & mieulx vestuz : & est plus voluntiers ouy aux maisons royalles que les autres17.

Le poète manifeste une assurance quil navait pas dans ses premières épîtres dédicatoires : les comparaisons avec deux oiseaux, la « Paonne » et le « Rossignol », justifiées dans le cadre champêtre de la composition, savèrent toutes deux flatteuses. Comme les petits du paon, lœuvre de Michel dAmboise est destinée à la Cour. La comparaison topique avec le rossignol18 suggère que son œuvre, malgré son apparence « rusticque », surpassera celle dauteurs au style plus éclatant et sera « plus 218voluntiers » reçue à la Cour. Cette assurance nouvelle est-elle le signe dun meilleur statut social et poétique atteint par Michel dAmboise à la fin de sa carrière ? Certes, le traducteur ne fait ici quadopter lèthos de Fregoso, lauteur du Riso di Democrito, dont il transpose en français lépître dédicatoire adressée à Monseigneur Iafredo Carlo, président du Sénat de Milan. Toutefois, on note que sa traduction est enrichie déléments correspondant à la situation personnelle de Michel dAmboise : il évoque sa propre maison de campagne pour traduire « rusticatione » et introduit dans son épître adressée à lofficier du roi « lexercice des armes et la noblesse de cour », là où Fregoso névoquait que « lurbanité des douces compagnies ». Il est donc permis de considérer que Michel dAmboise a voulu faire sien lèthos de Fregoso, liant lotium et la philosophie, pour donner à voir son changement de statut à ses lecteurs. Cette épître confirme quil sest émancipé du seul patronage dAmboise pour atteindre les cercles curiaux.

Réseaux militaires

Mais ce nest pas à sa seule plume que Michel dAmboise doit cette ascension sociale. Dans lépître dédicatoire du Guidon, il sadresse à Charles de Valois comme poète, mais aussi comme soldat. De fait, il a participé à la bataille de Pavie aux côtés de son frère Georges iii de Chaumont dAmboise, sous le commandement dAnne de Montmorency, où il aurait fait office destafette :

Et quil soit vray à la journée du Roy

Où de tes yeulx tu viz maint grant desroy

Vers la mynuit au logis Saincte Mesmes

Me commendas de ta bouche toy mesmes

Que men allasse en grande diligence

Où nostre roy faisoit sa demeurance

Pour ladvertir daulcune grousse affaire

Quen ton esprit tu concevoys à faire

Ce que je fiz en bonne obeissance19.

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Par la suite, on retrouve des indices de sa volonté de reprendre les armes dans plusieurs de ses œuvres. Dans la dédicace des Bucoliques20 (1531) au maréchal Robert de La Marche, il formule par exemple le souhait qu« Ung jour [il] puisse dessoubz [ses] estandars/ Marcher au nombre de [ses] humbles soubdars21 ». Il a ainsi participé à la campagne de Provence après linvasion de Charles Quint en 1536. Dans sa Deploration de la mort du Dauphin, décédé le 10 août, il évoque la guerre dont lissue est encore donnée comme incertaine, rédigeant semble-t-il dans le feu de laction, avant la retraite des troupes impériales en septembre. Il évoquera encore cette campagne de Provence et le camp dAnne de Montmorency près dAvignon en 1543 dans le Guidon, écrit pendant la trêve et publié précipitamment lors de la reprise de la guerre à laquelle il espère alors participer22. Un document darchive23 confirme quil a servi dans les années 1536-1538 comme officier dinfanterie sous le commandement du gouverneur de Turin, Guillaume Du Bellay, à la mort duquel il écrit une déploration24, et quil a été chargé de recruter deux cents fantassins pour la défense de la Bretagne menacée par lAngleterre dans les années 1542-1544.

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Réseaux poétiques

Les Epistres veneriennes, recueil marotique

Si la plupart de œuvres de Michel dAmboise sont ainsi dédiées à des membres de ses réseaux familiaux, militaires et curiaux, les Epistres veneriennes25 (octobre 1532) constituent une exception notable : cest à « ses bons amys et maistres en rethoricque » que sadresse Michel dAmboise dans lépître liminaire qui place explicitement le recueil dans le sillage marotique. Même si cette épître cite deux autres modèles poétiques, Cretin et Bouchet, elle est clairement démarquée de celle que lauteur de LAdolescence clémentine venait dadresser (août 1532) à ses « freres Enfans dApollo », par cette commune adresse à des poètes plutôt quà des protecteurs, mais aussi par la métaphore du jardin qui structurait lépître de Marot :

Mal vit qui ne se amande (je le dis mes amys) pource que ces jours revoyant aulcuns livres quen ma jeunesse desir de bon loz et amytié acquerir envers celle à qui jestoys redevable de tout mon povoir mavoit fait mettre en lumiere par publicque impression, y trouvay une abisme derreurs commises par mon inscience qui navoys encores congneu lornature rethoricienne dont es quadrures avez de coustume user, de laquelle ores plus que lors imbeu par la frequente et continuelle lecon (que jay prinse en voz œuvres) mesmement es Cretiennes, Marotiennes et Boucheticques (de nostre temps pour vray les plus excellantes) me suis persuadé yceulx en plus saine et meilleure rethoricque reduyre, combien que le meilleur que je y puisse faire nest sinon fumee aupres de vostre feu rethoricial (mes bons amys) es livres desquelz Suadella deesse de bien parler a infud et mis la rosee melliflue de celleste eloquence. Touteffoys affin que perpetuellement je ne demourasse en ygnorante reputation envers noz posterieurs ay pris ma faulx de recongnoissance encores peu forte par la priere dung jeune filz Apollonien qui promet aux suyvans ung merveilleux & tresabondant fruyt de son labourieux esperit appelle par surnom Corozet. Et dicelle ay fauché la zizanie et mauvaise herbe que jay congneue avoir esté par moy semee au jardin de mes Complaintes & Panthaire, et en son lieu ay planté nouveaulx arbres26.

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Les Epistres veneriennes, nouvelle édition profondément remaniée des deux premiers recueils de Michel dAmboise, Les Complainctes et La Penthaire, complétés dépîtres inédites, constituent même, selon Pauline Dorio, une « transformation de lessai marotique27 ». Elles mettent tout dabord comme LAdolescence clémentine laccent sur la figure auctoriale : la page de titre indique que Michel dAmboise « a personnellement participé à la publication de son recueil en sassurant de sa correction28 ». Fait remarquable, le mot « œuvres » apparaît au titre : daprès le recensement effectué par Christine de Buzon et Michèle Clément29, Michel dAmboise est seulement le troisième à employer ce terme et ce juste après Marot. Le poète procède de plus à un réagencement générique des pièces déjà publiées, mis en évidence dans une table des matières qui donne la première place aux épîtres et se termine sur les ballades et rondeaux30. Il entreprend enfin de purger ses précédents recueils de « labisme derreurs » quil y perçoit désormais, en suivant les règles de versification nouvelles édictées par Marot, quil décide aussitôt de faire siennes : comme la montré Guillaume Berthon, il sest appliqué à éliminer la totalité des césures lyriques et épiques anciennes que contenaient Les complainctes et La Penthaire pour leur reprise dans les Epistres veneriennes31.

Outre cet hommage appuyé à Clément Marot, Michel dAmboise met en scène dans plusieurs épîtres son réseau damitiés littéraires. Lépître liminaire de Gilles Corrozet et la réponse que lui adresse Michel dAmboise32 inaugurent une amitié durable, qui sest sans doute nouée dans latelier de Denis Janot33, qui venait de publier La 222fleur des antiquitez de Corrozet en mars 1532. Les deux poètes échangeront dautres liminaires, dans le Babilon de Michel dAmboise et Les anticques erections des Gaules34 de Corrozet en 1535, puis dans les Contrepistres dOvide35 en 1541, et dAmboise confiera à Corrozet, devenu libraire, le soin de publier Le Ris de Démocrite en 1547. Un autre poète vernaculaire participe au recueil des Epitres veneriennes avec une épître de consolation sur la mort dIsabeau du Bois36 : il sagit de Guillaume Michel de Tours37, qui partage avec Michel dAmboise un commun intérêt pour la traduction des textes latins antiques – en 1532, il a déjà une longue carrière à son actif, après sêtre fait connaître pour ses traductions des Bucoliques (1516) et des Géorgiques (1519) de Virgile. Les deux poètes se sont certainement rencontrés dans lentourage des libraires parisiens du Palais quils fréquentent tous deux (Denis Janot au premier chef, mais aussi Jean Longis, Vincent Sertenas, Maurice de la Porte…). Guillaume Michel et Michel dAmboise se trouvent cités, aux côtés de Gilles Corrozet, dans « De la louange et excellence des bons Facteurs qui bien ont composé en rime tant deça que delà les Montz » de Pierre Grognet, qui confirme le dynamisme du réseau de poètes vernaculaires constitué autour de Denis Janot38. Cette longue pièce de Grognet témoigne en outre de la notoriété acquise à cette date par Michel dAmboise grâce aux Epistres veneriennes, qui seront rééditées à plusieurs reprises39 et dont cinq poèmes se trouvent rapidement mis en musique40. Ces chansons seront quasiment les seules pièces de 223Michel dAmboise reprises dans les recueils collectifs de cette période, comme La Fleur de Poesie francoyse de 154241.

Le Blason de la dent

La deuxième participation de Michel dAmboise à un recueil collectif – si lon veut bien considérer comme telle la publication des chansons tirées des Epistres veneriennes chez Attaignant – est sa contribution, avec le « Blason de la dent », au recueil de blasons et contreblasons publié par Charles LAngelier en 1543. Cette contribution place une nouvelle fois Michel dAmboise dans le sillage marotique, mais il est difficile de déterminer sil sagit dun hommage tardif à Marot ou si dAmboise sétait inscrit dans le camp de ses défenseurs dès 1536. Le « Blason de la dent » est absent de la liste établie par Marot en février 1536, ainsi que des deux éditions de cette même année aujourdhui conservées42. Julien Goeury estime cependant quil nest pas forcément inédit en 1543 : LAngelier pourrait reprendre un premier recueil de blasons, datable davant lété 1536 et aujourdhui perdu, qui ressemblerait au fantôme bibliographique que constitue lédition attribuée à limprimeur lyonnais François Juste43. Lhypothèse dune composition du « Blason de la dent » à Lyon dès 1536 pourrait être confirmée par des éléments biographiques qui suggèrent une présence de Michel dAmboise dans cette ville au début de lannée, à la faveur du séjour de la Cour et des événements militaires de Provence auxquels il prend part. Michel dAmboise publie en outre Le Babilon à Lyon chez Olivier Arnoullet le 16 janvier 1536 (n.s.) : il sagit certes dune réédition de 224cet ouvrage déjà paru à Paris en 1535, voire un peu plus tôt si lon en croit le matériel typographique utilisé par Jean Longis, et rien nindique que lauteur soit intervenu sur le texte pour cette réédition qui pourrait avoir fait lobjet dun simple échange entre deux imprimeurs-libraires accoutumés à ce type de collaboration. Mais Le Babilon est la seule des œuvres de Michel dAmboise qui ait été publiée à Lyon et il est tentant dy voir une preuve supplémentaire dun séjour lyonnais de son auteur – lhypothèse de son éloignement de Paris durant les premiers mois de lannée 1536 pourrait aussi expliquer pourquoi Michel dAmboise ne participe pas au premier recueil des blasons publié par Denis Janot, avec lequel il collabore pourtant étroitement depuis des années.

Il existe toutefois peu dindices dune fréquentation par Michel dAmboise des cercles poétiques lyonnais. Il ne semble pas compter, aux côtés des autres blasonneurs, parmi les destinataires des Epigrammata de Jean Visagier arrivé à Lyon durant lété 153644 et, sil participe aux célébrations de la mort du Dauphin en août 1536, cest en dehors du Recueil de vers latins, et vulgaires de plusieurs Poëtes Francoys, composés sur le trespas de feu Monsieur le Daulphin45 orchestré par Étienne Dolet, dont il semble pourtant avoir eu connaissance46. Il entreprend au contraire une démarche personnelle et publie rapidement, à Paris, sa Deploration de la mort de Francoys de Valloys, avant la plupart de ses concurrents. Il semble ainsi rester à distance du milieu lyonnais comme le confirme la liste des poètes, désormais bien connue, quil donne dans la Deploration, véritable « palmarès des poètes » de 1536 selon Michèle Clément47. Cette liste témoigne, par les huit noms 225cités (Macrin, Dolet, Bourbon, Marot, Bouchet, Chappuys, Brodeau, Mellin de Saint-Gelais48) dune « géographie poétique49 » orientée vers lOuest de la France et vers la Cour plus que vers Lyon : Victor Brodeau est originaire de Tours, comme Guillaume Michel, Claude Chappuys est originaire dAmboise et Jean Bouchet de Poitiers ; Brodeau et Chappuys sont des poètes royaux comme Saint-Gelais. Il reste que Clément Marot, le seul poète cité deux fois, apparaît dans cette liste comme le mètre-étalon auprès duquel dAmboise mesure le talent des autres poètes.

Dans les pas de Marot, traducteur dOvide

Le choix queffectue Michel dAmboise de traduire un livre des Métamorphoses dOvide en 1537 est un autre gage de sa fidélité au modèle de Marot, même sil faut faire la part de la stratégie dans ce geste par lequel il rivalise, sur son propre terrain, avec le poète royal tout juste rentré dexil. La traduction du Premier livre sétait donnée comme un présent solennel de Clément Marot à François ier50. Trois ans après sa publication en 153451 et avant que Marot ne publie lui-même le Second livre (qui ne paraîtra chez Sabon que vers 154352), cest, on la vu, à un proche de la Cour, et plus précisément de Marguerite de Navarre, que dAmboise offre sa traduction.

Certes, lintérêt de Michel dAmboise pour lœuvre dOvide se marque dans lensemble de sa production poétique, depuis sa traduction, publiée dès mars 1533 (n. s.), dans les Cent epigrames, dun épisode du livre ix des Métamorphoses, la fable de Byblis et Caunus, jusquaux Contrepistres dOvide composées en réponse aux Héroïdes en 1541. Mais la prédilection pour Ovide se trouve indissociablement liée, dans son œuvre, au modèle de Clément Marot dans lequel Gérard Defaux a voulu voir un « Ovide français » : les Contrepistres dOvide sont ainsi définies, 226dans un rondeau liminaire de leur réédition de 1546, comme des « vers et escriptz Marotiques53 ».

Quand il entreprend de traduire le Dixiesme livre des Metamorphoses, cest donc un double hommage que rend Michel dAmboise à deux poètes qui représentent pour lui des modèles, Ovide et Marot, hommage qui se double sans nul doute dune ambition démulation avec le second, sinon avec le premier. Sa traduction témoigne bien dune fidélité à la fois à la lettre du texte ovidien et à la méthode de traduction mise en œuvre par Marot dans le Premier livre54. Cette parenté avec la technique marotique explique dailleurs la curieuse destinée de ce Dixiesme livre, considéré jusquici comme perdu – il nest pas même catalogué par la bibliothèque de Göttingen qui en conserve, à ma connaissance, lunique exemplaire dans le singulier montage opéré par Arnoul LAngelier qui la joint en 1541 à plusieurs recueils de Clément Marot pour proposer un exemplaire « complet » des Œuvres de ce dernier à des acheteurs inattentifs55. Si ce libraire peu scrupuleux a vendu la traduction par Michel dAmboise du Dixiesme livre « dans un Marot trafiqué56 » en lieu et place de la traduction du Premier livre, cest que le lecteur pouvait sy tromper en raison de la grande proximité des principes et des techniques de traduction employés par dAmboise et Marot.

Lallégeance poétique de Michel dAmboise envers Clément Marot ne se dément donc pas dans lensemble de son œuvre, des Epistres veneriennes aux Contrepistres dOvide, même si lEsclave fortuné ne semble jamais avoir véritablement appartenu à un « cercle marotique ». Si les 227deux poètes ont souvent des destinataires et des protecteurs communs, comme Marguerite de Navarre, les diverses épîtres de requête adressées par dAmboise à cette dernière nont pas suffi à le faire entrer durablement dans son entourage. Lhypothétique participation de Michel dAmboise à un recueil de blasons lyonnais en 1536 constituerait le seul exemple dune collaboration ponctuelle avec les poètes de Lyon, à loccasion dun passage de Michel dAmboise par cette ville pour des raisons sans doute militaires. Il en va de même dans le cas du cercle de Jean Bouchet à Poitiers : si dAmboise cite Bouchet dès les Epistres veneriennes de 1532 comme modèle poétique, les deux auteurs ne semblent pas avoir entretenu de liens personnels avant la publication en 1540 à Poitiers de la Dixiesme satyre de Juvénal chez Jean et Enguilbert de Marnef, éditeurs de Bouchet, qui compose deux dizains liminaires pour louer dAmboise davoir traduit Juvénal « si tres au vif57 ». Comme dans le cas de la publication du Babilon à Lyon, cest sans doute au gré de ses déplacements militaires que dAmboise a publié cette Dixiesme satyre à Poitiers, sans que sa relation avec Bouchet aille au-delà de ce contact ponctuel.

Finalement, force est de constater que Michel dAmboise participe peu aux recueils collectifs (imprimés ou manuscrits) et que son œuvre garde la trace déchanges relativement limités avec dautres poètes (Gilles Corrozet, Guillaume Michel, Jean Bouchet), même sil fait preuve dune conscience aiguë de la modernité poétique que constitue lœuvre de Marot sur laquelle il modèle rapidement la sienne. Si la carrière de Michel dAmboise peut nous offrir un éclairage précieux sur la configuration du champ poétique dans les années 1530, cest donc surtout, paradoxalement, sa volonté de publier ses « œuvres » qui le distingue de bien des membres de la « génération Marot », plus hétérogène sans doute que cette étiquette ne lindique. Ses recueils personnels, presque exclusivement « autographiques », présentent une persona dauteur affirmée et, tout en se réclamant constamment du modèle marotique, ouvrent une voie singulière par rapport à celui-ci, celle du recueil dépîtres amoureuses dont lesclave fortuné a fait sa spécialité58, des Epistres veneriennes au Secret damour. Plusieurs auteurs le suivront dailleurs dans cette voie, 228au point quil apparaît à son tour, au début des années 1540, comme linspirateur dun groupe de poètes où figurent François Habert, auteur d« épîtres cupidiniques59 » (1542) comme Charles Fontaine, avec La Fontaine damour (1545)60.

Sandra Provini

Université de Rouen-Normandie, CÉRÉdI

1 Sensuivent les Blasons Anatomiques du corps femenin, ensemble les contreblasons de nouveau composez, & additionnez, avec les figures, le tout mis par ordre : composez par plusieurs poetes contemporains. Avec la table desdictz Blasons & contreblasons, Imprimez en ceste Année, Paris, Ch. LAngelier, 1543.

2 N. Dauvois et J. Goeury, Programme de la journée détudes « 1536-7. Autour de Marot et des recueils collectifs : configurations du champ poétique français », 8 novembre 2018.

3 J. Vignes, « Les modes de diffusion du texte poétique dans la seconde moitié du xvie siècle : essai de typologie », Le poète et son œuvre : de la composition à la publication, éd. J.-E. Girot, Genève, Droz, 2004, p. 173-198.

4 Les complainctes de lesclave fortuné. Avecques vingt Epistres et trente Rondeaulx damours. Nouvellement Imprimez à Paris, Paris, J. Saint-Denis, 1530 (n.s.).

5 La Penthaire de lEsclave fortuné où sont contenues plusieurs lettres & fantasies composées nouvellement en lan 1530, Paris, A. Lotrian et D. Janot, 1531 (n.s.).

6 Les cent epigrames avecques la vision, la complainte de vertu traduyte de frere Baptiste Mantuan, en son livre des calamitez des temps, et la fable de lamoureuse Biblis et de Caunus, traduyte dOvide par Michel dAmboyse dit lEsclave fortuné, seigneur de Chevillon, Paris, A. Lotrian et J. Longis, 1533 (n.s.).

7 Le Babilon aultrement la Confusion de lEsclave fortuné. Nouvellement composé par luy, où sont contenues plusieurs lettres recreatifves et joyeuses. Avecques aucuns Rondeaulx et epistres amoureuses, Paris, J. Longis, c. 1535.

8 Ibid., fol. xvir.

9 Le dixiesme livre des Metamorphoses dOvide, traduicte en Ryme par lEsclave fortuné, Ensemble lElegie dOvide sur la complaincte du Noyer, traduicte par Calvy de la Fontaine, Paris, A. et Ch. Les Angeliers, 1537.

10 Né vers 1515, mort à Avignon en 1548, historien et traducteur, abbé dIvry, évêque de Pamiers à partir de 1539, Jean de Luxembourg a traduit Platon (Phédon), Cicéron (Verrines), édité lInstitution du prince de Guillaume Budé (1547) et consacré à Anne de Montmorency Le triomphe et les gestes dAnne de Montmorency en février 1538. Voir la notice de J.-E. Girot dans le Dictionnaire des Lettres françaises du xvie siècle, dir. G. Grente, éd. revue sous la dir. de M. Simonin, Paris, Fayard, Librairie générale française, 2001, p. 761-762.

11 Voir V.-L. Saulnier, « Quel poète pour le Grand-Maître ? Luxembourg et Anne de Montmorency », Bulletin de lAssociation Guillaume Budé, 35, 1976, p. 386-400.

12 Le Secret dAmours composé par Michel dAmboyse, où sont contenues plusieurs lettres tant en rithme quen prose, fort recreatives à tous Amans. Ensemble plusieurs Rondeaulx, Ballades & Epigrammes, le tout composé nouvellement, Paris, A. et Ch. Les Angeliers, 1542.

13 Les contrepistres dOvide, nouvellement inventées & composées par Michel dAmboyse, dict lEsclave Fortuné, Seigneur de Chevillon, où sont contenues plusieurs choses recreatifves, & dignes de lire, Paris, D. Janot, 1541.

14 Le Guidon des gens de guerre, Paris, Galliot du Pré, 1543.

15 Ibid., fol. a iiir-v.

16 Le Ris de Democrite et le pleur de Heraclite, philosophes sur les follies, & miseres de ce monde. Invention de M. Antonio Phileremo Fregoso, chevalier Italien, interpretée en ryme Françoise, par noble homme, Michel dAmboyse, escuyer, Paris, A. LAngelier et G. Corrozet, 1547.

17 Ibid., fol. A iiv-A iiir.

18 G. Mathieu-Castellani, Le Rossignol poète dans lAntiquité et à la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, 2016.

19 Le Babilon, fol. xxxviiiv.

20 Les Bucoliques de Frere Baptiste Mantuan. Nouvellement traduictes de Latin en Rigme Francoyse par Michel dAmboyse, aultrement dict lEsclave fortunay Escuyer seigneur de Chevillon. Lesquelles sont divisées en dix Eglogues et nouvellement Imprimées a Paris, Paris, A. Lotrian et D. Janot, 1531.

21 Idem, fol. A iiv.

22 Sur ces différentes campagnes, voir R. Cooper, « Michel dAmboise, le Dauphin François, et Guillaume Du Bellay », Michel dAmboise humaniste, dir. S. Provini, Camenae, 25, juin 2020, en ligne.

23 Ce document darchive conservé par la municipalité dAngers (cote BB22 - Registre des conclusions, 1er mai 1541-27 avril 1544) a été retrouvé par G. Dinkel qui la édité en annexe de son mémoire de Master dHistoire moderne, Entre théories et pratiques de la guerre : Le Guidon des gens de guerre de Michel dAmboise, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, 2010.

24 Deploration de la mort de feu messire Guillaume du Bellay Seigneur de Langei. En son vivant Chevallier de lOrdre, Lieutenant pour le Roy en Piedmont. Et Capitaine, de cinquante hommes darmes, A Reverendissime Cardinal, Messire Jehan du Bellay, Evesque de Paris. Par Michel dAmboyse, Escuyer seigneur de Chevillon, dit lEsclave fortuné, Paris, F. Guybert, 1543.

25 Les Epistres veneriennes de lEsclave fortuné privé de la court dAmours, nouvellement faictes et composées par luy. Avecques toutes ses oeuvres par luy reveues & corigées. Premierement les.xxxi. epistres veneriennes. Les fantaisies. Les complaintes, regretz et epitaphes. Avec.xxxv. rondeaulx et cinq balades damours, Paris, A. Lotrian et D. Janot, 1532.

26 Ibid., fol. A iiiv.

27 P. Dorio, « Les Epistres veneriennes de Michel dAmboise : une transformation de lessai marotique », Michel dAmboise humaniste, dir. S. Provini, Camenae, 25, juin 2020, en ligne.

28 P. Dorio, Les Epistres veneriennes, p. 3.

29 Ch. de Buzon et M. Clément, « Œuvres et collection : Lemploi du mot œuvres dans un titre français avant 1560 et limpression des Œuvres dun auteur avant 1560 en France », RHR, 74, 2012, p. 135-159, ici, p. 144.

30 Dorio, « Les Epistres veneriennes », p. 8.

31 G. Berthon, « Lœuvre de jeunesse comme paradigme éditorial : les adolescences poétiques des années 1530 », communication prononcée en 2016 au colloque Rhétorique et poétique de lœuvre de jeunesse (xvie-xviiie siècles).

32 Epistres veneriennes, « À Michel dAmboyse escuyer seigneur de Chevillon aultrement dict lEsclave fortuné Gilles Corrozet donne salut » et « Responce de lEsclave fortuné à Gilles Corrozet », fol. A iiiir-v.

33 Voir S. Rawles, Denis Janot (fl. 1529-1544), Parisian Printer and Bookseller. A Bibliography, Leyde, Brill, 2018.

34 G. Corrozet, Les anticques erections des Gaules, Paris, D. Janot pour G. Corrozet, 1535.

35 Les contrepistres dOvide, nouvellement inventées & composées par Michel dAmboyse, dict lEsclave Fortuné, Seigneur de Chevillon, où sont contenues plusieurs choses recreatifves, & dignes de lire, Paris, D. Janot, 1541.

36 « À Michel dAmboyse escuyer seigneur de Chevillon dit lesclave fortuné, Guillaume Michel donne consolation sur le trespas de damoyselle Ysabeau du Boys jadis sa femme », Les Epistres veneriennes, fol. f. xcir-lxciii.

37 Sur ce poète, voir E. Armstrong, « Notes on the Works of Guillaume Michel, dit de Tours », BHR, 31, 1969, p. 257-282.

38 P. Grognet, Le second volume des motz dorez du grand et saige Cathon, Paris, D. Janot pour J. Longis et P. Sergent, 1533 (a. s.), fol. 22r. La liste complète des noms dauteurs cités par Grognet est donnée par F. Lachèvre, Bibliographie des recueils collectifs de poésies du xvie siècle, Paris, Champion, 1922, p. 26.

39 Paris, D. Janot, J. Longis et P. Sergent, 1534 et 1536 ; Paris, J. Longis, 1556.

40 Ces mises en musique sont publiées chez Pierre Attaignant, en 1534 pour quatre dentre elles (« Pleust à Jésus que je feusse à la porte », RISM 1534/ 11 ; « Sans toy present je ne vaulx moins que morte », RISM 1534 /11 ; « Amour ne peult en virile courage », RISM 1534/ 12 ; « Amour peult tout, soit plaisir ou tristesse », RISM 1534/ 12) et en 1539 pour la dernière (« Le train daymer cest vng parfaict deduyct », RISM 1539/ 15). Je remercie Claire Sicard pour ces références.

41 « Le train daymer cest vng parfaict deduict », réduction dun rondeau des Epistres veneriennes en quatrain effectuée pour la mise en musique (Attaignant, 1539), se trouve reprise dans La Fleur de Poesie francoyse. Recueil ioyeulx contenant plusieurs huictains, Dixains, Quatrains, Chansons, & aultres dictéz de diuerses matieres mis en nottes muscialles par plusieurs autheurs, & reduictz en ce petit liure, Paris, A. Lotrian, 1542, fol. Fr (puis dans le Recueil de tout soulas et plaisir et parangon de poésie, Paris, J. Bonfons, 1562 et dans Le Courtizan amoureux, Lyon, B. Rigaud, 1582).

42 Hécatomphile. Fleurs de poésie françoyse. Blasons du Corps Fémenin, Lyon, D. de Harsy, 1536 ; Hécatomphile. Fleurs de poésie françoyse, Paris, D. Janot, 1536.

43 J. Goeury, « Présentation », Blasons anatomiques du corps féminin et contreblasons, éd. J. Goeury, Paris, GF-Flammarion, 2016, p. 27-29.

44 Je nai pu trouver trace des épigrammes de Visagier dont il serait dédicataire selon E. Kammerer, Jean de Vauzelles et le creuset lyonnais (1520-1550), Genève, Droz, 2013, p. 48. J.-Cl. Margolin, pour sa part, névoque pas Michel dAmboise dans son article sur « Le cercle humaniste lyonnais daprès lédition des Epigrammata (1537) de Jean Visagier », Actes du colloque sur lhumanisme lyonnais au xvie siècle, Grenoble, PU de Grenoble, 1974, p. 151-183.

45 Recueil de vers latins, et vulgaires de plusieurs Poëtes Francoys, composés sur le trespas de feu Monsieur le Daulphin, éd. É. Dolet, Lyon, F. Juste, 1536.

46 Deploration de la mort de Francoys de Valloys, jadis Daulphin de France, premier filz du Roy. Avecques deux Dizains dudict Seigneur par lEsclave fortuné, Paris, A. Bonnemère, [1536], fol. B ii.

47 M. Clément, « Un geste poétique et éditorial en 1536 : Le Recueil de vers latins, et vulgaires de plusieurs Poëtes Françoys, composés sur le trespas de feu Monsieur le Daulphin », RHR, no 62, 2006, p. 31-43, ici, p. 32.

48 Deploration de la mort de Francoys de Valloys, fol. B iii.

49 Clément, « Un geste poétique et éditorial », p. 32.

50 G. Berthon, LIntention du Poète. Clément Marot « autheur », Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 128-129.

51 C. Marot, Le Premier Livre de la Metamorphose dOvide, translate de Latin en François, Paris, É. Roffet, 1534 (voir G. Berthon, Bibliographie critique des éditions de Clément Marot (ca. 1521-1550), Genève, Droz, 2019, 1534/ 7 et 1534/ 8).

52 C. Marot, Le Second Livre de la Metamorphose dOvide, Lyon, chez S. Sabon pour A. Constantin, c. 1543 (Berthon, Bibliographie critique, 1543/ 5).

53 « Aux honorables Lecteurs de ce Livre », Les contrepistres dOvide, rééd. Paris, P. Sergent, M. de la Porte, G. le Bret et J. Ruelle, 1546, fol. 111v.

54 Voir S. Provini, « Michel dAmboise traducteur dOvide », Écrivains traducteurs, dir. F. Roudaut, Travaux de littérature publiés par lADIREL, Genève, Droz, 2019, p. 57-74. La technique mise en œuvre par Marot dans sa traduction du Premier livre a été analysée par D. Claivaz, « Ovide veut parler » : les négociations de Clément Marot traducteur, Genève, Droz, 2016.

55 C. Marot, Les Œuvres, Paris, A. LAngelier, 1541, in-8o, Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek (8 P GALL I, 7112). Guillaume Berthon a décrit cet exemplaire dans son article « Cadavres exquis bibliographiques. Ce quenseignent deux singuliers montages de libraire sur le marché du livre poétique au xvie siècle », Histoire et civilisation du livre, 9, 2013, p. 53-72 (en attribuant toutefois la traduction de Michel dAmboise à Calvy de La Fontaine) et je le remercie de me lavoir signalé. Lédition est correctement décrite dans Berthon, Bibliographie critique, 1541/ 9.

56 Berthon, « Cadavres exquis bibliographiques », p. 60.

57 La dixiesme satyre de Juvenal. Traduycte nouvellement de Latin, en Rithme Françoyse, par Michel dAmboise Escuyer seigneur de Chevillon, Poitiers, de Marnef, 1540, fol. A iv.

58 Dorio, « Les Epistres veneriennes », p. 12.

59 F. Habert publie une série de quatorze épîtres amoureuses quil nomme « cupidiniques » dans Le Combat de Cupido et de la mort (Paris, A. Lotrian, 1542).

60 Ch. Fontaine, La Fontaine damour, contenant Elegies, Epistres et Epigrammes, Lyon, J. de Tournes, 1545.