Aller au contenu

Classiques Garnier

Entre chambre de rhétorique et salle de classe Les rébus des rhétoriciens dans la pratique scolaire

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2020 – 2, n° 40
    . varia
  • Auteur : van de Haar (Alisa)
  • Résumé : Au XVIe siècle, les chambres de rhétorique néerlandaises ont visé à former de nouveaux orateurs en langue vulgaire. Elles étaient ainsi proches des mondes de l’éducation. Cet article met en lumière les liens de ces deux milieux à travers la pratique du poème-rébus. Longtemps considérée comme typique des rhétoriciens des Pays-Bas, cette forme s’est vraisemblablement développée à l’interface du néerlandais et du français grâce à son utilisation par des enseignants plurilingues.
  • Pages : 359 à 376
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406112631
  • ISBN : 978-2-406-11263-1
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11263-1.p.0359
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/01/2021
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : rébus, chambres de rhétorique, Peeter Heyns, Wouter de Coster, Gabriel Meurier
359

Entre chambre de rhétorique
et salle de classe 

Les rébus des rhétoriciens dans la pratique scolaire

En 1561, lAnversois Peeter Heyns a participé à une compétition entre chambres de rhétorique dans sa ville natale, organisée en deux volets intitulés le Landjuweel et le Haagspel1. Au cœur de cet événement, comme de toutes les activités des chambres, se trouvait la pratique de léloquence en langue vernaculaire, sous des formes dramatiques, poétiques et même visuelles. En effet, lors de la procession à travers la ville qui ouvrait la compétition, chaque chambre présentait un blason, cest-à-dire un panneau en bois denviron un mètre carré décoré dune image illustrant la devise de la chambre. Le blason de la chambre de rhétorique De Bloeyende Wijngaert, dont Heyns était le facteur ou poète principal, gagna le premier prix parmi les chambres qui participaient au Haagspel2 : Heyns avait impressionné le jury en concevant un dessin innovant, contenant un poème sur la devise de sa chambre, composé entièrement en rébus et présenté dans la frise du blason3.

Les rhétoriciens sétaient intéressés aux rébus et sétaient adonnés à cette forme hybride entre texte et image bien avant la compétition de 1561. Pendant une compétition en 1539, certains blasons individuels avaient déjà été décorés de rébus4. Cependant les blasons de Heyns et de plusieurs autres participants aux festivités de 1561 paraissent être les 360premiers exemples de poèmes en forme de rébus qui aient été produits dans lenvironnement des rhétoriciens5. Après cette date, le poème-rébus a pris un grand essor dans les chambres de rhétorique, occupant même, quelques décennies plus tard, une position centrale dans leurs compétitions6. Dans les études modernes, le rébus néerlandais, et surtout le poème-rébus, sont considérés comme une partie intégrante des pratiques des rhétoriciens au seuil de lépoque moderne, pratique que lon suppose toutefois spécifique à ce milieu.

Le cas de Heyns, un pionnier important de ces développements à lintérieur des chambres, nous amène cependant à découvrir un autre milieu où le rébus et le poème-rébus étaient pratiqués. Dans sa vie professionnelle, Heyns était à la tête dune école de filles à Anvers, enseignant notamment la langue française à des locutrices natives du néerlandais. Il a publié un corpus divers de manuels pédagogiques dont plusieurs contiennent des rébus. Des études prosopographiques sur les membres des chambres ont révélé quun nombre non négligeable dentre eux étaient, comme Heyns, des enseignants ; les objectifs de ces sociétés ont même été décrits comme ayant un caractère éducatif7. En revanche, nous savons très peu de chose des processus déchange et des influences qui ont marqué ces deux milieux proches, tous les deux producteurs dorateurs renommés. Comme nous essaierons de le montrer dans cette contribution, le rébus permet détudier la nature et lintensité de leurs contacts de plus près.

Heyns et deux de ses collègues proches, Gabriel Meurier et Wouter de Coster, ont tous les trois produit des œuvres éducatives contenant des rébus. Ils constituent ainsi des cas complémentaires qui nous renseignent 361sur le rôle du rébus, pratique caractéristique des rhétoriciens, dans leurs salles de classe. Leurs usages inventifs et pédagogiques de rébus soulèvent plusieurs questions. Ils mettent en perspective le caractère monolingue du rébus, en intégrant cette forme hybride dans leur enseignement bilingue. De plus, ils remettent en question la chronologie supposée selon laquelle le poème-rébus néerlandais a fleuri dans le seul contexte des chambres, donnant tout lieu de penser quil y a eu un échange mutuel entre les pratiques des écoles et celles des chambres.

Le poème-rébus : une forme culturelle en circulation entre France et Pays-Bas (xve-xvie siècle)

Ces dernières décennies, il est devenu de plus en plus clair que les chambres de rhétorique nétaient pas des fraternités purement littéraires, mais quelles avaient, en premier lieu, des objectifs sociaux8. Les chambres voulaient instruire un public large sur des sujets religieux, sociaux et moraux à travers leurs activités poétiques et dramatiques. En outre, les études dArjan van Dixhoorn ont démontré que les chambres se percevaient en tant quécoles dans lesquelles les membres les plus accomplis fournissaient à leurs confrères une formation dans lart de la rhétorique en langue vernaculaire, parfois même commençant par la lecture et lécriture9. Souhaitant devenir experts en éloquence et 362faire forte impression sur leur public, les rhétoriciens sintéressaient de façon générale au fonctionnement du langage10. Cet intérêt explique sans doute au moins partiellement leur penchant pour le rébus, celui-ci étant une concrétisation visuelle du langage parlé jouant avec le principe dhomonymie et avec la sonorité du lexique. Toutefois, leurs premières expérimentations avec les rébus ont probablement dautres sources.

Des décennies avant lapparition des premiers rébus dans les blasons des rhétoriciens à loccasion de la compétition de 1539, des poèmes incorporant des rébus avaient déjà été produits en français dans les cercles des Grands Rhétoriqueurs. Jean Molinet et Jean Marot avaient notamment rédigé de tels textes dès la fin du xve siècle11. Molinet est lauteur dune série de poèmes ludiques où des mots situés au début et à la fin des vers sont traduits par des dessins de fleurs, de bêtes volantes, de notes de musique, ou par des images scabreuses faisant allusion aux organes sexuels12. Le poème-rébus le plus connu de Marot joue non pas avec des dessins, mais avec la distribution spatiale du texte sur la page, invitant le lecteur à ajouter les prépositions nécessaires à la compréhension du sens en situant, par exemple, certains mots « sous » ou « sur » dautres13.

Contemporains des productions des Rhétoriqueurs, des poèmes français en forme de rébus sont aussi apparus dans diverses publications religieuses. Ces œuvres, mises en lumière par Jessica Brantley, ornent 363surtout des livres dheures imprimés au début du xvie siècle14. Il sagit alors de prières dans lesquelles les dessins des rébus ont une fonction mnémotechnique, aidant les lecteurs à visualiser mentalement les figures saintes. Après une floraison de quelques décennies, les poèmes-rébus ludiques des Grands Rhétoriqueurs et ceux de la littérature spirituelle française semblent avoir perdu lentement leur attrait vers le milieu du xvie siècle.

Cest précisément à ce moment-là que les rhétoriciens néerlandais ont pris la relève. Il est probable quils se sont inspirés des travaux des Grands Rhétoriqueurs. En effet, il est aujourdhui admis que les rhétoriciens néerlandais et les Rhétoriqueurs francophones ont eu le même intérêt pour les expériences poétiques et linguistiques, et que les rhétoriciens se sont approprié plusieurs formes lyriques et jusquau vocabulaire précis utilisé par les Rhétoriqueurs15. Tout au long du xvie siècle, les rhétoriciens néerlandais ont continué à suivre de près les évolutions littéraires de lespace francophone et il y a de bonnes raisons de penser que les enseignants de français qui étaient actifs dans les chambres ont été partiellement responsables de ces échanges littéraires. En effet, ils mentionnent parfois les auteurs français dans leurs manuels éducatifs et plusieurs dentre eux ont traduit des œuvres du français en néerlandais16. Peeter Heyns a fait partie de ces enseignants-rhétoriciens qui ont mis les chambres de rhétorique en contact avec le monde littéraire français. Il a traduit, entre autres, un poème de Pierre de Ronsard, et dans un manuel scolaire il fait mention des œuvres de Clément Marot, de Théodore de Bèze et de Charles de Navières17.

364

Un rébus pour devise :
Peeter Heyns, enseignant de français
et rhétoricien néerlandais

Heyns a produit plusieurs livres pédagogiques dans le cadre de ses activités de directeur dune école de filles à Anvers, quil avait baptisée le Laurier, daprès la nymphe Daphné poursuivie par le dieu Apollon et transformée en laurier pour protéger sa chasteté. Heyns, avec son épouse Anna Smits, a ouvert son école en 1555, et le couple y donnait des cours de lecture, décriture et de langue française à environ cinquante filles par an18. Au fil des années, le Laurier est devenu lune des écoles de filles les plus renommées des Pays-Bas, accueillant surtout des enfants de marchands et issus des classes moyennes aisées en général.

Heyns était un maître décole et producteur de livres scolaires respecté, qui a assumé à plusieurs reprises la fonction de doyen de la guilde de Saint Ambroise, lassociation des enseignants à Anvers19. Les vies de Heyns et dAnna ont été fortement marquées par la Révolte des Pays-Bas contre le souverain dEspagne Philippe II. Heyns, qui entretenait probablement des idées protestantes depuis les années 1560, obtint une position importante dans le gouvernement municipal rebelle de la ville dAnvers en 158020. Quand la ville, après un siège de quatorze mois, capitula devant les forces royales en 1585, Heyns dut fuir. Il passa huit ans en Allemagne, à Francfort-sur-le-Main et à Stade, et en 1594 il sest installé à Haarlem, en Hollande, où il mourut quatre ans plus tard21.

En Allemagne aussi bien quà Haarlem, Heyns a continué à publier des livres scolaires. La première fois quil a intégré un rébus dans ses publications paraît avoir été en 1583 ou 1584, dans un manuel intitulé 365Instruction de la lecture françoise et du fondement de larithmétique, qui semble actuellement perdu. Le livre, mentionné par Maurits Sabbe dans son étude sur Heyns parue en 1929, a été imprimé par Christophe Plantin à Anvers22. Sur le dernier feuillet apparaît une gravure sur bois montrant Daphné se changeant en laurier à lintérieur dun ovale entouré dun rébus, gravure reproduite dans létude de Sabbe. Heyns a sans doute dû apporter le bois en Allemagne, car on retrouve le même dessin dans une publication de 1588, parue à Francfort23. Il sagit cette fois dun manuel de conversation, contenant des exemples de dialogues sur les quatre saisons, présentés parallèlement en français et en allemand.

La gravure de Daphné est placée sur lune des dernières pages de cet ouvrage, à la fin du dialogue sur lhiver. Le rébus, réparti sur quatre petites vignettes entourant limage de la nymphe, commence en bas avec un rouleau à pâtisserie (wel), suivi dun tas de cheveux (haer), dune cuisse de poulet (dij), dune représentation de Dieu (God), dune vache (ver) et de deux fois deux mains pour représenter la foi (trouwen). Lus successivement, ces dessins font entendre « Wel haer dij God vertrouwen », la devise de Heyns, dont il utilisait également souvent la version française « bienheureux qui en Dieu se fie ». Lemploi dune devise personnelle était une pratique commune dans les milieux des rhétoriciens. Heyns signait par cette devise les œuvres écrites pour sa chambre de rhétorique aussi bien que ses manuels scolaires, soulignant grâce à cette devise-rébus le lien fort existant entre sa vie professionnelle et ses activités littéraires.

Ce lien a été renforcé quelques années plus tard quand Heyns sest installé à Haarlem et sest engagé dans la publication dune série de textes avec son fils Zacharias, qui était en train de sy établir en tant que libraire24. Le père et le fils ont coopéré avec limprimeur Gillis Rooman afin de lancer sur le marché hollandais certains textes écrits par Heyns pendant sa période anversoise. En 1595, ils ont ainsi publié Les Fables dÆsope, un recueil de sonnets français inspirés des fables ésopiques25. 366Il sagit de la traduction française dune série de poèmes en néerlandais écrits par le rhétoricien Eduard de Dene et accompagnés de gravures précédemment publiés à Bruges en 1567 sous le titre De VVarachtighe fabvlen der dieren26. Douze ans après la publication de ce recueil néerlandais, une version française, lEsbatement moral des animavx, parut anonymement chez Christophe Plantin à Anvers. Elle avait probablement été créée par Peeter Heyns et son collègue Steven van Walcourt27. Cest cette traduction qui, sans les gravures et sous le seul nom de Peeter Heyns, est réimprimée à Haarlem. Une telle édition avait probablement une fonction éducative puisque, en 1604, Anthoni Smyters, professeur de français comme Heyns et De Walcourt, la retransposa en néerlandais28. Cette deuxième version néerlandaise a pu être utilisée en combinaison avec Les Fables dÆsope pour des exercices de transposition29. Cest ainsi quun texte qui a pris naissance dans le milieu des rhétoriciens a également circulé dans les cercles éducatifs grâce à ses multiples traductions.

Mais outre les échanges linguistiques remarquables dont ce livre a fait lobjet, ce qui retient ici notre attention est la réapparition, sur sa page de titre, de la devise-rébus de Peeter Heyns, cette fois-ci dans une nouvelle gravure sur bois datée 159130. Quand cette gravure fut produite, Heyns vivait encore à Stade en Allemagne, et aucune publication de lui datant de cette période nest connue. On ignore donc à quelle occasion cette gravure fut commandée, et pourquoi Heyns na pas continué à utiliser la première. Dans tous les cas, il a jugé cette signature figurée suffisamment importante pour commander un nouveau bois. Le rébus ne se trouve dailleurs plus à la dernière page du livre, mais saffiche au fronton des Fables dÆsope. À gauche et à droite de limage, la devise de Heyns est imprimée en toutes lettres et en français : « Bien-heureux qui / en Dieu se fie31 ».

367

On retrouve encore une fois cette image dans une autre publication produite par Peeter et Zacharias Heyns à Haarlem. Entre 1595 et 1597, ils ont imprimé, avec laide de Rooman, un triptyque théâtral représentant les trois moments de la vie de la femme, celle de la jeune femme, celle de la mère, et celle de la veuve. Quand la dernière pièce fut imprimée en 1597, Rooman créa un frontispice pour lensemble, présentant les trois pièces comme Les Comedies et tragedies du Lavrier. Au verso de la page de titre apparaît le rébus, ainsi quun distique sur la devise de Heyns et un sonnet sur Daphné, tous deux en français32. Comme auparavant, le recueil théâtral, tout comme le rébus quil contient, atteste des relations entre chambres de rhétorique et milieux éducatifs dans les Pays-Bas du xvie siècle. Les trois pièces ont été écrites pour et jouées par les élèves de Heyns. Elles combinent des éléments du théâtre pédagogique humaniste, comme lemploi dun chœur et la division en cinq actes, avec des aspects du théâtre des rhétoriciens, notamment lemploi de personnages allégoriques33. La deuxième gravure contenant le rébus a été utilisée une dernière fois en 1599, un an après le décès de Heyns. Son gendre Jacques Claesz., qui enseignait alors dans une nouvelle école nommée le Laurier fondée à Haarlem, a fait imprimer une invitation annonçant la mise en scène dune des pièces de théâtre, illustrée de la gravure de Daphné et du rébus34.

Ainsi la devise-rébus de Heyns a servi indifféremment de signature tout au long de sa carrière de professeur et de rhétoricien. Pourtant les deux gravures produites sous sa surveillance sont légèrement différentes : dans la première, le rébus est réparti sur quatre cases, tandis que la seconde contient une seule bande continue. Or, cette forme tardive avait déjà été utilisée par Heyns plusieurs décennies plus tôt, et dans un contexte non scolaire. Dans lalbum amicorum du cartographe Abraham Ortelius, Heyns avait, sur lune des premières pages, dessiné une image de Daphné entourée dun cartouche ovale contenant ce même rébus35. Les ressemblances avec la gravure produite à Stade sont considérables. Il 368est, malheureusement, impossible de déterminer pourquoi cette seconde image ressemble beaucoup plus au dessin inséré dans lalbum anversois que la première, produite quand Heyns était encore à Anvers.

Le réseau de Heyns :
encore deux enseignants producteurs de rébus

Pendant sa période anversoise, Heyns a été en contact avec Gabriel Meurier, un autre maître décole qui utilisait lui aussi des rébus dans le cadre de ses productions pédagogiques. Ils étaient même amis jusquà ce que Meurier connaisse des problèmes financiers avec la guilde de Saint Ambroise en 1579, dont Heyns était, à ce moment-là, doyen36. Laffaire se termina par une querelle, au cours de laquelle Meurier traita Heyns et son vice-doyen de « grands ânes37 ». Meurier, qui avait été doyen de la guilde plusieurs fois, avait joui jusque-là dune grande estime parmi ses collègues. Originaire dAvennes, il avait fondé une école à Anvers et y enseignait le français, lespagnol et litalien. Il a publié un grand nombre de manuels scolaires38.

Lun de ces livres, la seconde édition de La Guirlande des ieunes filles, est dédié à Heyns et contient deux poèmes de ce dernier39. Cette édition est parue en 1580, quand la querelle entre les deux hommes venait datteindre son point culminant. La Guirlande est un manuel de conversation bilingue contenant des dialogues en français et en néerlandais que les élèves pouvaient employer pour pratiquer leur expression orale. Dans lun des dialogues, les filles jouent à des jeux de mots. Lune dentre elles, Claudine, demande à sa camarade Lucrèce : « Comment écririez-vous de deux lettres jay grand appetit ? » Lucrèce 369donne la réponse correcte : « Dun G grand et a petit » – Ga. Il sagit en effet du rébus français sans doute le plus célèbre de la période40. Il figure dans le Champfleury (1529) de Geoffroy Tory, source probable de La Guirlande sur ce point41. Meurier, en dépit de ses liens personnels avec Heyns, nétait sans doute pas un rhétoricien lui-même. Toutefois son emploi de ce rébus dans un livre scolaire au moment où lintérêt pour les rébus dans les chambres de rhétorique néerlandaises était en plein essor met en valeur la probable circulation en réseau de ces formes poétiques particulières.

Heyns fut également en contact avec le dernier maître décole à employer des rébus dans sa pratique pédagogique aux Pays-Bas. Wouter de Coster, lui aussi enseignant de français à Anvers, fut huit fois doyen de la guilde de Saint Ambroise et cest sans doute dans cette fonction quil a fait la connaissance de Heyns et probablement aussi de Meurier42. Il est remarquable que les trois hommes qui ont inventé un usage scolaire de rébus aient aussi été des maîtres décole renommés et liés par des relations interpersonnelles. De Coster a écrit un poème liminaire qui figure dans lédition de 1591 de la grammaire française de Heyns, le Cort onderwys, peut-être composé pour une édition antérieure43. Une autre preuve de leurs liens étroits est le fait que Heyns a contribué par plusieurs poèmes politiques à une chronique manuscrite établie par De Coster, alors que ce dernier était resté catholique quand Heyns entretenait déjà des convictions protestantes44.

Observons de plus près les spécificités du travail de De Coster. Le Rijksmuseum à Amsterdam possède une gravure sur bois intitulée 370« Gautier de Costere, a ses Escoliers, Felicite45 ». La feuille contient trois poèmes : un poème néerlandais en forme de rébus à lintérieur dun cartouche, suivi dun poème français et dun poème néerlandais en bas, écrits en toutes lettres, qui sont des traductions lun de lautre mais qui ne correspondent pas au poème-rébus, dont la solution nest donc pas donnée. Les écoliers auxquels De Coster a dédié cette feuille sont ainsi mis à lépreuve par leur maître. Le jeu assuré par la présence du rébus pourrait être lié au caractère ludique des poèmes, qui, tous les trois, traitent de la fête de Saint Thomas, une probable occasion de samuser pour les élèves. Dans les poèmes français et néerlandais en bas, De Coster conseille en tout cas à ses étudiants de bien profiter de cette fête mais de ne pas oublier dêtre diligents et obéissants.

Les deux poèmes développés en toutes lettres sont signés de la devise latine de De Coster, « rem tuam custodi », cest-à-dire « gardez bien ce qui est à vous ». Ils sont datés de 1564. Le cartouche du poème-rébus, signé par les initiales du maître décole, « WDC », porte toutefois la date de 1548. De Coster avait fondé son école en 1539, et il est possible quil ait fait faire cette gravure en 1548, la réutilisant encore seize ans plus tard. Si la date de 1548 est correcte, cela change la chronologie supposée jusquici du phénomène du poème-rébus en néerlandais. Il est communément accepté que les premiers exemples de cette forme ont été produits pour la compétition des chambres de rhétorique organisée en 1561, à laquelle Heyns a participé et pour laquelle il a produit de tels textes. Mais le poème de De Coster semble leur être antérieur de plus dune décennie. Le nom de De Coster ne figurant pas sur les listes conservées des membres des chambres, il semble donc que le poème-rébus néerlandais soit dabord apparu dans des milieux éducatifs avant de se développer comme une pratique des rhétoriciens. Il est néanmoins possible que De Coster ait été membre dune chambre. Il faut en outre remarquer encore une fois que les deux milieux sont étroitement unis : la chronique manuscrite de lenseignant De Coster correspond bien aux usages habituels des rhétoriciens. Lexistence du poème-rébus de De Coster à la date de 1548 ne permet donc pas de trancher définitivement la question de lorigine des poèmes-rébus dans la poésie néerlandaise du xvie siècle.

371

Le rébus que De Coster a produit, ou du moins signé, a pour solution approximative :

Sint Thomas wilt vieren, eerbaer scholieren net,

Uwen kennisse houdt ende geldt snel,

Speeld maetelijck, houdt lichte manieren met,

Vvt liefden leert altijd met herten ghestelt wel

« Célébrez la Saint Thomas, écoliers propres et honorables,

Gardez vos connaissances, et manifestez-les vite,

Jouez avec mesure, gardez des manières propres,

Apprenez toujours par amour, avec un cœur à bonne disposition. »

Dès son premier vers, le poème-rébus de De Coster sadresse explicitement aux écoliers. Il semble que lenseignant a fait imprimer ce poème-rébus pour en faire cadeau à ses étudiants pour la fête de Saint Thomas. Pour découvrir la signification des images, les élèves doivent combiner plusieurs aptitudes cognitives. Pour identifier la première image, celle de Saint Thomas, ils ont besoin de leurs connaissances iconographiques : la lance et lauréole dévoilent quil sagit de lapôtre. Limage suivante, celle du cerf, est plus difficile à déchiffrer : sa solution nest pas « hert » (cerf), mais « wilt » (gibier). Pour trouver ce mot, il faut combiner le sens du poème entier avec des connaissances lexicales et choisir une classe sémantique supérieure. Les femmes entourées denfants dans langle inférieur gauche demandent une interprétation allégorique et iconographique : elles représentent la notion abstraite de lamour. Les deux feux en haut de limage, en revanche, se traduisent littéralement par « vieren » (feux). Pour trouver la solution de la portée, représentant la note « ut », les écoliers doivent connaître la gamme musicale. En recombinant ces connaissances aux niveaux littéral, iconographique, allégorique, musical et zoologique, les étudiants sont amenés à élargir leur connaissance de leur langue maternelle tout en acquérant une certaine culture visuelle. Ces considérations mettent en lumière lintérêt de lusage dun tel rébus dans des contextes éducatifs comme ceux des écoles françaises et des chambres de rhétorique.

En effet, le texte contient déjà plusieurs éléments qui deviendront caractéristiques des poèmes-rébus des chambres de rhétorique. Il sagit dabord dun quatrain à rimes léonines simples croisées. Ses vers ne sont pas isosyllabiques, mais toniques, dans le style des rhétoriciens 372néerlandais. Les vers sont séparés les uns des autres à laide de signes typographiques, formés de deux barres obliques et souvent utilisés par les rhétoriciens ; ils figurent aussi dans le blason créé par Peeter Heyns pour les festivités de 1561, par exemple46. Ce dernier blason et le dessin de De Coster ont également en commun plusieurs images appelées à devenir récurrentes dans les rébus des rhétoriciens, telles que le cerf pour « wilt » et le canard pour « ende ». Le sens donné au dessin du cerf nest pas évident, et suggère bien quil a existé une connexion directe entre le rébus de De Coster et les cercles de rhétoriciens qui se sont emparés ensuite de cette image.

Vu le caractère a priori monolingue du rébus, une forme où le dessin appelle un son et un sens spécifiques à une langue, il est surprenant de constater que les emplois éducatifs de rébus par les enseignants de français Heyns, Meurier et De Coster sont tous les trois issus de contextes multilingues. Leurs trois rébus se trouvent à la croisée du français et du néerlandais, et dans un cas même à lintersection du français, du néerlandais et de lallemand. La gravure de De Coster est accompagnée de poèmes en français et en néerlandais, et lexemple français de « Ga » se trouve dans un manuel de conversation bilingue français-néerlandais. Les vignettes de Peeter Heyns, qui contiennent un rébus néerlandais, apparaissent dans quatre publications destinées à enseigner le français, dont un manuel de conversation bilingue français-allemand et un recueil de pièces de théâtre bilingues, contenant du français et du néerlandais. Les rébus étaient, apparemment, appréciés pour leur capacité de sensibiliser les élèves au fonctionnement du langage écrit, parlé et visuel, quelles que soient les langues utilisées.

La prise de conscience linguistique favorisée par le rébus a sans doute été un facteur important de son succès dans les cercles des chambres de rhétorique qui avaient en commun avec les écoles de français une volonté de former à la richesse de la parole leurs membres et leur public. Dans les cas de Heyns et de De Coster, il est plus que probable que leur connaissance des pratiques des rhétoriciens ont également stimulé leurs usages de rébus dans leurs activités professionnelles, et vice versa. Le cas de De Coster reste, néanmoins, énigmatique, soulevant des questions sur la chronologie du développement du poème-rébus néerlandais qui 373ne peuvent pas, pour linstant, être résolues. Le caractère complexe des Fables dÆsope et de la gravure de De Coster permet toutefois de conclure quont existé des liens incontestablement forts entre les chambres de rhétorique néerlandaises et des écoles de français et que leurs relations ont contribué à transformer la culture littéraire et visuelle de ces deux mondes.

Alisa van de Haar

Université de Leyde

374

Fig. 1 – P. Heyns, IIII. Dialogues pueriles, Francfort-sur-le-Main,
Paul Brachfeld, 1588, fol. E3v. Sächsische Landesbibliothek,
Staats- und Universitätsbibliothek Dresden, Ling.Gall.492,2.

375

Fig. 2 – Sommaire dela comoedie du sauvement de, s.l., 1599,
Noord-Hollands Archief, Haarlem, Jansstraat, Depot 43-003217 K.

376

Fig. 3 – W. de Coster, Gavtier de Costere, a ses Escoliers, Felicite, gravure sur bois, 1564, Rijksmuseum Amsterdam, RP-P-OB-31.344X.

1 Spelen van sinne waer inne alle oirboirlijcke ende eerlijcke handwercken ghepresen ende verhaelt worden, Anvers, Willem Silvius, 1562, fol. d8v-h3r, consultable sur GoogleBooks ; De Antwerpse spelen van 1561. Naar de editie Silvius (Antwerpen 1562), présentés par Ruud Ryckaert, Gand, KANTL, 2011, vol. 2, p. 1287-1350.

2 Spelen van sinne, fol. a4r.

3 Spelen van sinne, fol. d9r.

4 Spelen van zinne by den xix. Gheconfirmeirden Cameren van Rhetorijcken, Gand, Joos Lambrecht, 1539, fol. I2r, L1v, R3v, X3r, BB2v, HH2v, consultable sur GoogleBooks ; P. de Keyser, « Bijdrage tot de blazoenkunde van de rederijkerskamers », Jaarboek De Fonteine, 1946-1947, p. 35-67, ici p. 39.

5 A. Keersmaekers, « Rederijkers-rebusblazoenen in de zestiende-zeventiende eeuw », Wort und Bild in der niederländischen Kunst und Literatur des 16. und 17. Jahrhunderts, éd. H. Vekeman et J. M. Hofstede, Erftstadt, Lukassen, p. 217-219, ici p. 217 ; D. Coigneau, E. Cockx-Indestege, W. Waterschoot et M. De Schepper, Uyt Ionsten Versaemt : Het landjuweel van 1561 te Antwerpen, Bruxelles, Koninklijke Bibliotheek Albert I, 1994.

6 M. Van Vaeck, « De Schadt-Kiste Der Philosophen Ende Poeten (Mechelen 1621). Een blazoenfeest aan de vooravond van het einde van het Bestand », De Zeventiende Eeuw, 8/1, 1992, p. 75-80 ; C. Verhoeven, « Door Mars gespleten, door Retorica vergaard : Verbondenheid en verdeeldheid op het Mechelse blazoenfeest van 1620 », Vooys, 35/4, 2017, p. 44-58.

7 A. C. van Dixhoorn, Lustige geesten : Rederijkers in de Noordelijke Nederlanden (1480-1650), Amsterdam, Amsterdam University Press, 2009, p. 113-114 ; H. de Ridder-Symoens, « Rhetoricians as a Bridge Between Learned and Vernacular Culture », Understanding Art in Antwerp. Classicising the Popular, Popularising the Classic (1540–1580), éd. B. Ramakers, Louvain, Peeters, 2011, p. 197-205, ici p. 199.

8 B. Ramakers, « Voor stad en stadgenoten : Rederijkers, kamers en toneel in Haarlem in de tweede helft van de zestiende eeuw », Conformisten en rebellen. Rederijkerscultuur in de Nederlanden (1400-1650), éd. B. Ramakers, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2003, p. 109-124 ; A. C. van Dixhoorn, « Chambers of Rhetoric : Performative Culture and Literary Sociability in the Early Modern Northern Netherlands », The Reach of the Republic of Letters : Literary and Learned Societies in Late Medieval and Early Modern Europe, éd. A. C. van Dixhoorn et S. S. Sutch, Leyde et Boston, Brill, 2008, vol. 1, p. 119-158 ; A. C. van Dixhoorn, « Theatre Society in the Low Countries : Performative Culture and the Public Sphere in the Fifteenth and Sixteenth Centuries », Drama, Performance and Debate. The Role of Theatre and Theatricality in Public Opinion in the Early Modern Period, éd. J. Bloemendal, Leyde et Boston, Brill, 2013, p. 91-114.

9 A. C. van Dixhoorn et B. Roberts, « Edifying Youths : The Chambers of Rhetoric in Seventeenth-Century Holland », Paedagogica Historica, 39, 3, 2003, p. 326-339 ; A. C. van Dixhoorn, « Writing Poetry as Intellectual Training : Chambers of Rhetoric and the Development of Vernacular Intellectual Life in the Low Countries between 1480 and 1600 », Education and Learning in the Netherlands, 1400-1600 : Essays in Honour of Hilde de Ridder-Symoens, éd. K. Goudriaan, J. van Moolenbroek et A. Tervoort, Leyde et Boston, Brill, 2004, p. 201-222 ; Van Dixhoorn, Lustige geesten.

10 A. van de Haar, The Golden Mean of Languages : Forging Dutch and French in the Early Modern Low Countries (1540-1620), Leyde et Boston, Brill, 2019, 283-329.

11 Le fonctionnement poétique et visuel de ces textes, et leur tradition manuscrite puis imprimée, ont été étudiés par Adrian Armstrong : A. Armstrong, « Two More Rebus-Poems by Jean Molinet ? », Scriptorium, 51, 1, 1997, p. 76-80 ; id., « Jean Marots Rebus-Rondeau : Sense and Space », Le moyen français, 42, 1998, p. 19-27 ; id., « Reception and Interference : Reading Jean Molinets Rebus-Poems », Word & Image, 23, 3, 2007, p. 350-361.

12 J. Singer, « Parts and (W)holes : Confronting the Human in Molinets Graphic games », Neophilologus, 96, 4, 2012, p. 509-521.

13 Le poème donne, à titre dexemple, « quant pr, samour, is », dont la solution est « quant samour entrepris ». Armstrong, « Jean Marots Rebus-Rondeau », p. 20-22. Voir G. Gros, Le poète marial et lart graphique : étude sur les jeux de lettres dans les poèmes pieux du Moyen Âge, Orléans, Paradigme, 1993, p. 100 ; F. Bouchet, Le discours sur la lecture en France aux xive et xve siècles : pratiques, poétique, imaginaire, Paris, Champion, 2008, p. 305.

14 J. Brantley, « “In Things” : The Rebus in Premodern Devotion », Journal of Medieval and Early Modern Studies, 45, 2, 2015, p. 287-321.

15 A.-L. Van Bruaene, Om beters wille : Rederijkerskamers en de stedelijke cultuur in de Zuidelijke Nederlanden (1400-1650), Amsterdam, Amsterdam University Press, 2004, p. 27-51 ; Van Dixhoorn, « Chambers of Rhetoric », p. 123-124 ; K. Lavéant, Un théâtre des frontières : la culture dramatique dans les provinces du Nord aux xve et xvie siècles, Orléans, Paradigme, 2011, p. 79-81.

16 A. van de Haar, « Liefde voor lezen : Franse literatuur op scholen in de vroegmoderne Nederlanden », Literaire bruggenbouwers tussen Nederland en Frankrijk : Receptie, vertaling en cultuuroverdracht sinds de middeleeuwen, éd. M. Koffeman, A. Montoya et M. Smeets, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2017, p. 143-161.

17 Van de Haar, « Liefde voor lezen », p. 147, 153.

18 H. Meeus, « Peeter Heyns, a “French schoolmaster” », Grammaire et enseignement du français, 1500-1700, éd. J. De Clercq, N. Lioce et P. Swiggers, Leuven, Peeters, 2000, p. 301-316, ici p. 302.

19 Meeus, « Peeter Heyns », p. 303, 308-309.

20 Meeus, « Peeter Heyns », p. 306 ; H. Meeus, « De Spieghel der Werelt als spiegel van Peeter Heyns », Ortelius Spieghel der Werelt. Een facsimile voor Francine de Nave, éd. E. Cockx-Indestege et N. Moermans, Anvers, Vereniging van Antwerpse Bibliofielen, 2009, p. 30-47, ici p. 40-41.

21 A. van de Haar, « Beyond Nostalgia : The Exile Publications of the Antwerp Schoolmaster Peeter Heyns (1537-1598) », De Zeventiende Eeuw, 31, 2, 2015, p. 327-343.

22 M. Sabbe, Peeter Heyns en de Nimfen uit den Lauwerboom : Bijdrage tot de geschiedenis van het schoolwezen in de 16e eeuw, Anvers, Martinus Nijhoff, 1929, p. 19.

23 [Figure 1] en fin darticle ; P. Heyns, IIII. Dialogues pueriles, Francfort-sur-le-Main, Paul Brachfeld, 1588, fol. E3v.

24 Van de Haar, « Beyond Nostalgia ».

25 P. Heyns, Les Fables dÆsope, et davtres, en rithme Françoise, Haarlem, Gillis Rooman, 1595. Le seul exemplaire actuellement connu de ce texte est conservé à la bibliothèque nationale de Russie, à Saint-Pétersbourg.

26 E. de Dene, De VVarachtighe fabulen der dieren, Bruges, Pieter de Clerck pour Marcus Gheeraerts, 1567, consultable sur GoogleBooks.

27 Esbatement moral, des animavx, Anvers, Christophe Plantin, 1578, consultable sur Gallica. Sur les auteurs probables de ce texte, voir P. J. Smith, Het schouwtoneel der dieren : Embleemfabels in de Nederlanden (1567-ca. 1670), Hilversum, Verloren, 2006, p. 27-32 ; P. J. Smith, Dispositio : Problematic Ordering in French Renaissance Literature, Leyde et Boston, Brill, 2007, p. 154-158.

28 A. Smyters, Esopvs Fabelen, Rotterdam, Jan II van Waesberghe, 1604.

29 Smith, Het schouwtoneel der dieren, p. 38-39.

30 [Figure 2] en fin darticle.

31 Heyns, Les Fables dÆsope, fol. A1r.

32 P. Heyns, Les Comedies et tragedies dv Lavrier, Haarlem, Gillis Rooman, 1597, fol. 1v, consultable sur Gallica.

33 A. van de Haar, « Both One and the Other : The Educational Value of Personification in the Female Humanist Theatre of Peeter Heyns (1537-1598) », Personification : Embodying Meaning and Emotion, éd. W. S. Melion et B. Ramakers, Leyde et Boston, Brill, 2016, p. 256-283.

34 Voir figure 2 ; Sommaire de la comoedie du savvement de Moyse, s.l., 1599, Noord-Hollands Archief, Haarlem, Jansstraat, Depot 43-003217 K.

35 Album Amicorum of Abraham Ortelius, Cambridge, Pembroke College, MS LC.2.113, fol. 5r, consultable sur le site web de Pembroke College Library.

36 J. De Clercq, « Gabriel Meurier, een xvie-eeuws pedagoog en grammaticus in Antwerpen », Meesterwerk, 10, 1997, p. 29-46, ici p. 29-30.

37 « Groote esels », « Memorie van tghene dat ghehandelt is opt faict vander Scholen binnen Antwerpen inden jare 1579, door Peeter Heyns ende Aernout Gielis, als dekens van dien jare », Vaderlandsch museum voor Nederduitsche letterkunde, oudheid en geschiedenis, éd. C. P. Serrure, Gand, H. Hoste, 1859-1860, vol. 3, p. 325-377, ici p. 356-357.

38 De Clercq, « Gabriel Meurier ».

39 G. Meurier, La Guirlande des ieunes filles, en François et Flamen, Anvers, Jan I van Waesberghe, 1580, fol. 70v, consultable sur GoogleBooks.

40 Meurier, La Guirlande des ievnes filles, fol. 43r.

41 G. Tory, Champfleury, Paris, Geoffroy Tory, 1529, fol. 42r, consultable sur Gallica.

42 H. L. V. de Groote, « De zestiende-eeuwse Antwerpse schoolmeesters », Bijdragen tot de geschiedenis, inzonderheid van het oud Hertogdom Brabant, 50, 1967, p. 179-319, ici p. 245.

43 P. Heyns, Cort onderwys van de acht deelen der Françoischer talen, tot voorderinghe ende profijt der Duytscher ioncheyt, Delft, Bruyn Harmansz. Schinckel, 1591, 3. Cette édition du Cort onderwys était inconnue jusquici. Un seul exemplaire a récemment été trouvé dans la collection de la Forschungsbibliothek Gotha par lauteur de cet article : A. van de Haar, « Een Plantijnse grammatica herontdekt : Een onbekende editie van Peeter Heyns Cort onderwys (1591) komt aan het licht », De Gulden Passer, 98, 1, 2020, 225-238.

44 [Figure 3] en fin darticle ; Anvers, Erfgoedbibliotheek Hendrik Conscience B11285 [C2-520C]. Voir A. C. van Dixhoorn, « Theatre Society in the Low Countries : Performative Culture and the Public Sphere in the Fifteenth and Sixteenth Centuries », Drama, Performance and Debate : The Role of Theatre and Theatricality in Public Opinion in the Early Modern Period, éd J. Bloemendal, Leyde et Boston, Brill, p. 81-114, ici p. 102 n. 79.

45 W. de Coster, Gavtier de Costere, a ses Escoliers, Felicite, gravure sur bois, 1564, Rijksmuseum Amsterdam, RP-P-OB-31.344X.

46 Spelen van sinne, fol. d9r.