The kidnapping of John of Enghien, bishop of Liege
- Publication type: Journal article
- Journal: Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
2020 – 1, n° 39. varia - Author: Marchandisse (Alain)
- Abstract: The bishop of Liège Jean d’Enghien was kidnapped by his predecessor, Henri de Gueldre, who had been reduced to a secular status. This dramatic event caused his rapid death (August 24, 1281). It may rightly be considered that Henri criminally acted to avenge his ousting of the Liège episcopal see, in which he saw the result of a cabal combined by the murdered bishop and Pope Gregory X, a former archdeacon of the Liège diocese.
- Pages: 43 to 55
- Journal: Journal of Medieval and Humanistic Studies
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN: 9782406107422
- ISBN: 978-2-406-10742-2
- ISSN: 2273-0893
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10742-2.p.0043
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 07-14-2020
- Periodicity: Biannual
- Language: French
- Keyword: Henri of Guelders, pope Gregory X, Teobaldo Visconti, thirteenth century, religious politics
LE RAPT DE L’ÉVÊQUE DE LIÈGE
Jean d’Enghien (1281)
Il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin pour trouver des cas de chefs d’État du Moyen Âge ayant connu les affres d’un enlèvement. Deux princes-évêques de Liège successifs subirent ce sort dans le courant de la seconde moitié du xiiie siècle. « […] la mode risquait de s’en répandre dans le diocèse », a-t-on pu écrire avec une pointe d’humour1. Le kidnapping de l’un d’eux, Jean de Flandre-Dampierre, des œuvres d’Isabelle de Luxembourg, comtesse de Namur, épouse du comte de Flandre Gui de Dampierre et donc belle-mère du prélat, a été bien étudié par l’historien Jean Lejeune2. C’est le second, antérieur à celui dont il vient d’être question, sans doute tout aussi politique que lui, que je me propose d’évoquer ici, en l’occurrence celui de l’évêque Jean d’Enghien, prédécesseur de Jean de Flandre, par Henri de Gueldre, ancien évêque de Liège, réduit entre-temps à l’état laïque. Mon propos se répandra sur trois parties. Dans un premier temps, j’exposerai les faits, qui ne sont pas sans présenter quelque truculence. Je tenterai ensuite d’établir les raisons du crime, en tout cas d’émettre quelques hypothèses à leur égard. Entre-temps, sans vouloir véritablement tenter une réhabilitation du kidnappeur, processus qui verserait rapidement dans une sorte d’anachronisme qui est, pour le coup, le phénomène que j’entends stigmatiser ici, je montrerai qu’il y a tout de même une différence considérable entre le sort réservé à ce personnage haut en couleur à son époque et l’image qui en a été donnée ultérieurement, entre un dirigeant politique du monde médiéval, avec ses spécificités, et le mouton noir de la fonction épiscopale liégeoise décrit par l’historiographie contemporaine.
44Commençons tout d’abord par les événements.
Jean d’Enghien subit une agonie à la mesure du piètre règne qu’il avait incarné. Alors qu’il avait gagné Hougaerde3, chichement armé et entouré, afin de négocier avec son prédécesseur, le prélat déchu Henri de Gueldre, également présent, à propos de l’éventuel versement à ce dernier d’une assez importante somme d’argent utilisée alors qu’il était à la tête de l’Église de Liège et qu’Enghien refusait de lui rembourser, ce dernier, qui logeait dans une demeure entourée d’eau appelée Le Brul, dans laquelle il se croyait en sécurité, fut kidnappé durant la nuit par les sbires du Gueldrois. Bringuebalé par une rosse, solidement attaché sur une selle des plus inconfortables et proche de l’asphyxie, le corpulent évêque ne résista pas à une telle expédition. Les ravisseurs se débarrassèrent du prélat, agonisant et à demi-nu, sur le pas de la porte de l’abbaye d’Heylissem. Il rendit l’âme le lendemain, le 24 août 1281, son calvaire ayant été peut-être quelque peu allégé par les soins qu’une femme lui aurait alors prodigués.
La mort du prélat liégeois est rapportée par un assez grand nombre de sources narratives. Les Annales Sancti Jacobi Leodiensis4, dont le témoignage est contemporain des faits, se bornent à mentionner le fait que Jean d’Enghien est décédé de mort violente (occiditur). D’autres se montrent un peu plus disertes, les Annales Blandinienses5, par exemple, qui présentent la même qualité que les précédentes, et déclarent qu’Henri de Gueldre, qui avait voulu s’emparer de son prédécesseur et l’avait mal traité, eum extinxit et que sa victime suffocatur, ou encore les Annales des abbayes de Floreffe et de Parc6, respectivement originales depuis 1139 et 1146. Il en va de même pour les chroniques de Baudouin de Ninove et de Jean de Thilrode, probablement rédigées à la fin du xiiie siècle7. 45Reste que, si l’on excepte le Myreur des Histors de Jean d’Outremeuse8, où les événements sont, même si c’est sensiblement moins qu’à son habitude, amplifiés et enjolivés par l’auteur, c’est au chroniqueur Jean de Hocsem9 – et aussi, accessoirement, à ladite Chronique de 140210, au sein de laquelle la femme qui adoucit les derniers moments du prélat liégeois, adhuc palpitans, parva tunica alba usque ad genu, prélat dont la tête reclinavit in birro suo, se transforme en courtisane11, et où le comte de Looz Arnould v devient le compagnon de forfaiture du Gueldrois –, que l’on doit l’essentiel de ce que je racontais il y a quelques lignes12. Si l’éditeur du Chronicon de Hocsem, Godefroid Kurth, souligne, pour l’épisode ici évoqué, que la précision de ses souvenirs tient au fait qu’il naquit dans la paroisse d’Hougaerde où les protagonistes se rencontrèrent, il convient tout de même de se rappeler que le chroniqueur, dont les dates sont 1279-1348, présent à Liège dès 1313, rédige sa chronique, qui prend en considération la période située entre 1247 et 1348, entre 1334 et 1348, c’est-à-dire plus de cinquante ans après le faits. Il est vrai, cependant, que, pour la période 1247-1313, outre les Annales Sancti Jacobi Leodiensis, Hocsem a eu recours à une chronique hutoise, originale pour une large partie, aujourd’hui perdue. Il en va de même de la Chronique de 1402, dont, cependant, l’auteur vécut deuxième milieu xive-début xve siècle et qui n’est cependant originale qu’à partir de 1374.
Quelles ont bien pu être les raisons de ce kidnapping épiscopal ? Peut-être sur ce point, avancés par Jean d’Outremeuse, les propos adressés par Henri de Gueldre à Jean d’Enghien correspondent-ils le mieux à la réalité. En l’espèce, l’assassin reprocha à sa victime de lui avoir ravi son siège épiscopal.
46Il importe donc de revenir sur les circonstances qui ont conduit au remplacement d’Henri de Gueldre par Jean d’Enghien. À dire vrai, tout comme pour le second, la fin du règne du premier sera à l’image de son parcours épiscopal, c’est-à-dire hors du commun. Le 3 juillet 127413, lors du concile de Lyon II, il fut en effet « invité » à abdiquer par le pape Grégoire x (1271-1276)14. Convoqué personnellement au concile15, il préféra remettre son anneau au pape plutôt que de subir l’humiliation de la déposition. Le 28 juillet 1274, Grégoire promut alors l’évêque de Tournai Jean d’Enghien au siège de saint Lambert16.
47Il n’est guère besoin de s’y étendre : Henri de Gueldre avait des raisons d’être furieux, et ce d’autant que, sur le plan politique, ce changement d’évêque ne semblait pas s’imposer. Jean d’Enghien appartenait à une famille apparentée et dévouée au lignage comtal hennuyer d’Avesnes : son grand-père, Englebert iv d’Enghien, avait peut-être épousé une Avesnes17 ; sa mère, Alice de Zottegem, était la cousine de Jean ier d’Avesnes18 ; et toute sa vie, Siger ier d’Enghien, son père, apporta une aide substantielle aux Avesnes, au détriment de la famille concurrente de Dampierre19. L’on peut dès lors penser à bon droit qu’en le désignant, Grégoire x ait voulu favoriser un parti germano-hennuyer, en l’occurrence le roi des Romains Rodolphe de Habsbourg, reconnu par le pontife romain20, et soutien des Avesnes21, au détriment d’une alliance formée du roi de France Philippe iii22, évincé du trône impérial, et de la famille de Dampierre, qui menait une active politique expansionniste aux frontières de la principauté de Liège23. Cependant, dans une telle perspective politique, Henri de Gueldre ne s’intégrait après tout pas si mal. Vaguement apparenté aux Avesnes24, Henri avait fait montre, au début de son règne, de 48sentiments favorables à cette famille25. Son désir de porter secours à Jean d’Avesnes, son principal vassal, dans sa lutte contre les Dampierre et leurs alliés, provoqua d’ailleurs la première rupture entre l’élu de Liège et Henri de Dinant, l’un des meneurs de la Cité de Liège26. Par ailleurs, il semble qu’Henri de Gueldre ait été, immédiatement après l’élection de Rodolphe de Habsbourg, le 2 avril 1272, un membre assidu de la cour royale. Il assista au couronnement du roi des Romains, souscrivit plusieurs de ses diplômes27, et accorda même de larges faveurs à André de Rode, l’un des protégés du roi, ce pour quoi il fut d’ailleurs chaleureusement remercié par ce dernier28. Ainsi donc, dans un schéma de pensée politique favorisant Rodolphe de Habsbourg et les Avesnes, Henri de Gueldre s’inscrivait somme toute assez bien. Pour que le pape décidât de le supprimer politiquement et de le remplacer par un autre partisan, et des Avesnes, et du roi des Romains, il lui fallait d’autres raisons, cette fois plus personnelles, en l’occurrence une rancune tenace, consécutive à de graves démêlés politico-religieux entre deux politiques jaloux de leur pouvoir, le prélat liégeois et celui qui, avant de devenir Grégoire x, s’appelait Thibaut/Tebaldo Visconti de Plaisance et était l’un des plus importants dignitaires de l’Église de Liège29.
49Dès 1250, le légat pontifical Pierre de Collemezzo, cardinal-évêque d’Albano, se voyait obligé d’arbitrer un conflit de juridiction entre Henri de Gueldre et Thibaut Visconti, qui estimait être lésé dans ses attributions et ses droits d’archidiacre30. Par la suite, les rapports entre les deux hommes s’envenimèrent considérablement, à un point tel que qu’Henri de Gueldre trouve bon d’assener un coup de poing magistral à celui qui était alors son subordonné31. Devenu pape, Grégoire x révoquera encore, le 27 novembre 1272, l’autorisation concédée par Henri à ses créanciers, les dynastes voisins, de se rembourser en saisissant les biens des marchands32. Il s’agissait d’une pratique assez courante mais contraire à la toute récente paix de Huy de 127133, une entorse à la loi que Grégoire x s’empressa de réprimer.
À cette succession de conflits entre le pape et l’évêque, à l’origine de la déposition de ce dernier, d’aucuns, des chroniqueurs médiévaux aux représentants de l’historiographie moderne et contemporaine34, n’ont pas manqué d’argumenter à foison sur la véritable tare que représentait 50Henri de Gueldre en incarnant la luxure et la prostitution de l’épiscopat. Et pourtant. Les condamnations unanimes portées à son encontre trouvent leur origine principale, pour ne pas dire exclusive, dans un acte rapporté par la chronique de Jean de Hocsem et par le Myreur de Jean d’Outremeuse, acte qui, sans ces sources narratives interpolées de documents diplomatiques, nous serait tout à fait inconnu35. Il s’agit d’une bulle rédigée à Rome et datée du 28 janvier 1273. D’original, il n’y a point ; de copie authentique non plus, puisque le document n’a pas été consigné dans les registres de Grégoire x. Celui-ci ne craint pas de faire passer ses propos pour un ramassis de ragots, commence par y opposer aux qualités que se doit de posséder un prélat évangélique, les turpitudes de l’évêque de Liège, infamies dont il dresse le catalogue avec faconde et complaisance. Henri est accusé de dilapider les biens de son Église, de se moquer des collations de bénéfices faites par Rome, de pactiser avec la racaille, de vivre dans un luxe répugnant, dans l’ignorance et dans un mépris total des exigences du culte. Pourtant, ces reproches gravissimes, ramassés pêle-mêle en un salmigondis verbeux, ne sont manifestement que broutille aux yeux de Grégoire x. C’est à la lubricité du prélat que s’adresse la principale admonestation du pape. Débauche, procréations tous azimuts, népotisme envers ses bâtards, proxénétisme, viol de religieuses, aucun débordement sexuel n’est épargné à un Henri de Gueldre qui, au dire de Grégoire x, est une abjection absolue. De tels propos, des accusations aussi précises, qui vont jusqu’à inventorier les conquêtes féminines du prélat liégeois, étonnent et détonnent. Force est de reconnaître que l’acte est tellement excessif dans les idées, si outrancier dans le ton et le vocabulaire, combien hors normes sur le plan de la diplomatique pontificale, de son style, de son formulaire, que l’on a du mal à le tenir pour un document vrai. Sachant, de plus, qu’il est supposé avoir été rédigé à Rome, le 28 janvier 1273, date à laquelle Grégoire x n’est pas à Rome, mais réside à Orvieto, depuis le 26 juin 1272 et jusqu’au 2 mars 127336, il est difficile de ne 51pas tenir cette bulle pour, à tout le moins, suspecte. Et ce d’autant plus que pas mal d’éléments positifs peuvent être portés au crédit d’Henri de Gueldre. Ainsi, curieusement, l’unanimité des chroniqueurs dans l’opprobre dont ils le couvrent lorsqu’il est question de ses rapports avec Grégoire x, nous la retrouvons également, dans une certaine mesure, lorsqu’ils dressent un bilan du règne du prélat, mais cette fois dans un sens positif. Hocsem signale que « per probos tamen et literatos viros spiritualia gubernabat et patriam ab hostibus viriliter defendebat37 », et les propos tenus par la Chronique de 1402 sont également très laudatifs : « Henricus noster episcopus […], sed quamvis multas insolencias fecisset, tamen bene liberavit et tenuit patriam a marchisis suis vicinis, nec aliquis ipsorum suis temporibus violenter apposuit pedem, nisi forte dux Brabantie, cui ipsemet dedit facultatem ratione guerre inter ipsum et bonas villas mote38 ». De fait, cet homme à la descendance illégitime39, comme tout un chacun ou presque, à l’époque, fut peu enclin à recevoir les ordres majeurs et la consécration40, mais pas moins, semble-t-il, que Grégoire x, qui n’était pas prêtre lorsqu’il fut élu pape41, et autorisa un racket auprès de ses sujets42. Mais il a aussi lutté avec acharnement pour stabiliser le régime politique qu’il incarnait43, est parvenu, non sans mal, à maintenir ses voisins en dehors de ses frontières, à exercer son influence sur nombre de principautés étrangères, à l’époque où il détenait la tutelle des enfants mineurs de feu le duc Henri iii de Brabant44, voire à étendre ses États. 52Il eut encore à cœur d’instaurer la Fête-Dieu45 et, enfin, conscient de ses faiblesses intellectuelles, appela à ses côtés des personnalités de grande envergure46, des gradués dont la valeur fut unanimement reconnue par les plus hautes instances politiques et religieuses. L’on ajoutera que cet homme, certes en simple laïc et sous le nom d’Henri de Montfort, décédé en 1285 selon toute vraisemblance47, après avoir été enterré une première fois dans la forêt de Montfort et une fois son excommunication levée48, sera inhumé à côté du tombeau de ses parents, Gérard iii ou iv de Gueldre et Marguerite de Brabant, à la Onze Lieve Vrouwe Munsterkerk de Ruremonde49, en terre consacrée donc, une sépulture parentale dans l’élaboration de laquelle Henri pourrait s’être impliqué50. L’on ne manquera pas également de prendre en considération le fait que les chapitres cathédral et collégial de Saint-Lambert et Sainte-Croix de Liège n’hésitèrent pas à consigner la commémoration du décès de l’ancien évêque de Liège dans leurs livres des morts respectifs51, le premier au 532 novembre, dans la couche intermédiaire de l’obituaire, probablement contemporaine du décès d’Henri, le second au 7 novembre, comme Henri de Montfort, jadis évêque de Liège. Curieusement, à la différence du Gueldrois, c’est Jean d’Enghien qui, post mortem, connut des difficultés avec l’Église. Ses restes finiront par gagner la cathédrale, lieu de repos habituel des prélats liégeois, mais après ce qui apparaît comme un véritable purgatoire. En effet, à sa mort, les chanoines de la cathédrale refusèrent d’accueillir celui qui n’avait eu de cesse de restreindre les libertés ecclésiastiques, ce pourquoi, à plusieurs reprises, ils avaient été forcés de suspendre le service divin. Jean d’Enghien se verra relégué à l’église Notre-Dame-aux-Fonts, église d’importance, certes, puisqu’il s’agit de la paroissiale primitive de Liège, construite au pied de la cathédrale, dont le titulaire détenait l’autorité archidiaconale dans la cité, mais une église tout de même inférieure à la cathédrale aux yeux des tréfonciers52. En 1303, vingt ans après la mort de Jean d’Enghien, l’évêque Adolphe de Waldeck exigea que les cendres de son prédécesseur l’accompagnent à Saint-Lambert, devant le grand autel du chœur oriental, ce qui fut fait53.
Reste évidemment l’enlèvement et l’assassinat de Jean d’Enghien, qui en est la résultante, des actes dans lesquels Henri a trempé, directement ou par personnes interposées, des faits qui n’autorisent pas une réhabilitation du personnage, réhabilitation qui, de toute façon, n’a pas lieu d’être puisqu’elle procèderait de la volonté de transformer un évêque médiéval, avec toutes ses spécificités, en un parfait homme d’Église contemporain, s’il en est. Quel est le moteur de ces crimes ? La 54vengeance, certes, à la suite des événements de 1274 et pour avoir été privé de son siège épiscopal, mais pourquoi avoir porté cette vengeance aussi loin, pourquoi avoir fomenté le rapt de son successeur, kidnapping qui se transforma en homicide politique ? Car, après tout, par Jean d’Enghien ou par un autre, il était dans l’ordre des choses que le trône épiscopal liégeois, vacant, soit pourvu un jour ou l’autre ? Pourquoi tant de haine envers Enghien ? Sans en avoir une preuve absolue, mais par le biais d’un faisceau d’indices, il me semble que c’est dans une très possible collusion entre Enghien et l’ennemi juré du Gueldrois, le pape Grégoire x, qu’il faille en trouver les raisons. Que sait-on ? Tout d’abord que Jean d’Enghien et Thibaut Visconti ont tous les deux étudié la théologie à Paris, le premier avant 126754, le second, de 1248 à 1252. L’on doit bien constater, par ailleurs, que les deux personnages ont dû se rencontrer en terre hennuyère. Jean d’Enghien, fils cadet de Siger ier d’Enghien et d’Alice de Zottegem, appartenait, on l’a dit, à une importante famille hennuyère, étroitement attachée aux Avesnes. Or, Thibaut Visconti sera archidiacre de Hainaut dans l’Église de Liège, de 1246 à 1271, et, à ce titre, amené à fréquenter la terre de son archidiaconé, et donc une portion du comté du même nom, même si l’essentiel de celui-ci, relevait, religieusement parlant, de l’évêché de Cambrai. Enfin, à propos de Jean d’Enghien, l’on mettra en exergue le fait que, avant d’être transféré à Liège, il fut évêque de Tournai à partir de 126755, et que, dès cette époque, Grégoire x prit deux décisions en sa faveur : la possibilité de se réserver, au profit de l’un de ses clercs, la collation de la première prébende cathédrale vacante et de concéder à deux autres clercs des canonicats dans les collégiales diocésaines56. Qu’une prédilection, de circonstances ou plus réelle, entre l’amorphe Jean d’Enghien57, aussi docile et malléable qu’Henri de Gueldre était bouillant et incontrôlable, et le très intransigeant nouveau souverain pontife ait pu naître, semble tout à fait plausible, prédilection d’ailleurs concrétisée par un pallium offert par le pontife romain à l’évêque de Liège, qui apparaissait encore, en 1718, dans le trésor de la cathédrale 55Saint-Lambert de Liège, et qui fut présenté cette année-là à Martène et Durand lors d’un de leurs célèbres voyages58.
Concluons d’un mot. Henri de Gueldre s’est trouvé privé du siège épiscopal liégeois au profit de Jean d’Enghien, probablement davantage en raison d’un antagonisme profond entre Thibaut Visconti, ancien archidiacre dans l’Église de Liège, devenu pape sous le nom de Grégoire x, et le prélat liégeois, qu’à un redéploiement des pions sur l’échiquier politique européen. Selon les sources, c’est de cet évincement du trône de Saint-Lambert par le Hennuyer que le Gueldrois, réduit à l’état laïque, se vengera en perpétrant sur Enghien un kidnapping conclu par la mort de ce dernier, décès sans doute moins intentionnel que provoqué par les circonstances de l’enlèvement. Que, dans ce cadre, il en ait voulu, individuellement, à ceux qui avaient scellé son destin, les pape et évêque de Liège nouvellement élu et désigné, rien de plus compréhensible. Mais, après tout, une fois privé de son anneau par un Grégoire x qu’il lui était désormais impossible d’atteindre, la vie politico-religieuse liégeoise devait bien se poursuivre et un nouveau prélat, quel qu’il soit, ne pouvait manquer d’être désigné. L’on peut dès lors penser que, au-delà de son animosité envers chacun d’eux en particulier, c’est une possible collusion entre le nouveau prélat liégeois d’origine hennuyère et l’ancien archidiacre de Hainaut devenu pape qui porta la colère du Gueldrois à son paroxysme et le mena à des dérives qui débouchèrent sur un crime politique.
Alain Marchandisse
Fonds de la Recherche scientifique–FNRS
Université de Liège
Transitions. U.R. sur le Moyen Âge & la première Modernité
1 J. Lejeune, « L’enlèvement de Jean de Flandre, évêque de Liège. Ou comment on écrit l’histoire et comment un droit se constitue », Anciens Pays et Assemblées d’États, 3, 1952, p. 69-89, ici p. 71.
2 Voir n. 1.
3 Hougaerde/Hoogaarden : Belgique, prov. Brabant flamand, arr. Louvain, comm. Hoogaarden.
4 Annales Sancti Jacobi Leodiensis minores, éd. J. Alexandre, Liège, Grandmont-Donders, 1874, p. 23 – l’auteur des faits n’est pas précisé.
5 Annales Blandinienses, éd. P. Grierson, Les Annales de Saint-Pierre de Gand et de Saint-Amand, Bruxelles, Palais des Académies, 1937, p. 1-73, ici p. 65-66 – évoquent une intervention personnelle d’Henri de Gueldre dans le rapt.
6 Annales Floreffienses, éd. L. Bethmann, Monumenta Germaniae Historica (= M.G.H.), Scriptores (= SS.), vol. 16, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1859, p. 618-631, ici p. 628 ; Annales Parchenses, éd. G. H. Pertz, M.G.H., SS., vol. 16, p. 598-608, ici p. 608.
7 Baudouin de Ninove, Chronicon, éd. O. Holder-Egger, M.G.H., SS., vol. 25, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1880, p. 515-546, ici p. 545 ; Jean de Thilrode, Chronicon S. Bavonis, éd. J. Heller, M.G.H., SS., vol. 25, p. 557-584, ici p. 561.
8 Jean d’Outremeuse, Ly Myreur des histors, éd. A. Borgnet, vol. 5, Bruxelles, F. Hayez, 1867, p. 424-426.
9 Jean de Hocsem, Chronicon, éd. G. Kurth, Bruxelles, Kiessling-Imbreghts, 1927, p. 64-65.
10 La Chronique liégeoise de 1402, éd. E. Bacha, Bruxelles, Kiessling-Imbreghts, 1900, p. 221-223.
11 Pour Baudouin de Ninove, Chronicon, p. 545, les mulieres sont trois.
12 Mentionnons encore la Chronique liégeoise de Tongerloo, éd. S. Balau, Chroniques liégeoises, vol. 1, Bruxelles, Kiessling-Imbreghts, 1913, p. 28-66, ici p. 36-37 (compilation du xve siècle s’étendant jusqu’en 1343, intéressante pour les années 1247-1313) et surtout, bien que très tardive par rapport aux faits, Guillaume de Berchen, De nobili principatu Gelrie et eius origine, éd. L. A. J. W. Sloet Van Den Beele, La Haye, Nijhoff, 1870, p. 76-77.
13 La date est donnée par A. Franchi, Il Concilio II di Lione (1274) secundo la Ordinatio Concilii generalis Lugdunensis, Rome, Edizioni Francescane, 1965, p. 84, 111.
14 Les principales sources sont : 1402, p. 214-216 ; Jean de Hocsem, Chronicon, p. 58 ; Gesta abbatum Trudonensium, éd. C. de Borman, vol. 2, Liège, Grandmont-Donders, 1877, p. 215 ; Annales Blandinienses, p. 60, 62-63, 65, 66 ; Annales Sancti Jacobi Leodiensis minores, p. 23 ; Levold de Northof, Chronica comitum de Marka, éd. F. Zschaeck, 2e éd., M.G.H., Scriptores Rerum Germanicarum, Nova Series, vol. 6, Berlin, Weidmannsche Verlagsbuchhandlung, 1955, p. 42 ; Mathias de Lewis, Chronicon, éd. S. Bormans, Liège, Grandmont-Donders, 1865, p. 77-79 ; Corneille de Zantfliet, Chronicon, éd. E. Martène et U. Durand, Amplissima Collectio, vol. 5, Paris, Montalant, 1729, col. 67-504, ici col. 113-114 ; Jean d’Outremeuse, Myreur, vol. 5, p. 397-400 ; Annales Laubienses, éd. G. H. Pertz, M.G.H., SS., vol. 4, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1841, p. 8-28, ici p. 27 ; Annales Fossenses, éd. G. H. Pertz, M.G.H., SS., vol. 4, p. 30-35, ici p. 33 ; Annales Floreffienses, p. 628 ; Jean de Thilrode, Chronicon S. Bavonis, p. 561, 573 ; Baudouin de Ninove, Chronicon, p. 545 ; Baudouin d’Avesnes, Chronique, éd. J. Heller, M.G.H., SS., vol. 25, p. 414-467, ici p. 431. Sur la fin du règne d’Henri de Gueldre et sur son successeur, Jean d’Enghien, voir A. Marchandisse, La fonction épiscopale à Liège aux xiiie et xive siècles. Étude de politologie historique, Genève, Droz, 1998, p. 150-155 ; J. Closon, « Un évêque de Liège peu connu de la fin du xiiie siècle : Jean d’Enghien (1274-1281) », Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, 57, 1933, p. 41-82, ici p. 41-62 ; C. Renardy, Les maîtres universitaires du diocèse de Liège. Répertoire biographique (1140-1350), Paris, Les Belles Lettres, 1981, p. 341-342 ; J. Pycke, Répertoire biographique des chanoines de Notre-Dame de Tournai, 1080-1300, Louvain-la-Neuve-Bruxelles, Collège Érasme-Nauwelaerts, 1988, p. 298-299 ; C. Vleeschouwers, M. van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai (1146-1300) dans la chancellerie épiscopale (avec relevé des sceaux) », Mémoires de la Société royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai, 2, 1981, p. 7-80, ici p. 64-66.
15 Néanmoins, Henri de Gueldre n’est pas signalé parmi les personnalités ecclésiastiques et laïques convoquées par la bulle In litteris du 13 avril 1273 ou mentionnées dans la charte de confirmation par les prélats de l’Empire, du décret Ubi periculum (13 juillet 1274). Il est cependant intégré dans la liste nominative des pères du concile élaborée par L. Carolus-Barré, « Les pères du IIe concile de Lyon (1274). Esquisses prosopographiques », 1274. Année charnière. Mutations et continuités, Lyon-Paris, 30 septembre-5 octobre 1974, Paris, Éditions du C.N.R.S., 1977, p. 377-423, ici spéc. p. 379, 390, 397, 413, car sa déposition est mentionnée dans l’Ordinatio concilii generalis Lugdunensis.
16 J. Guiraud, L. Cadier, Les registres de Grégoire x et de Jean xxi (1271-1277), Paris, Thorin et fils, 1892-1960, p. 143.
17 R. Goffin, « Généalogies enghiennoises », liv. 1, « La Maison d’Enghien », Tablettes du Hainaut, recueil 3, Grandmetz, Fonds Paternostre de La Mairieu Château de Grandmetz, s. d., p. 23 ; E. Matthieu, Histoire de la ville d’Enghien, Mons, Dequesne-Masquillier, 1876, p. 49.
18 Selon Pycke, Répertoire, p. 298.
19 Goffin, « Généalogies enghiennoises », p. 25 ; Matthieu, Histoire d’Enghien, p. 49, 52-55, 57-58.
20 Sur la question de l’élection de Rodolphe de Habsbourg, voir les synthèses de E. Jordan, L’Allemagne et l’Italie aux xiie et xiiie siècles, Paris, PUF, 1939, p. 415-420 ; B. Gebhardt, Handbuch der deutschen Geschichte, 9e éd., dir. H. Grundmann, vol. 1, Stuttgart, Union Verlag, 1970, p. 477-479 ; P. Moraw, Von offener Verfassung zu gestalteter Verdichtung. Das Reich im späten Mittelalter 1250 bis 1490, Berlin, Propyläen, 1985, p. 211-218 ; R. Folz, « Le deuxième concile de Lyon et l’Allemagne », 1274, p. 449-479, ici p. 449-454, qui renvoie à la bibl. sur la question. Voir encore Closon, « Jean d’Enghien », p. 49-51 et la bibl., qui n’a pas été remplacée.
21 Sur les bonnes relations entre les Avesnes et l’Empire et, partant, sur leur hostilité à l’égard du roi de France, voir E. Delcambre, Les relations de la France avec le Hainaut depuis l’avènement de Jean ii d’Avesnes, comte de Hainaut, jusqu’à la conclusion de l’alliance franco-hennuyère, 1280-1297, Mons, 1929, p. 23-27.
22 Sur Philippe le Hardi, l’ouvrage de base reste C. V. Langlois, Le règne de Philippe iii le Hardi, Paris, 1887, en particulier, pour les rapports franco-flamands sous son règne, les p. 210-213.
23 En 1263, Guy de Dampierre acquérait le comté de Namur, contrairement à un engagement pris le 22 novembre 1257. Acte de vente, daté du 20 mars 1263, dans S. Bormans, É. Schoolmeesters, Cartulaire de l’église Saint-Lambert de Liège, vol. 2, Bruxelles, F. Hayez, 1895, p. 137-138. Informations précises dans Closon, « Jean d’Enghien », p. 52.
24 Jean d’Avesnes, comte de Hainaut (1246-† 1257), fils de Marguerite de Constantinople, comtesse de Hainaut-Flandre (1244-† 1280) et de 1) Bouchard d’Avesnes († 1244), épousa 1) Alix († 1284), fille de Florent iv de Hollande, lui-même petit-fils, par sa mère, d’Otton ier, comte de Gueldre, grand-père d’Henri de Gueldre.
25 En 1247, Henri notifie que Jean d’Avesnes lui a fait hommage pour le Hainaut, demande à ses habitants de le considérer comme leur comte et de lui obéir. En 1252, il reconnaît à nouveau Jean d’Avesnes pour légitime comte de Hainaut et refuse de bannir ses partisans. En 1254, l’élu demande aux hommes du comté de faire hommage à Jean d’Avesnes, son vassal (C. Duvivier, La querelle des d’Avesnes et des Dampierre, jusqu’à la mort de Jean d’Avesnes (1257), vol. 2, Bruxelles-Paris, 1894, p. 184-185, 296, 361-363). Généreux avec les d’Avesnes, l’élu de Liège obtient plus, en revanche, des Dampierre qu’il ne leur concède : il reçoit Guy de Dampierre comme vassal pour le château de Samson et obtient ses alleux de Grammont et Bornhem (Bormans, Schoolmeesters, Cartulaire de l’église Saint-Lambert, vol. 2, p. 138-143, 145-146).
26 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 22-23 ; 1402, p. 182.
27 Relevé dans E. Schoolmeesters, « Rudolphe de Habsbourg et la principauté de Liège », Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, 33, 1903, p. 1-44, ici p. 1-4 (rapports souvent bons) ; J. F. Böhmer, O. Redlich, Die Regesten des Kaiserreiches unter Rudolf, Adolf, Albrecht, Heinrich VII. (1273-1313), 1re part., Innsbruck, 1898, p. 22-23, 37-40, nos 15, 18, 21, 100-102, 110, 114 ; A. Delescluse, D. D. Brouwers, Catalogue des actes de Henri de Gueldre, prince-évêque de Liège, Bruxelles, 1900, p. 116-117.
28 Closon, « Jean d’Enghien », p. 53-56 et spéc. p. 56, voit dans la promotion d’André de Rode, une intervention du chapitre cathédral alors que c’est très clairement l’élu de Liège qui est en cause. André de Rode défendit d’ailleurs aussi bien les intérêts d’Henri de Gueldre que ceux de son successeur.
29 Sur la carrière liégeoise de Grégoire x, voir Renardy, Répertoire, p. 448-450 ; L. Gatto, Il pontificato di Gregorio x (1271-1276), Rome, Palazzo Borromini, 1959, p. 34-61.
30 É. Schoolmeesters, « Un jugement arbitral du cardinal Pierre d’Albano en cause de Henri de Gueldre, élu de Liège, et l’archidiacre Thibaut de Plaisance. 9-12 août 1250 », Leodium, 1, 1902, p. 85-88.
31 Gesta abbatum Trudonensium, vol. 2, p. 214 : « Palmo suo illum ad maxillam percutiendo » ; Jean de Hocsem, Chronicon, p. 48 : « Quod ideo, licet non verisimiliter dicebatur quia dudum, cum idem tunc esset Thealdus archidiaconus Leodiensis, occasione quadam in capitulo episcopus pedem levasset ut ejus pectus impingeret vel impegit. »
32 Guiraud, Cadier, Registres de Grégoire x, p. 38-39.
33 Bormans, Schoolmeesters, Cartulaire de l’église Saint-Lambert de Liège, vol. 2, p. 205-208, spéc. p. 206 (« IIII prodome ou V doient estre pris, ki verront ou messires li eveskes aura donneit ses lettres ke on puisse prendre de ses borgois ; et a la plus destroite dette om paera ches doniers desor dis, si com marcheant puissent aleir et venir segurement ; […] »). Sur cette paix, voir J. Favauge, « Les deux confédérations liégeoises et l’ordonnance de paix de 1271 », Anciens Pays et Assemblées d’États, 26, 1962, p. 44-45.
34 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 48 ; 1402, p. 169-170 ; Mathias de Lewis, Chronicon, p. 77-78 ; Corneille de Zantfliet, Chronicon, col. 113-114 ; Baudouin de Ninove, Chronicon, p. 545 ; Jean d’Outremeuse, Myreur, vol. 5, passim, qui, bien entendu, s’en donne à cœur joie ; B. Fisen, Sancta Legia, Romanae ecclesiae filia…, Liège, G. H. Streel, 1696, 2e part., p. 19-20 ; J. É. Foullon, Historia Leodiensis per episcoporum et principum seriem digesta…, vol. 1, Liège, É. Kints 1735, p. 358-359 ; T. Bouille, Histoire de la ville et pays de Liège, vol. 1, Liège, G. Barnabé, 1725, p. 296-297 ; J. B. Henoul, Annales du pays de Liège depuis les derniers Éburons, jusqu’au règne du prince-évêque Georges-Louis de Bergh, 1re part., Liège, s. d., p. 118-119 ; M. L. Polain, Histoire de l’ancien pays de Liège, vol. 1, Liège, J. Ledoux, 1844, p. 397-414 ; E. Gerimont, Histoire populaire des Liégeois depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Liège-Paris-Leipzig, F. Renard, 1859, p. 79-80 ; L. Chauny, Histoire de Liège depuis sa fondation jusqu’en 1789, Liège, Bénard, 1917, p. 26-27 ; G. Kurth, La Cité de Liège au moyen âge, vol. 1, Bruxelles-Liège, D. Cormaux, L. Demarteau-A. Dewit, 1909, p. 223 ; H. Pirenne, « Art. Henri de Gueldre », Biographie nationale, vol. 9, Bruxelles, Bruylant, 1886-1887, col. 193-202, ici col. 200-201 ; J. Lejeune, Liège et son Pays. Naissance d’une patrie (xiiie-xive siècles), Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, 1948, p. 82-83.
35 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 49-58 ; Jean d’Outremeuse, Myreur, vol. 5, p. 388-395 (seul à préciser la date de la bulle). Nous n’en trouvons aucune trace dans Guiraud, Cadier, Registres de Grégoire x.
36 A. Paravicini Bagliani, « La mobilità della Curia Romana nel Duecento. Riflessi locali », Società e istituzioni nell’Italia Comunale. l’esempio di Perugia (secoli xii-xiv), Pérouse, Deputazione di storia patria per l’Umbria, 1988, p. 155-278, ici p. 238, qui se fonde évidemment sur Guiraud, Cadier, Registres de Grégoire x. Ces faits sont évoqués par J.-C. Detroux, Henri de Gueldre, prince-évêque de Liège, 1247-1274, Mémoire de Licence en Histoire, Université de Liège, 1971-1972, p. 171 n. 6 ; Renardy, Le monde des maîtres universitaires du diocèse de Liège, 1140-1350. Recherches sur sa composition et ses activités, Paris, Les Belles Lettres, 1979, p. 282-285 ; Renardy, Répertoire, p. 449-450. Orvieto : Italie, Ombrie, prov. Terni.
37 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 48.
38 1402, p. 214, 219.
39 Deux au moins. Richarde, dame d’Atrive et de Braives, et Godefroid, moine à Saint-Trond. Voir Bormans, Schoolmeesters, Cartulaire de l’église Saint-Lambert de Liège, vol. 3, Bruxelles, F. Hayez, 1898, p. 443-444, 446 ; É. Poncelet, « Introduction historique. Notes complémentaires et tables générales », dans Jacques de Hemricourt, Œuvres, éd. C. de Borman, A. Bayot, É. Poncelet, vol. 3, Bruxelles, Lamertin, 1931, p. i-cclxxi, 155-481, ici p. cxvii n. 6 ; Gesta abbatum Trudonensium, vol. 2, p. 212.
40 Sur cette consécration, voir Marchandisse, Fonction épiscopale, p. 149-150 et n. 217.
41 Carolus-Barré, « Les pères du IIe concile de Lyon », p. 381.
42 Voir n. 32.
43 Voir n. 26.
44 Annales Parchenses, p. 607 ; Pirenne, Henri de Gueldre, col. 197-198.
45 C. Lambot, I. Fransen, L’office de la Fête-Dieu primitive. Textes et mélodies retrouvés, Maredsous, Éd. de Maredsous, 1946, p. 100-101.
46 Marchandisse, Fonction épiscopale, p. 370-374.
47 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 73, déclare « Anno Domini MCCLXXXIIII […] secundum usum Romane curie, sed MCCLXXXIII secundum quod tunc anni Domini in Pascate mutabantur) » ; 1402, p. 225, et Jean d’Outremeuse, Myreur, vol. 5, p. 441-442, évoquent l’année 1285. Toutefois, tant Jean de Hocsem, Chronicon, p. 48, que 1402, p. 215, signalent qu’il survécut douze années à sa déposition, ce qui, en comptant de façon inclusive, nous porte à l’année 1285. C’est la date préconisée par P. de Spiegeler, « Art. Henri de Gueldre », Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 23, Paris, 1990, col. 1142-1143, et Detroux, Henri de Gueldre, p. 188-189, tandis que l’année 1284 est avancée, sans doute d’après la précision chronologique d’Hocsem, par Pirenne, « Henri de Gueldre », col. 201. Selon Jean de Brusthem, Chronique, éd. S. Balau et É. Fairon, Chroniques liégeoises, vol. 2, Bruxelles, Lamertin, 1931, p. 52 (chronique tardive, 1re moitié du xvie siècle), Monfort est mort en 1286, près de Franchimont, de la main d’un chevalier ; Jean d’Outremeuse, Myreur, vol. 5, p. 441-442, précise que ce dernier vengea ainsi l’une de ses parentes, outragée par l’ancien évêque. Ces informations sont récusées par G. Kurth dans Jean de Hocsem, Chronicon, p. 73 n. 4.
48 Guillaume de Berchen, De nobili principatu Gelrie et eius origine, p. 77.
49 Voir n. précédentes. Ruremonde/Roermond (Pays-Bas, Limbourg).
50 À défaut d’un tombeau, la sépulture de l’ancien prélat liégeois a été retrouvée, comme me l’a fait remarquer Monsieur H. Kockerols – que je remercie vivement –, d’après C. Creemers, « Het praalgraf van Gerardus iii, graaf van Gelder en Zuthphen, en van diens gemalin Margareta van Brabant, als mede andere grafsteden in O. L. Vrouw-Munsterkerk te Roermond », Publications de la Société historique et archéologique dans le Limbourg, 14, 1877, p. 433-455.
51 L’obituaire de la cathédrale Saint-Lambert de Liège (xie-xve siècles), Bruxelles, Palais des Académies, 1991, p. 152 (Commemoratio domini Henrici nostri episcopi pro quo habemus V solidos […]) ; Liège, Archives de l’État, Ob. Sainte-Croix, no 101, non folioté ; no 102, fol. 82r ; É. Poncelet, Inventaire analytique des chartes de la collégiale de Sainte-Croix à Liège, vol. 1, Bruxelles, Weissenbruch, 1911, p. clxvi).
52 Jean de Hocsem, Chronicon, p. 65 ; 1402, p. 222 ; Chronique liégeoise de Tongerloo, p. 36-37.
53 Aux alentours du 6 janvier : Jean de Hocsem, Chronicon, p. 65, 67, 110-111 ; 1402, p. 222, 249 (qui, par erreur, fait de cette date celle du décès du prélat) ; Chronique liégeoise de Tongerloo, p. 36-37, 57. Sur ces funérailles, voir A. Marchandisse, « Prélude à l’éternité. Mort, funérailles et sépultures des évêques de Liège au crépuscule du Moyen Âge (xiiie-xve siècles) », Sépulture, mort et représentation du pouvoir au Moyen Âge. Tod, Grabmal und Herrschaftsrepräsentation im Mittelalter. Actes des 11es Journées lotharingiennes, 26-29 septembre 2000, Centre universitaire de Luxembourg, éd. M. Margue, coll. M. Uhrmacher, H. Pettiau, Publications de la Section historique de l’Institut Grand-Ducal de Luxembourg, 118, Publications du CLUDEM, 18, 2006, p. 197-239, ici p. 200-201, 219-220.
54 Renardy, Répertoire, p. 341, 448.
55 Sur Jean d’Enghien, évêque de Tournai dès 1267, voir Pycke, Répertoire, p. 298-299.
56 Guiraud, Cadier, Registres de Grégoire x, p. 46-47.
57 Voir le jugement porté par le peuple liégeois sur Jean d’Enghien dans 1402, p. 219 : « O domina Hawidis, ad quid venisti nostram patriam regere ? Non debuisses esse episcopus sed monachus. Ve nobis ! »
58 Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de S. Maur, vol. 2, Paris, Montalant, 1724, p. 184 ; J. Demarteau, « Trésor et sacristie de la cathédrale Saint-Lambert à Liège, 1615-1718 », Bulletin de la Société d’Art et d’Histoire du Diocèse de Liège, 2, 1882, p. 314.