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Classiques Garnier

Reine enlevée, échec au roi Le rapt de Mencie López de Haro dans le contexte de la guerre civile de 1245-1247 au Portugal

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2020 – 1, n° 39
    . varia
  • Auteur : Rodrigues (Ana Maria S. A.)
  • Résumé : Dans le cadre de la guerre civile qui opposa, entre 1245 et 1247, le roi Sanche II (r. 1223-1248) à son frère Alphonse, comte de Boulogne, la reine Mencie López de Haro fut enlevée par des partisans de ce dernier dans des circonstances suspectes. Le rapt de son épouse porta à Sanche un coup irrémédiable, en le privant de la possibilité d’avoir des héritiers. Mencie, en se faisant « enlever » a pu garder les biens de son douaire et demeurer une dame riche et puissante jusqu’à sa mort.
  • Pages : 85 à 98
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406107422
  • ISBN : 978-2-406-10742-2
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10742-2.p.0085
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 14/07/2020
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Sanche II, Alphonse de Boulogne, XIIIe siècle, rapt politique, guerre civile
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REINE ENLEVÉE, ÉCHEC AU ROI

Le rapt de Mencie López de Haro dans le contexte
de la guerre civile de 1245-1247 au Portugal

Le susdit Reimon Veegas de Portocarreiro, étant vassal du roi Sanche Capelo et natif de Portugal, vint une nuit à Coimbra parmi les hommes de Martim Gil de Soverosa, celui qui vainquit la bataille de Porto, là où le roi dormait dans son lit, et ils enlevèrent la reine Mencie, sa femme, ­dauprès de lui et ­lemmenèrent à Ourém sans son ordre et ­contre sa volonté. Et quand le roi le sut, il se lança à leur poursuite et ne put les atteindre ­quà Ourém, qui était alors [un] très fort [château], et la susdite reine Mencie le tenait en douaire. Et le roi y arriva et ordonna ­quon lui ouvrît les portes, car il était le roi Sanche, et il était habillé de son pourpoint avec ses signes, et portait son écu et sa bannière devant lui. Et ils lancèrent beaucoup de flèches et de pierres ­contre son écu et sa bannière et il dut ainsi retourner [à Coimbra]1 .

Cette description de ­lenlèvement de la reine Mencie Lopez de Haro (1215 ?-1270/1), épouse de Sanche ii de Portugal (r. 1223-1248), est chronologiquement la plus proche de ­lévènement même qui nous soit parvenue, bien ­quelle le dépasse ­denviron un siècle. Son auteur est Pedro Afonso (1285 ?-1354), ­comte de Barcelos et bâtard du roi Denis (r. 1279-1325), un généalogiste, chroniqueur et poète prolifique2. Ce fut dans son Livre des Lignages, rédigé vers 1340-1344 et remanié deux fois par la suite, ­quil mit par écrit ce récit qui devait se transmettre sous forme orale, en son temps, au sein de la noblesse portugaise. Ni la chronique ­quil écrivit vers 13443, ni celle de 1419, ­dauteur anonyme4, ne font état de cet incident, pourtant ­dune importance fondamentale dans 86­lissue du ­conflit qui opposait Sanche ii et son frère Alphonse – ­comte de Boulogne par son mariage avec la ­comtesse titulaire, Mathilde ii – pour le ­contrôle du royaume et de la transmission de la couronne.

Le fait que cet épisode ait été raconté dans un texte généalogique, présentant un membre de la plus haute noblesse ­comme un félon – ledit Raimundo Viegas Portocarreiro était le frère de ­larchevêque de Braga, la plus haute dignité ecclésiastique du royaume, et avait réussi à ­sinfiltrer dans ­lentourage du plus proche collaborateur du roi, Martim Gil de Soverosa, pour trahir celui-ci ainsi que son seigneur naturel, le souverain –, a fait dire à ­lhistorien José Mattoso que, plus que garder le souvenir ­dun événement précis de la guerre civile, ce récit avait ­comme fonction de donner un exemple de manquement au code ­dhonneur vassalique5. ­Dailleurs, ­dautres cas de trahison ­contre Sanche ii sont reportés dans ­louvrage du ­comte de Barcelos6, et fortement critiqués dans des poèmes satiriques de ­lépoque7, alors que des exemples de fidélité au roi déchu et de résistance héroïque aux armées ­dAlphonse sont narrés dans la chronique de 14198. À travers toute cette production littéraire, il ­sagissait, toujours selon Mattoso, de resserrer les rangs de la vieille noblesse de sang autour ­dune ­conception ­commune de ­lhonneur et des liens personnels, face à la prolifération ­dune chevalerie ­dhumbles origines que la Reconquête ­dabord, puis la faveur du roi, avaient enrichi et fait monter dans ­léchelle sociale9.

­Lenlèvement de la reine ­sinscrit pourtant, sans aucun doute, dans le ­contexte de la guerre civile de 1245-1247. Il nous faut donc expliquer les circonstances de celle-ci, en empruntant un parcours le plus succinct possible par le règne de Sanche ii, pour pouvoir ­comprendre cet acte unique dans ­lhistoire médiévale portugaise.

Sanche ii succéda à son père Alphonse ii (r. 1211-1223) à ­lâge de 13 ans, probablement incomplets. Le souverain décédé avait prévu, dans son testament écrit deux années plus tôt, que ­sil mourait avant 87que son successeur ne soit majeur, le royaume demeurerait aux mains de ses vassaux (« in potestate vassalorum meorum »), soit la haute noblesse de cour et les légistes proches du roi10. Ni un Régent ni un Conseil de régence ne furent nommés en ­loccurrence, mais les premiers documents du nouveau souverain nous parviennent effectivement souscrits par les grands personnages qui avaient entouré son père et on y prévoit parfois ­quils devront être ­confirmés à la majorité du roi, qui devrait survenir à ­lâge de 14 ans.

­Lexcessive jeunesse du roi à son avènement, son immaturité et même sa « simplicité », par la suite, furent parmi les arguments utilisés pour justifier sa destitution finale11. Cependant, aucun trouble ne semble entacher les trois premières années de son règne, pendant lesquelles il réussit à régler, ou on règle pour lui, les deux principaux problèmes légués par son père – les ­conflits avec ses tantes et ­larchevêque et ­léglise de Braga – en leur faisant, il est vrai, beaucoup de ­concessions. Son échec devant les murailles ­dElvas, lors ­dun siège qui a duré tout ­lété de 1226, a pu être le point de départ de ses soucis : victorieux, il aurait pu entamer une carrière militaire triomphante qui aurait assuré son autorité sur ses guerriers et son prestige auprès du Pape ; impuissant, il ­sest vu abandonner dès lors par quelques ­composants de sa cour, aussi bien nobles ­quecclésiastiques. Dans les années qui suivirent, il réussit pourtant à maintenir la cohésion du royaume et à ­lélargir territorialement, par ­lintermédiaire des Ordres Militaires, auxquels il accorda beaucoup de donations et de privilèges. Puis, vers 1236, selon les dépositions faites lors des enquêtes menées au cours du règne de son successeur, le désordre ­sempara du royaume : des bandes ­dhommes ­darmes spoliaient et tuaient des ecclésiastiques ou ­sentretuaient en ­dinterminables vengeances, des seigneurs ­semparaient violemment des propriétés ­dhommes libres, leurs voisins, ou même des domaines royaux, et Sanche ii ­narrivait plus à les punir et à faire régner la justice et la paix. Pire encore, le plus jeune frère du roi, Ferdinand de Serpa, était un de ces brigands, faisant croire à la ­complicité de la couronne dans la spoliation de ­lÉglise. Les évêques se plaignirent donc au Pape, qui émit plusieurs bulles en 1238 menaçant Sanche ii ­dexcommunication ­sil ne 88rendait leurs biens aux ecclésiastiques et ne redressait les torts ­commis. Puis, face à ­lincapacité du roi à mettre de ­lordre dans le royaume, la Papauté se mit à penser à des alternatives12.

Ce fut au cours de cette période trouble que le roi épousa Mencie Lopez de Haro. Fille de Lope Díaz de Haro ii, seigneur de Biscaye et ­dUrraca Alfonso, fille naturelle du roi Alphonse ix de León (r. 1188-1230), cette dame et son mari avaient ­comme ancêtre ­commun le fondateur de la monarchie portugaise, Alphonse Henri (r. 1143-1185), arrière-grand-père de Sanche et de la mère de Mencie. La date précise de leur mariage est inconnue, mais il ­na pu se produire avant 1239 car le premier mari de Mencie, Álvaro Pérez de Castro, décéda en cette année13. Le fait insolite que Sanche ii se soit déplacé à Zamora, en Galice, en février 1241, pour signer, en personne, un pacte avec le monastère de Celanova, a fait dire à plus ­dun historien que ce voyage aurait pu être en rapport avec son mariage14. Aurait-il ­connu sa future épouse à ce moment-là ? Au cas où une rencontre antérieure se serait déjà produite, aurait-il voulu la faire entrer alors au Portugal à ses côtés ? Il ne ­sagit que de spéculations, car les circonstances de leur engagement matrimonial demeurent inconnues et la présence de Mencie dans les très rares diplômes royaux de ­lépoque est plus tardive. Aussi, ­dautres auteurs retardent le mariage à 1242, 1243, voire 124415.

Toujours est-il que les chroniqueurs portugais font de ce mariage ­lévénement qui accéléra la déchéance du roi. Selon eux, Mencie vint ­dune part renforcer le corps de mauvais ­conseillers qui entouraient Sanche et ­lempêchaient de faire régner la paix et la justice dans le royaume ; ­dautre part, cette union aurait éloigné le souverain de sa tante Bérengère16, reine-mère de Castille, qui avait exercé ­jusqualors sur lui une espèce de 89tutelle bénéfique. Pourtant, la jeune Mencie avait appartenu à ­lhôtel de cette reine, étant la fille ­dun des plus fidèles serviteurs de la monarchie castillane. Ce fut probablement elle qui représenta Bérengère à la cour de France, au printemps de 1234, lors des cérémonies et des fêtes célébrant le mariage de Louis ix (r. 1226-1270), ­puisquelle y fut présente aux côtés de deux autres serviteurs de la reine, Pedro Rodríguez et Pedro García17. Elle y ­connut certainement son futur beau-frère Alphonse, qui était depuis 1229 élevé auprès du dauphin et de ses autres cousins par sa tante Blanche de Castille18, et prit également part aux ­festivités19.

Toutefois, Lope Díaz de Haro ii était devenu mécontent de la façon dont il était traité par Ferdinand iii (r. Castille 1217-1252, r. Léon 1230-1252) et ­sétait procuré des alliés ­contre lui en mariant ses filles, dont Mencie qui épousa ainsi Álvaro Pérez de Castro à ­lautomne de 1234. Ferdinand iii et sa mère Bérengère ­sopposèrent à ce mariage qui menaçait de dresser ­contre la couronne deux des plus puissantes familles du royaume, argumentant que leur ­consentement aurait dû être demandé ­davance puisque Mencie était nièce du roi et demoiselle de la reine-mère. Ils obtinrent également ­quun ­concile réuni à Burgos proclamât ­lunion invalide pour cause ­dinceste et excommuniât les époux, qui ne se séparèrent pas pour autant20.

Après quelques proclamations royales et des manœuvres militaires, les deux magnats firent appel aux reines Bérengère et Béatrice de Souabe, épouse de Ferdinand iii, dont ­lintercession leur obtint le pardon du roi21. Celui-ci finit même par reconnaître le mariage ­dÁlvaro à Mencie en 1237, ratifiant la cession par le premier à son épouse, à titre de douaire, de la ville de Paredes de Nava22. Entre-temps, Mencie avait aussi récupéré la faveur de la reine. Pourquoi, alors, Bérengère se serait-elle opposée au mariage de la jeune veuve à Sanche ? Avait-elle peur que ­lalliance portugaise enhardisse à nouveau les Haro ? Il est 90vrai ­quen 1241, Diego López de Haro iii, fils et successeur de Lope, se souleva ­contre Ferdinand iii23. Il se peut ­quil ait poussé sa sœur dans les bras du roi de Portugal, ­comme auparavant son père ­lavait fait dans les bras ­dÁlvaro de Castro, pour se procurer un allié puissant. Un allié ­quil ne renia point plus tard, quand Sanche appela à ­laide pour sauver sa couronne, ­puisquil lutta à ses côtés lors de la guerre civile24. Pour le moment, pourtant, ­comme son père et son beau-frère quelques années plus tôt, Diego de Haro ne persista pas longtemps dans sa rébellion et fit appel à Bérengère et à la deuxième femme de Ferdinand, Jeanne de Ponthieu, pour être pardonné par le roi25.

­Dautres raisons plus pondéreuses ont donc dû informer ­lopinion de Bérengère. ­Dune part, son autorité avait à nouveau été bafouée puisque son approbation ­navait apparemment pas été sollicitée, ni par Mencie ni par son neveu Sanche. À ceci aurait pu se joindre ­lenvie de la reine, profitant du fait ­quà trente ans Sanche ­nétait pas encore marié et ­navait donc pas ­denfants légitimes, de faire rentrer le royaume de Portugal dans ­lorbite de celui de Léon-Castille, ­quelle avait si laborieusement reconstitué au cours de sa vie26. Il y avait pourtant ­dautres héritiers pour le trône portugais avant ­quun candidat castillan ne fût envisageable : Alphonse ii avait établi dans son testament ­quau cas où son fils aîné Sanche serait mort sans héritier ou héritière légitimes, la couronne reviendrait à son fils mâle suivant et ainsi de suite, incluant nommément et en dernière position sa seule fille Aliénor, mariée à Waldemar iii de Danemark27.

La chronique de 1419 ajoute à sa soustraction à la tutelle de sa tante Bérengère, ­dautres errements graves de Sanche ii lors de son mariage. Il aurait choisi une femme en-dessous de son état – la fille ­dun noble puissant, certes, mais pas ­dun roi –, causant le mécontentement « des peuples ». Il aurait ­consommé le mariage sans avoir obtenu au préalable une dispense papale pour leur trop proche degré de parenté, portant grave atteinte à son honneur. Et il se serait ensuite refusé à se séparer de son épouse et à en prendre une autre, persistant dans un mariage qui 91ne lui donnait pas ­denfants. Le chroniqueur anonyme fit ainsi peser sur Mencie la suspicion ­davoir envoûté le roi, le forçant à une union mal reçue par les différentes forces du royaume, stérile de surcroît28.

­Laccusation de sorcellerie envers une femme de ­condition non royale qui arrivait à se faire aimer et épouser par un souverain, lui prodiguant de mauvais ­conseils qui menaient le royaume à ruine et le roi à sa perte, était somme toute assez banale au Moyen Âge. Aussi ne serait-il nullement surprenant ­quelle eût été portée ­contre un membre féminin de la famille de Haro, que le Livre des Lignages du ­comte de Barcelos disait de surcroît issue ­dun être surnaturel, la Dame-au-Pied-de-Chèvre, version ibérique des légendes mélusiniennes qui couraient dans ­lOccident médiéval à la même époque29.

Si Bérengère aurait pu essayer de séparer les ­conjoints, ­comme elle ­lavait déjà fait lors des premières noces de Mencie, ce fut pourtant le ­comte de Boulogne qui, vers 1244, ­sadressa à Innocent iv pour dénoncer ­lunion incestueuse de son frère Sanche à la Biscayenne. Héritier présomptif de la couronne tant que son frère serait dépourvu ­denfants légitimes, Alphonse ­navait pas intérêt à ce ­quil ­commence à en procréer avec son épouse alors que la route vers le trône semblait finalement ­souvrir devant lui. En effet, il est à croire ­quà ce moment-là, le ­comte avait déjà été ­contacté par les évêques et les nobles portugais qui ­sopposaient à Sanche ii, ­sil ne les avait pas ­contactés lui-même lors ­dun supposé pèlerinage à Compostelle en 1243, pour discuter son futur rôle dans le royaume30. Sa position dans la lignée royale ainsi que le prestige militaire acquis lors de la campagne victorieuse de Louis ix ­contre les Anglais et le ­comte de Toulouse, en 1242-1243, à laquelle il avait participé, avaient fait de lui le candidat idéal pour prendre la tête de la faction rebelle. Ce prestige fut, sans doute, également la raison pour laquelle Innocent iv le pria, par la bulle Terra Sancta du 30 janvier 1245, de se joindre à la croisade pour libérer Jérusalem, reprise par les musulmans en août 124431.

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Cependant, le Pape se rendit très vite ­compte que le ­comte de Boulogne pouvait lui être plus utile à ­lextrémité occidentale de ­lEurope ­quau Proche-Orient. Par la bulle Sua nobis du 10 février 1245, il ordonna à ­larchevêque de Compostelle et à ­lévêque ­dAstorga ­denquêter, suite à la dénonciation faite par Alphonse, pour déterminer si Sanche ii et Mencie étaient liés par un degré de parenté trop proche, et ­dannuler le mariage le cas échéant32. Un mois plus tard, dans une autre bulle (Inter alia desiderabilia), il reprit tous les reproches faits à Sanche ii par son prédécesseur au sujet des violences et usurpations ­commises sur les ecclésiastiques du royaume et assura ­quil y mettrait fin lors ­dun ­concile qui devait se tenir prochainement. Puis, le 24 juillet, après la clôture des travaux du ­concile de Lyon, qui excommunia et déposa ­lempereur Frédéric ii, Innocent iv émit la bulle Grandi non immerito, privant Sanche ii du gouvernement – mais non de la dignité royale – et accordant le pouvoir à son frère Alphonse, nommé curateur et régisseur du royaume33.

Alphonse dut jurer le 6 septembre, à Paris, devant ­larchevêque de Braga, le représentant de ­lévêque de Coimbra et quelques nobles portugais, ­quil mettrait fin au désordre dans le royaume, respecterait les anciennes coutumes, éliminerait les mauvais usages récents et serait toujours obéissant à ­lEglise, entre autres obligations34. Quelque temps après, il partit vers le Portugal. Il arriva à Lisbonne, qui ­laccueillit avec enthousiasme, à la fin de décembre de 1245. La guerre civile faisait déjà rage. Une première victoire des forces favorables au roi avait eu lieu près de Porto au cours de ­lété, mais ­larrivée du protégé du Pape fit tomber presque toute ­lEstrémadoure entre ses mains, avec plus ou moins de résistance selon les lieux. Sanche ii se retrancha à Coimbra, où il fit peser sur ­lévêque absent et le chapitre, ­quil estimait responsables de sa destitution, toute sa colère, en occupant la cathédrale et en leur prenant leurs biens. ­Cest à partir de Coimbra que furent menées des expéditions punitives ­contre Leiria et ­dautres villes aux mains des partisans du ­comte de Boulogne35. Et ­cest à Coimbra, au cours de ­lété de 1246, que se déroula ­lépisode transcrit au début de ce texte.

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Le rapt de Mencie Lopes de Haro porta au roi un coup extrêmement dur, et pas seulement par ­lhumiliation que supposa son enlèvement du château même où elle demeurait auprès de lui, par des hommes ­quil avait ­jusqualors ­considéré ­comme des fidèles. Pas seulement, non plus, par la deuxième humiliation ­quil endura devant les murs ­dOurém, forteresse où il fut reçu à coups de flèches et de pierres, bien ­quil se fût présenté avec tous les attributs de la dignité royale dont ni même le Pape ­navait osé le priver. Le vrai coup de grâce fut que, séparé de son épouse, il ne pouvait plus engendrer ­lhéritier qui aurait ­continué sa lignée et empêché son frère de monter sur le trône quand il rendrait ­lâme.

Nous ne savons pas si Sanche ii essaya à nouveau de reprendre sa femme. Selon un spécialiste en histoire militaire, en enfermant Mencie à Ourém, Alphonse ­sattendait peut-être à ce que son frère dégarnît Coimbra pour aller y soutenir un siège prolongé, divisant ses forces et rendant sa défaite plus facile36. Mais il ­nen fut pas ainsi. Sanche se retrancha à Coimbra et fit appel à son cousin Ferdinand iii, qui envoya son fils Alphonse à son secours ; selon le chroniqueur anonyme de 1419, ­lhéritier du trône castillan fut alors adopté ­comme fils et successeur par le roi de Portugal37. Cette aide rééquilibra pour un moment les forces en litige et la guerre ­senlisa. Cependant, Ferdinand iii préparait alors la ­conquête de Séville et Alphonse fut sommé de se rendre en Castille pour y prendre part. En mars de 1247, il partit en emmenant avec lui Sanche ii, qui ­sinstalla à Tolède. Le roi déchu y mourut, le 31 janvier 1248, à ­lâge de trente-huit ans, entouré ­dun nombre encore significatif de fidèles, puisque vingt-trois nobles et clercs portugais souscrivirent son testament, rédigé quelques semaines plus tôt38.

Mencie Lopes de Haro ne figurait pas, alors, dans ­lentourage du roi ni ne reçut de legs de sa part ; elle ne fut tout simplement pas mentionnée dans son acte de dernières volontés. Il nous reste, cependant, quelques documents qui nous permettent de retracer certains de ses pas en ces années. Le 3 septembre 1246, par exemple, elle accorda à Paio Peres et à sa femme Maria Gonçalves un moulin à Torres Novas, ainsi que plusieurs autres moulins et une propriété royale (reguengo) à Ourém, pour ­compenser des biens ­quils avaient perdus à Leiria à cause des bons 94services faits par Paio Peres à la reine. Parmi les ­confirmants du diplôme figurent son chancelier et son chapelain, ainsi que son demi-frère Diego Lopez de Salcedo, le juge, le majordome et le gouverneur du château (alcaide) ­dOurém et quelques autres hommes39.

Ce document porte le seul sceau de la reine trouvé au Portugal ­jusquà ce jour40. Il présente les caractéristiques les plus ­communes des sceaux féminins de ­lépoque. Sur ­lavers, la reine figure debout, couronnée et avec une longue robe fortement ceinturée, portant sa main gauche à sa poitrine pour tenir les cordons de sa cape ; sa main droite tient un objet qui ­nest plus discernable, mais qui, par analogie avec ­dautres sceaux du même type, pourrait être une fleur ou un sceptre41. Sur le revers sont représentées les armes de Portugal. Des deux côtés, une inscription assez détériorée proclame : « Sigillum Domine Mecie Regine Portugaliae42 ».

La donation à Paio Peres a suscité des interprétations opposées. Pour les uns, le fait ­quun proche de la reine ait été dépossédé de biens à Leiria, ville soumise au ­comte de Boulogne, signifie que Mencie serait demeurée fidèle au roi et que ses hommes en subirent les ­conséquences. Pour ­dautres, ces biens près de Leiria auraient pu être dévastés par le souverain ­comme forme de punition pour ­laide apportée par cet individu à la reine lors ­dun soi-disant « rapt », en réalité ­consenti ; Mencie ­laurait ensuite dédommagé de ses pertes43. Le fait que la reine se retrouve en sa ville ­dOurém avec sa suite, ­quon la laisse disposer librement de ses biens, que les autorités urbaines servent de témoins à ses actes ­saccorde mal avec un enlèvement ­contre son gré44.

Il est donc probable que Mencie ait été ­complice de cet épisode. Elle aurait pu ­comprendre, à un certain moment, ou Alphonse aurait pu trouver les moyens de ­len ­convaincre, que la cause de Sanche était perdue depuis la destitution proclamée par Innocent iv ; que même 95­sil gardait la dignité de roi, elle ­naurait plus jamais celle de reine puisque le pape avait ordonné ­lannulation de leur mariage ; et ­quune sortie de scène négociée avec son beau-frère lui assurerait une situation plus ­confortable que si elle demeurait auprès de son époux ­jusquà la débâcle finale.

Un document daté de plus ­dune décennie plus tard nous permet ­détayer cette hypothèse. En 1257, celle qui ­sintitule toujours reine de Portugal vend à ­labbesse et au couvent de Cañas, fondé à La Rioja par son ancêtre Lope Díaz de Haro i, la ville de Ferrín, ­quelle avait obtenue du roi Alphonse x en échange des biens reçus de Sanche ii en douaire : Torres45, Ourém et les châteaux de Sintra, Abrantes, Penela, Lanhoso, Aguiar de Sousa, Celorico de Basto, Linhares, Oliveira, Numão, Faria, Cerveira, Vermoim46. Le ­comte de Boulogne, entre-temps devenu Alphonse iii (r. 1248-1279), lui avait donc laissé la jouissance de son douaire, ce qui ne peut se ­comprendre que ­sils étaient arrivés à un arrangement favorable aux deux parties. À une date que nous ne pouvons pas préciser, puisque ­lacte écrit ­na pas survécu, Mencie avait échangé ces biens ­contre la ville de Ferrín avec le roi de Castille.

Mercedes Gaibrois de Ballesteros suggéra que cet échange aurait pu se produire en 1253, dans le cadre de la signature par Alphonse iii de Portugal et Alphonse x de Castille ­dun traité de paix entre eux qui prévoyait le mariage du premier à la fille naturelle du second47. Si tel avait été le cas, ­lintention du roi castillan aurait pu être de doter Béatrice avec des villes et des châteaux situés au Portugal, évitant ­daliéner des biens de la couronne castillane. Cependant, nous ­navons trouvé de trace de ­lexercice, par la reine Béatrice, de pouvoirs seigneuriaux sur ces forteresses et ces centres urbains, à ­lexception de Torres Novas, alors ­quelle les exerça sur ­dautres, reçus de son mari à titre de douaire. Et Alphonse x ­nhésita pas à faire donation à sa fille, quelques années plus tard, de plusieurs villes en Castille48. ­Sil ­ny a pas de doute que 96­lancien douaire de Mencie revint à la couronne portugaise après être passé par les mains ­dAlphonse x, nous ne savons toujours pas quand, ni ­comment, ni à quel propos.

De retour en Castille, Mencie López de Haro demeura, donc, une dame riche et puissante : les rares documents qui la ­concernent traitent de propriétés reçues, vendues, échangées, disputées. En 1253, elle eut un ­conflit avec le prieur de San Miguel ­dEscalada au sujet ­dun village ­quelle avait reçu de son premier mari en douaire ; le prieur finit par le lui laisser, craignant pour sa vie, ­quelle aurait menacée. Deux ans plus tard, ­labbé ­dAguilar de Campo lui accorda le monastère de Saint Augustin avec son domaine seigneurial et le Maître de ­lOrdre Militaire de Calatrava, des maisons à Padilla, Ablanca et Villa Ramiro, à la demande ­dAlphonse x. Le souverain castillan ne cessa donc pas de lui apporter son soutien au cours des dernières années de sa vie. Reconnaissante, Mencie, sans enfants, adopta ­linfant Ferdinand de la Cerda et fit de lui son héritier49.

En 1256, elle vendit encore au chapitre de ­labbaye de Husillos les biens achetés à deux hommes, Lope Ximénez et Juan López. ­Lannée ­daprès, ­comme nous ­lavons déjà dit, elle vendit la ville de Ferrín au monastère de Cañas et restitua à celui de Benbibre le village de Ferreruela, ­quelle détenait illégalement. Elle disposait toujours ­dun entourage fidèle et ­considérable : parmi les témoins de la vente se trouvent son frère Diego López de Salcedo et un tel Orti Ortiz – qui figuraient déjà tous les deux dans le document fait à Ourém onze ans plus tôt –, ainsi que son maître ­dhôtel, deux chapelains, deux clercs de sa chapelle, le responsable de ­lécurie et un tailleur50.

En 1257 encore, avec Rodrigo González, testamentaire ­comme elle ­dune telle Teresa Arias, elle remit à ­labbé et au couvent de Benavides les églises de Villacis avec leurs propriétés et tous leurs droits. Ce dernier document a disparu, mais selon Jerónimo Gudiel, qui ­la vu et transcrit, il portait un sceau de Mencie différent de celui que nous avons précédemment décrit : exclusivement héraldique, il exhibait ­dun côté les armes de Portugal et de ­lautre celles des Haro, soit deux loups portant chacun un agneau dans sa bouche51.

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Ce sont ces deux écus ­darmes qui alternent sur les faces du monument funéraire de Mencie Lopez de Haro, situé dans la Chapelle de la Croix ­quelle ­sest fait ­construire au Monastère de Santa Maria la Real de Nájera, et où gisent à ses côtés ses demi-frères Diego López de Salcedo, qui ­lavait accompagnée au Portugal, et Lope Díaz de Haro, évêque de Sigüenza. Son tombeau est soutenu par des lions qui portent également les armes de Portugal sur leurs poitrines. Le gisant de Mencie est ­aujourdhui assez détérioré, mais nous disposons ­dun dessin, réalisé au xixe siècle52, qui nous la montre habillée ­dune robe à plis lui couvrant ­complètement les pieds et dont les manches longues sont ornementées aux poignets. Elle est drapée dans une cape et porte à sa tête, en lieu de couronne, une coiffe biscayenne. Elle a donc choisi, non pas ­dêtre représentée ­comme une reine, mais plutôt ­comme une femme appartenant à une des lignées nobles les plus anciennes et prestigieuses de la Péninsule Ibérique.

Celle qui ­na pourtant pas cessé de ­sintituler reine de Portugal ­jusquà la fin de ses jours est morte à Palencia, vers la fin de 1271. Dans son testament, elle nomma son frère Diego López de Salcedo et Diego Rodríguez, docteur franciscain de Palencia, ses testamentaires et ordonna que ­lon chantât une messe quotidienne dans sa chapelle pour le salut de son âme53. ­Linfant Ferdinand de la Cerda, ­quelle avait adopté, hérita ­dune partie de ses biens mais dut se battre en justice pour pouvoir en jouir, à cause des ­conflits ­quelle avait suscités en se les appropriant54.

En ­conclusion, le Portugal ne ­connut pas, au Moyen Age, ­comme la Castille, le phénomène somme toute assez courant au xve siècle de la mise sous tutelle du roi par la noblesse ou un favori55. Mais il ­connut, au milieu du xiiie siècle, ­lenlèvement ­dune reine dans un ­contexte de guerre civile pour ­lempêcher de remplir une des fonctions les plus importantes des ­conjointes royales56 : celle de procréer un héritier, ou 98une héritière, pour le trône. En privant Sanche ii de son épouse, le futur Alphonse iii ­sest assuré ­quil succèderait à son frère, pas seulement par un mandat du pape, mais en respectant ­lacte de dernières volontés de son père Alphonse ii et la tradition du royaume. Cet acte violent et illégitime lui assura, en définitive, pleine légitimité ­comme souverain.

Ana Maria S. A. Rodrigues

Faculdade de Letras, Centro de História, Universidade de Lisboa

1 Livro de Linhagens do Conde D. Pedro, éd. J. Mattoso, Lisbonne, Academia das Ciências de Lisboa, 1980, vol. II/2, p. 12.

2 R. A. Torres, « Pedro, ­conde de Barcelos, D. », Dicionário de História de Portugal, éd. J. Serrão, Porto, Livraria Figueirinhas, 1981, vol. V, p. 27-28.

3 Crónica Geral de Espanha de 1344, éd. L. F. L. Cintra, 2e éd., 4 vol., Lisbonne, Imprensa Nacional – Casa da Moeda, 2009.

4 Crónica de Portugal de 1419, éd. A. A. Calado, Aveiro, Universidade de Aveiro, 1998.

5 J. Mattoso, « Ourém e D. Mécia Lopes de Haro », A nobreza medieval portuguesa. A família e o poder, 4e éd., Lisbonne, Estampa, 1994, p. 281-285, ici p. 283.

6 Livro de Linhagens, p. 45, 147.

7 Voir C. M. Vasconcelos, « Em volta de Sancho ii », Lusitania, 2, 1924, p. 7-25.

8 Notamment, ceux des gouverneurs des châteaux, défenseurs et habitants de Celorico de Basto et de Coimbra, assiégés par le ­comte de Boulogne - Crónica de Portugal de 1419, p. 136-142.

9 Mattoso, « Ourém e D. Mécia », p. 285.

10 H. Fernandes, D. Sancho ii, Lisbonne, Círculo de Leitores, 2006, p. 76-77.

11 M. J. Branco, « A menoridade de Sancho ii : breve estudo de um processo exemplar », Discursos, Língua, Cultura e Sociedade, IIIe série, 3, 2001, p. 89-116.

12 Sur le règne de Sancho ii avant la guerre civile, voir Fernandes, D. Sancho ii, p. 44-248.

13 M. Shadis, Berenguela of Castile (1180-1246) and Political Women in the High Middle Ages, New York, Palgrave Macmillan, 2009, p. 118 ; J. Bianchini, The ­Queens Hand. Power and Authority in the Reign of Berenguela of Castile, Philadelphie, Pennsylvania University Press, 2012, p. 244.

14 Fernandes, D. Sancho ii, p. 255-256 ; J. Varandas, « Mecia Lopes de Haro (1215 ?-1270/1271) », M. A. F. Marques et al., As primeiras rainhas. Mafalda de Mouriana. Dulce de Barcelona e Aragão. Urraca de Castela. Mecia Lopes de Haro. Beatriz Afonso, Lisbonne, Círculo de Leitores, 2012, p. 297-381, ici p. 320-321.

15 A. Herculano, História de Portugal. Desde o ­começo da monarquia até o fim do reinado de Afonso iii, 2e éd., Lisbonne, Livraria Bertrand, 1980, t. II, p. 643 ; M. Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencía », Miscelânia de estudos em honra de Carolina Michaëlis de Vasconcelos, Coimbra, Imprensa da Universidade, 1930, p. 501-539, ici n. 3, p. 511.

16 Crónica de Portugal de 1419, p. 119.

17 Fernandes, D. Sancho ii, p. 255.

18 S. Corbin, « Notes sur le séjour et le mariage ­dAlphonse iii de Portugal à la cour de France », Bulletin des Études Portugaises et de ­lInstitut Français au Portugal, nouvelle série, 10, 1, 1945, p. 159-166, ici p. 160.

19 J. Le Goff, « Saint Louis », Héros du Moyen Âge, le saint et le roi, Paris, Quarto Gallimard, 2004, p. 173-984, ici p. 284.

20 Shadis, Berenguela of Castile, p. 118.

21 G. Martin, « Négociation et diplomatie dans la vie de Bérengère de Castille (1214-1246). La part du facteur générique », e-Spania [En ligne], 4, 2007, paragraphe 38.

22 A. R. Oliveira, Rainhas Medievais de Portugal, Lisboa, A Esfera dos Livros, 2010, p. 118.

23 Bianchini, The ­Queens Hand, p. 226.

24 Mattoso, « Ourém e D. Mécia », p. 284.

25 Bianchini, The ­Queens Hand, p. 226-227.

26 Fernandes, D. Sancho ii, p. 253-254.

27 A. C. Sousa, Provas da História Genealógica da Casa Real Portuguesa, t. I, l. I, Lisbonne, Officina Sylviana, 1739, p. 34.

28 Crónica de Portugal de 1419, p. 119.

29 L. Krus, « Uma variante peninsular do mito de Melusina : a origem dos Haros no Livro de Linhagens do ­conde D. Pedro », Passado, memória e poder na sociedade medieval portuguesa. Estudos, Redondo, Patrimonia, 1994, p. 171-195.

30 P. A. O. Baubeta, « Some Early English Sources of Portuguese History », Estudos Medievais, 9, 1988, p. 209.

31 L. Ventura, D. Afonso iii, Lisbonne, Temas e Debates, 2009, p. 69 et 71.

32 A. D. S. Costa, Mestre Silvestre e mestre Vicente, juristas na ­contenda entre D. Afonso II e suas irmãs, Braga, Editorial Franciscana, 1963, n. 541, p. 429.

33 Costa, Mestre Silvestre, n. 547, p. 436.

34 Costa, Mestre Silvestre, n. 554, p. 444.

35 Ventura, D. Afonso iii, p. 87-90.

36 Varandas, « Mecia Lopes de Haro », p. 333-334.

37 Crónica de 1419, p. 132.

38 Fernandes, D. Sancho ii, p. 19-21.

39 F. F. De La Figanière, Memórias das rainhas de Portugal : D. Theresa-Santa Isabel, Lisbonne, Typographia Universal, 1859, doc. IX, p. 243-245.

40 F. F. Benevides, Rainhas de Portugal : estudo histórico, 2e éd., Lisbonne, Livros Horizonte, 2007, p. 134.

41 Maria do Rosário Morujão, « A imagem do poder no feminino », Reginae Iberiae. El poder regio feminino en los reinos medievales peninsulares, éd. M. Garcia-Fernández, S. Cernadas Martínez, Saint Jacques de Compostelle, Universidad de Santiago de Compostela, 2015, p. 89-109, ici p. 93.

42 Benevides, Rainhas de Portugal, p. 134.

43 Mattoso, « Ourém e D. Mécia », p. 284-285.

44 Comme ­la déjà fait noter Herculano, História de Portugal, p. 643.

45 Probablement Torres Novas, où elle avait un moulin cédé à Paio Peres dans le document cité plus tôt.

46 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 529. Selon Fernandes, Sancho II, p. 256, citant un autre document, le douaire de Mencie serait seulement ­composé de Sintra, Abrantes, Penela, Lanhoso, Aguiar de Sousa, Celorico de Basto, Lindoso, Faria, Cerveira et Vermoim.

47 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 530-531.

48 A. R. Oliveira, « Beatriz Afonso », As primeiras rainhas, p. 383-480, ici p. 437-440.

49 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 526-529.

50 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 529-531.

51 J. Gudiel, Compendio de los Girones, Alcalá, en casa de Juan Iñíguez de Lequerica, 1577, fol. 54v.

52 Copie ­dune lithographie de Iconografia Espanhola, par Carderera, reproduite par Benevides, Rainhas de Portugal, p. 128.

53 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 529.

54 Gaibrois de Ballesteros, « La Reina Doña Mencia », p. 533-536.

55 Voir F. Foronda, « ­Semparer du roi : un rituel ­dintégration politique dans la Castille trastamare », Coups ­dÉtat à la fin du Moyen Âge ? Aux fondements du pouvoir politique en Europe occidentale, éd. F. Foronda, J.-Ph. Genet, J. M. Nieto Soria, Madrid, Casa de Velázquez, 2005, p. 213-287.

56 Les ­conflits politiques provoquaient souvent ­lenlèvement ­dépouses ou de financées de haute lignée. Voir C. Dunn, Stolen Women in Medieval England : Rape, Abduction and Adultery, 1100-1500, Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p. 161-165.