« De malis, que post mortem regis Przsemysl acciderunt » L’impact de l’enlèvement du roi Venceslas II sur la vie politique en Bohême
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
2020 – 1, n° 39. varia - Auteur : Adde (Éloïse)
- Résumé : En 1378, le roi de Bohême Přemysl Ottokar II meurt dans la guerre qui l’oppose au roi des Romains Rodolphe Ier de Habsbourg. Son fils Venceslas lui succède mais il est aussitôt enlevé par son régent, Otton V de Brandebourg. Pendant quatre ans, le royaume est sans tête. Derrière la façade d’une cohésion sans faille pour assurer le retour du roi, la société politique de Bohême est travaillée par des luttes de pouvoir et une reconfiguration qui annonce le triomphe de la noblesse au XIVe siècle.
- Pages : 27 à 42
- Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406107422
- ISBN : 978-2-406-10742-2
- ISSN : 2273-0893
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10742-2.p.0027
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 14/07/2020
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
- Mots-clés : Otton V de Brandebourg, noblesse, nation tchèque, Communauté du royaume
« De malis, que post mortem regis Przsemysl acciderunt »
L’impact de l’enlèvement du roi Venceslas ii
sur la vie politique en Bohême
Les mauvaises années, les malheurs qui suivirent la mort de Přemysl Ottokar ii, c’est ainsi que la période 1278-1283 a marqué les esprits, comme en témoignent les sources narratives1. En 1279, après la confusion née de la défaite et de la mort au combat du roi de Bohême, son successeur, le jeune Venceslas (ii) est ravi par son régent, ce qui génère des troubles plus graves encore.
Le vide de pouvoir était fréquent au Moyen Âge. La maladie chronique, le décès, ou encore le jeune âge du souverain, étaient autant de circonstances qui perturbaient la vie politique des États médiévaux. Ces épisodes se distinguent néanmoins du rapt par la clarté qui les caractérisent. Dans le cas de la maladie chronique ou du décès, on sait que la situation antérieure ne sera pas rétablie et il importe donc d’intervenir en conséquence. De même, on sait exactement quand le prince sortira de la minorité et pourra exercer pleinement sa fonction. Avec le rapt s’ouvre un temps de latence plus difficile à appréhender : rien n’indique combien de temps il va durer, ni même s’il va jamais finir. Le rapt est en outre une infraction. Il se distingue par exemple de l’emprisonnement, qui est l’aboutissement d’un processus réglementé, la punition justifiée par celui qui l’inflige en réponse au comportement coupable et nécessaire au bien commun de la communauté. Inattendu, brutal, sidérant, le rapt a tout de l’événement traumatique, plaçant ceux qui le subissent dans la position de la victime. Quand il prend une dimension collective, comme dans le cas de l’enlèvement du prince héritier, il requiert une réponse 28collective et la cohésion est de rigueur pour y faire face. Pourtant, il est aussi l’occasion pour certains groupes de s’ériger en garants du modèle menacé qu’il faut sauver et d’accroître ainsi leur pouvoir.
C’est cette instrumentalisation de l’épisode que nous allons analyser en montrant aussi comment les rouages en place et les représentations furent éprouvés, mis à contribution, enrichis et renouvelés, dans ce contexte extraordinaire pour faire surgir de nouveaux possibles dans la sphère du politique. Nous nous appuierons principalement sur deux sources : Des malheureuses années qui suivirent la mort de Přemysl Ottokar ii2, récit rédigé en latin vers 1283 par un chanoine du chapitre de l’église cathédrale de Prague, et la Chronique de Zbraslav3 dans sa partie rédigée en latin par l’abbé Otton de Zbraslav, plus tardive (1305-1314), mais intéressante car écrite à la gloire de Venceslas ii qui avait fondé l’abbaye4. Nous utiliserons dans une moindre mesure la chronique de François de Prague qui reprend fidèlement celle de Zbraslav, et la Chronique de Dalimil5, l’une des premières œuvres rédigées en tchèque, éclairante du fait de son ancrage nobiliaire.
Le contexte du rapt de Venceslas
Přemysl Ottokar ii et l’Empire, des conquêtes à sa perte
Venceslas est le fils de Přemysl Ottokar ii (1253-1278), l’un des souverains les plus puissants de son époque. Ce dernier était parvenu à soumettre un vaste territoire. Son mariage avec Marguerite de Babenberg (1252) l’avait rendu maître des duchés d’Autriche et de Styrie6. Il avait par ailleurs hérité de Cheb (Eger) en 1266, de la Carinthie et de la Carniole 29(1269), et était devenu gouverneur général de la ville d’Aquilée (1269)7. Ce programme impérialiste radical avait généré des troubles (conflits avec Béla iv et Étienne v de Hongrie en 1253-1254 puis 1271-1273), qui avaient profité au roi tchèque (prise de Bratislava). C’est pour couper court à cette nouvelle dynamique que les princes-électeurs évincèrent Přemysl Ottokar ii de la candidature à la royauté des Romains et élurent Rodolphe ier de Habsbourg (1273-1291). Une fois au pouvoir, ce dernier n’était pas disposé à tolérer une telle concurrence8.
Rodolphe entendait remettre de l’ordre dans l’Empire et récupérer le duché d’Autriche qui aurait dû revenir à l’empereur puisqu’il était tombé en déshérence. Přemysl Ottokar ii avait profité du grand interrègne (1250-1273) pour mettre illégalement la main dessus après l’extinction des Babenberg en 12469. Mais le roi tchèque avait refusé de se soumettre, ce qui avait déclenché une guerre endémique. Lors de la bataille du Marchfeld (26 août 1278), il perdit le combat et la vie10.
Přemysl Ottokar II et la noblesse de Bohême
Pour comprendre cette défaite, et ses suites, il est important de revenir sur les dissensions internes que le royaume connut sous le règne de Přemysl Ottokar ii. La noblesse s’était considérablement affirmée durant le xiiie siècle. Dans les zones périphériques « libres », les grandes familles avaient édifié de vastes domaines11. À la même période, le roi avait vu son pouvoir charismatique s’étoffer également12. Dans cette confrontation d’intérêts, les attentes du roi étaient de plus en plus perçues comme des atteintes à son encontre par une noblesse décidée à prendre part à l’exercice du pouvoir. Elle avait d’ailleurs été régulièrement amenée à intervenir à la place du roi dans le contexte de ses absences répétées du fait de ses campagnes militaires.
30Au moment où Přemysl Ottokar ii était en difficulté avec Rodolphe, la noblesse de Bohême se désolidarisa. Les Vítkovci, puissante famille qui dominait le Sud du royaume, étaient en conflit chronique avec le souverain. En 1276, ils s’étaient mis au service de Rodolphe. De cette manière, ils s’étaient assuré leur impunité. Dans le courant de l’année 1277, comme ils semaient le trouble dans leur région (incendies, pillages pour désorganiser l’ordre public), Přemysl Ottokar ii leva son armée contre eux, invoquant le non-respect de leur serment de fidélité13. Pour Rodolphe, Přemysl Ottokar ii rompait ses propres engagements de vassal envers lui en lançant une attaque contre des serviteurs de l’Empire14. De son côté, Přemysl ne pouvait pas laisser impunis les actes de félonie de ses vassaux sans contrevenir au droit coutumier du pays et risquer de perdre son pouvoir15. Plusieurs conceptions juridiques et régimes de loyauté se chevauchaient et se confrontaient. Pour en découdre, deux voies étaient possibles : la négociation ou la guerre. Rodolphe et Přemysl restant campés sur leurs positions respectives, c’est le recours aux armes qui s’imposa16. La noblesse était minoritairement prête à soutenir Přemysl Ottokar ii quand celui-ci partit en guerre contre Rodolphe en 1278, ce qui explique sa défaite17. Il laissait derrière lui un enfant qui n’avait pas encore sept ans18.
L’organisation de la régence et le rapt
Conformément aux dernières volontés de son époux défunt, Cunégonde s’adressa à sa belle-sœur, Béatrice de Bohême (1225-1290), qui était l’épouse du margrave Otton iii de Brandebourg19, et la mère du mar31grave Otton v le Long (1267-1298). Elle priait la margrave d’insister auprès de son fils pour qu’il se rende en Bohême et de l’héberger avec Venceslas s’ils étaient amenés à fuir20. Dans une seconde missive, elle s’adressait directement au margrave, comme Rodolphe de Habsbourg était déjà entré en Moravie avec ses troupes21. Otton s’empressa de la satisfaire et pénétra dans le royaume avec 400 à 500 cavaliers, répondant non seulement à l’appel de la reine mais aussi aux prières des seigneurs qui avaient survécu à la bataille et des bourgeois de Prague22. Au même moment, un autre prétendant à la régence était entré en scène, Henri iv le Juste, le duc de Wrocław (1270-1290). En tant qu’allié d’Ottokar et neveu de la reine, il pensait être tout désigné pour assurer la régence. Arrivé à Prague, Otton de Brandebourg était entré en conflit avec Cunégonde qui s’était effectivement tournée vers son parent silésien23.
Les deux prétendants se tenaient aux portes de Prague pour en découdre. Contre la volonté des seigneurs tchèques, ce sont les bourgeois de la ville qui prirent l’initiative en ouvrant les portes de la ville au Brandebourgeois qui devint ainsi maître du château et des autres villes royales24. Dans ces conditions, Rodolphe de Habsbourg décida de passer à l’offensive. Mais alors qu’il attendait du renfort, il opta pour la voie de la négociation après sa rencontre avec Cunégonde à Sedlec. La reine s’était soumise à la protection du roi des Romains qui reçut aussi l’hommage des barons et des villes de Bohême25. Une commission fut créée par l’évêque de Brno, Bruno de Schaumburg (1245-1281)26, pour régler la situation. Il fut décidé de remettre la régence de Venceslas à Otton v pour cinq ans, période à l’issue de laquelle le jeune roi devait gouverner seul le pays27. 32La Moravie était confiée à Rodolphe de Habsbourg pour la même durée28. Cunégonde reçut la province d’Opava29. À l’automne 1278, Venceslas fut confié à Georges de Litovice30, fidèle serviteur du roi défunt. Pour accomplir sa mission, il reçut une maison dans la Vieille-Ville de Prague si bien qu’en réalité ce sont les bourgeois de Prague qui assuraient sa protection, à une époque où la reine y tenait aussi sa cour31. Les seigneurs entendaient protéger le prince des mauvaises intentions de son oncle à son égard32, mais celui-ci s’en empara et le fit enfermer à la mi-février 1279 à la forteresse de Bezděz (Bohême du Nord).
L’identification du peuple À son roi
et le renforcement de la religion royale
Les maltraitances subies et le roi magnifié
Quelle que soit leur provenance sociale et politique, les sources font toutes un tableau noir du sort qui est infligé à Venceslas. Même si la fiabilité des récits n’est pas garantie et les épreuves exagérées dans le but d’émouvoir les lecteurs, les descriptions des auteurs et l’expression de leurs sentiments (indignation, sidération33) permettent de décrypter un ensemble de normes et de valeurs partagées, ainsi qu’une définition de ce que pouvait être un traitement inhumain au Moyen Âge.
Les souffrances de Venceslas sont de plusieurs ordres. En premier lieu, il y a le choc psychologique de l’enlèvement. L’auteur des Malheureuses années insiste sur la brutalité du réveil de la reine et de son fils et le 33transport à une vitesse infernale jusqu’à la forteresse du Bezděz dans la nuit profonde, par un chemin tortueux et parsemé d’ornières34. L’auteur décrit la peur ressentie par les victimes, l’isolement qui s’ensuivit et l’hostilité des gardes allemands chargés de les surveiller, et insiste sur la nécessité de prendre en compte la problématique du développement de l’enfant : les seigneurs justifièrent l’importance de libérer Venceslas par le besoin psychologique de l’enfant de grandir parmi les siens35. À l’angoisse de l’enlèvement par son protecteur et à la dureté des humiliations s’ajoute l’épreuve de l’abandon : la reine parvient à s’enfuir en avril 127936.
Après cela, Otton fait transporter Venceslas hors de Bohême, dans un premier temps à Görlitz le 17 novembre 1279, puis à Berlin le 28 décembre et Spandau dans la foulée37. Là, l’enfant manque de tout, selon les sources : il se réveille la faim au ventre, n’a pour tout vêtement qu’une seule blouse durant toute la durée de sa captivité, des chaussures trouées qu’il ne peut pas faire réparer comme il n’a pas d’argent et est laissé à lui-même dans la forêt38.
En réalité, la forteresse de Spandau n’était pas isolée comme le prétend l’abbé Otton et les margraves Jean ier et Otton iii avaient contribué à en faire un centre de la culture chevaleresque39. Le niveau de confort et de culture y était inférieur à celui de la cour přemyslide, mais Venceslas y mena une existence normale, recevant une éduction conforme à son rang, ce qui ne nous autorise certes pas à minimiser le préjudice subi mais le relativise. Pourtant, l’abbé Otton et François de Prague insistent sur 34le douloureux traitement pour mieux louer l’exemplarité du jeune roi qui l’endure sans se plaindre et se montre un soutien pour les personnes emprisonnées avec lui, ne laissant jamais transparaître sa peine et son découragement et adressant à tous un visage aimable40.
S’impose un modèle de sacrifice qui concourt à présenter le jeune roi sous les traits christiques, à un moment où la définition de la sainteté, longtemps axée sur la mort spectaculaire puis les mystères et l’extraordinaire, connaissait des remaniements. Sous l’impulsion de la réforme grégorienne, la papauté entendait réaliser sur terre l’Église idéale, ce qui l’avait amenée à privilégier à partir du xiiie siècle la canonisation de saints « modernes » incarnant les vertus quotidiennes et l’exemplarité, en réponse aux nouveaux besoins de la population41. Dans un autre registre, l’enlèvement et la captivité du roi fonctionnent comme un martyre conformément à l’apparition du modèle du « saint roi chevaleresque », héros d’aventures et d’exploits militaires, qu’illustrent les canonisations royales du xiie siècle42.
Sanctificatrice43, l’humiliation subie par Venceslas est au cœur du message. Pour un individu d’origine modeste, les privations et la pauvreté correspondraient néanmoins à la norme. Mais c’est justement l’écart entre la position sociale originelle et le degré d’abaissement qui magnifie ces traitements. L’humiliation imposée et l’humilité affichée composent la grandeur du roi dans un système de valeurs où les conditions socio-économiques exprimées s’allégorisent en vertus, où l’humilité n’est pas la condition des humbles mais la vertu de celui qui s’applique à la servir44 : à la délicatesse et à la tempérance du royal Venceslas s’oppose la rustrerie de ses geôliers qui parlent fort en frappant du poing sur la table pour mieux dire sa grandeur inégalable45.
35Les souffrances endurées par le peuple
Aux souffrances infligées au roi font écho celles endurées par le peuple. Les années 1280-1282 furent marquées par la famine. Le rude hiver 1280-1281 aurait entraîné une mauvaise récolte, décimé le bétail, ce qui aurait entraîné la hausse des prix des denrées46. Le froid persistant et la sous-alimentation auraient à leur tour favorisé des épidémies et des désordres. À Prague, les quatre gigantesques fosses communes ouvertes en urgence furent remplies au bout de six mois47. À l’enlèvement du roi et à la famine, il faut encore ajouter les pillages et les incendies commis par les Tchèques rentrés de la guerre en août 1278 puis par les Saxons arrivés avec Otton de Brandebourg. Pour parachever ce tableau misérable, l’abbé Otton invente même de toutes pièces l’apparition d’une épidémie de peste en 128148.
Dans la logique médiévale qui fait de la synecdoque l’une des grandes figures de compréhension du réel, la souffrance de l’un est le reflet de la souffrance de tous, la souffrance partagée matérialisant l’identification entre les deux termes. Il en ressort un lien spécial qui vient confirmer les bases de la religion royale, selon laquelle le roi était la tête du corps que constituait le reste de la société, une tête qui fonctionnait comme le principe unificateur de l’ensemble ainsi constitué49, à la manière de l’âme pour le corps où, dans une conception aristotélicienne empreinte d’hylémorphisme, elle n’est pas une entité autonome associée au corps mais la forme substantielle du corps qui lui permet d’exister sur un mode individué50. L’épreuve du rapt permettait donc de démontrer le rôle vital du roi pour son peuple et le cataclysme que représentait son absence.
Il s’ensuit le dérèglement généralisé du royaume. L’auteur des Malheureuses années décrit pour l’année 1282 la pauvreté qui pousse les artisans sans travail à mendier, puis à voler, et donc les bourgeois de Prague à leur fermer l’accès à leurs maisons, liant dérèglement social 36et dérèglement moral, non pas pour condamner les pauvres mais pour expliquer par le désespoir l’apparition de la délinquance51. Son récit abonde en scènes cruelles comme cette femme qui tue un enfant richement paré pour pouvoir vendre ses vêtements52 ; ou cette mère qui refuse de laisser sa fille entrer à la maison pour ne pas avoir à s’occuper de sa dépouille si elle meurt, sort que son état de faiblesse semble annoncer53.
Tous dépeignent une société sens dessus dessous où l’on pratique le cannibalisme54, où les mères sont privées de leur instinct maternel, tandis que les enfants assistent impuissants à la mort de leurs parents affamés55. Ces effrayantes visions sont à replacer dans une interprétation religieuse de l’histoire humaine : le rapt de Venceslas et les tourments infligés aux Tchèques qui en découlent sont deux manifestations de la colère divine à l’encontre de l’hubris de Přemysl Ottokar ii. C’est pour punir le roi défunt que Venceslas fut enlevé et, dans la mesure où les sujets sont comme des moutons obéissants, il est naturel qu’ils soient châtiés avec lui56.
La cohÉsion dans L’ADVERSITÉ ?
La noblesse, représentante exclusive
des Tchèques au détriment des villes
Sur le plan politique, on assista selon les sources à une cohésion exemplaire. Pourtant, très vite, des lignes de démarcation apparaissent de manière insidieuse, entraînant progressivement l’évincement des bourgeois de la vie politique. La participation des bourgeois aux négociations au début de l’épisode est attestée. Après la mort de Přemysl Ottokar ii, ils sont aux côtés des seigneurs pour demander à Otton d’intervenir contre l’invasion du roi des Romains Rodolphe57. À l’issue 37des négociations qui aboutissent à la décision de charger Otton de la régence de Venceslas, c’est aux bourgeois de la Vieille-Ville de Prague que Venceslas est confié et c’est chez eux que Cunégonde installe sa cour. L’auteur des Malheureuses années précise que les seigneurs et les bourgeois font front commun dans la guerre qui les oppose à Otton de Brandebourg en 128058.
Mais c’est la noblesse qui est finalement mise à l’honneur. Elle s’était effectivement imposée comme la représentante exclusive du royaume, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le 25 décembre 1280, une trêve fut signée entre Otton et les seigneurs tchèques pour mettre fin à la guerre persistant entre les Saxons venus avec lui et les Tchèques qui résistaient. Les villes sont représentées à cette assemblée, convoquée par le margrave, aux côtés des seigneurs et de l’évêque de Prague Tobias de Bechyně59, pour en régler les conditions. Sur la demande de la représentation tchèque, Otton dut ordonner le renvoi de tous les Allemands venus dans le pays dans le seul but de commettre des pillages dans les trois jours sous peine de lourdes sanctions. En signe de bonne volonté, Tobias fut nommé administrateur du royaume, en remplacement de l’évêque de Brandebourg et fidèle serviteur d’Otton, Gerhard60, qui occupait jusque-là ces fonctions. Il fut convenu qu’Otton remettrait Venceslas à Tobias contre la somme de 15000 talents d’argent qui devait être collectée le 1er mai dans le cadre de la levée de l’impôt général qu’il avait le droit de percevoir en tant qu’administrateur du royaume61.
Mais comme le chaos persistait, une diète fut rassemblée sous la houlette de Tobias de Bechyně les 20 et 21 mai 1281 dans le réfectoire du monastère Saint-Clément à Prague. Cette assemblée déboucha sur l’institution d’un Landfrieden visant à mettre fin à l’insécurité et aux troubles internes62. Contrairement à la précédente, cette assemblée était une initiative des seigneurs en réaction à l’urgence et à l’inaction d’Otton V malgré les promesses faites. Fermée aux représentants des 38villes, elle reflète bien le resserrement du jeu politique et la captation du pouvoir par la noblesse qui avait fortement progressé, ce que confirme la formule utilisée dans l’acte qui s’y rapporte : « Nos, Tobias, Pragensis episc[opus] et universi barones regni Bohemiae63 ».
La rupture de 1281 est si forte que, de manière rétrospective, les chroniques plus tardives sont muettes au sujet de la première phase de participation des villes et se concentrent sur l’action des seigneurs. Ce sont eux qui confient la régence à Otton en 1278 selon l’abbé Otton et François de Prague (« de consensu baroni Boemie64 »). Partisan de la noblesse, Dalimil écrit que ce sont les seigneurs tchèques qui ont ramené Venceslas à Prague sans préciser la manière dont les événements s’étaient déroulés65. Au terme de cette crise, la parfaite analogie entre la noblesse et la communauté du royaume s’était réalisée66.
Le « souverain naturel » contre le danger allemand
Ce rôle endossé par la noblesse avait été accepté d’autant plus facilement que le besoin de cohésion, même factice, était réel dans un climat d’insécurité qui était aggravé par les intempéries et la famine. Si les Allemands étaient majoritairement responsables des pillages (soldats d’Otton comme de Rodolphe67), les Tchèques en déroute après la défaite du Marchfeld n’étaient pas en reste, comme le signifie l’abbé Otton qui se lamente plus généralement au sujet des vices des de ses compatriotes, plus cruels selon lui envers les leurs qu’envers les ennemis combattus68.
Les sources sont cependant dominées par une lecture binaire qui distingue les victimes tchèques et les bourreaux allemands. Des malheureuses années constitue le premier témoignage émanant de Bohême visant à essentialiser et à diaboliser les Allemands comme un groupe : maléfiques de nature69, ils sont comparés à des chauves-souris ou à de 39la mauvaise herbe70. Les auteurs insistent sur l’origine allemande ou saxonne des auteurs des mauvais traitements infligés à Venceslas et à sa mère comme si cette indication avait une valeur explicative. Même la langue rustre des Brandebourgeois est une injure aux délicates oreilles des royaux représentants71 ! Le peuple et l’Église de Bohême subissent eux aussi des exactions (pillages, profanations72) de la part des Allemands, ce qui enrichit la symétrie des souffrances entre le roi et son peuple déjà remarquée. Les hommes d’Otton de Brandebourg empêchent même l’évêque Tobias de servir la messe en sa cathédrale le 25 janvier 127973. Avec lui, ce sont les chanoines, vicaires et sonneurs de cloches qui se voient interdire l’accès à Saint-Guy, plongeant la ville dans le silence jusqu’en janvier 1281, situation terrifiante à une époque où la vie quotidienne était rythmée par le retentissement des cloches de l’église. La déviance par rapport à la norme religieuse est d’ailleurs une composante fondamentale de l’image négative des Allemands. L’auteur des Malheureuses années consacre une longue digression à l’origine païenne des Saxons et fait l’inventaire de leurs honteuses et peu orthodoxes coutumes74.
Cette diabolisation de l’Allemand permit de thématiser et de préciser en retour l’idée de naturel. Le chaos dépeint de manière dramatique par les sources permettait de dégager le caractère naturel et bon du gouvernement du roi přemyslide75, contre celui, hostile, assuré par les hommes d’Otton, dans une perspective associant nature, plans divins et bonté76. Le dérèglement était dû tant à l’absence du principe naturel, le souverain, qu’à la présence de forces non-naturelles. L’épisode du rapt de Venceslas est l’événement structurant qui donna toute sa force à l’argument naturaliste et fonda en Bohême la référence au seigneur naturel, comme l’illustre l’acte relatif à la diète de mai 1281 : « W[enceslaus], filius quondam illustris regis Bohemiae Premizl, princeps et dominus noster naturalis77 ». Alors qu’il n’avait jamais été nécessaire de le 40convoquer jusque-là, le motif de seigneur naturel avait acquis toute la force d’un slogan de ralliement dans ce climat d’incertitude78.
Le retour du roi. La paix retrouvée ?
Jusqu’au bout, le risque de voir l’opération échouer avait été grand. Après les accords passés en 1281, Otton n’avait cessé de retarder la libération du roi, aspirant à tirer au maximum profit des richesses de Bohême79. Durant l’été 1282, il se présenta en Bohême avec Venceslas pour récupérer l’argent qui lui était dû selon le pacte passé. Mais en plus des 15000 talents prévus, il réclamait 20000 talents pour les soins et l’éducation qu’il avait prodigués à son protégé80. Comme les seigneurs n’étaient pas en mesure de lui donner une telle somme, Otton renvoya ce dernier à Dresde. À court de numéraire et de métaux, les seigneurs se résignèrent à lui remettre en gage un ensemble de châteaux et de villes stratégiques (Děvin, Ústí, Most, Ronov, Bezděz)81, situés à la frontière avec les territoires de Görlitz et de Bautzen qui étaient soumis à sa famille. Il est possible qu’Otton ait espéré intégrer ces lieux de manière définitive à ses possessions. Les seigneurs tchèques étaient manifestement prêts à prendre le risque de perdre une partie du territoire de la Bohême pour mettre fin à la régence d’Otton.
Proportionnellement à la lecture apocalyptique faite des années de captivité du roi, la perspective de son retour est lue comme une apothéose. C’est dans la nature, dans le macrocosme que l’on va chercher les signes de l’absolution divine. L’auteur des Malheureuses années décrit l’apparition d’un arc-en-ciel d’une incroyable beauté le 26 décembre 1282, enserrant l’ensemble de la ville de Prague et interprété par des juifs et des chrétiens comme l’annonce du retour du roi et de la fin des calamités naturelles82. La prophétie fut en outre confirmée par l’interprétation de phénomènes astrologiques observés par des « hommes sages et savants » dans la nuit du 5 avril 128383. Venceslas fit son retour à Prague en grandes pompes le 24 mai 1283, déclenchant la liesse générale. Pour parfaire l’heureux 41dénouement, le roi des Romains Rodolphe qui avait été saisi par les barons de Bohême statua que Venceslas n’était lié par aucun engagement envers Otton et n’avait pas à lui remettre les villes et châteaux promis84.
Âgé de douze ans, Venceslas devait attendre encore une peu plus de deux ans pour avoir le droit de régner. Si la régence d’Otton était terminée, il fallait donc envisager un autre encadrement. Pouvant se féliciter d’avoir réglé la situation, le clan de Tobias et Purkart de Janovice s’imposa dans un premier temps85. La félicité fut de courte durée. Venceslas renoua avec sa mère qui le convainquit d’accorder sa grâce à Záviš de Falkenštejn. Ce dernier avait conduit les Vítkovci contre Přemysl Ottokar ii et était donc l’ennemi juré de son père. La reine s’était rapprochée de lui vers 128086. Avec cette grâce s’ouvrait une nouvelle période d’épuration et d’instabilité (retour de Tobias et Purkart de Janonice), entre 1284 et 1290, année de l’exécution de Záviš87.
Conclusion
Par son caractère brutal et traumatique, le rapt constitue une épreuve pour les institutions monarchiques et les discours visant à les légitimer. Parallèlement, il est aussi une chance pour les groupes en présence désireux d’accroître leur pouvoir. Alors que le rapt de Venceslas intervient dans un contexte de grande instabilité et de luttes claniques, la société politique de Bohême affiche une cohésion sans faille dans les négociations avec Otton v le Long, pour faire revenir le roi. Pourtant, déjà, le front uni n’est que façade. La bourgeoisie présente au début des négociations est peu à peu évincée du jeu politique par la noblesse, tandis que les événements qui suivent le retour du roi, après 1284, indiquent que les luttes intestines entre les clans nobiliaires ont repris de plus belle.
42L’épisode fut l’occasion de préciser plusieurs motifs et représentations essentiels de la vie politique. D’une part, la religion royale faisant du roi l’élément sans lequel le peuple ne pouvait survivre, telle la tête pour le corps, trouvait une illustration éloquente. Mais comme la tête manquait, c’est la noblesse qui fut amenée à jouer le rôle de principe unificateur, développant le motif de la communitas regni88. De l’autre, les Allemands étant de plus en plus perçus comme l’ennemi absolu, la figure du seigneur naturel comme le seul apte à régner se précisa et gagna en consistance. Mais là encore, c’est la noblesse qui fut amenée à incarner le naturel et la défense du royaume face au danger allemand. Les bases du dualisme, ce mode de gouvernement qui reconnaissait officiellement la participation des seigneurs à l’exercice du pouvoir à l’avènement de Jean de Luxembourg (1310-1346)89, étaient jetées.
Éloïse Adde
Lamop, Paris
1 C’est le titre que François de Prague donna au 4e chapitre de sa chronique rédigée vers 1350, Cronica Boemorum regum, ducum et dominorum, éd. J. Emler, Fontes rerum Bohemicarum (par la suite FRB), t. 4, éd. J. Emler, Prague, Nádání Františka Palackého, 1884, p. 347-456, ici p. 354.
2 O zlých létech po smrti Přemysla Otakra ii., FRB, t. 2, éd. J. Emler, p. 335-376.
3 Petra Žitavského kronika zbraslavská, FRB, t. 4, p. 1-337.
4 M. Bláhová, « Osudy Zbraslavské kroniky », Studia historica Brunensia, 62/1, p. 143-154.
5 Chronique de Dalimil, éd. et trad. É. Adde, La Chronique de Dalimil. Les débuts de l‘historiographie nationale tchèque en langue vulgaire au xive siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 239-398.
6 R. Antonín, « Přemysl Otakar ii. a zisk zemí Babenberského dědictví. », Pocta králi. K 730. výročí smrti českého krále, rakouského vévody a moravského markraběte Přemysla Otakara ii., éd. J. Libor, Brno, Matice Moravská, 2010, p. 55-71.
7 J. Žemlička, Přemysl Otakar ii., král na rozhrání věků, Prague, Lidové noviny, 2011 : Cheb, p. 128 ; la Carniole et la Carinthie, p. 140 ; Aquilée et le Frioul, p. 141 ; guerres contre la Hongrie, p. 46, 148-150.
8 J. Žemlička, Přemysl Otakar ii., p. 397-403.
9 M. Kaufhold, Deutsches Interregnum und europäische Politik. Konfliktlösungen und Entscheidungsstrukturen 1230–1280, Hanovre, Hahn, 2000.
10 J. Žemlička, Přemysl Otakar ii., p. 422, 450-471.
11 L. Jan, Václav ii. a struktury panovnické moci, Brno, Matice moravská, 2006, p. 168-187 ; L. Jan, Václav ii. Král na stříbrném trůnu, Prague, Argo, 2015, p. 15.
12 En 1198, les pays tchèques étaient devenus un royaume et le duc un roi, J. Žemlička, Počátky Čech královských 1198-1253. Proměna státu a společnosti, Prague, Lidové noviny, 2002, p. 91-92.
13 L. Jan, « Domácí šlechtická opozice a přemyslovští králové 13. Věku », Rituál smíření, konflikt a jeho řešení ve středověku, Sborník příspěvků z konference konané ve dnech 31. května-1. června 2007 v Brně, éd. M. Nodl, M. Wihoda, Brno, Matice moravská, 2008, p. 85-100.
14 L. Jan, Václav ii. Král, p. 26.
15 L. Jan, Václav ii. Král, p. 27-28.
16 G. Althoff, Spielregeln der Politik im Mittelalter : Kommunikation in Frieden und Fehde, Darmstadt, Primus, 1997 ; M. Kaufhold, Deutsches Interregnum und europäische Politik. Konfliktlösungen und Entscheidungsstrukturen 1230-1280, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 2000, p. 385.
17 A. Kusternig, « Bitva na Moravském poli (u Suchých Krut a Jedenspeigen) 26. srpna 1278 », Česko-rakouské vztahy ve 13. století : Rakousko (včetně Štýrska, Korutan a Kraňska) v projektu velké říše Přemysla Otakara ii., Sborník příspěvků ze symposia konaného 26.-27. září 1996 ve Znojmě, éd. M. Bláhová, I. Hlavíček, Prague, Rakouský kulturní institut - Filozofická fakulta Univerzity Karlovy, 1998, p. 163-189.
18 Venceslas est né le 27 septembre 1271.
19 H. Krabbo, Regesten der Margrafen von Brandenburg aus des Askanischen Haus, I, Leipzig, Veröffentlichungen des Vereins für Geschichte der Mark Brandenburg, 1910, no 611, p. 133-134.
20 Regesta diplomatica necnon epistolaria Bohemiae et Moraviae (par la suite RBM), t. 2, éd. J. Emler, Prague, Typis Grégerianis, 1882, no 1144, p. 491.
21 RBM, t. 2, no 1145, p. 492. Voir aussi L. Jan, Vznik zemského soudu a správa středověké Moravy, Brno, Masarykova univerzita - Matice moravská, 2000, p. 211-215.
22 L. Jan, Vznik zemského soudu, p. 215-216.
23 L. Jan, Václav ii. Král, p. 31.
24 J. Žemlička, « Roudnický záznam o “zlých létech” po smrti Přemysla Otakara ii. (Osudy vsi Dájova a František Pražský ?) », Regnum Bohemiae et Sacrum Romanum Imperium. Sborník k poctě Jiřího Kuthana, Sborník Katolické teologické fakulty Univerzity Karlovy. Dějiny umění - historie, 2, éd. J. Royt, M. Ottová, A. Mudra, Prague, Tomáš Halama, 2005, p. 89-102.
25 RBM, t. 2, no 1152, p. 494-495.
26 Libor Jan, « Věrně po boku svého krále. Bruno ze Schaumburku », Osobnosti moravských dějin (1), éd. L. Jan, Z. Drahoš, Matice moravská, Brno, 2006, p. 63-76.
27 J. Boubín, « Přehled zástupnických vlád v Čechách ve 13. a prvé polovině 14. Století », Sborník prací k poctě narozenin prof. PhDr. Ivana Hlaváčka, CSc., éd. M. Polívka, M. Svatoš, Prague, Historický ústav Československé akademie věd, 1992, p. 25-33.
28 Příběhy krále Přemysla Otakara II., FRB, t. 2, p. 333 ; Benedicti Minoritae dicti Chronica, éd. L. Dušek, Zákony Franciszkanskie w Polsce, t. 1, Cracovie, Franciszkanie na zemiach polskich, 1993, p. 323-434, ici p. 365 ; Petra Žitavského kronika zbraslavská, p. 15. Voir aussi L. Jan, Vznik zemského soudu, p. 218-219 ; L. Jan, Václav ii. Král, p. 32.
29 RBM, t. 2, no 1154, p. 496.
30 L. Jan, Václav ii. Král, p. 35.
31 L. Jan, Václav ii. Král, p. 36.
32 Petra Žitavského kronika, p. 15.
33 L’abbé Otton se désole de ne pas exprimer ce que Venceslas a vécu, Petra Žitavského kronika, p. 16.
34 O zlých létech, p. 346.
35 O zlých létech, p 347.
36 Prétendant vouloir aller se recueillir sur la dépouille de son défunt mari à Znojmo, la reine regagna en réalité son douaire à Opava. L. Jan, Václav ii. Král, p. 38.
37 C’est la datation rapportée par la chronique tardive (1452-1461) mais fiable de Beneš Minorita, voir Benedicti Minoritae, p. 325, 366. Sur les questions de datation, voir L. Jan, Václav ii. Král, p. 40.
38 Petra Žitavského kronika, p. 16 ; Cronica Boemorum regum, p. 355.
39 D. Malá-Dvořáčková, « Braniboři v Čechách a zajetí Václava ii. (česko-braniborské vztahy ve 13. století) », Korunní země v dějinách českého státu. II., Společné a rozdílné - Česká koruna v životě a vědomí jejích obyvatel ve 14.-16. století : sborník příspěvků přednesených na kolokviu pořádaném ve dnech 12. a 13. května 2004 v Clam-Gallasově paláci v Praze, éd. L. Bobková, J. Konvičná, Prague, Albis international, 2005, p. 129-158, ici p. 136. J. Bumke, Mäzene im Mittelalter. Die Gönner und Auftraggeber der höfischen Literatur in Deutschland 1150–1300, Beck, Munich, 1979, p. 187, 225 ; J. Bumke, Höfische Kultur. Literatur und Gesellschaft im hohen Mittelalter, Dtv, Munich, 2002, p. 667.
40 Petra Žitavského, p. 16 ; Cronica Boemorum regum, p. 354.
41 A. Vauchez, La sainteté en occident aux derniers siècles du Moyen Âge – d’après les procès de canonisation et les documents hagiographiques, Rome, École française de Rome, 1988, p. 121-122.
42 G. Klaniczay, Holy Rulers and Blessed Princesses : Dynastic Cults in Medieval Central Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 161-172.
43 M. Zink, L’humiliation, le Moyen Âge et nous, Paris, Albin Michel, 2017.
44 J. Dalarun, Gouverner, c’est servir, Paris, Alma, 2012, p. 125.
45 Petra Žitavského kronika, p. 16.
46 Benedicti Minoritae, p. 366.
47 L. Jan, Václav ii. Král, p. 58.
48 Petra Žitavského kronika, p. 17 ; Cronica Boemorum regum, p. 354.
49 Provenant du Timée de Platon, l’image de l’État comme corps humain fut abondamment reprise et commentée par Jean de Salisbury, Policraticus sive de nugis curialium et vestigiis philosophorum, éd. et trad. par C. J. Nederman, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, V, 2, p. 66-68.
50 J. Baschet, « Âme et corps dans l’Occident médiéval : une dualité dynamique, entre pluralité et dualisme », Archives de sciences sociales des religions, 112, 2000, p. 5-30, ici p. 20.
51 O zlých létech, p 356.
52 O zlých létech, p 358.
53 O zlých létech, p 359.
54 O zlých létech, p. 362 ; Petra Žitavského kronika, p. 17 ; Chronique de Dalimil, p. 380 ; Cronica Boemorum regum, p. 355.
55 Petra Žitavského kronika, p. 17.
56 O zlých létech, p. 356.
57 Petra Žitavského kronika, p. 15.
58 O zlých létech, p. 341.
59 Issu de l’influente famille des Benešovci, il avait été nommé évêque de Prague le 15 novembre 1278.
60 Gerhard avait été nommé à cette fonction durant l’année 1279 par Otton pour le suppléer pendant ses absences, O zlých létech, p. 347-349 ; Petra Žitavského kronika, p. 14.
61 O zlých létech, p. 340, 353-355 ; L. Jan, Václav ii. Král, p. 46.
62 L. Jan, Vznik zemského soudu, p. 239-242 ; D. Malá-Dvořáčková, « Braniboři », p. 139. Sur le Landfrieden, voir Elmar Wadle, Landfrieden, Strafe, Recht. Zwölf Studien zum Mittelalter, Duncker & Humblot, Berlin, 2001.
63 RBM, t. 2, acte no 1238 (1281), p. 535-536.
64 Petra Žitavského kronika, p. 14 ; Cronica Boemorum regum, p. 354.
65 Chronique de Dalimil, p. 381.
66 Dans le même ordre d’idées, pour caractériser les troubles de 1280, l’auteur des Malheureuses années parle de guerre opposant les seigneurs et bourgeois de Bohême à Otton, tandis que l’abbé Otton et Dalimil parlent de raids effectués par la seule noblesse, Petra Žitavského kronika, p. 16-17 ; Chronique de Dalimil, p. 380.
67 L. Jan, Václav ii. Král, p. 48.
68 Petra Žitavského kronika, p. 15.
69 O zlých létech, p. 344.
70 O zlých létech, p. 354.
71 O zlých létech, p. 346.
72 O zlých létech, p. 343-345, 352 ; Petra Žitavského kronika, p. 18.
73 O zlých létech, p. 339. Voir aussi L. Jan, Václav ii. Král, p. 49.
74 O zlých létech, p. 363-365.
75 Petra Žitavského kronika, p. 20, 21.
76 J. Krynen, « Naturel. Essai sur l’argument de la Nature dans la pensée politique à la fin du Moyen Âge », Journal des Savants, 1982/2, p. 169-190, ici p. 172.
77 RBM, t. 2, Prague, Haase, 1882, acte no 1238 (1281), p. 535-536.
78 J. Krynen, « Naturel », p. 187.
79 K. Charvatová, Václav ii. Král český a polský, p. 69.
80 O zlých létech, p. 366-367 ; L. Jan, Václav ii. Král, p. 61.
81 O zlých létech, p. 366.
82 O zlých létech, p. 365.
83 O zlých létech, p. 366.
84 RBM, t. 2, no 1297 (23 août 1283), p. 558 ; L. Jan, Václav ii. Král, p. 61.
85 Purkart de Janovice devient Hofmeister et éducateur du roi.
86 Sur les liens entre Záviš et la reine, voir L. Jan, « In ordine Cruciferorum Christo militavit. Kosudům Ješka, syna Záviše z Falkenštejna a královny Kunhuty », Český časopis historický, 3, 2000, p. 453-475, ici p. 458.
87 Sur la chute de Záviš, les conditions de son exécution et la bibliographie, voir É. Adde, La Chronique de Dalimil, p. 205-209.
88 É. Adde, « ‘Communauté du royaume’ et affirmation de la noblesse dans les pays tchèques (xiiie-xive siècles) », La ‘communauté du royaume’ (Angleterre, Écosse, France, Empire, Scandinavie), de la fin du xe siècle au début du xive siècle, théories et pratiques, éd. D. Barthélemy, I. Guyot-Bachy, F. Lachaud, J.-M. Moeglin, Presses universitaires de Paris Sorbonne, Paris, 2019, p. 313-329.
89 É. Adde, « Représentation et partage du pouvoir, l’imposition du dualisme comme mode de gouvernement dans la Bohême médiévale (xive-xve siècles) », 46e congrès de la SHMESP : Gouvernement des âmes, gouvernement des hommes, Montpellier, 28-31/5/2015, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 126-136.