Skip to content

Classiques Garnier

Les Sept articles de la foi ou Jean de Meun à l’article de la mort

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2018 – 2, n° 36
    . varia
  • Author: Fritz (Jean-Marie)
  • Abstract: The Sept articles de la foi are a long poem set in Hélinand stanzas (135 in the long version). In most manuscripts, this didactic treatise is attributed to Jean de Meun and often appears alongside the Testament and Codicille by the same author, appended to copies of Le Roman de la Rose; this trilogy reverberates like remorse or a testament after the errancy found in the Rose. However, the attribution of the text to Jean Chapuis beginning with the final stanza by Paulin Paris remains dubious.
  • Pages: 91 to 114
  • Journal: Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406089537
  • ISBN: 978-2-406-08953-7
  • ISSN: 2273-0893
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08953-7.p.0091
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 01-29-2019
  • Periodicity: Biannual
  • Language: French
91

Les Sept articles de la foi
ou Jean de Meun
à l
article de la mort

On a depuis longtemps noté la distorsion entre la diffusion des œuvres au Moyen Âge et leur qualité littéraire à nos yeux de modernes. Combien de chefs-dœuvre conservés dans des unica (on pense dabord au Pèlerinage de Charlemagne, dont le témoin a de plus mystérieusement disparu, ou à Aucassin et Nicolette, sans même parler du naufrage littéraire des Tristan en vers du xiie siècle) et de textes insipides transmis par de nombreuses copies1 ? Rares sont les œuvres qui échappent à ce grand écart : le Roman de la Rose en est une, puisque sa diffusion médiévale sans égale pour le domaine vernaculaire na pas été démentie par labondance des travaux critiques quil a suscités depuis sa première édition moderne, celle de Méon au début du xixe siècle. Le texte que nous nous proposons danalyser, les Sept articles de la foi, appartient manifestement au second cas de figure : attesté par plus de 60 manuscrits2, il na plus été édité depuis 1814, par Méon précisément, en appendice à son édition du Roman de la Rose, et na fait depuis lobjet daucune étude ou darticle même partiel3. De fait, le succès médiéval de ce texte nest sans doute pas dû à ses caractères intrinsèques, mais à son attribution précoce à Jean de Meun. Comme le note Du Fresnoy à propos des Sept articles et du Testament attribué 92au même auteur, « ces morceaux de poésie sont stériles et languissans, et ne peuvent être considérés que parce quils viennent dun auteur célèbre4 ». Un peu comme pour de nombreux textes scientifiques ou encyclopédiques que lon a placés sous la paternité dAristote, peut-être en vue de leur assurer le succès et de les auréoler dune autorité prestigieuse5, lattribution factice à un auteur aussi central que Jean de Meun a permis sa large diffusion et la querelle du Roman de la Rose autour de 1400 a sans doute encore favorisé la multiplication des copies. Le texte figure en effet dans de nombreux manuscrits de la Rose en clôture du recueil, en compagnie de deux autres œuvres dattribution discutée, le Testament et le Codicille6. Cette trilogie présentée selon un ordre souple7 permettait de contrebalancer la perspective naturaliste et sulfureuse, voire subversive, du texte de Jean de Meun et de faire rentrer dans le rang son auteur en assurant une conversion dans tous les sens du terme : près de sa fin, Jean de Meun se serait assagi et aurait opéré un retour à Dieu. Ces trois textes résonnent comme un remords, comme un testament, titre qui a été donné au gré des manuscrits à chacune des composantes de la trilogie8. Certains explicit insistent sur 93cette dimension testamentaire et cette composition quasi in articulo mortis, comme celui du manuscrit de Besançon : « Explicit le livre des sept articles de la foy, que maistre Jehan de Meun fist a son trespassement. Dieu mette son ame en paradis. Amen9 ». Une autre copie évoque la maladie du poète : « Explicit les sept articles de la foy que maistre Jehan de Meun compilla en sa maladie prés du jour de son trespassement10 ». Les copistes mettent en scène toute une fiction de lauteur, un Jean de Meun entre la vie et la mort, qui écrit sur les fins dernières, au lit de sa mort11, puisquun jugement dernier terrible forme le dernier des sept articles de la foi. Dans ces circonstances graves, la strophe dHélinand ne pouvait que simposer. La mort nest plus apostrophée et convoquée à distance comme dans le poème dHélinand ; elle est lavenir le plus immédiat de lauteur du Roman de la Rose, la relation est celle dun face-à-face.

Jen chappuis

Avant même la question de lauteur, se pose celle du titre. La proximité du Testament et du Codicille dans la tradition manuscrite a entraîné un grand flottement dans les titres et par suite la plus grande confusion dans les notices modernes de manuscrits :

Codicille, Petit Codicille, Petit Testament, Brief et même Tresor pour le Codicille12 ;

Codicille, Grand Codicille, Tresor de la foi, Sept articles de la foi, Testament13 pour les Sept articles de la foi ;

94

quant au Testament, il napparaît guère plus stable ; il est aussi appelé Contemptus mundi14, Codicille15 ou Le roumant de la Trinité16, ce qui pouvait entraîner une confusion avec les Sept articles de la foi qui souvre précisément par une invocation à la Trinité et, dans bien des manuscrits, par une image de la Trinité.

Cet environnement « rhodo-testamentaire » nest évidemment pas le seul : les Sept articles de la foi acquerront une sorte de vie autonome, loin du Roman de la Rose, et pourront accompagner les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville17 ou des textes de dévotion, comme des traités de Gerson18. Dautres manuscrits les associent à lApparicion maistre Jehan de Meun dHonoré Bovet19, ainsi quau débat sur le Roman de la Rose : ils deviennent une pièce du dossier mise en avant pour la défense de Jean de Meun20. On sait que Gontier Col avait transmis en 1401 un exemplaire du Tresor quil reconnaît fautif à Christine de Pizan ; celle-ci le reçut avec circonspection21. La Consolation de Boèce, dans lune ou lautre de ses nombreuses traductions vernaculaires, accompagne également souvent le traité, peut-être parce que Jean de Meun avait traduit ce texte, peut-être aussi parce que les Sept articles sont présentés comme un réconfort et une protection dans un monde dominé par le mal et le péché22. Lon peut à ce 95moment-là retrouver la trilogie testamentaire ; la série homogène Consolation / Testament / Codicille / Sept articles concurrence la série palinodique Rose / Testament / Codicille / Sept articles23 ; la continuité idéologique lemporte sur la trajectoire biographique qui conduit à la résipiscence. Le texte nest donc pas réduit à la fonction dappendice du Roman de la Rose, il vit de sa vie propre, tout en restant presque toujours attribué à Jean de Meun.

La tradition manuscrite très riche, prolongée par les éditions anciennes du Roman de la Rose (des imprimés humanistes24 aux éditions Du Fresnoy de 1735 et de Méon de 1814), peut se diviser nettement en deux recensions, une recension longue et majoritaire de 135 strophes et une recension courte de 73 strophes, qui se contente déliminer bon nombre de douzains sans procéder à une quelconque refonte des strophes conservées25. En dehors de cette divergence, la tradition est, semble-t-il, relativement stable. Les quelques sondages que lon a pu effectuer indiquent un nombre plutôt limité de variantes, ce qui peut sexpliquer à la fois par larmature prosodique très rigide de la strophe dHélinand, qui offre moins de plasticité que le distique doctosyllabes, mais aussi par la dimension normative du texte : on ne saurait prendre de liberté avec les articles de la foi, avec un traité qui vise à une orthodoxie. Ce nest pas le lieu dexaminer ici en détail la tradition, mais lédition Méon semble bien refléter une forme de Vulgate et suit la version longue ; comme pour le Roman de la Rose, léditeur ne se contente pas de reprendre les imprimés humanistes et sappuie sur des manuscrits parisiens sans méthode précise26.

96

La question de lauteur est épineuse. Un examen complet de la tradition manuscrite serait nécessaire pour y répondre : très rarement anonyme27, le traité est en général placé sous lautorité de Jean de Meun, même lorsquil est détaché du Roman de la Rose. Mais les médiévaux nétaient pas dupes. Ainsi Christine de Pizan ironise sur les partisans de Jean de Meun prêts à lui attribuer les traités de saint Augustin : « Plusseurs qui luy sont favourables luy veulent imposer des dictiers mesmes de saint Augustin28 ». Le manuscrit BNF fr. 380, témoin de la version abrégée, porte dune main moderne (xviie siècle ?) le titre suivant : Vers à la louange de la tres sainte Trinité par Jehan Chapuis, titre curieux, puisquil nest question de la Trinité que dans le préambule ; et le nom de lauteur Jehan Chapuis est biffé et corrigé en de Meung29. En analysant ce manuscrit en 1840, Paulin Paris voit dans ce titre, mais aussi dans cette biffure la main de Baluze et trouve la justification de cette attribution dans la dernière strophe du texte, conclusion dune prière à la Vierge30 ; celle-ci contiendrait cette signature sous forme cryptée :

Et pour ce, dame debonnaire,

Que je me vueil cy du tout taire

De toy louer, et si ne puis

Toutes tes loenges retraire,

Te supply quil te vueille plaire

A prendre en gré ce que je puis ;

Car je croy vraiement que puis

Que mon cuer ne puet de ton puis

Sachier ce quil en vouldroit traire,

Que les coypiaulx et les chappuis

Prendras en gré que jen chappuis

Car ce te plaist quon en puet faire31.

97

Chappuis est un synonyme de « copeau, éclat de bois », chapuiser signifie « tailler du bois ». Mais lhypothèse reste bien fragile dautant plus que cet auteur nest pas attesté par ailleurs. Et lorsque Jean Petit reprend verbatim cette prière à la Vierge dans son Miracle de Basqueville autour de 1400, a-t-il conscience de cette signature cryptée32 ? Et comment interpréter labsence de cette prière dans certains manuscrits anciens (Arras et surtout BNF fr. 576 daté de 1382)33 : volonté de supprimer cette signature ou reflet dun état ancien du traité, sans cette signature34 ? La tradition manuscrite semble en tout cas plaider pour une élaboration bien plus tardive que le Testament (que lon peut dater selon sa dernière éditrice des années 1291-1292)35 ou le Codicille. Les manuscrits ne paraissent pas remonter en deçà de 1350, le plus ancien témoin daté semblant être le BNF fr. 576, copié en 138236. Aucune allusion historique ou littéraire ne permet une datation plus précise : à la strophe 13, il est bien question des « fables controuvees / De Blanchefleur ne dEsglantine » que lauteur des Sept articles oppose à la matière inspirée de son traité, allusion à deux célèbres débats du clerc et du chevalier, Florence et Blancheflor et Hueline et Aiglentine, mais ces textes datent du xiiie siècle37. Une étude lexicale approfondie permettrait de préciser certains faits et nous orienterait sans 98doute du côté de lArtois ou des Flandres38. Situé dans le second tiers du xive siècle, lauteur écrit peut-être dans le sillage de Jean le Court, dit Brisebarre, auteur de deux poèmes religieux en strophes dHélinand, lEscole de foy (daté de 1327) et le Tresor Nostre Dame, même si lambition de ces poèmes est sur le plan théologique bien plus modeste que les Sept articles39. Cette datation basse pourrait aussi expliquer la disparition de toute allusion aux ordres mendiants comme dans le Testament ou le Codicille écrits à la fin du xiiie siècle : le sujet nest plus dactualité.

Enjeux numériques

En quoi consiste ce texte ? Pour lessentiel en un exposé théologique plutôt austère des articles de la foi, exposé solide qui porte la main dun clerc et qui pouvait donc passer pour lœuvre dun Jean de Meun repenti. Ces articles ne sont pas un héritage patristique, mais un acquis de la scolastique ou plutôt une adaptation des articles du Credo à la lumière de préoccupations de la nouvelle théologie du xiiie siècle ; on peut parler de Credo scolastique40. Lon connaît en fait deux séries : les 12 ou 14 articles de la foi, comme cela apparaît déjà clairement dans la Summa de bono de Philippe le Chancelier autour de 123041. Thomas dAquin revient sur ces doubles séries dans la Somme théologique et consacre même un traité à la question, le De articulis fidei42. On peut les présenter de la manière suivante :

99

12 articles

14 articles

Divinité

1. Unité de lessence

1. Unité de lessence

2. Trinité

2. Père

3. Fils

4. Saint-Esprit

3. Création

5. Création

4. Grâce

6. Grâce

5. Résurrection

7. Rémunération/Résurrection

6. Rémunération

Humanité du Christ

7. Conception-Nativité

8. Conception

9. Nativité

8. Passion et mort

10. Passion et mort

9. Descente aux enfers

11. Descente aux enfers

10. Résurrection

12. Résurrection

11. Ascension

13. Ascension

12. Retour et Jugement

14. Retour et Jugement

Les variantes sont, on le voit, de détail ; dans les deux cas, les séries souvrent sur la Trinité et sont partagées à partir de la double nature du Christ : Divinité et Humanité. Ce savoir sériel se diffusera rapidement dans le domaine vernaculaire et les articles de la foi figureront ainsi dans les traités de dévotion et les innombrables Doctrines chrétiennes de la fin du Moyen Âge. Le Traité de conscience du BNF fr. 1881 distingue les choses à croire, soit les articles de la foi, les choses à désirer, soit les pétitions du Pater, les choses à faire, soit les commandements de la Loi43. La forme est en général condensée ; dans la Brève doctrine chrétienne versifiée du BNF fr. 2095, qui évoque aussi les 10 commandements, les 7 sacrements et les 7 dons du Saint Esprit, chaque article est réduit à un distique bien lapidaire et lon a à faire à une traduction libre du Symbole des Apôtres (également articulé dans la tradition en 12 points), plutôt quà un véritable rappel des articles scolastiques :

100

Chi sont les.xii. articles de la foy catholique

les quelz un chascun vray catholique doibt fermement croire

I. En Dieu le Pere de grant poissanche

Mes tout ten cœur et te fianche. S. Pierre

II. En Filz qui print nostre substanche

Croy tot sans faire varïanche. S. Andrieu

III. Croy tot de vivë ordonnanche

Que Dieu en Vierge print naissanche. S. Jaques le Grant

IV. Soubz Pylate ne fay doubtanche [fol. 72v]

Morut Jhesus par grief souffranche. S. Jehan

V. En enfer pour no delivranche

Deschendi Dieu, chest me creanche. .S. Thomas

VI. Au destre Dieu, chest mesperanche,

Jhesus au* chiel a demouranche, S. Jaques

VII. Et tout il jugera a tres juste balanche**. S. Philippe

VIII. Croire je voeul sans dechevance

En s. Esprit, chest me plaisanche ; S. Bethremieu

IX. Croire, en che men coeur sassente,

Que sainte Eglise nous presente. S. Mahieu

X. Je croy mes que faichons penanche,

De nos pequiés arons quittanche. S. Symon

XI. Foy me tient en grant asseuranche

Que nous resusciterons en plaisanche. S. Jude

XII. Je croy au* chiel estre habundanche

De sainte vie sans defaillanche. S. Mathieu44

* ms. un

** alexandrin qui remplace le distique ? ou lacune dun vers ?

La répétition des rimes (ou assonances pour le distique ix) assure lunité du Credo ; et les 12 articles sont ici mis en rapport, conformément à une tradition qui remonte au moins à Ambroise, avec les 12 apôtres45. Le Pseudo-Jean de Meun présente deux originalités : dun côté, il ne nous donne quune demi-liste ne retenant que les articles consacrés à lHumanité du Christ ; dun autre côté, il ne se contente pas dune simple liste comme dans le texte cité, mais établit un véritable traité. Processus dexpansion qui explique aussi le choix de la strophe massive dHélinand, et non plus du distique doctosyllabes comme la Doctrine versifiée.

101

Pourquoi cette structure hémiplégique ? Elle permet de choisir dans la liste ce qui relève dune histoire, dun récit passé et à venir, de la naissance du Christ à la parousie, et non pas de spéculations théologiques complexes sur la Trinité ou la grâce qui nauraient guère intéressé le public auquel le poème sadresse. Elle offre surtout un point dappui à tout un jeu numérique sur le septénaire. 12 aurait certes permis un jeu de miroir intéressant avec le douzain dHélinand, mais le nombre, malgré les apôtres ou les mois, est moins riche de possibilités symboliques que le 7 ; et 14 ou 6 articles lauraient été encore moins. Notre auteur retrouve par là-même certaines séries plus anciennes comme les sept sacrements de la foi chrétienne dont parle Thomas le Cistercien dans son commentaire du Cantique des Cantiques (entre 1170 et 1189) : Naissance, Baptême, Passion, Résurrection, Descente aux enfers, Ascension, Pentecôte46. Chez le Pseudo-Jean de Meun, la Pentecôte est remplacée par le Jugement, le passé, par un avenir, substitution lourde de conséquence, nous y reviendrons, sur lesprit du traité.

Les spéculations numériques sont constantes dans le traité. Tout commence par le chiffre 3, la Trinité, qui est invoquée comme une muse en ouverture de la première strophe :

O glorieuse Trinité,

Une essence en vraie unité, var. Uns seulz Dieus en vraie unité47

En trois singulieres personnes,

O glorieuse deité,

[]

Aïde moy a cest dité (1/1-4 et 12).

Trinité qui est aussi mise en valeur par lenluminure initiale de bien des manuscrits et qui donne limpression quil sagit dun traité sur la Trinité48. Cette référence trinitaire peut également être comprise 102comme un souvenir de louverture canonique des articles de la foi (le versant de la divinité du Christ) comme du Credo de Nicée. Enfin, la strophe dHélinand est bien une succession de quatre tercets disposés en chiasme. Le chiffre 3 réapparaît dès la strophe 4 à propos des trois vertus théologales, Foy, Esperance et Charité, qui seront rappelées de loin en loin au cours du traité (47/1, 76/10, 80/1, 128/6). Dans cette première strophe, il est également question des quatre éléments que délimite et sépare la Trinité49. Le chiffre 7 apparaît donc sous forme analytique (3 + 4), avant dêtre appliqué aux articles de la foi. Le septénaire est énoncé une première fois sous forme condensée dans la strophe 5, dont il occupe le cœur :

Vraie foy de necessité,

Non tant seulement dequité,

Nous fait de Dieu sept choses croire :

Cest sa doulce nativité, 1

Son baptesme dumilité, 2

Et sa mort digne de memoire, 3

Son descens en la chartre noire, 4

Et sa resurreccion voire, 5

Sascension dauctorité, 6

Sa venue judicatoire 7

Ou li bon seront mis en gloire,

Et li mal en adversité (5).

Puis il est resserré en trois vers et demi dans la strophe suivante :

Tenons donc pour vray fondement

De Jhesu Crist le naiscement, 1

Le baptesme, la passion 2 3

Le descens, le suscitement, 4 5

Lascenscion, le jugement 6 7

[] (6/1-5).

La suite de lintroduction évoque toute une série dautres septénaires ou septaines : sept péchés capitaux, sept arts, sept vertus, sept planètes, sept jours de la semaine, sept dons du Saint Esprit, sept piliers du Temple de Salomon, avant dégrener les multiples septénaires de lApocalypse (sept anges, églises, chandeliers, lampes, étoiles, sceaux, sept cornes et 103yeux de lagneau, sept trompettes50…). Les sept articles seront ensuite abordés un à un, introduits par une rubrique dans la plupart des manuscrits51. La conclusion propose une synthèse cumulative des trois vertus théologales et des sept articles à travers le chiffre 10, le tout sous forme dune métaphore culinaire ; les sept articles doivent pour éviter de se gâter être frits et salés dans les trois vertus :

Des sept articles ay parlé

Par long, par travers et par lé,

Au mieulx, ce scet Dieu, que je scay,

Que tuit seroient mesalé*, *gâtés

Silz nestoient frit et salé

Damour, desperance et de foy ;

Avec ces sept y sont cilz troy

[].

Ces dix font la crestienne loi,

Ces dix sont dung meïsme aloy,

Ces dix font un escu palé (128).

Lauteur nous propose donc au terme de cette cuisine théologique un nouveau décalogue. Ultime variation, les sept articles sont rappelés sous forme de série verbale dans la strophe 129 (« naistre et baptisier, / Mourir, descendre aux inferneulx, / Ressusicter, monter es cieulx, / Jugier »), mais suivis et comme couronnés des trois vertus théologales. Une prière à la Vierge conclut le traité sur trois strophes. 3, 4, 7, 10, il ne manque que le 12 du douzain dHélinand pour couronner ce jeu arithmétique. Mais lon pourrait dire que si 7 est le résultat de la somme du 3 et du 4, de la Trinité et du Quaternaire des éléments, du ciel et du monde, de lau-delà et de lici-bas, 12 lest de leur produit.

104

Articulations

Le texte ne se réduit pas à ces jeux numériques ; la série des 7 articles scande avec souplesse le traité :

Version longue

Version courte

nombre de strophes

strophes supprimées

nombre de strophes

Introduction

str. 1-15

15

/

15

Article 1 : Nativité

str. 16-17

2

/

2

Article 2 : Baptesme

str. 18-22

5

/

5

Article 3 : Passion

str. 23-59

37

18 [str. 26, 31-32, 35-48, 56]

19

Article 4 :

Descendue ou limbe

str. 60-65

6

/

6

Article 5 :

Resurreccion

str. 66-88 / var. 66-8552

23 / var. 20

14 [str. 70-78, 80, 82-85]

9

Article 6 : Ascension

str. 89-110 / var. 86-110

22 / var. 25

16 [str. 92-107]

6

Article 7 : Jugement

str. 111-127

17

8 [str. 114, 118-122, 124-125]

9

Conclusion

str. 128-135

8

6 [str. 128-132, 134]

2

Total

135 strophes

73 strophes

105

Après un préambule de 15 strophes qui met en place le septénaire tout en annonçant la dimension eschatologique du Jugement (objet de larticle 7) avec des allusions précises à lApocalypse, les sept articles (parfois appelés sacrements, 23/1) sont abordés un à un et dans lordre logique qui est celui de la vie du Christ, vie passée, de lIncarnation à lAscension, évènement à venir avec la parousie et le Jugement. Les articles ne sont pas simplement juxtaposés ; la strophe conclusive de chaque article prépare larticle suivant (17/11, annonce du Baptême ; 59/7, annonce de la descente aux limbes…) et le narrateur intervient souvent lourdement pour assurer ses transitions à travers des formules de régie :

Or parlons du sacrement tiers (23/1).

Or avez des articles quatre

Quil estuet croire sans debatre,

Sans errer et sans forvoier ;

Huimais me vueil ou quint embatre (65/1-4).

Mais pour ce que le cuer me tire

A parler dune autre matire,

Est il bien desormais saisons

Que de ceste cy nous taisons,

Et que nous mencion cy faisons

Du septiesme article plain dire

[] (110/4-9).

Lon remarquera aussi la recherche de symétries : Apocalypse initiale / Jugement final, buisines de lApocalypse (12/2) / buisines du Jugement (116/4, 123/8), invocation à la Trinité en ouverture / prière à la Vierge en conclusion. Lautre fait notable est la grande disparité dans le traitement des sept articles : 2 strophes suffisent pour la Naissance, alors quil en faut 37 pour la Passion ; Passion et Résurrection occupent à elles seules 60 strophes, soit plus de la moitié des 112 strophes consacrées au septénaire. Ce déséquilibre ne signifie pas une narration circonstanciée de la Passion ou de la Résurrection, loin de là : on évoque simplement la croix, mais lon ne trouve pas un mot de la trahison de Judas, larrestation, le procès, la flagellation, la montée au Calvaire. Lon chercherait en vain une anecdote, un détail cocasse, une légende apocryphe, dont les Mystères de la Passion seront si friands. La Passion est surtout loccasion dun retour à lorigine (chute des anges rebelles et rappel du péché originel, 38-41) et de montrer lamour du Christ pour les hommes pourtant si ingrats 106(rappel du reniement de Pierre, 67/5), amour/charité, qui est manifestement pour notre auteur la plus grande des vertus théologales. La croix est « de sa grant amour le mistere » (50/3), la Passion est signe de la force damour (48/9), terme emprunté à la littérature profane53, voire dune rage damour sanz mesure (34/12). Quant à Marie-Madeleine, figure manifestement très chère à notre auteur, elle est animée dune même rage damour pour le Christ (72/6)54. Le lecteur pouvait y voir une sorte de double de Jean de Meun, grand pécheur avec son Roman de la Rose avant de se repentir. La strophe 35 se construit de part en part autour de la paronomase amour/mort, le terme de mort occupant cinq des six rimes b de ce douzain :

Nus ne se puet amesurer

A parfaictement mesurer

Lamour Jhesus Crist et la mort (35/1-3).

Quant à lAscension, elle est évoquée rapidement pour laisser place à la Pentecôte qui séduit davantage le Pseudo-Jean de Meun (92-95).

Cest le développement conséquent du septième article, le Jugement (17 strophes), qui donne sa direction au traité. Cet article est le dernier, mais il est aux yeux de lauteur le premier par son importance55. Lidée du jugement dernier se conjugue à celle dun monde vieux :

Pour ce que li mondes est vieulx,

Vint de son ciel entre nous Dieux,

Ainsi comme en pays de guerre (104/1-3)56.

Idée largement répandue au cours du siècle, depuis le Roman de Fauvel par la bouche de Fortune57 jusquà Eustache Deschamps qui consacrera 107une ballade à ce monde-vieillard58, dun monde qui est donc proche de sa fin :

Estoilles et soleil et lune,

Prise en terre de gent commune,

Nous monstrent par signe evident

La fin du monde [] (125/1-4)59.

On reconnaît là un millénarisme largement diffus en ce milieu du xive siècle, et cela bien en dehors de certains cercles franciscains. Ce monde proche de sa fin est un monde en tension, en guerre, où saffrontent le bien et le mal, univers sombre qui correspond bien à lhorizon familier de nombreux poèmes en strophes dHélinand depuis les Vers de la mort60 : les forces en conflit sont ici dun côté les trois vertus théologales, de lautre la trilogie bien connue de la chair, du monde et du diable (3/10-11)61. Les images militaires sont récurrentes : les œuvres de pénitence sont le haubert et le bouclier dont il faut se revêtir pour ce combat (4/5-6), les sept articles sont nostre divine armeure (14/10) ou nostre escu palé, soit à bandes verticales (128/12), la croix est une perriere, une catapulte donc, ou une fronde (55/7) ; le Christ est présenté par le narrateur comme mon glorieux soudoier, venu sur terre pour foudroyer lorgueil de ses ennemis (65/8) ; quant à Étienne, protomartyr, il est le premier à se lancer dans la bataille, miles Christi avant lheure62. On reconnaît là encore des idées familières dans la littérature du contemptus mundi. Lon se situe véritablement aux antipodes du Roman de la Rose, même si lauteur névoque pas comme Hélinand lamour humain. Le monde, le siècle reste chez lui une entité abstraite. Le ton nest jamais celui de la satire ou du sarcasme ; on chercherait en vain des développements misogynes comme dans le Testament. Le ton garde le plus souvent la gravité dun traité de théologie ; la visée est celle dune orthodoxie.

108

Voix

Le narrateur nest pas dans linvective, il est dans laffirmation dune foi, dans la fermeté dune conviction. Le je crois apparaît souvent, à propos du Baptême :

Car je vous afferme et creant

Que Dieu nous y sainctifia (21/11-12).

Ou de la descente aux limbes :

Et croy que maint deulx* li disoient : *= les prophètes de lAncien Testament

« Tres doulx sauverres ! Nos yeulx voient

Nostre prophecie avenue » (60/10-12).

Il fait part de ses expériences, expériences mystiques, qui gardent tout leur mystère :

Esperit ou il veult espire

Et sa voix ois, mais ne scés dire

Dont ce vient [] (95/1-3).

La foi ne sexplique pas. Plus loin, il prend des accents prophétiques et affirme croire entendre la voix de larchange au moment du Jugement (123/4-6). Il est rarement dans le questionnement ; la seule véritable quaestio porte sur les premières apparitions du ressuscité : pourquoi Marie-Madeleine, et non Marie, a-t-elle été la première à le voir ? Notre auteur sétonne devant cette priorité, ne parvient pas à la justifier, cela reste un mystère (79-81). Ce je sadresse aux autres hommes, à tous les hommes, le va-et-vient entre le je et le nous est constant. Le nous, addition du je et du tu (ou vous), figurait déjà, mais sporadiquement, dans les Vers de la mort dHélinand63. Ici, ce nous apparaît souvent en ouverture de strophe sur le mode impératif (« Tenons donc pour vray fondement », 6/1 ; « Or parlons du sacrement tiers », 23/1 ; « Or prions Dieu quil la 109nous doint », 132/10) ou au futur (« La le verrons nous, cest le voire », 44/1). Les contours du destinataire sont parfois plus précis : tantôt il sagit dun lecteur, manifestement un clerc rompu à lexégèse64 ; tantôt dun auditeur, dun pécheur à convaincre et à convertir, auquel lauteur sadresse comme un prédicateur : « Tu qui mos, les yeulx du cueur euvres » (46/1), où affleure nettement la dimension orale. Le septième article est loccasion dun memento mori insistant en ouverture de strophe : « Pense donc chascun quil morra » (115/1)65.

Mais ce qui est encore plus hélinandien est la multiplicité des apostrophes en ouverture de douzain66. Chez Hélinand, seule la mort est apostrophée. Le Pseudo-Jean de Meun multiplie, quant à lui, les figures interpellées. Le rythme de lœuvre nous est entre autres donné par cette galerie dallocutaires qui vient se superposer au lecteur et parasite pour ainsi dire la communication. De qui sagit-il ? De la Trinité en ouverture, on la vu (1), de Dieu (2-3, 26, 33), du Christ (63, 110), de la Vierge (79-80, 133-135), de Marie-Madeleine dans un très long propos (71-76 et, aux côtés de Marthe, 82-83). Trait plus original, les différents Articles sont apostrophés et donc personnifiés : la naissance (O tres glorieuse naissance, 16), leau du baptême (Fontaine vivificative, 19), la mort au sens de la Passion (Mort tres angoisseuse et sanz fainte, 25), et même le péché originel (Hé ! coulpe bien aventureuse, 41) ; la Passion devient nostre amy li plus entiers (23/5). Ce jeu des discours ne sarrête pas là. Ces figures ne sont pas simplement des allocutaires, elles prennent aussi la parole67 ; tel est le cas de Dieu, que ces propos soient apocryphes comme pour lAscension (89/9-12) ou canoniques lors du Baptême68 (18/9), de Jésus pour lequel lauteur, en prophète, imagine après les adieux de lAscension (87-88) les terribles paroles du Jugement : défense des justes, condamnation des réprouvés (118-120)69. Les hommes parlent également au discours direct : les prophètes dans les limbes (60/11-12, 61/9-12), Étienne (96/6-12) et Marie-Madeleine 110(70/8-9). Cest cette intense circulation de la parole qui assure en un sens lunité de ce texte et qui permet une confrontation avec les mystères ; ce traité jette par là-même des ponts entre la prédication et le genre dramatique.

Lunité se construit aussi à partir de procédés strophiques propres au douzain dHélinand. Lanalyse des enchaînements est particulièrement intéressante. On ne retrouve pas la structure anaphorique des Vers de la mort, puisque lapostrophe est variable. Ou lanaphore reste interne à la strophe : Mort apparaît ainsi au début des quatre premiers vers de la strophe 25 ou 113. Ou alors elle reste limitée, comme les trois strophes consécutives souvrant par Croix :

Croix fu du sanc Dieu vernicee

[].

Croix a fort cuer et dur escorce

[].

Croix ne peut estre desconfite

[] (54-56).

Le procédé le plus remarquable est celui des coblas capfinidas : un mot de la fin du douzain est repris au bond en ouverture du douzain suivant. Le procédé est très fréquent, sans être systématique comme cest le cas dans le salut damour Dame plus douce que seraine70 ; il peut être strict comme dans lexemple suivant :

[]

Qui ce ne croit, il ne voit goute.

Goute certes ne voit il point

[] (14-15).

Il peut relever de lépanorthose :

[]

Jusqua tant que mains en morurent.

Non morurent, ains trespasserent

[] (101-102).

111

Le jeu de miroir sur lequel se construit la strophe dHélinand avec ses deux sizains inversés se retrouve ainsi dun douzain à lautre ; le dernier tercet se reflète à lenvers dans le tercet suivant en dessinant un chiasme :

[]

Cuer qui la fin de ce damaige* *= le Jugement

Na tousjours devant son visaige,

Est presquenseveli en fiens.

En fiens de parfaicte ignorance

Est ensevelis sans doubtance

Cuer qui par tout se sent pecheur

[] (111-112).

Dans la séquence consacrée à la Passion, le procédé des coblas capfinidas sétend sur plusieurs strophes, mais avec plus de souplesse :

[]

En lui tres humblement prier

Que leurs cuers o li en croix pendent.

Cuer qui en ceste croix se pent,

Dont nostre saulvement despent,

[].

Et son cuer jusquau vif caver

Pour garir tous mors de serpent.

Toute morsure venimeuse

Garist celle croix precieuse

[].

Ne son vernis vermenuisier*, * piquer de vers

Car elle est de tous vers tueuse.

Croix fu du sanc Dieu vernicee,

[] (51-54).

Ce procédé permet en définitive de briser la clôture ou le repli sur soi inhérent au douzain dHélinand et dassurer un lien dune strophe à lautre ; lauteur cherche ainsi à dépasser la parataxe et à conférer un dynamisme et un élan lyrique à son poème dans des moments aussi décisifs que la Passion. À la différence des saluts damour construits sur le même patron strophique, le procédé des coblas capfinidas na ici rien de mécanique ; il nest pas une contrainte, mais une liberté, une 112respiration que se donne le poète. Car les Sept articles de la foi ne se réduisent par à une aride compilation théologique, ils sont aussi lœuvre dun authentique poète qui travaille sur la prosodie, qui se risque à des images originales et neuve en comparant la croix ici à un métier à tisser (32/4), là à une fronde (55/7).

Conclusion

Comment expliquer cette attribution à Jean de Meun ? Comment ce texte a-t-il été associé dans la seconde moitié du xive siècle au couple bien plus ancien et peut-être authentique du Testament et du Codicille ? Comment lhypothétique Jean Chapuis aurait été dépossédé de son poème au profit de lauteur du Roman de la Rose ? Autant de questions difficiles et qui restent sans réponse. Le témoin daté le plus ancien, le BNF fr. 576 (daté de 1382), copie le texte entre une traduction de la Consolation de Philosophie faussement attribuée à Jean de Meun71 et lEscole de foy, poème en strophes dHélinand de Jean le Court, dit Brisebarre, originaire de Douai. La parenté entre lEscole et les Sept articles est à la fois formelle et thématique, puisquil sagit dans les deux cas dun catéchisme, très modeste chez Brisebarre, bien plus ambitieux dans les Sept articles72. Ce manuscrit reflète sans doute un état ancien du texte et de sa diffusion : il nest pas encore attribué à Jean de Meun ni associé au corpus du Roman de la Rose et du couple Testament/Codicille ; il nous orienterait aussi vers une origine flamande ou picarde de lauteur. Lannexion des Sept articles à la mouvance rhodo-testamentaire sexplique peut-être par lincipit sur la Trinité qui fait penser à celui du Testament ; les manuscrits du xve siècle exhibent deux images de la Trinité en ouverture du Testament et des Sept articles, qui en font des textes jumeaux ; jumeaux aussi 113par le même épilogue marial73. Ces trois textes résonnent comme des testaments, des codicilles, et chacun dentre eux se retrouve avec ces titres dans les nombreuses copies conservées ; les trois relèvent de la même idéologie du contemptus mundi. La complexité théologique des Sept articles couronnait la trilogie et achevait dinverser la décapante image de lauteur du Roman de la Rose et de lui donner une aura de théologien : non seulement il se repent, mais il se range à la plus stricte orthodoxie. Le choix de la strophe dHélinand donne de la gravité à ce texte écrit in articulo mortis ; sur son lit de mort, Jean de Meun écrit un catéchisme dans le moule du célèbre poème cistercien. Reste que notre auteur – Jean Chapuis ? – nexploite pas le nombre 12. Cest ce que fera par contre autour de 1400 Jean Petit ; son Miracle de Basqueville réécrit sans vergogne les Sept articles de la foi en gardant le douzain des Vers de la mort, en conservant verbatim la strophe de signature Jen chappuis, on la vu, mais en faisant le choix des 12 articles du Credo. Martel Basqueville, chevalier chrétien prisonnier des Turcs, expose en presque 1800 vers ces 12 articles devant un sultan bien patient74 ! Jean Petit introduit son poème par un long préambule sur le chiffre 12 :

Cy ensuit le libre du Miracle de Basqueville,

Qui est divisié en pluseurs paraphes, dont chacun paraphe contient une douzaine de lignes : ainsi est parti par xii, pour ce que xii cest trés bon nombre et ont esté ou temps passé moult de bonnes douzaines, et aussi pour ce que en icellui livre est parlé des xii articles de la foy. Premierement je treuve en la saincte escriture les xii filx dIsrael []. Item les xii lignees dIsrael []. Item xii benediccions []. Item xii patriarches []. Item xii milliers de dragmes dargent que Judas Machabeus []75.

114

Et lauteur dégrener 32 douzaines. Le ton est, on le voit, bien fastidieux et pédant. Cette tentative daccorder la structure strophique au contenu catachétique restera de fait isolée et le texte ne connaîtra aucune diffusion. Les septénaires de notre apocryphe, bien quen désaccord numérique avec le douzain dHélinand, auront un autre avenir. Il est vrai que Jean Petit nétait pas Jean de Meun.

Jean-Marie Fritz

Université de Bourgogne

1 Voir lanthologie de F. Duval, Lectures françaises de la fin du Moyen Âge. Petite anthologie commentée de succès littéraires, Genève, Droz, 2007.

2 La base Jonas (consultée le 15 janvier 2017) du site de lIRHT recense 83 témoins, mais elle intègre plusieurs manuscrits qui ne contiennent pas notre texte par suite de confusions avec le Testament et le Codicille.

3 En dehors de quelques articles purement codicologiques : voir Don C. Skemer, « A new Jean Chapuis manuscript », Princeton University Library Chronicle, 55, 1993-1994, p. 571-574 et F. Avril, « Jean Flamel copiste de manuscrits. À propos de deux copies des Sept articles de la Foi, poème attribué à Jean Chapuis », La rigueur et la passion. Mélanges Pascale Bourgain, Turnhout, Brepols, 2016, p. 725-748.

4 Le Roman de la Rose par Guillaume de Loris et Jean de Meun, éd. N. Lenglet Du Fresnoy, t. I, Paris, Pissot, 1735, p. xlvi.

5 Voir par exemple le De pomo, relation de la mort dAristote, pourtant attribuée au philosophe (!) et connue par plus de cent manuscrits. Sur cette vaste littérature, voir C. B. Schmitt et D. Knox, Pseudo-Aristoteles latinus. A Guide to Latin Works falsely attributed to Aristotle before 1500, Londres, The Warburg Institute, 1985.

6 Si le caractère apocryphe des Sept articles ne fait pas débat, il nen est pas de même du Codicille et du Testament : leur dernière éditrice, S. Buzzetti Gallarati, penche pour lauthenticité du Testament et considère que le Codicille, sil nest peut-être pas de lui, est au moins lœuvre dun épigone : voir Le Testament maistre Jehan de Meun : un caso letterario, Alessandria, Edizioni dellOrso, 1989 et « Le codicille maistre Jehan de Meun », Medioevo romanzo, 17, 1992, p. 339-389. Voir aussi, du même auteur, Jean de Meun. Testamento e Codicillo. Etica, cultura, politica nella Parigi medievale, Fiesole, Nardini, 1996, avec une traduction italienne des deux textes en appendice. Rappelons que le Testament est composé de 530 quatrains dalexandrins monorimes (donc 2120 vers), alors que le Codicille est un texte bien plus court, 11 huitains doctosyllabes (donc 88 vers).

7 Les copistes ont exploité presque toutes les solutions (RR = Roman de la Rose, T = Testament, C = Codicille, S = Sept articles de la foi) : ordre RR/T/C/S (BNF fr. 12596, 24392 ; Arsenal 3339 ; Madrid BN Vitr. 24-11 : cest sans doute lordre majoritaire) ; ordre RR/T/S/C (BNF fr. 380, 806, 12595) ; ordre RR/S/C/T (BNF fr. 804) ; ordre RR/S/T/C (Bruxelles, BR 11000-11003) ; ordre RR/C/T/S (BNF fr. 22551 ; Besançon 553).

8 Ajoutons que certains manuscrits sont remaniés en fonction de cette exigence : ainsi, lon adjoint au xve siècle à la copie du début du xive siècle du Roman de la Rose les Sept articles et le Codicille dans le BNF fr. 9345.

9 Besançon 553, fol. 163v ; voir aussi BNF fr. 9222, fol. 14v : « Cy finent les sept articles de la foy que maistre Jehan de Meun fist a son trespassement ».

10 BNF fr. 12596, fol. 212v.

11 Voir Arsenal 3339, fol. 193r : « Ci fine le Tresor maistre Jehan de Meun, lequel il fist et compila au lit de sa mort, et fait menction des sept articles de la foy ».

12 Le copiste du très beau manuscrit BNF fr. 12459 (daté de 1414) commet manifestement une bévue : il nomme Tresor le Codicille (fol. 121v) et Codicille les Sept articles de la foi.

13 Le terme de Testament figure dans les imprimés humanistes jusquà lédition de Du Fresnoy de 1735.

14 BNF fr. 1556, fol. 42v.

15 Dans les imprimés humanistes : Paris, Vérard, v. 1500 ; Paris, Michel le Noir, 1501.

16 BNF, fr. 1568, fol. 127r : « Cest le Roumant de la Trinité, autrement le Testament maistre Jehan de Mehun ». Pour le recensement des manuscrits du Testament, voir S. Buzzetti Gallarati, « Nota bibliografica sulla tradizione manoscritta del Testament di Jean de Meun », Revue Romane, 13, 1978, p. 2-35.

17 Voir Arras 532 (845) ; Yale, Beinecke 406.

18 Voir BNF fr. 1556 ; Privas, Arch. départ. I 4 ; Saint-Pétersbourg, fr. 4o v. I.3.

19 Voir Vatican, Reg. lat. 1683 : Apparicion, puis Sept articles. Ordre inverse dans Londres, BL, Lansdowne 214, mais par suite dune erreur de reliure : voir I. Arnold, « Notice sur un manuscrit de la traduction des Annales du Hainaut de Jacques de Guise par Jean Wauquelin (Brit. Mus. Lansdowne 214) », Romania, 55, 1929, p. 382-400 (p. 384).

20 Dans le BNF fr. 1556, il figure aux côtés du Traité contre le Roman de la Rose de Jean Gerson.

21 Le débat sur le Roman de la Rose, éd. E. Hicks, Genève, Slatkine, 1996, p. 10 ; Gontier Col regrette de navoir pas eu le temps de relire lexemplaire (le Tresor « est incorrect par faulte descripvain qui pas ne lentendy, comme il y pert, et nay eu espace ne loisir de le veoir ne corrigier au long pour la haste et ardeur que je ay de veoir ton dessus dit oevre, et mesmement quil est a supposer que bien sauras les faultes de lescrivain en ceste compilacion corrigier et entendre »). Le BNF n.a.fr. 6261, qui a appartenu à Gontier Col, contient les Sept articles, mais il est mutilé (le début du traité fait défaut).

22 Voir BNF fr. 576 ; Chantilly 570 (curieux et intéressant groupement : Consolation de Boèce, Confort dami de Machaut, Sept articles de la foi, Testament de Jean de Meun) ; Bruxelles 10394-10414…

23 Voir BNF fr. 12459 et Paris, Institut 264. Le Vatican Reg. Lat 1492 cumule les deux séries : Roman de la Rose / Testament / Codicille / Consolation / Sept articles / Codicille répété.

24 Voir S. Menegaldo, « Comment lœuvre de Jean de Meun était lue au début du xvie siècle : à propos des éditions imprimées du Testament, du Codicille et des Sept articles de la foi », La réception et linfluence de Jean de Meun du xve au début du xviie siècle, Actes du colloque dOrléans, 3-4 novembre 2016, à paraître.

25 Version longue (= ordre et nombre de strophes de lédition Méon) : BNF fr. 808, 1556, 12459, 12595, Madrid BN Vitr. 24-11 … ; le BNF fr. 804 répète la strophe 79 (elle apparaît une première fois après la strophe 69). La version courte, sans aucun doute postérieure, est représentée par les BNF fr. 380, 9222, 12596, 24392, Chantilly 570, Besançon 553 … ; les strophes supprimées sont 26, 31-32, 35-48, 56, 70-78, 80, 82-85, 92-107, 114, 118-122, 124-125, 128-132, 134 (soit 62 strophes) ; comme Paulin Paris nanalyse que le BNF fr. 380, il parle dun texte composé de 73 strophes (voir P. Paris, « Jean de Meun, traducteur et poète », Histoire littéraire de la France, Paris, Imprimerie nationale, t. 28, 1881, p. 428).

26 Méon semble avoir privilégié le BNF fr. 12595 ou un témoin qui en est très proche. Pour le Roman de la Rose, il sest appuyé sur le BNF fr. 25523 : voir Ph. Frieden, « Le Roman de la Rose, de lédition aux manuscrits », Perspectives médiévales, 34, 2012 (en ligne). Dans lattente de lédition critique que nous préparons avec la collaboration de Silvère Menegaldo, nous citerons donc la vieille édition Méon en donnant le numéro de la strophe suivi du numéro du vers dans la strophe (7/11 = strophe 7, vers 11) et en intervenant simplement sur les accents et la ponctuation (Le Roman de la Rose, éd. D.-M. Méon, t. III, Paris, Didot lAiné, 1814, p. 331-395). F. Duval a édité le septième article dans ses Lectures françaises de la fin du Moyen Âge, p. 72-80, à partir du manuscrit BNF fr. 804.

27 Il lest par exemple dans le BNF fr. 576 ou dans le BNF fr. 12460.

28 Le débat sur le Roman de la Rose, éd. Hicks, p. 121.

29 BNF fr. 380, fol. 154r.

30 Voir P. Paris, Les manuscrits françois de la bibliothèque du roi, Paris, Techener, t. III, 1840, p. 175-176. Lécriture de de Meung semble dune autre main que ce qui précède.

31 Le Roman de la Rose, éd. Méon, t. III, p. 394-395.

32 Voir Jean Petit, Le Livre du Champ dor et autres poèmes inédits, éd. P. Le Verdier, Rouen, Cagniard pour la Société rouennaise de bibliophiles, 1895, p. 158. Cette prière est également reprise sous forme isolée dans un livre dheures parisien du milieu du xve siècle, le manuscrit La Haye, KB, 78 J 49, fol. 363 (Oroison de nostre Dame tres devote) : voir J. Sonet, Répertoire dincipit de prières en ancien français, Genève, Droz, 1956, no 775.

33 Arras 532 (845), fol. 73r ; BNF fr. 576, fol. 93r.

34 Autre fait curieux, la copie du BNF fr. 22551 supprime le dernier tercet du dernier douzain, effaçant donc également la signature (fol. 97r). On pourrait imaginer que Jean Chapuis nest lauteur que de cette prière, qui aurait été interpolée assez précocement en conclusion des Sept articles.

35 Voir Le Testament, éd. Buzzetti Gallarati, p. 7.

36 Il présente un texte assez original : il suit pour lessentiel la version longue, mais 6 strophes sont absentes (11-12, 121, 133-135 = prière finale à la Vierge, donc jen chappuis ny figure pas…) ; il est aussi lun des rares témoins à présenter un texte juste sur le plan de la construction strophique à la strophe 37 (« Saint Pol qui scet si haultement »), erronée dans la plupart des témoins et jusque dans les éditions Du Fresnoy et Méon.

37 Voir Ch. Oulmont, Les débats du clerc et du chevalier dans la littérature poétique du Moyen Âge, Paris, Champion, 1911. On peut remarquer des références mythologiques à la chartre Tantalu et la maison Dedalu dans la strophe 47 ; les rimes palus/Tantalus/Dedalus se retrouvent dans la première strophe de la Ballade contre les ennemis de la France de François Villon (Œuvres complètes, éd. J. Cerquiglini-Toulet, Paris, Gallimard, 2014, p. 203) ; voir aussi Charles dOrléans, rondeau 411, Cest la prison Dedalus : rime Dedalus/Tantalus (Poésies, éd. P. Champion, Paris, Champion, 1923-1927, p. 529).

38 Lemploi très technique de lame qui désigne une pièce du métier à tisser à la strophe 32 et qui nest attesté que dans ces régions nous orienterait vers cette localisation.

39 Voir A. Thomas, « Jean Brisebarre, trouvère », Histoire littéraire de la France, Paris, Imprimerie nationale, t. 36, 1927, p. 35-66 ; fait intéressant, le plus ancien manuscrit daté des Sept articles, le BNF fr. 576, contient ces deux poèmes de Brisebarre et le copiste Pierre de Palude, originaire du Brabant, a copié ce manuscrit à Arras (p. 44).

40 Pour une présentation de la question avec bibliographie, voir lintroduction de G. Emery à Thomas dAquin, Les raisons de la foi. Les articles de la foi et Les sacrements de lEglise, trad. G. Emery, Paris, Cerf, 1999, p. 186-194.

41 Voir Thomas dAquin, Les raisons de la foi, p. 191.

42 Traduction du traité par G. Emery dans louvrage cité. Le traité envisage pour chaque article les hérésies quil a pu entraîner ; la visée est celle dune orthodoxie. La double série nest pas lenjeu dune discussion, vu leur très grande proximité ; elle est rappelée dans la Somme théologique, IIa IIae, q. 1, a. 8 (« Utrum articuli fidei convenienter enumerentur »).

43 Voir G. Hasenohr, Textes de dévotion et lectures spirituelles en langue romane (France, xiie-xvie siècle), Turnhout, Brepols, 2015, p. 87 (no 13880). Voir aussi Doctrinal aux simples gents, dans Jean Gerson, Œuvres complètes, éd. P. Glorieux, vol. X, Paris, Desclée & Cie, 1973, p. 296.

44 BNF fr. 2095, fol. 72 (sur ce texte, voir Hasenohr, Textes de dévotion, p. 83, no 11660).

45 Voir H. de Lubac, La Foi chrétienne. Essai sur la structure du Symbole des Apôtres, Paris, Aubier-Montaigne, 1969, p. 19-53. Chaque apôtre apporte ainsi sa pierre à lédifice.

46 Thomas le Cistercien, In Cantica Canticorum : « [Fidei Christianae sacramenta] septem sunt : nativitas, baptismus, passio, ressurectio, in inferno descensio, ascensio, spiritus sancti missio » (Patr. Lat., t. 206, c. 453C).

47 Leçon du BNF fr. 576, fol. 85r ou du BNF naf 10047, fol. 52r. Au vers 2, lédition Méon a « et vraie unité », mais les manuscrits ont bien « en » (BNF fr. 380, 804, 808, 12595…).

48 Cest dans la plupart des témoins la seule enluminure du traité. Un exemplaire de luxe comme le Londres, BL, Royal 19 A XXII (Rouen, vers 1440), qui ne contient que les Sept articles, présente un programme plus riche : une enluminure pour chaque article, qui plus est dune qualité exceptionnelle ; même programme copieux dans le manuscrit Valencia 387, où le traité accompagne le Roman de la Rose.

49 Lauteur parle de la [Trinité] « Qui les quatre elemens esbonnes » (1/8), avec un curieux verbe esborner, terme technique attesté essentiellement dans les chartes. Voir aussi 86/6.

50 Str. 7-12. On connaît limportance des septénaires dans la théologie médiévale, notamment chez les Victorins : Hugues de Saint-Victor écrira un De quinque septenis (voir Six opuscules spirituels, éd. R. Baron, Paris, Cerf, 1969). Il nest jamais question dans la Vulgate des sept piliers du Temple de Salomon ; notre auteur pense sans doute aux sept piliers de la Sagesse (Pr 9, 1), puisque les Proverbes sont attribués à Salomon.

51 Le dispositif de lédition Méon correspond à la grande majorité des manuscrits, mais un témoin ancien comme le BNF fr. 576 na pas de rubriques internes ; idem pour le BNF fr. 380 et Arras 532 (845).

52 Selon les manuscrits, la rubrique de lAscension est placée après la strophe 85 (solution de BNF fr. 804) ou la strophe 89 (solution très majoritaire, comme dans le BNF fr. 12595 : voir léd. Méon).

53 Voir Roman de Jaufré, v. 7601 : la forsa damor a animé Floire et Blanchefleur ou Tristan et Yseut (Les Troubadours, 2 vol., éd. R. Lavaud et R. Nelli, Paris-Bruges, 1960-1966, t. I, p. 434). Voir aussi Jean dArras, Mélusine ou la Noble histoire de Lusignan, éd. J.-J. Vincensini, Paris, LGF, 2003, p. 328 ; Evrart de Conty, Le Livre des Eschez amoureux moralisés, éd. F. Guichard-Tesson et B. Roy, Montréal, 1993, p. 627 (à propos de lambre qui attire la paille).

54 Là aussi le lecteur ne pouvait pas ne pas penser à la proximité de rage et damour dans le Roman de la Rose, notamment dans le discours de Raison (éd. F. Lecoy, 3 vol., Paris, Champion, 1965-1970, v. 4101, 4323, 10218, 10222…).

55 « Cest article qui est derrains, / Si doit estre li premerains » (111/1-2).

56 Voir aussi str. 124 à propos du jugement dernier : « Tous les signes sont advenuz, / Nous sommes tous vielz et chenuz, / De pure grace soubstenuz ».

57 « Mes ore est le monde venus / En grant vieillesce et devenus / Trestout plains de melancolie / Et cest vers la fin de sa vie », Le Roman de Fauvel, éd. A. Strubel, Paris, LGF, 2012, v. 3972-3974.

58 Eustache Deschamps, Balade 95, str. 2 : « Le monde a la proprieté / De ce vieillart : trop innocent / Fut aprés sa nativité, / Et puis fut saiges longuement, / Justicier, vertueus, vaillant ; / Or est lasches, chetis et molz, / Vieulx, convoiteus et mal parlant : / Je ne voy que foles et folz » (Œuvres complètes, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. I, Paris, 1878, p. 203).

59 Au vers 2, nous corrigeons à partir des manuscrits prisés en prise.

60 Voir L. Seláf, « La strophe dHélinand : sur les contraintes dune forme médiévale », Formes strophiques simples, éd. L. Seláf, P. Noel Aziz Hanna, J. van Driel, Budapest, 2010, p. 73-92 (p. 79).

61 Cette trilogie se trouve déjà dans le Testament de Jean de Meun (éd. Buzzetti, v. 1391-1392).

62 « Cil fist la bataille premiere / De Dieu qui estoit sa lumiere » (100/1-2).

63 Rarement toutefois en initiale de strophe : « Bien nos en mostré tuit li saint » (str. 39) ; « Dieus, qui nos forma uns et uns » (str. 44) ; « Tuit atendons comunement » (str. 49). Texte cité daprès Les Vers de la Mort par Hélinant, moine de Froidmont, éd. F. Wulff et E. Walberg, Paris, SATF, 1905.

64 « Qui veult les escriptures lire, / Et les moz peser et eslire / Dont ce present article traicte, / Il verra, se bien les remire [] » (62/1-4). Voir aussi 96/4. À propos des septénaires de lApocalypse, il note que « la gent laie / Nont pas tieulz figures aprises » (10/5-6).

65 Voir aussi 111/4-5 : « Car quant homs pense quil nest riens / Fors pourreture et viez merriens [] ».

66 Sur ce point, voir Seláf, « La strophe dHélinand », p. 85.

67 Chez Hélinand, seule une strophe fait parler la mort au discours direct (str. 15).

68 Voir Mt 3, 17.

69 Voir déjà pour lAscension (87-88).

70 Voir Lettres damour du Moyen Âge. Les Saluts et Complaintes, éd. sous la direction de S. Lefèvre et H. Uulders, Paris, LGF, 2016, salut 31, salut en strophes dHélinand ; procédé voisin dans un autre salut hélinandien, le salut 23.

71 Dans lexplicit (fol. 82r). Sur cette traduction de Boèce due à un auteur wallon, sans doute de peu postérieure à 1315, voir J. K. Atkinson, « La traduction wallone de la Consolatio philosophiae de Boèce (le Boece en rime, 3e qu. xive siècle, de Jehan de Thys) : analyses lexicologiques, scriptologiques et philologiques », Revue de Linguistique romane, 75, 2011, p. 469-515.

72 Pour lEscole de foy, il sagit du seul témoin.

73 On peut raisonnablement penser que lauteur des Sept articles connaissait le Testament ; la définition de Dieu, « Cil qui tout gouverne et chevist, / Qui vrai Dieu sanz fin regne et vist » (43/10-11), rappelle les v. 2049 et 2051 du Testament : « Li puissans Roys de gloire qui sanz fin regne et vit, / [] Qui tout puet et soustient et gouverne et chevit ».

74 Le texte, conservé dans un seul témoin (le BNF fr. 12470), est en grande partie inédit : voir Jean Petit, Le Livre du Champ dor et autres poèmes inédits, éd. Le Verdier, p. 143-180 (édition dextraits) ; A. Hellot note que 1500 vers environ sur les 1800 que comptent les 12 articles reprennent les Sept articles (Nobles et vilains : les prouesses des Martel, le miracle de Basqueville-la-Martel daprès les poésies inédites de Jean Petit, Paris, Dumont, 1894, p. 25).

75 Jean Petit, Le Livre du Champ dor, p. 145.