Aller au contenu

Classiques Garnier

Images et représentations du pouvoir dans l’épopée franco-italienne du xive siècle

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2018 – 1, n° 35
    . varia
  • Auteur : Lelong (Chloé)
  • Résumé : Dans les épopées franco-italiennes du Trecento, le pouvoir ne se conçoit pas comme relevant d’une autorité unique : à l’image traditionnelle et archétypale de la féodalité, ces textes superposent celle de modèles de société inédits dans les légendes françaises. Les poètes, courtisans des grands Seigneurs qui les protègent et à qui ils destinent leurs textes, encensent, plutôt qu’une certaine forme d’empire mythique, des modèles de gouvernement à échelle locale. L’épopée féodale se fait épopée communale.
  • Pages : 251 à 270
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406083221
  • ISBN : 978-2-406-08322-1
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08322-1.p.0251
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/08/2018
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
251

Images et représentations du pouvoir
dans lépopée franco-italienne
du
xive siècle

LItalie du xive siècle est celle des Signorie : le pays est divisé géographiquement en plusieurs domaines placés chacun sous légide dune grande famille. Appartenant à un seul individu, la seigneurie italienne est une organisation politique très hiérarchisée, une « structure impériale à léchelle des comuni1 ». Ainsi Vérone est-elle la ville des Scaglieri, Mantoue, celle des Gonzague, Ferrare, celle des Este. Mais alors quà la même époque, les rois de France sont totalement indépendants, les seigneuries italiennes tiennent leur propre légitimité de lEmpire. Dun côté des Alpes, « rex est imperator in regno suo », de lautre, lautorité des Signori dItalia est entravée par la tutelle de lEmpire. Toute lorganisation politique et sociale des communes tend à rendre les dirigeants de la ville omnipotents alors même que la suprématie de ces gouvernants est limitée par lhégémonie impériale.

Le pouvoir ne se conçoit pas, dans cette Italie du Trecento, comme relevant dune autorité unique et dans ce pays qui ne connaît pas dunité, les différentes régions, cités ou seigneuries sont en permanente rivalité. Agitées par une vivace opposition entre partisans de Louis de Bavière et partisans de Jean xxii, entre Empire et Papauté, entre Guelfes et Gibelins, les libres communes nord-italiennes jouissent dune relative indépendance et les auteurs qui y composent leurs œuvres ont à cœur de ménager à leurs Seigneurs, qui les protègent et dont ils sont les courtisans, des espaces dautonomie.

À ce titre, ce nest sans doute pas un hasard si dans LEntrée dEspagne, œuvre majeure de la littérature franco-italienne, Roland, « nouveau 252personnage didentification2 » totalement accompli, incarne, à côté de la figure du roi de France, une forme dautorité naturelle et de pouvoir charismatique. Soumis tant à lEmpire, représenté par Charlemagne, quà la Papauté, puisque le Pape lui a confié une délégation militaire3, le neveu de lempereur saffiche ainsi comme la synthèse de différents modèles politiques. Mais en affirmant ponctuellement son indépendance par rapport à Charlemagne4, il est à limage des Signori dItalia qui saffranchiraient volontiers toujours davantage de la tutelle impériale.

Ainsi, comme le disait G. Folena, après un « Duecento cavalleresco e francese », la production littéraire franco-italienne se caractérise par un « Trecento comunale e toscano5 ». Parallèlement à la rédaction de chansons rolandiennes telles que LEntrée dEspagne ou sa Continuation par Nicolas de Vérone, aussi appelée Prise de Pampelune6, ou telles que les épopées contenues dans la compilation du manuscrit de Venise 13 connue, depuis P. Rajna, sous le titre de Geste Francor7, des chansons aux thématiques inédites, conçues pour contenter la « signorile repugnanza verso il vecchio ciclo di Carlo8 » dont parle V. Crescini, émergent peu à peu. Cest le cas de La Pharsale9, de Nicolas de Vérone, qui loue les exploits de Pompée en Thessalie et qui est dédiée à Nicolas ier dEste, ou de La Guerra dAttila10, de Nicolas de Casola, qui retrace la tentative dinvasion de lItalie par le barbare roi des Huns. Rédigée au moment où un roi 253hongrois menace et contraint Venise, cette Guerra dAttila est tout à la gloire de la famille dEste, pour qui elle est composée et dont Foresto et sa sœur Sara, héros du poème, sont censés être les illustres ancêtres.

Les principales modifications de la royauté de Charlemagne dans la Geste Francor, et dans LEntrée dEspagne, la perte de son statut délu divin ou la remise en cause de celui de souverain héréditaire, ont déjà été mises en évidence par K.-H. Bender ou H. Krauss11. Mais il importe de souligner que dans les épopées franco-italiennes, même dans les chansons carolingiennes, Charlemagne nest plus le seul à incarner lautorité : Roland, Pompée et Foresto dEste apparaissent comme autant de figures du pouvoir, auxquelles il convient dajouter le roi Désirier de La Prise de Pampelune et le roi Giglio de La Guerra dAttila, époux de Sara, elle-même amenée à jouer un rôle politique non négligeable en labsence de son mari12.

Dans ces deux textes, les rois de Pavie brillent par leur bravoure et leur courage et cela ne doit pas surprendre de la part dauteurs qui revendiquent fièrement la valeur des héros italiens. Mais ils se définissent aussi comme des représentants dune forme de gouvernement parmi dautres. La représentation du pouvoir est donc multiple, et brouillée, comme pouvait lêtre la période de « grande expérimentation institutionnelle13 » pendant laquelle ces épopées du xive siècle ont été rédigées. Ainsi, à limage traditionnelle et archétypale de la féodalité, ces textes semblent superposer celle de modèles de société inédits dans les légendes françaises, qui se retrouvent, de la sorte, adaptées à lenvironnement communal du Trecento.

Les poètes franco-italiens qui sinspirent de la geste française et importent en Italie les chansons carolingiennes acceptent la féodalité comme toile de fond intrinsèque au genre épique. La relation de signorage qui unit Charlemagne à ses hommes simpose comme une évidence et 254le duc Naimes rappelle, dans LEntrée dEspagne, que le suzerain « sor li sers doit avoir avantaje14 ». Tous les vassaux, douze Pairs, rois alliés ou nouveaux convertis, sen remettent à lautorité de lempereur à la barbe fleurie et sagenouillent devant lui en signe dhommage ou de remerciement15, conformément aux règles féodo-vassaliques16.

Bien quétrangère aux traditions et à lhistoire politique italiennes, cette vision de la société est en effet admise comme une évidence dans les chansons de geste transalpines et il est à ce titre révélateur que, dans La Prise de Pampelune, un des plus fidèles serviteurs de Charlemagne soit le roi Désirier de Pavie. Venu prêter main forte à larmée française dans son entreprise de reconquête des villes espagnoles, le « vailant roi Lombart17 » parvient à prendre Pampelune, jusqualors fièrement tenue par le Païen Maozéris. Ce haut fait guerrier permet, on le sait, de réhabiliter dans le cycle des légendes épiques le peuple lombard longtemps dénigré à cause de sa prétendue faiblesse militaire18. Nicolas de Vérone renverse brillamment, dans son incipit, limage de pleutres et de poltrons, capables de seffrayer devant un escargot, que certains poèmes associaient aux combattants de lItalie du Nord19.

Mais au-delà de la fierté de lauteur franco-italien à célébrer la vaillance dun héros national, il est remarquable que les qualités louées de Désirier ne se limitent pas à la prouesse et intègrent, par exemple, la loyauté. Fidèle appui de Charlemagne, le roi de Pavie nhésite pas à « secorre suen sire20 » lors de la bataille, particulièrement périlleuse, du Mont Garcin et à peine voit-il lempereur désarçonné quil lui offre sa propre monture comme à « [su]en seignor droiturier21 », ce qui lui vaut 255dêtre remercié « com frans home e loial22 ». Le stéréotype des Lombards qui, hommes de peu « de loialtage, / traïtor sont et plein de cuvertage23 » est ainsi lui aussi mis à mal.

La fidélité du « frans roi Dexirier24 » est dautant plus exemplaire, dans le poème véronais, que son suzerain sest comporté avec lui de façon condamnable. En effet, le « Lombard courajous25 » na conquis Pampelune que « por lu obeïr26 », mais loin de lui être reconnaissant pour cet exploit, Charlemagne soutient au contraire les Allemands qui prétendent semparer à leur tour de la cité et se glorifier dun honneur qui ne leur appartient pas27. Attaqué à tort, Désirier se contente de se défendre parce quil souhaite remettre lui-même la place forte à son seigneur : « car ci ne sui venu fors seul qe a suen servis28 », explique-t-il à Roland. Cest pourquoi il ordonne à ses hommes de se retirer

De dens la rice sbare : car ja pour rien dou mon

Je ne veul ver mien sire fer nulle mesprison29.

Prêt à reconnaître ses éventuels torts (« Se je ai mespris / de rien ver mien seignour, je sui prest e garnis / de fer lemendemant30 »), il incarne limage du parfait vassal, tout au long du poème, toujours disposé à accomplir, pour son seigneur, « tous siens comandemans31 ». De la sorte, le roi italien se révèle totalement intégré tant à lunivers épique quà la société féodale, alors même que lItalie na, historiquement, que très peu connu ce modèle de gouvernement.

Cest que la féodalité semble inextricablement liée au genre même de lépopée et, dans la production franco-italienne, les chansons carolingiennes ne sont pas les seules à véhiculer limage dun monde où les relations vassaliques sont au cœur de tout rapport humain. Ainsi, Nicolas de Vérone, qui senorgueillit dêtre le premier à mettre « en 256rime de France32 » la matière de Rome et les « fet des Romeins33 » dans sa Pharsale, nhésite pas à reprendre, en plus du cadre formel et de la langue de lépopée, ce français quil dit maîtriser mieux que quiconque34, les fondements idéologiques du genre littéraire. Lorsque Sextus, fils indigne de Pompée, consulte la sorcière Erichto pour connaître lissue du combat, la nécromancienne interroge un esprit qui sincline devant elle et précise : « Vetre voloir feray cum sers pour signoraze35 ». Cette comparaison est absente du texte source dont sinspire le trouvère36, mais elle sinsère naturellement dans le récit épique.

Et si, dans ce texte, le poète est aussi sévère avec Settimus, assassin de Pompée qui « fist trou pis qe Brutus, e pis fer ne pooit37 », cest sans doute tout autant au nom dun idéal républicain bafoué38 que par respect des liens féodaux :

E cil qe de Pompiu home etre devoit

Sour le cief suen seignor la main metre ousoit39.

Renégat qui a abandonné les armes de Rome pour servir Ptolémée40, Settimus est non seulement traître envers sa patrie, mais encore envers son hôte, puisque Pompée sest réfugié en Égypte, et envers son seigneur. De la sorte, lhistoire antique est relue à travers le prisme de lépopée et, dune façon discrète, mais non fortuite, Pompée est dépeint sous les traits dun seigneur médiéval qui incarne les valeurs positives de la féodalité. Ainsi sexpliquent probablement les formes danachronisme égrenées ici ou là dans le texte qui rapprochent Pompée des conceptions de la foi chrétienne.

En effet, Nicolas de Vérone nhésite pas à modifier les Fet des Romains pour atténuer le paganisme du personnage. Dans lépopée 257franco-italienne, Pompée ne fait pas de sacrifice avant lengagement de la bataille, contrairement à ce qui se passe dans la compilation historique française41, et son polythéisme est moins prégnant que celui de César qui jure « ses dieux » à plusieurs reprises42. Les notions chrétiennes de péché et de pardon émaillent certains de ses discours et il sagit, à chaque fois, dun ajout par rapport au texte source43. En outre, le cadavre du héros, retrouvé par Codrus à la fin du poème, est enterré44 et la longue description du rituel de crémation qui clôt le chapitre 13 de la chronique en prose45 disparaît du remaniement épique franco-italien en vers. Ces modifications de la figure de Pompée ne répondent ni aux exigences de la rigueur et de la vérité historiques, ni au respect de la source contraignante mais elles permettent dintégrer le personnage à un cadre épique féodal et chrétien.

Pourtant, les auteurs de lItalie du Trecento ne sen remettent pas sans réserve à cette féodalité si intimement liée aux chansons héroïques et ils nhésitent pas à en souligner les limites. Pompée lui-même établit une nette distinction entre deux façons denvisager son rôle politique et alors quil sentretient avec Dirotalius, à la fin de La Pharsale, pour le convaincre de faire appel aux Turcs, il précise quil a toujours été plus en quête dalliances, militaires et politiques, que dhommages :

Si fis ceschun de lor mien ami general.

Mien compeignon fis cil qe seroit mien vasal46.

Lautorité que Pompée revendique soppose donc à toute forme de sujétion. En distinguant le « compagnon » du « vassal », le héros républicain semble concevoir sa place de meneur dhommes comme une place centrale, mais sans se considérer pour autant au-dessus des autres. La vision du pouvoir quil défend paraît de la sorte plus horizontale, vision 258selon laquelle les hommes sont liés entre eux par des liens damitié, que verticale ou pyramidale ; selon celle-ci, certains seraient soumis à lautorité dun autre. Le personnage ainsi dépeint est finalement plus proche des grands seigneurs à qui la chanson est destinée que des modèles héroïques épiques.

En outre, le rôle politique du personnage, librement consenti par les hommes auprès desquels il sexerce, est intimement lié à une ville et à un peuple, comme en témoignent ses armoiries ornées du sigle SPQR47, « ensagne a la cité sovraine48 ». Défini, tout au long du poème, comme « le roman campion49 » qui « ert prince de Rome et per Romeins moroit50 », Pompée prend en compte les aspirations du plus grand nombre, ce qui lui confère une profonde légitimité. Il accepte par exemple, au début du texte, de lancer lassaut en Thessalie alors que sa stratégie personnelle le poussait plutôt à retarder le combat51. Il sen remet à lavis et au désir de ses hommes.

De la sorte, tout en admettant le système féodal en toile de fond des légendes épiques, les poètes franco-italiens semblent prendre leurs distances avec ce modèle de société qui ne correspond pas aux formes de gouvernement de lItalie du Trecento52 et dont ils nhésitent pas à souligner les failles ou les limites. Cest ainsi que, dans La Prise de Pampelune, lépisode de Guron de Bretagne met en évidence certains dangers de lhommage vassalique. Dans ce texte, alors que Marsile a fait pendre les deux émissaires Basin et Basile sans leur laisser le temps de délivrer leur message53, Charlemagne, sur le conseil de Ganelon, envisage une nouvelle ambassade auprès du roi païen. Guron accepte sans réserve cette mission et promet de faire ce que Charlemagne lui demande « pur 259che preu e honor a suen sir exemplist54 ». Défini comme un homme de grand « vasalage / [] tiel ami na Zarlle fors le fil suen soraze55 », il est dévoué corps et âme à lempereur et il se met « a genoilon56 » devant lui en signe de respect et dacceptation, avant de préciser : « Je tieng mien heritaze / da vous, e de mien cors vous veul fer homaze57 ». Roland sinquiète de cette décision quil trouve tout aussi périlleuse quhasardeuse58 et, poussé par un désir dautonomie de plus en plus fort depuis LEntrée dEspagne59 – ou plus perspicace que les autres Pairs –, il remet en cause les décisions de son oncle. Lorsquil fait part de ses doutes, Salemon lui rappelle :

Zarlles a segnoraze

Sour nous ; ond il puet fer de nous quant chil ymaze ;

Et suen voloir feiro[n]s, ou soit sen ou folaze60.

Au moment même où ce vassal évoque lautorité féodale de Charlemagne, il émet donc un désaveu on ne peut plus explicite sur larrêt pris par le suzerain qui, par cette décision déraisonnable, est rendu en partie responsable du martyre de Guron de Bretagne. Le manque de clairvoyance de Charlemagne apparaît comme un « folaze » dont les désastreuses conséquences sont dues au respect des liens de « segnoraze ».

Ce nest sans doute pas un hasard si cest cette même relation vassalique qui permet précisément, dans cet épisode, la trahison de Guron de Bretagne par Ganelon. En effet, le parâtre de Roland, qui cherche à se venger de la mort de son cousin Anseïs61, fait désigner Guron pour lambassade auprès de Marsile et, dans le même temps, fait porter un message au seigneur sarrasin Maozéris lui recommandant de mettre à mort le champion chrétien pour peiner Charlemagne62. Pour mener à bien ce projet, le traître sen remet à son homme de main, Guirdonal, 260à qui il rappelle, en préambule à toute discussion : « vous etes mien vasal63 ». Il lui expose par la suite son intention et lui demande :

Se me volés plevir com hom droitural

Che dun mien servis fer ne me vindriés a fal64.

Lévocation de la relation contraignante65 oblige Guirdonal à obéir et à accepter le service demandé avant même de savoir de quoi il retourne : « Mien seigneur, [] / vetre comand feray, ou soit bien ou soit mal66 ». Le personnage a lintuition que la demande sera condamnable mais il se doit daccepter : « Jel feray, car vous etes mien sir e governal67 », même si, semble-t-il sous-entendre, il naccepte pas ces pratiques.

Les poètes franco-italiens regardent donc le modèle féodal véhiculé par les épopées avec une certaine distance, le considérant probablement comme quelque peu exotique et dépassé, puisque lItalie na pas, ou peu, connu de féodalité. Par ailleurs, si lidée impériale est très présente au Trecento, depuis le De Monarchia68 de Dante jusquaux œuvres de Marsile de Padoue69, lEmpire réel, effectif, a perdu son caractère de suprême représentation dune féodalité intacte. Dans les guerres qui occupent la période de lentre-règne, le sommet de la hiérarchie est inoccupé et lItalie du xive siècle, déchirée par des années de violentes luttes entre Guelfes et Gibelins, subit une sorte de vacance du pouvoir. En effet, lempereur a physiquement disparu de la vie politique depuis la mort de Frédéric ii en 1250 et les papes, après 1309, ont émigré en Avignon70. La papauté paraît dailleurs plus préoccupée dargent et de pouvoir que de spiritualité et elle offre un spectacle affligeant abondamment dénoncé par les auteurs italiens tels que Dante, qui nhésite pas, 261dans sa Divina Commedia, à mettre Boniface en Enfer71, ou Pétrarque, qui compare la récente cité des papes à une nouvelle « Babylone occidentale72 ». LEmpire et lItalie sont largement hostiles à cette papauté déclinante, dépravée, pervertie, et le christianisme occidental entame un lent déclin qui conduira, deux siècles plus tard, à la Réforme.

On le sait, ce contexte dabsence dincarnation forte et fiable du pouvoir favorise lémergence de quelques familles qui règnent en maîtres sur les principales grandes villes, comme les Este à Ferrare. LItalie du Trecento est celle des signorie et limmense poème franco-italien de La Guerra dAttila73 illustre bien cette sorte de morcellement géographique du pouvoir. Nicolas de Casola y décrit la tentative dinvasion de lItalie par les Huns, en 422, sous le commandement de leur chef Attila, et il choisit pour héros les princes héritiers des grandes familles auxquelles le poème est dédié : Foresto dEste et Giglio de Padoue. Dans ce texte, lempereur Patriziano nest évoqué que dans un seul épisode et son rôle apparaît comme secondaire.

Défini comme champion de la chrétienté, il ne semble tenir son autorité que de son statut de croyant et son pouvoir politique est remis en question dès lors que ses hommes en viennent à douter de sa foi et à envisager son improbable conversion. Venu se battre au côté de Giglio, Patriziano est blessé au combat et il ne peut retourner auprès des siens aussi rapidement quil laurait souhaité. Un messager divin intervient alors et annonce que les habitants de Rome « sunt in heror74 » à cause dune rumeur répandue par Attila, « le rois Alemans75 » :

Mes lont spandu noelles in Rome por de là

Que la foy ai laissie, que Yhesu comanda76.

Lempereur quitte immédiatement le champ de bataille et retourne à Rome où il dément cette fausse nouvelle et est accueilli avec les 262honneurs qui lui sont dus. Les Romains sexcusent davoir douté de lui et sen remettent volontiers à sa domination « mes quil deit Rome inlec governer / ester in ses manoir77 ». Lauteur conclut cette péripétie en précisant que, depuis, lempereur séjourne à Rome78, comme sil cherchait à donner une explication légendaire non seulement à lappellation traditionnelle dempereur de Rome, que lon retrouve fréquemment dans les épopées pour désigner celui qui exerce lautorité suprême79, mais encore à la situation italienne de lépoque où lempire germanique est une sorte dempire de loin et où les Seigneurs des libres communes de Lombardie et de Vénétie ne sont que peu en relation avec le pouvoir central.

Bien quil prétende raconter l« ystoire verables80 », et non pas des « fables de Berton / [] ne de Hector li bron81 », Nicolas de Casola nhésite pas à introduire dans son récit des éléments légendaires relatifs à la naissance du « flagelle de Dieu82 ». Cette créature, « que fu filz de lusuire et de peçhe criminais83 », roi mi-homme, mi-chien, est le fruit de lunion contre-nature de sa mère avec un lévrier84 et se révèle évidemment démoniaque. Mais si lépopée entière se comprend comme une lutte du bien contre le mal, des Chrétiens contre « lovre li satenaus85 », et si lempereur Patriziano apparaît comme le champion de cette chrétienté, cest bien à Giglio de Padoue que reviendra lhonneur de vaincre le « fléau de Dieu », quand le Ciel laura décidé86, et cest le prince Foresto dEste qui meurt en odeur de sainteté87, après une première visite du Paradis88. La Guerra dAttila est ainsi clairement une épopée à la gloire des Signori dItalia et, peut-être pour effacer le peu glorieux souvenir de lempereur Valentinien iii obligé 263de négocier une trêve avec le roi des Huns89, lEmpire ny a sa place quen toile de fond90.

En effet, parallèlement à cette espèce dautorité tutélaire désincarnée, un pouvoir local et indépendant saffirme et lorsque Foresto prend conscience de limminence de sa mort, il consacre son ultime énergie, non pas à préparer son arrivée dans lautre monde, mais à mettre en ordre ses affaires terrestres. Les dernières volontés quil expose ont valeur de « testament91 », quun « saç clers, litrez de grant afaire92 » note au fur et à mesure. Avant de définir le rituel de son enterrement93, il énonce les principes qui devront régir sa succession. Il laisse à son fils Acarino « Est et tout le pais94 », mais sil le désigne comme son « heir ; princeps est par raison95 », il précise les devoirs que cette charge impliquera pour son successeur : honorer la foi, être courtois et généreux, protéger les veuves et les orphelins et garantir une part dhéritage à Alfaris et Moraels, neveux de Foresto96 – le premier sera « sire de Visentine97 » et le second jouira du titre de « cuens de Feutre98 ». Le mourant précise en outre que ses trois héritiers resteront sous « la poest99 » de son beau-frère, le roi Giglio de Padoue :

Ensi voil que priez Gilius, la coron,

Que in la signorie si mantegne çascon,

Ad honor de lui, por desouz ses baston100.

De la sorte, Foresto planifie une véritable ramification du pouvoir, jusquà un niveau communal et bien que ses successeurs désignés, princes, seigneurs et contes, demeurent sous la tutelle du roi Giglio, qui 264doit « investi[r] suen filz princeps dEst101 », chacun jouit dun certain espace dautonomie à léchelle du territoire qui lui revient.

Cette conception de lorganisation politique évoque celle de lItalie du Trecento où lindépendance des différentes seigneuries nest pas incompatible avec lempire de Louis de Bavière. Pour A. de Mandach, elle sous-tend également la vision du pouvoir telle quelle est présentée dans La Pharsale de Nicolas de Vérone dont le manuscrit (unique) est orné, au frontispice, dune miniature représentant « en filigrane la relation plutôt ambiguë entre le petit aigle (Nicolas dEste) et le grand (lempereur romain régnant)102 ». On le sait, le poème est dédié au « Ferare marchois, [] la flor des Estenois103 » et la lettrine initiale du texte montre deux cavaliers en armes, avec des casques surmontés de têtes daigle dont seule lune est couronnée104. Si cette image « ne semble pas représenter un moment précis du poème105 », elle correspond en revanche à la description des enseignes que fait le trouvère lorsquil explique que la bannière de César porte une « aigle [] tretout encoronee106 » alors que celle de Pompée, « des aigles sens corones avoit li bande plaine107 ». Absentes des Fet des Romains, ces précisions illustrent lantagonisme fondamental entre la vision de lempire selon César et le gouvernement pompéien ou, pour reprendre lanalyse dA. de Mandach, les rapports de dépendance des Seigneurs italiens vis-à-vis de lempereur romain en fonction.

La mise en évidence de ce désir dautonomie des cités de Lombardie ou de Vénétie se retrouve dans la carolingienne Prise de Pampelune. À la différence de LEntrée dEspagne, dont elle est pourtant la continuation, cette épopée nest pas centrée sur le personnage de Roland, qui y est 265même relativement discret, quoique toujours décrit comme le fer de lance de larmée française et comme une nouvelle voix de la sagesse. La chanson du Véronais est construite autour de six épisodes principaux108 dont le premier, qui en légitime le titre, raconte lexploit guerrier de Désirier de Pavie. Mais si Nicolas de Vérone se conforme à une fierté patriotique fréquente chez les auteurs franco-italiens en évoquant, dès le premier vers, « le vailant roi Lombart109 », il assigne en revanche à Désirier un rôle politique plus inattendu quand, en récompense de ses services, Charlemagne lui accorde, sans en saisir immédiatement la portée110, les trois dons quil a sollicités. Le « frans roi valorous111 » demande en effet non pas des territoires ou des contreparties financières mais :

Qe frans soient sempre tous ceus de Lombardie :

Chi en comprast aucun, tantost perde la vie ;

E che cescun Lombard, bien qil nait gentilie

Che remise li soit de sa ancesorie,

Puise etre chivaler, sil a pur manantie

Qil puise mantenir a honour chivalerie ;

E si veul qe cescun Lombard sens vilenie

Puise sempre portier çainte la spee forbie

Davant les empereres112.

Cest-à-dire que la bravoure du roi Lombard lui permet de gagner son indépendance, pour lui comme pour son peuple, ce quil appelle plus tard, dans lépopée, sa « franchisse113 », obtenue du « romein empir114 » et quil sagit de « merir115 ». Labolition de la servitude, la possibilité de porter lépée en présence des empereurs et la création dune chevalerie fondée sur la richesse et non plus sur la naissance sont des requêtes que Charlemagne, incarnation dépassée de lancienne féodalité, ne peut comprendre et estimer à leur juste valeur. Il faut toute la finesse dun 266Roland ou dun Naimes, portés par des valeurs pré-humanistes conformes à lidéal de sagesse tel quil peut se comprendre dans lItalie au Trecento, pour reconnaître, dans ces faveurs, un « mout grand honour116 » et un « noble don117 ».

Cest que ces privilèges obtenus résonnent comme un écho des pactes de Constance de 1183 par lesquels les villes lombardes saffranchissent de la mainmise de lempereur Barberousse grâce aux exploits militaires de la Ligue Lombarde et lautonomie obtenue par Désirier dans la chanson de geste donne ainsi un ancrage légendaire à la situation des cités nord-italiennes dont la souveraineté, certes encore relative, mais hautement revendiquée par les Signori italiens, a été conquise de haute lutte118. Nicolas de Vérone fait de Turpin le témoin de ces négociations et le rédacteur du document écrit qui permet de sceller la paix entre Francs et Lombards (« de cist feit en fist carte119 »), assignant de la sorte au chant épique une prétendue légitimité historique. Charlemagne devient celui qui a consenti à lindépendance de la Lombardie, ce qui permet de concilier épopée carolingienne et « chant communal ».

Mais si, dans la chanson, le roi de Pavie vise à une émancipation par rapport à la tutelle impériale, il importe de souligner que les dons obtenus sont destinés à la population tout entière, à « tous ceus de Lombardie120 », à « cescun Lombard121 ». Souvent appelé « Le Lombard », sans même que sa fonction royale ne soit rappelée122, Désirier est toujours présenté avec « siens homes123 » ou « sa giant124 ». Son rôle militaire et sa fonction politique font de lui un meneur dhommes au service de son peuple. La charge qui lui incombe ne lamène jamais à favoriser son bien propre et il œuvre en permanence pour la collectivité. Dans La Prise de Pampelune, cette forme de gouvernement soppose à la royauté telle que Maozéris le païen lincarne, lui qui ne pense et agit que pour défendre ses ambitions 267et intérêts personnels. Vaincu, et prisonnier de Charlemagne, il nhésite pas à demander à lempereur, en échange de sa conversion, un don qui le ferait « etre des doçes pieres e de lour droit corois125 ». Et lorsque « le roi des mondeins rois126 » lui annonce quil ne peut lui octroyer cette faveur, le Païen en profite pour exiger, en compensation, une « plus aute zaere127 ». Son individualisme, qui soppose aussi systématiquement à lattitude de Désirier, est aisément condamnable, et apparaît comme un trait propre au roi sarrasin. Utilisant le manichéisme épique, Nicolas de Vérone pose ainsi les cadres dun bon et dun mauvais gouvernement, tout en faisant du roi de Pavie un représentant idéal dun pouvoir envisagé pour le bien commun.

De la même façon, dans La Pharsale, les ambitions politiques de Pompée et de César divergent fondamentalement en ce que le premier se bat essentiellement pour la « franchise de Rome128 », cette même franchise que Désirier obtient pour sa patrie. Et lorsque Cicéron rappelle au « prince de Rome129 » quil a été « esleü » non pour « [s]uen bien propie mes seulmant por lonor / dou frans comun130 », il insiste également sur le fait quil est le défenseur du Sénat131 et que son autorité nest légitime que parce quelle est consentie par le peuple sur lequel elle sexerce. Cette notion délection, répétée avec insistance132, est propre au poème franco-italien et le distingue de la chronique historique française qui névoque pas ce mode daccession au pouvoir133. Dans lItalie des Este et des Gonzague, de Pietro dAbano et de Marsile de Padoue, la force daction du popolo devient une donnée importante et les trouvères ne peuvent concevoir le pouvoir sans attribuer aux habitants des Seigneuries, pour lesquels les princes gouvernent, un rôle prépondérant. Ainsi, dans le panégyrique de Pompée, Nicolas de Vérone précise quil

fu porté por vieus e por mesclin

A honor de trionfe sor le palés maobrin

268

Ao romain capitoille loant le roi devin

E fu gendre Cesar e romein citeïn134.

Lidée de citoyenneté, envisagée comme participation effective à une vie politique, affleure ici et Pompée, républicain convaincu, élu et apprécié par son peuple, saffirme comme un représentant idéal de lautorité telle quelle peut être conçue par les poètes, même épiques, franco-italiens135.

Il est en effet révélateur de trouver pareille conception du pouvoir dans LEntrée dEspagne où Charlemagne, las de guerroyer outre Pyrénées, envisage de rentrer en France. Il évoque alors sa succession et si Roland simpose naturellement comme son héritier, cest en partie parce que tel est le désir du plus grand nombre :

Je nai plus fils. Pres ma mort, ami dos,

Rois vos feront Franços et Herupos,

Et les Romans vos clameront a vos

Lor enperere, dont il sont desiros136.

Le roi des Francs prépare, anticipe et organise la transmission du pouvoir quil occupe. Cette passation de lautorité nimplique pas forcément de vacance effective du trône puisque Charlemagne propose, dans les 131 derniers vers copiés à la fin du manuscrit de LEntrée dEspagne, de couronner Roland de son vivant137. Dans les deux cas, le successeur semble désigné par laspiration collective : « Ni a nul qin ait envie ; cescun [en] a le voloir138 ». Ainsi, la nomination de lhéritier nattend pas de prescription divine, parce que le monde tel que les auteurs du Trecento italien le conçoivent est régi par des hommes et non pas par des interventions surnaturelles. Cest pourquoi la proposition de lempereur ne pourra être validée quavec lassentiment du peuple. Loin de promouvoir une quelconque forme de théocratie, ces textes exaltent donc un type de gouvernement populaire au sein duquel la fonction qui revient au chef et au meneur nest due ni à son rang, ni à sa personne, mais à ses mérites et au libre consentement des hommes sur lesquels elle sexerce.

269

De la sorte, toute autorité non librement consentie apparaît comme répréhensible et de même quAttila porte, dans lépopée de Nicolas de Casola, une « mauvaise couronne139 », le géant Hercule, dans le poème franco-italien dHector et Hercule, exerce un « vilain pooir140 » parce que son appétit de conquête la poussé à imposer son autorité par la force :

Seignor voloit estre sor terre.

La seignorie adonc estoit

Plus por force qe por droit141.

Cet exercice du pouvoir, condamnable parce quillégitime, explique en partie que le héros grec puisse être battu, dans ce texte, par un guerrier aussi jeune et inexpérimenté quHector142.

Loin dexalter une certaine forme dempire mythique, les auteurs franco-italiens semblent donc, plus pragmatiquement, encenser des modèles de gouvernement à échelle locale, qui évoquent la zone dinfluence des villes et des cités italiennes. Dune certaine façon, lépopée féodale sest faite épopée communale et le popolo a remplacé les vassaux. Peu importe le titre conféré à celui qui incarne lautorité, et le roi Giglio de Pavie peut ainsi indifféremment être appelé « li dux et le marchis, li cuens et li princer143 », du moment que son autorité est librement consentie par les hommes sur lesquels elle sexerce.

Le point de vue sest ainsi sensiblement déplacé et le pouvoir nest pas envisagé en fonction de celui qui gouverne, mais en fonction de ceux qui sont gouvernés. Cette vision des choses semble aller de pair avec une conception du monde moins soumise aux règles dune transcendance divine et dune hiérarchie verticale. Les hommes, en premier lieu les dirigeants, naspirent plus à sélever au-dessus des autres et à les dépasser mais visent à être au centre de la vie de la cité. Et si Charlemagne nest « mie poesti / de rien fer sil ne pleit a Rolland le 270marchis144 », cest bien quen termes dautorité, laura du « marchis » lemporte sur celle de lempereur à la barbe fleurie. En filigrane se dessine ici lhommage du poète courtisan à son Seigneur, Nicolas « la flor des Estenois145 », « de Ferare marchois146 ».

Chloé Lelong

CIHAM (UMR 5648)

Université Lyon 2

1 R. Hiestand, « Aspetti politici e sociali dellItalia settentrionale dalla morte di Federico ii alla metà del 1300 », Testi, cotesti e contesti del franco-italiano : Atti del 1o simposio franco-italiano, Tubingue, Niemeyer, 1989, p. 27-47, ici p. 46 (cest nous qui traduisons).

2 G. Holtus, P. Wunderli, Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, iii, Les Épopées romanes, t. 1 et 2, fascicule 10, « Franco-italien et épopée franco-italienne », Heidelberg, Winter, 2005, p. 106, 117, 166 et 180.

3 Voir LEntrée dEspagne, éd. A. Thomas, Paris, Didot, 1913, v. 7548-7552.

4 Voir à ce sujet N. Bradley-Cromey, Authority and autonomy in LEntrée dEspagne, New-York, Garland, 1993, p. 40-42.

5 G. Folena, « La cultura volgare e lumanesimo cavalleresco nel Veneto », Umanesimo europeo e umanesimo veneziano, Florence, Sansoni, 1963, p. 141-158, ici p. 154.

6 Voir Niccolò da Verona, Opere : Pharsale, Continuazione dellEntrée dEspagne, Passion, éd. F. di Ninni, Venise, Marsilio, 1992.

7 Voir La Geste Francor. Edition of the Chansons de geste of. MS. Marc. Fr. xiii (=256), éd. L. Zarker Morgan, Tempe (Arizona), Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies, 2009.

8 V. Crescini, « Di una data importante nella storia dellepopea franco-veneta », Romanica Fragmenta, Turin, 1932, p. 334 : « Forse per questa signorile repugnanza verso il vecchio ciclo di Carlo, indulgendo a gusti del padrone, Nicolò da Verona avrà lasciati da parte i consueti argomenti, e preferito a Fatti di Francia i Fatti di Roma. E laltro Nicolò sarà stato mosso anchegli, fino ad un certo punto, dallo stesso pensiero, a cantare dAttila piuttosto di Carlomagno ».

9 Ce texte est publié dans la compilation des œuvres de Nicolas de Vérone éditée par F. di Ninni.

10 Voir Niccolò da Casola, La Guerra dAttila, éd. G. Stendardo, Modène, Società Tipografica Editrice Modenese, 1941.

11 Voir H. Krauss, Epica feudale e pubblico borghese, Per la storia poetica di Carlomagno in Italia, Padoue, Liviana, 1980, p. 118-120 ; K-H. Bender, « Les métamorphoses de la royauté de Charlemagne dans les premières épopées franco-italiennes », Cultura Neolatina, 21, 1961, p. 164-174.

12 Voir à ce sujet C. Lelong, « Hommes et femmes dans La Pharsale et La Guerra dAttila franco-italiennes », Les Relations entre les hommes et les femmes dans les chansons de geste, éd. C. Füg-Pierreville, Lyon, Aprime, 2013, p. 244-249.

13 G. Briguglia, Marsile de Padoue, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 16.

14 LEntrée dEspagne, v. 7120.

15 Voir par exemple, dans La Prise de Pampelune, les v. 323-324, 1342-1345, 2368-2370, 2760 ou 5541 montrant respectivement Désirier, Ysorié, Altumajor, Guron de Bretagne et Roland qui sinclinent ou sagenouillent devant Charlemagne.

16 Voir à ce sujet M. Bloch, La Société féodale, Paris, Albin Michel, 1939, p. 253-255.

17 La Prise de Pampelune, v. 1.

18 Voir à ce sujet C. Lelong, LŒuvre de Nicolas de Vérone. Intertextualité et création dans la littérature épique du xive siècle, Paris, Champion, 2011, p. 99-110 et la bibliographie qui sy rattache.

19 Voir De Lombardo et lumaca, poème latin du Moyen Âge attribué à Ovide, éd. A. Boucherie, Revue des Langues Romanes, 15, 1886, p. 93-97. Voir aussi à ce sujet F. Novati, « Il Lombardo e la lumaca », Attraverso il medioevo, Studi e ricerche, 50, Bari, Laterza, 1905, p. 117-151.

20 La Prise de Pampelune, v. 1838.

21 La Prise de Pampelune, v. 1961.

22 La Prise de Pampelune, v. 1967.

23 La Chevalerie Ogier de Danemarche, éd. M. Eusebi, Milan-Varese, Cisalpino, 1963, v. 4980-4981.

24 La Prise de Pampelune, v. 1922.

25 La Prise de Pampelune, v. 1832.

26 La Prise de Pampelune, v. 208. Voir également les v. 271-274.

27 Voir La Prise de Pampelune, v. 277-278.

28 La Prise de Pampelune, v. 230. Voir également les v. 276-300.

29 La Prise de Pampelune, v. 60-61.

30 La Prise de Pampelune, v. 249-251.

31 La Prise de Pampelune, v. 252.

32 La Pharsale, v. 18.

33 La Pharsale, v. 28.

34 Voir La Pharsale, v. 1946-1948.

35 La Pharsale, v. 259.

36 Voir Li Fet des Romains, Compilé ensemble de Saluste, Suétone et Lucain, éd. L.-F. Flutre, K. Sneyders de Vogel, Paris-Groningue, Droz-Wolters, 1938, p. 502, l. 7-p. 503, l. 2.

37 La Pharsale, v. 2998.

38 Voir à ce sujet Lelong, LŒuvre de Nicolas de Vérone, p. 338-339 et « Pompée défenseur de la paix dans la Pharsale franco-italienne de Nicolas de Vérone », Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 26, 2013, p. 298-301.

39 La Pharsale, v. 2996-2997.

40 Voir La Pharsale, v. 2985-2995.

41 Voir Li Fet des Romains, p. 510, l. 6-12.

42 Voir La Pharsale, v. 608, 700, 714, 766, 1103, 1914…

43 Voir par exemple La Pharsale, v. 504, où Pompée envisage que ses ennemis demanderont bientôt « perdon dou mal qont comoüs », alors que les Fet des Romains névoquent que la « paix violée », p. 507, l. 25-28. Voir également le vers 1877, où Pompée évoque ses « pecés » et le v. 1738. Au sujet de cette christianisation discrète de La Pharsale, voir Lelong, LŒuvre de Nicolas de Vérone, p. 434-436.

44 Voir La Pharsale, v. 3163.

45 Voir Li Fet des Romains, p. 569, l. 31-p. 570, l. 24.

46 La Pharsale, v. 2526-2527.

47 Voir La Pharsale, v. 634.

48 La Pharsale, v. 635.

49 La Pharsale, v. 2933.

50 La Pharsale, v. 2995.

51 Voir La Pharsale, v. 562-594.

52 Au sujet de la distinction entre les structures féodales et les formes de gouvernement en Italie du Nord, voir les articles de G. Rippe : « Feudum sine Fidelitate. Formes féodales et structures sociales dans la région de Padoue à lépoque de la première ère communale (1131-1236) », Mélanges de lÉcole française de Rome, Moyen Âge et Temps modernes, 87, 1975, p. 187-239 ; « Commune urbaine et féodalité en Italie du Nord : lexemple de Padoue (xe s.-1237) », Mélanges de lÉcole française de Rome, Moyen Âge et Temps modernes, 91, 1979, p. 659-697.

53 Voir La Prise de Pampelune, v. 2681-2697.

54 La Prise de Pampelune, v. 2763.

55 La Prise de Pampelune, v. 2768 et 2769.

56 La Prise de Pampelune, v. 2760.

57 La Prise de Pampelune, v. 2788-2789.

58 Voir La Prise de Pampelune, v. 2771-2776.

59 Voir à ce sujet N. Bradley-Cromey, « Roland as baron révolté : the Problem of Authority and Autonomy in the Entrée dEspagne », Olifant, 5, 1978, p. 285-297.

60 La Prise de Pampelune, v. 2777-2779.

61 Voir La Prise de Pampelune, v. 2840-2843.

62 Voir La Prise de Pampelune, v. 2821-2822.

63 La Prise de Pampelune, v. 2802.

64 La Prise de Pampelune, v. 2805-2806.

65 Au sujet de cette relation contraignante dans la société féodale, voir Bloch, La Société féodale, p. 209-233.

66 La Prise de Pampelune, v. 2809-2810.

67 La Prise de Pampelune, v. 2831.

68 Voir Dante, De Monarchia, La Monarchie, éd. C. Lefort et M. Gally, Paris, Belin, 2000.

69 Tel est le cas par exemple du Defensor pacis. Pour une édition du texte, voir Marsilio da Padova, Il Difensore della pace, éd. M. Fumagalli et al., Milan, Rizzoli, 2 vol., 2001 ou Marsile de Padoue, Œuvres Mineures (Defensor Minor & De translatione imperii), éd. C. Jeudy et J. Quillet, Paris, CNRS, 1979.

70 La papauté y restera jusquen 1378.

71 Voir Dante, La Divina Commedia, éd. A. Chiari et G. Robuschi, Milan, Bietti, 1965, Infernoxxvi, v. 70 et 94-105.

72 Pétrarque, Sans titre, 19 lettres, éd. R. Lenoir, Paris, Million, 2003, v, 1, p. 77. Voir également viii, 1, p. 92-93, ix, 3, p. 98-99, x, 1-2, p. 100-101, xiv, 2, p. 138-139, xvii, 3, p. 148-149, xvii, 7, p. 154-155, xvii, 12, p. 166-167, xviii, 1-2-3, p. 170-175 et xix, 2, p. 190-191.

73 Le poème compte plus de 37 000 vers, et il est inachevé.

74 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3377.

75 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3237.

76 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3375-3376.

77 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3448-3449.

78 Voir La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3453-3454.

79 Voir par exemple LEntrée dEspagne, v. 14263, 15807, 11798, ou La Prise de Pampelune, v. 466, 4739, 490.

80 La Guerra dAttila, ch. i, v. 36. Voir aussi les v. 76, 78 et 81 : « veraie ystoire », « ystoire verais », « veraie sentançe ».

81 La Guerra dAttila, ch. i, v. 31 et 35.

82 La Guerra dAttila, titre du 1er livre, ch. i, v. 19.

83 La Guerra dAttila, ch. i, v. 88.

84 Voir La Guerra dAttila, ch. i, v. 727-735.

85 La Guerra dAttila, ch. i, v. 742.

86 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3368-3369.

87 Voir La Guerra dAttila, ch. ix, v. 582-587.

88 Voir La Guerra dAttila, ch. viii, v. 1082-1085.

89 Cette trêve a été négociée par lempereur en 452, à la suite de la prise dAquilée, Padoue, Vérone, Milan et Pavie par Attila, au moment où le chef barbare se dirigeait vers Rome.

90 Voir à ce sujet S. Ozoeze Collodo, « Attila e le origini di Venezia nella cultura veneta tardomedievale », Atti dellIstituto Veneto di scienze, lettere ed arti, 131, 1973, p. 531-567, ici p. 558.

91 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 564, 808, 810, 824.

92 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 563.

93 Voir La Guerra dAttila, ch. ix, v. 571-578.

94 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 540.

95 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 539.

96 Voir La Guerra dAttila, ch. ix, v. 541-551.

97 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 550.

98 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 552.

99 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 823.

100 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 554-556.

101 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 819.

102 A. de Mandach, « Les manuscrits uniques de la Passion et de la Pharsale de Nicolas de Vérone sont-ils des manuscrits princeps ? », Testi, cotesti e contesti del franco-italiano, p. 243. Le critique rappelle à ce sujet que « lorsque les seigneurs du château et du bourg dEste sétaient emparés de la ville de Ferrare en 1240 et quils sétaient distingués comme preux partisans de lEmpire, lempereur leur accorda son blason, laigle impériale de sable sur champ dargent mais avec des couleurs inversées, dargent sur champ dazur », p. 242.

103 La Pharsale, v. 1935-1936.

104 Pour une description de ce manuscrit, voir H. Aubert, « Notice sur les manuscrits Petau conservés à la Bibliothèque de Genève », Bibliothèque de lÉcole des Chartes, 70, 1909, p. 512-515.

105 R. Specht, Recherches sur Nicolas de Vérone : Contribution à létude de la littérature franco-italienne du quatorzième siècle, Berne, Peter Lang, 1982, p. 21.

106 La Pharsale, v. 806-807.

107 La Pharsale, v. 636.

108 Il sagit des épisodes de Désirier (v. 1-435), de Maozéris (v. 436-2022), dAltumajor (v. 2023-2473), de Basin et Basile (v. 2474-2704), de Guron de Bretagne (v. 2705-3867) et de la prise de Cordoue (v. 3868-5653). Ces épisodes sont suivis dun long épilogue (v. 5654-6113).

109 La Prise de Pampelune, v. 1.

110 Voir La Prise de Pampelune, v. 367-371.

111 La Prise de Pampelune, v. 1833.

112 La Prise de Pampelune, v. 342-350.

113 La Prise de Pampelune, v. 1912 et 1915.

114 La Prise de Pampelune, v. 1911.

115 La Prise de Pampelune, v. 1915.

116 La Prise de Pampelune, v. 382. Voir également le v. 383.

117 La Prise de Pampelune, v. 373.

118 Voir au sujet du personnage de Désirier et des dons quil obtient dans lépopée franco-italienne et chez Nicolas de Vérone en particulier, Lelong, LŒuvre de Nicolas de Vérone, p. 96-115.

119 La Prise de Pampelune, v. 362. Voir également les v. 363-364.

120 La Prise de Pampelune, v. 342.

121 La Prise de Pampelune, v. 344 et 348.

122 Voir La Prise de Pampelune, v. 47, 1832, 4682…

123 La Prise de Pampelune, v. 1908.

124 La Prise de Pampelune, v. 1834.

125 La Prise de Pampelune, v. 502.

126 La Prise de Pampelune, v. 572.

127 La Prise de Pampelune, v. 588.

128 La Pharsale, v. 874, 1459, 1487…

129 La Pharsale, v. 2995.

130 La Pharsale, v. 455-457.

131 Voir La Pharsale, v. 2902-2903.

132 Voir La Pharsale, v. 451-459, 2399-2402, 2631-2632.

133 Voir à ce sujet Lelong, LŒuvre de Nicolas de Vérone, p. 334-340.

134 La Pharsale, v. 2904-2907.

135 Sur la figure politique de Pompée, voir Lelong, « Pompée défenseur de la paix », p. 295-307.

136 LEntrée dEspagne, v. 1599-1602.

137 Voir lappendice de LEntrée dEspagne, v. 5-12.

138 Appendice de LEntrée dEspagne, v. 10.

139 La Guerra dAttila, ch. ix, v. 828.

140 Le Roman dHector et Hercule, éd. J. Palermo, Genève, Droz, 1972, v. 828.

141 Le Roman dHector et Hercule, v. 823-825. Voir également les v. 636-638 : « qil vos a plusors citez / por force prises et ravies, / dont il en a les seignories ».

142 Voir à ce sujet C. Lelong, « Remarques sur la mort dHercule dans lépopée franco-italienne dHector et Hercule », communication présentée au colloque international de la Société Rencesvals de juillet 2015, à paraître à Rome, aux éditions Viella, dans les Actes du colloque.

143 La Guerra dAttila, ch. xvi, v. 3417.

144 La Prise de Pampelune, v. 964-965.

145 La Pharsale, v. 1936.

146 La Pharsale, v. 1935.