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Classiques Garnier

La figure mariale chez Dante État des lieux et nouveautés critiques après le vieux débat sur la dichotomie entre poésie et théologie

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes / Journal of Medieval and Humanistic Studies
    2017 – 1, n° 33
    . varia
  • Auteur : Le Lay (Cécile)
  • Résumé : À l’occasion de la parution de sa monographie sur la figure mariale dans la Comédie de Dante (2016), l’auteur explique les enjeux de cette thématique et les approfondissements apportés par son livre dans le panorama de la critique. Partant de l’ancienne dichotomie entre poésie et théologie héritée de la critique romantique italienne, l’article présente les quelques études d’ensemble publiées à partir des années 1950, réparties selon la méthodologie qui tend à éviter l’écueil dualiste.
  • Pages : 435 à 451
  • Revue : Cahiers de recherches médiévales et humanistes - Journal of Medieval and Humanistic Studies
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406070290
  • ISBN : 978-2-406-07029-0
  • ISSN : 2273-0893
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07029-0.p.0435
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 11/08/2017
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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La figure mariale chez Dante

État des lieux et nouveautés critiques après le vieux débat sur la dichotomie entre poésie et théologie1

Virginale mère, fille de ton fils,

humble et élevée plus que les créatures,

terme prévu dun éternel conseil,

tu es celle en qui lhumaine nature

sest ennoblie à tel point que son auteur

ne dédaigna pas de sen faire le fruit.

(Paradis xxxiii, 1-62)

La prière finale que saint Bernard adresse à la Vierge Marie (Paradis xxxiii, 1-39) constitue lun des passages les plus célèbres de La Divine Comédie3, à la fois pour la précision des connaissances théologiques du poète et pour la ferveur de la dévotion mariale exprimée par « personnage interposé ». Du point de vue diégétique, cest grâce à lintercession de la Vierge Marie, obtenue précisément par cette prière, que le protagoniste accède à la vision de Dieu, dont la description clôt lensemble du parcours dans les trois royaumes de lau-delà.

Les différents commentaires qui ont rapidement accompagné la diffusion du « poème sacré4 » ont surtout cherché, pour cette prière, à 436identifier et à illustrer les prérogatives mariales que Dante hérite de la tradition de lÉglise, sans se poser la question dune évaluation esthétique. De fait, cest par une approche essentiellement théologique que se caractérisèrent les premiers commentaires des nombreux passages liés à la doctrine de lÉglise, notamment ceux où la « Reine du ciel » intervient dans le récit. Depuis sa toute première intercession évoquée par Virgile pour convaincre le protagoniste qui hésite à le suivre, puis à chacune des sept corniches du purgatoire où elle figure comme premier exemple de vertu à méditer, jusquaux trois grandes scènes du paradis où elle est glorifiée au milieu de la cour céleste.

Après ces premiers commentaires visant surtout à défendre lorthodoxie de Dante5, une longue période de désaffection sensuivit dès lors que Pétrarque fut préféré et choisi comme modèle poétique au début du xvie siècle, en raison des écarts stylistiques de la Comédie ; ceux-ci ne furent dailleurs pleinement valorisés quau xxe siècle, grâce au concept de « plurilinguisme6 ». La période romantique se réappropria lœuvre de Dante en linterprétant de façon très contrastée, selon les deux tendances idéologiques qui sopposèrent au xixe siècle en Europe : néo-guelfe et révolutionnaire. Selon la première approche, Dante fut le représentant dun Moyen Âge considéré comme lâge de la foi7, tandis que pour la seconde, il incarna la lutte contre les tyrans et la Papauté8. 437Cest Francesco De Sanctis qui rédigea la première grande histoire de la littérature italienne issue du Risorgimento9, en abordant la question de la dichotomie possible entre poésie et théologie.

À la suite dune recherche sur lappellation Stella Maris, attribuée par la tradition à la Vierge Marie et reprise dans la poésie italienne médiévale10, et dans la perspective de publier un ouvrage centré sur la thématique mariale dans la Comédie11, jai pu revenir sur la question délicate du prétendu conflit chez Dante entre le poète et le théologien, sachant que le thème choisi permettait danalyser lévolution de la critique sous un angle apparemment marginal mais significatif.

De fait, cest un sujet pour lequel on peut encore garder lambition de connaître lensemble des ouvrages qui lui ont été consacrés puisque le nombre de publications monographiques reste relativement restreint (au sein dune bibliographie en continuelle expansion), même si les quelques chants mettant directement en scène la Vierge Marie ont chacun fait lobjet de nombreuses lectures critiques (les Lecturae Dantis)12. Il est dailleurs probable que lune des raisons de cette maigre production remonte précisément aux contradictions que Francesco De Sanctis crut discerner chez Dante13, contradictions affinées par Benedetto Croce14 et reproduites par dautres critiques après lui, tandis que la nouvelle approche méthodologique introduite par Erich Auerbach attendait de porter ses fruits15.

Avant doffrir à la critique un volume entièrement dédié à la figure mariale dans lœuvre majeure de Dante, il semblait donc utile de montrer comment les études sur le sujet se sont affranchies de lhéritage de Croce après sa mort en 1952, et pourquoi cette thématique méritait dêtre reprise et approfondie par de nouvelles recherches.

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Après avoir rappelé brièvement les termes du débat critique provoqué par Croce, avec un exemple dattaque encore ouvertement polémique, je présenterai la douzaine détudes qui ont abordé la question mariale dans lensemble de la Comédie en les regroupant selon leurs spécificités méthodologiques. Sachant quelles ont toutes cherché à éviter lécueil dualiste en abordant de façon conjointe les aspects poétiques et théologiques, je les ai réparties selon la priorité encore donnée à lun ou lautre de ces aspects : dabord celles dont lapproche est essentiellement comparatiste et littéraire, puis celles dont lapproche est essentiellement comparatiste et théologique, et en dernier celles qui ont su combiner les deux aspects en introduisant dimportantes remarques dordre narratologique.

Brève histoire dun débat critique
source de polémiques

Précisons tout dabord que ladmiration de De Sanctis pour la capacité de Dante à agir sur les consciences grâce à ce quil appelle sa « fibre » poétique se heurtait par ailleurs aux passages doctrinaux et allégoriques quil considérait comme antipoétiques ou anti-esthétiques car trop éloignés du « monde réel ». Cette distinction, somme toute encore problématique chez De Sanctis, entre passages poétiques et antipoétiques du poème, devint encore plus fine et se radicalisa chez Croce, qui se mit à la recherche des points de fulgurance du texte où, grâce à son intuition, lesprit du poète pourrait opérer une synthèse du contenu et de la forme, du sentiment et de lexpression. Ce critique considère alors comme non poétique tout ce qui concerne la structure ou le projet conceptuel de lœuvre, donc aussi son fondement théologique. La démarche de Croce implique une sorte didentification avec lacte créateur de lauteur, de sorte quil nhésite pas à affirmer que « lorsqu[il] pénètre la signification intime dun chant de Dante, [il est] Dante16 ».

Cette ligne critique, que lon peut qualifier de psychologique et « impressionniste », eut une grande influence en Italie pendant tout 439le xxe siècle, du fait de lautorité de Croce (on peut penser à Flora, Momigliano ou Getto), tandis quen France le structuralisme se chargea de défendre lautonomie du texte selon des critères apparemment plus objectifs, allant jusquà proclamer comme Roland Barthes « La mort de lauteur17 ». Pour comprendre les paradoxes de cette période dengouement pour les théories littéraires, on peut consulter louvrage dAntoine Compagnon : Le démon de la théorie. Littérature et sens commun, paru en 199818. Limpact de ce courant critique fut moindre en Italie, sans doute en raison de limportance de lécole historico-philologique, mais sans doute aussi de la ligne esthétique de Croce, hostile à toute approche considérée comme « scientifique ».

La séparation nette entre ce qui est poétique et ce qui est théologique perçue par Croce conduisait en fait à une aporie, qui ne put se résoudre quen posant le problème de façon différente. Déjà en 1931, dans ses Cahiers de prison, Antonio Gramsci offre une démonstration convaincante de la complémentarité des deux points de vue : la scène poignante de Farinata au chant X de lEnfer nest compréhensible dans toute sa portée que si lon sait en quoi consistent lhérésie imputée et la doctrine sur la préscience des damnés. Ainsi, le discours doctrinal est inséparable de leffet dramatique de la scène et donc de sa poésie. En 1938, Erich Auerbach reprend lidée de « Dante poète du monde terrestre », chère à De Sanctis, mais pour la compléter en linsérant dans une autre perspective19. Pour le critique allemand, le réalisme puissant de Dante dépend de la notion biblique de figure, selon laquelle certains épisodes bibliques sont à la fois considérés comme vrais en eux-mêmes, et anticipation ou réalisation dun autre événement. Grâce à cette « interprétation figurale », la poésie de Dante se trouve désormais intimement liée aux différentes significations théologiques.

Afin de mesurer de façon plus concrète les implications de ce débat pour ce qui concerne la thématique mariale, il est intéressant de citer un exemple dattaque polémique contre De Sanctis et Croce datant des années 50. Il sagit de la contribution dAlberto Chiari, publiée en 1966 sous le titre Canto alla Madonna (qui est en fait une reprise 440de la lecture faite à Varese en 1955, dont le titre indique de façon plus claire lamplitude du texte pris en considération : La Madonna per Dante)20. Dès lintroduction, Chiari précise quil « ne parle pas en tant que théologien mais en tant que littéraire », que son discours nentend pas être un « panégyrique » puisquil sagit dune « enquête critique » et dune « exposition documentée21 ». De fait, il ne sarrête pas sur les aspects théologiques, et il conduit toute son analyse en parcourant les trois cantiche de manière détaillée, surtout le Paradis. Les références au commentaire de Momigliano et à certaines remarques de Getto confirment lorientation stylistique et littéraire de lessai, qui se termine cependant par une prise de position ouvertement polémique contre « tous ces critiques illustres mais absolument sourds, par nature et par principe, à tout élan sacré (palpito sacro) », à savoir « les disciples de De Sanctis et de Croce22 ». Daprès lui, en effet, ce nest quen prenant en compte la foi de Dante que lon réussit à dépasser la contradiction relevée par Croce entre « structure » et « poésie ». Toutefois, lhéritage romantique reste encore bien présent dans les mots choisis par le critique, car il considère que Dante opère une « transfiguration » sur les « concepts », pour les transformer en « sentiments » puis en « vibrations poétiques23 ».

Approches essentiellement
comparatistes et littéraires

Pour illustrer une première méthode qui a permis de dépasser ce conflit dans le cas précis de la thématique mariale, on peut à nouveau citer Auerbach, qui exploite avec profit en 1949 les ressources de la littérature comparée dans son étude sur la prière finale dédiée à la Vierge Marie24. Les rapprochements possibles avec les éloges des diffé441rentes traditions précédentes (classique, hébraïque, paléochrétienne), ou plus récentes (xiie puis xiiie siècle, sous linfluence du franciscanisme), montrent ainsi que « Dante utilise tout le matériel de la tradition, historique, dogmatique, figural, mais quil le condense et lorganise ». Toutefois, il ne sagit pas seulement chez lui de « clarté rationnelle », mais de « rayonnement poétique » : « le mystère, investi par lintensité de cette lumière, reste mystère25. »

Publiée par lUniversité de Cambridge en 198926, avant dêtre traduite en italien en 1992, létude de Piero Boitani sur la prière à la Vierge Marie se présente comme un prolongement dans le domaine de la littérature comparée médiévale des nouveautés introduites 40 ans plus tôt par Auerbach, avec un coup dœil rapide sur lensemble du parcours de Dante. Sur une soixantaine de pages, quinze sont consacrées à Dante, avant de comparer la fonction et le style de la prière mariale avec lutilisation quen font trois autres auteurs du xive siècle : Guillaume de Deguileville, Pétrarque et Chaucer. En se référant explicitement à Auerbach, Boitani souligne que cest précisément « le mélange déléments historiques, dogmatiques, figuraux, émotionnels et rhétoriques qui détermine lintensité de lardeur27 ». Il met aussi en évidence le style de Dante, « caractérisé par une ascension progressive vers un langage où lhumilité biblique et la rhétorique classique se fondent en un nouveau sermo sublimis28 ».

Deux années plus tard aux États-Unis, Ruggiero Stefanini publie un article intitulé « Le tre mariofanie del Paradiso » dans la revue Italica29. Celui-ci commence par lanalyse de la structure de deux œuvres en vers du xiiie siècle, probablement inconnues de Dante mais qui présentent une description du triomphe de Marie dans la succession de celui du Christ : le De Jerusalem celesti de Fra Giacomino da Verona et le De scriptura Aurea442de Bonvesin da la Riva. Le professeur de Berkeley poursuit son article en mettant en évidence la façon dont Dante a amplifié les scènes en les triplant, dans une progression dintensité pour les trois théophanies du Paradis, tandis que lon peut percevoir une atténuation dintensité pour les trois « mariophanies », dont la distribution se trouve englobée dans la première. Deux pages consacrées à chaque épisode marial, des pages denses en clarifications et en renvois internes à la Comédie, permettent ensuite à Stefanini de développer son sujet avec beaucoup de brio, jusquà la scène finale de lAnnonciation, accentuée selon lui dans ses aspects purement humains, notamment grâce à lexaltation des vertus chevaleresques de lange.

La dernière question posée par le protagoniste à propos de cet ange reste cependant juste évoquée par le critique, qui la considère comme la preuve « dun manque flagrant de sagacité30 » (car il semble ne pas avoir compris de quel ange il sagit), alors que la scène mériterait dêtre interprétée dans une autre perspective : celle dun étonnement devant la réhabilitation inattendue des valeurs courtoises.

Approches essentiellement
comparatistes et théologiques

Parallèlement au recours à la littérature comparée et aux conclusions qui en sont tirées sur un plan poétique et littéraire, dautres études ont permis déviter les écueils dualistes, mais en mettant laccent sur des remarques essentiellement théologiques.

Dans la bibliographie de son article « Maria Vergine » préparé pour lEnciclopedia Dantesca (1971)31, Mario Apollonio souligne la qualité novatrice de létude de Lucienne Portier32, parue dans le Bulletin de la Société dÉtudes Dantesques de 195233. La dantologie française avait déjà offert 443de précieuses contributions comme létude approfondie des fondements philosophiques et théologiques de lœuvre de Dante, en particulier celle déjà citée de Frédéric Ozanam (précurseur dAuerbach pour certaines suggestions) et celle dÉtienne Gilson un siècle plus tard34.

Sans verser dans lapologie, lapproche de Lucienne Portier reflète quand même une certaine tendance critique de son époque. En effet, après avoir évoqué la prééminence de la Vierge Marie sur Béatrice, en la présentant comme la fleur la plus belle (la rose), létude se divise en trois parties, la première centrée sur lœuvre, et les deux autres sur la « vie intérieure » et la « pensée du poète chrétien ». Pour mettre en évidence la place de choix réservée à Marie, Lucienne Portier présente un parcours rapide mais incisif à travers les trois cantiche, en proposant par exemple de visualiser les sept scènes du Purgatoire, dans lesquelles on voit Marie avec Jésus tantôt visible tantôt invisible, comme sil sagissait de sept panneaux pliants dun polyptique qui aurait été peint par un peintre primitif. Mais ce parcours suggestif ne représente que cinq pages sur un article de seize pages. Ensuite, elle essaie de déterminer le type de dévotion mariale propre au poète (il sagit en fait de celle de lauteur puisque certaines distinctions narratologiques ne se sont pas encore imposées). Et dans plus de la moitié de larticle, elle tente didentifier sa position théologique par rapport à la tradition, tout en admettant quil faudrait tout un livre pour développer le sujet, ainsi que des compétences plus spécifiques.

Cest ce que le théologien Giovanni Fallani a tenté danalyser, dans un petit chapitre de dix pages consacré à la Vierge Mère, au sein du vaste recueil dessais intitulé Poesia nella « Divina Commedia », et publié en 196535. En réalité, malgré un titre qui se réfère à la prière finale, le chapitre concerne lensemble de la Comédie, avec lobjectif commun aux autres essais du recueil de mettre en évidence lactualité du discours théologique de Dante dans le contexte culturel et spéculatif très riche de son époque. Cette approche critique permet dinsérer Dante dans le grand mouvement théologique marial qui, de saint Bernard et saint 444Anselme, conduit vers saint Albert Le Grand, saint Thomas et saint Bonaventure. En outre, la familiarité de Fallani avec les arts figuratifs lui donne loccasion denrichir sa brève présentation panoramique, et il ne manque pas de citer Auerbach lorsquil aborde la prière finale.

La même année 1965, le deuxième volume de lœuvre majeure de Hans Urs von Balthasar est publié (dabord en allemand, puis en français en 1968) : La gloire et la croix. Les aspects esthétiques de la Révélation36. Même sil naffronte pas directement la mariologie de Dante, la pensée organique du célèbre théologien catholique, qui sest formé à lécole des Pères de lÉglise et de la théologie médiévale, offre toutefois un nouveau parcours herméneutique capable de dépasser aussi certaines formes de dichotomies transmises par la critique. On peut prendre comme exemple du climat culturel de lépoque la prise de distance vis-à-vis du théologien protestant (et ami personnel) Karl Barth, qui affirmait lopposition radicale entre raison et foi révélée. La centralité de leros, sa transformation au long de litinéraire du protagoniste Dante en eros divin complémentaire de lagapè, sont mis progressivement en évidence par Balthasar, en accordant toute son importance à la figure de Béatrice, avec sa beauté et son caractère concret indéniables. Elle est remplacée à la fin par une Vierge Marie intensément admirée aussi bien par lange que par le poète, tandis que lon constate labsence dune figure aussi incisive pour le Christ et pour sa croix dans lensemble de la Comédie. Le théologien arrive à la conclusion que le Paradis de Dante « a, finalement, une figure mariale37 », formulée davantage comme une intuition synthétique que comme le résultat dune démonstration argumentée.

Comme pour chercher à illustrer cette intuition, trente ans plus tard, en 1993, Renato Nicodemo fait paraître son petit volume La Vergine Maria nella « Divina Commedia38 », dont le sous-titre est clarificateur : Aspetti del pensiero teologico di Dante Alighieri. Sur environ soixante pages, létude reprend lensemble de la Comédie en cherchant à clarifier chaque aspect de la mariologie de Dante dun point de vue strictement théologique, 445cest-à-dire sans sintéresser aux outils poétiques qui permettent au poète de transmettre ses connaissances. Comme le souligne la quatrième de couverture, aux yeux du critique « Béatrice nest [plus] quun instrument dans les mains de Marie ». De nombreux détails peuvent trouver ainsi un éclairage doctrinal, mais il manque souvent des confirmations tirées de la théologie mariale du Moyen Âge, de sorte que certaines affirmations ne peuvent être suffisamment convaincantes, comme, par exemple, la démonstration de la prétendue position « immaculiste » de Dante, pas même si elle est défendue par le père franciscain Giovanni Lauriola dans sa présentation39.

En 2007, Bortolo Martinelli publie un livre intitulé Dante. L« altro viaggio », qui contient un chapitre dune trentaine de pages consacré au « Nom de Marie40 ». En proposant lui aussi de définir la Comédie comme « poème marial », le critique offre avec grande érudition un long recueil de concordances extraites de textes bibliques, doctrinaux, liturgiques ou dévotionnels, que Dante a pu avoir à lesprit en écrivant les différents passages qui se rapportent à Marie (y compris ceux de la Vie Nouvelle), en particulier quand il exalte son nom ou dautres appellations traditionnelles. Les parallèles mis en évidences le poussent toutefois à affirmer par exemple que la fleur de la prière finale ne peut pas indiquer les bienheureux de lempyrée mais uniquement le Christ.

Une autre recherche entièrement consacrée à la Vierge Marie selon un point de vue essentiellement théologique sintitule tout simplement Dante and the Blessed Virgin41. Son auteur, Ralph McInerny, était professeur de philosophie thomiste à lUniversité Notre Dame et il est mort juste après avoir publié ce dernier ouvrage. Tout en se considérant un amateur par rapport à dautres spécialistes de Dante, il a voulu offrir une contribution significative pour la compréhension du rôle central de la Vierge Marie dans le poème, sans rester au niveau de nombreuses considérations esthétiques ou érudites qui lui semblaient trop superficielles. Laissant de côté le travail de son célèbre prédécesseur Étienne Gilson, qui avait voulu souligner lhétérodoxie de certaines affirmations de Dante, le philosophe américain reprend tout le parcours de la Comédie446en faisant aussi quelques allusions à la Vie Nouvelle, pour insister au contraire sur lorthodoxie de la doctrine exposée par Dante. Pour cela, il la remet dans son contexte grâce à quelques renvois essentiels à la pensée philosophique et théologique médiévale, mais dans le but de sadresser à un simple « lecteur catholique ».

Approches poético-théologiques
et narratologiques

En dehors des études qui ont surtout mis laccent sur des considérations intertextuelles pour souligner la spécificité de la figure mariale chez Dante, dun point de vue essentiellement poétique ou essentiellement théologique, dautres études ont offert une contribution méthodologique significative quant au dépassement de lhéritage de Croce en insistant sur le rôle à la fois poétique, théologique et narratologique de cette figure exceptionnelle, qui commence ainsi à être considérée comme un véritable personnage du récit.

Larticle déjà cité de Mario Apollonio sur la Vierge Marie42 constitue une première étape de prise de conscience critique à ce sujet. Il commence par un bref aperçu historico-théologique qui souligne comment la figure mariale permettait justement de sopposer à « tout retour de dualisme ontologique », et aux « ramifications manichéennes » également perceptibles dans la poésie provençale. À partir de cette prémisse, qui constitue en quelque sorte un programme, le critique parcourt ensuite lensemble des œuvres de Dante dans le but de « tirer des déductions précises sur la place et la valeur du thème marial dans son esprit et dans sa volonté » (cest-à-dire dans une expérience dont lintensité est à la fois considérée comme biographique et poétique). Il sagit pour lui de se concentrer sur le « feu de lanimation poétique », non plus dans le but disoler certains vers comme le voulait Croce, mais pour relever la prégnance du genre poétique dans lensemble de la production de Dante43. La revue de toutes les occurrences mariales est plus complète que toutes celles 447qui ont précédé, avec une attention particulière au contexte littéraire, historique, théologique et figuratif doù elles ont pris naissance.

Et surtout, dun point de vue qui apparaît comme novateur dans le contexte des études critiques, Apollonio porte son attention sur ce quil perçoit comme une particulière « animation de la personne de Marie » de la part du poète, qui place son personnage « à la fois dans la perfection la plus haute et dans laction la plus concrète44 ». De même, vingt ans plus tard Boitani reconnaîtra que, à la différence des autres auteurs contemporains examinés dans son étude intertextuelle, Dante attribue une réelle capacité dinitiative à Marie, dans un contexte rendu « dramatique » qui permet justement de concevoir laccès du protagoniste au paradis et à la vision finale.

De son côté, Anna Maria Chiavacci Leonardi a publié différents articles sur des aspects ponctuels de la Comédie dans les années 80, dont lun est capital pour le tournant critique proposé, à savoir pour les béatitudes (et en dernière analyse pour la figure de la Vierge Marie elle-même) qui ne sont plus considérées comme des éléments marginaux mais comme linspiration et la signification centrale de toute la deuxième cantica45. Puis elle a mené à terme en 1994 son commentaire de la Comédie pour la prestigieuse collection des Meridiani (léquivalent de celle de la Pléiade en France), de sorte quelle est désormais considérée comme un point de référence pour la précision de ses explications théologiques et bibliques lorsquelle consacre deux études à la Vierge Marie chez Dante46 : « “In te misericordia, in te pietate”. Maria nella Divina Commedia » en 1997, et « Maria via pulchritudinis a Dio, in Dante Alighieri » en 2005.

Ces études sont remarquables pour leur centrage explicite sur le binôme désormais inséparable de poésie et théologie. Comme elle le souligne dans lintroduction du premier article, cest précisément le « double aspect contradictoire, de grandeur de rôle et de modestie de 448lapparition47 », rendu éclatant uniquement à la fin du parcours, qui illustre une interprétation hautement théologique de la figure de Marie, vérifiable tout au long du parcours, et qui confirme « une caractéristique première de lart de Dante », à savoir sa capacité à « saisir [] ce qui crée lidentité dune personne48 ». Dans chacun des articles, Chiavacci Leonardi se concentre sur une fonction théologique considérée comme essentielle et grâce à laquelle Dante confie à la figure de la Vierge Marie un rôle unique dans son poème : « personnifier la miséricorde divine » et « offrir le fondement » pour la via pulchritudinis qui conduit à Dieu49.

Cette méthode semble particulièrement digne dapprofondissement puisque la notion de fonction permet dexploiter aussi de façon utile certains apports de la narratologie, sans toutefois senfermer dans ses schémas qui restent trop rigides pour une matière aussi complexe.

En lan 2000, paraissent les actes dun colloque qui sest déroulé à lUniversité Stony Brook de New York sur le thème très vaste de « La Vierge Marie dans la littérature italienne », organisé par Florinda Iannace. Parmi les différentes interventions de qualité consacrées à Dante, on peut remarquer celle de Christian Moevs50, professeur de lUniversité Notre Dame, pour loriginalité de la méthode choisie et la finesse de la perspective proposée. Rappelant tout dabord certains principes métaphysiques sur lesquels Dante fonde le parcours qui ouvre laccès à lempyrée, Moevs complète le tableau introductif par quelques observations sur le rôle spécifique attribué à Marie, en tant que mère du logos, donc mère de la création, mais en même temps créature. Les dix pages très denses se basent sur trois passages cruciaux de la Comédie : la scène de laube au sommet de la rose, les trois premiers tercets de la prière finale, et la scène de lannonciation sculptée sur la première corniche du Purgatoire. Le critique réussit ainsi à démontrer le rapport analogique particulier qui unit la création poétique de Dante – qui peut concevoir, et donc « voir », des images en tant que chrétien, poète et pèlerin fictif – et ce que la Vierge Marie elle-même représente, étant le véhicule de lautorévélation du « ver », de la vérité, à savoir du Christ. La vieille scission entre poésie et théologie est ainsi dépassée de façon magistrale.

449

Quelques années plus tard51, Antonio DElia sappuie sur la même définition de « poème marial » proposée par Martinelli pour la Comédie, mais il développe un autre type danalyse pour démontrer que Marie exerce une action profonde sur le pèlerin tout au long du parcours. En évoquant la publication récente de François Livi, qui met en évidence et justifie le rapport créatif entre foi, poésie et dogme52, sans non plus réduire linterprétation du poème à celle dune œuvre théologique, DElia identifie la manifestation de cette influence mariale avec une forme d« “extase” permanente » du protagoniste (perceptible surtout dans la deuxième et dans la troisième cantica). Mais il présente ce phénomène comme « une continuelle réalisation de la vérité dans la lumière du vrai53 », et laccès à la visio finale comme « un processus graduel qui inclut la raison et le mystère dans un unique [] souffle poético-prophétique54 ». Il évite ainsi lerreur, dénoncée déjà en son temps par Chimenz, dassimiler le poème à la vision dun mystique, confusion qui ne permettrait pas de rendre compte de lénorme effort cognitif du poète55.

Conclusion

Le tableau analytique des études critiques centrées sur la thématique mariale dans lœuvre de Dante et publiées à partir des années 50 a mis en évidence la richesse des approches méthodologiques qui ont permis de dépasser la dichotomie entre poésie et théologie héritée de Croce. On peut souligner à cet égard quapprofondir un tel thème pour une œuvre telle que la Comédie exige un travail dinterprétation particulièrement complexe, non seulement en raison des connaissances pluridisciplinaires impliquées, mais surtout à cause des difficultés inhérentes à toute matière abordant le domaine du sacré. En effet, selon le contexte culturel du 450lecteur critique, Marie peut avoir été étudiée comme un personnage historique et biblique, ou comme un motif de dévotion, de culte ou de spéculation théologique, mais rarement dun point de vue narratologique et poétique. Et le fait de privilégier lune ou lautre approche influence obligatoirement les résultats de sorte quils risquent de refléter davantage la mentalité de celui qui conduit les recherches que celle de lauteur. Par ailleurs, Dante sinscrit dans une histoire religieuse vieille de plus dun millénaire, mais la synthèse poétique quil propose constitue une indéniable nouveauté par rapport aux multiples sources identifiables.

Comme nous avons pu le constater, toutes les méthodes ne permettent pas de rendre pleinement compte de cette complexité. Pour dépasser lhéritage de Croce et lobstacle dune poésie et dune théologie considérées comme incompatibles, il a fallu attendre que saffirment dautres approches moins idéologiques et plus spécifiquement littéraires, comme celle dAuerbach basée sur la littérature comparée, reprise et élargie quarante ans plus tard par Boitani en Angleterre et par Stefanini aux États-Unis.

Une autre ligne dinterprétation désormais distincte de la ligne de Croce permit de mettre en évidence le rôle de la figure mariale à la fois dans le récit et dans les implications théologiques et spirituelles du poème. Parmi les différentes études concernées, nous avons relevé celles dApollonio et de Chiavacci Leonardi en Italie, et celle de Moevs aux États-Unis. Aucun dentre eux na cependant proposé une monographie mariale de grande ampleur. Pour les recherches les plus larges, comme celles de Nicodemo en Italie et celle de McInerny aux États-Unis, les critiques ont préféré focaliser leur intérêt sur lorthodoxie catholique de Dante, laissant au second plan lanalyse poétique de lœuvre56.

Dans ce contexte critique encore susceptible dêtre enrichi, louvrage que jai publié en 2016 a eu pour objectif détablir un relevé exhaustif de toutes les implications de la figure mariale dans lœuvre majeure de Dante, en adaptant et en combinant les approches historique, théologique, poétique et narratologique. Comme le souligne Sergio Cristaldi dans la 451préface, il sagissait de « restituer à Marie le rôle de personnage à part entière57 ». À cet effet, elle a été étudiée en identifiant et en examinant les différentes fonctions qui lui sont attribuées au long du récit (selon un « schéma actantiel » élargi) : fonctions juridico-théologique et morale qui correspondent à une « présence » considérée comme « adjuvante », fonction liturgique pour une « présence invoquée », et fonction esthétique pour une « présence admirée ». La prière finale a été envisagée comme une synthèse de toutes ces fonctions. Enfin, un dernier chapitre a été consacré à Béatrice pour souligner sa mise en valeur, à la fois poétique et théologique, aux côtés de la « Reine du ciel ».

Cécile Le Lay

Université Jean Moulin – Lyon 3

UMR 5648 – CIHAM

1 Cet article est la traduction, remaniée et approfondie, dune étude bibliographique publiée en italien : C. Le Lay, « Per una nuova mariologia dantesca : rassegna bibliografica e prospettive », « Nel suo profondo ».Miscellanea di studi danteschi [1265-2015], éd. A. Casadei, M. Ciccuto, G. Masi, Italianistica. Rivista di letteratura italiana, 44, 2, 2015, p. 223-234.

2 Dante Alighieri, La Comédie. Poème sacré (Enfer. Purgatoire. Paradis), édition bilingue, présentation et traduction de J.-Ch. Vegliante, Paris, Gallimard, 2012.

3 Comme le prouve le titre cité à la note précédente, la critique récente préfère supprimer ladjectif « divine », qui avait été ajouté par Boccace, et revenir à la simple appellation Comédie (justifiée par lauteur dans sa lettre de dédicace du Paradis à Cangrande de la Scala, seigneur de Vérone), ou encore reprendre lexpression « poème sacré » utilisée par le poète au cours de son récit (Paradis xxiii, 62).

4 Dès 1322 pour le commentaire du fils cadet, Jacopo Alighieri, cest-à-dire peu de temps après lachèvement du Paradis, qui fut suivi de près par la mort du poète en 1321.

5 Rappelons que son écrit politique Monarchia, qui vise entre autres à démontrer lautonomie de lEmpire par rapport à lÉglise, fut interprété comme une légitimation de la supériorité du pouvoir temporel, au moment de sa diffusion après la mort du poète, si bien que le cardinal Bertrand du Pouget, légat du pape Jean XXII, ordonna de le brûler en tant que livre hérétique en 1329. Il fut mis à lIndex en 1559 après avoir été imprimé en milieu protestant, et y resta jusquen 1881.

6 Les expressions « plurilinguisme » et « monolinguisme » ont été forgées par Gianfranco Contini (voir G. Contini, Varianti e altra linguistica. Una raccolta di saggi [1938-1968], Turin, Einaudi, 1970, chap. x « Preliminari sulla lingua del Petrarca [1951] », p. 169-192) pour distinguer deux lignes linguistiques et stylistiques qui ont pris leur origine respectivement chez Dante et chez Pétrarque et se sont prolongées en Italie jusquà la seconde moitié du xxe siècle.

7 Cette première tendance peut être illustrée par deux exemples parmi dautres : Niccolò Tommaseo pour lItalie (N. Tommaseo, Commento alla « Divina Commedia », Venise, Gondoliere, 1837) et Frédéric Ozanam pour la France (F. Ozanam, Dante et la philosophie catholique au treizième siècle, Paris, Debécourt, 1839).

8 Par exemple, en Italie Giuseppe Mazzini annexa Dante aux idéaux de liberté républicaine (G. Mazzini, « Dellamor patrio di Dante », Subalpino, Giornale di Scienze, lettere ed arti, II, I, 1837, p. 359-385), et quelque temps plus tard en France, Eugène Aroux interpréta lœuvre de Dante selon des convictions encore plus singulières (E. Aroux, Dante hérétique, révolutionnaire et socialiste. Révélations dun catholique sur le Moyen Âge, Paris, Renouard, 1854).

9 F. De Sanctis, Storia della letteratura italiana, Naples, Morano, 1870.

10 C. Le Lay, « “Di questo tempestoso mare stella” : la Stella maris dans la poésie italienne, religieuse et profane, des xiiie et xive siècles », Écritures de lexil dans lItalie médiévale, Actes du Colloque international 23-25 juin 2011, Paris 3, éd. A. Fontes Baratto, M. Gagliano, Arzanà, 16-17, 2013, p. 115-139, consultable sur le site revues.org.

11 C. Le Lay, Marie dans la Comédie de Dante. Fonctions dun « personnage » féminin, Rome, Aracne, 2016.

12 Voir à ce propos la bibliographie de Le Lay, « Per una nuova mariologia dantesca », p. 232-234.

13 De Sanctis, Storia, vol. 1, chap. vii « LaCommedia », p. 166 et suiv.

14 B. Croce, La poesia di Dante, Bari, Laterza, 1921, chap. ii « La struttura della Commedia e la poesia », p. 53 et suiv.

15 E. Auerbach, « Figura », Archivium romanicum, 22, 1938, p. 436-489.

16 B. Croce, Problemi di estetica e contributi alla storia dellestetica italiana, Bari, Laterza, 19494 (1re édition 1910), p. 155.

17 R. Barthes, « La mort de lauteur », 1968 ; intervention très répandue parmi les étudiants mais qui na été publiée quaprès sa mort : voir R. Barthes, Le bruissement de la langue. Essais critiques, IV, Paris, Seuil, 1984, p. 63-69.

18 A. Compagnon, Le démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Seuil, 1998.

19 Auerbach, « Figura », p. 436-489.

20 A. Chiari, Nove canti danteschi, I « Il canto alla Madonna » (reprise de La Madonna per Dante, Varèse, Magenta, 1955), Varèse, Magenta, 1966, p. 1-29.

21 Chiari, Nove canti, p. 3.

22 Chiari, Nove canti, p. 27, 28, n. 55.

23 Chiari, Nove canti, p. 7 et n. 11 ; p. 10-11 et n. 17.

24 E. Auerbach, « La preghiera di Dante alla Vergine e precedenti elogi »(édition originale : Dantes Prayer to the Virgin[Par. xxxiii]and Earlier Eulogies, University of California, 1949), Studi su Dante, traduction de D. Della Terza, Milan, Feltrinelli, 1984 (1re édition 1963), p. 273-308.

25 Auerbach, « La preghiera di Dante », p. 304 (Dantes Prayer, p. 22).

26 P. Boitani, Il tragico e il sublime nella letteratura medievale (édition originale : The Tragic and the Sublime in Medieval Literature, Cambridge, 1989), Bologne, Il Mulino, 1992, chap. vii « “Sua disianza vuol volar sanza ali” : Maria e lamore nella poesia del Trecento », p. 251-313.

27 Boitani, Il tragico, p. 265-266 et n. 18.

28 Boitani, Il tragico, p. 268.

29 R. Stefanini, « Le tre mariofanie del Paradiso : xxiii, 88-129 ; xxxi, 115-142 ; xxxii, 85-114 », Italica, 68, 1991, p. 297-309.

30 Stefanini, « Le tre mariofanie », p. 306.

31 M. Apollonio, « Maria Vergine », Enciclopedia Dantesca, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana, 1971, vol. III, p. 835-839, ici p. 839.

32 L. Portier, « La Vierge Marie dans la Divine Comédie », Bulletin de la Société dÉtudes Dantesques du Centre Universitaire Méditerranéen, 3, 1952, p. 13-28.

33 La Société dÉtudes Dantesques avait été fondée en 1937 par Maurice Mignon à Nice, et ses activités avaient repris en 1948 après la guerre, mais elles se sont de nouveau interrompues en 1984, jusquà ce que Bruno Pinchard la refonde en 2015 sous le nom de Société Dantesque de France, avec une revue intitulée Revue Dantesque (dont le premier numéro doit paraître en 2017).

34 Ozanam, Dante, 1839 ; É. Gilson, Dante et la philosophie, Paris, Vrin, 1939.

35 G. Fallani, Poesia e teologia nella « Divina Commedia », vol. III Paradiso, Milano, Marzorati, 1965, chap. « Vergine Madre », p. 123-132.

36 H. U. von Balthasar, Herrlichkeit. Eine theologische Ästhetik. Johannes, Einsiedeln, 1965, vol. II, chap. « Dante » (édition originale) ; H. U. von Balthasar, La gloire et la croix. Les aspects esthétiques de la Révélation, Grenoble, Montaigne, 1968, vol. II Styles, t. 1 DIrénée à Dante, chap. « Dante » p. 325-412 (traduction française).

37 Balthasar, La gloire, vol. II, t. 1, p. 392.

38 R. Nicodemo, La Vergine Maria nella « Divina Commedia ». Aspetti del pensiero teologico di Dante Alighieri, Florence, Atheneum, 2001 (édition originale : Naples 1993).

39 Nicodemo, La Vergine Maria, « Presentazione » par G. Lauriola, p. 13-14.

40 M. Bortolo, Dante. L« altro viaggio », Pise, Giardini, 2007, chap. x « “Il nome del bel fior chio sempre invoco”. Dante e il nome di Maria », p. 343-373.

41 R. McInerny, Dante and the Blessed Virgin, Notre Dame, Indiana, University of Notre Dame Press, 2010.

42 Apollonio, « Maria Vergine », p. 835-839.

43 Apollonio, « Maria Vergine », p. 835.

44 Apollonio, « Maria Vergine », p. 836.

45 A. M. Chiavacci Leonardi, « Le Beatitudini e la struttura poetica del Purgatorio », Giornale Storico della Letteratura Italiana, 161, 1984, p. 1-29.

46 A. M. Chiavacci Leonardi, « “In te misericordia, in te pietate”. Maria nella Divina Commedia » (1997), Gli studi di mariologia medievale. Bilancio storiografico, éd. C. M. Piastra, Florence, Sismel-Edizioni del Galluzzo, 2001, p. 321-334 ; A. M. Chiavacci Leonardi, « Maria via pulchritudinis a Dio, in Dante Alighieri », Una bellezza chiamata Maria. Ricerca-biblico-ecclesiale, Theotokos Ricerche interdisciplinari di Mariologia, XIII, 2005, p. 195-203, repris dans A. M. Chiavacci Leonardi, Le bianche stole. Saggi sul « Paradiso » di Dante(1975-2005), Florence, Sismel-Edizioni del Galluzzo, 2010, p. 163-171.

47 Chiavacci Leonardi, « “In te misericordia” », p. 321.

48 Chiavacci Leonardi, « “In te misericordia” », p. 321.

49 Chiavacci Leonardi, Le bianche stole, p. 163.

50 C. Moevs, « Mary, Her Sons Daughter : Art as Revelation in Dantes Comedy », Maria Vergine nella letteratura italiana, éd. F. M. Iannace, New York, Stony Brook, 2000, p. 59-68.

51 A.DElia, « La trama mariologica della Commedia e l“estasi” del pellegrino », Dante. Rivista internazionale di studi su Dante Alighieri, 6, 2009, p. 65-93.

52 F. Livi, Dante e la teologia : limmaginazione poetica nella « Divina Commedia » come interpretazione del dogma, Rome, Leonardo da Vinci, 2008 (voir en particulier lintroduction dAntonio Livi, frère de lauteur et théologien, p. 5-24, et la préface p. 25-28).

53 DElia, « La trama mariologica », p. 67.

54 DElia, « La trama mariologica », p. 75.

55 S. A. Chimenz, Il canto xxxiii del « Paradiso », Rome, Signorelli, 19512, p. 3-33, ici p. 16.

56 Il faudrait toutefois signaler aussi un vaste projet, conçu précisément dans la perspective dune étude de la thématique mariale dans la Comédie, et dont le premier volume est déjà paru : B. K. Reynolds, Gateway to Heaven, Marian Doctrine and Devotion, Image and Typology in the Patristic and Medieval Periods, New York, New City Press, 2012, vol. I Doctrine and Devotion. Le deuxième volume doit étudier laspect iconographique, et ce nest que le troisième et dernier volume qui examinera le poème de Dante.

57 Le Lay, Marie, « Préface » par S. Cristaldi, p. 13.